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BATMAN/PUNISHER : LA RENCONTRE MUSCLEE DES ANNEES 90 CHEZ SEMIC

Nous sommes en 1995, et pour lire des comics en Vf, le plus simple est de miser sur Semic, principal pourvoyeur de nos lectures kiosque. Voici donc venir un album comprenant deux aventures complètes d'une quarantaine de pages chacune, deux "team-up" improbables, puisque concernant deux univers narratifs distincts. Batman et le Punisher se retrouvent en tandem, le temps d'un projet fascinant et plein d'affinité. Dans le premier récit, Frank Castle est à Gotham pour déjouer les plans machiavéliques de l'un de ses ennemis de toujours, Jigsaw le bien nommé (son visage est un vrai puzzle fait de cicatrices), qui a décidé de répandre une substance capable de faire s'enflammer l'eau, dans les réservoirs hydrauliques de Gotham. Dennis O'Neil est au scénario (des deux parties d'ailleurs) et il oppose le Punisher à la version violente de Batman, c'es à dire Jean-Paul Valley, alias Azrael. Les méthodes de ce dernier sont finalement assez proches de celle de l'anti-héros Marvel, mais sa folie dévorante (il parle tout seul, se réveille en poussant des hurlements, a des visions moyenâgeuses) en fait un justicier encore plus déséquilibré et dangereux pour la criminalité et le bon sens urbain. Les dessins de Barry Kitson sont plutôt plaisants, anatomiquement ils dégagent une puissance notable qui n'est pas sans évoquer celle d'un Jim Lee, par exemple. Le rythme est soutenu, et l'ensemble fonctionne bien. Du coup, on passe à la seconde aventure...

Encore une fois, nous sommes à Gotham. Mais ce coup-ci, le Punisher se retrouve face à Batman, l'original, c'est à dire Bruce Wayne. Hors de question de trucider les malfrats, ou même d'apliquer une correction ultra violente, il s'agit ici de justice, de réponse graduée et mesurée. Bref, ce que Castle a toujours méprisé chez Matt Murdock, alias Daredevil, qu'il fréquente souvent chez Marvel. Le Joker est de sortie dans ces pages, ainsi que la famille mafieuse des Navarone, qui sert ici d'exemple classique du genre, pour illustrer les ravages de la pègre sur Gotham. On retrouve également Jigsaw, qui s'est fait refaire le visage, mais n'aura pas vraiment le temps de s'en réjouir. Le vrai moment fort, c'est bien sur quand le Punisher, qui n'est pas adepte des secondes chances, se retrouve face au Joker, habitué à la clémence de Batman, qui est finalement responsable, dans une certaine mesure, des crimes continuels qui le caractérisent. Une scène fort bien écrite et totalement dans le ton de ce que nous savons et attendons des deux super-héros. Je ne vous cache pas que je finis par comprendre et presque partager le point de vue de Castle. Le Joker est vraiment irrécupérable, et les murs capitonnés d'Arkham ne le retiennent guère longtemps, puisqu'en évader semble être un de ses passe-temps préférés. C'est Romita Jr qui illustre le tout, et c'est superbe, en dehors de quelques silhouettes tordues ou déformées. Tout le dynamisme de JrJr est magnifié dans des pages explosives, notamment quand les personnages sont saisis en plein bond, en contre-plongée. Avant d'exagérer dans l'abstraction et l'emporte-pièce, Romita Jr avait vraiment un talent fou, croyez-moi (bon il en a toujours hein...). Batman/Punisher, 30 francs à l'époque (comme quoi les comics ce n'est pas plus chers aujourd'hui qu'avant, en France), est le type de saine lecture que tout amateur de Batman ou du Punisher se doit d'avoir dans sa collection. Les deux pour le prix d'un, et bien dessinés, ce n'est pas tous les jours que ça se trouve en kiosque, non?




