
Ils débarquent au cinéma, alors forcément, vous allez devoir vous avaler quelques tartines de Thunderbolts au petit déjeuner. Mais attention : il ne s’agit pas d’un groupe comme les autres. À l’origine, ce sont des super-criminels déguisés, qui tentent de faire croire au grand public qu’ils sont des super-héros — histoire de combler l’absence des principaux justiciers Marvel, que tout le monde croyait morts à l’époque, à la suite des événements de Onslaught et Heroes Reborn. Aujourd’hui, les Thunderbolts ressemblent davantage à une bande de seconds couteaux qu’on pourrait qualifier d’anti-héros. Ce ne sont pas vraiment des vilains, mais ils ne sont pas non plus des enfants de chœur. Disons que leurs objectifs sont honorables, mais que la manière dont ils comptent les atteindre a de quoi faire froncer les sourcils — surtout chez leurs collègues redresseurs de torts. La mission que s’est fixée Bucky Barnes, ancien Soldat de l’Hiver désormais chargé de constituer cette nouvelle version des Thunderbolts, est compréhensible, voire même assez noble : il veut en finir avec Crâne Rouge, et ce de la manière la plus expéditive possible — autrement dit, en l’éliminant physiquement. Cela dit, son adversaire est insaisissable, plus une idée ou un concept qu’un simple individu. Il semble se réincarner en permanence dans de nouveaux corps, ce qui rend quasiment impossible toute tentative de mettre un terme définitif à ses agissements. Qu’importe : Bucky décide que l’heure est venue d’agir radicalement. Avec l’aide de la comtesse Valentina Allegra de Fontaine, il monte une nouvelle équipe, évidemment composée de personnages que l’on retrouvera également dans le film — histoire de séduire les lecteurs. Et ce n’est pas tout : une fois Crâne Rouge éliminé, il faudra aussi gérer le vide laissé par sa disparition, notamment l’énorme capital économique dont il disposait, et qui devient l’objet d’une succession très disputée.

Jackson Lanzing et Collin Kelly choisissent logiquement de se concentrer sur Bucky. C’est par exemple le traumatisme de sa dernière confrontation avec le Caïd qui constitue le cœur de l’un des épisodes. Quand on est à deux doigts de se faire broyer par son adversaire, ça laisse des traces — même lorsqu’on a vécu d’innombrables aventures au fil des décennies. Des aventures dont il ne garde parfois aucun souvenir, tant il a été utilisé comme une simple arme au service de puissances encore aujourd’hui inconnues. L’ancien Soldat de l’Hiver se lance ainsi dans une quête d’identité. En chemin, les nouveaux Thunderbolts croiseront aussi la route d’American Kaiju, et comprendront qu’il faut parfois savoir être vraiment à la hauteur (littéralement parlant) pour régler certains problèmes. Ce sera aussi l’occasion de revoir U.S. Agent, toujours aussi prompt à obéir aveuglément aux ordres, même quand ceux-ci n’ont ni queue ni tête — voire sont franchement délétères. Au final, une bonne surprise que cet album, qui sans révolutionner le genre, a au moins le mérite de proposer une équipe inédite, qui fonctionne bien, et des épisodes rythmés, dans lesquels il se passe toujours quelque chose. Aux dessins, Geraldo Borges livre une très belle prestation. J’aime beaucoup ces artistes capables de jouer avec les ombres et l’obscurité pour donner du relief à leurs personnages. Bref, si cette sortie n’est sans doute pas la plus glamour du printemps, elle possède un indéniable capital sympathie. Et cela suffit à la ranger du côté des albums qui valent le détour.

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