THE PUNISHER : CERCLE DE SANG (LA PREMIERE MINI SERIE EN MARVEL BEST OF)

Le héros du moment chez Marvel, c'est le Punisher, avec une série chez Netflix qui semble susciter l'adhésion des fans. On revient donc aujourd'hui sur la première véritable histoire écrite sur le personnage, une mini série que l'on doit au tandem Steven Grant et Mike Zeck.
Le meilleur moyen de tester le potentiel d’un personnage, avant de se lancer dans un mensuel on going  déficitaire, c’est  donc de lui consacrer une mini série, le temps de prendre le pouls du lectorat. En ce sens Cercle de sang, le premier vrai récit du Punisher lancé en janvier 1986, est particulièrement réussi. Prévue initialement en quatre parties, il est in extrémis prolongé à cinq, devant l’ampleur du succès et la nécessité de donner au scénariste l’espace vital minimum pour développer tout son scénario. Annoncé en couverture comme one of four dès le premier volet, le cinquième numéro est lui gratifié d’un five of five de dernière minute. Ce premier jet sera à la base du succès monstre du personnage, que l’ère des temps, et une certaine radicalisation diffuse de la violence avaient fini par rendre inéluctable. Frank Castle y fait des premiers pas en solo pas toujours très bien affirmés, ou définis, mais qui le porteront très loin. On le retrouve dès la première planche prisonnier du quartier de haute sécurité de Ryker’s Island, mais pas du tout intimidé. Pour lui, la prison, c’est pratiquement un gymnase idéal pour s’entrainer sur les pauvres codétenus qui ont la malchance de croiser son regard. Tous les autres malfrats ont pour le coup l’impression d’être piégés, enfermés avec ce justicier implacable, qui désire transformer son compagnon de cellule en animal domestique et obéissant, dès la première nuit ! Parmi les autres détenus, nous trouvons toute une ribambelle de pourris de premier ordre, des matons corrompus, et même le célèbre Puzzle ou Mosaïque selon la traduction du moment, Jigsaw en Vo. Ce dernier a eu le visage horriblement mutilé en passant à travers une verrière, suite à un affrontement avec Castle. Il règne en petit despote sur une partie de la prison de Ryker’s mais va bien vite déchanter ! Autre pointure en détention, la caricature mafieuse Carlo Cervello (dit le Cerveau, c’est très original tout ça) et son sicaire dévoué du nom de Grégario. Prévoyant de s’évader bien vite de l’enfer carcéral, ils impliquent le Punisher dans le projet, pour mieux le poignarder dans le dos. Mais tout ce plan finit par tomber à l’eau, et la mutinerie terminée, notre héros se retrouve dans le bureau du directeur, non pas pour y subir une peine atroce et attendue, mais pour apprendre l’existence de la Trust, une association de citoyens dits responsables, qui désirent nettoyer la société de la lie qui la ronge. Pour venir à bout de ces parasites, il faut donc pactiser avec le diable, et Castle semble être l’homme de la situation pour ces ronds de cuir machiavéliques, qui lui rendent la liberté dans le but d’en faire un de leurs pions. Ce qui sera vite impossible, lorsque notre justicier se rendra compte que les méthodes employées mettant en grand péril la vie de tas d’innocents, et s’émancipent de toutes valeurs morales. Le Punisher massacre à tour de bras, mais rien ne peut lui ôter son éthique professionnelle…

A l’époque, le Punisher n’a pas encore de définition caractérielle définitive. On le voit par exemple tomber bêtement dans les filets d’une belle asiatique qui l’enjôle avec ses caresses  (et plus…) et le conforte dans son choix de bosser pour la Trust. Comment Castle a-t-il pu être aveugle à ce point, et ne pas flairer le danger, se dira l’habitué des sagas de Garth Ennis? Idem quand il règle ses combats à mains nues, en poussant un cri de ninja ou de karatéka, là où aujourd’hui il enfoncerait certainement un bon coup de genoux dans les parties intimes ou la mâchoire. Coté crayonnés aussi, notre Punisher 86 a encore de la marge. Mike Zeck en fait un justicier d’âge mur et qui laisse trop transparaître ses émotions violentes ( la surprise, la consternation… ) à la limite de la caricature. Certes, il n'a pas son pareil pour le faire bondir, s'enfuir, vibrer, tel un animal savage dans une jungle de béton. Et quelle maestria dans le jeu des ombres, sur les corps. 
Le scénario de Steven Grant tient globalement bien la route, et il fait abstraction des origines du personnage ; seuls quelques renvois dans les pensées intimes nous ramènent au Viet-Nam, mais le novice en la matière n’en apprendra guère sur le passé du Punisher. Par contre, il a l’intelligence de doter Castle d’une certaine logique destructive, en le poussant à monter les gangs les uns contre les autres, et à développer ce concept d’organisation, de respect du chef qui fédère, et donc d’une élimination systémique et presque mathématique du problème mafieux. Cotés dialogues et couleurs, il faudra bien entendu tenir compte de l’époque, pour comprendre et justifier certaines naïvetés lexicales, une certaine logorrhée ampoulée et des tons empruntés aux trips sous Lsd. Mais à une époque où le Punisher est entré par la grande porte dans la plupart des bédéthèques qui se respectent, et où une série télévisée cartonne, un tel document sur sa genèse a une valeur évidente, et l’album édité par Panini, dans la collection «Best of Marvel» possède une vraie classe, avec cette jolie cover cartonnée qui nous fait rentrer de plein pied dans l’ambiance de la série. Sans être indispensable si on est peu attiré par le Punisher, voilà un volume qui saura en séduire plus d’un parmi les amateurs de gros flingues et de lutte mafieuse, ou simplement de comics vintage. 