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OLDIES : LES MAINS DU MANDARIN (UN CROSSOVER AVEC IRON MAN)

Les Mains du Mandarin. C'est bien là que réside son pouvoir, et tout le problème pour Tony Stark. C'est que le vilain asiatique a une dizaine de bagouzes autour des doigts, avec lesquelles il compte conquérir le monde. Chacune d'entre elles lui confère un pouvoir formidable, et lorsque en plus il découvre une source de puissance extraordinaire et maléfique, baptisée coeur des ténèbres, c'est l'assurance d'un bouleversement géo-politique à la surface du globe. Le Mandarin plonge la Chine dans un vaste champ anti technologique qui fait reculer le pays à l'ère féodal, et rend caduque toutes les inventions réalisées depuis lors. Même chose en sa demeure : quiconque y pénètre ne peut bénéficier d'aucun système électronique connu, tout tombe systématiquement en panne. Un comble quand on sait que son adversaire a comme botte secrète sa double identité d'homme en armure, à la pointe du progrès. C'est un Mandarin déchaîné qui occupe la scène, bien décidé aussi à se venger d'Iron Man, qui lui a couté ses deux avants-bras, déchiquetés lors d'une aventure précédente (The Dragon Seed Saga), ainsi que la dispersion des dix anneaux du pouvoir. Depuis les membres ont repoussés (sous la forme d'appendices mutants reptiliens) et il a retrouvé sa joaillerie. Tony Stark, lui, n'est pas au mieux de sa forme, et il est blessé dans son amitié, quand Rhodey, l'ami de toujours, use son armure de War Machine pour s'ingérer dans des conflits au bout du monde, et qu'il refuse de la lui restituer après cette bravade toute personnelle. Du coup les deux best friends se tapent dessus, ignares qu'ils sont en train de faciliter le travail du perfide Mandarin.


Ce crossover des années 90 reste toujours plaisant à lire, bien des lustres après sa publication. On peut même être surpris de la décision de Panini de ne pas avoir tenté une version librairie au moment de la sortie du troisième film Iron Man dans les salles, comme a pu le faire Marvel, dans un joli tpb complet, de l'autre coté de l'Atlantique. Crossover, car trois titres sont concernés par cette saga. Iron Man, bien sur, mais aussi War Machine (l'armure grise confiée à James Rhodes) et Force Works. Cette dernière est la nouvelle incarnation de l'ancien mensuel Avengers West Coast. Une sorte de version plus moderne et spectaculaire, avec des méthodes et un ton plus radicaux (et un Us Agent au sommet de sa forme et de sa gouaille). Le tpb américain a la bonne idée d'ajouter au menu toutes les pages extraites de Marvel Comics Presents, un titre anthologique qui proposait alors plusieurs récits brefs de sept huit pages, chaque mois. C'est là dedans qu'un petit trésor comme l'Arme X de Windsor Smith a été publié, par exemple. Coté dessins, il ne faut pas être très exigeant, il y en a pour tous les goûts, et souvent c'est assez expéditif et brutal. J'aime assez bien le style taillé à la serpe de Tom Morgan, par exemple, bien que ce soit canoniquement et plastiquement loin d'être susceptible de plaire à tout le monde, car c'est cahotique et peu orthodoxe. En Vf, c'est Semic qui proposa le tout dans le mensuel Titans, que vous pourrez retrouver assez facilement pour quelques euros sur les forums spécialisés ou chez un bouquiniste. Pour finir, mentionnons quelques uns des esprits derrière ce projet : Abnett et Lanning, comme d'habitude ensemble, mais aussi Len Kaminski, ou encore Scott Benson. Bref, des artistes rodés à ce type de travail, qui font de leur mieux pour offrir au Mandarin un statut de grand vilain majestueux, qui lui sied comme un gant. Un bon bain de jouvence, pour se replonger au milieu des nineties, avec leurs qualités et leurs défauts.


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OLDIES : LES MAITRES DU COSMOS (COSMIC POWERS) - TOUS CONTRE TYRANT!

