Jessica Jones est donc de retour, pour une seconde saison qui s'annonce comme un thriller noir psychologique, particulièrement sombre. Il faut dire que comme d'habitude l'héroïne ne traverse pas un moment brillant. Au fond d'elle-même, elle a toujours des doutes sur ce qu'elle est vraiment, se considérant probablement comme un monstre, ceci à tous les niveaux. Non seulement elle possède des pouvoirs qui l'isolent du commun des mortels (et on sent que le new-yorkais commun nourri désormais des doutes face à ces super-héros, qui amènent autant de problèmes qu'ils n'en résolvent) et qui ont une origine inconnue et vraisemblablement peu ragoûtante, mais en plus elle a tout bonnement tué Killgrave, pour échapper à jamais à son emprise, dans le final de la première saison. Ceci fait de Jessica une meurtrière, et son comportement asocial et souvent borderline en fait d'une certaine manière une femme dangereuse pour son environnement. Les autres semblent aller beaucoup mieux : c'est le cas par exemple de Malcolm, qu'elle a sorti de l'enfer de la drogue, et qui peu à peu s'affirme et prend de l'importance au sein du cabinet Alias Investigations. Trish, sa meilleure amie et soeur adoptive, a rencontré un célèbre journaliste, avec lequel elle file (en apparence au début de la saison) le parfait amour. L'ensemble du cast va commencer à se déliter, et les événements vont s'enchaîner comme autant de domino s qui tombent, alors que Trish entame une enquête, pour en savoir plus sur le passé de mademoiselle Jones. Ce sera le moyen de jouer à nouveau sur la psyché, l'identité même de la détective, poussée dans ses derniers retranchements par des révélations qui touchent à l'essence de sa condition de suhumaine.
Au passage cette seconde saison s'attache aussi à définir ce qui constitue un être humain, avec ses failles, ses attentes, ses aspirations, mais aussi ses addictions. Il suffit d'un secret relativement mal enfoui pour que tout revienne à jour, qu'une existence s'en trouve bouleversée (Jessica), il suffit d'une maladie génétique qui apparaît par inadvertance et c'est tout un cadre de vie qui risque de voler en éclat (Hogart, la juriste star), il suffit d'un peu d'ambition mal placée et une volonté chancelante, qui part en vrille, pour replonger dans les démons du passé (Trish)... au fur et à mesure des épisodes, les événements s'enchaînent, tous les personnages sont pris dans la tourmente et découvrent peu un peu, avec stupeur, que la frontière entre le monstre et l'humain est parfois mince. Et que ce sont nos décisions, notre comportement, nos valeurs, qui font que nous passons d'un statut à l'autre.
Comme toujours Krysten Ritter est excellente dans son rôle : cynique, forte et faible en même temps, toujours aussi sarcastique et clairement et désespérément attachée à ses bouteilles d'alcool, Jessica présente une farouche volonté de s'isoler des autres, encore qu'elle travaille progressivement sur ce point là. La privée campée par l'actrice est certes différente de celle que l'on trouve dans les comics, mais elle est parfaitement fonctionnelle pour le ton de la série, et on s'y attache sans aucun problème. Mention spéciale pour le personnage de Malcolm, qui a vraiment gagné du galon et de la profondeur, et désormais occupe à lui seul une petite partie de la scène. Voilà une seconde saison qui tarde un peu à démarrer, qui décevra ceux qui attendent avant tout du grand spectacle ébouriffant, mais qui possède une richesse indéniable, et mérite d'être suivie jusqu'à son terme.
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