AVENGERS ASSEMBLE : LES VENGEURS PAR KURT BUSIEK ET GEORGE PEREZ

Dans les années 90, Marvel tente de moderniser et de donner un joli coup de fouet à son univers en déliquescence, avec l'opération Heroes Reborn. Des noms ronflants (Jim Lee, Rob Liefeld, Marc Silvestri...) pour un demi-échec artistique, et un retour à la norme, un an plus tard, avec Heroes Return. Cette fois, pas question de se louper. C'est pourquoi on décide d'appeler en renfort George Perez (artiste légendaire déjà à l'oeuvre sur Crisis on Infinite Earth, par exemple), qui conseille lui même vivement un scénariste fort doué, Kurt Busiek (accessoirement, c'est aussi une encyclopédie vivante de tout le macrocosme super-héroïque. Le type est incollable). Ensemble, il vont projeter les Vengeurs dans le nouveau siècle à venir, avec des aventures rythmées, enlevées, et la plupart du temps dessinées avec une classe indéniable. Dès le début de l'aventure, de multiples nouvelles pistes narratives vont être explorées sur le moyen long terme, comme l'alcoolisme de Carole Danvers (qui fait écho au défaut récurrent de Tony Stark), le retour d'entre les morts de Wonder Man (que Wanda Maximoff parvient à faire apparaître en cas de grave danger ou dans une situation de stress ou de besoin), mais encore la relation sentimentale entre la Sorcière Rouge et la Vision (Wonder Man est de retour...) et l'arrivée de nouveaux personnages (comme Triathlon, dont le costume s'apprécierait presque mieux avec des lunettes 3D) dont les jeunes pousses Justice et Firestar, transfuges des New Warriors. Pour leur premier fait d'armes, les nouveaux Vengeurs de Busiek se retrouvent confrontés à la fée la plus mauvaise, et la plus sexy, de l'univers Marvel : Morgane Le Fay.

Cet affrontement est l'occasion, pour les héros, de faire un saut dans une réalité parallèle et de se retrouver en pleine atmosphère "Camelot", après un bon lavage de cerveau et avoir oublié qui ils sont véritablement. Comme si cela ne suffisait pas, à peine la situation revenue à la normale, les Vengeurs ont maille à partir avec une autre formation de gros calibres, l'Escadron Supreme, qui s'est échouée dans notre espace-temps et a quelques doutes sur l'innocence et la probité des hommes de Captain America. George Perez s'amuse comme un fou avec cet aréopage de personnages, lui qui n'est jamais si à l'aise que lorsqu'on lui demande de dessiner une dizaine d'encapés au centimètre carré. Ces récits sont regroupés dans une série de plusieurs gros tpb de plus de 400 pages chacun, au titre évocateur : Avengers Assemble. Dans le premier tome, nous trouvons également un petit crossover avec les séries de Quicksilver, Iron Man, et Captain America, où il est question de repousser plusieurs renégats Kree qui ont prix pour cible la Terre, puisque les Avengers n'ont pas hésité à neutraliser définitivement leur "Intelligence Suprême" lors de l'opération Galactic Storm, quelques mois plus tôt. Il s'agit véritablement d'une bonne période pour les plus grands héros de la planète, qui bénéficient d'un traitement graphique à la hauteur (Perez is still Perez) et des bonnes idées à foison d'un Busiek qui va marquer le titre de son empreinte, mois après mois. En attendant une publication vf chez Panini (tout ceci est bien sorti en kiosque à l'époque, rassurez-vous) vous pouvez facilement trouver ces pavés super-héroïques sur Amazon ou Thebookdepository, pour une vingtaine d'euros chacun.


