SECRET WARS : BATTLEWORLD BOX SET

Secret Wars (version 2015) n'a pas encore vraiment démarré, que déjà ça se bouscule pour faire fructifier l'événement, et récupérer un bon gros lot de dollars sonnants et trébuchants. C'est ainsi que les fans hardcore des Guerres Secrètes vont pouvoirs se délester de plusieurs centaines d'euros, avec ce coffret Boxset qui devrait éveiller votre curiosité. Plus de 3500 pages de lecture, avec au sommaire l'intégralité de Secret Wars, premières du nom, puis les secondes (que vous avez peut être oublié car elles furent de bien moindre facture), sans compter les tie-in et les titres dérivés. Le tout sera présenté dans un coffret comprenant 11 volumes en VO. 

On trouvera :
MARVEL SUPER HEROES SECRET WARS: TO BATTLEWORLD AND BACK PREMIERE HC
MARVEL SUPER HEROES SECRET WARS PREMIERE HC
THING: BATTLEWORLD PREMIERE HC
MARVEL SUPER HEROES SECRET WARS AFTERMATH PREMIERE HC
SECRET WARS II VOL. 1 PREMIERE HC
SECRET WARS II VOL. 2 PREMIERE HC
SECRET WARS II VOL. 3 PREMIERE HC
SECRET WARS II VOL. 4 PREMIERE HC
SECRET WAR PREMIERE HC
BEYOND THE SECRET WARS PREMIERE HC
MARVEL SUPER HEROES SECRET WARS: BEHIND THE SCENES PREMIERE HC



La Battleword Boxset sortira le 16 juin et elle est déjà en vente sur Amazon. Vous pouvez aller sur ce lien, à la différence d'autres sites mercantiles dont je tairais le nom, ici je ne prends pas de commission si vous vous laissez tenter. Et du coup je peux vous dire la vérité : c'est quand même cher, très cher, et je ne suis pas sur que ça soit si indispensable que ça, sauf si vraiment vous êtes le fan hardcore, qui dans ce cas sautera le pas. Bonnes lectures!




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OLDIES : X-MEN DIEU CREE, L'HOMME DETRUIT

Revenons aujourd'hui sur la genèse d'un des chef d'oeuvres de la longue carrière des X-Men, à savoir Dieu crée, l'homme détruit. Qui s'appuie sur les intuitions et le talent narratif d'un homme, Chris Claremont, capable de digérer et sublimer les intentions initiales de Stan Lee, pour tisser des trames complexes et à tiroirs, et mettre en scène des héros à la personnalité en évolution permanente. Une de ses marottes permet de faire des X-Men une série pas comme les autres : le concept de l'hystérie anti-mutants, qui lui permet d'écrire quelques unes de ses pages les plus pertinentes. Episode après épisode, nous avons l'impression que la tension entre l'homo sapiens sapiens et les porteurs du gène X ne fait qu'être exacerbée, au point que l'humanité cherche toutes les parades possibles pour contrer la menace mutante, qu'elle perçoit comme l'engeance génétique ultime. Le Massacre mutant (extermination des Morlocks), Inferno, le procès de Magneto, ont contribué à rendre Claremont légendaire, et grand démiurge du comic-book moderne. Qui eut l'idée (comme Miller ou Moore) d'utiliser le format différent du Graphic Novel, pour pousser d'avantage encore la reflexion, et aboutir à une conclusion aussi effrayante que réaliste, et destinée à un public plus mur et exigeant que celui du lecteur moyen de fascicules mensuels, comme peut l'être Uncanny X-Men. God Love Man Kills est toujours considérée aujourd'hui comme une oeuvre majeure, au point que le second film dédié aux mutants s'en inspire largement. Claremont creuse avec sagacité le thème du racisme envers l'homo superior comme jamais encore il n'avait osé le faire, ouvrant la porte à l'avalanche de morts et de destruction qui suivra dès lors dans le titre Uncanny X-Men. Ce racisme là, cette chasse aux mutants, c'est bien sur celle que connaît l'Amérique, chaque jour, contre ses minorités noires, hispaniques, gays, contre celles et ceux qui ne se fondent pas dans un moule rassurant, mais présentent une différence visible qui génère la peur, et l'incompréhension. 

Le révérend Stryker est un exemple édifiant de ces prêcheurs qui sous le gouvernement Reagan contribuent à rendre l'Amérique une terre de méfiance et d'intolérance, défendant à bras le corps la bien-pensance et le confort illusoire d'une caste wasp dominante. Convaincu d'agir au nom de Dieu, il engage une croisade contre les mutants qui risque d'avoir des conséquences désastreuses. Effarés, les X-Men ne peuvent qu'assister impuissants à cette montée du fanatisme. S'il est relativement aisé de montrer ses muscles et de frapper les criminels, comment lutter efficacement contre les préjugés raciaux, quand ceux-ci s'enracinent chaque jour davantage? Le public réagit, et on assiste à des agressions, des meurtres, qui n'épargnent pas même femmes et enfants. La menace est si grave que les X-Men et Magneto se retrouvent du même coté de la barrière, pour mettre fin à une situation intolérable et incontrôlable; c'est également un des premiers signes de l'évolution du personnage du maître du magnétisme, vers une complexité caractérielle évidente. A travers une critique âpre et intelligente de toutes formes de préjugés, et une analyse politique sommaire mais pertinente, Claremont écrit des textes et des dialogues poignants qui continuent aujourd'hui encore à faire de cet album une référence totale en matière de comic-books lucides et réalistes. L'hydre a de multiples têtes, du cynisme des politiciens qui utilisent les peurs et la haine comme réservoir de voix, aux citoyens lambda qui cherchent un bouc émissaire (les immigrés, les marginaux) pour justifier leur propre apathie et leurs propres limites. Sans oublier le fanatisme religieux, excuse idéale pour perpétrer les plus basses besognes. God Love Man Kills est truffé de moments de bravoure, comme lorsque Kitty Pride trouve les ressources morales pour aller défier Stryker, ou les tourments de Magneto, sans oublier un Scott Summers qui s'affirme progressivement comme le chef indiscutable des mutants, qu'il est appelé à devenir. Brent Anderson dessine l'ensemble sous forte influence (Neal Adams) et s'en sort particulièrement bien, pour ce qui est de la mise en page, de l'utilisation des ombres, et de la perspective. A vouloir chicaner, son trait sera plus précis et agréable sur des oeuvres futures. Malheureusement la version proposée par Panini (fin 2013, dans la collection Graphic Novel) est épuisée et se négocie à des prix pas toujours raisonnables. En attendant la réédition, vous avez aussi la possibilité de vous rabattre sur un vieil album des X-Men (le n°3 de la série, en 1984 chez Lug) à dénicher d'occasion sur un forum ou dans une brocante. Une aventure qui vient nous rappeler à quel point les comic-books peuvent être intelligents, et constituer un admirable miroir de notre société si fragile et prompte à jeter l'enfant avec l'eau du bain. 



