OMNIBUS ULTIMATE SPIDER-MAN : LES (MES)AVENTURES DE MILES MORALES

Un des véritable avantages de l'univers Ultimate était de pouvoir raconter des choses proprement impensables dans le monde Marvel traditionnel. Ainsi la mort définitive de Peter Parker a été un choc terrible, et ce dernier n'est jamais revenu prendre sa place parmi les héros en activité. Ce qui ne signifie pas pour autant la fin des aventures de Spider-Man, puisque Brian Bendis avait décidé depuis longtemps de lancer un nouveau personnage aux origines latino du nom de Miles Morales : une création qui fait écho à l'adoption par le scénariste de deux petites filles (éthiopienne et afro-américaine) dans la véritable vie. On comprend donc qu'il tenait beaucoup à cette idée audacieuse, qui de surcroît s'est révélée être une des plus belles intuitions de ces dernières années. En dépit de quelques quolibets au départ, et de l'impression d'effectuer un choix opportuniste, les lecteurs ont peu à peu appris a aimer Miles, qui est devenu un des chouchous du public, au point qu'il a finalement intégré l'univers Marvel traditionnel, au terme des Secret Wars. Il est un des rares rescapés de la terre des Ultimates, qui a finalement était jetée à la poubelle, victime d'une désaffection massive de ceux qui l'avait soutenue au début. L'omnibus que nous a proposé Panini permet de revenir sur la genèse du Spider-Man, que nous appellerons, faute d'autre terme adéquat pour le singulariser, Ultimate Spider-Man. Son histoire et son background rappellent furieusement les débuts de Peter Parker dans les années 60. Le héros doit composer avec la méfiance atavique de sa mère, et le caractère protecteur de son père; mais c'est à cause de l'oncle, un voleur patenté (le Prowler de l'univers Ultimate) qui s'attire des ennuis en fouillant dans les laboratoires Osborn, que le jeune homme va se retrouver mordu par une araignée radioactive (pardon, génétiquement modifiée, la science a fait des progrès...) qui va lui conférer des pouvoirs extraordinaires. Miles est au lycée et son quotidien est rythmé par les cours, et le besoin d'inventer des excuses pour s'éclipser en douce, sans s'attirer les foudres des professeurs et des camarades. Il a un ami, Ganke, une sorte de nerd en surpoids, qui vit un peu par procuration les formidables exploits de son jeune camarade prodige, et lui facilite les choses pour apprendre à découvrir jour après jour des dons, qu'il n'avait certainement pas demandé. A tel point que lorsqu'il se retrouve face à face avec d'autres véritables super-héros, et Nick Fury en personne, le gamin a tendance à ne pas forcément se sentir à sa place...



C'est extrêmement frais, amusant, et de plus, intéressant. Voici une série où on remarque combien est structurée l'écriture de Bendis, fort sensible, et naturel. L'auteur suit pas à pas le cheminement et les questionnements du personnage, pour le crédibiliser, un épisode après l'autre. Après avoir tenu les rênes du premier Ultimate Spider-Man (Peter Parker adolescent) et lui en avoir fait subir de toutes les couleurs (puis l'avoir tué...), Bendis reprend truelle et ciment et construit un autre petit chef d'oeuvre narratif, sans en avoir l'air. Au dessin signalons le travail de Sara Pichelli; elle a une façon incroyable de rendre des planches propres, très lisibles, et vraiment dynamiques, sans pour autant user d'artifices ou exagérément remplir l'espace. Chez elle, c'est la clarté et les émotions du personnage qui priment, et elle tente toujours de les retranscrire en mouvement, sans pour autant que cela devienne du bluff esthétique. Autres grands noms que vous allez retrouver dans ces quelques trente épisodes, ceux de David Marquez et Chris Samnee, dans un style fort différend pour le second cas. De plus il est évident que le spider-Man actuel, sur grand écran, tout en conservant Peter Parker comme héros phare, s'inspire allègrement de la version Ultimate, pour mettre en oeuvre une nouvelle existence plus proche des temps modernes, et opère ainsi une fusion fort intéressante, et inspirée.


