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LE LABYRINTHE INACHEVÉ : LA GRANDE QUÊTE MÉTAPHYSIQUE DE JEFF LEMIRE
VOLUME 1 POUR LE THOR DE DONNY CATES : LE ROI DÉVOREUR
Lourde est la charge, pour celui qui est devenu roi sans jamais avoir demandé d'endosser cette responsabilité. Impossible d'avoir un moment de répit, de bénéficier de relations autres que celles du souverain avec ses subalternes. Il existerait bien une solution, qui serait de momentanément s'éclipser, ou pour être exact d'échanger sa présence physique avec celle de celui qui fut autrefois son double humain, le docteur Donald Blake. Le problème, c'est que cela fait bien des années qu'un tel échange n'a plus eu lieu, et Blake a eu tout le temps de sombrer dans la folie, oublié de tous et de tout, dans une sorte de construction artificielle autrefois établie par Odin, et qui est devenu au fil du temps une prison dorée. Alors, quand enfin Thor et Donald Blake s'apprêtent à changer de place une nouvelle fois, c'est une situation inédite et impensable qui se produit : Thor se condamne tout seul à l'exil, dans l'impossibilité de reprendre sa place, et le docteur Donald Blake n'est plus qu'un cinglé sanguinaire, bien loin de celui qui autrefois sauvait des vies. Comme déjà dit précédemment, il y a un mérite évident aux histoires écrites par Donny Cates; on ne s'ennuie jamais. Il y a toujours ce petit quelque chose qui nous fait vibrer en attendant l'épisode prochain. L'association avec le dessinateur Nic Klein est particulièrement réussie, car ce dernier est à la fois capable de produire des planches riches en détails et fort agréables, tout en gardant un petit côté sauvage et indie a des illustrations du plus bel effet, que ce soit dans la construction des pages, l'attention portée aux expressions, ou des splash pages de grand impact, pour souligner les moments les plus imposants. Klein fournit un travail remarquable, et il est véritablement le bon artiste au bon endroit, au bon moment. Aaron Kuder se contente de mettre en scène deux épisodes de transition plutôt burlesques, qui servent de temps de respiration. Décidément après un run d'une longueur et d'une qualité exceptionnelle signée Jason Aaron, Thor n'a pas fini d'être choyé, et nous autres lecteurs avons de nouvelles raisons de nous en réjouir.
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : L'HOMME À LA TÊTE DE LION
Dans le 133e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente L'homme à la tête de lion, album que l’on doit à Xavier Coste, édité chez Sarbacane. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie de l'album L'écluse que l'on doit au scénario de Philippe Pelaez, au dessin de Gilles Anis et c'est édité chez Grand angle
- La sortie de l'album L'homme qui corrompit Hadleyburg, adaptation d'un récit de Mark Twain par Wander Antunes et édité chez La boite à bulles
- La sortie du premier tome de Journal inquiet d'Istanbul, titre que l'on doit à Karabulut Ersin et aux éditions Dargaud
- La sortie de l'album La vie me fait peur, adaptation d'un roman de Jean-Paul Dubois par Didier Tronchet au dessin, Christian Durieux au dessin et c'est édité chez Futuropolis
- La sortie de l'album ADAN, l'agence de tous vos fantasmes que l'on doit au scénario conjoint d'Alban Sapin et Clara Néville, au dessin de Dudy et c'est édité chez Glénat dans la collection Porn' pop
- La réédition des 6 premiers tomes de la série Aya de Yopougon que l'on doit au scénario de Marguerite Abouet, au dessin de Clément Oubrerie et c'est édité chez Gallimard
ASTERIOS LE MINOTAURE : MYTHE, SOLITUDE ET INTOLÉRANCE
Il y a bien des scènes sanglantes, où le Minotaure laisse exploser sa fureur, mais c'est surtout l'être "humain" qui est le responsable de son malheur, guidé par ses peurs et ses préjugés. La partie qui concerne l'enfermement du Minotaure dans le labyrinthe, et les sacrifices qui s'en suivent, et très éloquente, et excellemment présentée. Y compris le héros Thésée, qui apparaît ici dans toute sa complexité, et certainement pas comme un guerrier de légende qui n'aurait rien à se reprocher. Serge Le Tendre a bien étudié ses mythes, et plus encore, il les a bien cernés. Et il peut alors en dégager certaines règles universelles, qui démontrent comme en fait ces récits hautement fantaisistes et merveilleux parlent clairement de nous, de notre banalité, de notre grandeur, de notre couardise, bref de notre humanité. Frédéric Peynet effectue un travail de toute beauté aux dessins, alternant des scènes assez posées et statiques, qu'il parvient à rendre attrayantes et fort lisibles, à des explosions soudaines de l'action, avec un Asterios qui crève littéralement la page à deux reprises, dans une séquence qui est le point d'orgue de cette bande dessinée pertinente et passionnante. La couleur s'adapte très bien aux tons du récits, se drapant parfois de ténèbres froides, pour plus loin baigner dans une lumière douce et reposante. Voici donc un ouvrage qui sait faire du neuf -et de quelle manière- avec une histoire que tout le monde croit connaître, souvent à tort, et qui a l'habileté de construire également de vrais personnages attachants, aussi bien dans leur caractère retors (Tectamus et sa duplicité agissent comme un coup de pouce du destin, comme on le pensait pour Eris, la déesse de la discorde, qui régissait les disputes les plus cruelles) que dans leur grandeur d'âme. Sortie prévue chez Dargaud cette semaine, que nous vous conseillons d'ores et déjà avec conviction.
