AVENGERS Vs X-MEN 2/6 : Le grand affrontement continue en kiosque

En décembre, Avengers Vs X-Men entre dans le vif du sujet chez Panini. Au programme ce mois-ci, les numéros 3 et 4 de la longue saga de l'été (ou de l'hiver pour les lecteurs Vf). Attention, spoiler inside ! J'ai essayé de ne pas trop en dévoiler sur les détails, mais fatalement vous allez apprendre des choses. Cessez la lecture si vous ne voulez strictement rien savoir. 


Captain America, leader des Vengeurs, et Wolverine, chien fou avec un pied dans toutes les équipes de héros du moment.  Si jusque là Logan se tient sur la réserve, c'est que pour lui, l'issue du contentieux entre mutants et Avengers, au sujet du sort à réserver à Hope, est des plus clairs. On ne combat pas le Phénix en l'enfermant dans une cellule, où avec de belles paroles. Logan est d'ailleurs celui qui n'a pas hésité à jouer des griffes pour supprimer son incarnation précédente, Jean Grey. Et il est prêt à recommencer, et accepter le prix à payer pour cet acte impensable. Bien entendu, Steve Rogers et les Vengeurs se refusent à employer la force létale, et lorsqu'ils doivent scinder le groupe en cinq bataillons, pour suivre les cinq différentes pistes qui pourraient les conduire à la petite Hope Summers, le super soldat garde Wolverine avec lui, pour une explication musclée, et neutraliser le mutant griffu. Les X-Men eux sont habiles, ils parviennent à prendre la tangente; le Phénix est toujours dans sa phase d'approche de notre planète, Hope sent qu'elle ne pourra plus résister bien longtemps, et Brubaker nous livre un épisode sérieux et carré, où le récit ne franchit pas d'étapes incontournables, mais nous réserve tout de même deux face à face bien menés. Le premier, nous en avons déjà parlé. Griffes, contre bouclier. Le second, c'est un dialogue bien amené entre Steve Rogers et Tony Stark, qui nous montre que la position de chacun, à l'époque de Civil War, s'est presque inversée, dans le contexte présent. Ces deux là pourront-ils un jour être à nouveau de vrais amis? Ultime remarque : Romita Jr a retrouvé des couleurs, et son trait est moins grossier, plus appliqué. C'est presque inattendu!


Mais au fait, où est donc passée Hope Summers? C'est que la jeune rouquine a su faire perdre ses traces à tout le monde, ou presque. Wolverine finit par se retrouver nez à nez avec sa proie du moment, mais il faut bien l'admettre, celle ci a trouvé un moyen fort original pour l'attirer à elle, connaissant son penchant pour l'alcool... Un face à face potentiellement tendu puisque Logan a prévu de passer Hope par les griffes pour empêcher le Phénix d'en faire son hôte prochain. Mais pour le moment, il se contente de palabres et d'argumentations rationnelles pour repousser son geste fatal à plus tard. Un peu partout sur le globe, dans le même laps de temps, mutants et vengeurs poursuivent leurs recherchent, et se tapent mutuellement dessus, dans un joyeux bordel cosmopolite. La Terre sauvage en tremble encore. Le pire est à venir! Les deux équipes vont finalement avoir l'occasion de croiser le fer une bonne fois pour toutes, mais sur terrain neutre, puisque tout cela ne se déroulera pas sur notre planète. Le quatrième volet signé Hickman part sur de bonnes bases, nous fait sourire, puis frissonner, puis... nous ennuie. L'ensemble manque un peu de puissance et de pathos (même l'affrontement entre Thor et le Phénix peine à se montrer dantesque), et se contente de vivoter sur de belles paroles et des combats à peine ébauchés, en quelques cases. Et puis que dire de Romita Jr? Une grosse rechute: cette fois sa prestation est franchement indigente et sommaire. Il retombe dans tous les travers qui l'ont caractérisé ces temps derniers, et ses planches sont disgracieuses. Le seul point positif véritable est donc le cliffhanger de fin d'épisode, qui annonce clairement la couleur : l'heure du choix décisif ne va pas tarder à sonner. La suite en kiosque début janvier!