Pour retrouver en VO les aventures de Miles Morales


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FEAR THE REAPER : MARVEL EPIC COLLECTION AVENGERS VOL.23

Si on nous demande de craindre le Moissonneur, dans ce nouveau volume de la Marvel Epic Collection, consacré aux Avengers, ce n'est pourtant pas lui qui est le principal vilain de l'album. Tous ceux qui ont connu les années 90, les derniers mois de publication du mensuel Strange, savent très bien que les Vengeurs de Bob Harras étaient vraiment une petite perle du genre, avec un récit super héroïque classique, fortement teinté de mélodrame, une sitcom marvelienne agrémentée de dangers cosmiques de premier ordre. Que dire des Gatherers (Collecteurs), qui opèrent des incursions dans notre réalité, pour en prélever des super-héros qui sont ensuite confrontés et remplacés par des versions venus d'ailleurs? Avec eux nous retrouvons le Swordsman, que tout le monde croyait mort, mais est-ce vraiment lui, ou un autre de ses doubles dimensionnels? Chez les Avengers de toutes manières, rien ne va plus! L'équipe doit affronter les conséquences de Galactic Storm, qui n'avait pas été publié à l'époque, et au terme duquel Captain America avait momentanément abandonné sa charge. C'est alors Dane Whitman, le Black Knight, qui assume momentanément la fonction de mâle alpha du groupe. Il y aurait bien Thor et Hercule sur le marché, mais tous les deux ont la fâcheuse tendance à se comporter comme des gros bourrins (au combat pour mener une équipe, on a vu mieux) et le premier cité est en plus un novice qui a tout à apprendre (Eric Masterson se substituant quelques temps à l'asgardien "classique"). Le Black Knight fait des ravages dans les cœurs puisque l'Éternel Circé semble jetait son dévolu sur lui, le pauvre, qui n'a d'yeux en fait que pour Crystal, mariée avec Quicksilver et mère de la petite Luna. Promis juré, je ne vous raconte pas le menu de la dernière saison des Feux de l'amour! Et vous savez quoi... en plus Steve Epting passe au niveau supérieur, et avec ces épisode accéde vraiment au rang de dessinateur de talent sur qui compter, même si Tom Palmer a tendance à rendre l'encrage un peu gras et pataud.

C'est tout cela qui a fait le succès des Avengers de l'époque, cette capacité à humaniser les héros, qui ont des peines de cœur, des doutes, des affres existentiels, et en même temps combattent des adversaires mortels. Le volume s'ouvre pour sa part sur une confrontation contre Kang. Nous en avons déjà parlé il y a quelques jours; il s'agit des annuals de l'été 1992, Citizen Kang, et il vous suffira de relire notre article (ici) pour comprendre. Autre point fort, nous retrouvons un triptyque contre The Reaper, qui donne son nom à l'ensemble. Ce dernier est le frère de Simon Williams (Wonder Man) et il reproche aux Avengers de l'avoir laissé mourir, ce qui est bien entendu très éloigné de la réalité. Du coup, pour se venger, il ranime les cadavres de certains ennemis légendaires du groupe, comme Le Baron Zemo, et avec une horde de zombies revanchards il décide de tendre un piège à ceux qu'il rêve de détruire. Ce n'est pas le meilleur moment de ces pages, pour autant ne vous privez pas du plaisir de les lire, car ceci aussi n'a pas été proposé par Lug/Semic, qui à l'époque faisait l'impasse allègrement sur les épisodes jugés non nécessaires. Au dessin vous trouverez aussi M.C Wyman, qui fut longtemps appellé à rendre des services dans les années 90, sur beaucoup de séries.

Petite anecdote pour terminer, ce sera aussi l'occasion de se délecter de la terrible vengeance de Héra, l'épouse de Zeus, qui ne supporte pas l'existence du "bâtard" que constitue Hercule, symbole vivant des infidélités de son époux. Hercule va donc tomber amoureux de la belle Madison, une simple mortelle, qui est en fait le jouet de la reine des dieux grecs. Je vous le répète, si vous êtes allergique aux histoires de cœur, cette époque révolue des Avengers vous laissera de marbre. Au contraire, si vous aimez que vos héros soient aussi proches de vous, avec des faiblesses sentimentales évidentes, c'est, cela va sans dire, quelque chose que vous devez absolument posséder.




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SPIDER-MAN #22 : HUNTED LA CONCLUSION

Hunted, et nous voici à la conclusion de la première saga importante imaginée par Nick Spencer. La situation est dramatique en plein Central Park, avec un dôme qui recouvre une partie de la zone, transformée en champ de bataille, ou pour être plus exact en territoire de chasse orchestré par Kraven. Les proies, c'est-à-dire les victimes, c'est Spider-Man, mais aussi ses alliés comme le docteur Curt Connors, ou la chatte noire, ainsi que des touristes et tout un ensemble de vilains, qui ont endossé le costume totémique d'autres animaux, comme par exemple le vautour, à la tête de la rébellion. L'ensemble a été construit par Arcade mais cela est presque un fait mineur, tant est si bien qu'à la fin, ce point de détail est tombé dans l'oubli. Reste la figure de Kraven, qui pousse Spider-Man dans ses derniers retranchements, et souhaite l'obliger à faire des choix capitaux, comme celui par exemple de tuer. 
Kraven justement est déjà mort, pour ensuite ressusciter, il est au centre de sagas totalement inoubliables mais aussi le protagoniste malgré lui de retours pas forcément réussis, et l'impression est que le personnage est désormais en bout de course. Ici Spencer lui offre donc une dernière sortie, en espérant qu'elle soit la bonne, car oui mesdames et messieurs, même s'il s'agit de comics mainstream, un jour ou l'autre il faut savoir inventer de nouveaux concepts et saluer dignement les anciens. 
Parmi les faits marquants de cette dernière partie, le Lézard, à nouveau transformé en reptilien brutal, qui tente de conserver un minimum de dignité et de contrôle, et le face-à-face final entre Kraven et Spider-Man, sans oublier aussi le fils du premier cité, qui va avoir une importance capitale dans la résolution de l'aventure. Humberto Ramos s'en donne à cœur joie dans son style cartoony et très caricaturale, et il faut admettre que sur certaines planches cela marche à la perfection, comme lorsque Kraven sombre dans la folie et éclate de rire. Au passage il salue définitivement la série et tire sa révérence avec brio.