CRIMINAL INTÉGRALE VOLUME 1 : NOIR C'EST NOIR
CAPTAIN AMERICA : UN SUPER-SOLDAT OU UN SUPER-JUNKIE (QUESTION DE SERUM)
LES MAÎTRES DU COSMOS : SOUVENIR COSMIQUE CHEZ SEMIC
Si Thanos est le héros de la première partie de cette saga intitulée Cosmic Powers en VO, il faut savoir qu'en tout elle est divisée en 6 parties. A l'époque Semic avait proposé l'intégralité de la mini série sous forme de 3 albums contenant deux histoires chacun. Au fur et à mesure de la progression du récit, le cast s'étoffe et ce qui semble au début un regard particulier et scrutateur sur chacun des personnages et leurs motivations intimes devient peu à peu une grande bataille rangée, entre êtres au pouvoir incommensurable. Nous avons déjà parlé de Thanos et de Terrax donc, avec les dessins de Ron Lim, grand habitué des sagas cosmiques dans les années 1990, mais aussi de Jeff Moore, qui a su insuffler beaucoup de dynamisme dans son travail. Andy Smith s'occupe pour sa part d'un curieux duo. D'un côté le Valet de cœur qui semble condamné à une solitude éternelle, enfermé dans un costume qui l'empêche de vivre une vie normale, mais aussi le préserve en vie. Il fait la rencontre de Ganymède, une combattante hors-pair, dernière de sa race, dont le but ultime est justement la destruction de Tyrant. Ce couple improbable et touchant est aussi victime des machinations de Thanos. Autre héros à être impliqué dans cette histoire, Legacy, à savoir le fils du Captain Marvel des origines. Impulsif et encore peu habitué à ses nouveaux pouvoirs, il fonce dans le tas sans trop réfléchir, et se retrouve face à face avec Nitro, celui qui condamna son géniteur en l'empoisonnant avec un gaz mortel, qui plus tard lui occasionnera un cancer foudroyant. Les deux dernières parties sont consacrées à Morg, avec les dessins surprenants de Tom Greenberg, dans un style proche de ce que peut faire Mignola. A l'époque beaucoup n'aimaient pas ses planches, mais j'ai toujours eu un petit faible pour cet artiste, selon moi très sous estimé. Scott Eaton est le dessinateur qui s'occupe de la déflagration finale, quand tout le monde tape sur tout le monde, et que l'heure est venue de fournir une conclusion à cette grande aventure. Bien évidemment, Thanos n'est pas seulement une créature puissante et mauvaise, c'est aussi le maître incontesté des plans machiavéliques et de la fourberie quand cela sert ses propres intérêts. L'ensemble se laisse encore lire avec plaisir bien des années après, même s'il est clair que cette histoire est très marquée du sceau stylistique qui dominait autrefois, au fin fond du cosmos dans l'univers Marvel. Les lecteurs qui ont grandi avec ces antagonistes fraîchement remis à la page en ont toujours des souvenirs émus.