Dans les années 90, Thanos acquiert un statut variable. Présenté parfois comme la pire engeance que le cosmos ait jamais connu (Thanos Quest, Infinity Gauntlet...) ou bien comme le classique grand vilain repenti aux attitudes de sage en devenir (Infinity Crusade) on rencontre au fil des pages des versions subtilement différentes du personnage. Cela dit attention, dès qu'il s'ennuie, il retrouve sa vocation première, à savoir la recherche du savoir et par là même du pouvoir, de toutes les manières possibles. Ce qui inclut bien entendu la violence et les abus en tout genre... Dans les Maîtres du cosmos nous le retrouvons en pleine scène de combat, en train d'effectuer un carnage sur une planète lointaine. Thanos ne demande pas, il prend ce qu'il veut, et c'est précisément ce qu'il est en train de faire. Il est à la recherche d'un trésor inestimable, qui en fait n'est pas constitué de joyaux ou de pièces d'or, mais de connaissances, d'informations. Pendant ce temps-là rien ne va plus dans la galaxie. Le dernier héraut en date de Galactus, un certain Morg, ancien bourreau sanguinaire de son monde d'origine et adepte de la torture extrême, à été capturé par Tyrant, un être surpuissant dont les racines plongent dans un très lointain passé, et qui a maille à partir avec le dévoreur de mondes depuis des siècles. Tyrant avait disparu de la circulation, à tel point que plus personne ne pensait à lui, mais s'il revient sur le devant de la scène, ce n'est certainement pas pour faire de la figuration. Il représente en tous les cas un défi formidable et irrésistible pour le Titan fou, qui néanmoins sait bien qu'il ne sera pas aisé de venir à bout d'un tel opposant, et de lui voler ce qu'il convoite, grâce à la seule force brute.  Son premier allié sera donc Terrax, lui aussi autrefois au service de Galactus, et ce n'est pas un poète! Armé de sa hache cosmique, il laisse derrière lui cadavres et mutilations. Terrax, nous le retrouvons captif dans une sorte d'arène, où le prix du combat est sa liberté . Mauvaise idée que d'utiliser le personnage comme un simple divertissement pour les jeux, et rien de surprenant de le voir s'échapper, et faire payer chèrement ses geôliers et ceux qui désiraient l'exploiter. Une force de frappe notable commence à se liguer contre Tyrant et un choc cosmique s'organise, le tout scénarisé par Ron Marz, qui assemble une à une les pièces du puzzle. 


Si Thanos est le héros de la première partie de cette saga intitulée Cosmic Powers en VO, il faut savoir qu'en tout elle est divisée en 6 parties. A l'époque Semic avait proposé l'intégralité de la mini série sous forme de 3 albums contenant deux histoires chacun. Au fur et à mesure de la progression du récit, le cast s'étoffe et ce qui semble au début un regard particulier et scrutateur sur chacun des personnages et leurs motivations intimes devient peu à peu une grande bataille rangée, entre êtres au pouvoir incommensurable. Nous avons déjà parlé de Thanos et de Terrax donc, avec les dessins de Ron Lim, grand habitué des sagas cosmiques dans les années 90, mais aussi de Jeff Moore, qui a su insuffler beaucoup de dynamisme dans son travail. Andy Smith s'occupe pour sa part d'un curieux duo. D'un côté le Valet de cœur qui semble condamné à une solitude éternelle, enfermé dans un costume qui l'empêche de vivre une vie normale, mais aussi le préserve en vie. Il fait la rencontre de Ganymède, une combattante hors-pair, dernière de sa race, dont le but ultime est justement la destruction de Tyrant. Ce couple improbable et touchant est aussi victime des machinations de Thanos. Autre héros à être impliqué dans cette histoire, Legacy, à savoir le fils du Captain Marvel des origines. Impulsif et encore peu habitué à ses nouveaux pouvoirs, il fonce dans le tas sans trop réfléchir, et se retrouve face à face avec Nitro, celui qui condamna son géniteur en l'empoisonnant avec un gaz mortel, qui plus tard lui occasionnera un cancer foudroyant. Les deux dernières parties sont consacrées à Morg, avec les dessins surprenants de Tom Greenberg, dans un style proche de ce que peut faire Mignola. A l'époque beaucoup n'aimaient pas ses planches, mais j'ai toujours eu un petit faible pour cet artiste, selon moi très sous estimé. Scott Eaton est le dessinateur qui s'occupe de la déflagration finale, quand tout le monde tape sur tout le monde, et que l'heure est venue de fournir une conclusion à cette grande aventure. Bien évidemment, Thanos n'est pas seulement une créature puissante et mauvaise, c'est aussi le maître incontesté des plans machiavéliques et de la fourberie quand cela sert ses propres intérêts. L'ensemble se laisse encore lire avec plaisir bien des années après, même si il est clair que cette histoire est très marquée du sceau stylistique qui dominait autrefois, au fin fond du cosmos dans l'univers Marvel. Les lecteurs qui ont grandi avec ces antagonistes, fraîchement remis à la page par le travail remarquable de Jim Starlin, notamment, en ont toujours des souvenirs émus.




