ULTIMATE SPIDER-MAN 12 : Peter Parker no more

C'est un cycle, une histoire qui se termine. Celle de Peter Parker, teenager et super-héros, protagoniste de la série Ultimate Spider-Man. Ce numéro 160 est donc historique, comme vous le savez probablement tous, puisque même les médias généralistes se sont emparés de l'info, voilà quelques mois. Bien entendu, en grande partie, ils se sont contentés de recracher ou commenter sommairement une simple dépêche, sans même préciser que le Parker en question était celui de l'univers Ultimate, et pas le personnage qui fête cette années son cinquantenaire. La compétence, on l'a ou on ne l'a pas. Et sinon, où en sommes nous, au niveau du récit? Peter et Mary-Jane sont de nouveau ensemble, et le Green Goblin est de nouveau déchaîné. Bref, la routine. Sauf que là, le vilain sur son planeur fait dans le sérieux, au point qu'il trucide même le docteur Octopus, quand il ne veut pas collaborer selon ses plans, pour se débarrasser de Spidey. Ce même jeune tisseur de toile qui n'en mène pas large. Au cours d'une folle bataille, il se ramasse une méchante balle qui était destinée au départ à Captain America. Pas le temps de souffler ou de s'évanouir, voilà que le Goblin et sa troupe se dirigent vers le Queens, demeure des Parker. On devine qu'il ne s'agit pas d'une invitation à dîner, mais bien l'acte finale d'une vengeance meurtrière. Certes, la Torche et Iceberg sont là pour assurer la protection de May et opposer une résistance minimale, mais ils ne font pas le poids et mordent la poussière très vite. Le grand combat, l'ultime round, sera donc entre Spider-Man et Osborn, et ce sera une boucherie. Bendis orchestre là une fin musclée et chargée en testostérone, où l'issue pour le monte en l'air est donc fatale, vous le savez. Le tout illustré par Bagley, grand habitué du titre, habile et efficace à l'extrême pour ce qui est de briller dans un comic-book des plus mainstream. Je n'aime pas trop sa version de Mary-Jane, cela dit. Elle ressemble à une jeune fille anorexique ou droguée. Ou bien est-ce moi qui ai cette impression? Panini propose la version Vf dans un emballage un peu particulier, un blister noir qui vient souligner le deuil et l'importance historique de ce numéro. Parker quitte la scène (pour toujours?) alors que son ennemi ultime, à la dernière case.... Indispensable et mémorable pour les lecteurs de l'univers Ultimate, une page se tourne. Pour les autres, une anecdote.



Rating : OOOOO

BATMAN SHOWCASE 1 : La suite de Batman Incorporated

Pour lire la suite de Batman Incorporated (publié premièrement dans le dernier numéro de Batman Universe chez Panini) il suffit de vous rendre en kiosque, et de passer à Urban Comics, nouvel éditeur de Dc Comics en France. Le temps de transition qui nous sépare du grand reboot sera meublé par une revue provisoire, Batman Showcase, qui en cette fin février nous offre les épisodes 5 à 8 de la série de Morrisson. Le premier d'entre eux a de quoi rebuter les nouveau arrivants, et il est symptomatique de la façon dont Grant écrit ses scénarios. C'est très complexe et fouillé, voir un peu le foutoir. Batman est toujours épaulé par El Gaucho, qu'il a recruté pour sa Bat-association en Argentine, mais aussi par Batwoman, et Le Masque. Ensemble, ils déjouent les plans du Leviathan dans les Malouines, tels que nous les avions découverts dans la dernière revue Panini de décembre. Comme entrée en matière pour le néophyte, c'est pratiquement impossible.
Heureusement, la suite est bien plus accessible, et franchement réussie. Chris Burnham illustre les deux chapitres consécutifs avec brio. Tout d'abord, la lutte entre Leviathan et Batman nous permet de faire connaissance avec le Parkoureur, la version frenchie choisie par l'homme chauve souris pour son projet Incorporated. Pendant ce temps, le Dark Knight original fait de la désintoxication sur les forums Internet, puis assume l'identité de Nero Nykto, enquêteur au service de la pègre, pour démanteler un réseau de criminels. Pas le temps de s'ennuyer, Morrisson mène sa barque toutes voiles dehors.



