SPIDER-VERSE : LE RETOUR DE LA GRANDE SPIDER SAGA EN LIBRAIRIE

Pour bien comprendre ce qu'est Spider-verse il faut remonter à l'époque où le scénario et la destinée de Spider-Man étaient confiés à Michael Straczynski. C'est lui qui a en effet pris l'initiative de nous expliquer l'origine totémique des pouvoirs du héros en collant. Qui avait affronté un certain Morlun, une sorte de vampire se nourrissant de ladite puissance totémique, donnant naissance à une bataille titanesque dont les lecteurs se souviennent bien encore aujourd'hui. Attiré par les émanations arachnéennes de Peter Parker, Morlun l'avait traqué sans répit, pour s'en repaître, avant de revenir à l'assaut durant la saga L'Autre. Ce même ennemi est aujourd'hui de retour et cette fois il est loin d'être seul puisque c'est toute sa famille, les Héritiers, qui traverse le multivers à la recherche de toutes les incarnations de Spider-Man sur toutes les Terres possibles et imaginables qui peuplent ces innombrables univers parallèles. Nous assistons à un carnage à travers les dimensions; des femmes, des enfants, des monstres, des versions futuristes et des versions animalières, c'est tout un cheptel de Spider-Men qui disparaît peu à peu, la force vitale absorbée par ces chasseurs que rien ne semble pouvoir ralentir. Pour Morlun et les siens c'est un incroyable festin. La seule et unique chance qui reste à disposition des différents tisseurs de toile est de s'unir autour de la quintessence même du personnage, le Peter Parker de notre monde, celui dont nous suivons les aventures depuis notre plus jeune âge. Spider-Man est bien entouré puisqu'il a de nombreux alliés qui vont pouvoir lui prêter main forte, comme par exemple Spider-Woman ou bien Silk, cette jeune héroïne qu'il a récemment découvert et qui aurait été mordu par la même araignée radioactive qui lui a autrefois conféré ses pouvoirs. Le Spider-Man 2099 est également de la partie tout comme la version Ultimate du personnage (Miles Morales) ou bien encore Gwen Stacy en costume sous l'avatar incroyable et inattendu de Spider-Gwen (en réalité la Spider-Woman de son monde!

Une vraie bonne saga comme on les aime, avec un Olivier Coipel fabuleux au dessin. Le frenchie démontre ici qu'il est au sommet de son art, en pleine maturité artistique, et le choix des cadrages, le dynamisme qui explose de chaque page, fait de son travail une raison évidente pour se procurer cet album. Avec lui nous avons Giuseppe Camuncoli, qui sans avoir le même sens du détail et de la mise en scène, est devenu un habitué de la maison, de ceux qui sont capables de rappeler l'héritage du tisseur tout en l'adaptant aux exigences de la modernité. Excusez du peu. 
Certains parleront de fan-service, d'envie de s'adonner à l'orgie arachnéenne, et d'offrir aux lecteurs tout ce et ceux qu'ils auraient secrètement envie de voir évoluer ensemble. Peu importe, car en dehors du caractère un peu "wtf?" du projet de départ, Dan Slott parvient à tisser une trame qui se tient, donne sens à ce que nous savions déjà, tout en donnant à Spider-Man une importance de premier ordre dans la hiérarchie des héros à travers la tapisserie du multivers. Cet album (le troisième de la série Amazing Spider-Man en cours) ne contient pas les nombreux tie-in qui ont jalonné Spider-Verse, mais en dehors de quelques ellipses narratives peu claires, vous n'aurez aucun mal à comprendre enjeux et évolution du récit, qui se révèle avoir bien plus d'ambition et de fun que la moyenne. Sacré Dan Slott, quel parcours avec Spider-man!



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GAMORA #1 : UN TITRE SOLO POUR LA FEMME LA PLUS DANGEREUSE DE LA GALAXIE

Tous ceux qui connaissent le personnage savent que Gamora est la femme la plus dangereuse de l'univers, et qu'elle a été adoptée par Thanos, qui en a fait sa pupille. Par contre, en dehors de ces détails techniques sur le personnage, il est bien difficile d'aller récupérer des informations ou des fragments de vie concrets. Si les autres membres des Gardiens de la galaxie ont eu le droit à une série -ou plusieurs séries- personnelle, nous étions toujours en attente de celle consacrée à la dernière rescapée du monde des Zen-Whoberis. En effet sa planète a été exterminée par les Badoons, une race haineuse et guerrière, responsable de génocides à travers l'univers. Recueillie et adoptée par Thanos, élevée à la dure dans le respect de la vengeance, la violence, et le maniement de toutes sortes d'armes -sans oublier les techniques martiales les plus efficaces du cosmos- Gamora est devenue une arme vivante qui reçoit pour cadeau d'anniversaire, à l'adolescence, la possibilité de se venger, en allant exterminer la famille royale badoon, responsable de sa triste condition. Une mission en solo expéditive et en définitive manipulée par Thanos, qui n'aboutit pas à un résultat complet, car l'héritière du trône finit par pouvoir s'échapper, puisque tout le monde ignorait l'existence d'une petite fille, appelée un jour à devenir la régente de cette empire. 
Au-delà de l'action, c'est surtout l'introspection qui prime, notamment le rapport qui unit Gamora et Nebula, les deux filles de Thanos, qui pourtant ne le sont pas vraiment, ni l'une ni l'autre. Une concurrence qui tourne à la haine, une volonté d'être la favorite du patron plutôt que du père, une soumission qui n'accepte pas la présence d'une autre dans la même situation, et surtout la réaction du Titan fou, qui se déclare ouvertement pour Gamora, choisissant et préférence celle-ci au détriment de Nebula, allant même jusqu'à vexer et humilier cette dernière, par des commandements ou des choix qui auront des répercussions importantes. Nicole Pearlman, qui a travaillé sur le script des Gardiens de la galaxie, signe ici un premier numéro fort intéressant, qui peut se lire comme un préquel pertinent du film, que nous avons tous adoré. Le dessinateur italien Marco Chechetto sort une prestation remarquable, nous offrant un grand moment de science-fiction spatiale, qui plus est appuyé par le coloriste Andres Mossa, avec qui il travaille toujours. Le duo forme une équipe soudée, et on sent qu'il y a de la complicité jusque dans les moindres détails. En définitive, même si Gamora n'est pas le titre que vous attendiez le plus en cet hiver 2016-2017, je vous recommande tout de même de lui donner sa chance, car il porte en soi tous les critères demandés pour être une des lectures les plus surprenantes du moment. 


