Le second volet de l'excellent Sombre Reflet est disponible en librairie, aux éditions Urban Comics. Je ne reviendrais pas en détail sur le premier, dont la critique est bien entendu disponible sur ce même blog. Ce second volume joue avec nos nerfs et avec l'idée (certes touchante et naïve) que les choses pourraient être différentes de ce qu'elles finiront inéluctablement par être. Car à Gotham City, la rédemption n'est jamais accessible, aussi fort que vous puissiez la désirer ou croire l'atteindre. A ce petit jeu pervers des illusions trahies, on retrouve Nightwing, pardon, Batman (c'est encore Dick qui porte le costume) qui enquête chez la fille de son pire cauchemar, l'homme qui a assassiné ses parents. Une affaire de gros sous et de banques véreuses (la belle est à la tête de la plus grande banque de Gotham), avec une innocente qui ne parvient pas à s'affranchir des liens familiaux, d'une vie toute tracée, qui la porterait au contact de la pègre locale. Mais quelle est la part de vérité dans ces louables tentatives d'émancipation morale? Dick est-il vraiment si dupe? Et n'oublions pas non plus le Commissaire Gordon, aux prises avec le retour de son fils prodigue. Tout porte à croire que celui ci est un dangereux psychopathe en puissance, le genre de type qui pourrait vite basculer du coté des pires serial-killers de l'histoire. C'est ce que redoute et dénonce sa soeur. Mais le jeune homme est venu se racheter, mener une vie toute tranquille, c'est en tout cas ce qu'il a dit au paternel. Le Joker, comme à accoutumée, fait aussi une brève apparition dans ce Sombre Reflet, histoire de mettre son grain de sel dans un récit qui sème la folie à travers Gotham. Le climax de cette histoire est absolument spectaculaire et vient résonner comme un uppercut à la face du lecteur. Attendu, deviné, redouté, peu importe, quand il vous atteint, c'est une explosion assourdissante et malsaine qui vous frappe. Francesco Francavilla et Jock sont tous les deux au sommet de leur art, et contribuent grandement à ce climat de malaise permanent qui flotte autour des personnages de cette aventure. Scott Snyder est quand à lui désormais solidement installé sur le trône des plus remarquables auteurs du Dark Knight de ses dernières années. Là où Morrisson convoque d'obscurs seconds coûteux et tisse une toile tarabiscotée et parfois trop poreuse ou dispersée, le scénariste de Black Mirror reprend avec brio tous les codes de la série, les emphatise, joue avec nos nerfs, comme peu auparavant l'ont fait. Une grande réussite. Il est évident que ceux qui ont acheté le premier tome ne devront pour rien au monde se passer du second.
Rating : OOOOO