LES X-MEN DANS LEURS PLUS BEAUX COSTUMES : L'HABIT FAIT-IL LE MUTANT?

Nous avons abordé hier les hésitations et problèmes actuels que rencontre Marvel, et toute sa nouvelle gamme de titres mettant en scènes des héros "nouveaux venus", souvent des versions féminines ou adolescentes de franchises reconnues. Un autre phénomène récent : la transformation de costumes et identités graphiques établies, pour adopter un ton plus urbain, voire streetwear, ou coller aux films et à une tentative de singer le réalisme. Le costume, les couleurs, les gadgets, les exagérations vestimentaires, tout cela fait aussi le charme du genre super-héroïque, où nous avons souvent pris notre pied avec des personnages bariolés, revêtant d'improbables combinaisons, ou des sous-vêtements par dessus le collant. Exemple flagrant, les X-Men. Les mutants sont des parangons de mode, ils ont débutés dans les années 60, ont pris de plein fouet les années 80 puis la décennie de l'exagération qui a suivi, avec des maîtres comme Jim Lee pour les guider. Ces temps derniers, les X-Men arborent un look un peu plus fade, moins iconique (Psylocke ou Tornade par exemple), ou carrément différent (Cyclope avant sa mort). Nous avons sélectionné ici nos dix tenues préférées, sachant qu'on pouvait en rajouter de nombreuses autres, et qu'on attend de pied ferme vos suggestions.  

1. Jean Grey - Phénix
Le Phénix des origines. Jean Grey où l'innocence et la beauté sublimée dans un costume vert magnifique. Une autre vision des X-Men et des comics, à coup sûr.

2. Wolverine. Yellow costume
En jaune, le Wolverine. C'est un peu voyant, mais iconique. On l'attendait au cinéma cette tenue! 

3. Ororo Munroe - Tornade
Maîtresse des vents, avec la cape et la tiare. On a tous fait un rêve d'Ororo un jour ou l'autre

4.Nightcrawler - Diablo
Lui aussi est intouchable. essayez donc de changer le costume de Diablo! Vous obtenez la version actuelle, un look médiéval pas terrible, vraiment. On le veut ainsi notre allemand préféré

5. Psylocke années 90
La ninja explose les rétines dans les années 90. Une tenue affriolante et un Scott Summers qui a même failly craquer du coup...

6. Colossus années 80
La période Byrne nous présente un Colossus attachant, fragile et puissant, et une peau/armure dans un costume simple mais parlant, pour le soviétique mutant. Génial. 

7. Gambit Jim Lee années 90
Avec son imperméable et son costume/armure en dessous, la tignasse folle, le Gambit des années 90 avait une classe folle, assurément!

8. Rogue (Malicia) années 90
Oui, l'époque Jim Lee a donné naissance à des costumes que nous n'oublierons jamais. La belle Malicia aussi fait partie des heureuses élues, avec une tenue classique mais efficace. Souvenirs de Terre Sauvage aussi...

9. Archangel (X-Factor)
Dans son incarnation avec ailes lames de rasoir, Warren Worthington devient Archangel, un splendide oiseau badass au sein de X-Factor, qui entre de plein pied dans la légende.

10. Magneto de Jim Lee
Oui bon, Magneto peut-il être classé parmi les X-Men? Oui, car il en a fait partie, et il en est de nouveau, en ce moment, avec les séries All-New All-Different. Dans son incarnation "Jim Lee" Magneto est le plus grand des ennemis des X-Men. Sublime, tout est parfait. 

Et vous, quel est votre version/costume préféré des X-Men?



.


A lire aussi : 





L'AVENIR DE MARVEL COMICS : RETOUR AUX GRANDS CLASSIQUES?

Si vous faites partie de ceux qui sont également intéressés par les chiffres de ventes des comics aux États-Unis, alors vous savez probablement que ces derniers mois l'opération DC Rebirth a été un succès, au point que c'est dorénavant Marvel qui tire la tête, lorsqu'arrive le moment d'établir les palmarès mensuels. Le coup de tonnerre redouté est arrivé lui de la part de David Gabriel, qui est en charge des ventes chez Marvel. Ces dernières, qui sont en baisse inquiétante depuis octobre, pointe le doigt contre les lecteurs qui font la fine bouche, et se détournent de toutes les tentatives de la "maison des idées" pour mettre en avant la diversité dans sa production.