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NICK FURY Vs SHIELD (SEMIC & LA COLLECTION PRIVILEGE)

Il fut un temps où les rayons des librairies consacrés aux comics étaient beaucoup moins fournis qu'aujourd'hui. Durant nos jeunes années, quand il fallait compter sur Lug, puis Semic, pour lire du Marvel en français, c'était en kiosque qu'il fallait se rendre, et nulle part ailleurs. Mais au début des années 1990 les lecteurs se virent proposer une nouvelle initiative fort intéressante. Des albums par souscription, classés dans une catégorie nommée "privilège". Un peu cher pour les temps qui couraient alors, mais une opportunité unique pour lire des récits qui seraient passés à la trappe sans cette idée. Ainsi, le second album privilège est consacré à Nick Fury, le grand chef du contre-espionnage américain, à savoir l'organisation du Shield. Nick découvre tout au long de 288 pages magistrales, dans Nick Fury Vs The Shield, que la corruption et la traîtrise ont gagné son institution et en ont fait un nid de vipères qui n'attendent que la bonne opportunité pour mordre. Tout commence lorsque le borgne au cigare intervient pour récupérer le réacteur nucléaire en fusion de son héliporteur, qui a été saboté et abattu par des agents doubles. Déjà à l'époque ce gros engin commençait sa longue carrière d'objet volant à tendance au désastre. Je crois avoir compté, en plus de trente-cinq ans de lecture, au moins une bonne cinquantaine de catastrophes dans le genre. Nick parvient à éviter le pire, mais durant l'opération il perd un agent qui lui était proche, et le peu de confiance qui subsistait en ses supérieurs hiérarchiques. En effet, il a découvert en parallèle que la compagnie Roxxon possède des codes ultra confidentiels réservés au Shield, et que le réacteur qui a finit sa course entre de mauvaises mains, est finalement remis et exploité par cette multinationale rebelle. Pire encore, voilà que ses supérieurs se retournent contre lui, mettent en doute son témoignage, et que ses alliés au sein du Shield déposent contre lui. Une conspiration diabolique qui vise à l'écarter de toutes responsabilités, à première vue. Bien pire en réalité, car ce qui se trame est un complot contre l'humanité.

