L'HOMME À LA VALISE : LE VOYAGE METAPHORIQUE DE VORTICEROSA

Le travail de Vorticerosa est de nature a créér de sérieuses migraines à celles et ceux qui sont censés en parler. Bien difficile de rédiger une chronique qui tienne debout, surtout que la plupart du temps nous sommes tentés de mettre en avant le contenu de l'histoire au détriment de la technique et du langage narratif propre à la bande-dessinée, c'est-à-dire le dessin, la mise en page, tout ce qui  est sous-entendu. Le contenu justement est particulièrement énigmatique, dans ce nouvel album intitulé "L'homme à la valise"; le protagoniste s'appelle Vincent et il monte à bord d'un train, pour un voyage tout aussi personnel que symbolique, où il semble être le seul passager encore en possession d'une âme, et donc capable d'être pleinement reconnu pour ce qu'il est, pour ce que nous devrions tous être, un humain. Pour échapper au contrôleur, pour poursuivre son voyage, Vincent va devoir opérer des concessions qui sont celles que nous opérons tous les jours dans notre quotidien. Jusqu'où devra-t-il aller pour ne pas être expulsé du wagon manu militari? 
En parallèle, parlons maintenant de la technique... et là aussi c'est très difficile d'aborder ce sujet, tant Vorticerosa (Rosa Puglisi) se permet d'utiliser, de malaxer, de jouer avec le média comme peu de personnes le font : il n'y a pas de mise en page préétablie, il n'y a pas une seule manière de raconter les événements, l'artiste s'est écartée de tout ce que nous pouvons savoir de la manière d'opérer dans une bande dessinée. Elle s'arroge une liberté totale pour agencer images, textes et transitions, de manière à ce que le produit fini ressemble à une plongée onirique dont le lecteur sensible ne ressort pas indemne. L'ensemble forme aussi un hommage appuyé au cinéma du début du 20e siècle et s'il ne se laisse pas défricher facilement, s'il risque de décourager rapidement tous ceux qui sont habitués aux lectures superficielles et convenues, L'homme à la valise recèle probablement nombre de trésors cachés pour celui qui attend une lecture exigeante et stratifiée. 
Vous pouvez découvrir en ce moment l'album en avant-première -ainsi que l'artiste qui vous attend- au Festival d'Angoulême sur le stand It Comics, que vous reconnaîtrez facilement avec son magnifique habillage jaune. Sinon, deuxième chance à Nice le weekend prochain, à l'occasion du Play Azur Festival. Pour les autres il reste une possibilité, nous contacter, afin d'obtenir un exemplaire par correspondance, avec un joli sketch de l'artiste en cadeau bonus.




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QUE VAUT VRAIMENT "THE WAR OF THE REALMS"?

The War of the Realms, c'est un peu l'apogée de tout le cycle de Jason Aaron sur Thor.  Tout ce qu'il a imaginé jusque-là converge dans cette dernière grande salve, où de nombreux fils et intrigues narratives forment un dernier noeud. Alors qu'en sera t-il de la dernière transformation de Jane Foster, quel sera le destin de Thor, trop longtemps indigne et appelé à vivre de nouvelles aventures glorieuses? Globalement cette guerre est plutôt réussie, laisse peu de temps à l'introspection et chaque épisode est un florilège de batailles et de retournements de situation; ce n'est pas ce qu'on a lu de plus introspectif, ça ne contient pas de saillies inattendues qui bouleversent l'existence du cosmos Marvel, mais c'est une lecture plaisante et solide.  On y trouve d'ailleurs également des super-héros à contre-emploi, comme par exemple un Daredevil ou un Punisher embarqués dans des situations qui sont habituellement réservées à des divinités nordiques.  Il s'agit en fait d'un rendez-vous cousu sur mesure pour celles et ceux qui aiment ces grandes épopées où la planète semble prête à tomber à genoux et où tout le monde tape sur tout le monde, avec en toile de fond un catastrophisme exacerbé. Au moins nous épargne t-on les prétentions psychologiques habituelles, comme celles par exemple qui irradient dans la seconde Civil war, totalement ratée. Ici Jason Aaron est là pour divertir le lecteur et au bout du compte, on peut considérer qu'il atteint sa cible.



Et pour ce qui se déroule vraiment?  Il ne reste pas grand-chose d'Asgard, qui a connu la destruction et l'isolement, depuis que le pont arc-en-ciel a été brisé. Tout seul, tout là-haut, Odin vit une période difficile, et ça ne va pas s'arranger puisque Malekith et ses elfes noirs passent à l'offensive une dernière fois. Le but est simple : assassiner le père des dieux, et ceci dès les toutes premières pages. S'en prendre à Odin signifie également tenter de se débarrasser du fils; pour cela il suffit d'un subterfuge, et voici Thor emporté au royaume des géants des glaces, où il va avoir fort à faire pour ne pas succomber à son tour. Malekith, de son côté, conduit sa nouvelle armée sur terre où les choses deviennent catastrophiques en quelques instants. Que peut notre planète, face à une invasion de ce type? Pas grand-chose dirait-on, sauf si en face se dressent des super-héros comme les Avengers, le Punisher, Blade, Daredevil, ou le Tisseur de toile...
Le début de WOTR est très riche en action, nous n'avons pas trop le temps jouer la carte de l'introspection, car ça explose et se castagne dans tous les coins. On pourra être surpris que certains héros, qui en apparence n'ont pas grand chose à faire face à ce type de menace (comme Spider-Man) semblent être rapidement à l'aise, ou en tous les cas dans leur élément naturel, et ne réagissent pas différemment de ce que pourraient faire des gros calibres interdimensionnels. Idem pour les grosses pointures, l'impression est qu'à chaque réplique, il fallait trouver absolument une punchline, une phrase ultra-cool, qui montre combien les héros savent gérer la situation, tout en faisant de l'humour un peu lourd. C'est ça aussi l'effet cinématographique. 
Jason Aaron en fait peut-être un peu trop, c'est possible. Mais ça marche. Russell Dauterman au dessin est fidèle à ce qu'il fait d'habitude; ceux qui aiment son style vont en avoir pour leur argent, car il faut admettre qu'il est ici dans un de ses grands soirs, et que ses planches ont vraiment la classe, sauf peut-être son Spider-Man, qui a quelque chose d'un peu artificiel et semble détonner par rapport aux autres, lorsqu'il apparaît. Mais globalement, c'est du bon comic-book maintream, qu'on vous recommande de suivre d'aussi près que possible.