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SUPERIOR (DE MILLAR & YU) REVIENT DANS UN ALBUM INTEGRALE

Il parait que c'est Stan Lee qui a mis la puce à l'oreille de Mark Millar. A propos de son travail sur les plus grands héros Marvel, Stan The Man aurait eu cette remarque envers son cadet : Pourquoi ne pas les inventer de toutes pièces, ces héros; ne pas créer les tiens, qui te soient propres? C'est ce que Mark a fait, avec une réussite variable, sous l'étiquette Millar's world. Cette fois, il s'agit de Superior, qui a droit à une édition Deluxe après avoir été saucissonné en son temps en deux fines tranches chez Panini, comme ce fut le cas pour Kick-Ass, si on reste dans les oeuvres de Millar. Si je me suis dirigé à l'origine vers cette histoire un peu à reculons, je fais tout de suite mon mea culpa : il s'agit d'un vrai récit enthousiasmant, truffé de petites scènes touchantes ou drôles, pleinement réussi. On a l'impression de relire une de ces aventures fondatrices de l'âge d'or ou d'argent, quand naissaient régulièrement des personnages tous plus étonnants les uns que les autres, dans des conditions étranges et vraiment naïves, mais que le sense of wonder du lecteur avait tôt fait d'avaler comme une couleuvre savoureuse. Du coup, place à Simon Pooni, un jeune collégien avec toute la vie devant lui (il brille même au basket, à son école) jusqu'au jour où la tragédie frappe à sa porte, sous la forme d'une sclérose en plaques foudroyante. Désormais condamné au fauteuil roulant et privé de presque tous ses amis (il ne subsiste plus que Chris pour lui tenir compagnie), il se console au cinéma, devant de bons gros movies pour geeks comme Superior 5, le dernier en date d'une franchise qui accumule les dollars, et met en scène son super héros favori, une sortie de copie carbone de Superman emballé dans un costume moulant écarlate. Un quotidien tristement banal, jusqu'à ce qu'un soir, tout bascule...

Simon reçoit la visite d'un curieux petit singe de l'espace qui parle, venu exaucer son voeu le plus cher. Du coup, le garçon se transforme en son modèle super-héroïque, pouvoirs compris. C'est ainsi qu'il peut voler, est doté de rayons calorifiques, d'une super vision, d'une force herculéenne, d'un souffle réfrigérant. La découverte de ces dons, l'entraînement pour savoir les maîtriser, tout cela est narré avec un naturel et un charme fou qui font des premiers chapitres de Superior un pur moment de plaisir. La naïveté de Simon, épaulé par son pote Chris, est une réussite quasi parfaite à mettre au crédit d'un Millar inspiré, qui insuffle beaucoup d'émotions dans son nouveau héros, en évitant les travers du pathos exagéré (le pauvre handicapé qui transcende sa condition, ce n'est pas pour cette fois). Toutefois, un tel cadeau pourrait bien avoir un prix. Déjà, on se rend vite compte que le gentil singe ne l'est pas tant que ça, et qui sait ce qu'il se produira lorsqu'il reviendra, au bout d'une semaine d'absence, pour révéler à Simon ce qu'il n'a pas pu ou voulu lui dire sur le moment... Le lecteur lui jubile, car tout semble s'agencer avec grâce. De la disparition du petit et la réaction des parents, à l'utilisation des pouvoirs de Superior, de la journaliste aux dents longues qui chasse le scoop (une Loïs Lane sans scrupules) au potentiel grand ennemi tapi dans l'ombre (et qui va en sortir avec fracas!), je n'ai quasiment vu que du positif dans ce réjouissant  Superior, que je recommande très chaudement. D'autant plus que Yu est au meilleur de sa forme pour ce qui est du dessin. A coté des planches qu'il livre ici, Secret Invasion ou les New Avengers semblent vraiment fadasses. C'est racé, presque sculpté dans la page, esthétiquement remarquable. Les scènes d'action explosent et sautent au visage, et les moments intimistes sont convaincants, voire poignants. Vous pouvez offrir ce volume à n'importe lequel de vos amis qui ne connaît pas grand chose à l'univers Marvel ou Dc, ce Superior se suffit amplement à lui même, et constitue une des deux trois oeuvres les plus abouties de Mark Millar. 


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CINE FRIDAY : FANTASTIC FOUR (THE 1994 MOVIE)




Quand on est pressés par le temps et qu'on souhaite conserver les droits de certains personnages à être adaptés au cinéma, on peut faire de grosses bêtises. En 1994 est ainsi produit ce film des 4 Fantastiques, qui l'insu des acteurs présents, n'avait jamais été prévu pour une véritable sortie physique en salle. Le spécialiste Roger Corman, et Bernd Eichinger (qui produira le film de 2005 en partie) sont les artisans de ce long métrage au budget ultra réduit, comme en témoigne la scène de la découverte des pouvoirs, digne des pires heures de l'actors studio, dans des tenues en papier aluminium. La Chose est effrayante et en plastique durci, tandis que la Torche a vraiment une tête de loser des années 80. Sue s'en sort avec les honneurs, même si elle est loin d'être aussi séduisante et décidée que dans le comic-books. Le pire restant les effets spéciaux lorsque Johnny s'enflamme. Je vous défie de ne pas rire. Si vous n'avez jamais vu ce film, avec des héros dans un pyjama moulant en latex bleu, c'est le moment ou jamais. Payez vous-en une bonne tranche!