En apparence ce récit à tout de l'aventure d'espionnage, avec son lot de révélations et de machinations patiemment mises au point dans les arcanes secrètes des hautes sphères inatteignables. C'est en partie vrai, mais pas seulement. Car le lecteur est bien vite emmené vers d'autres cieux, comme un discours sur la nature, l'essence même de ce que peut être un humain. Le Shield est en effet parvenu à mettre au point une technologie permettant de dupliquer les individus tombés au champ de bataille, et ces derniers peuvent de la sorte vaincre l'âge et les rigueurs du temps qui passe. Une jeunesse éternelle, acquise grâce à la technologie, mais aussi une perte progressive de toutes sensations, émotions, souvenirs intimes. L'homme devient un androïde agissant et ultra ressemblant, mais de son humanité, il ne reste plus qu'une enveloppe vide, désincarnée. Autour de cette duplication digne d'un bon film de science-fiction, nous découvrons l'existence d'un culte religieux qui bannit et extermine ceux qui n'acceptent pas ses dogmes. Bob Harras travaille sur la durée, et il parvient à recycler aisément tous les poncifs et les attentes du genre, pour donner un sens et une direction au Shield, qu'il faut dissoudre pour ranimer. L'organisation avait finit par s'enliser dans des combats répétitifs contre les pseudos nazis de l'Hydra, durant les années 80, et avait elle aussi démontré que son modus operandi n'avait rien de démocratique ou libertaire. L'explication est offerte dans ces pages, où il est prouvé que le Shield était depuis trop longtemps rongé par un ver, et destiné à devenir l'ennemi même de l'humanité. Avec plaisir, nous suivons Nick Fury mais aussi Dum Dum Dugan, la Contesse Valentina de La Fontaine, Peter Gyrich, Madame Hydra, et tous ces personnages qui ont bercé nos jeunes années de lecture, et restent plus pertinents et crédibles que le Fury actuel, pompé à toute hâte sur le rôle de Samuel Jackson au cinéma. Au dessin, Paul Neary donne dans la simplicité, avec des pages ultra lisibles et qui ont pourtant un quelque chose, dans certaines poses, dans le look des agents et dans l'armement proposé, qui puise son inspiration du coté de la grande époque de Jim Steranko. La finition dans nombre de planches n'est pas excellente, mais globalement c'est une prestation sérieuse et surtout cohérente, qui évite de faire de l'esbrouffe inutile. Neary n'est pas un génie absolu ni un maître indiscuté, mais il assure son job sans paraître ridicule. Ce qui n'est pas toujours le cas des dialogues; ils sont parfois trop plat, et qui plus est traduit en vf par la redoutable Geneviève Coulomb, spécialiste s'il en fut du langage fleuri titi parisien qui détonne plus encore dans la bouche de super-héros américains. Le genre de parution qui garde, avec les années, un fort capital sympathie basé sur une nostalgie évidente, mais qui risquerait fort de dérouter nombre de nouveaux lecteurs, que ce genre de rouages basiques laisseraient sur leur faim. Un vrai plongeon dans les eighties, en somme. 




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OLDIES : BLOODTIES (LIENS DU SANG) AVENGERS / X-MEN

Les lecteurs au long cours le savent, Avengers Vs X-Men est loin d'être le premier fight entre les deux formations, et ne comptez pas sur moi pas pour le considérer comme le plus abouti. Aujourd'hui, je vous invite à faire un petit saut jusqu'en 1993, pour un crossover entre les deux équipes, publié en Vf par les éditions Semic, dans la collection Top Bd. Cela s'appelait Bloodties, Liens du sang en français. Une aventure initiée lorsque Fabian Cortez, un mutant des plus fourbes et lâches, avait décidé d'enlever la petite Luna, la fillette de Crystal et Vif Argent, par conséquent petite fille du seigneur du magnétisme, Magneto lui même. Contre l'avis de Peter Gyrich et du conseil de l'Onu, les Vengeurs décident de passer à l'action, et de filer droit sur l'île de Genosha, repère mondialement célèbre des exploiteurs de la race mutante, métaphore à peine filée de l'apartheid sud-africain, alors ravagée par une cruelle guerre civile. Cortez n'est pas tranquille, car il avait trahi Magneto, peu de temps auparavant, et si celui ci est désormais dans un état végétatif (une rafale psy du Professeur Xavier l'a réduit momentanément à l'état de légume), la nouvelle n'est pas encore parvenu à son ancien allié. Les X-Men entrent en scène également, car ils sont concernés au premier plan par les dramatiques événements qui se profilent. Leur dernier voyage à Genosha a exigé un lourd tribut, entre la mort de l'extra terrestre Warlock (depuis il s'est remis sur pieds, lui aussi) et la transformation de la jeune Felina. Mais ils ne sauraient tourner le dos à la requête de Vif Argent, et laisser les mutants et les habitants de l'île s'entretuer. Il y va du rêve de cohabitation pacifique de Charles Xavier, et de l'intérêt des lecteurs, qui attendent avec impatience les prises de position de chacun, de tous ces héros prêts à danser sur la poudrière.



