SILVER SURFER LEGACY : DE VRAIS FAUX SOUVENIRS DES 1990s


 Les années 1990 sont décriées par certains, portées aux nues par d'autres. Quelle que soit votre opinion, toujours est-il qu'on y revient régulièrement, encore et toujours, souvent lorsqu'on est en manque d'inspiration. Chez Marvel, décision a été prise il y a quelques temps de produire toute une série d'aventures apocryphes, censées se dérouler durant cette belle décennie, sans que personne ne soit au courant de ces "faits oubliés" jusqu'à maintenant. C'est l'occasion de retrouver un statu quo, des costumes et un style graphique différent de ce que nous lisons aujourd'hui. Et l'univers cosmique des années 1990 est très souvent associé à Ron Marz, un scénariste qui a exploré les étoiles aussi bien chez DC comics (Green Lantern) que chez Marvel (le Silver Surfer). Il est associé une nouvelle fois avec Ron Lim, un des dessinateurs les plus prolifiques de la Maison des Idées, à l'œuvre avec un trait parfois un peu trop simpliste et anguleux, mais toujours régulier, efficace, facilement reconnaissable. Avec Lim, tout dépend souvent de l'encrage. Al Milgrom avait tendance à banaliser son talent tandis que Tom Christopher lui convenait beaucoup mieux. Ici, c'est un certain Don Ho qui s'occupe de cette partie du travail et nous pourrions qualifier le résultat de compromis entre les deux options déjà citées. L'album s'appelle Legacy et il se rattache à une aventure précédente et récente. Il s'ouvre avec le Silver Surfer et (c'est logique) Legacy, le fils du Captain Marvel des origines, qui devisent allègrement sur la grandeur et l'héroïsme du super-héros disparu tragiquement, des suites d'un cancer. Le fiston n'a jamais eu l'occasion de le connaître et c'est le plus grand regret de sa vie. C'est alors que le Surfer a une fausse bonne idée, pour lui permettre d'être témoin de la bravoure de Captain Marvel. Remonter le temps (ben voyons…)




Si vous trouvez étrange que le Surfer, qui s'avère habituellement être un personnage très pondéré, décide d'emmener Legacy sur l'île aux monstres, pour s'emparer de la gemme du temps (qui était à l'époque détenu par les membres de la joyeuse brigade d'Adam Warlock, les Gardiens de l'infini), ceci afin que le rejeton puisse rencontrer son père… si vous pensez donc que tout ceci est complètement absurde, par rapport à la nature du héros, vous avez raison ! Sauf qu'en fait, ce n'est pas exactement le Surfer : c'est Méphisto qui a pris son apparence, et qui va pouvoir ainsi mettre en place un plan diabolique pour se débarrasser de celui qu'il déteste cordialement, depuis toujours. Bref, un quiproquo dont les super-héros ont l'habitude, qui va impliquer justement les Gardiens, qui va faire intervenir aussi Thanos (qui à l'époque possédait sa propre gemme) et qui va expédier nos personnages - surtout Norrin Radd - jusqu'à la fin des temps. Le Surfer va y rencontrer aussi Galactus ou Nova (Frankie Raye). Et vous savez quoi, ça n'est même pas désagréable à lire ! Il y a en effet un petit parfum de ces aventures que nous dévorions à l'époque chaque mois, au petit format dans Nova. On retrouve un peu de cette naïveté et surtout de la dynamique qui existait alors, entre tous ces personnages. Ron Marz connaît son sujet, il sait comment écrire tout cette assemblée et si l'album n'a absolument pas vocation à marque à jamais les esprits, ça reste une parenthèse sympathique pour tous ceux qui sont restés (comme moi) attendris au souvenir des années 1990. Alors voilà, à réserver pour les fans, probablement pas destiné aux plus jeune lecteurs, mais loin d'être la parution la plus bête de l'année, tout au contraire.



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