Les histoires de (nombreuses) Terres parallèles ont souvent été le péché mignon, mais aussi le talon d'Achille de Dc Comics. Au point de s'y perdre, de devoir tout effacer, pour ensuite recommencer. Depuis le reboot de septembre 2011, tout est à nouveau possible et à construire en ce sens. Du coup, c'est dans la série Earth 2 que les choses se (re)mettent en place, et c'est plutôt agréable.
Le scénariste a qui cette tâche a été confiée n'est autre que James Robinson, capable de pondre des récits sans grand intérêt, voire dispensable, ou au contraire de laisser une trace profonde, comme avec Starman, par exemple. C'est fort heureusement la seconde hypothèse qui s'avère être de mise aujourd'hui.
Sur Earth 2, la fameuse trilogie Dc est bien présente. Superman, Batman, et Wonder Woman. Mais la situation est des plus tragiques : les trois légendes tombent au champ de bataille, lors d'une invasion alien orchestrée par l'impitoyable Darkseid, venu en conquérant. Le monde est dévasté par les hordes d'Apokolips, et c'est un carnage incroyable. Tout ceci est censé s'être déroulé il y a cinq ans, tout comme dans l'univers Dc traditionnel, la formation de la Justice League remonte à cette période.
Dans cet univers là, le Dieu grec Mercure est responsable de la création de la nouvelle version de Flash (Jay Garrick), qui n'a que peu de rapport avec le vieux sage et pondéré que nous connaissions. Ici, il s'agit d'un jeune super-héros peu sur de lui et encore acerbe, qui vient de se faire larguer par sa copine et peine à trouver sa place. Il va rencontrer malgré lui le Green Lantern de Earth 2, Alan Scott, qui a défrayé la chronique l'an passé, au delà de la sphère restreinte des comics, pour son orientation sexuelle. Ce Alan Scott là est gay, et il est soumis à la perte tragique de son compagnon, avec qui il filait le parfait amour. Nous retrouvons aussi Hawkgirl, aux prises avec les forces de l'ordre, mais également Atom (Atom Smasher). Est de la partie Solomon Grundy, lié à l'esprit de la putréfaction, qui va donner du fil à retordre à tous ces héros.
Le talent de Robinson, c'est de savoir doser avec facilité le pathos et l'action, introduire les personnages en sachant les rendre attachants et touchants assez rapidement. On se prend très rapidement au jeu de qui est qui, et des sept différences. Par exemple, devinez un peu quel est le rôle de Helena Bertinelli, la Huntress de notre Terre? Elle endosse ici le costume de Robin. Le titre a aussi des accointances avec deux autres séries comme World's Finest (qui met en scène Power Girl dans un nouveau costume raté et moche) et Mister Terrific. Les héros qui traversent le récit sont contraints de s'unir à cause des événements, mais on se rend compte que l'alchimie n'est pas encore parfaite, et que ça manque sévèrement de cohésion.
Bonne idée d'avoir confié les dessins à Nicola Scott, qui présente des planches fluides et dynamiques, plastiquement fort jolies, toujours en mouvement et en souplesse. Avec en bonus de belles scènes très convaincantes et éloquentes de destruction et de morts, qui placent d'emblée le lecteur face à la tragédie qui a frappé cet univers parallèle où les meilleurs sont partis avec les honneurs. Une excellente mise en abîme de ce que nous pouvons lire depuis le reboot de la Justice League, de Johns et Lee, et un plaisir de constater que tous nos légendes du Golden Age ne sont pas mortes, mais vont pouvoir connaître une seconde jeunesse, en temps réel, sous nos yeux de lecteur moderne.
Urban Comics n'aura pas le choix, ce titre doit être publié en Vf. Par contre parlons de la cover du Tpb en anglais (regroupe les épisodes 1 à 6), qui a de quoi décevoir : pourquoi placer, encore et toujours, la sainte trilogie en couverture, sachant qu'elle se fait trucider dès le premier épisode? Mystères du marketing.
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