Mieux encore, il nous gratifie ensuite d'un épisode hilarant, où les deux héros sont des indiens redresseurs de tort, Frère Chiroptère, et son fils Corbeau Rouge. Tous les deux oscillent entre pathétique et héroïsme à l'état pur, et si on finit par les prendre en sympathie, c'est également parce qu'ils vont se retrouver, bien malgré eux, embarqués dans une aventure rocambolesque, avec bien sur le duel entre Batman et le Leviathan en toile de fond. Toutes les scènes avec le Chiroptère sont drôles, émouvantes, parfaitement maîtrisées. Un des meilleurs moments que j'ai passé avec Batman depuis des mois, qui plus est enlevé et qui donne le sourire.
Pour finir, l'épisode 8 plonge Batman et un groupe de milliardaires venus assister à la présentation de l'Internet 3.0 de Bruce Wayne, dans une aventure toute virtuelle. Au sein d'une interface digne de Tron, ce bel aréopage est la cible de cyber criminels qui menacent leurs avatars, mais l'anti virus concocté par Batman Incorporated veille au grain, sous la forme d'Oracle et de Batman himself, et leurs versions digitalisées. A noter que ce comic-book a été produit en 3D (d'où les dessins de Scott Clark, forts jolis) mais il ne vous servira à rien d'aller enfourcher vos lunettes, celles que vous avez récupéré au Pathé Gaumont du coin, en vous faisant extorquer dix euros lors de la dernière séance 3D à laquelle vous avez assisté. C'est ici la version normale qui est publiée, gardez votre calme.
En complément, de nombreuses explications pour les néophytes, un organigramme de Batmn Incorporated, une cover semi rigide lumineuse qui attirera petits et grands... Bref, Urban comics a mis les petits plats dans les grands, pour le lancement de "son" Batman en kiosque. Malgré quelques coquilles évidentes, qui ne font pas belle figure... Mon conseil? Ne résistez pas!

Rating : OOOOO


THE INFINITY CRUSADE : La croisade cosmique de Jim Starlin

Parfois, le bien est encore moins désirable que le mal. Prenez par exemple le cas d'Adam Warlock, lorsqu'il s'efforça de chasser ces deux notions antithétiques de son âme, pour endosser brièvement la manteau de l'omnipotence cosmique, à la fin d'Infinity Gauntlet. Sa partie négative s'est réincarnée sous la forme du Mage, et a bien failli causer la perte de l'univers tout entier. Mais son coté positif n'est pas en reste. Voilà qu'il se matérialise sous la forme d'une femme, une version féminine d'Adam Warlock, particulièrement portée sur la spiritualité et le divin, au point de se baptiser elle même la Déesse. Et pour être à la hauteur de son titre, elle aura besoin, c'est évident, de faire oeuvre de prosélytisme, et de recruter des âmes crédules, qui croiront en elle et en l'illumination prochaine, qui viendra ravir le cosmos et apporter un nouvel âge de paix universelle. Miss Richards, des Fantastiques, Hercule, Tornade, le Silver Surfer, Jean Grey, ne sont que quelques uns de ses fidèles recrutés à leur insu, pour participer à cette vaste opération de salut. Sauf que dans l'esprit retors de la Déesse, sauver l'univers et le détruire, c'est un peu la même chose. La paix universelle, on l'obtient, selon elle, lorsque la création cesse d'être, ce qui est le meilleur moyen de faire disparaître le mal, certes, mais à quel prix! En attendant, elle rassemble son armée sainte sur une planète crée artificiellement (Paradis Omega), grâce au pouvoir combiné de toute une série de cubes cosmiques, et se prépare à recevoir tous les autres héros de la Terre, bien décidés à ramener les brebis égarées et à sauver l'univers, une fois de plus. Cela va sans dire : parmi la légion des intervenants, une place de choix est réservée à Adam Warlock, mais aussi à Thanos (toujours dans son rôle ambigu de vilain presque repenti, plein de sagesse et de duperie) et aux membres de la Infinity Watch, les amis et alliés d'Adam, pour le meilleur et pour le pire.