SOUTHERN BASTARDS TOME 1 : ICI REPOSE UN HOMME

Je ne sais pas quelles idées vous avez pu vous faire du sud de l'Amérique, mais vous avez probablement en tête une région assez reculée et à la mentalité triviale et arriérée. Les ploucs, avec un relent de racisme assumé. Je n'exagère pas, c'est ce que pensent pas mal d'américains, c'est un peu également ce que confirme Jason Latour, un des deux artistes engagés sur cette nouvelle série, Southern Bastards (Image Comics). Il l'affirme dans l'introduction de ce premier volume, chez Urban Comics, tout en admettant son attachement et son amour viscéral pour cette partie des States. Un premier tome qui mêle récit familial, chronique d'un sud criminel, et football (américain), tout cela dans le même titre. Le protagoniste de l'histoire est un certain Earl Tubb, qui a grandi au beau milieu de nulle part, dans le petit village pas très accueillant de Craw County. S'il est parti depuis des décennies, il doit aujourd'hui supporter un bref come-back, le temps de faire des cartons pour vider l'ancienne maison familiale désormais inoccupée puisque l'oncle a mis les voiles pour la maison de retraite. Le père, ancien shériff et particulièrement doué pour user de sa batte de base-ball (pas seulement pour le sport mais aussi pour distribuer des coups) est enterré dans le jardin depuis quarante ans, et un arbre a poussé au dessus de la tombe. Earl est confronté, dès son retour en ville, à toutes les raisons qui font qu'il a fui cet enfer de jeunesse. Lorsqu'il décide de manger un morceau dans le snack local, son repas se transforme en une baston improvisée avec les petites frappes du coin, qui semblent obéir à un certain "coach", en rapport avec l'équipe de football du conté. Car il ne faut pas être un détective hors-pair pour comprendre que ce mystérieux entraîneur, dont les paroles font office de loi à Craw County, doit cacher certains secrets peu ragoutants, dont il vaut mieux ne pas parler en public.

Jason Aaron réussit la petite prouesse de nous enchanter, de captiver notre attention, avec cette chronique acerbe et caniculaire où tous les défauts les plus pathologiques des coins les plus reculés du sud se manifestent de manière éclatante. Il y a finalement assez peu de dialogues et pas de didascalies, et les personnages de ce drame intimiste sont tous introduits aussi rapidement qu'efficacement. Jason Latour sort un travail remarquable, adoptant plutôt les canons de la Bd européennes, pour des cases en apparences simplistes mais toujours animées d'une puissance évocatrice évidente. Chaque détail est à sa place, des panneaux à caractère religieux placés à l'entrée de la ville en contraste avec un chien errant qui fait ses besoins, à l'épitaphe sur la tombe du père (Ici repose un Homme, au relent machiste évident) qui est aussi un héritage lourd de sens pour Earl, contraint malgré lui de vivre à l'ombre du paternel, de manière figurée mais aussi tangible (avec l'arbre qui orne la tombe, et qu'il ne parvient pas à abattre quand l'envie lui prend). La violence brutale et les cicatrices familiales mal refermées laissent suinter une infection purulente et dérangeante de ce Southern Bastards, qui avance vite et avec assurance vers un horizon encore inconnu, nimbé de secrets, de non dits, de mystères. Un microcosme idéal pour ce western moderne où le protagoniste est obligé de marcher dans les pas de celui dont il a toujours voulu s'affranchir, pour enfin découvrir qui il est vraiment. La bêtise et l'absurdité ne l'empêcheront pas de se perdre inexorablement, au sud de nulle part, une batte de base-ball à la main. Une série à découvrir, absolument. 


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CHRONONAUTS #1 (Mark Millar & Sean Murphy) : LA REVIEW

Nous y voici. Une banale histoire de science-fiction, classique, ou bien une oeuvre formidable, qui mérite amplement l'adaptation au cinéma, comme il semblerait que ce soit déjà en bonne voie, grâce à Universal? Libre à vous de lire et de vous faire votre idée, mais Mark Millar ressemble de plus en plus à ces collégiens qui parviennent à décrocher la moyenne en rendant des devoirs corrects mais sans grand investissement et sans trop travailler. Ici il nous raconte une histoire de voyage dans le temps, avec un binôme fort sympathique, mais caricatural, deux scientifiques du nom de Corbin Quinn et Danny Reilly, que tout oppose, de la couleur des cheveux au caractère, en passant par la vie sentimentale, mais qui font pourtant flotter comme un parfum de "bromance" dans cette mini série en quatre volets, publiée chez Image. Les deux compères parviennent à diffuser des images de la Guerre Civile américaine en direct à la télévision. Façon de parler vu que ce sont des événements d'un passé lointain. Encouragés par ces résultats extraordinaires, ils décident de remonter le temps jusqu'en 1492, an de grâce de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb. Mais l'escapade sera fatale, et rien ne se passe comme prévu. A partir de là la série va pouvoir exploser, se divertir, nous surprendre (souhaitons le) mais ce sera le menu des prochains numéros. Pour le moment Chrononauts se laisse lire agréablement, ne mentons pas. Mais avec cette certitude d'avoir déjà lu, déjà vu tout cela quelque part, à plusieurs reprises. Un titre qui a l'odeur et les prétentions d'un blockbuster, qui soigne ses effets (spéciaux) et connaît par coeur les codes du genre pour toucher le plus grand nombre. Mais qui ne s'embarrasse pas non plus d'un fond novateur et très travaillé. Coté dessin vous serez en bonne compagnie, puisque Murphy et Hollingsworth (The Wake) sont à nouveau réunis, et quand on sait le talent des deux bonhommes, inutile de vous dire que les planches sont visuellement réjouissantes. Chrononauts a tout pour plaire au premier instant, mais risque aussi de vite s'oublier, si le scénario n'apportera pas son lot de belles surprises et d'idées folles les mois prochains. Pour le moment c'est trop convenu et lisse, même si qualifier la série de plantage serait grandement exagéré. Avec Millar et Murphy, exigeons la Lune, sachons ne pas nous contenter. 


