LES FESSES À BARDOT : PELAEZ, SÉJOURNÉ ET L'ILLUSION DU GRAND ÉCRAN


 Il fut un temps – et ce n’est pas si vieux – où l’érotisme ne s’affichait pas à chaque coin de bannière publicitaire, où une épaule nue ou une paire de jambes sur grand écran suffisait à déclencher soupirs ou haussements de sourcils. Brigitte Bardot, muse des années 1960 et de la Nouvelle Vague, symbolisait à elle seule cette révolution douce des mœurs. Imaginez donc l’effet d’une simple promesse : Bardot, Gabin et une caméra dans un paisible village de province. L’annonce suffit à mettre tout Trougnac en ébullition. C’est ce que prétend/promet Conrad, citadin distingué, venu soi-disant repérer les lieux pour un film à venir. Il évoque Bardot, sort une photo volée de ses célèbres courbes (ses fesses, coupées au montage) dans En Cas de Malheur et, comme par magie, transforme ce petit coin de campagne en ruche surexcitée. On ne sait pas bien s’il vend du rêve ou s’il vend du vent, mais peu importe : tout le village mord à l’hameçon. L’épicier y voit un avenir plus glamour que la conservation sous vide, le maire imagine déjà les retombées fiscales, et même le duc local (oui, il y a un duc, avec un frère prêtre pour équilibrer les forces) semble prêt à troquer ses principes contre quelques plans cinématographiques. Seul le curé fait de la résistance, redoutant que les "fesses de Bardot" n’ouvrent un abîme de perdition. Cachez ce postérieur qu'on ne saurait voir ! Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi la jolie villageoise, charmante au point de faire vaciller Conrad, ou du moins ce qu’il veut bien prétendre être. Car évidemment, tout ceci sent un peu l’entourloupe à la confiture de figues. Très vite, quelques regards fuyants et une ou deux hésitations glissées dans les dialogues nous laissent deviner que Conrad n’est pas exactement du sérail cinématographique. Spoiler : Bardot ne viendra pas. Gabin non plus. Enfin, peut-être que si, mais pour d'autres motifs… En revanche, les illusions collectives, elles, vont bon train.



Sous ses airs de farce rurale, Les Fesses à Bardot (titre certes piquant, mais qui trouve sa justification dans l'histoire, y compris au niveau de l'erreur dans la préposition) brosse un tableau drôle et acide de la société d’(avant)hier. On y parle cinéma, désir, réputation, mais surtout, on observe ce que l’attente d’un miracle médiatique peut révéler de la vraie nature des gens. L’hypocrisie côtoie l’enthousiasme sincère, la naïveté flirte avec la roublardise, et le lecteur s’amuse à voir tomber les masques un à un. Avec son dessin limpide et expressif, Gaël Séjourné donne vie à ces trognes campagnardes et à cette comédie de mœurs signée Philippe Pelaez, qui joue habilement avec les clichés sans jamais y sombrer. On pense à Don Camillo revisité et dépolitisé, à Pascal Rabaté version cinéphile, mais on reste dans un registre bien à part : celui d’un village qui croit encore aux miracles… surtout quand ils viennent de Paris et portent une jupe. Moralité ? Méfiez-vous des messies qui débarquent avec une photo et des promesses de pellicule. Surtout quand la seule chose qu’ils savent réellement tourner, c’est l’histoire à leur avantage. Très sympathique et bien exécuté, on recommande. Disponible chez Bamboo/Grand Angle.



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