Certains objecteront que cette saga, qui constitue la troisième et dernière partie d'une trilogie, commence sérieusement à manquer de souffle. Ils n'auront pas tout à fait tort. Inutile de préciser que c'est le volet le moins indispensable, et d'ailleurs les dessins aussi se ressentent d'une certaine lassitude. Ron Lim avait du augmenter la cadence de son travail d'une manière conséquente, et il n'avait plus trop le temps de faire oeuvre de précision chirurgicale. Son encreur, Al Milgrom, n'est de toute évidence pas non plus à la hauteur, et cela finit par se voir. Semic avait opté en son temps pour une publication Vf sous formes de trois albums hors-série, qui existent également en version reliée, facilement trouvable sur les sites de ventes aux enchères. Mais c'est du coté des Tpb en Vo qu'il y a de quoi se régaler. Infinity Crusade a été présentée sous la forme de deux volumes (un seul eut été à classer du coté des petits omnibus) qui reprennent, outre la saga principale, les différents tie-in qui mettent en scène Warlock and The Infinity Watch, série déclinante qui allait tirer sa révérence quelque temps après. Panini n'envisage pas de récupérer cette aventure dans les prochains mois, et il faudrait tout d'abord que les hommes de Modena s'intéressent au cas de Infinity War, avant d'avoir la chance de relire les (mes)aventures de la Déesse, incarnation du bien résidant en Adam Warlock. Du bon gros comic-book mainstream, qui correspondait bien à l'idée que le lecteur des nineties avait d'un "event" ces années là. Encore que quand je feuillette la X-Sanction de Jeph Loeb, et les previews d'Avengers Vs X-Men, j'ai des doutes sur l'évolution naturelle de notre médium favori. Que voulez vous, je suis un nostalgique, et j'ai toujours aimé Infinity dans toutes ses déclinaisons...


Rating : OOOOO

FLASHPOINT 1 : Le grand bouleversement chez Dc enfin en kiosque !

Les revues kiosque aussi sont arrivées, chez Urban Comics. On commence aujourd'hui avec Flashpoint, qui met un terme à l'univers Dc tel que nous l'avons toujours connu. Dans ce premier rendez-vous (il y en aura trois en tout) l'essentiel du sommaire est consacré aux derniers chapitres de la série régulière Flash, de Geoff Johns. Vers Flashpoint nous permet de comprendre et d'assister à la plus grande catastrophe chronale jamais enregistrée dans le microcosme Dc, qui a ensuite provoqué le grand reboot dont nous ne cessons de parler depuis septembre. Après un excellent épisode illustré par Scott Kolins (un grand habitué du genre) qui permet de mieux saisir la personnalité et les motivations d'Eboard Thawne, alias le Reverse-Flash (ici baptisé Nega-Flash en Vf), nous entrons dans le vif du sujet, avec le toujours délicieux Manapul aux crayons. Barry Allen doit mener l'enquête sur un cadavre d'encapé, retrouvé mort sans cause apparente, en costume. Le grand âge du cadavre pourrait même faire penser à un décès naturel (il semble avoir 90 ans) sauf que cette hypothèse ne tient pas la route, après une simple analyse Adn. La victime aurait en fait seize ans, et serait un nouveau héros à peine arrivé en ville. Comment a t'il pu vieillir si vite? Flash a de quoi s'inquiéter, d'autant plus que l'apparition du Barry Allen d'une Terre parallèle (en motard justicier au look fort sympathique) a de quoi lui glacer le sang. Il semblerait que énorme catastrophe soit sur le point d'arriver, que le temps soit prêt à imploser, à cause d'une anomalie provoquée par un ou des individus qui ne sont pas à la bonne époque. Qui, et dans quel but? Ce sont les derniers jours de l'univers Dc traditionnel, ne me dites pas que vous n'avez pas envie de lire ça! En plus, le récit est rondement mené par Geoff Johns, et on ne s'ennuie pas un seul instant. Si souvent les aventures chronales qui rythment la saga des différents Flash finissent par être confuses et redondantes, ici c'est assez simple à comprendre, et surtout, c'est historique. Je dirais même incontournable.