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DC HEROES : LES POSTERS MINIMALISTES

Trouvés un peu au hasard de recherches sur Internet, voici quelques posters "minimalistes" des plus grands héros de l'univers Dc. Superman, Batman, Flash, Wonder Woman, et Green Lantern, sont à l'honneur dans ces oeuvres simples mais efficaces, que je verrais bien trôner dans un salon, à coté d'une bibliothèque fournie en comic-books de la distinguée concurrence. Pas de liens publicitaires, bien sur, comme c'est la règle sur ce blog, juste le plaisir de les admirer ce mardi. 







ORIGINAL SIN EXTRA 2 : HULK Vs IRON MAN

La mode actuelle est au révisionnisme historique. La ret-con. A savoir plonger dans des épisodes passés de l'univers Marvel, et y dévoiler un élément jusque là inconnu des lecteurs, qui change complètement la donne et permet de bouleverser ce qu'ils tenaient jusqu'alors pour acquis. Original Sin est un véritable coffre à jouets en ce sens. Il s'agit d'une saga qui sort des canons habituels, et ressemble davantage à un polar super-héroïque, articulé autour d'une enquête pour homicide. Pas n'importe quel meurtre, puisque la victime n'est autre que Uatu, le Gardien, dépositaire de l'intégralité des secrets intimes de tous ces personnages qui animent l'univers Marvel. Du haut de sa base lunaire, il a tout vu et tout enregistré. Lorsque le criminel Orb laisse exploser un de ses globes oculaires et que s'en échappe une longue série de révélations, nous voyons certains héros si bouleversés qu'ils quittent le combat, ou entrent dans une rage folle. C'est ainsi que nait ce récit qui unit à double fil les parcours de Bruce Banner et Tony Stark. Ce dernier étant un inventeur formidable, longtemps spécialisé dans les armes en tous genres, il est assez naturel de penser qu'il a pu mettre les mains dans le projet d'une bombe gamma. C'est leur déontologie, et une vision différente du monde, qui les séparaient à l'époque de leur rencontre. Bruce était un idéaliste introverti, et Tony un homme à femmes égocentrique et frimeur, habitué à dilapider ses ressources pour mener une belle vie. Malgré une estime réciproque basée sur un savoir scientifique hors-norme, ces deux là ont vite fini par apprendre à se repousser, et à entrer en compétition. La question est : de quelle manière Stark a t-il pu se mêler au projet de Banner, à son insu, et en quelle mesure est-il responsable de la naissance de Hulk? La réponse se trouve dans cette mini-série en quatre parties que Panini propose en intégralité et en une seule fois, dans les pages de Original Sin Extra 2.

Bruce voulait le progrès de la science pour guérir des maladies, pour apporter la paix, alors que Tony affirmait la nécessité de s'armer, d'acquérir de la puissance, pour prévenir des conflits majeurs. Points de vue divergents. Mark Waid et Kieron Gillen insistent sur le double paradoxe de ces deux fortes personnalités, qui abritent sous les apparences de grandes fragilités, de nombreuses failles. L'orgueil et le besoin de reconnaissance, de s'affirmer sur le concurrent, le rival, est la sève de ce face à face où chacun essaie de trouver un palliatif pour masquer ses manquements, que ce soit plonger dans l'alcool, ou laisser libre cours à la colère brute. Bien entendu, tout ceci ne manquera pas d'avoir des répercussions sur le temps présent, et portera inévitablement le colosse de jade à affronter son collègue en armure, pour un choc titanesque qui réjouira ceux qui l'attendent au cinéma, dans le tout prochain Avengers : Age of Ultron. C'est spectaculaire, on y voit du Hulkbuster, des dégâts, de la testostérone au litre, sous les outils d'un Mark Bagley qui connaît ses ouailles sur le bout des crayons. Ses planches sont spectaculaires, et il parvient à nous convaincre aussi bien avec la musculature imposante de Hulk qu'avec les trouvailles technologiques d'Iron Man. Nous trouvons aussi le trait de Luke Ross, plus statique et réaliste, mais aussi agréable. Mention (très) bien pour Panini qui nous offre l'intégralité de cette mini série dans un hors-série kiosque, au prix raisonnable. Il s'agit là d'un des moments clés concernant les récits collatéraux liés à Original Sin, nous ne saurions donc que recommander l'achat à ceux qui suivent et apprécient la saga de Jason Aaron. 

VERTIGO DELUXE : THE WAKE De Scott Snyder et Sean Murphy

Les premières pages de The Wake sonnent comme une sombre prémonition. 200 ans dans le futur, et il ne reste des Etats-Unis que des terres dévastées par des raz de marées. La planète a été en partie engloutie. Comment en sommes-nous arrivés là? La réponse sera livrée tout du long de ce récit divisé en deux parties. La première, dans le présent, est centrée autour d'une biologiste marine, Lee Archer, que le gouvernement réquisitionne pour s'occuper d'un cas étrange, l'émission d'un signal non identifié en eaux profondes. Mais ceci n'est qu'un prétexte, car en réalité Lee se retrouve 300 pieds sous la calotte glaciaire en compagnies d'autres spécialistes, face à une surprenante et effrayante découverte : une créature marine, à mi chemin entre la sirène et le requin, qui a été capturée par l'armée. Le problème est que cette chimère est des plus féroces, et qu'elle a des pouvoirs redoutables, comme la capacité de provoquer des hallucinations chez qui entre en contact avec les sécrétions de ses glandes lacrymales. Et plus terrible encore, elle est loin d'être la seule de son espèce. C'est par milliers que ses semblables attaquent la base sous-marine, jusqu'à ce qu'intervienne un monstre, un colosse, le rois de ces "poissons" humains, qui sonne le glas pour l'équipe d'investigation. La seconde partie, elle , est située dans le futur, à cette époque où le littoral de toutes les terres émergées a reculé, sous l'action de ces sirois, comme on appelle désormais les créatures. Cet univers apocalyptique ressemble à celui de Mad Max, avec en lieu et place du désert l'océan qui a repris ses droits. Nous y suivons les évolutions de Leeward (et son dauphin affublé d'un harnais à ultra-sons), jeune rebelle qu'on devine de la lignée de Lee Archer, qui désespère de capter sur les ondes courtes un hypothétique message radio annonçant un possible salut. Ce que les forces gouvernementales interdisent formellement, depuis la Tour de Glace, siège de l'Etat et des plus grandes réserves en eau potable de ce qui subsiste des Etats-Unis. Un message qui fatalement finit par être diffusé, et entendu...

