Il est assez rare qu'un personnage iconique des comics américains disparaisse, sans qu'il soit ressuscité rapidement, dans les mois ou les années qui suivent. Pourtant la belle Jean Grey semble morte pour de bon. Mais les scénaristes ont trouvé un moyen de continuer à la mettre en scène, tout en refusant de revenir sur le fait établi de son décès. Le Fauve a ainsi joué avec les couloirs du temps et il a amené à notre époque les premiers X-Men, encore adolescents, dans l'espoir de montrer à Scott Summers qu'il se trompait, sur la manière de gérer les relations entre mutants et humains, par trop radicale.
Les mois ont passé et les jeunots sont toujours là... force est d'admettre que Jean -la jeune Jean- doit en avoir marre de s'entendre répéter à longueur de journée qu'elle est destinée à devenir le Phénix, à détruire la vie de millions d'innocents, à incarner cette force primordiale vouée à la destruction. Elle va enfin pouvoir se rendre compte de ce qu'il en est vraiment, ceci par le biais du subterfuge classique du voyage dans le temps, ou vers une autre dimension, pour laquelle aucune raison valable ou crédible ne nous est donnée, tout comme le numéro consacré à Hulk. Ici la jeune Jean Grey et l'ancienne, possédée par le pouvoir du Phénix, se retrouvent face à face sans que le lecteur puisse avoir les clés en main et comprendre ce qu'il s'est passé. Cullen Bunn, qui n'a jamais été mon scénariste préféré, tente alors une tentative d'introspection, où c'est la cadette qui est mise au centre de la scène. C'est d'ailleurs elle qui semble plus cynique que son aînée. Phénix + Phénix, avec aussi une apparition de Galactus, qui se fait botter les fesses. De jolies scènes dans l'espace vous attendent (sur la plage aussi...), avec un RB Silva, qui à défaut de produire des planches d'une grande originalité, a le mérite d'essayer de soigner l'ensemble, tout en calant son trait sur celui des grands artistes de la Maison des idées, Stuart Immonen et Terry Dodson en tête. Il est aidé en cela par Di Benedetto et Beredo, qui encrent et colorient l'ensemble de manière judicieuse.
Du coup voici un numéro agréable à l'oeil, qui permet de rapprocher la jeune Jean Grey de son héritage maudit, et de faire avancer les choses en terme de compréhension du phénomène. Pour le reste il n'y a absolument rien d'autre à digérer. Générations continue d'être un projet très hermétique et il faut le dire, pour le moment (peut-être changerai-je d'avis) tout aussi stérile. Cela peut-être sympathique à lire en quelques minutes, mais c'est très loin d'être indispensable. Bref, bien malin qui comprendra où veut en venir Marvel, avec ces one shot que nous aurions finalement préféré découvrir dans le cadre d'un free comic book day : au moins ça aurait été gratuit!