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GUARDIANS OF THE GALAXY #1 : AL EWING PREND LES COMMANDES

La nouvelle série des Gardiens de la galaxie voit le jour alors que le moment ne s'y prête pas forcément; c'est loin des spotlights et de l'agitation médiatique que Al Ewing écrit ce nouveau mensuel. Et bien oui quoi, il n'y a pas de film prévu à l'horizon, ni de mega crossover impliquant tout particulièrement les Gardiens. Je cite d'emblée le scénariste, car c'est sur son propre nom que cette nouvelle version joue sa crédibilité, c'est d'ailleurs ce qui m'a incité moi aussi à me pencher dessus. Le succès phénoménal atteint par Immortal Hulk est tel que beaucoup espèrent voir se renouveler l'initiative avec Star-Lord et compagnie. Ici, il est question d'une faction kree dissidente, qui a choisi de vivre dans un monde utopique loin de la guerre civile qui semble ravager cette race extraterrestre. On retrouve au passage un certain Marvel Boy, qui n'a pas toujours été mis à l'honneur ces dernières années. 
Les Gardiens de la galaxie eux sont fatigués, ils ne sont pas tous d'accord sur l'opportunité de continuer leur mission et de sauver la veuve et l'orphelin. Du coup, une partie de l'équipe se met momentanément en retrait et une autre se lance dans une nouvelle aventure, qui va les opposer à Zeus et au reste du panthéon grec. Au passage ils vont faire du recrutement et de nouveaux membres honoraires vont se joindre à la bande de joyeux drilles. Je vais être très honnête avec vous : si l'ensemble se laisse lire, c'est très loin d'être vraiment intéressant, et pour tout dire ça ressemble même à un arc narratif banal, d'une série qui ronronne déjà depuis des mois. En plus je ne suis pas vraiment convaincu par le dessin de Juann Cabal, qui esthétiquement n'est pas si joli, notamment les visages, avec Star-Lord méconnaissable, voir franchement dégueulasse.  Des débuts en demi teinte et encore je suis gentil...



Les Gardians de Abnett et Lanning, ça c'était du solide!
L'omnibus est dispo pour les lecteurs VO

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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRÉSENTE : CHINA LI TOME 2

Comme chaque samedi désormais, nous mettons le cap sur l'univers de la bande-dessinée franco-belge, avec la sortie du tome 2 de China Li. Ceci grâce aux podcast "le Bulleur" qui non seulement vous dira tout ce qu'il y a à savoir de cette publication, mais également vous propose de jeter une oreille, voire les deux, sur l'actualité de la bande dessinée, ce qui n'est jamais de trop vu l'arrivée imminente du Festival d'Angoulême. Voici le synopsis du tome 2 de China Li, qui nécessite toutefois, pour une bonne compréhension, la lecture du premier volume.
Alors qu’elle arrive à Paris, Li y termine ses études secondaires et entame une licence de journalisme. Dans le même temps, depuis son pays d’origine, Monsieur Zhang lui apprend par courrier que Mao lève une armée et que la famine sévit. Deux ans plus tard, la Manchourie sera envahie par le Japon. Li voudrait pouvoir aider son pays et revoir son mentor, Monsieur Zhang. Par ailleurs, à Paris, elle découvre l’amour. Comment concilier cet amour naissant et son besoin d’aider son pays ?
Un très bel ouvrage, superbement mis en images par Jean-François Charles, dans un style réaliste et poétique, avec quelques touches "manaresques" par endroits, de très belles anatomies, de très jolies cases délicates, notamment la vision de la vie à Paris de l'héroïne. Vite, on écoute le podcast!





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JOSEPH 1957 : LA COURSE À L'ESPACE AVEC IT COMICS

