DYLAN DOG 399 : UN METEORE ET UN MARIAGE

Si la publication en français de Dylan Dog reste particulièrement hiératique et incomplète, la série continue d'être un des fers de lance de la Sergio Bonelli Editore en Italie. Toutefois les ventes s'essoufflent de manière systémique, aussi le curateur du personnage, Roberto Recchioni, a t-il lancé une sorte de version Rebirth du mensuel, qui s'est avéré être surtout prétexte à quelques retouches globales et superficielles, qui n'ont pas remodelé en profondeur la nature même de Dylan Dog. Certes, le célèbre Inspecteur Bloch est parti à la retraite, mais il continue de donner un coup de main régulièrement. Certes, un nouveau commissaire noir et passablement hostile à Dylan est arrivé, avec une adjointe voilée qui résiste aux avances de notre détective...Mais rien de bien folichon, et c'est finalement le vilain machiavélique et multimilliardaire John Ghost qui est la pièce principale du puzzle. Sauf que le lecteur ne comprend guère où tout cela va le mener...
Bref, le cycle du "météore", une trame complexe s'étalant sur treize mois de parution, agrémenté d'un compte à rebours anxiogène, devait redéfinir la donne. Force est de constater que plus de la moitié des parties de ce cycle sont de vieilles histoires déjà prévues auparavant, sur laquelle on a greffé quelques clins d'oeil au thème principal, et manquant d'envergure et d'inspiration pour soulever les foules. De quoi ça parle, au fait? Et bien un météore gigantesque fonce vers la Terre et menace d'anéantir toute vie sur la planète. Le monde est si angoissé qu'il en devient dingue, d'autant plus que l'approche du météore s'accompagne de manifestations physiques et psychologiques inattendues, avec des catastrophes et des présages fort sinistre... John Ghost lui oeuvre dans les coulisses pour tous nous sauver, mais à sa façon, et il semblerait que Dylan Dog soit son atout maître, sans qu'on comprenne pourquoi ou comment. En ce mois de décembre, le rideau tombe enfin sur le mystère, avec le 399 de Dylan Dog, moins 1 à la conclusion, anticipé depuis des semaines au format librairie, lors du dernier Lucca Comics & Games, et divulgué aussi dans la presse généraliste. Il faut dire que Recchioni avait de quoi faire discuter tout le monde, même ceux qui ne lisent plus, ou jamais, le mensuel de Dylan. Ce dernier se marie ! Et avec... un homme! Bon allez, quelques éclaircissements...


C'est la fin. Ou presque. Comment stopper l'inévitable? Se peut-il que le météore ne frappe pas la Terre, au dernier instant? Oui, forcément, si on considère que nous sommes dans une bande dessinée, et c'est là que le récit de Recchioni développe une série de réflexions assez séduisantes, qui rendent la lecture pertinente. Dylan Dog est truffé, comme toute oeuvre du genre, d'archétypes et de situations improbables, recourant au Deux ex machina chaque mois ou presque. Comment se fait-il que Groucho parvienne toujours à lui lancer à temps l'arme qui lui sauvera la vie? Comment se fait-il que sa vieille guimbarde, détruite plusieurs fois par an, continue de rouler dans les rues de Londres? Et bien, c'est de la bd, baby. C'est de la narration. Le tissage complexe et simple à la fois d'une histoire, une vie qui est entre les mains d'un démiurge, comme on le découvrait sur les pages de l'Animal Man de Grant Morrison, par exemple. C'est pour cela que John Ghost a l'idée que c'est en poussant Dylan dans ses derniers retranchements, en le forçant à renier ses principes, tout en amenant le peuple à reprendre espoir devant son téléviseur, en regardant le mariage de notre détective, que la fin de tout peut être renvoyée aux calendes grecques.
Ah le mariage, donc! Dylan reste fidèle à ses habitudes, et c'est une jolie blonde de passage dont il ignore tout qui va l'accompagner à l'autel. Un geste d'espoir, pour tous, comme on vous a dit. Sauf que non, l'amour, le véritable amour, ne peut se plier aux caprices altruistes de Dylan, et pour que la cérémonie s'achève positivement, il faut que celui-ci reconnaisse enfin le vrai visage de celui qui a toujours été là pour le soutenir, l'épauler, le comprendre. Groucho, pardi! Et non, Dylan Dog n'éprouve aucune attirance physique pour le joyeux drille moustachu, c'est juste la reconnaissance ultime du statut si particulier de son assistant, le seul à être digne d'une relation indéfectible et que rien n'ébranlera jamais. Sauf la mort..?
Bref, ce numéro est intelligent, vraiment. Il comprend aussi une bonne partie totalement régressive, où tout le monde tue tout le monde, Dylan and friends contre les vampires, histoire de mettre un point final à certaines sous intrigues en cours. C'est bourrin, très bourrin. Ce numéro 399 est l'apanage de plusieurs artistes, qui se relaient au dessin, conjuguant passé présent et avenir de la plus belle des manières. Je reste classique, et fidèle, et je suis toujours aussi bluffé par la maîtrise totale des ombres de Corrado Roi, qui offre encore des planches crépusculaires et inquiétantes à souhait. A quelques jours (moins de 20) du grand bouquet final, et encore moins de la sortie du crossover improbable entre Dylan Dog et Batman (promis je vous en parle très vite), voilà un album qui mérite bien les 3 euros 90 du prix de couverture. 



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