BATMAN SAGA 17 : LE DEUIL DE LA FAMILLE, POUR LES RETARDATAIRES

Même les plus distraits l'auront remarqué, Batman Saga, la revue fortement recommandable publiée par Urban Comics, propose depuis trois mois la nouvelle grande saga qui implique le petit monde de Gotham, « Le deuil de la famille ». Le titre fait bien sur écho à la célèbre aventure de Jim Starlin durant laquelle le Joker trucida le pauvre Robin (Jason Todd) à coup de barre de fer, et que Urban a réédité voilà peu dans un très bel album librairie. Du coup, on se doute que l'épilogue sera teintée de drame, et on s'attend à un final choquant et bouleversant (fausse interrogation d'un lecteur Vo qui ne veut pas vous gâcher la surprise). En fait, de quoi s'agit-il? Disons qu'après avoir développé un long récit basé sur la lutte entre Batman et les Hiboux, Scott Snyder ressort le Joker du placard dans laquelle il semblait confiné, depuis les prémices de l'opération New 52, alors qu'il s'était fait atrocement décoller la peau du visage par le Taxidermiste. Défiguré, méconnaissable, le cinglé en chef de Gotham a eu tout le temps de méditer son retour, c'est à dire sa revanche, d'autant plus qu'il semblerait bien qu'il détienne des informations personnelles sur son grand ennemi, qui lui permettent de s'en prendre à ses principaux alliés, l'un après l'autre. Le Joker connaît apparemment les identités civiles de Nightwing, Catwoman, Batgirl, et les autres, et il va s'en servir pour abattre le Dark Knight une bonne fois pour toutes. Il s'en prend aussi à la famille élargie, comme dans le cas de la mère de Barbara Gordon, torturée et mutilée, ou le majordome Alfred Pennyworth. En fait, l'action est divisée et répartie de manière intelligente dans plusieurs séries. Le mensuel d'Urban présente ainsi Batman, Catwoman, Batgirl, face aux conséquences de ce come-back mortel, dans des rebondissements qui se répondent les uns aux autres, en parallèles, sans toutefois interagir de manière rédhibitoire pour celui qui déciderait de faire l'impasse sur un des titres concernés. La qualité graphique est remarquable, avec bien sur Capullo sur Batman, mais aussi des héroïnes en spandex mises en valeur par Ed Benes (il sait y faire, le brésilien)ou Rafa Sandoval. Une fois encore, Batman va se heurter à la folie méthodique d'un adversaire plus impitoyable que jamais, qui semble rejouer la comédie de ses premiers faits d'armes, avec quelques variations qui permettront peut être aux héros de l'histoire de déjouer ses plans. Inutile de préciser que ce Deuil de la famille fait partie des lectures à ne pas perdre en ce début d'automne, surtout si vous êtes de ces lecteurs épris du Joker, dont les méfaits pourraient remplir plusieurs encyclopédies de la cruauté. 


SPIDER-MAN 3 EN KIOSQUE (SEPTEMBRE 2013)

Le Superior Spider-Man de Slott poursuit son bonhomme de chemin, avec deux nouveaux épisodes dans la revue Spider-Man de septembre. Si le principe même de projeter Octopus dans le corps et l'esprit de Peter Parker avait de quoi rebuter pas mal de monde et provoquer des poussées d'urticaires, il faut admettre que ce bon vieux Dan mène sa barque avec habileté et rend une copie fort honorable, voire même enthousiasmante par moments. Ce mois-ci, par exemple, c'est la violence mal gérée de Dock Ock qui est au centre du sujet. Nous savons tous que le tisseur de toile est un éternel gentil, qu'il ne se salit que trop rarement les gants, même face aux pires criminels qu'il a eu à affronter durant sa carrière. Le Superior Spider-Man doit affronter de vieux démons (un père violent et peu aimant, des brimades continues à l'école, une existence vouée au crime et aux larcins) et quand il perd la patience, ses adversaires en font les frais. C'est ainsi qu'il va régler le cas du dénommé Massacre de la plus radicale des façons. Je vous laisse lire cela, et la surprise qui en découle, mais c'est assez choquant, en effet. Suivra une altercation avec le Pitre et Screwball, du menu fretin irrévérencieux mais pas si dangereux, surtout pour Spider-Man et ses pouvoirs formidables. La version Octopus est bien moins clémente, et vous allez voir qu'à trop le titiller, ce tisseur new look ne prend de gants avec personne, au point d'alerter les Vengeurs, qui ont bien noté que quelque chose ne tourne pas rond chez leur camarade de jeu. Aux dessins, Camuncoli et Ramos se relaient, chacun livrant des planches fort belles pour peu que vous appréciez les styles respectifs de ces deux auteurs.

Le Superior Spider-Man se retrouve aussi embarqué bien malgré lui dans une histoire de ... baby-sitting. Il est appelé à la rescousse par les nouveaux Fantastiques (les FF habituels sont en pleine patrouille dans l'espace-temps, c'est à lire dans Avengers Universe) qui ont besoin du Tisseur pour s'occuper des jeunes pousses de la Future Fondation. Un rôle pour lequel Octopus n'aurait jamais été préparé, et du reste, il va s'en charger à sa manière, quitte à user de la force et des menaces pour gagner le respect. Ho, ça marche, en plus! C'est dans Avenging Spider-Man, récréation sympatoche signée Yost et un très bon Paco Medina. Enfin deux épisodes de Scarlet Spider, qui est toujours à Houston et cherche à se constituer une nouvelle vie. Cette fois il arrête une bande de cambrioleurs déguisés en père Noël, dans son hôtel, avant d'avoir à faire avec un petit détachement de la Main, spécialisé dans la traite des jeunes japonaises. Peu à peu la série semble gagner en intérêt et en profondeur, après des débuts qui m'avaient laissé très dubitatif (ce n'est pas un gros mot). Ce n'est pas encore formidable, mais ça commence à prendre forme. Yost à peut être trouvé le bon rythme, et les dessinateurs qui lui échoient sont en général convaincants. Bref, la revue de Spider-Man se porte assez bien. Pour moins de cinq euros, c'est un rendez-vous mensuel que je vous recommande. 