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DEADPOOL VERSUS THE PUNISHER : DEADPOOL HORS SERIE 3

Depuis que la popularité de Deadpool est telle qu'elle permet au mercenaire disert de vendre plus de copies que la plupart de ses compagnons d'aventures, Marvel a multiplié les séries dans laquelle Wade Wilson fait équipe (ou veut éliminer) avec un autre héros bankable. Quand ce n'est pas qu'il veut purement et simplement trucider tout l'univers Marvel!
Ici, Deadpool se frotte au Punisher. Heureusement pour lui qu'il possède un bon facteur auto guérisseur, car Frank Castle est lourdement armé et il sait se servir de son matériel. Fred Van Lente parvient à éveiller notre attention en évitant le piège de la vulgarité à chaque page, et de l'action complètement saugrenue. Il tente de bien mettre en opposition les deux personnages, et écrit un scénario où il est tout d'abord question d'un certain mister Banks "The Bank", richissime rentier qui finance les opérations de Deadpool, lui propose de juteux contrats, et s'avère être son (prétendu) ami. Le multimilliardaire est dans le collimateur de Castle qui a des informations sur son compte, le poussant à passer à l'action. Mais quand le Punisher s'introduit dans la villa de sa cible, c'est pour y trouver plus d'opposition que prévu, et un certain Deadpool qui était dans les parages. Et surtout, la situation dérape totalement quand une bombe fait exploser le bateau avec lequel tentait de s'échapper Mariana, l'épouse de Banks, et son enfant.
Dès lors les rebondissements s'enchaînent, avec la révélation sur ce qui est réellement arrivé à la femme et son fils (je vous laisse le découvrir si vous acheter la revue), et la connivence loufoque et conflictuelle entre le Punisher et Deadpool, ponctuée en fin d'épisodes par un running gag cruel, voir le mercenaire se faire exploser la cervelle, perdant au passage quelques souvenirs, et n'ayant plus trop les idées claires (s'il les a déjà eues...)
Pere Perez s'avère un choix judicieux pour illustrer ces épisodes. Il a un trait nerveux et énergique, et une attention notable aux expressions faciales des personnages, parvenant ainsi à offrir une synthèse idéale entre l'aspect poisseux et gritty des aventures de Castle, et le besoin évident d'arrondir les angles et de se la jouer cartoony avec Wilson. Le récit est bien entendu centré avant tout sur l'action, et le dessinateur espagnol colle bien à l'ambiance, assurant le show sans fausse note. 
Ce hors série n'est bien sûr qu'une récréation, une bouffée de fun dopée aux calibres du Punisher, qui n'a d'autres ambitions que d'associer deux pointures de chez Marvel, et de voir les étincelles jaillir. A moins de six euros en kiosque on peut donc forcément avoir envie de se laisser tenter. 



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JIM SHOOTER ET MARVEL COMICS : LOVE TO HATE YOU

Dans les années 70 et 80, Jim Shooter, alors enfant prodige du monde des comics américains, s'était retrouvé propulsé au poste enviable d'éditeur en chef, le neuvième du nom, chez Marvel, pour un règne controversé à distance. Shooter (qui a commencé à rédiger ses scénarios à 14 ans) a aussi eu la même responsabilité chez Valiant. C'est donc en connaissance de cause qu'il peut s'exprimer sur ce qui se produit en ce moment chez la Maison des Idées, ce qu'il ne s'est pas privé de faire au site AIPT.

Je pense qu'ils ont oublié le business dans lequel ils sont impliqués. Il y a des talents exceptionnels en circulation, quand on feuillette les fascicules les images sont incroyables. Parfois ils ne racontent pas l'histoire comme il le faudrait, parfois ils le font uniquement en projetant de vendre des pages dans des conventions comics et ne pensent pas à la meilleure manière de narrer l'histoire. Je ne peux pas justifier une grande partie de ce qui est écrit. Vous avez des auteurs brillants comme Mark Waid, qui font des choses grandioses, mais la grande partie de ce qu'ils écrivent est sous le signe du storytelling décompressé.
Pour raconter une histoire que Stan Lee aurait produite en six pages, il leur faut six mois. Regardez les comics, ils coûtent 4 dollars pièce et ils sont bien heureux quand ils en vendent 30 000 unités. Quand j'étais chez Marvel, nous avions 75 titres et aucun ne vendait en dessous de 100 000 copies, c'était un autre monde. Les X-Men avoisinaient les 750 000, et je ne parle pas de numéros spéciaux, c'était la règle chaque mois, les gens n'allaient pas faire la chasse juste pour quelques couvertures spéciales.
Nous avons fait une variant cover une seule fois, pour le mariage de Spider-Man, car on ne parvenait pas à se décider sur qui placer dans le fond de l'image, les civils ou les vilains et les héros de la série? Alors on a fait les deux, et on ne connaissait même pas le terme de variant cover, on ne faisait pas ça pour le marketing. Aujourd'hui vous avez énormément de variant, des tas d'artifices, et les gens demandent : Quel conseils pourriez vous donner? Et bien raconte une histoire, une bonne, raconte la bien!



Au sujet de Secret Empire, Shooter sort la mitrailleuse:

Captain America un nazi? Alors là Jack Kirby doit se retourner dans sa tombe. Joe Simon sortira de la sienne pour tuer ces personnes. C'est une erreur car contraire à l'intention même des origines du personnage.
Quand j'étais petit, j'étais impatient de savoir ce qui allait arriver à Spider-Man le mois suivant. Je me fichais de savoir si la couverture était en relief, ce qui ne se produisait pas d'ailleurs. Tout reposait sur mon amour pour le personnage, et si tu sautes un album, sans que ça les dérange, c'est perdu pour eux. Il faut comprendre que tu construis une relation. Stan Lee a poussé la chose plus loin en créant une relation entre les auteurs, tout le monde sentait que Stan était un ami, il y avait des gamins qui lui envoyaient des lettres naïves avec des confessions comme "J'ai fait ceci, cela, je suis méchant..." Quand tu te sens investi, c'est gagné. Autrement, peu importe les couvertures en relief ou spéciales.
Les supérieurs hiérarchiques me disaient : pourquoi ne pas abaisser le prix des titres qui vendent le moins, et augmenter un peu celui des X-Men, par exemple? Mais un prix assez bas pour intéresser les gens qui ne le sont pas, ça n'existe pas! Et si vous augmentez le prix pour les X-Men, les lecteurs vont se sentir trahis, ce sera terrible. Au moins c'est une bataille que j'ai gagnée.