Un des grands personnages de ce crossover est Exodus, qui a pris la relève de Magneto, en tant que guide du peuple mutant, vers une émancipation, et même la domination sur le genre humain. Il est majestueux, très puissant, et gagne un vrai statut de vilain de première classe grâce à Bloodties. Hélas la suite de son exploitation sera décevante, au point que Bendis s'en soit débarrassé récemment sans fioritures dans All-New X-Men. L'équipe artistique à l'oeuvre sur Avengers était composée alors de Bob Harras, auteur d'un bon run truffé de petits exploits vraiment super héroïques (on bavarde moins et on agit plus dans les nineties) et de Steve Epting, encore un peu brouillon et maladroit dans les visages et expressions des personnages, mais capables d'insuffler beaucoup de vie, de mouvement, à chacune de ses planches. Coté dessinateurs, c'est Andy Kubert qui remporta la mise, avec des silhouettes majestueuses et anguleuses, des héros crispés et combatifs, comme taillés dans le marbre. Mais de mon coté j'ai eu un petit faible pour les planches de Dave Ross et Tim Dzon, cotonneuses et légères, aux courbes sinueuses (le contraire de Kubert, en somme). Sans oublier l'inépuisable John Romita Jr, déjà à l'oeuvre sur Bloodties, et plus appliqué que ce que nous connaissons de lui ces mois derniers. Ce crossover de 120 pages n'est certes pas un véritable affrontement entre Avengers et X-Men au sens du match de catch sans intérêt. Il s'agissait avant tout des soubresauts du rêve du Professeur Xavier, et de sa décision extrême d'éliminer Magneto de l'équation, en le rendant catatonique. Le tout sur fond de guerre civile et d'exploitation des mutants, à Genosha, quand cette île cristallisait en elle, avec intelligence, tout le problème de l'ostracisme et du rejet des êtres différents. A relire ou enfin lire, pour tous ceux que X-Sanction et AvX ont fait frémir de rage ou de peur. Chez Panini, un album de la collection Best Of Marvel permet de lire cette histoire dans un fort joli écrin. Publié en 2012.


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OLDIES : DAREDEVIL LA CHUTE DU CAID

Les plus jeunes d'entre vous ne s'en rendent pas forcément compte, mais au début des années 90 la profusion actuelle des sorties super-héroïques en librairie était une utopie pure et simple. Semic (le Panini de l'époque) tentait de combler le vide avec une initiative louable, de temps en temps : proposer des albums inédits par souscription, comme ce fut le cas pour ce Daredevil : La chute du Caïd. Par Caïd, il faut entendre Wilson Fisk, le Kingpin of crime, qui du haut de sa tour de verre contrôle la pègre de New-York et de l'Amérique du Nord. Tous les trafics sont bons et profitables pour ce poids lourd de l'immoralité, qui a bâti un empire en apparence inattaquable, à l'abri de la justice et des enquêtes potentielles. Mais parfois, il faut bien peu pour que tout s'écroule, surtout s'il existe un vice caché dans les fondations. Fisk a du faire appel à des capitaux extérieurs pour investir dans une chaîne télévisée, et il a ouvert imprudemment la porte à l'Hydra, qui a elle aussi des ambitions de plus en plus marquées. Et puis il a une épine dans le pied du nom de Daredevil, ou Matt Murdock, si vous préférez. Après avoir tenté de ruiner la vie de l'avocat aveugle, de l'avoir traîné dans les bas-fonds de l'existence, et l'avoir laminé physiquement et psychologiquement, le Caïd a la désagréable surprise de voir qu'il en faut plus pour abattre ce bon vieux Matt. Après l'incroyable saga Born Again, Daredevil renaît de ses cendres, plus combatif que jamais. Par petites touches, avec un sens aigu de la mise en scène, l'intelligence maligne de qui connait à merveille les rouages internes de la pègre locale, le héros en collant participe à une opération de décrédibilisation de son ennemi, qui commence à vaciller sur son trône, et à perdre les pédales. 

