Cinécomics : NICK FURY AGENT OF S.H.I.E.L.D

Vous trouvez le temps long en ce week-end de Pâques et vous souhaitez rire un bon coup, tout en restant dans le domaine des super-héros? Je vous conseille de faire deux trois recherches sur le Web, si ce n'est déjà fait, et de vous intéresser au cas oh combien douloureux du téléfilm consacré à Nick Fury, avec dans le rôle titre un certain David Hasselhoff, le même qui est passé à la légende en courant sur les plages de Malibu, et au volant de K-2000, la voiture intelligente. Dans ce B-movie à peine assumé, Nick Fury a décidé de s'exiler dans le Yukon, depuis la fin de la Guerre Froide. Mais lorsque la menace de l'Hydra se fait de plus en plus pressante, il accepte de reprendre du service pour le bien de la nation. Il faut dire que la fille du Baron Von Strucker, qui autrefois gouvernait l'organisation criminelle, a pris le commandement et menace le monde avec un virus ultra virulent. Viper -c'est d'elle qui s'agit- pourra t-elle être arrêtée à temps? En attendant, si le gouvernement américain refuse de payer un billion de dollars, le virus sera lâché dans Manhattan.
Le problème avec ce Fury là, c'est que Hasselhoff est tout de suite bien identifiable, et qu'il nous est impossible de le voir autrement que sous les traits des personnages que nous lui connaissons déjà. Il ne s'en sort pas trop mal, finalement, compte tenu qu'il n'est pas non plus un acteur de premier plan. Les costumes, l'ambiance générale, ne sont en somme pas si mauvais, et avec plus de moyens et d'ambition, il aurait été possible de faire un film décent. Le hic, c'est que les scènes d'actions sont peu convaincantes, comme filmées au ralenti. Que des missiles en carton pâte, ou des maquettes grossières en guise de vaisseaux high-tech, ça passe mal de nos jours. Le Shield d'alors, c'est de la caricature complète de ce que le téléspectateur moyen pouvait attendre de ce type d'organisation, avec un budget serré à l'os qui oblige à certaines concessions dommageables. A voir tout de même pour se faire une idée ce que pouvait être voilà une vingtaine d'année l'esprit d'adaptation qui soufflait chez Marvel (encore que ce téléfilm date de 1998). Loin des feux pyrotechniques d'aujourd'hui, on se débrouillait parfois avec des bouts de ficelle, pour faire rêver le lecteur devenu spectateur, le temps d'un film ou d'une série ingénue, qu'on regarde de nos jours avec un poil de honte, ou de condescendance. Nick Fury sans K-2000 et sans Pamela Anderson, ça mérite un regard, non?



AGE OF ULTRON #3 : LA REVIEW

L'Amérique est tombée aux mains d'Ultron. Des Ultrons. Ils patrouillent partout, on en voit dans le ciel et dans les rues, comme un gigantesque essaim d'abeilles robotisées. Nos héros ont été éliminés, ou condamnés au maquis. Certains des plus grands sont déjà tombés, les autres se terrent dans les entrailles du grand héliporteur du Shield, qui leur sert de cachette secrète. Je sais, c'est un peu idiot comme repère, mais bon, on n'a pas trouvé mieux chez Marvel. La faille, chez Ultron, c'est peut être que bien qu'étant un robot, il agit comme un humain, notamment dans son comportement, ses réactions, ses motivations intimes. Du coup, il semblerait qu'il soit encore possible de négocier avec lui. Dans le genre : je t'apporte un héros en collant que j'ai neutralisé pour toi, en échange je peux obtenir quelque chose à mon tour. Ce sera ça la seule possibilité offerte à la résistance, pour infiltrer le Qg de leur ennemi. Luke Cage et She-Hulk vont donc organiser un faux combat de catch en plein New-York, pour qu'ensuite la géante verte soit livrée (pour de faux, hein) et que le bad boy à la peau en acier puisse en savoir plus sur la base d'Ultron. Voilà le topo. Au final, le seul vrai moment d'émotion et qui vaut le coup, dans ce troisième numéro, c'est le cliffhanger final, cette dernière planche qui va vous faire bondir sur votre siège, et relancer d'un coup l'avenir de cet "event" en offrant de nouvelles voies narratives pour les semaines à venir. Bendis prend son temps, mais ça va peut être enfin décoller. Coté dessin, Hitch est moins bon cette fois que les précédentes, notamment dans les scènes de groupe, où il ne prend pas le temps de caractériser tout le monde avec un talent égal. On sent qu'il a du accélérer le tempo, et c'est toujours au détriment de la qualité. Globalement très correct, mais ce genre de détail finit par se voir. Age of Ultron, toujours nimbé de mystère, et qui avance à tout petits pas vers l'inconnu, a peut être inventé le plot invisible. Une page par numéro, pour faire avancer le récit, il fallait oser. 


DOOM 2099 : THE COMPLETE COLLECTION BY WARREN ELLIS

Une des portes d'entrée les plus fascinantes, pour qui souhaite se mettre à l'univers Marvel sans jamais avoir rien lu auparavant, est constitué par ces univers alternatifs, où tout est encore à raconter, comme le monde Ultimate à ses débuts, par exemple.
Dans les années 90, Marvel avait déjà tenté une expérience fort sympathique, en projetant ses héros les plus célèbres en 2099, bien loin dans le futur. C'est ainsi que Spider-Man, les X-Men, le Punisher, Ravage (un nouveau personnage créé par Stan Lee) ou encore Ghost Rider, ont eu droit à des aventures inédites dans un monde régi et contrôlé par les grandes corporations multinationales, et où l'âge d'or des collants et des super-slips était bel et bien révolu depuis des lustres. Mais le titre le plus abouti et le plus complexe est probablement celui qui se concentre sur la figure charismatique d'un vilain qui n'en est plus un, à savoir Fatalis, c'est à dire Doom en anglais. Entre 1993 et 1996, la série va durer 44 épisodes et être traduite en Vf sur les pages du mensuel de Semic, le bien nommé 2099. 
D'emblée, on y retrouve Fatalis (ou qui pour lui est persuadé de l'être, car un doute plane sur l'identité réelle du monarque latvérien) qui réapparaît comme par magie dans son petit état privé, après des décennies d'absence. Personne ne sait ce qu'il est advenu alors de lui, et son retour est marqué par la spoliation de ses biens. La Latvérie, en 2099, est aux mains de Tiger Wylde, qui bénéficie d'une armée et de moyens techniques inédits pour notre anti-héros. C'est du coup la (lourde) défaite assurée des mains de l'usurpateur, et un long et douloureux processus vers la revanche. Au passage Doom est défiguré, comme pour bien perpétuer la tradition du personnage, qui se cache derrière un masque de fer pour masquer son aspect peu ragoutant. Durant sa convalescence, il va rencontrer la tribu tzigane des Zefiro, qui vont prêter main-forte pour mettre au point une nouvelle armure plus compétitive, et une sorte de Fatalis 2.0 plus à même de briller à l'aube du XXII° siècle. Fatalis devient une sorte de combattant pour la liberté, sans perdre ses intérêts privés. Une espèce de terroriste qui oeuvre pour le bien de la Latvérie, qu'il parviendra à reconquérir après avoir s'être emparé d'un chargement de Tritonium, un minerai radio-actif instable.