Pour finir, la première partie de Flashpoint, bien entendu. Barry Allen s'est assoupi au travail, et grand mal lui en a pris. Quand il émerge du brouillard, c'est pour reprendre pied dans un monde totalement différent de celui qu'il fréquentait avant la sieste. Nous autres lecteurs sommes les seuls, avec Barry, a nous rendre compte de suite que rien ne va. En effet, le grand héros de la ville (encore que très contesté par la police elle même) semble être un certain Citizen Cold, qui fait bien sur écho au Captain Cold que nous connaissons, pour être un vilain historique (membre des fameux Lascars). Barry est d'autant plus stupéfait qu'il se retrouve sans son anneau et ses pouvoirs, et que la première personne qu'il rencontre, en quittant son lieu de travail, n'est autre que sa mère, pourtant décédée depuis des années. Nous y sommes, l'univers Dc va changer a jamais, et pour commencer, nous allons, trois mois durant, nous familiariser avec cette réalité alternative, construite un peu sur le modèle de ce que les lecteurs des X-Men avaient découvert durant Age of Apocalyspe, par exemple. Le monde aussi semble au bord de l'implosion, avec deux factions antagonistes (menées par Wonder Woman et Aquaman) qui sont en guerre, et ont déjà ravagé une grande partie de l'Europe. Apparemment, la présence de Batman sera nécessaire pour que les héros de cet univers puissent avoir une chance d'éviter la grande catastrophe qui s'annonce. Oui, mais de quel Batman parlons nous, durant Flashpoint? Pour un numéro d'ouverture, rien à redire. Tout est exposé rapidement, mais clairement, et même le lecteur occasionnel, qui ne connaît pas vraiment les personnages du sous-bois Dc, ne devrait pas trop perdre le fil du récit. D'autant plus qu'Urban Comics fait un vrai effort sur le rédactionnel, avec des notes bienvenues en ouverture et clôture de revue, et avant chaque partie importante du contenu. C'est concis, essentiel, et probablement décisif pour qui tente l'aventure pour la première fois. Andy Kubert dessine Flashpoint, et hormis quelques visages au second plan à peine esquissé, son style hyper cinétique est d'une beauté plastique qui ravira le lecteur. Finissons sur une remarque pratique. Les revues kiosque Urban Comics ont donc une couverture souple cartonnée, qui est peut être un poil trop rigide, pour ceux qui sont habitués à triturer leurs magazines durant la lecture. Voire même, un petit décollage semble poindre le bout du nez entre la couverture et la première page intérieure. Espérons que la revue résiste avec le temps. Car pour le reste, c'est de l'excellent travail, à tous points de vue. Je suis séduit, moi qui avais tant de doutes. Pour le programme éditorial de l'année à venir, c'est autre chose, mais on en reparlera. J'ai envie de dire : Give Urban a chance, car je veux y croire, Dc mérite bien cela. Alors n'attendez pas et foncez achetez ce premier numéro de Flashpoint. Qui sait si votre histoire d'amour avec Dc ne va pas commencer ce mois ci?

Rating : OOOOO

BATMAN : SOMBRE REFLET vol.1

(spoiler inside, c'est possible...)   De l'avis général des fans de l'homme chauve-souris, ce SOMBRE REFLET est une des meilleures histoires du héros depuis bien longtemps. Un classique moderne, pour ainsi dire. Bonne idée donc, que celle qu'a eu Urban Comics, de débuter sa collection d'albums librairie par cette oeuvre aboutie, qui est présentée en deux parties. La première est disponible, et chroniquée ici. La seconde sera publiée dans deux mois. Le Batman à l'honneur est encore Dick Grayson, malgré le récent retour de Bruce à Gotham, dans le temps présent.  S'adapter à sa nouvelle mission, son nouveau costume (fardeau?) n'est pas une chose simple, et on a l'impression (Alfred le majordome le lui fait d'ailleurs remarquer avec humour) qu'il ne s'investit pas plus que ça pour se couler dans sa nouvelle forme, comme si tout cela ne pouvait être que provisoire. Des restes de l'enfance du petit Dick, transporté d'un cirque à l'autre, d'un numéro périlleux au suivant, au gré des tournées, comme il est rapidement rappelé en début d'album? Toutefois, une mission périlleuse l'attend, lorsque un gamin de Gotham se mue en bête féroce, et que dans son sang est retrouvée une mixture semblable à celle qui est a la base de la transformation reptilienne de Killer Croc, un des ennemis légendaires du Dark Knight. Qui a bien pu voler la préparation chimique, détenue jusque là par la police? Dans quel but? Batman mène l'enquête mais ceux qu'il interroge sont froidement abattus avant d'avoir des réponses (y compris la mère du gamin en question). Toutefois, il finit par trouver une piste crédible : une vieille demeure témoin d'un effroyable carnage, à l'époque où Gotham fut quasi rasée par un tremblement de terre surpuissant. Là sont organisées de mystérieuses ventes aux enchères dans un climat satanique des plus oppressants. Dick parvient à s'introduire sous une fausse identité, grâce aux bons services d'Oracle (Barbara Gordon), mais son déguisement hight tech ne trompe personne. En pleine cérémonie, le voilà contaminé par un gaz hallucinogène et pris d'assaut par tous les témoins présents. Une bien mauvaise passe...