C'est un Daredevil adulte et très noir que nous retrouvons dans ces pages. L'homme a été profondément blessé et il n'hésite pas à tordre quelque peu son concept de justice pour parvenir à ses fins : une vengeance à peine voilée contre un Caïd vieillissant. La manipulation, ça le connaît également, ce bon vieux Matt, y compris lorsqu'il s'agit d'aiguiller la police, de récupérer son rapport sentimental avec Karen Page, lui aussi momentanément jeté aux orties, ou pour faire interner et neutraliser de la sorte Tiphoid Mary, cette cinglée bipolaire au service du Kingpin. La manipulation est servie sous différentes formes, avec également le Shield (et Nick Fury) qui tente d'exploiter le conflit entre Fisk et Murdock, pour ses propres fins. A vouloir pinailler, on pourra juste regretter que cette escalade psychologique, cette partie de poker menteur sous haute tension, ne se termine que trop rapidement, quand on sait les dimensions et la consistance de l'empire du Caïd. Mais mettons cela sur le compte de la sagacité d'un Daredevil motivé et que plus rien n'arrête. Le bouquet final est un mano a mano entre les deux antagonistes, une lutte acharnée à la dernière goutte de sueur, où les rôles se renversent une dernière fois, dans une conclusion haletante. Dan Chichester livre un pendant remarquable au travail de Frank Miller avant lui, et Lee Weeks atteint le sublime dans des planches qui traduisent l'univers urbain, violent, et sale, d'un Daredevil diablement malin, diablement vengeur. Si vous n'avez pas ce petit bijou dans votre collection (en Vf ou en Vo) alors c'est que DD vous laisse insensible, autrement il va vous falloir remédier au plus vite. Ah si Panini pouvait envisager un futur Marvel Icons dédié au run de Chichester, par exemple...


En Vo, Fall of the Kingpin a été présenté dans les #297 à 300 de la série régulière Daredevil, sous le nom de "Last Rites"

OLDIES : RECIT COMPLET MARVEL #22 DAREDEVIL

Si la période Ann Nocenti sur Daredevil est aussi réussie, c'est bien parce que la scénariste a su faire paraître en filigranes les thèmes de société qui lui sont chers, à travers les épisodes. De l'écologie au féminisme, de la politique au nucléaire, elle a su modeler la série en un véritable vivier à idées qui ont permis d'affronter des situations, des interrogations, autrement délaissées. Dans ce récit complet Marvel, qui regroupe les épisodes #250 à #252 de la série régulière, l'action commence avec un cours de science et un professeur qui explique les ravages d'une explosion atomique (sur une double page), ce qui ne manque pas d'impressionner et de perturber Lance, un gamin rêveur et solitaire. Qui n'est autre que le fils de Bullett, un agent gouvernemental à la force colossale, trempant dans des affaires louches et aux méthodes de barbouze peu regardant. Matt Murdock (et Karen Page) est quand à lui momentanément exclu du barreau, et il prodigue ses conseils et son aide dans un centre d'accueil juridique et social de Hell's Kitchen, en attendant de retrouver un jour le chemin des grands tribunaux. Dans sa ligne de mire, nous trouvons une société multinationale, la Kelco, qui ne s'embarrasse pas de où et comment jeter ses déchets toxiques, au point d'avoir entraîné la cécité d'un pauvre gamin. Ajoutez à cela une conspiration gouvernementale pour protéger la Kelco, des activistes verts aux méthodes pas toujours subtiles, et vous obtenez un mélange explosif, qui ne repose pas sur des combats et une intrigue super-héroïque classique, mais puise au coeur des thématiques de Nocenti, en suivant une exploration psychologique et dramatique des personnages, qui privilégie l'humain au super-humain. Jusqu'au dernier épisode, qui est en fait un tie-in à un événement plus grand, Fall of the Mutants. Les cavaliers de l'Apocalypse sèment la panique dans New-York, au point que cette fois tout le monde (le petit Lance en premier lieu) est convaincu que l'inévitable s'est produit : la catastrophe nucléaire. L'occasion pour chacun de montrer qui il est vraiment en son for intérieur, et de peindre un drame intimiste en la personne de Cain, un jeune adolescent déboussolé et doutant de tout, qui trouve la mort sans avoir vraiment vécu. Tout ceci est dessiné par un Romita Jr des grands soirs. L'artiste aujourd'hui parfois conspué atteignait progressivement le sommet de son art, et ses planches tout en mouvement, ses scènes d'action si dynamiques, étaient de vrais plaisirs pour les yeux. Un Rcm différent du reste de la production, qui isole trois numéros de Daredevil caractérisant bien ce qu'a pu être la gestion Ann Nocenti, dont nous attendons de pied ferme une belle version librairie en français. 