Une belle et longue saga, qui raconte les obsessions et les tourments d'un homme habitué au pouvoir, et qui cherche à se le rapproprier, tout en poursuivant aussi une quête de l'identité (est-il le vrai Fatalis qui aurait fait un bond dans le temps?) dans un monde libéral mais pas libertaire, sorte de caricature grossière et dystopique de notre société de consommation effrénée. Warren Ellis, John Francis Moore et Pat Broderick sont les auteurs principaux de cette longue saga, qui va voir Doom partir de rien, ou presque, pour en arriver à régner et devenir du coup bien moins sympathique. Aux dessins j'aime beaucoup Pat Broderick, dont le trait propre et par moments naïf s'accordait particulièrement bien avec la qualité granuleuse du papier d'alors, aussi bien dans les fascicules Vo que dans la revue française 2099. Le papier glacé ne lui sied pas trop. Les lecteurs qui maîtrisent suffisamment l'anglais vont faire des bonds de joie, puisque un pavé de 424 pages, qui couvre la période scénarisée par Warren Ellis (du 24 au 39) vient de sortir chez Marvel. Il s'agit du moment où Doom part à la conquête des Etats-Unis et du monde, à la sauce 2099. Autre dessinateur à l'oeuvre, Steve Pugh, plus besogneux, déjà vu sur Animal Man, chez Dc Comics. Vous pouvez acheter ce tpb chez Amazon en passant par ici.


EARTH 2 : THE GATHERING

Les histoires de (nombreuses) Terres parallèles ont souvent été le péché mignon, mais aussi le talon d'Achille de Dc Comics. Au point de s'y perdre, de devoir tout effacer, pour ensuite recommencer. Depuis le reboot de septembre 2011, tout est à nouveau possible et à construire en ce sens. Du coup, c'est dans la série Earth 2 que les choses se (re)mettent en place, et c'est plutôt agréable.
Le scénariste a qui cette tâche a été confiée n'est autre que James Robinson, capable de pondre des récits sans grand intérêt, voire dispensable, ou au contraire de laisser une trace profonde, comme avec Starman, par exemple. C'est fort heureusement la seconde hypothèse qui s'avère être de mise aujourd'hui. 
Sur Earth 2, la fameuse trilogie Dc est bien présente. Superman, Batman, et Wonder Woman. Mais la situation est des plus tragiques : les trois légendes tombent au champ de bataille, lors d'une invasion alien orchestrée par l'impitoyable Darkseid, venu en conquérant. Le monde est dévasté par les hordes d'Apokolips, et c'est un carnage incroyable. Tout ceci est censé s'être déroulé il y a cinq ans, tout comme dans l'univers Dc traditionnel, la formation de la Justice League remonte à cette période.
Dans cet univers là, le Dieu grec Mercure est responsable de la création de la nouvelle version de Flash (Jay Garrick), qui n'a que peu de rapport avec le vieux sage et pondéré que nous connaissions. Ici, il s'agit d'un jeune super-héros peu sur de lui et encore acerbe, qui vient de se faire larguer par sa copine et peine à trouver sa place. Il va rencontrer malgré lui le Green Lantern de Earth 2, Alan Scott, qui a défrayé la chronique l'an passé, au delà de la sphère restreinte des comics, pour son orientation sexuelle. Ce Alan Scott là est gay, et il est soumis à la perte tragique de son compagnon, avec qui il filait le parfait amour. Nous retrouvons aussi Hawkgirl, aux prises avec les forces de l'ordre, mais également Atom (Atom Smasher). Est de la partie Solomon Grundy, lié à l'esprit de la putréfaction, qui va donner du fil à retordre à tous ces héros. 


Le talent de Robinson, c'est de savoir doser avec facilité le pathos et l'action, introduire les personnages en sachant les rendre attachants et touchants assez rapidement. On se prend très rapidement au jeu de qui est qui, et des sept différences. Par exemple, devinez un peu quel est le rôle de Helena Bertinelli, la Huntress de notre Terre? Elle endosse ici le costume de Robin. Le titre a aussi des accointances avec deux autres séries comme World's Finest (qui met en scène Power Girl dans un nouveau costume raté et moche) et Mister Terrific. Les héros qui traversent le récit sont contraints de s'unir à cause des événements, mais on se rend compte que l'alchimie n'est pas encore parfaite, et que ça manque sévèrement de cohésion. 
Bonne idée d'avoir confié les dessins à Nicola Scott, qui présente des planches fluides et dynamiques, plastiquement fort jolies, toujours en mouvement et en souplesse. Avec en bonus de belles scènes très convaincantes et éloquentes de destruction et de morts, qui placent d'emblée le lecteur face à la tragédie qui a frappé cet univers parallèle où les meilleurs sont partis avec les honneurs. Une excellente mise en abîme de ce que nous pouvons lire depuis le reboot de la Justice League, de Johns et Lee, et un plaisir de constater que tous nos légendes du Golden Age ne sont pas mortes, mais vont pouvoir connaître une seconde jeunesse, en temps réel, sous nos yeux de lecteur moderne. 
Urban Comics n'aura pas le choix, ce titre doit être publié en Vf. Par contre parlons de la cover du Tpb en anglais (regroupe les épisodes 1 à 6), qui a de quoi décevoir : pourquoi placer, encore et toujours, la sainte trilogie en couverture, sachant qu'elle se fait trucider dès le premier épisode? Mystères du marketing. 


X-MEN : THE DEADLY GENESIS

On se replonge aujourd'hui dans un classique moderne des mutants, qui a bien divisé les lecteurs à sa sortie. Secrets cachés et effet de choc, avec Deadly Genesis.
Le professeur X ( pour Xavier ) est (était) le mentor des X-men. C’est aussi le plus puissant des télépathes sur la Terre. Détail non négligeable : que feriez vous si vous aviez des pouvoirs mentaux tels que vous pourriez ordonner à n’importe qui d’exécuter vos moindres désirs? Xavier se veut irréprochable, et sa ligne de conduite est la suivante : ne jamais profiter de son don, ne jamais intervenir dans les esprits et les décisions des autres, autrement que sur le champ de bataille, contre des ennemis acharnés. Très louable, et un peu ingénu, penserons ceux qui s’imaginent déjà entourés de superbes créatures physiquement intelligentes et aux ordres… Cela, c’est le crédo de base de la série, la définition même du personnage, qui est vite devenu un exemple, une figure paternelle pour le leader des X-men, Cyclops (alias Scott Summers) mais aussi son jeune frère, Havok, membre un peu plus irrégulier du groupe mutant. On ne touche pas au «Prof», le roi de la morale et des remarques paternalistes, le garant des bonnes mœurs et le guide éclairé de la gente mutante. Et voilà qu’arrive Ed Brubaker (que j’aime beaucoup, je vous l’ai déjà dit?) avec ses idées so shocking et son irrévérence à la nitroglycérine. Vous pensiez tout savoir, quelle erreur! Xavier est une raclure, un traître, un menteur, voire un assassin ! Comment ça vous n’y croyez pas ?

