LA MÉCANIQUE : LA NOUVELLE SÉRIE DE KEVAN STEVENS ET JEF CHEZ SOLEIL


 Le duo composé de Kevan Stevens et Jef est de retour chez Soleil pour une nouvelle série prévue en trois albums, intitulée La Mécanique. Le premier tome, En moi le chaos, pose d'emblée les pierres qui vont servir à bâtir tous l'édifice. Pour comprendre l'atmosphère, il suffit de s'arrêter sur la première double page spectaculaire où nous appréhendons, plus encore par l'image que par le texte extrêmement sobre, que le "monde d'avant" a disparu. Ici, nous sommes dans un véritable cauchemar futuriste où la technologie dévoyée, la pauvreté extrême, le contraste entre les classes sociales, ont finit par rendre le monde un véritable enfer. Nous sommes en réalité en France, du côté de Lyon, ou plutôt de ce qu'il en sera dans cet avenir sinistre où une drogue de synthèse fait des ravages dans la population. On l'appelle le Blast et non seulement elle est extrêmement dangereuse, mais il en existe une version frelatée, une sorte de mouture de synthèse qui échappe à tout contrôle, notamment à celui que l'on appelle le Mayor. C'est-à-dire l'équivalent du maire, et qui distribue un peu à sa façon des sortes de "permis de dealer" à celles et ceux qui détiennent les principaux territoires de sa cité. Qui semble stratifiée, avec la fange (les milieux très populaires) qui ne voit jamais le jour, c'est-à-dire la surface, et grouille dans des sortes d'étages en profondeur, tandis que les autres (ceux qui en ont les moyens) peuvent circuler et envisager de respirer un air (façon de parler) un peu moins vicié. Nous faisons connaissance aussi avec les enfants du Mayor à savoir Safir, sa fille, et Pauli, le frangin, qui semble trisomique.




L'œuvre est assurément ambitieuse et elle place beaucoup de pions sur l'échiquier, ce qui fait qu'il est parfois un peu difficile de comprendre vraiment où les auteurs veulent en venir clairement. Il faudra attendre la suite pour tout saisir et il y a différents intervenants dont les motivations et la nature sont encore à définir parfaitement. Comme Vananka, par exemple qui a la possibilité d'accéder au niveau supérieur pour aller jouer de la musique, pendant que ce qu'on devine être de riche individus se livrent à des ébats érotiques particulièrement explicites, ou encore des espèces de flics membres d'une force spéciale, qui ont licence de tuer tout ce qui bouge et qui semble opérer en dehors des radars. Tout ceci forme une fresque de science-fiction qui ne dépareille pas aux côtés des grandes heures des publications de Métal Hurlant. Un univers oppressant et futuriste convaincant que Kevan Stevens au scénario et Jeff au dessin (qui offre des réminiscences lointaines avec un certain Sean Murphy, pour l'énergie qu'il libère) nous proposent, tout en nous demandant de faire un effort solide de lecture pour en saisir les nuances. Une sorte d'orage qui se prépare : on entend au loin le bruit du tonnerre qui roule, on devine que c'est toute la structure de cette société qui est sur le point de s'effondrer, que la rébellion et l'implosion sont désormais une question de temps. Le chaos s'apprête à déferler dans La mécanique, qui fonctionne comme une sorte d'effondrement de dominos successifs. Sauf que l'on n'a pas vu partir la chute en série, qui pour autant est inexorable. Bref, une bande dessinée fascinante mais qui est loin d'être accessible aux lecteurs distraits. (sortie le 13 janvier, chez Soleil)



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