MI-MOUCHE (PREMIER ROUND) : TU VEUX TE BATTRE ?


 Ce qui rend un personnage rapidement inoubliable et attachant, ce ne sont pas forcément ses compétences extraordinaires, ses super-pouvoirs ou sa facilité à faire les choses et à trouver sa place. Non, c’est bien plus souvent une faille, des défauts, des difficultés dans la vie quotidienne — autant d’éléments qui permettent au lecteur de se reconnaître, ou du moins de s’intéresser à ce genre de profil. Et la petite Colette, héroïne de Mi-Mouche, a décidément connu une vie assez difficile jusque-là. Tout commence par un accident de voiture dans lequel sa sœur Lison trouve une fin tragique. La mère non plus ne sort pas indemne de la catastrophe : elle y perd un bras… et une fille. Depuis, Colette est surprotégée. Elle fait tout ce qu’elle peut pour plaire à sa maman, quitte à s’effacer peu à peu derrière les attentes qu’on projette sur elle, les rêves qu’on construit pour elle — et qui ne sont peut-être pas les siens. Prenons la danse, par exemple. C’était aussi une des passions de Lison, avant l’accident. Colette comprend bien qu’on attend d’elle qu’elle prenne le relais, qu’elle s’affirme dans cette discipline. Oui, mais voilà : en réalité, elle n’est pas plus intéressée que cela. Et les choses prennent une tournure inattendue le jour où, à la suite d’un concours de circonstances assez improbable, elle se retrouve avec son meilleur ami Elias dans un bâtiment qui abrite une salle de boxe. Là, elle découvre des jeunes de son âge en train de s’affronter. Mais il ne s’agit pas de défouler une violence brute : au contraire, tout ici est affaire de canalisation, de transformation — on parle d’un sport, voire d’un art. Colette, aussitôt, sent qu’il se passe quelque chose. Elle est fascinée.



Mais attention : comme le nom de cette bande dessinée le laisse entendre, Colette est loin d’avoir le physique de l’emploi. Elle est toute petite, frêle, avec une silhouette juvénile, et subit régulièrement des brimades, voire du harcèlement à l’école. Et puis… la boxe ? Ce n’est pas exactement la discipline rêvée pour une mère qui couve son enfant comme une perle rare. Alors oui, il y a un peu de Billy Elliot dans cette bande dessinée, mais qui aurait définitivement décidé de troquer ses chaussons de danse pour enfiler des gants de boxe et monter sur le ring. Colette a droit à un premier cours gratuit et c'est le coup de foudre ! C'est alors que commence toute une série de quiproquos, ou comment cacher à sa mère le sport qu'elle a choisi, sachant que pour s'entraîner, il va falloir trouver des stratagèmes fort habiles, ne serait-ce que parce que se construire un punching-ball dans une chambre à coucher, ça n'est pas simple. La dessinatrice Carole Maurel livre une excellente prestation, avec un trait réaliste et touchant, et cette excellente représentation d'un personnage qui n'existe pas vraiment, une sorte d'ombre qui plane et permet à la petite Lison de s'affirmer, de devenir vraiment qui elle souhaite être, de dépasser les peurs, les doutes, pour enfin sortir de la case qu'on lui impose, c'est-à-dire la sœur de substitution, remplacer celle qui n'est plus là et qui sur tous les points était différente. Bref, c'est touchant particulièrement bien écrit par Véro Cazot. Tout, des rapports entre la mère et la fille, la fille et ses amis, sans oublier le milieu scolaire (harcèlement) et le sentiment de solitude, forme un cocktail savoureux et nous sommes bien disposés à nous resservir le plus rapidement possible, à l'occasion d'un futur tome 2 !



UniversComics, la communauté des fans de BD et comics :


SUPERMAN DARK PROPHECY TOME 1 : SUPERWOMAN

 Quand on évoque Superman auprès de lecteurs encore vierges — ceux qui n’ont jamais vraiment mis le nez dans un comic book — on se heurte s...