Les premiers X-men des origines ( Beast, Angel, Cyclops, Jean Grey…) avaient bien failli finir leur carrière sur l’île vivante de Krakoa, qui ne les avait pas dévorés tout cru de très peu… En fait, c’est la seconde génération de mutant, guidée et recrutée par le Prof, qui les avait tirés du pétrin ( avec entre autres Wolverine, Banshee, Storm…) dans un des épisodes incontournables de la saga mutante, le Giant Size Annual 1 que les fans connaissent par cœur. Voilà que Brubaker nous révèle que tout ce qu’on a lu était faux ! Entre la capture des premiers et le sauvetage par les seconds, Xavier avait déjà envoyé quelqu’un à la rescousse, une bande de quatre jeunes mutants inexpérimentés, de la chair à canon qui a trouvé logiquement la mort (croyait-on) sur l’île de Krakoa. Parmi eux, le troisième frère Summers, dont les deux autres ignoraient l’existence, puisque Xavier avait tout simplement décidé, suite à cet échec cuisant, d’en effacer le souvenir de leurs mémoires ! Histoire de s’assurer que le squelette reste bien au chaud au fond du placard! Mais voilà, le cadet des Summers est de retour, bien vivant et bien décidé à faire amèrement payer son ancien mentor et sa famille. Voici venir Vulcan, tout puissant et vraiment enragé! Une histoire de trahison et de ressentiment, qui égratigne tout le monde et brise nos certitudes et nos repères, sur la bien gentille famille mutante, et son politiquement correct. Trevor Hairsine peut sembler par moments un peu cheap aux dessins et en dessous de nos attentes, mais qu’à cela ne tienne, on ne boudera pas son plaisir à la lecture de cette mini série que vous ne devez absolument pas perdre, ne serait-ce que parce qu'elle incarne la grande rupture épocale entre Scott Summers et son mentor révéré. Carrément culte pour ceux qui rêvent de gifler Xavier et son air de «je sais tout» depuis des décennies. Une des opérations de ret-con (je réécris la continuité Marvel en modifiant les origines jusque là acceptées de certains héros) les plus marquantes de la Maison des Idées, mais aussi une des plus discutées. Qu'importe, de ce jour, plus rien ne sera jamais comme avant, et le mythe est tombé bas, du piédestal. 


Publié en Vf sur les pages d'Astonishing X-men 16 à 21 (Panini)

SUPERMAN : POUR DEMAIN (De Brian Azzarello et Jim Lee)

Le contenu :
C'est la panique sur Terre : un million de personnes se volatilisent du jour au lendemain, sans que rien ne puisse expliquer ce rapt gigantesque. Loïs Lane est de ces malchanceux, ce qui n'arrange rien à l'affaire. Pour une fois, Superman ne pouvait rien y faire, car il était occupé dans l'espace avec Green Lantern, et la culpabilité le ronge comme un acide. S'il avait été présent, les choses auraient-elles pris une tournure différente? Du coup, on le retrouve très souvent, dans la première partie du récit, en compagnie d'un prêtre de Metropolis, le père Leone, avec qui il peut se confier et s'ouvrir. L'ecclésiastique souffre d'un cancer, et risque de ne plus en avoir pour longtemps, au passage. Ces dialogues sont plutôt bien amenés, et permettent au héros de s'interroger sur son rôle de protecteur de la Terre, et sur sa véritable place parmi nous. L'occasion aussi de faire le point sur une obscure guerre civile qui a vu Superman prendre partie (ingérence géo-politique permise, donc, quand on a tous les pouvoirs?) et en sortir avec un gros lot de désillusions : les victimes et les responsables sont trop souvent difficiles à identifier, à cerner, et on risque fort de se tromper, sans forcément pouvoir encore s'amender. Cela dit, il a au passage appris que le général Nox, un des grands protagonistes de cette sale guerre, a découvert et utilisé imprudemment une arme formidable, qui est à la base de la disparition massive qui a fait s'évanouir Loïs et les autres. C'est en s'en servant que Superman va pouvoir accéder à la Zone Fantôme, et à la cité de Metropia, une sorte de paradis artificiel qui devrait abriter la population de la Terre, en cas de cataclysme similaire à celui qui frappa Krypton. Devinez un peu qui est l'auteur de ce projet futuriste? Le moins que l'on puisse dire, c'est que Pour Demain est un récit long, tortueux, pas très linéaire, qui emprunte des chemins de traverse et pavoise parfois dans le vide, mais qui fascine par sa complexité et ses enjeux.

Notre avis :
Vous avez sûrement déjà du entendre tout et n'importe quoi, au sujet de cet album. Que c'est splendide, magnifique, que c'est nul, creux. Avec en creux, une flèche acérée contre Azzarello, coupable d'avoir voulu voir plus haut que ses ambitions, et d'avoir livré un scénario alambiqué qui finit pas se perdre lui même. Le fait est que l'auteur tente sérieusement de livrer une histoire de Superman adulte et profonde, mais qu'il n'aboutit pas complètement là où il souhaitait en venir. Ce qui ne veut pas dire que ses efforts sont inutiles, bien loin de là. Mais il y a des ratés, comme par exemple cette histoire baignée d'introspection, dans sa première moitié, et qui vire d'un coup à la foire d'empoigne sci-fi par la suite. Ou le destin du père Leone, personnage fort intéressant au demeurant, mais qui connaît une évolution déconcertante et malvenue. Les dessins pas contre, sont de haute facture. Jim Lee est une garantie, vous le savez. Là encore les planches sont minutieuses, soignées, et la part belle est faite aux femmes à poitrine généreuse, tout au moins comme peuvent l'être les biceps et les muscles des hommes qui les prennent dans leurs bras (regardez donc ce Superman enlaçant Loïs). Peut être Azzarello a t-il voulu trop en faire, trop en dire, et est-il parti sur un faux rythme avant d'accélérer dans une direction qui n'était pas forcément la plus pertinente. Mais je préfère vous laisser construire votre avis personnel, car cet album a tout pour plaire ou au contraire pour rebuter. Il laisse rarement de marbre. Une nouvelle et belle version chez Urban Comics semble être l'excuse idéale pour remédier à l'ignorance de ceux qui ne l'ont toujours pas lu. Avant le film à venir et en pleine effervescence Superman, le moment n'a jamais été aussi bien choisi pour trancher dans le vif. 