Nous avons vu que les lecteurs ont fini par bouder tout ce que nous avons tenté de faire avec succès ces trois dernières années. Ce n'est plus viable, nous l'avons vu, et nous avons dû réagir. On nous a dit que les gens ne voulaient plus de la diversité, qu'il ne voulaient plus de personnages féminins... c'est ce qu'on a entendu, que nous y croyons ou pas. Je ne sais pas si c'est la vérité, c'est juste ce que nous avons perçu à travers les ventes. Nous avons noté que tout ce qui concerne les personnages nouveaux, tous ceux qui sont "différents" ou sont des personnages féminins, tout ce qui n'appartient pas aux héros historiques de l'univers Marvel, tout cela et ceux-là ont été sanctionné dans les ventes. C'est difficile pour nous, parce que nous avions beaucoup de nouvelles idées excitantes et rafraîchissante, mais rien n'a vraiment marché. Par contre, ce sont les vieilles recettes, durant la même période, qui ont fonctionné... trois comics en particulier : Spider-Man Renew your vows, avec Peter Parker et Mary-Jane mariés à nouveau, et la série sur Venom et celle sur Thanos, qui ont bien fonctionné.

Les lecteurs de comics seraient-il donc avant tout des collectionneurs conservateurs et nostalgiques?


En tous les cas, Marvel prépare la riposte. Les rumeurs de reboot continuent de fleurir, ou tout du moins d'un énième grand relaunch des séries, sur le modèle de ce qu'a fait DC Comics l'an passé. Et puis il va y avoir Generations cet été, à savoir le retour sur le devant de la scène de héros iconiques (comme le véritable Wolverine) qui vont reprendre leur place, à commencer par une série de one-shot durant lesquels l'ancienne version vivre une aventure avec sa nouvelle mouture, assurant ainsi une transition logique et respectée.
Il est un fait que Marvel a toujours été à la pointe du progrès, captant les humeurs du public, infusant dans ses parutions l'air du temps, les avancées ou les problématiques sociales et culturelles. Cette fois l'éditeur a peut-être oublié une règle fondamentale, au moment de lancer tous azimuts de nouvelles copies de ses personnages, souvent féminisés ou sérieusement rajeunis : écrire de bonnes histoires. Peu importe finalement que les héros soient des hommes, des femmes, des ados, des aliens, l'important, c'est l'histoire, le récit, et une bonne équipe artistique crédible pour donner le meilleur d'elle-même. Hors souvent si les premiers numéros sont de qualité, assez vite Marvel patine et perd le fil, noie ses créations récentes dans un système de grands crossover permanents (un tous les six mois en moyenne) où les destins individuels doivent se fondre dans la masse, pour un grand oeuvre aussi vite lu qu'oublié, chassé par le prochain "event" qui déboule. Les héros n'ont plus le temps de croître, vivre, s'épanouir, et seuls les plus reconnus, ceux qui ont déjà pris racines, semblent armés pour survivre. Le lecteur lui est assailli par la nostalgie et se réfugie dans les valeurs sûres, alors que le marché implose sous une avalanches de nouveaux titres chaque semaine, et une offre toujours plus diversifiée et passionnante en termes de comic-books plus "artistiques" (Image et Vertigo, par exemple). Le super-héroïsme pur et dur semble avoir été placé sur la touche, au profit de séries qui érigent le teen-soap opera en modus operandi, mais trop souvent pêchent en termes de grands enjeux.
Marvel va donc à nouveau ressortir les gros calibres, conserver ses créations récentes, mais les placer sous tutelle, et revoir sa copie pour aller de l'avant, tout en regardant en arrière, pour y puiser le meilleur de son savoir-faire. Difficile de dire si ceci est une bonne chose ou un échec. Parmi les titres que le public a boudé, il y avait aussi de sacrés pépites, qui auraient mérité de bien meilleures ventes. Le lecteur n'est pas exempt de tous reproches non plus.
UniversComics en tous les cas, conservera sa mission originelle avec droiture et dévotion : vous présenter le meilleur (et le pire) des comics, partager avec vous une passion formidable, où parfois il est bien difficile de s'y retrouver. Suivez le guide, chaque jour. 