Vous êtes de l'opinion de Jim Shooter? Vous pensez que Marvel se perd dans une production accessoire au détriment de l'essentiel? 
N'hésitez pas à nous donner votre opinion ici, ou bien sûr sur notre page Facebook. Et rappelez vous demain mercredi 29 novembre à 17 heures, à l'auditorium de la bibliothèque Louis Nucéra de Nice, la conférence Marvel Comics, pour faire le point sur ce qui se passe chez Spidey et compagnie, dans les comics et au cinéma. On vous y attend nombreux.


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CAPTAIN AMERICA SAM WILSON TOME 1 : LE NOUVEAU CAPTAIN DE NICK SPENCER

Le nouveau et différent Captain America n'est pas très nouveau, et certainement pas différent. Puisqu'il s'agit de Sam Wilson (un choix logique pour ce rôle, qui s'inscrit d'autant plus dans la politique de diversité promue par Marvel), défenseur de la patrie et porte-parole d'une vaste communauté, celle des sans-voix, et que plus personne n'écoute. En Amérique il faut faire très attention. La politique ne se divise pas à une séparation entre partis de gauche ou de droite, ces notions sont étrangères au véritable esprit des Etats-Unis, qui par tradition et culture prônent en général l'individualisme et le mythe du self made man au détriment d'une solidarité étatique rassurante. Il suffit de voir les difficultés rencontrées par le président Obama pour mettre en place un service de soins gratuits pour tous. Aider le plus faible et encadrer les initiatives privées pour favoriser le bien public, c'est souvent être taxé de "communisme" latent, autrement dit une des pires tares qu'un américain moyen peut posséder dans son Adn. C'est ce qui arrive à Sam Wilson quand il se décide à agir, non plus sous le mandat du Shield mais à travers des initiatives privées, en écoutant et répondant aux doléances personnelles des américains. La nouveauté ici est donc à chercher dans le discours politique, dans l'approche de la résolution des problèmes du pays, car le reste est assez basique. Il suffit de voir comment Nick Spencer introduit le premier numéro : un énième affrontement entre Captain America et l'Hydra, saupoudré d'humour et d'une longue mise en place des choses, par ellipses et bons mots (une conversation sympathique entre Sam et deux jeunes voyageurs dans un avion, qui le reconnaissent et s'extasient). L'humour qui sait aussi parfois se faire corrosif, notamment lorsque les Fils du Serpent (que vous allez retrouver à la frontière mexicaine) abordent les activités des Avengers et remettent en cause leur pertinence, ou lorsque Spencer nous montre les mesquines préoccupations des américains qui contactent Sam Wilson pour des litiges forts triviaux et égoïstes. Plus que pour l'aspect super-héroïque, Spencer brille lorsqu'il brosse le portrait d'un pays qui a connu des jours meilleurs, et semble se perdre dans ses contradictions. 

Spencer n'oublie pas non plus de nous montrer la dualité entre Steve Rogers et Sam Wilson. Ces deux-là n'en sont pas à se déchirer, ils restent fondamentalement d'accord et sont de vrais amis. Mais les méthodes divergent, et nous vivons une époque où les apparences sont importantes, et où il faut soigner son image. Sam est le héros du peuple, plus que de l'état, et le prisme déformant des réseaux sociaux ne renvoie pas une image fidèle de son travail, de ses motivations, des conséquences. 
Dans ce premier tome, nous retrouvons aussi Misty Knight et D-Man, qui commencent à oeuvrer aux cotés de Sam. La menace des Fils du serpent est l'occasion d'un commentaire pertinent sur la politique, qui se double ensuite de clins d'oeils sympathiques à l'histoire de la série, quand Captain America devient momentanément un loup-garou, dans le laboratoire du savant dingue Karl Malus (avec un nom pareil...).
C'est Daniel Acuna qui magnifie ces épisodes, avec un dessin vraiment efficace, et très suggestif. Les vignettes sont expressives, travaillent particulièrement bien les textures et les juxtapositions de couleurs, et offrent un petit coté rétro qui est très agréable à l'oeil. Passé le premier arc narratif, c'est notre gloire nationale Paul Renaud qui prend le relai, dans un style plus classique et posé, mais toujours aussi souple et respectueux de l'esprit Marvel comme on l'aime depuis nos premières lectures lug/Semic. Voici un artiste qui porte en lui une notion d'héritage évidente, et qui le perpétue avec classe. Il illustre des épisodes où la Société du Serpent se rachète (pour de faux) une conduite, et entre dans le grand monde du capitalisme débridée, où tout est prétexte à faire fortune. Et où fait son entrée sur scène celui qui est appelé à devenir le nouveau side-kick de Sam Wilson, ou simplement le Faucon, version 2.0
Bref, si certains ont fait la fine bouche devant ces aventures différentes de Captain America, elles ont toute notre attention et notre adhésion. 



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THE PUNISHER : RIVIERE DE SANG (MARVEL BEST OF)

On revient aujourd'hui sur du bon vieux Punisher. Brut de décoffrage, viril, violent. Ombrageux et efficace. Bref, du Punisher mis en scène par Joe Kubert, avec les textes de Dixon. Ce fut publié par Panini en Marvel Best of. Des souvenirs?
Le trafic d'héroïne n'est pas des plus simples et des plus lucratifs à mettre en place, pour les criminels désireux de devenir barons de la drogue. Mais lorsqu'une bonne affaire se présente à lui, Randy Kwoc (un homme d'affaire vietnamien des plus véreux) ne fait pas la fine bouche, et il accepte de rencontrer et de s'associer avec la mafia russe, emmenée par un certain Vikady. Ce qu'il ignore, c'est qu'il fait déjà l'objet d'une surveillance serrée de la part du Punisher, qui fait irruption au moment crucial où le contrat semble se dessiner. Surprise : Castle n'est pas seul, puisqu'un mystérieux tireur ouvre le feu et trucide en quelques minutes une bonne partie de l'assistance. Dragunov, c'est de lui qu'il s'agit, est une montagne ambulante, armé jusqu'aux dents, et lui aussi a un passé fait de douleurs et de pertes, et il est venue de sa Russie natale jusqu'aux States pour coincer et trucider Vikady. Du coup, les deux justiciers, poussés par des intérêts communs et un goût prononcé pour les solutions radicales, vont unir leur force pour venir à bout de leur griefs personnels, et du trafic d'héroïne en cours. Quitte à prendre le chemin du Proche-Orient et de la Russie pour assouvir une vengeance qu'on devine sanglante.