JOHN BYRNE : Hommage au maître

Je ne sais pas vous, mais moi j'étais déjà lecteur de comic-books dans les années 80. Et à l'époque, le grand nom que nous retrouvions le plus souvent, ce n'était pas Bendis, ou Geoff Johns, c'était un "ancêtre", John Byrne, qui se fait bien plus discret aujourd'hui. Ce type était un génie. Tout d'abord, il avait une faculté bluffante d'écrire dix titres par mois, tout en en dessinant une demie douzaine d'autres durant son temps libre. J'exagère, à peine. Non seulement il assurait coté scénario, mais ses dessins, sans être ce qui se fait de plus spectaculaire, ont toujours eu une lisibilité, une clarté, qui en font un vrai modèle du genre. Comment doit-on illustrer un comic-book grand public? Regardez ce que fait Byrne, admirez, et prenez des notes.
A l'époque, donc, c'était un festival. Les Vengeurs, côte Est ou Ouest, peu importe. Iron Man. Namor, qu'il reprend de rien, pour en faire une série ultra branchée, écologiste, une petite pépite. La Division Alpha, qu'il mène de main de maître au point d'en faire un de mes plus grands et beaux souvenirs de lecture du gamin que j'étais alors. Les Fantastiques, qui le sont vraiment, sous ses crayons. Superman, dont il redéfinit les origines et le quotidien (Man of Steel). She-Hulk, série maligne et bondissante, où l'héroïne abat la distance entre lecteurs et personnages bien avant Deadpool, et de façon oh combien plus drôle et pertinente. Sans oublier, avant tout cela, les X-Men en équipe avec Claremont. 
De temps en temps, il serait bon de se souvenir du grand John Byrne. Pour tous ces moments de lecture fabuleuse. Sans Byrne, je ne serais peut être pas en train d'écrire ces quelques lignes, ma passion ne serait peut-être pas la même. Byrne, pour moi, c'est le meilleur des années 80, une fontaine de jouvence. Allez, regardez moi ces super groupes, à l'époque où il en avait fait des incontournables qui sévissait dans Strange, la revue des super-héros à la sauce française :






MARVEL KNIGHTS 7 : L'EFFET OMEGA

L'essentiel du numéro de mars de Marvel Knights est consacré à un crossover entre trois titres : Avenging Spider-Man (invité pour l'occasion dans la revue), The Punisher, et Daredevil. The Omega Effect (de Mark Waid et Greg Rucka) est un crossover urbain aux ambitions mesurées, mais pour cela également plus contrôlé et probablement abouti. Il faut juste savoir que Matt Murdock est entré en possession d'une sorte de dvd/disque dur réalisé à partir des restes d'un costume des Fantastiques, c'est à dire avec des molécules instables (c'est l'Omega Drive). Du coup l'objet est virtuellement inviolable, et d'une capacité de stockage sans limites. Il contient surtout de la matière brûlante, à savoir toutes les données pouvant faire plonger 5 des plus gros cartels du crime, dont l'A.I.M, l'Hydra, ou encore le Black Spectre. Inutile de préciser que le diable de Hell's Kitchen s'est peint une cible sur la poitrine, et qu'il va devoir tôt ou tard se débarrasser de l'objet sous peine d'avoir un quotidien infernal. Certes, Spider-Man va pouvoir lui donner un bon coup de main, mais il n'est pas dit que l'aide du Punisher soit exactement ce dont il rêvait, à la base. Les méthodes des uns et des autres sont radicalement différentes, ce qui nous offre de bons dialogues savoureux et des situations cocasses, au risque même d'en faire parfois de trop. Le Punisher n'est pas en solo car la veuve du Lieutenant Alves, Rachel Cole-Alves, est aussi de la partie, et semble suivre les pas de Castle pour ce qui est de l'envie d'en découdre. Coté dessins, nous sommes gâtés. Marco Checchetto (dont l'interview a été récemment publiée sur ce site) continue de nous montrer qu'il est aujourd'hui un des artistes européens les plus doués que Marvel ait pu engagé. Sens de la mise en page, figures imposantes et anatomies sculpturales, il insuffle dans The Omega Effect une sacrée dose de crédibilité et de force. On pourra lui reprocher d'être par moment trop froid, ou de répéter plusieurs figures étalées sur certaines planches, mais le résultat fini force le respect. Un moment de lecture sympatoche même si pas foncièrement déterminant pour les trois héros (ça l'est un poil plus pour Daredevil).

La seconde partie est consacrée aux habituelles séries du magazine. Matt Murdock ouvre le bal. Il a enfin obtenu un rendez-vous galant avec Kirsten, substitut du procureur, convaincue (à raison) qu'il est aussi Daredevil. Les deux tourtereaux font un tour à la fête foraine, et la jeune femme s'y promène yeux bandés, pour mieux cerner son compagnon. C'est l'occasion d'un flash-back et d'en apprendre un peu plus sur la cohabitation entre Matt et son meilleur ami, Foggy Nelson, sur les bancs de la fac. Chris Samnee débarque en tant que dessinateur. A défaut d'être le meilleur à ce poste, il est auteur d'un découpage malin et intrigant, qui va s'intensifier au fil des épisodes. A suivre, donc. Le Punisher est quand à lui quasiment absent de l'épisode qui lui est dédié. On peut lire le témoignage de l'inspecteur Bolt, que Castle a décidé d'utiliser pour sa croisade contre le crime, pris dans une attaque de zombis en plein New-York, commandés par l'improbable Ergot Noir. Une récréation qui se lit assez vite, sans être mauvaise pour autant. Aux dessins, Mirko Colak essaie de faire du Checchetto, un ton en dessous. Pour finir, le Soldat de l'Hiver poursuit sa lutte aux cotés de la Veuve Noire et de Fatalis. Il s'agit de contrer l'infâme terroriste, Von Bardas, qui a décidé d'employer un Fatali-Bot (robot à l'apparence de Fatalis) pour s'en prendre aux bâtiments de l'Onu. Je dois vous admettre que ce titre m'ennuie beaucoup. Je trouve que c'est du Brubaker petit bras, du déjà lu, et que ça manque singulièrement de rythme. Les dessins de Butch Guice sont toujours aussi sombres et crépusculaires, mais ça n'est plus assez pour que je m'enthousiasme réellement. Un bilan comme très souvent mi-figue mi-raisin pour la revue Marvel Knights : un potentiel chargé en vitamines, mais une mise en application toute en retenue, pas assez folle ou explosive. 


