Le proverbe, il ne vous échappe pas : tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Trois titres mensuels pour le Punisher, c'était beaucoup (trop), nonobstant le succès réel rencontré par le justicier urbain au début des années 90. Lorsque Marvel s'est rendu compte que les trois titres avaient du plomb dans l'aile, les têtes pensantes ont vite réagi, en souhaitant effacer de la carte les coupables, pour un relaunch plus rationnel et explosif. La fin de "Punisher", du "Punisher War Journal" et de "Punisher War Zone" devait être synchro, et pleine de panache. Cela faisait plusieurs mois que le terrain avait été défriché : Castle était devenu encore plus violent et psychotique, traqué de toutes parts, aux abois. Au point que son ami et soutien logistique d'alors, le regretté Microchip, avait opté pour une thérapie de choc : retenir le Punisher prisonnier dans un studio aménagé dans le sous-sous sol d'un dépôt désaffecté, ressemblant en tous points au salon des Castle, à l'époque de leur vie familiale heureuse, avec mari, femme et deux enfants. Une thérapie cognitive très discutée, qui n'aura eu qu'un seul résultat : raviver la rage du Punisher, qui décide de dessouder Micro dès sa sortie. Ce dernier n'a pas perdu de temps de son coté : il a recruté un jeune latino avide de vengeance (sa famille aussi a connu une mort tragique), un certain Carlos Cruz, qu'il a affublé d'un costume de Punisher modifié, notamment équipé d'un masque effrayant et bien pratique pour les balles en pleines tête à bout portant. Leur cible privilégiée : Rosalie Carbone, héritière du clan du même nom, une garce sans foi ni loi, qui ambitionne le contrôle des mafieux de la côte est.
C'est Chuck Dixon qui a reçu l'adoubement et l'honneur de mener à terme les aventures du Punisher, avec la collaboration de Chris Sottomayor. Un véritable choc à l'époque : Castle qui se retourne contre son seul et unique allié de toujours, Linus Lieberman, alias Microchip. Au moment de le tuer, toutefois, notre justicier inébranlable hésite une fraction de seconde, juste assez pour que le destin tranche avant qu'il n'ait à appuyer sur la gâchette. C'est la débandade, un parfum de fin de règne flotte sur ces cinq parties de "Countdown", à commencer par les couvertures magnifiques toutes réalisées par un Jae Lee des grands jours, et sur lesquelles campe un compte à rebours angoissant. Rod Wigham n'est pas un des artistes les plus raffinés chez Marvel, mais son Punisher massif, à bout de souffle, hagard, et seul contre un monde qu'il ne comprend plus, qui semble le rejeter, finit par être transcendé, comme un martyre épuisé à la recherche de la paix de l'âme et de l'esprit, qu'il ne pourra trouver qu'au travers de l'épreuve ultime, la mort. Pour suivre en intégralité ce run éprouvant pour les nerfs, voici l'ordre de lecture. Tous ces comic-books sont de 1995, et ils commencent à se raréfier sur les sites de ventes aux enchères et les collectionneurs. Ne tardez pas trop à vous les procurer, car pour les acquérir ensemble en "near mint" ou "very fine", il faut déjà mettre la main au porte-monnaie. Si vous attendez une publication Vf, c'est que vous êtes résolument optimistes/ingénus.
- The Punisher 103
- The Punisher War Journal 79
- The Punisher War Zone 41
- The Punisher 104
- The Punisher War Journal 80
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