The Wake donne l'opportunité à Snyder de dérouler le mantra de toutes ses obsessions thématiques. Il joue avec l'histoire, la science, la science-fiction, usant d'hypothèses et de lacunes pour créer sa propre interprétation des faits, et donner un autre sens à la vie, la notre, en tant qu'espèce, de nos origines à notre lointain futur. Est-ce pour autant un chef d'oeuvre? Le scénariste n'en commet pas moins certaines fautes, comme celle de présenter des personnages parfois caricaturaux ou peu approfondis (la jeune rebelle casse-cou, le militaire obtus, le chasseur qui ne rate pas sa cible...), ou lorsqu'il dépeint un univers post-apocalyptique et aquatique, sans prendre le temps (en dix épisodes, l'avait-il vraiment? C'est une autre histoire...) de le crédibiliser en nous le laissant explorer plus en profondeur. Je n'ai pas non plus apprécié les dernières planches, et les élucubrations mystico-scientifiques à base de sécrétions lacrymales, qui restent vraiment confuses et difficiles à avaler. Mais Snyder a un atour de maître dans sa manche : le dessinateur qui l'accompagne dans cette aventure. Bon sang, Sean Murphy est tout simplement exceptionnel! Si sur Punk Rock Jesus l'utilisation du noir et blanc avait permis l'obtention d'un chef d'oeuvre nerveux et expressif, les couleurs de Matt Hollingsworth subliment ici davantage les crayonnés ultra détaillés et jamais banals d'un artiste en voie de consécration absolue. Murphy est aujourd'hui la synthèse de Portacio, Jae Lee et de l'influence du manga, et ce qu'il fait tourne depuis quelques mois déjà à la démonstration totale. D'autant plus qu'il faut bien le dire, Urban Comics ne se fiche pas du monde, mais propose une édition somptueuse que les américains nous envieront. Papier glacé, hardcover, bonus appréciés et appréciables en fin d'ouvrage, tout est fait pour vous donner envie de craquer et de ramener The Wake dans votre bédéthèque. Si j'ai encore quelques réserves pour le fond de ces dix épisodes récompensés par deux Eisner Ewards aux States, je n'en ai aucune sur la forme. Un régal visuel de bout en bout. 


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CINE FRIDAY : DOCTOR STRANGE (THE MOVIE - 1978)

Séance cinéma ce vendredi, avec un vieux film qui remonte à 1978. A l'époque la technologie ne permettait pas les prouesses de notre époque, alors ne vous attendez pas à un Doctor Strange digne des Marvel Studios actuels. Ce long métrage (en fait un téléfilm) est écrit et dirigé par Philip DeGuere (auteur de nombreux épisodes de séries américaines), et devait servir également de "pilote" pour une éventuelle série à suivre. Stan Lee a joué un rôle de consultant, dans cette pellicule où tout, des musiques sirupeuses aux effets sonores ultra datés (et je ne parle pas du look de Stephen Strange ou des tours de passe-passe...) fleure bon les seventies faits à la maison. Le bon docteur y est joué par Peter Hooten, dont la carrière est fort médiocre, avec en point d'orgue un duo avec Bo Derek dans le film Femme, en 1981. Si vous regardez la vidéo jusqu'au bout, vous êtes un vrai fan hardcore du Docteur Strange!




OLDIES : DAREDEVIL THE MAN WITHOUT FEAR

Que vous soyez un novice, ou un lecteur expérimenté, ce récit est fait pour vous. Partons à la découverte de Matt Murdock, gamin en liberté dans les ruelles de Hell's Kitchen. La famille est importante, et défaillante, avec la mère décédée et le père, Jack Battlin' Mudock, vieux boxeur sur le retour et à la carrière cahotique. Ce dernier fait de son mieux pour assurer au fiston une éducation digne et un avenir brillant. Pas question qu'il aille en découdre avec les autres trublions du quartier, où qu'il néglige les études. Matt doit travailler dur à l'école, et plus tard il sera avocat, homme de loi talentueux, et respectera les règles de notre société pour établir la justice. Ce n'est pas avec les poings qu'on vient à bout des problèmes, mais avec la loi. Du coup le garçon est un peu la risée des autres, dans la cour de récré, et sa noblesse d'âme ne lui est guère profitable le jour où il se jette devant un camion fou pour sauver la vie d'un vieillard qui traverse sans regarder. La cargaison du véhicule est toxique et a des répercussions inattendues sur Matt. Il perd la vue, mais les radiations qui l'ont privé de ses yeux augmentent également de manière exponentielle et surnaturelle ses autres sens. Il peut dorénavant entendre, sentir, comme jamais personne personne avant lui. Plus fascinant, il se retrouve doté d'une sorte de sens radar, qui lui permet de s'orienter et appréhender son environnement avec encore plus de sûreté e de précision que s'il pouvait faire usage de la vue. Un tel potentiel a de quoi déboussoler à jamais la victime, qui va patiemment apprendre, au contact quotidien du vieux senseï Stick, à canaliser et exploiter ces particularités, qui deviennent ainsi des dons fabuleux. Si pour Matt une nouvelle existence commence à se dessiner, pour le père les choses vont de mal en pis. Les récents succès inespérés obtenus sur le ring ne sont en fait qu'un froid calcul d'organisateurs véreux, qui lui demandent de se coucher le jour de la grande rencontre décisive. L'exact contraire de ce que le boxeur a toujours voulu inculquer à son gamin. Ne jamais baisser les bras, ne jamais se résigner, vivre la tête haute. Quitte à en payer le prix, aussi lourd soit-il.