BATMAN THE DARK KNIGHT RETURNS en DC Premium chez Urban

Il arrive un jour où la sagesse vous intime de vous retirer du grand cirque des justiciers. Ou bien c'est la mort dramatique de votre side-kick, qui vous pousse à prendre du recul. En tous les cas, cela fait plus de dix ans que Batman ne sillonne plus les rues malfamées de Gotham City. Bruce Wayne a dépassé la cinquantaine et son corps n'est plus l'arme absolue qu'elle était autrefois. Le commissaire Gordon est à quelques semaines de la retraite et il n'a pas l'air non plus doté d'une santé éclatante. Bref, les héros sont fatigués, et c'est bien dommage, car la corruption et le crime ne sont pas éteints pour autant, tout au contraire. Dernière plaie en date, l'apparition d'un groupe de délinquants meurtriers, appelés les Mutants, dont l'apparence n'est pas sans évoquer Cyclope, le leader des X-Men chez Marvel. Ils n'hésitent pas à tuer, violer, détruire, parce qu'ils peuvent le faire : ils n'ont aucun scrupule, pas de remords, et personne pour les arrêter. Sauf que Wayne ressent de plus en plus souvent l'appel de la nuit, le frisson de la lutte sauvage qui somnole en lui, et se réveille jour après jour. Batman est à la retraite, mais il lui suffit de se raser la moustache et de errer nostalgique dans sa caverne pleine de gadgets (au passage Alfred n'est pas mort, et sert toujours de valet à tout faire) pour que la Chauve souris batte à nouveau des ailes. Les vieux amis et ennemis sont aussi sur le retour, à commencer par Double Face, libéré de l'asile d'Arkham, et dont le visage a été entièrement restauré grâce au financement de l'ami Bruce Wayne. Les médias eux sont déchaînés : si certains encouragent et applaudissent le retour du Dark Knight, d'autres sont incrédules, et entament une chasse aux sorcières, en accusant le héros d'être tout au plus une source de nuisance et d'inspiration pour les psychopathes de tout poils. Avant que ne tombe la nuit, Batman entame une dernière lutte au crépuscule de sa carrière, alors que le Joker s'apprête également à revenir. Le come-back de trop? 

Frank Miller signe ce chef d'oeuvre en 1986, en pleine explosion de la période gritty des super-héros. Il en est d'ailleurs un des artisans, des détonateurs, avec cette histoire. Le bonhomme ne cache pas son idéologie républicaine, et sa tendance à justifier la violence extrême, le recours aux armes personnelles pour se défendre, quand l'état est dépassé, ou jugé incapable par le citoyen. La solution n'est plus dans le système, mais en dehors de celui-ci. Miller parvient à l'époque à justifier et rendre compréhensible ses thèses et les motifs qui poussent Batman à reprendre la cape, ce qu'il n'est plus en mesure de faire ces dernières années, où il se contente de ressasser de vieux fantasmes de vengeance sanguinolente et xénophobe, en ignorant vulgairement toute subtilité scénaristique et toute volonté de nuancer le propos. Ses dessins sont assez caractéristique d'un style en train de mûrir, de se définir, et qui allait ensuite aboutir à Sin City, et ses jeux d'ombres radicaux. Dans cet album, Miller multiplie les petites cases consécutives, chargées d'une didascalie parfois redondante, pour souligner l'omniprésence et la vacuité des médias qui confondent entertainement, information, et propagande. Le style semble par moments brouillon, les personnages à peine esquissés, avec des visages bouffis, des corps fatigués, des silhouettes désordonnées, dans un univers corrompu. Parfois c'est une pleine page silencieuse, sans didascalie ni onomatopée, qui vient interrompre le rythme soutenu des autres planches, et offre une image iconique d'un Batman à bout de souffle mais encore capable de se lancer dans une dernière mission, dans toute sa splendeur, et son tragique. Une fort belle édition que celle proposée par Urban Comics, qui vient à point nommé, avant les fêtes de Noël. On y trouvera aussi un dvd, la première partie de l'adaptation animée de ce récit phare. J'admets ne pas m'être penché sur la question, car je n'ai jamais eu de sensibilité particulière pour le monde des hommes en collants, sous ce format. Mais si parmi vous se trouve un spécialiste des dessins animés Marvel ou Dc, qui souhaite gérer ici même une petite rubrique irrégulière, quand l'envie lui en dit, et bien je lui cède avec plaisir l'espace qu'il jugera nécessaire. A vos claviers!