Cette Rivière de Sang risque de déconcerter plus d'un lecteur. Je pense à ceux qui du Punisher ne connaissent et n'apprécient que l'humour froid et cynique de Ennis, ou n'ont lu que le récent run de Jason Aaron. Voire l'ont aimé sur Netflix avec la série. Ici nous sommes au beau milieu des années 90, lorsque le justicier expéditif avait trois séries mensuelles à son nom, dont la dernière née, Punisher:War Zone. Cet album reprend six numéros consécutifs (en 1994) scénarisés par Chuck Dixon, un des artistes les plus crédibles lorsqu'il s'agit de parler de gangs, de guerres, de poudre et de règlements de compte. Ce fervent républicain fut un des artisans majeurs de la réussite du Punisher à cette époque, où Castle vivait des aventures noires et violentes, sans esquisser un sourire : ça descend du criminel et du trafiquant au kilomètre, sans une blague pour détendre l'atmosphère. Sauf de rares situations cocasses, comme lorsque Frank se retrouve avec Dragunov, dans un numéro de bon flic/mauvais flic, pour soutirer des renseignements, ou dans certaines interactions entre l'américain et le russe, et leur façon d'envisager la résolution des conflits. Aux crayons, Joe Kubert est une légende (dont nous saluons la mémoire). Mais ici, c'est du Kubert pressé d'en finir, qui ne fignole pas ses planches, qui rend un travail expressionniste, tourmenté, où les silhouettes massives et trapues cachent des fonds de cases inexpressifs, laissant la parole à la force brute, presque animale, qui se dégage de toutes les scènes d'action du récit. Le Punisher ressemble à un gros boxeur teigneux, antipathique et sans concession. Attention, je ne dis pas que c'est laid, ou raté. C'est juste un style sans fioriture, agressif, crade, qui pourrait dérouter les lecteurs plus récents du Punisher. Il vaut mieux également, pour bien apprécier cet album, se rappeler qui est Microchip, l'informaticien confident et aide de camp de Frank Castle (accessoirement présent avec brio dans la série sur Netflix), mais aussi avoir quelques notions sur le délitement de l'Union Soviétique et l'Afghanistan, pour la crédibilité de l'intrigue. Au final, une petite saga hors de son temps, que je ne m'attendais pas à voir un jour traduite en français, sans prévenir. Peut-être reste t-il un peu d'espoir pour d'autres aventures du Punisher d'alors, à commencer par le prenant et rythmé Suicide Run, inédit à ce jour en Vf. Le succès de Netflix aidant, on rêve encore. 




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PUNK ROCK JESUS - EDITION SPECIALE ANNIVERSAIRE (5 ANS D'URBAN COMICS)


5 ans à fêter. Un anniversaire qu'Urban Comics partage avec ses lecteurs, republiant certains ouvrages incontournables, agrémentés d'une couverture originale pour l'occasion. Après les 20 ans de Panini Comics France, la concurrence s'y met également, notamment avec un pur chef d'oeuvre de Sean Murphy. Séance de rattrapage.

En 2019, la science et la télé-réalité s'unissent pour ce qui ressemble au pari blasphématoire le plus insensé de l'histoire de l'humanité : prélever un peu de l'Adn du Christ sur le Saint-Suaire, afin de mettre au point un clone, qui grandira sous les caméras malveillantes de l'émission J2, entièrement régie par un certain Slate, caricature putride de ce que les networks américains produisent de pire. Pour pousser la similitude à son paroxysme, c'est une jeune fille de 17 ans, vierge, qui est choisie sur casting, afin de devenir la mère porteuse du bébé Messianique. Dès la naissance, il est clair que les deux, enfant et génitrice, sont les prisonniers d'un système médiatique et commercial dont ils sont les vaches à lait. Slate s'est chargé lui même d'éliminer la soeur jumelle du Christ nouveau (qui prend le nom de baptême de Chris) qui aurait mis à mal les attentes de toute une religion. Les fondamentalistes se jurent de mettre fin à l'émission, par tous les moyens, tandis que l'audience explose, après des rebondissements aussi sordides que pathétiques, comme de présumés miracles (le petit Chris qui parvient à la lancer des messages avec ses cubes de construction, ou à changer du jus de fruit en vin) ou des accidents de parcours (Chris ne marche pas sur l'eau, il manque de se noyer dans la piscine). Gwen, la jeune maman, tente par tous les moyens d'en finir, de s'échapper, mais elle se heurte à des conditions carcérales éprouvantes, et à l'imbécillité du monde extérieur, qui ne lui laisse aucune chance de vivre une autre existence. A peine parvient-elle à trouver un ami dans le bodyguard en chef du projet J2, un certain Thomas, orphelin, dont les parents (membres de l'I.R.A, groupuscule terroriste irlandais et catholique) ont été abattus par les exaltés protestants. Thomas est là pour se racheter et protéger le nouveau Christ, qui va petit à petit trouver le moyen de s'émanciper, grâce au courage et à l'entêtement de sa mère principalement, mais aussi de la scientifique responsable de sa naissance, qui lui sert de nourrice et d'éducatrice. Lorsqu'une nouvelle vie commence, c'est dans la musique, et le punk, que le Messie attendu refait surface, clamant haut et fort son rejet, son dégoût, de l'Amérique consumériste et bigote.

