ROGUE TROOPER : LES VALLÉES D'ALBION, CHEZ DELIRIUM


 Depuis l’aube de l’humanité, l’un des passe-temps favoris de notre malheureuse espèce consiste à tenter de trucider son prochain, que ce soit pour des questions de territoire ou simplement pour affirmer sa supériorité. Hélas, nous sommes devenus de véritables spécialistes dans l’art de faire la guerre, sous toutes ses formes. On pourrait croire qu’un haut niveau technologique ou un armement aussi sophistiqué qu’effrayant finirait par nous faire comprendre qu’il est temps de cesser ces imbécilités, sous peine que l’anéantissement ne devienne réciproque et irréversible. Et pourtant… Dans cet album, nous faisons un détour par Nu-Earth, une version paradisiaque de notre bonne vieille planète, lentement transformée en champ de bataille par la folie des hommes. Même causes, mêmes effets : ce monde est désormais un enfer inhabitable, ravagé par les armes nucléaires, les armes chimiques et bactériologiques. Deux factions ennemies, que l’on pourrait grossièrement assimiler à des prolongements des armées du Nord et du Sud, se livrent une guerre sans merci. Avec en toile de fond, un trou noir gigantesque qui plane, comme un avertissement cosmique, et souligne l’absurdité de la bataille. Le personnage principal de notre histoire s’appelle Rogue. C’est un combattant surarmé à la peau bleue, génétiquement programmé pour remplir sa mission, mitraillette en main. Il est accompagné de son casque, de son arme et de son sac à dos — tous trois un peu particuliers : ils abritent la conscience de ses camarades tombés au champ d’honneur. Leurs âmes, ou plutôt des puces contenant leur conscience, ont été extraites de leurs corps après leur "mort", puis transférées dans ces objets inanimés. Une manière originale, certes morbide, de rester en équipe, même après l’hécatombe. Rogue est en pleine opération dans la zone de l’Antarctique Sud lorsqu’il bascule, à travers le fameux trou noir, vers un tout autre théâtre de guerre : notre propre planète, en pleine Première Guerre mondiale.



Et là, changement de décor… mais pas de scénario. Une seule chose est sûre : une fois encore, les hommes sont en train de s’autodétruire. Un coup chez toi, un coup chez moi, tel va être la dynamique des faits. Car après avoir combattu en pleine Première Guerre mondiale, le peloton de soldats alliés  qui découvre avec stupeur qu’un visiteur venu du futur a aussi emprunté le mystérieux trou noir pour apparaître sur le champ de bataille… vase retrouver à son tour propulsé de l'autre côté du trou noir. Un monde que ces soldats ne comprennent pas, et pour lequel ils sont bien mal préparés. À travers ce télescopage de temporalités, Garth Ennis donne à voir l’absurdité tragique de la guerre, quel que soit le siècle. Parmi les soldats, un pauvre Allemand capturé, charitablement épargné, devient le miroir de cette folie : un être humain avant d’être un ennemi, qui n’a pas choisi d’être là, et qui ferait n’importe quoi pour épargner à sa descendance – ou à lui-même – de revivre pareille barbarie. Ici, Ennis se montre moins irrévérencieux que dans certaines de ses autres séries. Il mise davantage sur l’émotion, l’intelligence du lecteur, et surtout, sur la charge humaniste d’un récit qui épingle avec force notre propension à l’autodestruction. Une critique en creux, sans jamais sacrifier le souffle du récit, ni l’efficacité du drame. Le dessin de Patrick Goddard, d’un réalisme fou et d’une finesse impressionnante, s’attache à soigner chaque détail : qu’il s’agisse d’une scène de combat ou d’un simple regard face à l’horreur, chaque case transpire la tension, le doute, la peur. L’ensemble est publié en français chez Delirium, dans quelques jours, une excellente occasion pour le public hexagonal de découvrir ce personnage culte outre-Manche Créée en 1981 par le scénariste Gerry Finley-Day et le dessinateur Dave Gibbons pour le magazine anthologique britannique 2000 AD. Une injustice qui pourrait être corrigée très bientôt, puisqu’un film réalisé par Ducan Jones devrait sortir plus tard dans l'année… 

Créée en 1981 par le scénariste Gerry Finley-Day et le dessinateur Dave Gibbons pour le magazine anthologique britannique 2000 AD, Rogue Trooper met donc en scène un soldat génétiquement modifié, le dernier de son escouade, lancé dans une quête de vengeance sur la planète ravagée de Nu-Earth. Avec pour seuls compagnons les bio-puces de ses camarades intégrées à son équipement, Rogue incarne une critique féroce et qui sonne juste, de la guerre industrielle et déshumanisée.



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