C'est dans la tragédie que se forgent les vrais héros, comme le savent les lecteurs de comic-books. Matt Murdock n'échappe pas à la règle, puisque déjà privé de la vue le voici désormais orphelin, et pour une première épreuve d'envergure chargé de venger le paternel assassiné. Dans Man without Fear, nous apprenons également à connaître la belle Elektra Natchos, fille de diplomate grec, pour qui Matt craque rapidement. Les deux ont une histoire d'amour enflammée et problématique, qu'ils vont consumer dans l'excès et la hâte, car là encore rien n'est simple, rien n'est limpide, et le drame se cache toujours dans les plis du récit.  Frank Miller, encore loin de devenir le bourrin réactionnaire qu'il s'autorise à être depuis des années, n'en oublie pas que les années de formation, ce ne sont pas uniquement celles de l'enfance, ou de la découverte et maîtrise des pouvoirs, mais aussi celles des sentiments qui s'éveillent, et marqueront à jamais la carrière d'un justicier qui collectionne depuis ses débuts les conquêtes féminines. Un point commun à (presque) toutes : elles finissent par rencontrer une fin tragique, et leurs existences sont happées par le tourbillon malsain qu'est le quotidien de Daredevil. Miller présente ici un héros en devenir, seul, incompris, qui cherche refuge dans le mensonge (sa double identité est restée secrète si longtemps, même de son meilleur ami et associé), la passion, ou les études. Un homme complexe dont les activités diurnes visent à faire triompher la loi et la justice avec de brillantes plaidoiries, tandis que les activités nocturnes le rapprochent d'un vigilante aux méthodes plus nuancées. De la prime enfance à l'héroïsme, un parcours humain brillant, jamais banal, crédible et touchant. Du grand art à coup sur, qui plus est magnifié par ce qui est une des deux ou trois meilleures prestations de la carrière de Romita Jr. Tout y est : la cadrage, l'inventivité, le dynamisme, le trait aussi réaliste que suggestif. Comme cette superbe double page avec un Daredevil en costume, bondissant sur les toits, croqué dans cinq positions différentes, mordant New-York à pleines dents. La genèse d'un des personnages les plus attachants de l'univers Marvel, à (re)lire bien vite avant d'aborder la série à venir, sur Netflix, qui semble s'inspirer de cette oeuvre (le costume sommaire, noir, qu'endosse Matt à sa première sortie pour ne pas être reconnu, par exemple). En anglais on résume ça en un seul mot : Masterpiece
La Vf est disponible chez Semic, dans les deux albums Top Bd 35 et 36 (1994), ou bien chez Bethy (un album datant de 1997). Plus récemment dans l'Omnibus (Panini) Daredevil de 2009. 


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HOWARD THE DUCK #1 : LA REVIEW (COIN! COIN!)

Chip Zdarsky et Joe Quinones ressuscitent un personnage très attendu par une fanbase qui n'a pas oublié ses aventures décalées et souvent drôles, dans les années soixante-dix. Si vous vous souvenez de la scène cachée au terme du générique de Guardians of the Galaxy, vous comprenez que Howard était destiné à rentrer par la grande porte. La liaison avec le film se fait ici avec la dernière planche de ce premier numéro, qui joue autrement sur le registre de la comédie, en récupérant des éléments qui font écho à la série historique du canard (Spider-Man est la guest-star de luxe de ce #1, avec un gag hilarant lorsqu'il échoue à secourir Howard, et se voit rongé par la culpabilité). Le protagoniste est d'emblée inséré avec aisance dans l'univers Marvel, comme si sa présence coulait de source, sans surprendre personne. Howard est en prison, et il est rapidement relâché, en compagnie d'une spécialiste du tatouage (Tara) avec qui il se lie d'amitié, et qui va devenir sa comparse pour les enquêtes à venir, de manière informelle. Car oui, si vous l'ignorez, Howard the Duck est un privé, avec la gabardine et le feutre mou. Un duck-tective qui s'invite aux cotés d'une certaine Jennifer Walters (Miss Hulk), et qui reçoit une première mission plus périlleuse qu'il ne semble : récupérer un pendentif volé par Felicia Hardy, la Chatte Noire, quitte à jouer les monte en l'air au domicile de la cambrioleuse. Ceux qui lisent aussi Amazing Spider-Man savent que Felicia a durci le ton, et il ne fait pas bon de se frotter à elle en ce moment. D'autant plus qu'Howard est recherché, par des forces qui ne sont pas de notre planète, et qui ont retrouvé sa trace. Ce titre est écrit en respectant certains des canons établis par Steve Gerber, tout en restant suffisamment moderne et ancré dans le Marvelverse pour donner envie au néophyte de passage de jeter un oeil. A titre personnel, j'ai juste un peu de mal avec les dessins de Quinones, qui ne sont pas mauvais, mais trop statiques. Ils sont toutefois en accord avec le ton de cette série, caustique et pétillante, qui parait avoir trouvé le ton juste pour réussir son démarrage. A suivre donc avec intérêt. 


AVENGERS AGE OF ULTRON : FAN MADE POSTERS

Avengers : Age of Ultron. Nous y sommes presque. Une attente spasmodique pour certains, au point que les fans aussi ont le talent pour faire monter la pression et livrer leurs propres versions de ces teaser, ou ces affiches censés claironner au quatre vents l'arrivée dans les salles du nouveau film des Avengers. Quelques exemples fan-made ce mardi, juste pour le plaisir et pour patienter. 