GHOST RIDER : RESURRECTED - Danny Ketch devient le Rider

Je n'ai jamais été un grand fan du Ghost Rider, mais s'il y a bien une période liée à ce personnage que je retrouve toujours avec un plaisir évident, c'est bien celle où le rôle du Motard Fantôme est transmis en héritage au jeune Danny Ketch. Celui-ci a eu une bien mauvaise idée : aller se balader un soir dans un cimetière, en compagnie de sa soeur. Pas de chance, cette même nuit, un groupe d'assassins menés par un certain Deathwatch est en plein contentieux avec des hommes du Caïd pour le contenu d'une étrange mallette. Tout finit par tourner au vinaigre, et la jeune fille est grièvement blessée, à l'article de la mort. Danny lui connaît un autre sort : en voulant s'enfuir, il découvre une moto abandonnée, qui va lui conférer de bien curieux pouvoirs, lorsqu'il appose la paume de la main sur le réservoir luminescent. C'est ainsi qu'une nouvelle version de Ghost Rider est née, un nouvel âge pour ce personnage qui avait finit par tomber dans une certaine désuétude, au fils des ans. 
Pour corser encore les choses, Danny Ketch fréquente Stacy, la fille d'un flic qui est chargé d'arrêter son alter-ego infernal. Face à lui vont se dresser des ennemis redoutables, comme le tueur albinos Blackout, qui opère toujours dans une pénombre qu'il provoque, ou Deathwatch, dont je vous ai déjà touché un mot. Nous retrouverons aussi Ghost Rider en tandem avec le Punisher, face à la bande de terroristes du Flag Smasher. Un duo très bien assorti pour les goûts de l'époque, alors que les lecteurs réclamaient toujours plus de héros sombres et disposés aux mesures extrêmes pour venir à bout des menaces croisées en chemin. C'est Howard Mackie qui réalise cette nouvelle série. Il a de suite une intuition fort juste : placer dans le rôle du Rider un jeune homme plutôt paumé, qui va devoir tout apprendre de sa nouvelle condition, au point que la quête de l'identité même du démon derrière ces pouvoirs stupéfiants finira par devenir une des thématiques portantes de toute la série, au fur et à mesure des épisodes. Danny a une vie privée qui n'est pas des plus roses, souffre de son impuissance de la perte inévitable de Barbara, la frangine. Il perpétue le tradition de ces jeunes hommes tourmentés qui reçoivent un grand pouvoir mais en échange de grands tourments. Aux dessins, c'est Javier Saltares qui est le premier à annoncer la couleur : ambiance urbaine ultra sombre, et nocturne. Encré par Mark Texeira, le grand maître du genre, les figures ont un contour surligné grassement en noir, et se fondent avec élégance et facilité dans la pénombre qui inonde la plupart des planches. Une attention particulière est portée aux visages grimaçants, aux bouches grandes ouvertes qui communiquent la rage, l'effroi, la colère, la surprise.



Pour revivre ces premiers pas du nouvel Esprit de la Vengeance, il existe un Tpb intitulé sobrement Resurrected, qui reprend les sept premiers épisodes de la série (1990 et 1991). Vous le trouverez très facilement sur Amazon ou Thebookdepository pour une dizaine d'euros. Disponible aussi les volumes 1 et 2 de Ghost Rider : Danny Ketch, qui reprend également cette belle période, avec dix numéros par album (ici). La version française, elle, est contenue dans ces fascicules de 48 pages édités par Semic à l'époque : les Version Intégrales Ghost Rider. Le niveau qualitatif moyen est très largement supérieur à ce que nous avons pu lire ces derniers mois avec le Ghost Rider publié dans Marvel Knights. Certes, ce n'est pas dur, tant il s'agit d'une purge. Conseils aux lecteurs les plus jeunes : essayez vraiment de jeter un oeil sur la matériel présenté aujourd'hui, vous pourriez avoir une bonne surprise. Panini nous offrira peut être un jour cette saga dans la collection Best-Of Marvel


GREEN LANTERN : EMERALD KNIGHTS (Tpb)

Nous sommes dans la seconde partie des années 90. Green Lantern, alors, est en fait Kyle Rayner, un jeune dessinateur, investit d'une lourde tâche : être le dernier représentant de cette force intergalactique de sécurité,  décimée peu auparavant par Hal Jordan, lors de sa phase de transformation en Parallax, l'avatar de la peur. Depuis, Hal est mort en héros (il s'est racheté en "rallumant" le soleil, menacé de s'éteindre, dans la saga Final Night) et Kyle a gagné sa place au sein de la Justice League, même s'il continue à se sentir dans un costume trop large pour ses frêles épaules. Un jour qu'il vit une aventure hors du commun, dans un lointain futur, il est ramené dans le continuum espace temps avec une marge d'erreur de dix ans. Cette fois plongé dans le passé, il rencontre Hal Jordan, à ses débuts sous le masque vert, si jeune et si impétueux, encore si innocent. Les deux Green Lantern finissent par bien s'entendre, mais lorsque les gardiens renvoient Kyle à notre époque, un accident survient : Hal également est du voyage. Le voilà dans son futur, dix ans plus tard, là où il est décédé aux yeux de tous, après avoir traversé un long moment d'égarement et de destruction dans sa phase Parallax. Bonjour la confiance de ses anciens amis! De plus, il va lui falloir accepter de bien dures réalités : Green Arrow, son futur meilleur ami, est mort lui aussi, et c'est son fils, dont il ignorait l'existence, qui a repris le flambeau. Flash n'est plus Barry Allen, mais son neveu. Coast City, sa ville, a été rasée au zone dans un enfer nucléaire par Mongul et le Cyborg Superman. Comment Hal va t-il pouvoir intégrer toutes ces données sans perdre la tête? Et comment les autres héros de l'univers Dc vont accepter de voir revenir parmi eux cette figure légendaire, rajeunie, sortie tout droit de la tombe après avoir menacé la Terre  et la création entière? 