IT Comics, voici venir la seconde salve de publications en français. Nous allons nous attarder aujourd'hui sur le premier des deux albums présentés en avant-première à Angoulême et au play azur Festival de Nice. Il s'agit de "Joseph", traduction française de Josif. Ce dernier est un gorille congolais que les Soviétiques, en pleine course à l'espace, décident d'envoyer dans le cosmos, en espérant ainsi asseoir davantage leur supériorité technologique sur les américains. Son patronyme est bien entendu dérivé de celui du grand leader de l'Union soviétique d'alors, Staline, qui décède d'ailleurs dans les premières pages des suites d'un accident vasculaire cérébral Nous sommes dans les années 50 et la chienne Laïka viens de faire son retour sur terre, après avoir été placée en orbite, mais en bout de course elle est morte et tout est encore à accomplir pour le camp soviétique, qui plus tard réussira le voyage ultime avec Youri Gagarine. C'est cela qui est intéressant dans le récit imaginé par Davide Barzi, c'est que l'Histoire, celle avec un grand H telle que nous la connaissons, croise sans arrêt l'histoire, celle inventée par l'auteur, et pour autant le tout est crédible, même si profondément teinté d'une science-fiction politique particulièrement caustique. 
On trouve nombre de personnages ayant existé ou marqué l'histoire de l'Union soviétique, comme par exemple le scientifique Pavlov, qui est celui qui fera grandir le gorille Joseph. On y parle aussi de Stakhanov ou bien de Korolev. Mais tout ceci est revu et corrigé à partir d'un axiome très simple : que se serait-il passé si les russes avaient eu l'idée de projeter un énorme primate dans l'espace, lui dont les gènes correspondent à 97 % à celui de l'homme, tout en ayant suffisamment trafiqué et préparé en amont l'expérience, pour en faire une sorte de super cosmonaute? Trahison, suspense, rebondissements et déviations intelligentes et malignes de l'Histoire, voilà ce qui est au menu. 



Le dessin est de Fabiano Ambu, et il parvient à travers des planches énergiques et avant tout centrées sur l'expression des personnages, à insuffler une vie palpitante au récit, qui finit par exploser en même temps que la folie furieuse et déchaînée du gorille. Le tout est admirablement mis en couleur par Rosa Puglisi qui utilise des tons sombres et laisse parfois exploser les contrastes quand cela sert la narration.
Encore une fois l'étiquette italienne Comics ne choisit pas la facilité, mais préfère livrer un album qui demande à être apprivoiser et recèle beaucoup de subtilité et d'intelligence narrative. Une belle découverte à faire si vous passez par Angoulême ou par Nice, sachant que vous pouvez aussi me contacter, si vous souhaitez obtenir un exemplaire par correspondance, avec une petite dédicace-sketch de l'auteur. Le prix est de 20 euros + frais de port éventuels.


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ASCENDER TOME 1 : L'APRES DESCENDER DE LEMIRE ET NGUYEN

Vous avez aimé Descender, de Jeff Lemire et Dustin Nguyen, et vous regrettez que la série soit arrivée à son terme? Ne soyez pas si triste, car l'heure est venue de se familiariser avec Ascender, qui est un peu le revers de la médaille, les matchs retour du championnat, le Clark Kent caché sous le costume de Superman. Ah, et si vous n'avez rien lu auparavant, sachez aussi que ce premier tome ne vous semblera pas non plus bien difficile à comprendre; Bref, tout le monde à bord!
C'est un nouveau monde qui s'ouvre à nous. Après les événements narrés dans Descender #32, la science et la technologie ont quasiment disparu et la magie est de retour. Les dragons remplacent les vaisseaux spatiaux, les baguettes magiques se substituent aux pistolets et aux robots… qui ont tous disparu. Dans ce nouvel univers, c'est une figure étrange, sorte de méchante sorcière surpuissante, qui impose le respect et demande obéissance, une certaine Mother. N'oublions pas non plus notre nouvelle protagoniste, Mila, la fille d’Andy (de Descender, donc) qui est désireuse d’échapper à une existence par trop confinée. Elle vit à l'écart de tout, chichement, et ne doit pas s'amuser tous les jours...
Et puis tout se précipite le jour où la gamine se retrouve face à un certain petit dog-robot que les lecteurs de Descender connaissent déjà, et qui représente une violation inadmissible des nouvelles règles du jeu, qui vont contraindre Mila et son père à fuir, non sans devoir passer à l'action, et se lancer dans une lutte pour la survie qui ne fait que commencer!
Les thèmes chers à Lemire commencent déjà à poindre le bout de leur nez, à commencer par l'obsession pour les liens familiaux, et une certaine forme de candeur et de pureté qui ne peut jaillir que de la jeunesse. Les adultes eux sont pris au piège de promesses faites par le passé (le père) ou de leur vanité, leur désir de dominer, leur lâcheté (ceux qui sont les jouets de Mother).

Dustin Nguyen étant toujours de l'aventure au dessin, nous n'avons pas vraiment de rupture stylistique par rapport à la série précédente. Toujours magnifiée par des jolies pages sensibles à l'aquarelle, capable de convoquer des paysages fascinants et froidement ensorceleurs, cet Ascender est un condensé de choses déjà lues par le passé, de clichés diront les détracteurs, mais proposés avec l'honnêteté foncière et la douce retenue qui caractérise le scénariste canadien. Et quand on sait le talent avec lequel il parvient à bâtir patiemment de nouveaux univers, et qu'on connaît la fusion parfaite qui opère avec Nguyen aux pinceaux, on ne peut que placer une pièce sur ce nouveau titre, qui débarque donc en ce mois de janvier chez Urban Comics. Et promis, peu à peu, les liens l'unissant à Descender se resserreront, pour le plus grand plaisir de celles et ceux qui sont là depuis le départ de l'aventure.