Hunted, c'était quelque chose de très intéressant à lire, de très fun, qui ressemble finalement à ce qu'aurait pu écrire un Dan Slott il y a quelques années, mais il y a tout de même un arrière-goût ranci qui finit par prendre, et on aimerait vraiment que Spider-Man parte sur de nouveaux territoires, totalement inexplorés, dans les mois à venir. Du neuf du neuf du neuf!


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MISTER MIRACLE (TOM KING MITCH GERADS) : IMPOSSIBLE D'Y ECHAPPER!

Scott Free est le plus grand escapist du monde, il peut échapper à tout. Même à la mort, s'il lui vient l'envie de se couper les veines? C'est sa compagne, Big Barda, qui semble l'avoir récupéré à temps, et l'a emmené à l'hôpital...mais en est-on bien certain? Et le Paradis, ce serait cette vie domestique si modeste, au foyer, si éloignée de l'idée qu'on se fait des personnages du Fourth World de Jack Kirby, alors que l'Enfer ce serait la lutte séculaire sur Apokolyps, avec Darkseid? Et ces émissions de télévision qui semblent se brouiller, sont-elles autant d'hallucinations, d'un Scott plus tout à fait parmi nous? Scott est-il simplement en pleine dépression, ou burn out?
Bref, ce Mister Miracle est un casse-tête. L'oeuvre magistrale de Tom King se moque bien de tout nous expliquer, et de fournir toutes les réponses. Elle est si dense qu'elle se permet le luxe de laisser chacun décider ce qu'il voudra bien comprendre, et pourquoi, tout en garantissant, peu importe le choix, une lecture fascinante et remuante.
King mélange tous les genres, avec bonheur. On passe de scènes intimistes chez le héros et sa compagne, aux palais des Nouveaux Dieux et leurs costumes bariolés (sans oublier leur phrasé, leurs traditions ampoulées), et on flirte avec la fièvre, le délire, l'humour, la comédie romantique.
Le Fourth World -et Mister Miracle donc- n'est ici plus présenté à la sauce kyrbienne, et c'est un processus de démythisation qui accompagne les douze parties de l'album, à travers notamment un gaufrier à neuf cases qui ne permet pas à Mitch Gerards ces élans explosifs, ce génie visionnaire, que le King (pas Tom, Jack) plaçait au fil des planches. L'action ne vise pas au spectaculaire, voire même elle se nourrit de la routine de la fixité de certains instants, qui se répètent, se démultiplient, par de subtiles variations, laissant suinter la réalité entre chacune d'entre elles, qui peu à peu perd de sa substance, de sa véracité. Il ne reste plus rien de ce qu'on sait et de ce qu'on pense savoir, il n'y a plus rien à savoir, sauf que Darkseid EST. Et c'est sur cet axiome terrible que ce joue l'angoisse profonde de Mister Miracle, angoisse laconique et omniprésente. 


Et l'histoire, la logique, dans tout ça? Parlons d'escapism Le numéro absolu, c'est de tromper la mort elle-même. Parabole du suicide, bien entendu. Mister Miracle, c'est le malaise en continu, une existence perturbée, pourtant partagée avec la sculpturale Big Barda, plantureuse créature qui se plaint elle-même d'être "trop grande". Mais pour quoi, pour qui? Comme le rappelle Mamie Bonheur, qui a élevé dans d'atroces épreuves les deux amants, on est tous quelque chose de "trop". 
Les sentiments de Scott, ses failles intérieures, tout ceci est raconté avec brio, et vient recouper les événements récents de Darkseid War, avant c'est évident, de plonger dans l'univers du Quatrième Monde de Jack Kirby. On y apprend que le Haut-Père a été terrassé, que Darkseid est passé à l'offensive ultime, grâce à l'Equation d'anti-vie, et que Orion est monté sur le trône, alors que la réalité s'efface lentement derrière un jeu de miroirs, de trahisons, de paranoïa galopante, où il devient difficile de démêler le vrai du faux, ce qui est une certitude, et ce qui est écran de fumée. Les Dieux les plus humains de l'histoire des comics sont ici passés à la moulinette existentielle et psychologique de Tom King, et c'est tout bonnement extraordinaire.
Il serait toutefois vain de dire que la magnificence des débuts se prolonge sans heurts jusque la dernière planche. La répétition est un art, aussi un piège, et la seconde moité perd en fraîcheur, en évidence, là où les premiers numéros sont simplement parfaits. Il n'empêche, Mister Miracle est véritablement la parution qui allie le plus audace, mainstream, et exigence artistique, de tout le catalogue récent Dc/Urban. Nous avons hautement apprécié, vous savez quoi faire, dorénavant. 



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COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...