AGE OF ULTRON (1/6) DANS VOS KIOSQUES !

C'est assez drôle que le dernier coup d'éclat de Brian Bendis avec les Avengers se déroule après son départ officiel des séries qui leur sont consacrées. Ou encore, que cet event Marvel promis et attendu depuis belle lurette, voit le jour alors qu'on nous matraque depuis un trimestre avec l'opération Marvel Now! Ne cherchez pas à comprendre, c'est ainsi. Un peu comme si après avoir spoilé et annoncé cette âge d'Ultron depuis des années, Marvel sentait le devoir de vraiment l'offrir à ses lecteurs. Reste à voir de quoi il s'agit, et si ça tient la route. En fait, on ne sait pas trop où se situer. Une Terre alternative? Un bond dans le futur (ou bien j'ai vraiment manqué quelque chose)? Toujours est-il que New-York (et probablement le monde) est sous la coupe réglée de Ultron et de son armée robotique, et que les humains sont traqués, spécialement les anciens super-héros. Les Vengeurs ont trouvé refuge dans les décombres de l'héliporteur du Shield. Vous savez, ce gros vaisseau volant qui s'écrase au moins une fois par mois? Là, il est échoué en plein Central Park, et on se dit que ce n'est pas la tanière la plus discrète, mais passons sur ce détail. L'essentiel de cet incipit est centré sur le sauvetage de Peter Parker, en pleine déconfiture, capturé par une bande de criminels notoires (entre autres, le Hibou et Hammerhead) pour être remis à Ultron en échange de passe-droits. C'est Hawkeye qui se charge d'être la cavalerie, avec son matériel habituel, dans un monde apocalyptique en ruine, qui n'est pas sans rappeler, en effet, Days of Future Past (toutes les review à ce jour le mentionnent, je m'adapte). Hitch est aux dessins et il offre des planches saisissantes et riches en détails sur cette catastrophe globale. Sur le plan graphique, il n'y a rien à redire, c'est du solide, avec très peu, pour ne pas dire aucune, faute de goût. Coté scénario, c'est le jeu des devinettes. Pourquoi Ultron domine t-il la planète? Comment y est-il parvenu? Où sommes nous vraiment, et quand? En attente des réponses, d'indices probants, ce premier numéro se laisse lire agréablement, mais ne propose rien de bien nouveau ou de très clair. La suite sera pourtant assez prenante, et je vous recommande de ne pas snober ce nouvel event à la sauce Marvel, qui comprend de bonnes pages et des idées fort sympathiques. Sauf que encore une fois la fin sera... Enfin bon, ne boudez pas votre plaisir alors que nous n'en sommes qu'au numéro 1, que Panini sort en kiosque avec une jolie cover métallisée droit sortie de la grande mode des couvertures gadgets des années 90. Si vous lisez la Vo et ne voulez pas attendre, la version hardcover luxueuse vient aussi de sortir, et il existe également un gros pavé chez Marvel uk qui propose l'intégralité de la saga pour une quinzaine d'euros, avec une couverture souple. Amazon aussi est votre ami, parfois. 

 

MARVEL NOW LE VERDICT (3) : THE FEARLESS DEFENDERS

Vous aurez noté que l'argument publicitaire lié à Marvel Now, c'est qu'il s'agit d'une révolution. Ce qui est contestable, même si globalement le niveau qualitatif moyen des séries y a gagné, à quelques exceptions notables près. Les Défenseurs, par exemple. La nouvelle série ne présente que des filles dans son roster. Elles sont modernes (au point que vous verrez un baiser saphique dès le premier numéro, n'en déplaise à Vladimir Putin) et n'ont peur de rien de rien. Fearless. C'est Cullen Bun qui nous raconte leurs aventures, et malheureusement c'est très décousu, et plutôt mal ficelé. Chiant, pour parler comme les jeunes. En gros, Misty Knight est chargée de retrouver des artefacts qui émettent une étrange mélodie, dont les conséquences sont de ramener à la vie des Asgardiens morts. Des Ases Zombies, quoi, ou comment concilier mythologie nordique (allez plutôt lire l'excellente série de Aaron, Thor God of Thunder) et le phénomène du moment des morts qui reviennent. Pour en venir à bout, c'est la Valkyrie qui est sur scène, dans une version moins prestigieuse et solennelle, plus en accord avec l'inconséquence de notre époque moderne où on perd le respect de tout, messieurs dames. Dani Moonstar (Mirage, ancienne Nouvelle Mutante) fait aussi partie de la formation, après une tentative d'enlèvement subie dans le second numéro, où les héroïnes vont finir par se retrouver face à face avec Hela, souveraine des défunts dans l'univers de Thor et Co. Preuve que Marvel n'y croit pas trop, c'est Will Liney qui est aux dessins (pas mauvais d'ailleurs, mais les expressions sont très figées), pas Romita Jr ou Coipel, vous aurez remarqué. Un second couteau pour un titre éphémère. Le meilleur, c'est encore les couvertures de Matt Brooks, qui trouve toujours de quoi nous faire sourire, et sortent un peu de l'ordinaire. Parce que pour le reste, The Fearless Defenders, c'est un peu la série "what for?" de la révolution Marvel. Etait-elle bien nécessaire? 
Au passage, Panini nous épargne, dans le numéro 3 de Avengers Universe, le troisième volet de cette série fort poussive. Malheureusement elle sera de retour en septembre, qu'on se rassure (ou pas). 


