Il se fait appeler le Souverain. Dans le plus grand secret, lui et sa dynastie règnent en maîtres absolus sur le destin des États-Unis, et par extension, du monde entier, depuis plusieurs siècles. Aujourd’hui, il a lancé une vaste offensive contre les Amazones en général, et contre Wonder Woman en particulier. Cette dernière est tombée entre ses griffes, et son objectif principal est clair : la briser à jamais. Mais voilà, anéantir la détermination inflexible, la compassion légendaire et le courage inébranlable de Wonder Woman n’est pas à la portée du premier super-vilain venu. Même pour un mégalomane convaincu que le monde entier lui appartient, la tâche est colossale. Certes, le Souverain possède un atout redoutable : le lasso des Mensonges. Une arme miroir du célèbre lasso de Vérité de notre héroïne, qui, au lieu de contraindre sa cible à dire ce qui est vrai, distille des mensonges insidieux. Pire encore, ces mensonges s’enracinent profondément dans l’esprit de la victime et jouent sur ses doutes les plus enfouis. Et si cela ne suffisait pas ? Pourquoi ne pas priver Wonder Woman de ses alliés, de ses amis, et de tout soutien ? L’isoler complètement. La pousser au bord de la folie. Enfermée dans un sombre cachot, elle doit faire face à des épreuves inédites imaginées un Tom King qui, à sa manière, fusionne les récits super-héroïques classiques avec des thématiques plus ancrées dans notre réalité contemporaine. Son regard se pose sur des enjeux géopolitiques, notamment le rôle des fake news et la façon dont ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique ou médiatique redéfinissent le cours des choses, selon leurs propres intérêts. Pour eux, le blanc devient noir dès qu’ils le décident. En parallèle, l’auteur explore des réflexions profondes sur la condition féminine, qui mettent en lumière la façon dont les sociétés patriarcales, souvent appuyées par des doctrines religieuses, ont relégué les femmes à des positions subalternes. Une critique subtile mais percutante, qui renforce la profondeur de son récit.
Ce second volume de Hors-la-loi débute avec une parenthèse beaucoup plus légère, en l'occurrence un épisode dessiné par Guillem March. On y retrouve Wonder Woman et Superman dans une quête improbable : dénicher le cadeau d'anniversaire parfait pour Batman. Leur aventure les mène dans un centre commercial fantasmagorique, perdu au fin fond de l’espace. Les pages, souvent drôles et parfois touchantes, apportent une agréable pause dans le récit bien tendu de Tom King, avant que celui-ci ne reprenne le fil du discours pour seulement trois épisodes. On le rappelle alors : Daniel Sampere est fabuleux. Ses pages sont autant de petites pièces montées finement ciselées et assemblées, c'est du très très beau, à chaque case. C’est là que réside notre principal regret : la brièveté de ce second tome. L’histoire avance efficacement, et il ne fait aucun doute que ce run s’inscrit parmi les plus marquants pour ceux qui recherchent une introspection pertinente et moderne de Wonder Woman. Pourtant, on reste avec une sensation de trop peu, comme si l’on quittait la table avec encore un petit creux à l'estomac. En complément, cet album inclut une série de back-up stories consacrées à Lizzy, la fille (mystérieuse) de Wonder Woman. Élevée aux côtés de Damian Wayne et Jon Kent, qui jouent les grands frères protecteurs, Lizzy vit des aventures complètement déjantées, superbement illustrées par Belen Ortega. Parmi ces péripéties, on trouve notamment un voyage dans le temps pour un devoir scolaire, avec tous les risques de bouleversements chronologiques que cela implique. Ou Damian et Jon transformés en adorables chiots ! La complicité entre les trois jeunes héros fonctionne à merveille et apporte une touche rafraîchissante, qui contraste avec le sérieux de l'intrigue principale. Bref, rien à redire sur la qualité de cette proposition signée Urban Comics, si ce n’est un léger regret face à une pagination un poil trop modeste.
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