Difficile de garder Hal Jordan mort bien longtemps, quand son remplaçant, Kyle, ne parvient pas à gagner le coeur de tous les lecteurs, loin de là. Une idée pour associer les deux larrons est celle du jeu temporel. Ici ça fonctionne plutôt bien, et je dois dire que les réactions du Hal plus jeune, projeté dans son futur, sont intéressantes et assez bien racontées. On assiste à un combat vite remporté face à Kalibak, à la réunion de la Jla qui n'en croit pas ses yeux, à l'apparition même de Parallax, c'est à dire une autre version de Hal Jordan, pour un trio final à s'en donner la migraine, mais qui se lit bien. C'est Ron Marz qui officie au scénario, avec l'aide de Dixon sur deux numéros (ceux où Green Lantern et le nouvel Arrow font la paire, contre des terroristes écologistes). Par contre, le dessin n'est pas très soigné. Plusieurs artistes se relaient, de Paul Pelletier à Jeff Johnson, en passant par Dougie Braithwaite ou Darryl Banks. Souvent les expressions faciales, les visages, sont assez maladroits, comme lorsque Johnson, (mal) aidé par Anthony Williams, donne à Kyle une sorte de masque boursouflé, une grimace perpétuelle et disgracieuse (comme sa Wonder Woman, sur la pleine page de la Jla : elle est vraiment peu gâtée). Passée cette défaillance technique récurrente, l'ensemble de ce tpb permet de passer de bons moments de lecture, où on se rend vite compte que la vie de Rayner, à l'ombre du maître Jordan, n'a pas du être facile tous les mois. L'original ayant fini par revenir, cela va de soi.

Contient Green Lantern v2 99-106 et Green Arrow 136




SAGA : TOME 1 CHEZ URBAN COMICS

Le contenu :
Romance impossible et géo-politique de l'espace au menu de ce premier tome de Saga, la nouvelle série phare de Brian K.Vaughan, qui débute en ce mois de mars chez Urban Comics. Un récit qui s'ouvre par une naissance, abordée sur un ton très décalé. Mais qui vire au tragique. La petite, Hazel, est le fruit d'une union décriée. La maman s'appelle Alana, et elle vient de la planète Continent. Pas de chance, le papa, Marco, vient lui de Couronne, qui est en guerre avec le monde maternel. Romeo et Juliette dans le cosmos. Les deux tourtereaux sont des déserteurs qui refusent la logique du conflit inéluctable, et ils échappent de peu à la mort, avant de prendre la poudre d'escampette. Génétiquement parlant, la petite Hazel est aussi une rareté, et à ce titre a encore plus de prix : c'est une union unique entre les caractères de deux races qui ne devraient pourtant pas être en mesure de se reproduire ensemble. Elle possède d'ailleurs cornes et ailes, caractéristiques des deux parents. L'action va ensuite de déplacer sur d'autres mondes, afin que les ravages de la guerre n'amènent pas une destruction mutuelle entre Continent et Couronne ; que l'une des deux planètes viennent à succomber, et l'autre perdrait la stabilité nécessaire à son orbite. Du coup il y a un peu de tout dans Saga : une grande épopée cosmique qui se dessine, un discours social évident (jusqu'où va le droit à défendre ses propres Terres, ses propres origines? La frontière entre le terrorisme et le patriotisme est-elle aussi fine qu'un simple point de vue, selon l'angle de notre position?) mais aussi une touche de magie, étant donné les pouvoirs des habitants de Couronne. Un savoureux mélange qui fait mouche.

Notre avis :
Brian K.Vaughan revient sur le devant de la scène avec une nouvelle série promise à un bel avenir. Elle marche d'ailleurs assez fort en ce moment, dans les classements de vente. Une des clés de ce succès, c'est ce couple soudé et pourtant litigieux, avec une héroïne moderne et qui n'a pas froid aux yeux (Alana) et un consort plus pondéré et pacifiste, qui a fait le voeu de renoncer aux armes, au point de déchirer le cordon ombilical de son enfant avec les dents, pour ne pas avoir à sortir l'épée. La fille, Hazel, est la narratrice du récit, qui est donc un long retour vers le passé, une sorte de légende généalogique. Complexe et ambitieux, Saga est un titre qui mêle amour contrarié, enjeux politiques et manipulations stratégiques, pour créer un ensemble passionnant et plein de conviction. Les dessins de Fiona Staples sont assez agréables même si par moments un poil trop statiques. La colorisation est parfois aussi un peu plombée par des tons caca d'oie qui ne m'emballent pas plus que ça. Reste toutefois un niveau global (scénario et graphisme) de belle allure, qui peut même être recommandé à un public exigeant et avide de lecture adulte et mature. Le tout est publié chez Urban Comics, dans un fort joli album avec couverture rigide, pour une quinzaine d'euros. Un autre argument convaincant pour se laisser tenter par Saga, qu'on devine encore plus touffu et riche en rebondissements sur le long terme. 



LES MARVEL NOG'NZ : DES PETITS MONSTRES

Les lecteurs de comics sont aussi de grands enfants. Souvent, entre les figurines, en plomb ou en plastique, les trading cards, les bustes, ils trouvent le moyen de se ruiner au détriment de leur collection. Mais c'est ça aussi le plaisir, avoir comme des icônes ces héros de papier incarnés sur notre bureau ou l'étagère, pour le plaisir des yeux. Là, Marvel propose autre chose avec les Nog'nz. Ce sont de petits personnages, chargés en caractère et en attitude (dixit la Maison des Idées). Il y en a 45 différents, avec donc la possibilité de les collectionner, ou simplement d'y jouer puisque cinq jeux sont associés à ces étranges créatures. Pour en savoir plus, voici une vidéo réalisée pour The Freaking Geek reviews.





Ils sont tout petits, assez drôles, et parfaitement inutiles, ce qui est le must pour beaucoup de collectionneurs et d'amateurs. Les Nog'nz sont produits par Zag Toys. Et si Panini nous en offrait pour fêter l'arrivée de Marvel Now! en France? On peut toujours leur demander.

DAREDEVIL : THE BEST OF PAR GENE COLAN

Le maître de tous les dessinateurs chez Marvel, c'est Jack Kirby. Il faut entendre maître comme père putatif, celui qui a donné naissance a tout une génération d'adeptes, d'imitateurs, de petits génies qui ont su dépasser le géniteur, parfois. Son talent est indiscutable, et il a assuré avec réussite le gros du travail proposé par Stan Lee dans les années 60. A un rythme de travail assez fabuleux, il livrait un nombre de planches aussi rapidement que fiablement, une machine à dessiner. Parmi ceux qui peuvent prétendre au titre de dauphin officiel, nous trouvons Eugene Colan, mieux connu sous le sobriquet de Gene Colan. Reprenant le travail de Kirby, de manière moins fantasmagorique mais avec une attention particulière au dynamisme, dans un style sobre et qui joue merveilleusement avec les ombres, Colan va marquer de son empreinte de nombreux comics dans les années 60 et 70 surtout. Dans cet album, nous retrouvons quelques unes de ses prestations sur Daredevil, le justicier aveugle, également avocat le jour.