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IRON MAN 2020 #1 : LE FUTUR C'EST MAINTENANT

Le futur c'est maintenant chez Marvel. Je me rappelle encore l'apparition d'Arno Stark à notre époque, lorsqu'il rencontra Spider-Man, dans une de ces aventures mythiques qui fleurent bon les années Strange. Aujourd'hui la situation est bien différente, car 2020 c'est notre présent, nous y sommes et nous retrouvons d'ailleurs Arno, qui est devenu officiellement le nouveau grand directeur des entreprises Stark, et par là même celui qui endosse l'armure d'Iron Man. Il faut dire que Dan Slott ose des choses au scénario, comme par exemple de raconter que Tony est mort, et en réalité c'est une sorte d'intelligence artificielle qui a pris sa place. Toutes les intelligences artificielles ont d'ailleurs décidé de se soulever, avec à leur tête, ou en tous les cas comme stratège de guerre, Machine-Man. Leur but est d'entrer en conflit ouvert avec l'humanité, les êtres de chair et de sang, et les en empêcher sera probablement une des grandes tâches de cette nouvelle version d'Iron Man, qui va devoir faire ses preuves et dont le modus operandi n'est pas forcément le même que celui de son célèbre prédécesseur. Le pire étant qu'une menace plus grande encore pointe le bout de son nez, au fond de l'espace, et Arno Stark ne va pas avoir de temps à perdre dans les prochaines semaines. 
Slott est ici épaulé par Christos Gage et il faut convenir que ce premier numéro de Iron Man 2020 est truffé de bons moments et de pistes à explorer; je pensais que nous aurions droit à une lecture secondaire, voire même carrément dispensable, mais en réalité c'est plaisant à lire et tout l'aspect concernant la dualité entre les êtres organiques et ceux faits d'acier et de circuits est particulièrement bien mené. Pete Woods fait du bon travail au dessin, ses planches sont particulièrement soignées et il parvient à donner un petit côté moderne à la célèbre armure version 2020, avec ses engrenages d'épaule bien visibles, et dont d'ailleurs on a du mal comprendre tout à fait le sens, si ce n'est pour des questions esthétique douteuses. Qui font tout le charme dans mes souvenirs.
Iron Man 2020, c'est différent d'autrefois, mais bien plus crédible que ce à quoi je m'attendais. 


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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRÉSENTE : THÉRAPIE DE GROUPE (MANU LARCENET)

Savez-vous ce qu'écrivait Nietzsche à propos de la création artistique? J'en sais rien, j'étais nul en maths! C'est sur cette note humoristique que nous ouvrons notre petit billet du jour consacré à Thérapie de groupe (tome 1), le nouvel album de Manu Larcenet, qui met en abîme son propre travail d'artiste. Celui que dans la Bd on nommait autrefois le Donald Trump du 9 ème art est en panne sèche; c'est la fin, il n'arrive plus à rien produire et peu un peu il s'enfonce dans le désastre. Tout autour de lui gravitent des galerie de personnages truculents et agrémentés de remarques extrêmement bien senties, une mise à nu de tout un processus qui se fait avec un humour corrosif, qui vise dans le mille. Il faut bien entendu être amateur du dessin de Larcenet, qui peut paraître un peu caricatural,  mais qui a ici également la grande qualité de savoir par endroits varier et embrasser différents genres. Pour en savoir plus sur cet album, comme chaque samedi désormais, nous vous proposons d'aller écouter le nouvel épisode de l'excellent podcast "le Bulleur"; non seulement vous saurez tout sur ce nouveau travail de Manu Larcenet, mais également vous aurez quelques conseils bien intéressants concernant l'actualité de la bande dessinée du moment. Le lien est juste en dessous, il suffit d'un clic pour vous retrouver sur le podcast. Et n'oubliez pas, le festival d'Angoulême s'approche, raison de plus pour embrasser avec un peu plus d'amplitude que d'habitude le panorama de la Bd. 


Le podcast :


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X-STATIX : LA SERIE MUTANTE LA PLUS DINGUE DE TOUS LES TEMPS?

N'allez pas croire que Marvel Comics a toujours connu la gloire et les paillettes, au long de plusieurs décennies d'existence. Il y eut aussi des périodes de vaches maigres, voire carrément l'ombre menaçante d'une faillite, vers la fin des années 90, lorsque furent appelés au chevet de l'éditeur une belle brochette d'artistes iconoclastes, de Brian Bendis à Joe Quesada (qui devint le grand rédacteur en chef), en passant par Garth Ennis, Mark Millar ou ...Peter Milligan. Comme tous les grands scénaristes anglais, ce dernier avait fait ses preuves en terre d'Albion sur la revue 2000AD, avec Bad Company, une sorte de spin-off à Judge Dredd (avant de débarquer chez DC pour Shade the Changing man ou Animal Man). Milligan est irrévérencieux, caustique, et il saisit parfaitement l'air des temps qui changent. C'est à lui qu'est confiée une mission problématique : sauver X-Force de l'oubli; cette série lancée en fanfare par Rob Liefeld une centaine de numéros auparavant, et qui fut théâtre des exploits testostéronés de Cable ou Deadpool, entre autres. La nouvelle mouture présente d'un coup un roster complètement retravaillé, constitué de nouveaux venus un peu paumés et nombrilistes, dont le moindre exploit est filmé et diffusé dans une grande émission de télé réalité continue. Le scénariste puise à pleines mains dans la méta bande-dessinée, et propose une satire efficace du contexte super héroïque habituel. Les membres les plus identifiables de son équipe sont vaniteux et colériques (Tike, alias the Anarchist), pleins de failles et de faiblesses (Sensitive Man, appelé à devenir The Orphan, et le leader de X-Statix) ou encore provocateurs et irrévérencieux (la rafraîchissante U-Go Girl). Avec un humour qui fait toujours mouche, Milligan va régaler, avec des sujets aussi sensibles et bienvenus que le racisme, l'homo sexualité (deux des membres de X-Statix font peu à peu faire leur coming-out), la course à la célébrité, ou encore le pouvoir de l'économie, des médias et du merchandising. 