PUNISHER MAX : UNTOLD TALES OF THE PUNISHER (SECRETS ET MENSONGES)

Les aventures du Punisher n'ont plus de série fixe, depuis l'arrêt de celle publiée dans la collection Max, et scénarisée par Jason Aaron. Nul doute que Frank Castle ne tardera pas à revenir dans de nouveaux rebondissements mensuels, mais pour le moment, Panini est obligé de faire les fonds de tiroir de chez Marvel pour proposer un album cohérent, le septième de la série PunisherMax. Au sommaire nous trouvons ainsi les cinq volets d'une vraie fausse mini série, intitulée Untold Tales of the Punisher, c'est à dire les récits inédits, jamais narrés, de notre anti-héros préféré. Au départ, seul le premier d'entre eux, La Collision, réalisé par l'auteur de polar Jason Starr et le français Roland Boschi, avait pour vocation d'être une parution spéciale. Les quatre autres auraient pu et du trouver leur place dans le titre mensuel du Punisher, pour palier au départ prématuré de Aaron, qui avait fini, je cite, de raconter ce qu'il avait en tête pour le personnage. Dit comme ça, on pourrait me croire caustique, et prévenu, mais en réalité, le niveau qualitatif moyen n'est pas mauvais du tout, et permet de passer de bons moments avec Franky, même si certaines pages sont vraiment à ne pas placer entre toutes les mains. 

Le Punisher est sur les traces d'un garagiste que la mafia oblige à devenir un assassin, pour régler des dettes de jeu. On pourrait croire qu'il va faire preuve d'un peu de compréhension, mais ce ne sera pas le cas. Dès lors que vous franchissez la ligne rouge (et que vous y prenez goût...) seule la punition vous attend au bout du parcours. On le retrouve aussi aux mains d'une hideuse famille de fermiers du midwest qui s'entretue tout en ne sachant pas quoi faire de leur proie redoutable. Puis c'est une histoire de vengeance, bien des années après, qui amène le Punisher à faire équipe avec une belle blonde à sang froid, pour punir l'assassin d'une jeune étudiante, tombée enceinte de sa victime. Pour finir, un jeune gamin expérimente la futilité et la vacuité du désir de vengeance (encore et toujours), à travers le récit du paternel, qui a eu affaire au Punisher, dans sa jeunesse, alors qu'il souhaitait faire expier le meurtre de son propre père, comptable pour des mafieux peu regardants. Si ces différentes aventures manquent forcément de liant, elles dressent comme toujours le portrait d'un justicier sans état d'âme, sans concession, pour qui la punition est l'exutoire naturel d'une faute indélébile, à la quelle il n'est plus possible d'échapper dès lors que la loi ne peut ou sait s'imposer à ses contrevenants. Plusieurs noms familiers sont au travail, comme Skottie Young, qui signe le scénario du dernier volet, ou encore Jason Latour (le second) et l'italien Matteo Buffagni, que les lecteurs de Wolverine (de Daken, surtout) connaissent déjà bien. Une bonne petite façon de saluer Frank Castle pour le moment, tout en sachant que les lecteurs kiosque pourront aussi lire la version Space du personnage (on y revient dans quelques jours), ainsi que Punisher War Zone sur les pages de Marvel Knights (qui présente aussi les Thunderbolts nouvelle mouture, où officie désormais Castle).


CHASM : LE FARDEAU DE KAINE (UN FARDEAU POUR LES LECTEURS)

 En mars 2024, Marvel a publié un gros fascicule intitulé Web of Spider-Man , censé donner un aperçu de quelques unes des trames sur le poin...