Les All New All Different Avengers de Mark Waid, en VO


A lire aussi : 




GREEN LANTERN / SPACE GHOST ANNUAL #1 : DC ET HANNA-BARBERA DANS L'ESPACE

Prenons la route pour les étoiles, et une autre dimension lointaine de la notre, pour retrouver Hal Jordan, mais aussi un des personnages de Hanna-Barbera avec qui les héros Dc connaissent en ce moment des aventures communes, le Space Ghost. Une planète semble en grand danger, au point d'émettre un appel de détresse qui suscite l'intérêt des Green Lantern. Salaak a envoyé le plus célèbre de tous sur le coup, et à la recherche d'une arme formidable, qui attise aussi la convoitise de l'ami Larfleeze, dont l'apparition relève véritablement de l'anecdote la plus totale. James Tynion IV n'a pas besoin de se lancer dans une trame audacieuse pour orchestrer ce team-up inter compagnie, il se contente d'une histoire linéaire et basique, où les deux héros sont tout d'abord en butte à l'incompréhension, du fait de leur méconnaissance réciproque. Ils passent une partie du temps à se menacer, puis une fois capturés tous les deux, ils reviennent sur leur méprise et se rendent compte qu'ils sont du même coté de la barrière. Dès lors c'est ensemble qu'il vont faire face à la menace du jour, en suivant un schéma et des codes narratifs qui se marient très bien avec ce que sont le Space Ghost et Green Lantern. Au final, on va aussi avoir droit à un savoureux petit moment où les justiciers cosmiques échangent leurs armes et attributs, sans grande efficacité, puis à une union des pouvoirs qui fait évidemment la différence. Les deux sont en fin de compte des policiers de l'espace, et quand ils s'agit de défendre un monde qui a besoin d'une intervention extérieure, il est de leur ressort de venir à la rescousse.
Le dessin est confié à Ariel Olivetti, qui a ainsi l'occasion de donner suite à son passage sur Space Ghost en 2005, en duo avec Joe Kelly. C'est du très grand art. Le dessin est d'une clarté extraordinaire, enrichi par une attention envers la caractérisation des personnages qui est bluffante. Olivetti est passé maître dans l'art d'utiliser la colorisation digitale, et inclure aussi des fonds de vignette issus de photos permet par endroits un effet saisissant, qui donne un produit fini différent et fascinant. L'artiste alterne moment d'une puissance toute cinématographique (le cosmos) avec une démonstration de force bucolique ou technique (une armée mécanique où apparaît chaque boulon...)
Howard Chaykin de son coté est chargé de réaliser une petite histoire back-up avec deux personnages mineurs de l'univers Hanna-Barbera,  Ruff et Ready, mais je ne vous cache pas que je ne suis absolument pas preneur de la chose, et que je préfère en rester là. 
Vous savez quoi? Même si ce n'est pas une parution capitale pour l'avenir de l'univers Dc, ça se laisse lire agréablement. 




Space Ghost, c'est lui. La figurine Funko Pop


A lire aussi : 




IVAR, TIMEWALKER : UN DELIRE TEMPOREL CHEZ BLISS COMICS

L'histoire débute au CERN de Genêve, en Suisse. Voilà un lieu qui attise les fantasmes scientifiques et autres récits d'anticipation. Qui sait ce qui sortira un jour de ces équipements futuristes, où l'homme explore les limites de l'atome. La doctoresse Neela Sethi par exemple, est sur le point de conclure des années de recherche, lorsqu'un individu mystérieux fait irruption dans son laboratoire, pour la mettre en garde sur les conséquences de ses découvertes. Neela a probablement inventé sans le savoir le moyen de voyager dans le temps, et ce que le dénommé Ivar (le majeur de la fratrie des Anni-Padda, bien connu des lecteurs de Valiant) est venu empêcher est le début d'une crise temporelle sans précédent. Seulement voilà, la jeune femme l'assomme, et ils doivent ensuite prendre la fuite, ensemble, à travers une série de sauts dans les courants du temps (des vortex) avec à leurs trousses des créatures artificielles issues de la 5ème dimension. Le pitch de départ est totalement barge et les épisodes qui défilent renforcent l'idée d'une trame ample, ambitieuse, qui part des confins de la préhistoire jusqu'au plus lointain des futurs, où une version singulière et androïde de Neela parait avoir des envies d'hégémonie totale. Les bonds dans l'histoire sont l'occasion de tranches fort divertissantes, avec notamment deux trouvailles jouissives. La première, c'est cette inflation de voyageurs temporels, qui dissimulés derrière des hologrammes les banalisant aux yeux des "locaux", ont pour passe-temps favori la chasse à Adolf Hitler, celui que tous rêvent d'éliminer afin de changer l'Histoire avec un grand H. Mais celle-ci ne se laisse pas faire, et personne n'y parvient jamais. L'autre, c'est l'arrivée d'un lurker, à savoir un agrégat futuriste de restes humains et de réseaux sociaux, qui ne s'exprime qu'avec des expressions empruntées à Internet et ses forums de discussion, ou carrément par émoticone. Neela elle aurait bien une bonne raison de changer le cours des choses : sauver son père décédé, des conséquences tragiques d'une opération qui s'est mal déroulée. 