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SUPERMAN UNIVERS HS 4 : LOIS ET CLARK

Au départ, lorsque la série avait été annoncé, j'avais les plus grandes craintes concernant Lois et Clark, qui me rappelait bien trop une série télévisée d'il y a bien longtemps, qui n'a pas laissé que des souvenirs impérissables.... Bien entendu j'avais tort! Il s'agit là d'un titre fort intéressant, qui met en scène le couple mythique de l'univers DC Comics d'avant les terribles New 52. Je vous épargne le tour de passe-passe scénaristique qui permet de les introduire dans l'univers de ces New 52 justement; disons qu'il faut en passer par une mini série appelée Convergence, qui est une espèce de lutte atroce pour la sélection naturelle des plus forts, une joute cosmique impliquant les héros de diverses époques et diverses Terres collectées par un certain Telos. Si vous ne connaissez pas ou n'avez pas eu l'opportunité de lire, soyons honnêtes, vous n'avez pas perdu grand-chose. Mais c'est de là que part notre nouveau récit Lois et Clark, qui vivent donc désormais dans l'univers des New 52, mais dans le total incognito. Il y a déjà un Clark Kent, déjà un Superman, déjà une Loïs Lane, et ils font profil bas sous une nouvelle identité, pour ne pas ajouter à la confusion. Ils ont un enfant (Jonathan) à qui ils ont pour l'instant caché les supers pouvoirs du paternel, mais le petit n'est pas idiot et il a de forts soupçons sur ce qu'on lui dissimule. En apparence une vie ordinaire, mais qui pourrait bien basculer suite au travail de Loïs : elle est en effet journaliste free lance, et elle prépare un livre mettant en cause les hautes sphères de la criminalité, et Intergang notamment. Du coup Lois est devenue une cible de choix, elle et son entourage...




Chose positive dans ce numéro, la famille que forment Lois, Clark et le fiston est crédible et bien mise en scène. On sent que Dan Jurgens connaît et aime ces personnages, et qu'il avait réellement envie de narrer leurs aventures dans ce nouveau contexte. Attention, il ne s'agit pas d'un simple artifice car cette nouveauté va revêtir une importance capitale pour l'univers de Superman, et je préfère en rester là pour ne pas spoiler ce qui va suivre. Lee Weeks est un choix opportun au dessin. En restant dans le vague et en s'adaptant à une existence en apparence routinière et banale, la famille Kent bénéficie du jeu sur les ombres et les clairs obscurs du dessinateur, qui sait comment donner du cachet aux scènes les plus ordinaires. Toutefois, son rythme de travail ne lui permettant pas de suivre la cadence, l'italien Marco Santucci (avec des planches plus souples, gracieuses) et Neil Edwards, le plus sombre et tourmenté des trois artistes -présent lorsque la situation parait précipiter, par ailleurs- sont de la partie eux aussi.
Notons aussi que le Superman nouvel arrivant, en total incognito, adopte un look des plus convaincants, avec un costume noir ultra seyant et pratique, et la barbe badass pour donner une touche de crédibilité sérieuse à un personnage trop boy scout à bien y penser, mais soudain prêt à se battre, pour défendre sa famille de menaces mortelles, comme celle de Blanque. Ce qui pose la question de l'utilité de tuer, face à un ennemi imparable. Un bon petit hors série qui se laisse lire avec plaisir.



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JUSTICE LEAGUE VS SUICIDE SQUAD #1 : BRANLE BAS DE COMBAT CHEZ DC

DC Comics et Warner ont deux cartes précieuses à jouer, pour ce qui est des équipes de leur univers super héroïque, au cinéma : d'un côté la Justice League, qui regroupe les principaux héros dont les vedettes Superman, Batman et Wonder Woman -avec un film fort attendu en 2017- de l'autre la Suicide Squad, une équipe qui était tombée aux oubliettes depuis quelques années, avant que la magie du grand écran ne vienne remettre sur le devant de la scène ces criminels, qui obtiennent une remise de peine en travaillant pour le gouvernement , le plus grand secret, sur des missions tellement périlleuses qu'on les considère suicidaires. Forcément les pousser à s'affronter est un bon moyen d'ouvrir la vanne à dollars, que ce soit dans les comics, ou dans les films. Sur le papier, voici donc venir une mini-série où Deadshot et ses hommes vont se retrouver engagés dans un combat face à Superman et les siens. En apparence ça semble assez mal engagé pour les méchants, sauf qu'ils ont un atout de poids : eux sont disposés a tuer pour remplir leur mission, tandis qu'en face les boy-scouts sont des gentils, et à part donner quelques claques, ils n'osent pas franchir certaines limites, qui restent tabous. En gros et pour simplifier l'histoire, les deux clans vont se retrouver sur une île du Pacifique qui était menacée par un terroriste, menaçant de la faire disparaître, victime de séismes gigantesques, au moyen d'une arme inédite appelée . Batman de son côté a eu récemment maille à partir avec Amanda Waller, la responsable du projet Suicide Squad, et il voit d'un très mauvais œil l'envoi de ces cinglés sur le terrain, dont les méthodes sont franchement discutables. Le Dark Knight parvient à convaincre ses amis de la Justice League qu'il est impossible de laisser faire tout ceci sans réagir, et du coup agitez bien, les bulles vont sortir, et ça va se taper dessus!