En parallèle aux déboires de Batman avec la House of Mirror et de la lutte de Grayson contre les effets persistants du gaz hallucinogène, le commissaire Gordon a la désagréable surprise de voir son fils, James Gordon Jr, revenir à Gotham. Quand on sait que celui ci est supposé être un assassin, un être des plus instables, on comprend qu'il n'y a pas de quoi sauter au plafond. Le fiston a vu un analyste, et accepte aujourd'hui de se soigner, pleinement conscient de son statut de psychopathe (au sens médical du terme). Il demande même de l'aide au paternel pour trouver un job. Mais à votre avis, est-il prêt à se ranger des voitures, et vivre la parfaite petite vie de l'employé modèle, débarrassé de ses folies et de ses pulsions violentes? Snyder fait un travail remarquable d'écriture, avec ce Black Mirror. Il offre enfin une légitimité et une crédibilité à Dick, sous le costume de Batman (il état temps, vu que Bruce est revenu). Il réintroduit de subtils éléments propre à choquer et interroger le lecteur, comme cette barre à mine qui servit autrefois au Joker à massacrer le pauvre Robin d'alors (Jason Todd), et qui est ici mise aux enchères comme symbole du mal absolu. Aux dessins, Jock et Francavilla privilégient l'expressionnisme et la noirceur au réalisme détaillé et anatomique d'un David Finch, par exemple. Du coup, la folie de l'ensemble, la coté malade et torturé, finit par prendre le lecteur aux tripes, comme si le gaz hallucinogène respiré par Batman se répandait aussi par ses narines. Ajoutez à cela une interrogation sur la transmission, le passage de témoin d'une génération à l'autre, du père vers le fils (à double niveau, chez les Wayne, et les Gordon) et de ses ratés, et vous obtenez ce qui a été quasi unanimement salué comme le récit majeur mettant en scène Batman de ces dernières années, plus encore que ceux de Morrisson, taxés par moments (à tort!) de divagations confuses. Sans vouloir entrer dans ce genre de polémiques, je confirme qu'il s'agit là d'une très bonne histoire, croisement génétique entre un Year One et A Long Halloween, de surcroît présenté dans un album bien agréable à prendre en main, qui laisse augurer de bonnes choses pour la présence du Dark Knight en librairie, durant l'ère Urban, qui ne fait que commencer. Avec un nouveau film prévu dans les prochains mois, la Bat-mania n'est pas prêt de s'éteindre.

Rating : OOOOO (oui , j'irais jusque là!)