URBAN COMICS PROPOSE (ENFIN) ANIMAL MAN PAR GRANT MORRISON
Animal Man devient vite une série incontournable. Certes, tout n'est pas non plus parfait. Par exemple, les aventures du héros tendent à se limiter assez vite à des histoires narrées en un seul numéro, dont la qualité varie un mois sur l'autre. Quelques baisses de régime se font sentir, notamment lorsque Buddy part aux Iles Féroé pour sauver des dauphins du massacre (une boucherie caricaturale qui se termine avec Animal Man qui condamne un des responsables à une mort quasi certaine, sans que cela l'émeuve particulièrement, lui et ses amis écologistes) ou encore lors d'une virée à Paris, contre The Commander of Time, qui donne l'impression d'un fill-in bâclé. On peut déplorer également les dessins parfois sommaires et souvent dépouillées de fond de case construits d'un Chas Truog aimable mais loin d'être transcendantal, et d'un Doug Hazlewood du même acabit. Un peu mieux fait Tom Grummett, honnête artiste taillé pour les comic books en costumes. Qu'à cela ne tienne, réjouissez-vous avec cet Animal Man et son monde cocasse, étrange, et truffé, comme l'aime Grant Morrison, de personnages de second plan, un peu risibles et pathétiques, qui montent sur la scène et jouent les premiers rôles, l'espace d'une vingtaine de pages. Comme le Mirror Master, qui vient attaquer Buddy en famille, ou encore le Red Mask et ses robots, qui envisage le suicide. Questionnement sur l'identité même du héros, sur les frontières entre réalité et monde de papier, sur l'essence même, la définition, d'un super héros aux repères fracassés, le Animal Man de Morrison déroute, provoque, amuse, interroge. Il explore aussi la dualité entre hommes et animaux, flirte avec la justification des actions coup de poing des défenseurs animaliers, avec un héros qui n'hésite pas à briser la loi et s'introduire dans les laboratoires où se poursuivent certaines expériences au détriment de singes brimés, ou même de petits rongeurs. Urban Comics a entamé la publication de l'intégrale de ces épisodes longtemps attendus, et nous vous conseillons très très chaudement d'investir en ce sens. Signalons aussi qu'au terme de la prestation de Morrison, ce sont des scénaristes comme Peter Milligan, Jamie Delano ou le regretté Rick Veitch qui prennent le relai, alors que l'horreur devient de plus en plus prégnante.
JUSTE AVANT L'ÉCLOSION : UNE BELLE FABLE HUMAINE CHEZ SHOCKDOM
L'ensemble reste continuellement poétique, subtil, chargé en émotion et dessiné dans des tons fiabesques et lumineux. Un trait souple, des formes harmonieuses, et une grande expressivité sur les visages des personnages, voici les points formes de l'aspect graphique de ce récit. Le projet est véritablement né en 2018, par la volonté d'une certaine Nyda, qui demanda à la scénariste Sara Antonellini (à la tête d'un collectif d'histoires autoéditées, Potpourri Comics, qui a présenté sept ans durant un recueil anthologique) de traduire en texte la mauvaise passe qu'elle venait d'affronter, mais dont elle était parvenue à se sortir. La dessinatrice Corinna Braghieri fut ensuite repérée sur Internet et la bande dessinée présentée au Festival de Lucca Comics, ou le succès obtenu fit que toutes les copies trouvèrent rapidement leur public. C'est donc un plaisir de pouvoir disposer aujourd'hui de la version française de ce petit succès transalpin au capital sympathique évident, qui pourra toucher un public large, avec une forme innée de ravissement, que nous vous invitons chaudement à découvrir. Une histoire de petits pas et d'humanité, donc, de décisions et de conviction, de comment les moteurs de nos choix personnels sont aussi des rouages essentiels pour faire fonctionner le monde qui nous entoure. Chacun a sa place dans la grande mécanique, et il ne faut jamais oublier l'essentiel, c'est à dire qui nous sommes, au profit de ce que nous avons. C'est bête et simpliste, exprimé ainsi, mais c'est juste et plus clair avec Antonellini et Braghieri. Comme toujours quand il est question d'audace stylistique et de grande variétés des genres, il convient d'aller jeter un œil chez Shockdom, éditeur protéiforme et en évolution permanente.