Dit comme ça c'est assez basique, mais c'est bel et bien ce qu'on peut lire dans ce premier numéro, ainsi qu'une surprise qui vous attend vers la fin, avec une nouvelle équipe badass en formation. C'est ce dernier point qui devrait être l'élément permettant d'étoffer et de crédibiliser ce premier véritable "event" de la nouvelle ère de Dc Comics, à savoir Rebirth. A ce sujet pas de panique, Urban Comics s'y attaquera avec classe au printemps, et nous serons là pour vous proposer un vrai guide de lecture complet, afin de vous faciliter la lecture. En attendant Joshua Williamson pose ses pions sur la table, et nous laisse à penser que le meilleur sera pour ensuite. Dc a aussi pensé à convoquer de très bons artistes, et au dessin Jason fabok assure grave, comme à son habitude, avec une mise en couleur plus claire et légère que d'habitude. Ses planches sont jolie et très dynamiques, et plairont assurément au plus grand nombre. Comic-book à classer au rayon blockbuster/divertissement pour l'instant, ne cherchez pas trop à approfondir avec ce premier numéro. Mais il n'est pas dit que cette histoire ne puisse nous surprendre vraiment dans quelques semaines. 


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ALL NEW AVENGERS & IRON MAN HS 2 : L'ESCADRON SUPREME

La bonne nouvelle c'est que l'Escadron Suprême est de retour, avec une nouvelle série dont les cinq premiers épisodes nous sont proposés dans ce hors-série. La mauvaise, c'est que beaucoup de lecteurs ne sont pas très au fait de qui sont les héros qui composent ce groupe, qui a eu une carrière éditoriale chaotique, aux multiples virages. Si c'est la version de Straczynski qui a obtenu le plus de succès récemment, c'est grâce au scénariste Jonathan Hickman que nous lisons aujourd'hui ces pages : c'est lui qui a en effet réintroduit le personnage de Hyperion, en le faisant s'associer avec les Avengers, durant la grande crise qui a menacé l'extinction de l'univers tout entier (Time runs out). Cette Hyperion là est en fait le rescapé de son monde, un univers parallèle qui a été détruit lors des récentes incursions, qui ont provoqué ensuite les Secret Wars. C'est sur le même principe que le nouveau Escadron Suprême est bâti, à savoir les rescapés de plusieurs univers différents, qui finissent par unir leurs forces afin de faire ce que les Avengers rechignent à faire... autrement dit les intentions sont louables, mais la manière de procéder est discutable. Le leader du groupe est Nighthawk, un justicier calculateur et froid, qui n'est pas sans rappeler Batman. D'ailleurs c'est tout l'Escadron qui imite la Justice League de DC Comics, qui a servie d'inspiration évidente. Ici l'histoire commence avec une vengeance bien compréhensible : Namor à fait partie de la Cabale, ce groupe de malfaiteurs qui avait décidé de mettre un terme aux incursions à leur façon, c'est-à-dire en détruisant les univers concurrents du notre. Chaque membre de l'Escadron a donc de bonnes raisons de liquider Namor, de se débarrasser du prince des mers. Le conflit explose violemment, et les Avengers s'en mêlent forcément. Le destin de Namor est assez choquant, et même si le lecteur habitué aux comics a du mal à croire à ce à quoi il assiste, il n'empêche vous allez sauter sur votre chaise!



Par la suite l'histoire bifurque totalement : on abandonne le conflit avec les Vengeurs et tout d'un coup le groupe se retrouve transporté sur le Weirdworld, où les "héros" vont s'associer avec Thundra, pour combattre les armées de Arkon, qui est possédé par les pouvoirs magiques du docteur Druid. C'est un peu le grand écart, car au début nous prenions plaisir à voir l'Escadron sur Terre, se confronter avec les autres formations de super-héros aux méthodes différentes... et hop les voici expédiés ailleurs, dans un monde imaginaire où la magie fait loi, et où les enjeux sont complètement différents. Voilà peut-être la limite de ce hors-série. James Robinson écrit de bonnes choses, mais on a l'impression qu'en cours de route, Marvel l'a obligé à changer son fusil d'épaule, ne serait-ce que pour patienter en attendant qu'explose la seconde Civil War. Léonard Kirk s'occupe des dessins : c'est plaisant, agréable à voir, lisible, avec seulement quelques petits défauts lorsqu'il s'agit de représenter les visages, les gros plans. Soyons sérieux, si l'Escadron Suprême n'est pas la série la plus attendue de tous les all new all different chez Marvel, pouvoir lire 5 épisodes d'un coup pour un peu plus de 5 € ,dans ce format cela, reste une bonne idée pour se faire plaisir.


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GAMING : BATMAN - THE TELLTALE SERIES AU BANC D'ESSAI

Batman - The Telltale Series : l'adaptation du chevalier noir que nous méritons ?
Attention, cet avis contient quelques spoilers sur les cinq épisodes de Batman - The Telltale Series. A lire donc à vos risques et périls.

