On ne pourra pas reprocher à Panini Comics de ne pas faire preuve de courage éditorial avec sa collection intégrale, ces dernières semaines. Après le super groupe canadien de la Division Alpha, que nous désespérions de voir proposer dans cet écrin, c'est autour du Punisher d'avoir droit à son moment de gloire. Le timing est audacieux, car soyons objectifs, le personnage n'a plus les faveur des pontes de Marvel, depuis que ce qu'il représente, à commencer par son célèbre crâne blanc arboré sur la poitrine de Frank Castle, a été récupéré par une frange conservatrice et violente de la société américaine, forces de l'ordre en tête. Même si beaucoup nient encore cette évidence, il n'y a plus la moindre série régulière en vue. Ensuite un certain temps s'est écoulé depuis la série The Punisher sur Netflix, et aucune saison 3 n'est envisagée pour le moment, depuis que Disney + a récupéré les droits d'adaptation. Pour autant, voici que débarque le célébrissime anti-héros dans la collection Intégrale! Ce premier volume ne s'intéresse pas aux aventures à proprement parler du Punisher, mais nous montre ses toutes premières apparitions, qui pour la plupart ont eu lieu sur les pages de Spider-Man. Il faut dire qu'au commencement Castle a été recruté pour un contrat (Amazing SM #123), par un des ennemis récurrents du tisseur de toile, le Chacal. Ce n'est pas un "vigilante" qui fait dans la finesse ou l'introspection qui nous est offert, c'est un personnage facilement manipulable et totalement obsédé à l'idée de tirer sur Spidey. Mais attention, Gerry Conway le dote d'un code d'honneur, pas question d'éliminer un adversaire groggy ou à terre, le Punisher entend bien mener sa mission sur un certain pied d'égalité, avec des armes assez farfelues, comme ce fusil qui déploie un filin résistant pour bloquer Spider-Man. Castle a déjà un sale caractère, et lorsque le Chacal l'encourage à hâter l'issue fatale, il hérite d'une baffe monumentale qui l'envoie dans les cordes. Bien entendu, même l'aspect physique (le dessin est de Ross Andru) est ici bien éloigné de ce qu'on peut trouver aujourd'hui. L'homme est déjà vieillissant et pratiquement dégarni des tempes, c'est un ancien combattant désabusé et sauvage, qui va rajeunir avec le temps. Sa seconde apparition est véloce, quelques mois plus tard, à l'occasion d'un combat contre le terroriste Tarantula, et ses redoutables bottines à dards empoisonnés. Dans un de ces quiproquos typiques des histoires de super-héros, le Punisher intervient en étant persuadé que les deux types en costumes devant lui sont de mèche, avant de se raviser, et de faire équipe avec Spider-Man à la fin du second épisode concerné par ce récit. Surprise, si Castle se moque bien de l'idéalisme angélique de son partenaire du jour, on croit rêver lorsqu'il se contente de traîner ses victimes assommées, comme de vulgaires sacs de pommes de terre, à remettre à la police. L'idée de Conway est d'emblée de placer le Punisher du bon coté de la barrière morale, d'en faire une victime de la violence urbaine (dois-je vraiment vous rappeler les origines du personnage, la famille assassinée lors d'un règlement de compte entre mafieux, dans Central Park?), sans pour autant qu'il soit possible de le justifier pleinement, ou d'en faire un exemple à suivre.
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