Cherchez bien, vous ne trouverez pas, nulle part, une vraie critique négative de ce Punk Rock Jesus de Sean Murphy. Et pour cause, il s'agit vraiment d'un excellent album, dont l'achat me semble parfaitement indiqué. L'auteur y aborde de front divers thèmes brûlants et sensibles, comme le fondamentalisme religieux, l'omniprésence de médias infantilisants, les relations père/mère/fils, l'esprit même de ce qui définit la société américaine (mais aussi irlandaise). Le tableau est noir, très noir. Les personnages qui apparaissent semblent même constituer autant de caricatures granitiques, et ne jamais dévier de ce vers quoi ils paraissaient destinés, dès le départ (Slate est une ordure et le restera, la maman une victime, et le restera), mais ils sont présentés et développés avec une minutie et un talent tels que cela ne constitue pas un handicap, mais une autre façon de crédibiliser le récit et de le rendre attachant et fonctionnel. La religion est bien entendu remise en cause, dans ses dérives, ses dogmes, mais à travers elle c'est une attaque en règle du système de vie américain qui est mis sur pieds, et qui se retrouve disséqué, dénudé, fragilisé. Le punk pourrait être perçu comme un simple artifice narratif, mais ce n'est pas le cas. La vie de Jésus Christ, telle que présentée dans les Évangiles, est un parcours contestataire, de l'ordre établi, de la fausseté et de l'hypocrisie de son époque. A travers cette rébellion musicale et adolescente, le jeune Chris est à la fois l'étendard d'un âge et d'une jeunesse paumée, spoliée de ses rêves, et une figure moderne du Messie lui même, lorsqu'il tente de dénoncer l'imbécillité d'une foi aveugle et meurtrière, aide les plus démunis, rassemble autour de sa personne. A tout ceci ajoutons les dessins, d'une beauté particulière, entre découpage agressif et nerveux, trait qui emprunte aux mangas et aux bonnes heures des comics années 90 (Whilce Portacio et Jim Lee synthétisés), dans une édition Urban Comics soignée et alléchante. Papier de qualité, excellente traduction et véritable savoir faire dans la mise en valeur de l'objet, c'est comme si la maison d'édition avait voulu vous indiquer la voie toute tracée vers un des cadeaux phares de cette fin d'année. Si vous n'avez toujours pas cédé à la tentation, vous n'irez pas au paradis (des lecteurs). 


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DOOMSDAY CLOCK #1 : WATCHMEN AFTER WATCHMEN

La question n'est même pas de savoir si Doomsday Clock est un bon comic-book. Ni de savoir si Before Watchmen avait eu dans son ensemble un niveau qualititatif appréciable. Le seul fait véritable est qu'aujourd'hui plus rien n'est sacré sur l'autel du marketing et de la vente. Peu importe si Watchmen fut en son temps un chef d'oeuvre qui a inspiré plusieurs générations, si la maxi série était prévue pour exister en tant que bloc unitaire, sans une suite ou une préquelle. Si les auteurs eux-mêmes ont toujours été farouchement opposés à d'ultérieurs développements. Watchmen sera exhumé encore et encore, jusqu'à ce que la moindre goutte de sève encore exploitable soit tarie, puis ira rejoindre Star Wars épisode XV et le sixième reboot de la franchise Spider-Man. C'est ça la pop culture aujourd'hui, baby. Money is money.
Sinon, on revient en 1992. Vous vous souvenez du plan d'Ozymandias, des sacrifices et des morts? De la fin du monde évitée de justesse? Tout ceci est vain, véritablement. La situation vire à nouveau à l'apocalypse, et Rorschach (mais est-ce bien lui, pour autant?) organise une évasion dans une prison de haute sécurité, quelques heures avant que tout soit ravagé par le feu nucléaire. Il se trouve des alliés en la personne de deux personnages tirés du catalogue de Charlton Comics, qui vont donc s'ajouter probablement au nouveau casting de ce Watchmen d'après Watchmen. Geoff Johns est très concentré et appliqué sur les dialogues, il tente dans le même temps de coller (voire singer) ce que pouvait faire Moore, tout en s'y attelant avec ses propres caractéristiques et habitudes. Certaines saillies sont bien vues, et reconnecte l'histoire avec ce que nous vivons en personne, aujourd'hui (la Corée du Nord). D'autres sont par contre artificielles, et n'ont d'autre buts que de remettre les cartes sur table, pour que la partie ressemble à celles qui s'est jouée voilà des lustres désormais. 


C'est une longue introduction qui se dévoile, au fur et à mesure que Rorschach organise l'évasion, et que nous traversons la prison. Ozymandias fait son apparition en fin d'épisode, on commence à entrevoir une direction possible, mais cela reste encore très cryptique. 
L'ambition finale est bien entendu de relier de manière claire et marquante l'univers de Watchmen à la continuity classique de DC Comics. Un cocktail qui pourrait d'ailleurs permettre un nouveau départ potentiellement explosif, après ceux constitués par les new 52 et le Rebirth. Avec ce premier numéro de douze, ce rapprochement est encore à la phase d'ébauche, vaguement murmuré, et seule une scène finale de quelques planches, avec Superman, annonce la couleur à venir. Mais sans tambours et trompettes, pas de cliffhanger à en perdre le sommeil.
Reste également une prestation fort soignée, appliquée, d'un Gary Frank dont le trait a vraiment du caractère, et qui rythme l'ensemble en collant et tournant autour des personnages avec une pertinence évidente, masquant la lenteur du récit avec son talent. La couleur se rapproche de celle que Gibbons avait choisi en son temps, permettant un minimum d'unité avec Watchmen, premier du nom. 
Là où Alan Moore avait pu exprimer la pleine mesure de son inspiration, et créer uniquement en vue de donner naissance à une oeuvre complète, stratifiée, d'une densité thématique et formelle remarquables, Johns a la tâche de reproduire le miracle, mais pour un faire un produit mainstream, annoncé à grands coups de teasing sur Internet, et ne servant finalement qu'à donner un énième coup de fouet à un univers vieux de plus de 70 ans. Les crocs sont plantés, Watchmen peut se vider de son sang, sans crier. Je suis prêt à excuser la profanation, sans aucune difficulté, uniquement en échange d'un pur éclair de génie, d'une évidence narrative éblouissante. Autrement dit, ce n'est pas gagné, et certainement pas pour ce numéro un de rodage. 