L'année 2016 s'achève bientôt, et qui dit fin d'année, dit, forcément, un regard rétrospectif sur celle-ci. En ce qui concerne les adaptations de comics, 2016 a plutôt été une année riche (six films cette année et pas moins de neuf séries, qu'elles soient nouvelles ou non), ce qui fera évidement dire à certains, "on en a marre des super-héros". Parmi ces films, l'un d'entre s'annonçait comme un événement : Batman V Superman : L'aube de la justice. En plus de faire confronter les deux plus grandes icônes des super-héros de comics, le film se devait d'offrir une vision neuve de l'Homme Chauve-Souris, quatre ans après le dernier volet de la trilogie de Christopher Nolan qui lui était consacrée, The Dark Knight Rises.
Pour résumer mon avis, je n'ai pas aimé le film de Zack Snyder, en particulier à cause de sa vision de Batman. Je n'arrive pas à accrocher à ce Batman meurtrier, presque terroriste, qui est à l'opposé de son homologue de papier dans le comics The Dark Knight Returns de Frank Miller (qui aurait servi d'inspiration à Snyder), et qui en devient presque ridicule, lorsque l'on évoque le nom de sa mère. De plus, la morale du personnage en devient douteuse, lorsqu'on se rend compte que ce Bruce Wayne, est prêt à prendre les armes après que Superman, "l'étranger" aie détruit des immeubles (alors que le monde semble oublier qu'il empêchait Zod de l'anéantir), faisant de Batman un soldat américain interventionniste, appelant donc à défendre sa patrie en prenant les armes pour se défendre face à ceux qui pourrait l'envahir.
Pour beaucoup, le Chevalier Noir a donc raté son retour. Et les fans de Batman étaient en droit d'attendre une adaptation digne du héros. C'est alors que les petits gars de Telltale Games sortent fin Août le premier épisode de leur nouvelle série/jeu/histoire interactive (vous arrivez toujours à suivre ?), Batman - The Telltale Series. Pour les non-connaisseurs, Telltale développe des jeux vidéos qui, sous la forme de séries en cinq épisodes, laisse la possibilité au joueur de faire les choix qui feront avancer l'histoire. L'histoire serait a priori différente en fonctions des décisions du joueur. Aussi, en plus de changer l'histoire, le joueur peut également choisir le comportement que peut avoir son héros par rapports aux autres personnages. Cette formule a fait la gloire des développeurs sur deux autres adaptations de comics, The Wolf among us (adapté de Fables) et bien sûr, The Walking Dead.



Telltale propose donc de réinterpréter Batman et tout son univers. Nous retrouvons un Chevalier Noir à ses débuts dans sa lutte contre le crime, dirigé alors par un certain Carmine Falcone. Jusque-là, l'histoire nous offre un air de déjà vu et nous rappelle Batman Begins de Christopher Nolan. Il faudra attendre la fin du premier épisode pour voir que Telltale va s'amuser, tout au long des cinq épisodes, à déconstruire tout ce que nous semblions connaître de la mythologie du Croisé Masqué, à commencer par le mythe fondateur du héros, concernant l'assassinat de ses parents. En effet, la force de cette série de jeu réside sans doute dans son écriture, car les scénaristes ont réussis le pari audacieux de réinventer l'univers de Batman (du haut de ses 75 ans d’existence) tout en continuant de le rendre passionnant, mais surtout surprenant. Ainsi, exit le Thomas Wayne idéal et exemplaire pour son fils, et bienvenue au milliardaire corrompu qui a détruit des familles entières pour s'enrichir et pour contrôler Gotham, au côté notamment de Falcone. Le père de Bruce Wayne n'est pas le seul à bénéficier d'une réécriture astucieuse, en témoigne Oswald Cobblepot, qui apparaît ici comme un pseudo révolutionnaire, et ancien ami de Bruce, bien plus crédible que dans le matériau de base. Le fait qu'il ait été ami avec Bruce rend leur relation encore plus complexe et intensifie encore plus la rivalité Wayne/Cobblepot que l'on a déjà pu voir dans d'autres médium. Telltale a réussi à dépoussiérer le Pingouin et à en faire un personnage charismatique et intéressant (je refuse de dire que la série Gotham y est également parvenu).
Tous les autres personnages du "Bat-Verse" bénéficient également d'une écriture solide, notamment Catwoman, Harvey Dent, ou encore Jim Gordon et bien sûr Alfred. Chacun de ces personnages sont fidèles à leurs homologues de papiers, tout en ayant une touche d'originalité qui colle parfaitement à leur caractérisation (Catwoman est définitivement un personnage ambigu qui, a l'instar d'un chat, fait ce qu'elle veut, quand elle le veut, et n'hésite pas à sortir les griffes si on l'en empêche).