LA REVIEW DE FF #1 : Fraction et Allred au menu

Matt Fraction a pris possession des Fantastiques, et cette semaine il enfonce le clou avec la seconde série dédiée à la famille Richards, la récente FF. Elle repart elle aussi du numéro 1, Marvel Now! oblige, et permet à Mike Allred de faire son retour sur une série Marvel, pour la plus grande joie de ses nombreux fans. C'est du Fraction dans le texte, c'est à dire qu'il ne se passe pas grand chose dans ces pages. Vous le savez probablement déjà (vous n'avez pas lu notre review de Fantastic Four #1, ce n'est pas bien!) Reed Richards est malade, ses pouvoirs finissent par agir comme un cancer sur son organisme. Sous couvert d'expédition pédagogique, il compte emmener sa grande famille dans une épopée aux confins de l'espace-temps. Des mois pour eux tous, à peine quatre minutes (ainsi est-il prévu) dans le continuum réel. Toutefois, le chef des FF fait bien les choses et il préfère assurer ses arrières en recrutant un équipe de remplaçants, qu''il compte confier à Scott Lang. Ce dernier vient de perdre sa fille (dans Children's Crusade) et il n'est pas dit qu'il acceptera tout de suite. L'épisode sert de présentation des différents élèves de Richards. Ils viennent parloter avec Lang, lui exposent leurs motivations et ce qu'ils savent faire. Avec humour, c'est fun et bien écrit, mais ça ne bouge guère. L'autre partie de ce numéro consiste en ce recrutement évoqué. Reed enrôle Scott Lang, la Chose s'en va trouver Miss Hulk, Susan Richards demande à Medusa, reine des Inhumaines, etc. Allred dessine le tout avec sa typique ambiance cartoony rose bonbon. Gentillet, très souple, si frais par rapport aux rodomontades musculaires dans bien d'autres titres. Mais c'est loin d'être parfait, surtout lorsque la tête de Ben Grim semble posé comme un saladier sur le reste de son corps, ça n'est pas très gracieux...
Pour le reste, j'attends que la série décolle vraiment pour me faire une idée. Là nous sommes presque dans la cadre d'un numéro 0 à distribuer lors d'un Free Comic Book Day, par exemple. Fraction a planté le décor, alors maintenant, au boulot!


La review de Fantastic Four 1 c'est ici 

BEST OF MARVEL : AVENGERS WEST COAST

Il fut un temps, pas si lointain que cela, où John Byrne était le grand artisan de l'univers Marvel. Un peu comme Bendis aujourd'hui, mais en bien plus profond encore. Byrne pouvait écrire ou dessiner (c'est un artiste complet) plusieurs séries mensuelles en même temps, et avec le retard inhérent à la publication en Vf, on pouvait le retrouver sur trois des autres titres proposés par le mensuel Strange (Lug puis Semic), mais aussi dans Nova, ou Titans. C'est dans ce dernier mensuel que Les Vengeurs de la Côte Ouest ont vécu leurs plus belles heures. Le Best-Of Marvel dont je vous parle ce jour comprend les épisodes 42 à 50, et un arc narratif communément appelé "Vision Quest", c'est à dire "A la recherche de Vision". Ce dernier est à l'époque marié avec la Sorcière Rouge, formant ainsi un couple anti conformiste : une mutante rousse aux pouvoirs magiques, et un être de plastiques et de circuits électroniques, doté de sentiments humains. Un matin au réveil, Wanda Maximoff découvre que son bien aimé n'est plus là. Bien entendu, c'est toute l'équipe des Vengeurs de la Côte Ouest qui va mener les recherches, avec notamment un autre couple sur le devant de la scène, celui formé par Hawkeye et Mockingbird, dont l'histoire amoureuse est rythmé par les litiges et les incertitudes des deux personnages. Le synthézoïde va subir de drastiques changements avec cette saga, et son mariage approcher le point de rupture. Byrne fournit des révélations impensables sur les fils du couple (deux jumeaux qui deviendront Wiccan et Speed, comme récemment explicité dans The Children's crusade) tandis que Wonder Man (dont le schéma de pensée a servi de base à la personnalité artificielle de la Vision) fera des confessions déconcertantes, qui vont amener le lecteur à voir Simon Williams sous un jour nouveau.