BATMAN/PUNISHER : TEAM-UP CHEZ SEMIC, EN 1995

Nous sommes en 1995, et pour lire des comics en Vf, le plus simple est de miser sur Semic, principal pourvoyeur de nos lectures kiosque. Voici donc venir un album comprenant deux aventures complètes d'une quarantaine de pages chacune, deux "team-up" improbables, puisque concernant deux univers narratifs distincts. Batman et le Punisher se retrouvent en tandem, le temps d'un projet fascinant et plein d'affinité. Dans le premier récit, Frank Castle est à Gotham pour déjouer les plans machiavéliques de l'un de ses ennemis de toujours, Jigsaw le bien nommé (son visage est un vrai puzzle fait de cicatrices), qui a décidé de répandre une substance capable de faire s'enflammer l'eau, dans les réservoirs hydroliques de Gotham. Dennis O'Neil est au scénario (des deux parties d'ailleurs) et il oppose le Punisher à la version violente de Batman, c'es à dire Jean-Paul Valley, alias Azrael. Les méthodes de ce dernier sont finalement assez proches de celle de l'anti-héros Marvel, mais sa folie dévorante (il parle tout seul, se réveille en poussant des hurlements, a des visions moyennageuses) en fait un justicier encore plus déséquilibré et dangereux pour la criminalité et le bon sens urbain. Les dessins de Barry Kitson sont plutôt plaisants, anatomiquement il dégagent une puissance notable qui n'est pas sans évoquer celle d'un Jim Lee, par exemple. Le rythme est soutenu, et l'ensemble fonctionne bien. Du coup, on passe à la seconde aventure...

Encore une fois, nous sommes à Gotham. Mais ce coup-ci, le Punisher se retrouve face à Batman, l'original, c'est à dire Bruce Wayne. Hors de question de trucider les malfrats, ou même d'apliquer une correction ultra violente, il s'agit ici de justice, de réponse graduée et mesurée. Bref, ce que Castle a toujours méprisé chez Matt Murdock, alias Daredevil, qu'il fréquente souvent chez Marvel. Le Joker est de sortie dans ces pages, ainsi que la famille mafieuse des Navarone, qui sert ici d'exemple classique du genre, pour illustrer les ravages de la pègre sur Gotham. On retrouve également Jigsaw, qui s'est fait refaire le visage, mais n'aura pas vraiment le temps de s'en réjouir. Le vrai moment fort, c'est bien sur quand le Punisher, qui n'est pas adepte des secondes chances, se retrouve face au Joker, habitué à la clémence de Batman, qui est finalement responsable, dans une certaine mesure, des crimes continuels qui le caractérisent. Une scène fort bien écrite et totalement dans le ton de ce que nous savons et attendons des deux super-héros. Je ne vous cache pas que je finis par comprendre et presque partager le point de vue de Castle. Le Joker est vraiment irrécupérable, et les murs capitonnés d'Arkham ne le retiennent guère longtemps, puisqu'en évader semble être un de ses passe-temps préférés. C'est Romita Jr qui illustre le tout, et c'est superbe, en dehors de quelques silhouettes tordues ou déformées. Tout le dynamisme de JrJr est magnifié dans des pages explosives, notamment quand les personnages sont saisis en plein bond, en contre-plongée. Avant d'exagérer dans l'abstraction et l'emporte-pièce, Romita Jr avait vraiment un talent fou, croyez-moi. Batman/Punisher, 30 francs à l'époque (comme quoi les comics ce n'est pas plus chers aujourd'hui qu'avant, en France), est le type de saine lecture que tout amateur de Batman ou du Punisher se doit d'avoir dans sa collection. Les deux pour le prix d'un, et bien dessinés, ce n'est pas tous les jours que ça se trouve en kiosque, non?




PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...