Mais surtout, Milligan n'hésite pas à vite renouveler le cast, en faisant mourir au champ d'honneur ses personnages. Dès les débuts de sa prestation, la team perd celui qui était censée la mener, Zeitgeist. C'est ensuite le tour de nombreux autres, à tel point que lors du passage crucial du titre X-Force à sa nouvelle-nouvelle existence, en tant que X-Statix, c'est U-Go Girl, la belle Edie, qui tire sa révérence alors qu'elle est incontestablement un des piliers de l'histoire. X-Statix est en réalité au service d'un milliardaire de la Silicon Valley, qui tire les ficelles dans l'ombre, orchestre les campagnes médiatiques, et les combats pas toujours crédibles ou sérieux. Le but est d'exister devant les caméras, produire des bénéfices, vivre de gloire et de bons gros dollars. Tout est utile pour y parvenir. Exacerber les tensions, ou les créer de toutes pièces, inventer un ennemi, qui en devient trop réel par la suite, ou encore semer le doute, la suspicion, sont autant de moyens de maintenir l'intérêt du public, à chaque instant, le tout sous l'objectif de Doop, une espèce de blob gélatineux tout vert, dont les pouvoirs sont au départ inconnus, et vont se révéler incommensurables. Certains grands moments de la série, qui va résister plus de trois ans, sont inoubliables et décalés, comme lorsque l'afro américain Tike prend ombrage de l'arrivée d'un autre héros de couleur dans l'équipe, ou lorsque les Avengers et X-Statix se défient, pour récupérer le cerveau de Doop, qui a explosé et dont les morceaux ont été semés à travers le globe. Au dessin, Mike Allred a donné une vraie identité visuelle originale à la série, avec des pages dynamiques, simples et immédiates, un trait épuré et mis au service de couleurs éclatantes, à la limite du criard par endroits, dues à Laura, son épouse. Du début à la fin X-Statix s'étire en situations fantasmagoriques, avec de la téléportation, des rayons d'énergie, des êtres on ne peut plus étranges (un membre provisoire de X-Statix a une relation fusionnelle avec sa planche de skate!) et des morts tragiques, mais qui jamais n'arrêtent une formation en représentation permanente, parabole jouissive du monde de l'entertainment moderne, où tout est bon, comme dans le cochon. The show must go on! 


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THE WALKING DEAD EPILOGUE : LE GRAND FINAL AVEC LE TOME 33

Il fallait bien en terminer un jour ou l'autre, alors ce numéro 193 de la série The Walking Dead, l'épilogue d'une saga qui durant des années à flirté avec les sommets des classements de vente de comics (demandez chez Delcourt par exemple) vient clore les hostilités, presque à la surprise générale. Il faut tout de suite prévenir les lecteurs, ne vous attendez pas à ce que Robert Kirkman vous explique enfin ce qui a causé l'épidémie, le pourquoi du comment de ce virus qui transforme les gens en zombies; l'artiste lui-même n'est d'ailleurs pas intéressé par cela, ce n'est pas de ceci qu'il voulait parler à travers son œuvre, et il a déclaré maintes fois que les récits de morts-vivants qui bouffent des humains, ça ne le passionne pas spécialement. Alors que se passe-t-il donc dans ce dernier tome, le 33 éme de The Walking Dead en français?

L'épisode final se déroule plusieurs années après les faits relatés dans le tome précédent. Ici, les campements humains se sont développés et sont devenus plus sûrs, tandis que les zombies ont presque complètement disparu. Rick Grimes est célébré comme un héros, Maggie est devenue présidente et Eugene participe à la construction d'un chemin de fer qui reliera les côtes est/ouest des États-Unis.
L'histoire de ce numéro de fin se concentre principalement sur Carl, maintenant marié à Sophia et père d'une fillette nommée Andrea. Un jour, Carl tombe sur un zombie près de chez lui et le tue. Il découvre plus tard que le zombie appartenait à Hershel, le fils de Maggie, qui dirige maintenant un spectacle itinérant avec des "rôdeurs" gardés en captivité. Carl est ainsi poursuivi en justice pour avoir tué des morts-vivants, considérés comme une propriété privée assez morbide. Il est officiellement acquitté, mais condamné à trouver un nouveau zombie à Hershel, en compensation de sa perte. À ce stade, submergé de colère, Carl décide de tuer tous les zombies d'Hershel. Faut pas l'emmerder, le petit, devenu grand. 



Au bout du compte c'est un finale en demie teinte. Nous sommes bien loin de ce numéro extraordinaire et bouleversant que beaucoup attendaient. En fait nous finissons sur une note apaisée, une sorte d'hommage distant et tout en retenue, qui contraste avec le tragique présent dans pratiquement toute la saga. C'est presque une fin en forme de pied de nez que nous offre Kirkman, histoire de surprendre une dernière fois, avec une série qui aura marqué de son empreinte le début du 21e siècle. Car même quand on n'aime pas The Walking Dead, il faut vraiment admettre qu'il s'agit là d'un des titres les plus emblématiques de l'ère moderne. Adlard assure un travail fort honnête et très expressif jusqu'au bout, et soulignons aussi le boulot du traducteur Edmond Tourriol, qui outre le fait d'être un joyeux drille très sympa, restera à jamais comme l'homme qui a fait parler en frenchie l'univers de Walking Dead. Voilà, c'est fini, sous vos applaudissements...