Dans ces aventures au coté rétro, les ennemis de DD sont d'improbables vilains qui se veulent souvent nouveaux maîtres du crime et de la pègre, et qui sont affublés de costumes bariolés, bien en phase avec le psychédélisme de l'époque et le mauvais goût polychrome de ces années là. On y compte entre autres le Hibou première manière, le Pitre ( un de mes préférés à l'époque ), le Cobra, ainsi que Mister Hyde. Nous avons tous en tête les dernières versions de certains de ces criminels, grâce à la prose de Bendis (dans un cycle déjà légendaire), mais c'est ici leurs ancêtres, manichéens et pathétiques dans leurs volontés inassouvies de domination, qui s'offrent à nos yeux. Une ambiance urbaine, avec des épisodes qui oscillent entre roman noir et histoire à l'eau de rose, avec la première rupture sentimentale entre Matt Murdock et sa fiancée Karen Page, qui ne supporte pas sa double existence. Matt finit par se consoler bien vite dans les bras de l'ex espionne soviétique, la Veuve Noire (qui est rousse, en fait. Mais bon, plus personne n'ignore son existence depuis que Scarlett Johanson lui a donné corps, et quel corps, au cinéma). Curieusement, dans ce très bel ouvrage patiné sobrement intitulé "Best of", nous ne lisons pas de moments inoubliables de DD, et les aventures sont déjà datées, avec des dialogues qui surjouent dans l'humour, pas toujours du meilleur goût. C'est toutefois une bonne occasion de revoir les crayons de Colan dans une de leurs meilleurs incarnations, lui qui nous a quitté après une longue maladie, en juin 2011. Voilà un tpb que nous conseillerons à tous les amateurs du "silver age" et aux nostalgiques du Daredevil première heure, même s'il ne contient finalement rien de vraiment capital dans l'existence de tête à cornes. Mais quels dessins, je vous jure!


Disponible sur Amazon.fr, Amazon.co.uk, thebookdepository.co.uk ICI

Daredevil : The Best of by Gene Colan. 


JLA VERSUS PREDATOR chez SOLEIL

Parfois, on tombe sur un comic-book bourrin ou très bas du front, dont le scénario ne brille pas dans son originalité, et qui est à notre média préféré ce qu'un plat micro-ondé de chez Lidl peut être à la gastronomie. C'est ce qui m'est arrivé encore cette semaine, avec l'album publié chez Soleil, intitulé JLA vs Predator. Ces derniers sont des chasseurs extra-terrestres lourdement armés et sans pitié, et ils ont déjà combattu, séparément, les plus grands héros de l'univers Dc. Des affrontements relatés dans d'autres publications Soleil, qui ont fait de ces fight une sorte de fond de commerce. On ne peut leur en vouloir, tant la domination sans partage de Panini, puis d'Urban, contraint les autres acteurs à festoyer avec les miettes du gâteau, c'est à dire "peanuts". 
Ici, les Predators sont encore plus dangereux que par le passé, car ils ont été transformés en Méta-Predators par un généticien venu du fin fond du cosmos, et dès leur arrivée dans la Tour de Garde, le Qg de la Justice League, en orbite autour de la Lune, la traque va commencer. Martian Manhunter, seul en service à ce moment crucial, se retrouve décapité. Par chance, son cerveau et ses organes vitaux ne se situent pas dans la tête, et il survivra après cette petite humiliation. Les membres de la JLA vont se diviser en plusieurs groupes, pour traquer et capturer les Predators en liberté sur notre planète. Mais ces version améliorées font de la résistance, et semblent s'adapter particulièrement bien aux pouvoirs respectifs de nos justiciers. Parviendront-ils à venir à bout de la menace du jour?
Le scénario de John Ostrander est le degré zéro de la subtilité. On est là pour le combat, la chasse, et pas pour faire du Shakespeare. Entre étalages de pouvoirs et bons vieux coups dans la figure, le menu n'offre rien d'autre. Les dessins sont de Graham Nolan et Randy Elliott. Et oui, on ne va pas déranger Finch ou Jim Lee pour un truc pareil. Du coup, sans être laides, les planches proposées n'ont guère de charisme, et manquent souverainement de caractère. Heureusement ça se lit vite, et ça s'oublie aussi vite. A ne pas mettre entre les mains d'un novice exigeant, pour le convaincre de la beauté de nos comic-books : il va vous rire au nez dès les premières pages. 



SEX #1 : LA REVIEW DU NOUVEAU TITRE DE JOE CASEY

Comment faire de l'audience le dimanche matin, quand on tient un blog? C'est facile : dès le titre de l'article du jour, afficher la couleur, la seule qui puisse vraiment charrier des flots de lecteurs curieux qui autrement ne seraient jamais venus. Le mot magique, SEX. Tout cela est possible grâce à Joe Casey, dont la nouvelle série vient de voir le jour, chez Image. C'est David Meyer qui s'est chargé le premier de le lire, et de vous donner son ressenti. Alors, c'est parti!

D'accord, d'accord, d'accord, d'accord, je vous l'accorde le titre est assez racoleur. Après quelques années pour le moins transparentes, un homme retourne dans la ville dans laquelle il était autrefois une sorte de justicier en collant. Autrefois, puisqu'aujourd'hui Simon Cooke a confié sa panoplie de héros à un cintre, suite à une promesse tenue. Je dois dire qu'en donnant ce titre à la caissière de la boutique, et aux vues des regards que me lançaient les gens, je ne m'attendais absolument pas à lire une histoire de super-héros.
La barrière qui sépare le plagiat de l'inspiration est en soi, assez fine. Le Watchmen du pauvre est scénarisé par Joe Casey et dessiné par Piotr Kowalski, à qui nous devons respectivement un vigilante à la retraite, et un dessin/ découpage/ colorisation old school - n'en déplaisent aux progressistes. Le lettrage est insupportablement illisible, et cette idée de repasser et encadrer certains mots sans aucun lien entre eux, de couleurs sans aucun lien entre elles, infernale. Mais revenons au titre en lui-même, qui ne sort absolument, mais alors absolument pas de nulle part. Je vous dis que le titre ne sort absolument pas de nulle part. La preuve, vous trouverez facilement vers la fin ce que j'appellerai "la scène de sexe pour la scène de sexe" - scène qui ne sort absolument pas de nulle part.
Si vous avez aimé Watchmen, alors vous n'aimerez forcément pas Sex #1. 

    David Meyer



Davis s'amuse à nous tenir sur des charbons ardents avec des allusions qui éveilleront votre curiosité. Sachez que en effet, si vous achetez ce titre pour le mot phare qu'il contient, et bien vous aurez droit à une belle scène hot. Pas hard. Et saphique, en plus, avec deux demoiselles pas farouches, un téton et une fente en gros plan. Le tout en parallèle avec un moment tragique de la vie du protagoniste, qu'il se rejoue intérieurement plutôt que de s'exciter. Bref, Sex, c'est assez énigmatique, pour le moment. 