Mais la nouveauté notable du jeu est sans doute le fait que le joueur peut enfin incarner Bruce Wayne, qui peut s'avérer être plus important que Batman. La dualité des deux identités du personnage est parfaitement bien développée, Bruce Wayne n'a sans doute jamais eu autant de charisme que dans Batman - The Telltale Series. Le personnage est profond, il a bien plus de relief depuis qu'il apprend que tout ce pour quoi il se bat risque d'être fondé sur un mensonge (ses parents se seraient fait assassinés parce que son père dérangeait trop les gangsters et les bureaucrates corrompus qu'il fréquentait). Le fait que cet héritage familiale soit remis en cause permet donc au joueur l'opportunité fascinante d'incarner le Batman/Bruce Wayne qu'il souhaite. Nous pouvons donc choisir à plusieurs moments si nous voulons agir en étant Bruce Wayne (et sa ruse), ou alors avec Batman (avec sa violence et son autorité) ce qui offre des situations plutôt variées quand il s’agit d’obtenir des informations, qui ne peuvent parfois être obtenues que si l’on choisit l’un des deux alter ego. Le jeu regorge de choix cornéliens qui feront patienter le joueur quelques minutes avant de prendre sa décision, ou pas, étant donné qu’un « timer » force le joueur à faire des choix dans la précipitation, comme par exemple, lorsqu’il a le choix entre sauver Catwoman ou Harvey Dent, celui-ci pouvant être défiguré en fonction du choix effectué.
Cependant, le défaut central réside également dans ces choix. Alors que le joueur pense que ses choix influencent définitivement l’histoire, on se rend bien vite compte que certains d’entre eux n’ont pas une grande importance car ils nous font aller dans la même direction que si l’on avait choisi le contraire. Dans le premier épisode, le joueur a le choix entre bien accueillir chez lui Carmine Falcone, ou alors être désagréable avec lui, mais quoi qu’il choisisse, le jeu emmènera le joueur dans la même direction, comme si Telltale voulait plus nous faire découvrir une nouvelle histoire, leur histoire de Batman, délaissant en revanche l’aspect ludique. C’est dommage quand on constate la force d’écriture des développeurs, on se dit qu’en ayant que s’ils avaient écrit une situation différente pour chaque choix dans l’histoire, le jeu aurait pu atteindre le titre de chef-d’œuvre, comme, dans le même genre de jeu, Life is Strange de Dontnod. 
De plus, contrairement aux autres Telltale (Walking Dead en tête), le joueur se retrouve plutôt passif dans le jeu, dans le sens où il n’a pas à faire de grands déplacements pour interagir avec son environnement, il lui suffit la plupart du temps d’appuyer seulement sur un bouton. Les séquences de détectives quand à elles demandent un peu plus de jugeote, mais ne relève pas non plus d’un défi insurmontable digne du plus grand détective du monde. On retiendra par contre les séquences de combats, beaucoup plus intenses que dans les précédents jeux du développeur, bien mieux rythmées et chorégraphiées, l’idée également de planifier les attaques avant un combat donne lieu à des scènes impressionnantes. N’oublions pas non plus la superbe direction artistique du jeu, sombre, qui donne un aspect très comics au jeu, et qui ne mande pas de s’inspirer (comme le montre l’écran d’accueil du jeu) des travaux de Jim Lee, Neal Adams ou encore Greg Capullo, sans oublier bien sûr Bob Kane (ce qui est presque ce qui s’est fait de mieux en dessin sur Batman). Toutefois, on notera quelques textures qui font un peu taches dans les décors, ou même certains visages qui apparaissent ratés (notamment vers la fin  de l’épisode 2). On espère que les développeurs utiliseront des « patch » ou corrigeront le tir avec des prochaines mises à jour. Enfin un mot sur le doublage, qui apparaît a posteriori comme excellent, mention spécial pour Troy Baker, qui après avoir doublé Le Joker et Double-Face pour les Batman Arkham, double ici à merveille Bruce Wayne.  



Et si Batman – The Telltale Series n’était pas au final, l’adaptation que nous attendions de l’Homme Chauve-Souris cette année ? Si ce n’est pas le cas, le jeu de Telltale s’en rapproche de très près, nous faisant redécouvrir l’univers de Batman avec passion et beaucoup de surprises. C’est un plaisir pour le fan qui y redécouvrira sous un nouvel angle de nombreux personnages ou éléments familiers, mais également pour le néophyte qui rentrerait pour la première fois dans l’univers de Batman. Mais malgré toutes les qualités du jeu et ses bonnes intentions, on regrettera le fait que Telltale ait abandonné l’aspect ludique de son œuvre pour nous faire vivre « simplement » une histoire interactive, très proche d’un film d’animation, qui pourrait paraître d’ailleurs un peu trop courte (on compte une heure et demi par épisode, si le joueur se focalise uniquement sur son objectif principal, sans prendre le temps de regarder tous les clins d’œils, ainsi que les interactions autour de lui). On attend néanmoins avec impatience la deuxième saison du jeu, qui promet d’être encore plus intense que la première.


Un grand merci à Clément Bastianini, auteur de cet article, ici à sa première collaboration avec UniversComics. 

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COSPLAY MANIA (17) : JOYEUX NOEL !

Le 25 décembre c'est Noël, et même le jour de Noël, nous ne prenons pas de vacances. Place donc au Cosplay ce dimanche, entre la dinde et les cadeaux. J'espère d'ailleurs que le Père Noël vous aura gratifié de quelques surprises positives, et surtout que ces fêtes de fin d'année se déroulent le plus sereinement et heureusement possible. Joyeux Noël et bon cosplay mania à toutes et à tous. 


Le Pingouin a mangé la dinde. Régime promis pour 2017


Black Hand. Lui évitez-le, il n'apporte pas de bonnes nouvelles...


Mister Freeze. Pratique pour congeler la bûche


Jean Grey en action. Elle devine vos pensées pour choisir le bon cadeau


Arsenal. J'en connais un qui va se prendre une flèche très bientôt... 


Ce Joker est dingue. Affreux et cinglé comme on le voudrait


Taskmaster. Le maître de corvée. Entraînement des super-vilains au menu


Chez les Spider, on devise de tout et de rien. Même avec le Bouffon! 