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SIEGE : DE RETOUR CHEZ PANINI COMICS

De tous les grands "events" Marvel de ces dernières années, Siege a été le plus bref (quatre numéros seulement) mais pas forcément le plus mauvais, loin de là. Il a permis principalement de mettre un terme au Dark Reign de Norman Osborn, de se débarrasser du personnage de Sentry, trop puissant et mal exploité par les différents scénaristes qui se sont penché sur son cas, et de préparer le terrain pour un nouvel "Age des Héros". Panini nous propose ce mois-ci de revenir sur cette brève aventure avec une réédition de toute l'aventure.


Le siège en question est celui d’Asgard, la mythique cité des Dieux nordiques, à l'époque située en suspension dans les airs, au dessus du sol américain, en plein Midwest sauvage. Norman Osborn, à la tête du H.A.M.M.E.R et des Dark Avengers, n’a jamais vraiment eu toute sa tête (c’est quand même un des pires psychopathes du pays…) mais quand Loki, Dieu de la duperie et prince des fourbes, se mêle de lui confondre les idées, cela donne au final un plan complètement délirant : Tout d’abord, provoquer sciemment un incident diplomatique avec Asgard, un prétexte qui sera l’étincelle qui mettra le feu aux poudres, une sorte de casus belli

Il suffit, pour ce faire, de s’en prendre à Volstagg, qui erre en Amérique comme un poisson hors de son bocal, et qui une fois attaqué par les sbires tout puissants de Hood, roi de la pègre, réagit de manière disproportionnée et maladroite, entraînant une véritable catastrophe en plein match de football, à Chicago. Les images du stade qui s’embrase sont retransmis dans le monde entier; c’est un peu un nouveau Stamford (Civil War, remember) qui revient hanter les consciences américaines, alors que le pays n’est pas encore totalement guéri, et qu’il panse les plaies de la récente invasion Skrull. Osborn se permet d’outrepasser ses droits et ses prérogatives, refuse d’écouter Obama himself, et rassemble ses troupes pour lancer l’assaut à la cité des Dieux. Action / Réaction, une grande tradition américaine que de réagir de suite, sous le coup de l’émotion, et de réfléchir ensuite. A première vue, la tâche est ardue, voire impossible, sauf que dans les rangs de l’envahisseur, nous retrouvons Sentry, toujours aussi puissant et indestructible, que délicat à manier pour les scénaristes made in Marvel. 



Sentry est surpuissant, et quand on le lâche dans la mêlée avec la permission de ne pas retenir ses coups, on peut être certain de lire de grands moments de férocité. Ainsi en va t'il pour le pauvre Ares, qui ose se dresser sur son chemin. Sentry déchire littéralement en deux l'enveloppe charnelle du Dieu de la guerre, qui se retrouve les intestins à l'air! Et ça ne va pas très fort non plus pour Daken, qui avait été chargé de pister Thor. Ce dernier était parvenu à s'enfuir grâce à l'intervention inopinée de Maria Hill. Le géant blond est en colère, et il foudroie sur place la copie au rabais de Wolverine, qui se retrouve donc carbonisé au plus haut degré! Comment trouver le courage de s'opposer à un tel envahisseur? Peut être en réveillant les sentiments patriotiques de ceux qui sont déjà prêts à signer l'armistice et à s'enfuir les jambes autour du cou? Captain America/Steve Rogers est l'homme qu'il faut, dans de telles conditions. C'est lui, et le courage des héros, et des hommes simples et bons qui veulent bien le suivre, qui va lancer la contre-offensive.
Bendis et Coipel sont les artisans de Siege. Le premier poursuit son oeuvre de transformation du monde Marvel, en y plaçant les Avengers toujours plus au centre. Il abat ici parfois la carte de l'ultra gore, et profite d'un scénario concentré sur quatre épisodes seulement, pour dépeindre au final ce qui est une gigantesque bataille homérique, un conflit localisé mais sanguinaire, qui a pour enjeu la liberté et une certaine idée de l'Amérique, dont dépend le destin de Norman Osborn. Olivier Coipel est un excellent choix pour ce type de récit, son trait pur et simple fait des merveilles, sans avoir besoin de céder aux rodomontades et autres artifices de mise en page. J'avais pu émettre des réserves, à l'époque, quand à l'aspect trop juvénile de certains personnages, et l'absence de caractérisation sur certaines expressions faciales, mais à la relecture ces défauts ne masquent pas le très bon travail global d'un artiste qui semble né pour mettre en scène ce type d'orgie super-héroïque et la rendre digeste et lisible. Car oui, si dans un premier temps j'avais porté un jugement plutôt sévère sur Siege et sa conclusion surtout, que je jugeais tronquée, un retour bénéfique sur l'ensemble du travail de Bendis, sur la cohérence de son oeuvre depuis Avengers:Disassembled, me pousse à réévaluer cette aventure brève mais intense, qui n'est pas sans faire écho aux prétextes géopolitiques que les américains savent si bien inventer quand ils flairent une opportunité à saisir à l'autre bout du monde. Et pourtant il n'y a pas de pétrole sur Asgard!