UNE ANTHOLOGIE DC POUR FETER L'ARRIVEE DE URBAN COMICS

Urban Comics attaque la librairie (et le kiosque) en cette fin février. Première étape importante pour convaincre de nouveaux lecteurs peu disposés à pénétrer l'univers Dc, voici venir une anthologie de presque 300 pages, comprenant (je cite) 16 récits majeurs de 1939 à nos jours. Première bonne nouvelle, le choix de bien séparer les différentes grandes époques du comic-book (avec les âges d'or, d'argent, de bronze, et moderne) et d'inclure une partie didactique rédactionnelle pour les nouveaux venus. C'est clair, concis, et ça permet d'avoir entre les main un ouvrage accessible à tous, même à ton petit frère qui jusque là s'était borné à lire du franco-belge. Bien sur, qui dit âge d'or dit forcément les origines des plus grands héros de l'univers Dc (Superman, Batman, Wonder Woman) maintes fois narrées et retravaillées, ici présentées dans leur forme originelle, brute, et forcément en décalage avec les goûts du public moderne. Mais ce sont de petits bijoux historiques, au style et à la forme caduque, mais au fond inépuisable et toujours d'actualité. La partie dédiée à l'âge d'argent est aussi intelligemment travaillée. On y découvre vite le monde des Green Lanterns, on se familiarise avec Flash (ou plutôt les Flash, car c'est une vraie dynastie en évolution perpétuelle), et aussi la JLA, sans oublier le concept de Terres parallèles, si crucial pour comprendre l'architecture des grands moments made in Dc. Avec l'âge de bronze, il est vite possible de noter à quel point le caractère ingénu et romantique des premières années s'obscurcit et se radicalise, en même temps que défilent les derniers soubresauts des seventies, et s'écoulent les eighties. La modernité nous frappe de plein fouet, avec le Superman/Man of Steel de Byrne (qui franchement parvient à allier classicisme revisité et fraîcheur narrative) et quelques autres récits mineurs, qui permettent toutefois de créditer des artistes incontournables comme Morrisson ou Geoff Johns. Certes, on regrettera que ce ne sont pas leurs travaux les plus déterminants ou marquants qui sont ici présentés, et qu'au risque de devoir payer quelques euros de plus, on aurait bien aimé en avoir d'avantage sous les yeux. Last but not the least, Urban se tourne vers l'avenir et offre la première version Vf du numéro un de la Justice League de Jim Lee, le titre le plus vendu aux States en 2011, le fer de lance du reboot Dc. Une histoire déjà chroniquée ici et qui est en effet comme une porte vers un nouvel univers, une nouvelle existence pour tout un microcosme super héroïque. Ceux qui souhaitent lire ce récit fondateur sans acheter l'anthologie devront encore patienter un trimestre, avant l'arrivée du mensuel Dc Saga, qui le republiera cette fois en kiosque.
Objet idéal pour ceux qui des super-héros ne connaissent que Marvel? Ou joli ouvrage patiné mais finalement dispensable? Je tendrais plus volontairement vers la première hypothèse. Pour un peu plus de vingt-deux euros, dans un format certes plus petit que ce à quoi je m'attendais (je rêvais déjà de l'équivalent d'un Deluxe de chez Panini), mais avec une cover en béton armé et une qualité d'impression remarquable, cette anthologie pourrait vite devenir le cadeau à faire à vos amis indécis, à tous ceux qui font de l'urticaire en pensant à Dc, ou songent secrètement à s'y mettre sans jamais franchir le pas. Une entrée en matière légère mais agréable pour un éditeur (Urban, donc en définitive Dargaud) très attendu en cette fin d'hiver 2012.

Rating : OOOOO (allez quoi, un bel objet!)