GREEN LANTERN TOME 4 : LE PREMIER LANTERN

La Troisième armée, au service des Gardiens, a été vaincu, et le petit monde des Green Lantern pourrait bien s'accorder une pause pour souffler, ce serait compréhensible. Que nenni! Une nouvelle menace est déjà dans la place, en la personne du premier Lantern, un certain Volthoom, dont nous ne savions pas grand chose jusque là, en dehors du nom, qu'il était prisonnier des Gardiens, et qu'il détenait une puissance incommensurable (qui servait d'alimentateur pour la Troisième Armée, rien que ça). Comme on peut s'y attendre, une détention longue de nombreux millénaires n'a pas rendu l'individu très aimable, et à peine libre, il va pouvoir se déchaîner, au détriment des Lanternes Vertes, et tout spécialement Guy Gardner et Kyle Rayner, les deux premières victimes désignées, qui vont être plongés dans des instants cruciaux de leurs passés respectifs, puis projetés dans des sortes de scénarios parallèles; un avant goût de comment auraient pu se dérouler leurs existences en d'autres circonstances. Car Volthoom a ce pouvoir : il peut modifier la trame de l'espace et du temps, la plier à son bon vouloir, et il semble bien décidé à se servir de cette faculté. Si pour l'instant il se nourrit des émotions de ses victimes, on imagine son grand plan plus ambitieux et terrible encore. Simon Baz est quand à lui occupé face à Black Hand, mais ne devrait pas tarder à faire la connaissance du Premier Lantern. Le monde des Green Lantern est ainsi structuré qu'il parvient toujours à faire dans la surenchère. Quand on croit avoir eu à faire à la menace la plus terrible pour le cosmos, on déchante, et en voici une nouvelle. Quand aux Gardiens d'Oa, on se prend à penser qu'ils n'ont jamais rien été d'autre qu'une bande de petits nazis de l'espace, qui finiront pas recevoir un juste châtiment.

Et c'est le clap de fin pour le run de Geoff Johns. Inutile de se voiler la face, plus rien ne sera pareil après son passage, et le niveau qualitatif global des séries cosmiques de Dc va s'en ressentir. Johns a réintroduit Hal Jordan en grandes pompes, relancé Sinestro et son Yellow Corp comme antagoniste de poids, déclenché la Blackest Night où toutes les couleurs du spectre ont été confronté aux armées de la mort de Nekron. Il a convoqué la troisième armée, puis enfin le premier Lantern. Avec lui, l'inventivité et l'inspiration ont été de mise, depuis des années, même si sur la fin on sentait que le scénariste avait un peu moins de verve et commençait à jouer sur la redite. Ainsi l'action est prédominante, et les scènes fortes masquent quelque peu un sentiment de banalité qui risque de s'installer devant des chocs titanesques trop répétitifs. Plusieurs dessinateurs sont présents dans cet album, car plusieurs séries y sont proposées. Nettement au dessus des autres, signalons Doug Mahnke, et surtout Ivan Reis, qui est devenu, à mon humble avis, un des trois ou quatre meilleurs artistes qui officient en ce moment chez la distinguée concurrence. Ainsi s'achève donc le règne de Johns, qui cède le relai à Robert Venditti, le même qui fut chargé du grand retour de X-O Manowar chez Valiant, où il est vrai, il lui suffisait de respecter une trame déjà définie à l'avance (c'était un reboot, et il devait avant tout reprendre et moderniser des choses déjà écrites). A défaut d'être le feu d'artifice du siècle, on lira avec sympathie les ultimes pétards du sieur Geoff. 


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SUPERIOR IRON MAN : LA LOI DU MARCHE ET LE CYNISME ECONOMIQUE

N'ayant aucune envie de vous spoiler (même en partie) le déroulement de la saga Axis, qui va démarrer en Vf dans quelques semaines, je me contenterais donc de vous dire que le Tony Stark que nous découvrons, dans la série Superior Iron Man, n'a pas les idées et l'esprit très clairs. Du coup, nous avons là une version plus cynique et froidement calculatrice du play-boy milliardaire que tout ce que nous avons pu lire auparavant. Ce n'est pas peu dire, tant ces dernières années le personnage a été traité comme un héros à la morale parfois discutable. Cette fois, c'est pire. Bien pire. Tony a mis au point une nouvelle application pour smartphone, dérivée de la technologie Extremis. Vous la téléchargez gratuitement sur votre portable Stark, puis elle s'occupe du reste : voici la population de San Francisco transformée en êtres parfaits, au physique de rêve; tout le monde peut devenir une bimbo droit sortie de Hollywood ou un culturiste au regard de braise. Bien sur, si vous êtes habitués au monde impitoyable de l'économie de marché, vous comprendrez vite que passée ce qu'on nomme la période d'essai, certains logiciels bien utiles peuvent se révéler coûteux, et susceptibles de vous ruiner. Stark tient ainsi les utilisateurs sous sa coupe : s'ils veulent retrouver ce moment de rêve illusoire garanti par l'application, il va falloir passer à la caisse, et souscrire un abonnement. Au passage, les tarifs sont exorbitants. Rien n'arrête ce Tony Stark là, qui traite les être humains comme des marchandises, pas même Daredevil, le super-héros aveugle, qui s'est depuis peu installé dans le coin et va rendre une visite à son d'ordinaire allié, pour comprendre ce qui se trame. Comme vous le savez, lui aussi souffre d'un handicap, que l'application saurait guérir. Une tentation à exploiter, un point faible sur lequel appuyer?

Disons le franchement, je suis enthousiasmé et convaincu par la direction que prend ce titre, écrit par Tom Taylor. Tony Stark est plus arrogant que jamais, et il est juste qu'il en soit ainsi. Certes, il y a des raisons objectives, que j'ai choisi de taire pour ne pas gâcher la surprise, mais c'est aussi un joli portrait de ce qu'est le capitalisme sauvage aujourd'hui : avec l'argent, tout s'achète et se vend, et l'art de créer des besoins qui n'existaient pas auparavant, et qui deviennent rapidement de véritables dépendances pour lesquelles des millions de personnes acceptent de s'endetter, est une triste réalité. C'est de tout cela dont il est question dans Superior Iron Man. Un monde mercantile qui se soumet devant des idoles illusoires, qui accepte la génuflexion face au Dieu dollar pour une existence sur papier glacé, un cauchemar moderne. Le dessin est confié à Yildiray Cinar, plus habitué à réaliser des couvertures, et qui n'a pas encore la maîtrise et l'inventivité nécessaires pour briller sur un grand titre Marvel. Certes, son style simple et clair a le mérite d'être lisible, et comme nous sommes en plein comic-book mainstream, ce n'est pas désagréable, mais il manque cette pointe d'audace, de folie, d'âme, qui est la marque des artistes avec un A Majuscule. Le numéro 5 est d'ailleurs illustré par Laura Braga, qui le remplace le temps d'une vingtaine de pages, et c'est plus carré, plus maîtrisé, si vous voulez mon humble avis. Qu'à cela ne tienne, Superior Iron Man est globalement une bonne surprise. C'est probablement la version la plus intelligente et cohérente de tous les héros dont le quotidien va être bouleversé durant Axis. Vous découvrirez cette série en Vf au printemps, dans le numéro 1 d'une nouvelle revue Panini, Avengers Now, qui remplacera Avengers Universe, mais aussi Iron Man, qui s'arrête définitivement. 