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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRÉSENTE : UN AUTEUR DE BD EN TROP

Ce n'est pas parce que vous désirez devenir un artiste de bande dessinée que vous allez forcément connaître le succès! Vous savez ce que c'est, ces salons spécialisés où vous avez l'impression que vous n'êtes pas à votre place; vous voyez les files d'attente se former autour de vous, mais vous n'avez personne à votre table... En fait le personnage de cette bande dessinée (Daniel), qui n'est autre qu'une projection de l'auteur lui-même, est boudé par le public, jusqu'au jour où il va mettre les mains sur des planches réalisées par un jeune ado du nom de Kevin. Là c'est la révélation; elles contiennent un potentiel extraordinaire au point que son éditeur accepte d'en faire un album et de le présenter bien vite à Angoulême. Seulement voilà, les planches ne sont pas les siennes, Daniel va-t-il donc devenir un imposteur, un tricheur..? Ce n'est pas la première bande dessinée qui aborde le marché et les coulisses du genre; récemment nous avons eu le plaisir de lire par exemple Cover de Brian Bendis, toujours en attente d'une publication chez Urban Comics; aujourd'hui nous vous présentons donc Un auteur de BD en trop, de Daniel Blancou,  sorti chez Sarbacane, et qui vous est raconté en détails dans l'épisode de la semaine de l'excellent podcast "le Bulleur", que nous relayons avec enthousiasme chaque samedi. Bonne écoute, et pour finir bon weekend à toutes et à tous.


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DIEU CREE, L'HOMME DÉTRUIT : OEUVRE FONDAMENTALE DES X-MEN

Je pense qu'il est inutile de revenir sur l'importance fondamentale de Chris Claremont dans l'histoire et la réussite des X-Men; non seulement ce scénariste génial était capable de préparer bien à l'avance des trames complexes aux ramifications multiples, mais en plus il est celui qui a réussi à crédibiliser le mieux l'hystérie anti mutant, qui est un des thèmes fondamentaux de la série, comme le souhaitait d'ailleurs Stan Lee au départ. Année après année, le climat est devenu toujours plus tendu et les mutants ont été placés sur la sellette, au point d'être stigmatisés comme ont pu l'être et le sont encore aujourd'hui certaines catégories de la population, en raison de leurs croyances religieuses ou de leurs origines. Tout ceci se combine avec l'ère Jim Shooter, qui décide d'offrir au lecteur des produits plus adultes et de qualité, une série de graphic novel qui à plus à voir avec la BD européenne que le comics traditionnel, sur la forme. C'est dans cet écrin que voit le jour ce qui sera une des pierres angulaires de la mythologie des X-Men.
Claremont y dénonce l'hystérie qui traverse les États-Unis dès lors qu'il s'agit du fait religieux, et qu'on tend l'oreille vers les discours de la droite religieuse extrémiste. Autrefois c'était le Ku-Klux-Klan qui s'en prenait à la population noire, aujourd'hui c'est le révérend William Striker, une sorte de double maléfique du professeur Xavier, qui entame une croisade contre l'homo superior. Pour lui, ce dernier est une perversion totale de l'humanité et il est prêt à tout pour l' exterminer, quitte même à tendre un piège au professeur et ses élèves, à l'issue d'un débat télévisé. Les purificateurs ont recours systématiquement à la violence, l'enlèvement, le meurtre, pour eux tous les moyens sont bons pour arracher ce qu'ils considèrent être de la mauvaise herbe. Le climat social est d'ailleurs extrêmement tendu; il suffit de voir cette scène où une encore jeune Kitty Pryde se bat à coup de bourres-pif avec un collègue d'étude, parce que celui-ci défend les idées de Striker. Fatalement l'étau se resserre et les mutants sont considérés comme une menace dans l'opinion publique, sans qu'ils puissent se défendre où faire entendre un contradictoire.

Les X-Men ne se retrouvent pas face à un vilain traditionnel qu'il est possible de détruire à coup de super pouvoirs, mais face à un homme très dangereux qui utilise son influence, les médias, l'ignorance des masses, pour semer la haine dans la société. Tout le monde est victime, y compris les enfants, et il n'est pas facile d'extirper les préjudices quand ceux-ci ont atteint les cœurs et les cerveaux. D'ailleurs nos mutants préférés en arrivent à s'allier avec Magneto, pourtant considéré comme un ennemi, et ils font front commun pour mettre sur pied une résistance illusoire mais nécessaire.
Le dessin de Brent Anderson subit l'influence de Neil Adams et il vaut surtout par la mise en page, dense mais inventive, et la qualité du jeu d'ombres. Certes certains premiers plans ne sont pas des plus gracieux, l'artiste fera beaucoup mieux par la suite, néanmoins cela reste un travail de bonne facture, qui nécessite de la part du lecteur un véritable investissement : les dialogues et les didascalies sont très présents et ce n'est pas un album qui se lit en un quart d'heure, entre le café et les photocopies, au boulot. Toujours aussi moderne et d'actualité, Dieu créé l'homme détruit nous rappelle la grandeur des X-Men du passé, la raison pour laquelle nous en sommes tombés amoureux et nous espérons toujours aujourd'hui les voir revenir au premier plan. Encore que oui, le run de Jonathan Hickman, pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, pourrait bien être un premier pas vers une renaissance véritable, même s'ils sont encore loin d'être cette bandes de victimes courageuses luttant pour l'égalité et le respect des droits fondamentaux (c'est même le contraire en ce moments, avec des mutants qui s'imposent sur la scène internationale). Si vous n'avez jamais vu cette histoire "vintage" sachez qu'elle est indispensable.