Les rebondissements s'enchaînent, et nous voyons poindre Us Agent, qui débarque dans l'équipe. Byrne, un grand fan de l'ère mythique de la Timely (ancêtre de Marvel) va jusqu'à récupérer un autre androïde à succès, la Torche des origines. Ajoutons à ce chaudron d'émotions Tigra, qui a des problèmes avec sa nature féline. Et j'en oublierais presque de parler des étranges Vengeurs des Grands Lacs! Tout cela bien sur n'est rien par rapport au destin qui attend la belle Wanda Maximoff. Byrne projetait à la base d'en faire une véritable psychopathe, et de la faire s'unir à Magneto et à son frère Quicksilver, dans une nouvelle mouture de la première Confrérie des Mauvais Mutants. Mais ce fut trop pour les pontes de Marvel, qui n'eurent pas de remords, bien des années plus tard, à récupérer les graines semées par l'auteur canadien, que Brian Bendis fera fructifier au delà de toutes les attentes (Avengers Disassembled puis House of M). Les textes sont fort incisifs et il se passe vraiment beaucoup de choses dans ce best of. Il met en lumière des aventures récentes, et tombe à point nommé au moment où Avengers Vs X-Men permet à la Sorcière Rouge de se racheter une conduite.Coté dessins, les fans connaissent le sens du mouvement et la fluidité du trait de John Byrne qui s'attarde sur le sensualité de Wanda, sur le coté froid et inquiétant de la Vision, sur le regard fixe et un peu fou de Us Agent, où encore sur la nature animale et féroce qui régit le caractère de Tigra. On pourra faire de nombreux reproches à Panini, souvent assez exagérés, pour être honnête. Soulignons donc la vraie bonne idée d'avoir proposé cet album, qui est un concentré indéniable de coups de théâtre, et qui ne nous ennuie jamais, pas même l'espace d'une planche.



On a parlé de : 

Avengers Disassembled : La fin des Vengeurs ici

House of M : Lire ici 

L'IDENTITE DE CABLE : Nathan Summers ou Samuel Guthrie?

Vous le savez probablement, Cable n'est autre que le fils de Scott Summers, bien qu'il ait grandi dans un lointain futur et semble aujourd'hui bien plus âgé que son géniteur. Mais au départ, Cable aurait du être la version future de Cannonball, c'est à dire de Samuel Guthrie.
C'est Rob Liefeld qui avoue lui même ce projet avorté. C'est ainsi que dans X-Force #7 les lecteurs peuvent découvrir la mort apparente du personnage. A la suite de cet évènement, nous découvrons un flash-back dans X-Force #8 (avec Mike Mignola en dessinateur invité) qui nous narre les raisons qui ont poussé Nathan a remonter le temps, et à s'unir avec les Nouveaux Mutants, en tant que mentor de Cannonball (Rocket en Vf). 

Dans X-Force #9, Samuel revient à la vie, dévoilant ainsi un pouvoir guérisseur que beaucoup oublient mais qu'il est censé posséder. Ce que Liefeld voulait alors asséner dans cette série, par la suite, était que Cable avait eu un trou de mémoire du à ses nombreux allers et retours dans le temps, et qu'il n'avait pas réalisé qu'il avait fait un grand bond en arrière pour devenir son propre éducateur. Liefeld prenait alors Wolverine en guise d'exemple, en arguant qu'un nouveau personnage au passé mystérieux et semé de faux indices pouvait induire le lectorat à adhérer en masse à X-Force. Mais les pontes de Marvel ne furent pas de cet avis, et il fallut que Rob change son fusil d'épaule, lui et ses successeurs. Cable est donc devenu le fils de Scott Summers, ce qui a permis ce petit bijou des années 90 qu'est X-Cutionner's song, et nombre d'aventures mémorables impliquant Scott, Jean Grey, et le rejeton du futur. Franchement, c'est bien mieux comme ça, non?



WOLVERINE HS 3 : WOLVERINE ALPHA AND OMEGA

Quand une nouvelle série cartonne, la façon la plus simple et directe de l'exploiter économiquement au maximum est de lancer des spin-off, c'est à dire des histoires souvent à court terme, dérivées du récit porteur. C'est ce qui vient de se produire avec Wolverine and The X-Men, dont nous avions déjà salué l'excellence. Place à Alpha and Omega, en cinq parties. C'est le jeune rebelle et membre malgrè lui de l'école pour jeunes mutants Jean Grey, le toujours aussi arrogant Quentin Quire, qui est l'anti héros de cette mini. Brian Wood est aux manettes de cette tentative de faire fructifier le succès du moment, et il est épaulé par une série d'artistes divers et variés, dont le français Roland Boschi, signature la plus crédible de ce récit. On y voit Wolverine piégé avec Armor (avec qui il participait à une séance d'entraînement) dans une construction mentale/onirique crée de toutes pièces par Quire, un monde délabré et futuriste, où les deux X-Men ignorent tout de leurs pouvoirs respectifs, et découvrent peu à peu qu'ils ont des facultés insoupçonnées. Combats, tension narrative basique (Wolvie découvre qu'il a des griffes, du déjà lu une bonne vingtaine de fois au moins...), on pénètre peu à peu dans un nouvel univers alternatif, bien moins passionnant que celui de House of M, mais qui n'est pas non plus destiné à s'inscrire dans la durée. Que nous réserve Quentin Quire, lui qui nourrit une vraie antipathie pour son mentor griffu, et qui va devoir prendre part à son propre jeu psychologique pour maintenir l'illusion et garder l'illusoire espoir d'humilier son prof?  Cotés dessins, Boschi donc, mais aussi Mark Brooks, pour un rendu final appréciable et assez cohérent. Les artistes se divisent la tâche entre monde virtuel et réel, ce qui permet de garder les idées claires tout au long de l'album. Le costume de Logan est efficace et dans le genre "Mad Max chez les soviets", comme en témoigne la cover. Ce numéro de Wolverine HS est à réserver aux fans toutefois, les autres n'y trouveront rien de bien révolutionnaire, même si globalement la lecture est assez agréable, mais inoffensive. 