Cinécomics : GHOST RIDER L'esprit de Vengeance

Quelle folie a bien pu me pousser (à part la réalisation de cette chronique journalière) à me rendre au cinéma pour assister à la projection du second film dédié au Ghost Rider? Oui, car la seule idée qu'il puisse exister une suite au premier long métrage consternant est déjà un fait bien étrange. On pensait que plus personne n'oserait revendiquer cet échec, on a eu tort. Voilà le second service, qui n'est pas vraiment une suite directe (le cast a été retourné comme une vieille chaussette, seul Nicolas Cage assure la transition) mais encore moins un reboot (en somme, ce qui s'est passé précédemment n'est pas renié). Cette fois, voici le synopsis : Danny (Ketch? Probablement que le choix du prénom n'est pas un hasard), jeune garçon porteur d’une prophétie, suscite la convoitise de Roarke, un homme mystérieux possédant de grands pouvoirs, et qui est à l'origine du pacte signé par Johnny Blaze. On fait alors appel au cascadeur sur le retour pour se lancer à la recherche de l’enfant en lui proposant comme récompense de le libérer de son alter ego, le Ghost Rider. Poussé par le désir de lever sa malédiction et celui de sauver le garçon, le Rider tente de s’affranchir de la menace de Roarke, tout en s'enflammant devant le danger et en infligeant des coups de chaînes infernales à tours de bras. Le pire dans cette histoire, c'est qu'une fois ces quelques lignes portées à lecran, l'évidence est frappante. Il n'y a pas, ou si peu, de scénario construit. Tout n'est qu'exagération, surenchère et raccords ratés. Le film est mal construit, mal préparé, sans fondations. Du coup on assiste à une sorte d'improvisation génialement bête, portée par un Nicolas Cage des grands jours, capable de grimaces et autres facéties, comme un De Funes sous acide (voir la scène de l'interrogatoire mené par un Blaze contenant avec peine le Rider pour comprendre). Le quatrième long métrage de Brian Taylor et Mark Neveldine, Ghost Rider: L’Esprit de Vengeance, est si mal ficelé et tient à peine debout, qu'il en est presque attachant. C'est un feu d'artifice, un florilège de moments débiles (le Rider qui urine des flammes, le prêtre alcoolo joué par Idris Elba) et de dialogues absurdes. Mais on sent que les auteurs n'ont pas honte, au contraire ils parviennent à assumer la crétinerie de leur création, et la dirigent inexorablement vers le B-movie propre aux soirées dvd cultes, où on aime se moquer de ces pellicules embarrassantes, qu'on regarde pourtant pour la énième fois, entre amis.



Cotés acteurs et caractérisations des personnages, il vaut mieux étendre un voile, et changer de sujet de discussion. Pour Cage, j'ai déjà donné mon opinion. Au moins son Ghost Rider est bien plus effrayant et crédible que lors du premier film. Son cuir calciné et son crâne enflammé sont une belle surprise, surtout lorsqu'on sait qu'une coupe budgétaire est intervenue en cours de réalisation. Heureusement, elle n'a pas eu trop d'effets négatifs sur la partie "effets spéciaux" qui portent souvent les scènes d'action à bout de bras, moments jouissifs privés de toute réflexion, scandés par des morceaux de heavy metal sans complexes. On s'attend à ce que Blaze finisse par sauter la mère du petit Danny, qui au passage a enfanté le fils du Diable en personne, par le biais d'un de ses pactes dont il a le secret. Mais non, Violante Placido restera immaculée, et curieusement, les réalisateurs, si portés vers l'action et les explosions, n'ont pas le temps de penser à l'érotisme et encore moins à la romance. Idris Elba (Moreau, le prêtre) est un monument de bêtise, un personnage écrit avec les pieds, mais c'est ce qui est drôle, finalement. Dès l'introduction, quand on le voit projeté au bas d'une falaise, parvenant au moment de la chute à se retourner pour canarder ses poursuivants, le tout en slow motion, on devine que le too-much va la disputer à l'imbécillité pure et simple. Mais ce Ghost Rider (la suite) assume tout. On a l'impression que le message est : Oui notre film est bancal, improbable, régressif, mais justement, on le voulait ainsi, et vous allez voir, ce sera encore pire que ce que vous pensiez. Alors fatalement, à vouloir trop en faire... La fin est ratée, totalement. Une scène misérable d'exorcisme avec des moines solitaires, et un ChristopheR Lambert (le R final est important) dans un rôle aussi rapide que dispensable, probablement appelé à la rescousse devant la défection de Danny Boon (trop cher) ou Christian Clavier (trop cheap). Mais bon, que voulez vous, devant un tel sommet de rien du tout, devant une telle accumulation de bêtise et de troisième degré revendiqué, on est presque forcé de tirer sa révérence en présentant le chapeau bas, tout en attendant le troisième épisode, qui à ce point de l'analyse tient vraiment du miracle (ou de la possession démoniaque). Et puis on se souvient tout penaud que la place pour voir ce film en 3D (parfaitement inutile) nous a coûté plus de douze euros, et on peste contre notre nature de moutons dociles, qui ne savent résister à l'appel des salles obscures, dès qu'il s'agit d'un projet initié par Marvel. Nous sommes de grands enfants...

Rating : OOOOO


PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...