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(PREVIEW) SECRET WARS : GIANT-SIZE LITTLE MARVEL AVX #1 (De Skottie Young)

Vous pensiez savoir déjà tout ce qu'il faut savoir sur Secret Wars? Et bien depuis quelques jours Marvel a annoncé que outre les versions de nos héros, de toutes les ères et espace-temps possibles, il faudra aussi compter sur les babies versions. Ceux de Skottie Young, bien entendu. Ce seront eux, les héros qui animeront GIANT-SIZE LITTLE MARVEL: AVX #1. En gros, les mini Cyclope, Wolverine, Captain America et Thor vont en découdre, à leur manière, sur la planète du Battleword. Les premières pages sont prêtes à vous être montrées, et on peut déjà parier que ce sera un (petit) succès. 
Du coup je pose la question directement à Panini : A quand un artbook avec les meilleures covers de Skottie Young? Vous voulez parier sur le succès d'un tel ouvrage, au moment des fêtes, par exemple? En tous les cas, nombre de lecteurs vivraient ça comme un bon cadeau. Si vous nous entendez...




BATMAN ETERNAL : TOME 1

Dc Comics a une marotte particulière, ces dernières années : produire des séries à un rythme hebdomadaire, plutôt que mensuel. Depuis Infinite Crisis : 52, c'est même devenu une pratique courante. Cette fois, c'est l'univers de Gotham qui a droit à ce projet, avec Batman : Eternal, dont le premier tome est édité en Vf chez Urban. La première impression (positive) que nous retirons de l'ensemble est liée au fait que nombre de personnages plébiscités par les lecteurs sont de la fete, du Pingouin à Catwoman, de Batgirl au Red Hood . Cette histoire s'ouvre sur ce qui apparaît à l'évidence comme un complot ourdi contre le commissaire Gordon. Ce dernier est en mission dans les égouts de la ville, contre les malfrats du Dr Pyg, et il est épaulé, comme souvent, par Batman. Mais lorsque les criminels prennent la fuite et se séparent pour faire perdre leurs traces, Jim Gordon n'a d'autre choix que de tirer, pour désarmer l'homme qu'il avait choisi de poursuivre. Bien mal lui en prend car la balle, à défaut d'atteindre sa cible, va provoquer une catastrophe d'une ampleur apocalyptique dans le métro de Gotham. Une tragédie encore plus cruelle quand les vidéos de surveillance démentent le policier, en prouvant que le malfaiteur n'était pas armé! C'est la bavure inexplicable, et il y a trop de morts pour fermer les yeux. Gordon est ainsi destitué de son rang, et c'est la prison qui l'attend, outre une opprobre qu'on devine éternelle. Batman ne laisse pas tomber pour autant son vieil allié et se propose de le tirer d'affaire en élucidant ce qui parait être une machination aussi complexe qu'incompréhensible, à ce stade de l'enquête. Seule certitude, le nouveau commissaire par intérim est un pourri qui a un concept corrompu de son métier et de la justice, d'autant plus qu'il est au service d'un revenant, d'une des grandes figures de la pègre de Gotham, le légendaire romain, Don Carmine Falcone. Un come-back qui tombe à pic, et soulève de nouvelles interrogations. 


Bien sur, pour accomplir un tel tour de force, hors de question de dépendre d'un homme seul, ou d'une équipe restreinte. C'est un pool d'auteurs qui se relaient au chevet de Batman Eternal, pour produire un récit qui avance  à ce rythme hebdomadaire. Les grands artisans sont Scott Snyder et James Tynion IV, qui s'occupe de la trame et du scénario proprement dit. Ils plongent Gotham dans une nouvelle guerre des gangs, où chaque camp passe à l'offensive puis doit subir les rétorsions des adversaires, alors que ce sont les innocents qui risquent le plus d'en pâtir, sans négliger que dans l'ombre, une tierce-partie tire les ficelles bien à l'abri...Le dessin est réparti entre un grand nombre d'intervenants, et cela peut nuire à l'unité de l'ensemble. Le meilleur de ceux qui prêtent leurs crayons à Eternal est probablement Jason Fabok, en charge des trois premiers épisodes. Dans la veine d'un Finch ou un Jim Lee, son style sombre et réaliste convient comme un gant à Gotham. Nous trouvons aussi Peter N'Guyen, Mikel Janin, ou encore Guillem March, pour citer les artistes les plus influents. Ian Bertram signe un numéro en fort décalage artistique avec les autres, avec des planches caricaturales et torturées, qui surprend et probablement attirera d'inévitables critiques pas forcément infondées. Certains renâcleront devant l'inéluctable dilution de l'intrigue (on avance à pas mesurés, sans se presser...) ou face à une énième série consacrée à Batman et sa "famille "(la vingtième en ce moment?) alors que tous les titres un tant soi peu novateurs et audacieux sont effacés ou déprogrammés au bout de dix/quinze mois de parution. Accès de frilosité de Dc Comics, ou signe que les lecteurs préfèrent toujours qu'on leur donne la becquée, pris dans leur majorité? En tous les cas l'édition Vf, chez Urban, est tout sauf un larcin. Treize épisodes pour une grosse vingtaine d'euros et des poussières, voilà un argument qui va en faveur d'un investissement dans cette nouvelle longue saga aux couleurs du Dark Knight. 



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