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MARVEL'S THE PUNISHER : UN PUNISHER REMARQUABLE SUR NETFLIX

Ceux qui redoutaient une déferlante d'explosions et de meurtres gratuits peuvent remiser leurs craintes au placard. Ce sera curieux à dire, presque incroyable pour le profane, mais cette série, Marvel's Punisher, est éminemment intelligente. Voilà, c'est dit.
En fait, le Punisher de Netflix n'est pas une machine implacable et infaillible, un robot voué à l'extermination des criminels. C'est un homme, encore et toujours. Qui masque sa souffrance et le sentiment abyssal de manque, qui ont fait d'un ancien soldat ce Punisher, tout en composant au fond de lui, depuis toujours, avec cette flamme qui anime les guerriers de profession, dans un étrange élan de solidarité et de fraternité qui unit ces combattants de l'extrême, au front. Et l'Amérique du Punisher, c'est ce pays qui aime avoir de la chair à canon pour exécuter ses sales besognes, ou des patriotes pour chanter à tue-tête l'hymne en déployant le drapeau, mais ne sait pas trop quoi proposer à ceux qui reviennent des terrains de guerre récents (l'Afghanistan, le Viet-Nam bien avant), et laisse proliférer armes et groupuscules paramilitaires, qui sont moins dangereux en tant que tels, que parce que fréquentés et confiées (les armes) à des types déséquilibrés, en manque de repère, dont la santé mentale danse parfois sur un fil. C'est dans ce marasme que Frank Castle a poursuivi les assassins de sa famille, qu'il perpétue cette mission, approfondissant les liens secrets qui relient renseignements généraux, théâtre de guerre véreux, et culture du secret. Le Punisher n'aurait pas de super pouvoirs? C'est faux, car sa force, c'est sa fidélité, et ses valeurs inébranlables, qui entrent parfois d'ailleurs en contradiction avec son être véritable, et cela provoque des tragédies (c'est de cela dont il s'agit, en fait, lorsque sa famille est exterminée). Son allégeance à la famille, qu'elle soit affective, avec femme et enfants, ou ses soldats, ceux pour qui il a toujours êté prêt à mourir, dans le corps des Marines. Rien de tel pour s'unir à la rage, la violence, et remettre en cause les fondements du mensonge sur lequel se repose l'Amérique, qui s'asseoie sur la décence et l'honnêteté. 


Autre qualité indéniable de cette série, ses personnages, comment ils sont amenés et campés. On passe sur Jon Bernthal qui est désormais devenu véritablement sa créature. Expressions faciales, mimiques, tics, tout y passe, parfois au bord de surjouer, mais toujours un Punisher d'un bloc et fragile en même temps, une âme torturée et implacable, qui s'enferme dans une solitude imposée, et paie le prix de la confiance quand il décide de l'accorder. C'est un plaisir de voir que Netflix récupère une partie de la grande époque des années 90, pour la remodeler et la présenter dans un contexte plus moderne. Microchip, l'aide de camp et génial informaticien d'alors, est ici revisité en victime 2.0 de l'ère Wikileaks. Ebon Moss-Bachrach est excellent, attachant, complexe, et sa complémentarité avec Frank est le meilleur hommage à ces comics d'il y a trente ans, quand le Punisher faisait recette avec trois titres mensuels. Et que dire de Billy Russo (Jigsaw) ici campé par Ben Barnes, qui est crédibilisé à merveille, et passe de meilleur ami de Castle sur le champ de bataille, à menace silencieuse et par trop bienveillante au départ, de sorte que le spectateur, même novice, ressent que derrière la patine se cache quelque chose qui n'attend que de se réveiller. Tout autour gravitent d'autres éléments qui donne substance et fluidité au récit, avec l'inspectrice Madani, et son aide de camp (qui explore les relations conflictuelles mais nécessaires entre le Punisher et les forces de l'ordre, pour qui il ne peut être une menace volontaire) ou Curtis Hoyle, qui symbolise la possibilité de se réinventer après la guerre, tout en acceptant l'idée que de frayer dans l'ombre du Punisher n'est jamais sain pour la santé, sur le long terme.
Ajoutez à ceci une succession continuelle de rebondissements dignes des meilleures spy-story, capables de démonter avec minutie et lucidité le mécanisme des systèmes de défense et de contre-espionnage américains, et une inventivité dans la manière de filmer, de choisir les angles de vue, les effets (une superbe scène de chasse en pleine forêt est tournée à la manière d'un jeu vidéo comme Call of Duty, le spectateur troquera presque la télécommande pour un joystick) et vous comprendrez que Marvel's The Punisher est à ce jour la plus aboutie et la plus fouillée des séries proposées par le réseau Netflix. Sa sortie a été retardée de quelques jours après les dramatiques fusillades de ces semaines écoulées, et on comprend aisément pourquoi. Non pas qu'il s'agisse de faire l'apologie de l'auto défense arme au poing, mais plutôt de dresser le portrait au vitriol d'un pays formidable où tout est possible, malheureusement souvent le pire, quand les laissés pour compte, les marginaux, les criminels, ont suffisamment de matière pour s'épancher quand et comme ils le souhaitent, justifiant (presque) de la sorte l'existence d'un Punisher, follement lucide dans son idée fixe mortifère. 



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OLDIES : LE BATMAN DE ZUR-EN-ARRH (BATMAN #113) - BATMAN SUR LA PLANETE X