Ivar, Timewalker souffre d'un seul handicap visible : celui de ne pas avoir à l'affiche de héros fortement identifiables et "bankables". Honnêtement, les frères Anni-Padda, ce n'est pas Batman ou les Avengers. Du coup, beaucoup pourraient se dire que cela ne vaut pas la peine d'investir 28 euros pour cette parution, que Bliss Comics a eu la bonne idée, et le respect du lecteur, de sortir dans un seul gros volume. Erreur, belle erreur. Car nous avons là un exemple flagrant de comic-book drole, bien fichu, attachant, qui n'a pas besoin de stars du box office pour séduire dès les premières pages. Peu importe si le concept de sauts temporels, d'enchaînements logiques des faits et des réactions est aussi bizarre que confus, c'est volontaire et participe à ce joyeux foutoir où une belle équipe totalement dysfonctionnelle se lance dans une mission aussi nébuleuse que vertigineuse, qui les pousse vers Oubli-1, base orbitale aux limites extrêmes du temps. Ce pavé s'articule autour de trois axes (quatre épisodes chacun) nommés marquer l'histoire, défaire l'histoire, achever l'histoire et il permet à Fred Van Lente de donner la pleine mesure de son inventivité, ici avec carte blanche totale de la part de Valiant pour pousser son concept le plus loin possible. Les trois dessinateurs principaux qui se relaient sont tous soignés dans leur travail, et présentent des planches claires, détaillées, d'une lisibilité parfaite.  Clayton Henry, Pere Perez ou Francis Portela ne font pas dans l'expérimentation artisanale, mais bien dans le labeur rassurant de ceux qui savent ce qu'attendent les lecteurs, et savent leur offrir aisément. On a souvent parlé, un peu partout sur le net, d'une accointance avec la série Doctor Who, et si cela se vérifie sur la thématique ou une certaine dynamique, c'est dans l'esprit encore plus dingue et mérite vraiment que vous lui consacriez de votre temps. Ivar, Timewalker, est le petit coup de coeur inattendu de ce début de printemps. 







A lire aussi : 