Déjà posté sur notre page Fb : repas de famille chez les mutants. Cin cin 

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BATMAN LE CHEVALIER NOIR TOME 4 : DE L'ARGILE

Gueule d'Argile est un personnage protéiforme : il peut changer d'apparence à volonté, ce qui le rend particulièrement difficile à identifier et à maîtriser. Mais à l'instar du Caméléon chez Marvel, il finit par en oublier sa véritable identité; à force d'être tout le monde, il n'est plus personne. Soyons honnêtes, ce n'est pas forcément le vilain le plus impressionnant, ou qui a mis le plus en difficulté Batman durant sa carrière, mais la version que nous propose Greg Hurwitz est particulièrement intéressante, notamment car le scénariste enquête sur le passé du personnage, son enfance, durant laquelle un manque de confiance en lui et d'affection, l'a rendu totalement transparent aux yeux des autres. Son besoin de se singulariser est poignant, et sa carrière d'acteur un vrai fiasco, n'étant pas assez beau pour jouer le rôle d'un jeune premier, ni assez doué pour obtenir un second rôle. Pauvre Basil Karlo. Le futur Gueule d'Argile va rencontrer tout d'abord le Joker, qui va l'aider à devenir ce qu'il est maintenant, puis le Pingouin, envers qui il a contracté une dette lourde de sens. Tout ceci nous est admirablement bien expliqué, alors que le vilain semble avoir définitivement pété les plombs, et qu'il liquide ses propres hommes de main, sous l'identité du commissaire Gordon. Batman ne s'y laisse pas tromper (le lecteur n'en croit pas ses mirettes, au départ) et la lutte recommence entre les deux antagonistes... pas facile d'arrêter Gueule d'Argile, a moins de mettre en place un piège totalement étanche, et surtout de ne pas se tromper de cible. 

C'est Alex Maleev, qui plus est, qui dessine ce premier story-arc de l'album. Alors c'est forcément beau, plein d'une atmosphère urbaine et violente, avec un jeu sur les ombres et les textures toujours aussi passionnant. La suite nous laisse...sans voix. Je veux dire par là que nous avons le droit à deux épisodes sans le moindre dialogue, où c'est le story-telling du dessinateur qui fait parler l'histoire. Alberto Ponticelli s'appuie sur un trait gras, faussement sale, pour faire ressortir les émotions dans ce qui est un récit qui aborde le traitement réservé aux immigrés clandestins en Amérique, ici exploités par l'infâme Pingouin, toujours prêt à exploiter la misère des autres pour quelques dollars de plus.
La fin de cet album est un peu plus classique dans la forme, avec deux autres épisodes qui mettent en scène Man-Bat, le contraire de notre cher Batman. Ce n'est pas le scientifique Kirk Langstrom qui utilise la formule pour devenir une véritable chauve souris humaine, mais son père, qui est un homme d'affaire obnibulé par la réussite et sans aucune morale. On ne donne pas dans les nuances, c'est présenté et développé de façon très convenue, avec finalement peu de place pour approfondir la relation père/fils qui aurait pu être l'angle d'approche le meilleur. Par contre, le lecteur peut profiter du travail d'Ethan Van Sciver qui dessine une grande partie de ces pages, avec le renfort de Jorge Lucas (pas Georges hein...) pour la dernière moitié. 
Dernier tome pour la série The Dark Knight, qui vous l'avez deviné depuis le début, est censé exploiter le coté sombre et horrifique de Gotham, sans pour autant proposer des histoires capitales ou extraordinaires. Mais les artistes qui se relaient sont en général de bonne facture, et les amoureux du dessin en ont eu pour leur argent, vraisemblablement. 


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NEMESIS DE MARK MILLAR et STEVE MC NIVEN : LE NIHILISME EN ACTION

Si je suis un admirateur du travail de Mark Millar, j'admets avoir été déçu une fois, principalement, par une de ses oeuvres. je veux parler de Nemesis, qui fit couler de l'encre et bien des polémiques lors de sa sortie. Je n'avais pas aimé alors, mais comme le temps change parfois la donne, l'heure est venue d'une relecture, des années plus tard, et d'un nouvel avis. Alors, ce Nemesis, le rachat à sonné?
Nemesis est le plus grand super criminel de la planète. Du haut de sa morgue et de sa philosophie abjecte, il semble narguer la bien pensance et les polices du monde entier, et le terrorisme est sa seule doctrine. Tout habillé de blanc, il plane comme un fantôme mortel sur ses victimes, et se joue d'elles avec cruauté. S'il officie principalement en Asie (le début de cet album le voit commettre un carnage ferroviaire au Japon), il ne dédaigne pas rendre visite à l'Amérique, pour régler ses comptes (c'est tout du moins ce qu'il prétend, dans un premier temps) avec le commissaire Blake Morrow, une sorte de super flic que rien n'arrête et pour qui le boulot est avant tout une mission inaliénable. Morrow reçoit d'ailleurs un billet doux éloquent : sa mort est déjà programmée, et dès son arrivée aux States, Nemesis fait parler la poudre : il met la main sur le président des Etats-Unis en personne, investit le Pentagone et en assassine quasiment tout le personnel, avant de se laisser prendre au piège que lui tend la police, et de se faire capturer. Un bref répit de toute façon au programme ; le criminel a tout planifié depuis le début, et se laisser alpaguer était pour lui le meilleur moyen d'initier son plan retors et somptueusement horrible. Le sang va couler, les révélations choquantes vont fuser, le duel entre le superflic et sa cible va être épique. Nous sommes dans un vrai western moderne, gore et anticonformiste. Sauf que le bad guy semble avoir toujours un coup (voire deux) d'avance... 
L'opposition est très dychotomique : le méchant est franchement méchant, le gentil presque trop gentil. De toutes façons, cet album ne prend pas le temps de fouiller la psyché de ses personages, il est trop occupé à revendre de l'hémoglobine au litre. C'est bien le hic avec Nemesis : comment un individu peut-il acquérir de tels moyens, une telle philosophie, réussir de tels coups, et dans quel but?