Quand certains ont découvert le Batman de Zur-En-Arrh durant le run de Grant Morrison, cet avatar de notre héros en a laissé plus d'un perplexe! C'est qu'au départ tout le monde ne connaissait pas cette version très particulière, qui remonte à la fin des années 50, avec une première apparition sous la plume de Bill Finger, dans un épisode intitulé Batman surhomme de la planète X. Doté d'une cape violette, l'air complètement hagard après avoir été un manipulé, drogué et vaincu, par le docteur Hurt et le Gant Noir, l'ami Batman se sert de cette identité de secours, durant Batman R.I.P, pour récupérer ce qui lui est propre, et refaire surface. 
A l'origine le justicier masqué avait été projeté sans aucune raison sur une planète lointaine, où il avait rencontré un admirateur portant une version futuriste de son propre costume. Enfin futuriste... juste un changement criard de couleur, et une petite fusée dans le garage, pour faire science-fiction. L'extra terrestre doit se débarrasser d'envahisseurs venus d'une planète éloignée, mais il ne sait pas comment s'y prendre et il a donc fait appel à sa version de la Terre. Oui c'est fort logique!
Il est vrai que sur ce monde lointain, Batman est un autre Superman : il hérite d'une super force, il peut voler, une vitesse incroyable, bref rien ne peut l'arrêter et on le voit plier l'acier à mains nues, combattre des robots géants, plonger dans les flammes. C'est Dick Sprang qui illustre cet épisode bref, d'une dizaine de pages. Les dessins sont assez statiques et l'aventure extrêmement recentrée. Aujourd'hui, là où nous aurions employé deux ou trois épisodes complets, le tout est raconté en bien peu de planches. Le doute subsiste, serait-ce un rêve, une hallucination, ou véritablement un épisode de la vie de Batman... à la fin celui-ci le constate d'ailleurs, quelques secondes se sont écoulées sur Terre, mais cela correspond à des heures sur la Planète X, et il en a ramené un petit souvenir. Non, ce n'est pas complètement un rêve, car dans la main Batman ramène un "bat-radia", une sorte de radars GPS qu'on lui avait confié. 
Bref à l'époque, on ne s'embarrassait pas trop des explications... un matin Bruce Wayne pouvait être en train de prendre son petit-déjeuner, et entre le café et la douche, il allait faire un tour dans une galaxie lointaine, sans qu'on nous explique comment et pourquoi il en était reparti. Une ambiance diamétralement opposée à la sinistrose habituelle, qui a envahi les récits du Dark Knight. Il passe son temps la mâchoire serrée et le regard torve, à méditer sur les drames de l'existence, et affronter des criminels tous aussi psychopathes les uns que les autres. Bruce, pars prendre des vacances sur la Planète X! 


Disponible en Vf dans le tome IV de Grant Morrison présente Batman (Urban Comics)

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JUSTICE LEAGUE (REBIRTH) TOME 2 : ETAT DE TERREUR

C'est la Justice League qui tient le haut du panier ces jours ci, en kiosque et en librairie. Parmi les sorties les plus marquantes du moment, nous trouvons, cela va de soi, le second tome des aventures du groupe, version "Rebirth". Bryan Hitch continue de jouer au scénariste épris de catastrophe épique, et cette fois il nous propose un premier diptyque centré sur la peur, avant un récit qui part jouer du coté des virus informatiques et des petits génies. On commence donc avec une vague de terreur inexpliquée qui assaille tout le monde, Ligue de Justice compris. Sauf qu'au sein de cette dernière, on trouve aussi les deux dernières recrues en date des Green Lantern, à savoir Simon Baz et Jessica Cruz, dont vaincre la peur est un peu une seconde nature. On a du coup l'impression que la menace est repoussée aussi vite qu'elle est apparue, et Jessica en profite pour accrocher un rendez-vous galant avec Barry Allen. Mais à table, rien ne se passe comme prévu, la belle latino sombre dans la panique, et les autres membres de la Justice League ont eux aussi des crises plus ou moins semblables, qui renforcent les doutes existant déjà au fond de chacun. Superman a des envies de meurtre sur la personne de Batman, Aquaman et Wonder Woman envisagent de dominer le monde, Simon se sent plus que jamais seul et isolé, rejeté... L'ennemi est là, tapi au fond de des âmes, et pour le vaincre, il va falloir aller creuser un peu dans les valeurs et la force de volonté de l'équipe. Ma foi pourquoi pas. L'ensemble pouvait être mieux développé, pouvait donner naissance à un arc narratif puissant (Superman aurait pu continuer sur sa lancée), au lieu de cela on en reste là pour le moment, après une quarantaine de pages, ou au moins on a le plaisir de revoir Jesus Merino, qui est incontestablement un des meilleurs artistes possibles pour mettre en scène ce beau monde. Lisibilité et classe innée dans le trait de l'artiste espagnol, qui nous enchante. 

Place ensuite à un drôle de virus. Une transmission codée s'infiltre à travers les photons lumineux des écrans, parasitant les hôtes/spectateurs, dont Cyborg, bien entendu. Le virus, comme tout bon produit de son espèce, saute d'une personne à l'autre, et menace de semer le chaos complet dans la Justice League. Mais les héros sont plus efficaces que Panda, Avg et Kasperski réunis, donc ils font face, et remontent la source du problème. Qui pourrait bien être un as de l'informatique, qui a récemment perdu sa femme dans les dramatiques événements narrés dans le tome 1, et qui en voudrait ainsi à Superman et ses amis. Sauf qu'en réalité, le type a l'air assez posé et réfléchi. Du coup, et si le coupable n'était autre que... (suspens insoutenable)
Hitch ne brille guère pour son originalité, et il faut vraiment avoir un pare-feu très friable, contre l'invraisemblable, pour accepter la morale et les responsabilités de cet art narratif. C'est Neil Adwards qui assure le job coté dessins, et de ce coté, c'est globalement positif, confirmant ainsi l'impression qu'au moins, pour la partie graphique, le lecteur n'est pas volé, mais plutôt choyé. Reste que ce Rebirth alterne catastrophes universelles et aventures plus intimistes, mais pas follement inspirées. On attendrait à coup sur plus de force et de souffle dans cette série. Allez quoi, faites nous rêver aux prochains tomes!