On a parlé de :

Wolverine and the X-Men : lire ici 

VERTIGO ESSENTIELS : SANDMAN TOME 1

En 1916, Roderick Burgess, une sorte de magicien ésotérique, décide de se lancer dans un défi fou et impossible : il souhaite obtenir l'immortalité en emprisonnant la mort elle même. Mais il échoue et doit se contenter d'une proie mineure, à savoir le Seigneur des songes, des rêves, Morphée, appelé également le Sandman (marchand de sable). Celui-ci fait partie des Infinis, des entités censées symboliser les forces primordiales de l'existence. Durant 70 ans, sa captivité sera immuable, inéluctable, jusqu'à ce qu'il puisse s'échapper grâce à un subterfuge, et laisser libre cours à sa vengeance. Mais pas seulement. Car en son absence, l'humanité a subi les conséquences de la disparition du Prince des songes de son royaume. Le Sandman va devoir en outre récupérer trois objets nécessaires à la pleine manifestation de ses talents : une bourse de sable, son casque, et une pierre précieuse régissant le monde onirique. Sa quête va l'amener à rencontrer certains personnages de l'univers Dc classique, comme John Constantine, ou encore Martian Manhunter,  et le contraindre à descendre jusqu'aux plus profond des enfers, pour y quémander l'aide de Lucifer et de ses sbires. Peu à peu, Sandman retrouve ses forces, et rétablit son autorité et sa singularité : c'est le retour en grâce d'un personnage mythique, à la frontière des mondes, entre éveil et sommeil profond. Mais bien des choses ont changé durant sa longue détention, et les vicissitudes qu'il va devoir affronter cachent bien des tourments, des cauchemars, des horreurs. 


Quel travail d'orfèvre que celui de Neil Gaiman, qui tisse épisode après épisode une fresque monumentale. Le petit monde des rêves se confond avec la grande tapisserie de l'humanité, ses désirs, ses attentes, ses faiblesses et ses secrets. Alternant récit d'horreur, mythologie déviante, nihilisme succulent et humour froid, Sandman propose une extraordinaire palette de ce qu'un comic-book adulte et abouti peut offrir au lecteur exigeant. Les dessins sombres et tourmentés, en apparence sales et noircis (Sam Kieth est très bon en ce sens, tout comme Mike Dringenberg) contribuent à étoffer le propos, et à vous faire plonger dans l'épaisse brume onirique qui traverse ce premier tome. Réalité ou songe, l'interpénétration est de rigueur avec Sandman. Il n'existe plus de frontières, où elles sont tout du moins si perméables que c'est un nouvel univers, où tout est possible, ou impossible, qui nous est raconté. Cet album de collection ne propose pas de récits inédits, et vous pourrez, en cherchant chez votre bouquiniste, ou sur des sites marchands en ligne, trouver ces épisodes à un prix probablement un poil inférieur. Mais sachez-le, il s'agit vraiment d'une édition définitive, destinée à faire belle figure sur vos étagères, et à présenter l'intégralité, en sept tomes, de la création de Gaiman, séries satellites comprises, je suppose. La qualité de l'ouvrage est indéniable et admirable. Seul bémol : Urban Comics (l'éditeur donc) a eu la désagréable surprise de constater qu'une page intérieure (la 105) a été imprimée par deux fois, en lieu et place d'une autre page, un peu plus loin dans le même épisode. Du coup, un ex libris très soigné est offert aux acheteurs de ce tome 1, afin de compenser la perte. Un hic qui a certes fait parler sur Internet, où beaucoup se sont insurgés. Mais la grande qualité du reste parvient même à gommer cet incident, qui gageons le ne se répétera pas par la suite. La suite, justement, nous l'attendons avec impatience!


PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...