Si la fin répond en partie à la première question, le reste est suspendu dans les limbes des mystères du scénario. A coté, Kick-Ass est censé être de la merde, dixit Millar, l'auteur des deux oeuvres. Désolé, mais je m'inscris en faux. Tout d'abord Nemesis a le défaut (ou la qualité) d'aborder un sujet sensible, qui l'est devenu plus encore récemment, à savoir le terorisme. Les innocents subissent, il frappe sans considération pour les foules, se complait à répandre le mal, dans un costume blanc immaculé qui est un peu l'antithèse de celui de Batman, dont il reprend par ailleurs la légende fondatrice, pervertie (l'individu qui serait parti à la recherche d'une nouvelle identité, après la mort de ses parents -ici ils ont subi la peine de mort ou le suicide- et aurait acquéri tout un arsenal de techniques de défense, et une richesse colossale, pour revenir ensuite se venger). Nemesis est riche, il s'ennuit, alors il tue. Une version revisitée et outrancière d'Orange Mécanique, un sous-produit à la Garth Ennis (qui lui structure bien mieux les poussées de violence, et trouve toujours le moyen de les justifier, ou presque), ou juste un comic-book fun et irrévérencieux, à prendre au quatrième degré? L'hésitation reste en permanence en balance dans cet album, et si la fin semble punir le grand criminel, les dernières planches remettent en question le triomphe du bien sur le mal absolu, et incarne cette fascination morbide pour les grands cerveaux criminels, des ordures à passer par les armes qui finissent par dégager un capital sympathie tant leurs machinations sont complexes et outrancières. 
Reste les planches de McNiven, qui en tant qu'artiste au talent indiscutable, sort encore son épingle du jeu. Son trait est encré avec parcimonie et peu appuyé, comme si derrière l'incroyable et effroyable déferlement de sang, il souhait prendre un peu de recul et dépersonnifier l'ensemble. C'est du haut niveau, mais pas le sommet de sa carrière. Les scènes d'action quand Nemesis se déchaîne, sont très efficaces, et bien réglées. 
Millar a probablement souhaité nié à son personnage une vraie empathie, une réelle profondeur existentielle, pour ne pas magnifier le nihilisme primaire qui l'habite et le définit. Il met en avant le rythme, l'action, sacrifiant de la sorte les motivations et l'humanité des personnages. Nous lisons donc un grand comic-book en terme de violence spectaculaire, mais qui n'offre guère de clé de lecture quand au sens de la narration, et ses ambitions. Blockbuster de l'été, mais film jamais récompénsé, dirait-on au cinéma.






MARVEL UNIVERSE 6 : VENOM SPACEKNIGHT

Du Flash Thompson d'autrefois, ce grand gaillard un peu couillon et un peu loser pour qui Peter Parker était une tête de turc au lycée, il ne reste absolument plus rien. Tout comme il ne reste guère de traces tangibles du grand Venom/Eddie Brock qui tourmentait Spider-Man et souhaitait lui manger la cervelle. Aujourd'hui, le symbiote alien a été purgé de toute sa rage, sa haine, et est devenu un simple instrument pour mener à bien des missions dans l'espace. Une sorte de combinaison high-tech qui évolue au gré de l'humeur, des circonstances, et permet à Flash de se targuer du titre de "Agent of the Cosmos" bien qu'il ignore lui-même ce que cela peut vraiment vouloir dire. En révélant les origines du symbiote et en abordant le sujet de la race des Klyntar, Bendis a probablement mis un point final à ce qui était un des personnages les plus fascinants car controversés, durant les années 90. Expurgé de ce qui faisait de lui une terreur homicide et en même temps une force contre nature au service du bien, le Venom qui subsiste est désespérément lisse, aseptisé, et finalement d'un moindre intérêt. Avec Robbie Thompson, on a l'impression de lire un vague résumé de ce qui existe chez Dc, avec les Green Lantern (mais à des années lumière de ce que Geoff Johns a bien écrit récemment) ou de ce qu'on a déjà vu chez Marvel il y a peu avec les Gardiens de la Galaxie. Avait-on besoin des Agents du Cosmos? Bien sur que non, d'autant plus que cette première mission confiée à Venom (par télépathie, c'est pratique et moderne) est totalement ennuyeuse et sans le moindre enjeu d'envergure. Une histoire creuse de cargaison de drogue extra-terrestre dans l'espace, avec cerise sur le gâteau un robot aux pulsions suicidaires qui finit par devenir le side-kick de Venom. Certaines scènes sont assez limites, voire purement enfantines, comme lorsque le héros parvient à échapper aux griffes de ses adversaires en pressant un gros bouton rouge situé sur le tableau de bord, qui provoque dépressurisation et évacuation de tout l'engin spatial de manière instantanée. Mais ils sont donc complètement imbéciles ces aliens, qui traversent le vide sidéral à bords d'engins qu'on peut ouvrir comme une boite à sardines juste en appuyant sur une touche ultra voyante, à la portée de tous?