WOLVERINE #1 : LA REVIEW

Vous connaissez un certain Monsieur Gregson, vous? Forcément, non. C'est juste un modeste agent immobilier, rien de plus. Sauf que d'entrée, notre bonhomme tient Wolverine en joue avec une arme ultra puissante, et qu'il s'est constitué un bon stock d'otages qu'il compte bien descendre froidement, y compris son propre fils, pris dans la mêlée. L'avantage avec notre mutant griffu, c'est qu'il guéri aussi vite qu'on lui fait rôtir le dos, du coup le voilà virtuellement increvable. Gregson contre Wolverine, les chances sont bien minces pour le premier cité, qui va goûter aux griffes acérées de l'ancien Serval. Attention toutefois au fiston. Peut être n'est-il pas la jeune victime innocente que vous pourriez croire, et pourrait-il mettre lui aussi en grande difficulté notre héros bestial. Tout cela, c'est Paul Cornell qui en décide, dans un scénario volontairement voilé (l'identité et le but véritable de la menace est encore tout à découvrir) qui place d'entrée Wolverine dans une de ces situations où on se dit que parfois les auteurs ont font un brin trop avec son pouvoir auto-guérisseur. Une touche d'humour aussi, dans ce grand début, avec un Wolvie tel que Dame nature l'a fait, devant des forces de police médusées, voire intriguées (une belle commissaire ne saurait résister au charme animal de Logan). Il faut aussi évoquer les dessins : c'est du Alan Davis, donc le trait est souple, bondissant, plastiquement bien propre. Wolverine est souvent à terre, arc-bouté, prêt à rugir, comme un homme de sa condition, presque simiesque, se devrait de l'être. C'est du comic-book sans grandes ambitions formelles, juste destiné à procurer un plaisir immédiat, et l'objectif est atteint relativement vite, avec une bonne dose d'action dès les premières cases. Voilà une série qui ne renouvellera en rien les codes du genre, mais qui sait parler au public qu'elle vise, et le flatter dans le sens du poil. Toutes les raisons de croire, donc, qu'elle devrait plutôt bien fonctionner dans les mois à venir. 


MARVEL SELECT : PLANÈTE HULK TOME 1

Le contenu:
Un jour ou l'autre, il fallait bien que cela arrive. Je veux dire : comment régler la question Hulk, quand le géant vert, même s'en forcément le vouloir, détruit un jour San Francisco, le lendemain en découd avec l'armée? La question épineuse a été au centre d'un long débat chez les Illuminati (groupe secret regroupant les plus éminents héros de la Terre) qui ont opté pour une conclusion discutable : l'exil. C'est ainsi qu'ils ont piégé Hulk avec de fausses bonnes intentions, et l'ont placé à bord d'une fusée en direction d'une paisible planète où il pourra se relaxer indéfiniment sans faire de mal à personne. Ce n'est pas du goût de Bruce Banner, d'autant plus qu'un incident survient en vol, et que l'atterrissage ne se fait plus sur l'Eden promis, mais sur un monde guerrier qui ne connaît que le bruit, la fureur et le sang, et où Hulk, d'entrée de jeu, et réduit en esclavage. Certes, à bien y repenser, il est illusoire de croire qu'on peut enchaîner une telle créature, et du reste, assez rapidement, le colosse de jade va se faire des amis, des compagnons d'arme, et soulever une véritable révolution (un Gladiator moderne venu d'outre-espace) qui va le placer sur le trône en compagnie de Caiera, qui va devenir sa reine et son amour de l'autre bout du cosmos. Dit comme ça c'est presque idyllique, et on pourrait penser que Hulk est enfin dans son élément et que la décision discutable des Illuminati lui a changé (en bien) la vie. C'est sans compter sans un drame final... Bienvenue sur la Planète Hulk, où ça castagne jour et nuit!

Notre avis :
Au départ, Planet Hulk ne devait être qu'un story-arc en quatre parties, pensé par Joe Quesada pour relier les aventures du personnage à Civil War. En fait, cela deviendra vite la plus longue saga du personnage, centrée autour de quatorze numéros divisés en quatre volets, et c'est Greg Pack qui va recevoir la patate chaude : mettre en scène ce monde guerrier, Sakaar, sur lequel Hulk va vivre des aventures qui nous rappellent vaguement la Rome Antique et les gladiateurs, sur fond de paysage extra-terrestre. La nouveauté pour le géant vert, c'est que sur Sakaar, d'autres combattants ont une force similaire, et qu'il peut enfin donner libre cours à toute la rage qu'il a combattu des années durant. Au contraire, c'est seulement en laissant exploser son vrai potentiel qu'il pourra survivre et gravir les échelons sociaux, au point de devoir déterminer son avenir, sa voie. Il y a de tout là-dedans : des homme-insectes, des robots, de la violence, des monstres, des vaisseaux spatiaux, une nature alien, bref, un vrai condensé d'aventure qui prend le lecteur par la main, et le guide à travers tout un macrocosme novateur et parfois déroutant, pour qui est habitué aux aventures plus classiques de Hulk. Mais c'est indiscutablement une réussite sur la longueur, un de ces récits qui marquent leur temps et que les passionnés du personnage ne peuvent pas ne pas avoir lu. D'autant plus que la conclusion explique ce qui va se dérouler ensuite dans World War Hulk, un grand event Marvel beaucoup moins convaincant. Pour les dessins, la prestation de Carlo Pagulayan, un philippin alors à son premier grand succès pour Marvel, est relativement bonne, avec une belle galerie de héros et guerriers saisissants et touchants, tous bien mis en scène, avec une lisibilité notable et une attention certaine à l'expression des sentiments des différents intervenants. Pensez juste à lire auparavant le Marvel Icons HS 5 qui présente l'exil de Hulk dans l'espace, et puis jetez vous sur cet album (tome 1, attention, il y en aura un second) qui fut autrefois publié dans le format Marvel Monster, sur du papier de qualité bien médiocre. 



SKOTTIE YOUNG ET LA MODE DES COVERS BABIES

Skottie Young est en passe de devenir un grand spécialiste. Il a trouvé le bon filon, et l'exploite à son maximum. En fait, il convient de rectifier : c'est aussi Marvel qui l'utilise à ces fins, et donc Skottie s'exécute, pour le plus grand bien de son compte en banque. Soyons honnêtes, pour ce qui me concerne : la plupart du temps je trouve ses covers très réussies, drôles, et je les accueille à bras ouverts. Certes, si dans un an ou deux il en est toujours à nous inonder de couvertures de la sorte, je finirai par tiquer et me demander si un renouvellement n'est pas salutaire, mais pour le moment, rien ne nous empêche d'en profiter. Une belle série des covers baby pour Marvel Now, voilà le petit cadeau de ce jeudi. Au passage merci à tous ceux qui en parallèle à ce blog sont aussi présents chaque jour sur la page Facebook. Plus de 600 membres cette semaine, ça fait très plaisir. Bonne journée!




























LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR

 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...