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AVENGERS VS X-MEN CONSÉQUENCES : RETOUR EN MARVEL DELUXE

Lorsque Avengers versus X-Men avait été annoncé, je faisais partie comme beaucoup d'autres lecteurs de ceux qui attendaient beaucoup de cette confrontation. On pourra me taxer d'optimiste, mais il y avait de quoi écrire une saga d'ampleur et de qualité, d'autant plus que les tensions entre les deux groupes avaient atteint un point de non-retour évident. Le problème c'est qu'après des débuts encourageants voire prometteur, l'ensemble a tourné à la farce grotesque, avec notamment le retour sur Terre de la force Phoenix, partagée entre différents personnages mutants, et très mal exploité aussi bien sur le moment que par la suite. Bref, des années plus tard, on ne verse pas une larme en repensant à ce qui fut. Toutefois voici qu'arrive une nouvelle édition, chez Panini, De Conséquences, un volume qui nous permet de relire ce qui s'est passé juste après. En appendice. Accessoirement le plus intéressant.
O,ui il peut arriver qu'un aftermath soit meilleur que l'event qui l'a précédé. Cette remarque inattendue, j'ai tendance à me la faire, à propos de Avengers Vs X-Men:Consequences. Le sujet de cette mini série en cinq volets est simple : suivre le quotidien de Cyclope, incarcéré et défait, et jeter un oeil sur les autres membres des Phenix Five, qui ont eu eux aussi la mauvaise idée de faire partie du camp des battus. En détention Scott Summers reste stoïque et convaincu d'avoir eu raison. Il se heurte au racisme anti-mutant, ce qui ne fait que renforcer ses convictions. Le monde a toujours craint les mutants, même si ceux-ci s'échinent à le sauver. C'est une triste règle, et l'ancien leader des X-Men préfère finalement faire peur et imposer le respect par la force, que d'être un gentil mouton prompt à se faire tondre par le premier ennemi venu. En ce sens l'union entre Cyclope et Magneto scelle un parcours linéaire, un basculement vers une forme de radicalisation du discours du premier cité. Après avoir tué le père (Xavier) au sens métaphorique et désormais au sens propre, c'est sur ses épaules que la communauté mutante va pouvoir trouver un sauveur prêt à plonger les mains dans le sang et la sueur en cas de besoin. C'était déjà en filigrane ce que nous racontait la série Uncanny X-Force de Rick Remender, et c'est le sel de Consequences. Une mini dessinée par 5 artistes différents, un par épisode. Le cinquième est l'oeuvre de Gabriel Hernandez Walta, dont le trait faussement sale et brouillon rappelle vaguement celui de Romita Jr en moins anguleux. C'est l'évasion de Summers qui tient le haut du pavé, avec la présence de Magneto, de Magik (Illyana Rasputin, la soeur de Colossus) et de Danger, l'incarnation vivante de l'ancienne salle des dangers des X-Men. Gillen trouve aussi le temps de nous montrer toute la frustration de Wolverine, et de s'attarder sur les rapports d'alors entre Hope Summers et son père d'élection Cable. Un des meilleurs travaux de Kieron Gillen qui démontre sa capacité d'écrire de bonnes choses, lui qui m'a franchement déçu lors de son run sur les X-Men. 



Et pour compléter l'ensemble, et atteindre un quota de pages suffisant à publier un Deluxe, vous trouverez aussi...de la baston. Et rien d'autre. Comparé à ces "chocs" qui sont tirés de "Vs" la revue complémentaire et dispensable qui a rythmé la publication de AvX, Streef Fighter (le jeu) ressemble à un traité de philosophie. Boum, bam, pif, prends ça manant... Avec en prime de l'humour bien frelaté, censé nous faire croire que ces luttes stériles entre personnages des deux camps ont un sens. Regardez les superstars du catch se tabasser sur un ring, vous trouverez ça bien plus crédible et fun. Une purge totale, qui fait qu'on va s'arrêter là, car consacrer trop de lignes à cette plaisanterie douteuse ne serait pas justifié. En plus j'ai un bras hors d'usage et je tape de la main gauche, soyez cléments...


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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRÉSENTE : LES ENTRAILLES DE NEW-YORK

Comme chaque samedi désormais, nous vous proposons de plonger dans l'univers de la bande dessinée au sens le plus large du terme, avec le podcast "le bulleur" qui met en avant un album en particulier, mais aussi l'actualité de la semaine, pour ce qui concerne le neuvième art. C'est rapide et bien présenté, toujours pertinent, aussi je vous recommande chaleureusement d'écouter chaque samedi; aujourd'hui vous allez entendre parler du dernier album de Julia Wertz, qui s'intitule Les entrailles de New York. C'est d'autant plus intéressant que la plupart des récits urbains de super-héros se déroulent dans la mégapole en question. Mais ici il ne s'agit pas d'un guide touristique, d'une version dessinée d'un compte Instagram d'un flâneur en quête des principaux monuments. C'est plutôt un ouvrage qui propose une vision de New York très personnelle, en partie d'ailleurs fantasmée, par une artiste qui s'attache à débusquer ce qui fut et le mettre en lien avec ce qui est, comme animée par une nostalgie et un intérêt pour une époque qui n'est pourtant pas la sienne. Le trait est minutieux et attentif, et l'ensemble échappe à tous les canons possibles. On y apprend une foule de renseignements et on y trouve de très nombreuses anecdotes, comme par exemple une présentation d'une certaine Mary Mallon, accusée d'être responsable d'une épidémie de fièvre typhoïde, et qui inspirera, vous l'avez compris, la naissance des décennies plus tards d'une des ennemis récurrentes de Daredevil, Typhoid Mary. Mais je préfère m'arrêter là et vous laisser écouter le nouvel épisode du podcast le bulleur pour en savoir plus. 


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COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...