X-MEN PRIME : NOUVEAU DEPART POUR LES MUTANTS

C'est l'heure de faire le point, et de regarder vers le futur, en singeant clairement le passé. Compliqué? Pas vraiment, car on parle des X-Men. qui vont se scinder en deux grandes séries, Gold et Blue. Tout ceci vous rappelle quelque chose? Auparavant, il faut tirer les enseignement de la guerre contre les Inhumains, donner un bon coup de balais quitte à à oublier certains des concepts apportés par Jeff Lemire, et penser à demain. Nouveau départ signifie souvent nouveau line-up, mais ici X-Men Prime a plus pour vocation de compter les troupes et de voir qui fera quoi. Par exemple Tornade souhaite renoncer à son statut de chef, et c'est Kitty Pride, qui en a fini avec son périple façon "Guardians of the Galaxy" qui reçoit les honneurs de la charge. Une Kitty qui débarque dans les limbes, là où les mutants ont établi leur Qg, et prend connaissance de la forme et du moral de chacun, y compris ce cher et tendre Colossus. Un simple regard et une belle vignette romantique nous font comprendre que bon, ces deux-là ont peut-être encore une chance. 
On a quand même l'impression d'avoir déjà lu tout cela. C'est véritablement un grand classique, que cette pause de réflexion mutante, après des événements un peu trop cahotiques. La machine Marvel a besoin de souffler, avant de lancer les X-Men vers de nouveaux défis. Marc Guggenheim, Cullen Bunn et Greg Pak essaient donc de nous faire croire que oui, les mutants sont bel et bien dans la place, et que l'horizon va s'éclaircir à nouveau. Bien entendu, le lecteur lambda aura des doutes sérieux, et il voudra voir venir, et vite, quelque chose de vraiment intelligent. Pour le moment c'est l'exploration du passé de la série, à travers les liens que Kitty a pu tisser, et sa longue carrière, qui est le coeur des débats. Un petit parfum de soap opera suinte des pages, qui jouent la carte intimiste et de l'entente innocente entre les personnages pour atteindre son but. Même les anciens X-Men, dans leur version juvénile, se prêtent au jeu avec une Jean Grey qui est au centre de l'intérêt et du désir masculin de ses amis.
Finalement le seule vraie révélation de cette publication spéciale, c'est l'emplacement du nouveau Qg des X-Men. Autant vous le dire tout de suite, on passe du tout au tout, et je n'ai pas bien compris la pertinence d'un choix auquel on ne croit pas un instant. On a aussi une sous-trame qui débute, avec Lady Deathstrike, mais tout est flou et encore à inventer. Coté dessins, Lashley, Kirk et Robinson se donnent le relais pour prêter vie à une parenthèse qui manque un peu de sel. Le genre d'histoire qui serait parfaite dans un fascicule pour le FCBD (qui permet de faire découvrir des séries) mais qui ne déclenche pas une impatience dévorante à la première lecture. 







A lire aussi : 




ALL-NEW X-MEN HS 2 : DEADPOOL V GAMBIT

Vous l'aurez probablement remarqué, ces dernières années les séries optant pour un ton décalé et des situations humoristiques à la limite de l'absurde ont le vent en poupe chez Marvel. Parfois cela donne quelque chose de très amusant, drôle, auto référencé comme par exemple l'excellent titre Superior Foes of Spider-Man. D'autres fois c'est beaucoup plus discutable, et on a du mal à adhérer à ce qui est proposé. Je ne vous cache pas que ce numéro hors série proposant Deadpool V Gambit n'est pas une lecture qui entrera au panthéon du genre, mais possède toutefois son propre capital sympathie. Nous avons affaire là à deux personnages qui sont emblématiques des années 90. Le mercenaire est une des intuitions heureuses de Rob Liefeld, et porte-parole (avec Cable) de la Révolution mutante qui avançait le gun en avant. Le second nommé apportait une touche de romance bad boy dans la légende des X-Men, avec une désinvolture et une bonne dose de mystère, qui ont longtemps fait du cajun un mutant énigmatique et adoré des fans. Ici il s'agit d'une aventure qui nous ramène dans le passé, à une époque où Daredevil et Spider-Man se sont donnés la chasse à travers la ville... Vous allez me dire que c'est peu crédible car il s'agit de deux super-héros qui devraient être alliés. Et vous aurez raison... en réalité sous les costumes nous retrouvons Deadpool et Gambit qui profitent de la confusion pour s'approprier un joli lot de diamants. Mais ces deux-là auraient tort de faire confiance aux autres, et ne peuvent d'ailleurs se faire confiance à eux-mêmes! C'est un festival de blagues, et entre deux drôleries une explosion de pop culture, que Ben Black et Ben Hacker se chargent de nous servir, à longueur de page. L'ensemble fonctionne assez bien pour peu que l'on soit en veine de ce genre de lecture, qui repose sur un duo aussi différent que décalé.