GREEN LANTERN CORPS INTÉGRALE TOME 1 : RECHARGE
THE BOYS : DES OMNIBUS CHEZ PANINI POUR LES P'TIS GARS DE GARTH ENNIS
Garth Ennis avait l'ambition de faire encore plus dérangeant, avec The Boys, que ce qu'il fit avec Preacher quelques années auparavant. Mission réussie, mais il ne faut pas être trop sensible. L'aspect religieux, si souvent présent et brocardé chez l'auteur irlandais, est ici mis de coté, au profit d'une représentation crue et acide de la sexualité débridée, tout spécialement des rapports de groupe et homosexuels. On a l'impression que tous les super slips, chez Ennis, sont clairement ou indirectement dévoyés, et cachent de lourds secrets/tabous en rapport avec leurs pratiques ou fantasmes sexuels. La charge ironique sur le sujet est si forte qu'on bascule régulièrement dans le mauvais goût, même si c'est très clairement à prendre au second (troisième ?) degré. C'est bien là la limite de Garth Ennis, sa propension à vouloir écrire des scènes qui flattent les plus bas instincts de son public, jouant avec les codes honnis du sexe, principalement. Du coup, il atteint par moments sa cible à merveille, comme la scène où Stella, jeune recrue, est contrainte à une fellation multiple pour être acceptée parmi ses aînés héroïques; ou lorsque son idole de toujours lui dessine une vaste échancrure au marqueur, sur le costume, pour l'inciter, sur ordre des sponsors du groupe, à en revêtir un nouveau, plus audacieux et croustillant. The Boys est un concentré hautement irrévérencieux mais pas forcément subversif, je ne sais pas si vous saisissez et appréciez la différence. C'est en tous cas, indéniablement, un comic-book qui vous transporte dans une joyeuse sarabande parodique, et modifie à jamais votre perception ingénue des rapports entre tous ces héros que vous avez appris à connaître, que vous aimez, mais qui cachent tous, tant bien que mal, leurs parts de névroses, addictions, et autres manies honteuses. Justement le terreau fertile sur lequel prospère la série de Ennis, qui réserve aussi des moments d'espoir ou plus apaisés, principalement avec un duo attendrissant. Une histoire d'amour véritable, belle et sincère, peut-elle quand même s'épanouir dans l'univers glauque et cynique de The Boys? C'est tout le défi qui est réservé au P'tit Hughie et à la blonde Stella. Le premier est certes la dernière recrue en date de la bande impitoyable qui contrôle l'exubérance des super-héros, mais il n'a pas encore ce coté désabusé et violent qui distingue ses compagnons d'armes. La seconde est une vraie héroïne depuis qu'elle a été accepté au sein de la super équipe des Sept, mais son enrôlement avait un prix humiliant, une séance de viol collectif à son arrivée. Ces deux-là ont des bleus à l'âme, et sont peut être faits pour se rencontrer. Butcher, lui, fait foi à son patronyme, la Crème est une armoire à glace friable, la Fille une explosion de violence jouissive, et le Frenchie une sorte de couteau suisse bourré de surprises. Darick Robertson est parfait aux dessins, avec son trait gras et expressif, et il parvient à mettre en scène tout un univers de super-héros plus proches de super-zéros, aux costumes bigarrés et aux coutumes dissolues. The Boys est donc avant tout un divertissement subversif, qui ose et met le doigt là où ça fait mal, quitte à tomber parfois dans le grand guignol ou l'outrance la plus complète. Mais clairement, ce genre de comic book, aux mains d'artistes de cette trempe, est également salutaire et fascinant. Probablement plus encore que la série d'Amazon, qui ne peut pas, par exemple, parodier les X-Men (ici les G-Men) pour des questions de droits, et doit parfois (si, je vous jure) mettre un peu d'eau dans son vin, comparé à la liberté de ton de Garth Ennis au format papier. Si ça, ça ne vous incite pas à lire…
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE
Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterma...

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Comme chaque samedi désormais, nous vous proposons de plonger dans l'univers de la bande dessinée au sens le plus large du terme,...
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WORLD WAR HULK (Marvel Deluxe - Panini) A l'occasion de la sortie (avant les fêtes, bien entendu) du Marvel Deluxe consacré à...
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UNIVERSCOMICS LE MAG' 46 Octobre 2024 / 60 pages / gratuit Disponible ici (lecture + téléchargement) : https://madmagz.app/fr/viewer/...