La sortie du film consacré à la Justice League est un excellent prétexte pour s'en aller retrouver le second volume des aventures de Batman, targuées Rebirth. C'est avec Mon nom est Suicide que nous retrouvons la chauve-souris, très préoccupée par le destin de Claire, autrement dit Gotham Girl, qui vient de perdre son frère et a sombré dans la folie de l'épouvante sans fin. Pour la guérir, le héros est prêt à tout, y compris à s'en aller mettre la main sur le Psycho-Pirate, un de ces personnages un peu trop délaissés chez DC Comics, et pourtant d'une importance fondamentale. Ceux qui ont d'ailleurs lu la grande saga Crisis on Infinite Earths de 1986 peuvent en témoigner. Ce criminel un peu particulier est capable d'influencer, de modifier l'état d'esprit de tout le monde, et d'instiller chez les autres l'euphorie, la crainte, la joie, l'espoir, bref tout ce qu'il souhaite sur le moment. Un remède miracle pour Claire, sauf qu'il est actuellement détenu chez un des ennemis les pires de Batman, à savoir Bane. Celui-ci est une force de la nature incontrôlable, animée par une rage atavique, qui remonte à une jeunesse misérable et ultra-violente, qui est d'ailleurs justement rappelée dans cet album. Il doit aussi ses pouvoirs, sa force titanesque, à l'injection continue du venin, une drogue encore plus puissante que celle qu'emploient les concurrents du Tour de France, chaque été, pour décrocher le maillot jaune à Paris. Pour Bane, le Psycho-Pirate est la dernière chance de retrouver un semblant de vie normale... autrement dit la chasse est ouverte, pour mettre les mains sur cette proie hautement désirée.
Difficile d'imaginer Batman partir seul à Santa Prisca et s'en aller libérer le Psycho-Pirate, le ramener, sans l'aide de précieux alliés. Pour parvenir à mener à bien cette mission folle, le Dark Knight est capable de s'entourer de spécialistes imprévus; il s'en va faire son recrutement chez les dingos et les criminels qu'il a auparavant fait emprisonner, avec le regard complaisant d'Amanda Waller... bref le voici mettre sur pied une espèce de Suicide Squad, qui comprend notamment Selina Kyle, cambrioleuse toute vêtue de cuir, que tout le monde connaît sous le sobriquet de Catwoman. Ne vous fiez pas aux apparences, elle n'est pas si fragile, et se révélera précieuse face à Bane.
Tom King poursuit donc son récit de longue haleine, et il met en scène une fresque spectaculaire, qui en est ici à sa seconde étape. Violent et jamais ennuyeux, ce tome nous propose un héros qui associe l'intelligence et la force, la ruse et le cynisme. Bane comme toujours est dépeint comme un véritable monstre sanguinaire, et en même temps il assume un côté pathétique, qui fait qu'on finit par comprendre vraiment quels sont ses tourments et pratiquement le justifier (un tout petit peu bien entendu ...). Nous retrouvons Mikel Janin au dessin, c'est propre, clair, malgré une mise en couleurs parfois étouffante. L'artiste permet aux planches de vivre agréablement, il parvient à caractériser efficacement tous les personnages de l'histoire. On appréciera sa manière de présenter la plastique des héros, de la surligner parfois, avec un fin trait noir, ce qui le rapproche d'un certain Adam Hughes. Encore une fois il convient de replacer ce tome 2 dans l'ensemble de l'architecture que tente de bâtir Tom King. A défaut d'être quelque chose d'innovant qui redéfini le mythe même de Batman, nous avons encore une fois une poignée d'épisodes qui tiennent en haleine et assurent leur mission première, donner du spectacle au lecteur.
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