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RECIT COMPLET JUSTICE LEAGUE HS2 : ASCENSION

Avec le film à l'affiche depuis mercredi dernier, il y a fort à parier que de nombreux nouveaux lecteurs tenteront d'aller voir en kiosque, ce qui se passe chez la plus grande équipe des super héros de la terre. Urban Comics propose donc un hors-série qui arrive à point nommé, avec à l'intérieur un récit complet (Heaven's Ladder), remontant au début des années 2000, et les deux derniers épisodes oubliés de la saga de Rao, qui était en cours de publication il y a quelques mois avant l'arrivée des mensuels Rebirth. 
La première partie est donc l'oeuvre de Mark Waid et Bryan Hitch. Soyons tout à fait clairs, le récit est épique et ambitieux, et puise ses racines dans la théologie, nos croyances, ce qui fait le fondement de notre culture, notamment la manière d'appréhender ce qui vient après la vie. En gros, la Terre a été enlevé, rien que ça, par des machines gigantesques, appartenant à une race primordiale d'être du cosmos, voués uniquement à la technologie et cherchant à se faire une idée de ce qui va venir après leur trépas imminent. De très nombreux concepts à donner le vertige sont développés... si vous lisez ça dans le train, entre un arrêt et l'autre, vous avez des chances de ne rien y comprendre. Même en se concentrant cela demande un un effort notable. Hitch réalise la une excellente performance, sont trait fouillé, précis, incisif, donne des planches souvent de toute beauté. Il est bien au-dessus de ses standards récents. Waid perd un peu son lecteur, avec des concepts épineux et des retournements de situation tirés par les cheveux. Dommage, car vraiment ce récit a un fort potentiel et il ne se contente pas d'anonner stupidement une classique bataille entre super-héros. A noter aussi que l'équipe n'est pas celle présente dans le film. Si Aquaman à un look badass qui se rapproche plus de celui de Jason Momoa, que du Arthur Curry New 52, on découvre aussi Plastic Man et ses blagues d'un goût douteux, le Lantern Kyle Rayner (qui à l'époque remplaçait officiellement Hal Jordan). Le limier Martien et Atom sont aussi de la partie, et j'oubliais Steel, un des épigones de Superman, qui prend la place plus ou moins de Cyborg.

Rao donc. Les deux derniers volets de la saga impliquant ce pseudo dieu kryptonien, qui envoie une version de lui-même dans le futur, et revient dans la peau d'un tyran assoiffé de pouvoir, n'a aucune pertinence si vous n'avez pas suivi ce qui s'est fait auparavant sur les pages de Justice League of America. Autrement vous lisez ça avec le sentiment de comprendre, en gros, mais de ne rien apprécier aux enjeux et à la manière dont ceci a été amené. Bien sûr la Justice League est sur les dents, dans une formule qui évoque celle aperçue au cinéma. Superman meurt même en route, avant d'être ressuscité par Wonder Woman. Hitch se fait dépanner par Tony Bedard pour pondre un scénario qui tienne debout, et les dessins finissent par être abandonnés en fin de partie à Tom Derenick. On voit la différence, et on note aussi que les deadlines ont du être serrées, tant certaines vignettes sont un peu à l'emporte pièce, statiques, du remplissage pour en finir. Avec Rebirth aux portes, plus personne n'y croyait de toutes manières, et c'était juste le prétexte à une petite prophétie annonçant que oui, Superman allait tomber, mais qu'un autre prendrait sa place. La loi des comics, donc.
Alors bien sûr, ce HS coûte moins de six euros et c'est donc une opération pas si mauvaise rapport qualité prix, mais clairement ce sommaire aura du mal à attirer la sympathie du lecteur d'occasion, fraîchement débarqué du cinéma. Assez hermétique, et ayant besoin aussi d'avoir lu des choses auparavant. Bref, c'est pas gagné. 


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DARK NIGHTS METAL : BATMAN THE MAN WHO LAUGHS

De tous les ennemis possibles qui rythment le grand événement du moment chez Dc, Dark Nights Metal, c'est la version jokerisée de Batman, The man who laughs, qui constitue la menace la plus impitoyable, et qui remporte les suffrages chez l'inconscient des lecteurs, si on en juge le succès rencontré par ce personnage dans les sketches et commissions réalisés par nos artistes préférés, à la demande. Un look infernal, qui est très suggestif, suinte le mal et la perversion. Et le bondage, tant qu'on y est.
Si l'impression est que cette histoire est censée brouiller les cartes, littéralement et métaphoriquement (le jeu étalé devant notre Evil Batman), on a droit au final à une nouvelle origin story, qui nous explique comment le Batman d'un autre univers a pu en arriver là, et pourquoi il a fini par être recruté par Barbatos en personne. Le Dark Knight ne franchit jamais la ligne qui sépare la justice de la vengeance, il ne tue pas, sauf quand le Joker commet un ultime crime irréparable, et qu'il ne reste aucune alternative à ce geste tragique, qui caractérisait l'ultime rempart contre la folie ambiante. Le Joker avait d'ailleurs tout prévu, et celui qui met fin à sa vie est aussi contaminé par un virus qui transforme l'assassin (ou le justicier c'est selon) pour en faire un Joker 2.0. Encore plus dingo car plus lucide.
Chez Batman donc, toute la force de volonté, la droiture rigide, cède la place à une démence terrible, qui pousse Bruce à tuer ou humilier ses alliés, avant de voir plus large, avec la Justice League, le monde. Sans pitié, sans remords, tout brûle et péri dans la plus extrême des souffrances. On assiste à la fusion de deux ennemis antithétiques, pour ne former plus qu'un seul être, combinant la force de motivation de Batman et l'illogisme assassin d'un serial killer qui aime le mal pour le mal.
Le dessin essaie de coller au ton du récit. Tout comme Romita Jr avec Kick-Ass, l'horreur est en partie éludée avec Riley Rossmo, avec un trait sale et par endroits caricatural. Mais ici il n'y a rien de fun, uniquement le tragique, c'est pourquoi certains visages, certaines vignettes, paraissent juste grossières, défectueuses. Inversement l'introduction et le final de l'épisode sont beaucoup plus convaincants, avec une ambiance digne des pires moments de l'histoire de Batman.
Cela dit le travail de James Tynion IV fonctionne, et permet de faire le lien avec tout ce qui va suivre, ce qui a déjà été dit. C'est l'univers DC tout entier qui est sur le point d'être détruit, et on va aller creuser jusqu'à la dernière couche dans le malsain et l'ignoble qui se cachent dans le coeur du Joker, tout en en faisant un adversaire intouchable et déjà vainqueur... cela glace le sang et fait de suite tomber le rideau des ténèbres sur tout un univers en grand péril. 
Bref, the Man who laughs nous rajoute une couche à ce qu'on devinait déjà : cette fois personne ne semble en mesure de faire face à la multiple menace du moment, et Batman, bien que "sans pouvoirs" est la pierre angulaire sur laquelle repose tout l'édifice d'un microcosme narratif dense et stratifié. Dark Nights Metal un hommage ultime pour les lecteurs archéologues de l'univers Dc?


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COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

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