C'est l'interaction entre les deux mutants qui fait le sel de cet album, avec des moments sympathiques comme le fait de voir Wade Wilson en moustachu défiguré, ou dans un rôle à la Iron Fist, pour retrouver la langue du Dragon (qu'il faut dérober à un certain Peng Lai qui réside à New Orleans). Tout est construit sur un principe simple : vous pensez savoir ce qu'on attend de vous? Erreur, vous allez être doublé, puis doublement doublé, voire triplement doublé. les apparences sont trompeuses, et il faut aller au bout de ces épisodes pour savoir qui se cache derrière qui, qui manipule qui, et pour quoi. Danilo Beyreuth est un excellent choix pour le dessin, avec un trait faussement sale qui s'adapte bien à la très longue scène initiale de bataille-poursuite entre nos deux héros costumés et sous un autre masque que le leur. La narration est un peu déroutante de prime abord, et tout le premier épisode est principalement destiné à poser les jalons de ce qui va suivre, sans pour autant entrer dans le cœur du sujet, si ce n'est la dernière planche. Mais par la suite ça fuse, et le délire est assumé. J'admets avoir un peu de mal parfois à bien identifier Gambit, qui mérite probablement plus que cette version un peu hâtive. On l'a connu mieux représenté. Pour le reste, c'est fun, et ne doit être lu et acheté que dans ce but : enterntainment time, et ça fait le job. Chez Panini Comics, en kiosque, bien entendu. 
A noter les couvertures de Kevin Wada, et son trait racé, subtil, toute en finesse. Cela peut détonner avec ce qu'on est habitué à voir dans le comic-book mainstream américain, mais c'est une bouffée aérienne salutaire, et l'artiste gagne en importance et en considération mois après mois. 







A lire aussi : 




GENERATIONS : MARVEL RASSEMBLE LES ANCIENS ET LES NOUVEAUX

S'il y a bien un phénomène récent qui parait éclatant dans les comics Marvel de ce nouveau siècle, c'est le processus de rajeunissement et de transmission des valeurs, qui traverse la communauté super-héroïque. Certains des personnages iconiques de la maison des idées (presque tous en fait) ont subi des variations, un changement d'identité civile, ou obtenu un side-kick, de manière à aller à la rencontre d'un nouveau public, avec une attention toute particulière aux jeunes, à la diversité communautaire, et aux femmes. C'est ainsi que nous avons une nouvelle Thor (Jane Foster), Miles Morales en tant que Spider-Man, une jeune fille (Riri Williams) dans une armure targuée Stark, ou encore Kamala Khan, la nouvelle Mis Marvel adolescente, tout comme Sam Alexander, investi de la force Nova.
Mais Marvel ne peut se priver longtemps de certains héros qui ont fait sa fortune, comme ce bon vieux Wolverine, dont la charge a été relevé, depuis la mort, par sa version issue d'un futur dystopique (Old Man Logan) et par son jeune clone féminin (X-23). Vous allez donc pouvoir trouver, de juillet à septembre, une dizaine de récits autonomes (les fameux one-shot) sous le nom de code de "Generations", qui vont mettre en scène une association entre version classique d'un personnage, et son incarnation plus moderne.

Iron Man (Tony Stark and Riri Williams) Brian Michael Bendis
Spider-Man (Peter Parker and Miles Morales) Brian Michael Bendis
Ms. Marvel (Carol Danvers and Kamala Khan) G. Willow Wilson
Thor (Odinson and Jane Foster) Jason Aaron
Hawkeye (Clint Barton and Kate Bishop) Kelly Thompson
Hulk (Bruce Banner and Amadeus Cho) Greg Pak
Jean Grey (young and older) Dennis Hopeless
Wolverine (Logan and X23) Tom Taylor
Captain Marvel (Mar-Vell and Carol Danvers) Margie Stohl
Captain America (Steve Rogers and Sam Wilson) Nick Spencer

Certes, certains de ces héros sont censés être morts (comme Wolverine ou Bruce Banner), mais Axel Alonso a assuré que ces histoires auront tout de même un sens logique, et qu'il n'est pas à exclure que le décès de ces icônes soit simplement de nature provisoire...
"Ce qu'il y a de bien dans ce que nous faisons, c'est ce processus de mort et renaissance continu dans les comics. Nous essayons de rendre hommage à l'héritage de nos personnages les plus représentatifs, ce qui est indicatif de ce que nous leur préparons depuis longtemps, et de où nous souhaitons les amener. Ces histoires feront partie de la continuity, ce ne sont pas des récits alternatifs, ou sur une autre Terre et à une autre ère temporelle."
Le futur de Marvel semble donc se modeler sur le succès récent de DC Rebirth, à savoir un retour annoncé aux fondamentaux, tout en conservant la dynamique actuelle, c'est à dire opérer une synthèse entre les bonnes vieilles recettes de l'éditeur, et toute la nouvelle vague qui a déferlé ces dernières années. Plus que jamais, les générations de héros s'unissent, pour répondre aux générations de lecteurs. Pari gagnant? La réponse cet été.






A lire aussi : 




PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...