MAJOR X : QUI EST MAJOR X ? (ROB LIEFELD IS BACK)

 


Presque trente ans après avoir écrit la légende, avec le personnages de Cable ou l'apparition de la X-Force, Rob Liefeld remet le couvert chez Marvel, pour une mini série du nom de Major X. Oui, Liefeld. Qui ignore encore le gabarit de l'artiste? C'est qu'il est à la fois un de ceux qui ont le plus marqué les années 90, et un de ceux que le public se plait à détester. Il est parfois adulé, d'autre fois cruellement moqué. C'est que Robert Liefeld n'est pas un dessinateur "classique", qui a suivi des écoles d'art, et dont les fondamentaux sont brillants. C'est un self made man, qui très jeune a appris sur le tas, en se concentrant sur l'aspect spectaculaire, sur le mouvement, l'explosion graphique, au détriment d'un réalisme anatomique presque toujours pris en défaut. Et puis c'est une autre époque, une autre manière de voir les choses. Les années Image, première mouture, où la qualité de l'histoire s'efface derrière des couches d'effets spéciaux, qui ne prennent pas en compte le bon goût, juste le résultat. La fin justifie les moyens. Liefeld signe le scénario de Major X, mais en fait il se contente de dessiner les volets inauguraux et finaux de l'ensemble, comptant sur la talent de Brent Peeples (un peu plus appliqué et classique) et Whilce Portacio (autre transfuge des années 90, qui nous fit rêver avec les X-Men) pour boucler un récit dont personne n'avait eut l'idée, et pour cause, car personne n'en voyait l'intérêt.



Il s'agit en fait de Liefeld for fans. C'est à dire une histoire qui récupère tous les codes du genre (voyages dans le temps, timeline menacée et nécessité de revenir en arrière pour changer le futur) et les personnages qui vont avec (Deadpool, Wolverine, Cable, bref toute la ribambelle qui trente ans plus tôt furent les clés d'une ascension rapide pour un jeune artiste aux dents longues). Le Major X débarque d'une sorte d'îlot de calme et volupté pour les mutants, un royaume privé où ils se la coulent douce, dans un lointain futur, mais menacé par une disparition subite. Qui est Major X, annonce le titre, avec un héros phare doté d'un casque orné d'un grand X central, sorte de viseur rappelant celui de Scott Summers dans sa période "je viens d'endosser le rôle du plus grand terroriste mutant recensé", et un code couleur assez classique (Deadpool-esque)? La réponse est banale et sortie de nulle part, dès la fin du premier numéro. On préfère vous la taire, si l'envie vous vient d'en savoir plus. Pour maintenir le lecteur en haleine, Liefeld ne peut pas compter sur un talent de conteur hors norme, alors il ressort l'artillerie lourde, héritée (encore une fois) des années 90. Autrement dit on tape d'abord, on s'explique ensuite. On sort les griffes avant la poignée de main. On tire à vue, sur qui, on s'en rend compte ensuite. Bref, c'est du Rob Liefeld, c'est du comic book avec des héros sous perfusion de testostérone, qui grimacent rien qu'en soulevant une tasse de café, dotés de mâchoires si anguleuses qu'on pourrait y dessiner un rectangle à main levée. Reste à savoir si en 2021 vous aurez encore envie de lire ce genre de récit. 

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