Blague à part, on trouve aussi de bonnes idées, comme cet approndissement de ce qu'est le symbiote (de la race des Klyntar) et de sa nature positive, tout comme le fait que les Agents du Cosmos soient capables d'entendre intérieurement les appels à l'aide de l'univers, constituant ainsi une force qui ferait presque penser aux Jedis chez Star Wars. Flash est capable d'utiliser son symbiote de bien curieuse manière, pour sauver des vies, plutôt que d'en dévorer. On le voit ainsi sur une planète alien utiliser la substance noire comme ballon protecteur, ou parapluie géant, un peu comme Peter Parker aurait pu le faire, en son temps, avec de la bonne vieille toile traditionnelle. Le problème, c'est que finalement tous ces petits bons moments sont dilués dans un récit qui n'a pas de portée profonde, et qui de toutes manières n'était censé aller que jusqu'aux Secret Wars, au terme desquelles a emergé un nouveau Venom, qui n'a plus rien à voir, et dont nous avons déjà parlé ici-même.
Restent les dessins d'Ariel Olivetti. Je devrais dire les peintures, tant son style est pictural, magnifique au niveau des couleurs, des décors. Mais attention là-encore, il ne faut pas être allergique au travail sur ordinateur (c'est assez criant chez Olivetti) et surtout aux planches contaminées par une fixité figurative exagérée. Tout parait figé dans une froide beauté d'où est exclu le mouvement, la passion. Et pourtant c'est beau, par endroits, exagérément beau. En opposition aux séries d'aujourd'hui qui semblent dessinés dans un esprit "arty" caricatural, là tout est fouillé à l'extrême, avec une mise en couleur sidérale et sidérante. Manque juste l'essence, la vie.
Reste qu'au prix de la revue (merci Panini), après tout, rien ne vous empêche de tenter l'expérience et d'aller en kiosque.





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X-MEN RESURRXION EN MARS. NOUVEAU DEPART POUR LES MUTANTS

En dépit de la rumeur qui courrait, selon quoi les responsables de Marvel souhaiteraient en finir avec les titres mutants, furieux que ce soit la Fox qui exploite les droits des personnages au cinéma, les X-Men sont toujours bel et bien en action, et vont vivre à partir de mars 2017 une énième révolution. Certes, les Inhumains sont aujourd'hui leurs concurrents directs, et certains héros phares apparaissent redondants, comme des doubles embarrassants, qui finissent par faire de l'ombre, mais pas trop. Car disons le franchement, Marvel joue le "passage en force" avec les Inhumains, au risque souvent de les présenter comme des personnages antipathiques et au comportement presque terroriste (Scott Summers également, d'un certain côté), ce qui n'arrange rien au fait que les nouveaux venus depuis la dispersion du nuage terrigène ont assez peu de charisme, et ne semblent pas avoir prise sur le lectorat de masse. 
Le conflit total entre mutants et inhumains a éclaté ces dernières semaines en deux actes. Tout d'abord la mini série Death of X, de Jeff Lemire et Charles Soule, nous a relaté comment est mort Scott Summers, et clairement la responsabilité de Flèche Noire est évidente. Ensuite est arrivée la mini série Inhumans Vs X-Men, dont les numéros 0 et 1 sont déjà sortis au States. Au terme de tout cela, ce sera le moment de recoller les morceaux, d'aller de l'avant, dans une nouvelle direction. Après la mort, chez Marvel, vient donc la résurrection. Ou plutôt RESURRXION, comme le veut le slogan, le titre de ce virage à prendre en mars.
Nous aurons donc deux one-shot importants, à savoir Inhumans Prime et X-Men Prime, un titre déjà exploité dans les années 90. Juste ensuite les mutants se scindent en deux groupes "historiques" avec X-Men Blue par Cullen Bunn, et X-Men Gold par Marc Guggenheim. Des titres en solo sont annoncés, comme ceux dédiés à Iceman (par Sina Grace), Jean Grey (par Dennis Hopeless), Cable (par James Robinson) ou Generation X (par Christina Strain). 
La trame sera basée sur le rêve originel, celui de la coexistence pacifique entre humains et mutants, et de la lutte pour y parvenir. 



Nous pouvons tout de même déjà remarquer quelques petites choses. L'absence d'auteurs de premier plan tout d'abord. Bunn et Guggenheim ne sont pas les premiers venus, mais si Marvel avait voulu vraiment mettre les mutants au tout devant de la scène, ce sont d'autres scénaristes qui auraient été conviés (par exemple Lemire) et surtout des dessinateurs de premier ordre auraient été recrutés (Immonen, Coipel, Pichelli, Asrar...). Ensuite, nous semblons aller vers un retour en arrière, aussi bien au niveau du design des personnages, que du mode de fonctionnement de l'univers mutant. Une sorte de désaveu de ce que Bendis a pu vouloir faire récemment, et d'autres avant lui. 
Chez les X-Men, ce qui fait défaut actuellement, c'est une grande vision d'ensemble (Claremont tissait les trames des mois ou des années en prévision), de vrais enjeux qui ne se diluent pas dans une écriture axée uniquement sur la version tpb (le défaut de Bendis, qui mise tous sur la sitation, le dialogue, au détriment d'une histoire chaque mois) et quelques sagas passionnantes et marquantes, comme récemment le Complexe du Messie, le Chant du Bourreau, ou à la rigueur Schism (que j'ai apprécié). Ces dernières années, entre Avengers Vs X-Men et les micro récits de Braian Bendis, ça manquait de souffle, en dehors des tous premiers épisodes de All-New X-Men, qui avaient apporté de la fraîcheur, avant eux aussi de perdre en ampleur.
Bref, les mutants ne sont pas morts, mais on annonce tout de même leur ResurrXion. Nous serions les premiers à le souhaiter, mais nous sommes modérément dubitatifs. 

CHASM : LE FARDEAU DE KAINE (UN FARDEAU POUR LES LECTEURS)

 En mars 2024, Marvel a publié un gros fascicule intitulé Web of Spider-Man , censé donner un aperçu de quelques unes des trames sur le poin...