AVENGERS Vs X-MEN #11 : La review

Tout d'abord, je vous met en garde. Cet article est à classer dans la catégorie Spoiler. Qu'on se le dise.

Vous êtes toujours là? Attention, Spoiler ! Je vous ai prévenu !

Très bien commençons. La bataille finale (ou presque) fait rage entre mutants et Vengeurs. Enfin, mutants, c'est un grand mot, car la folie de Scott Summers a convaincu la plupart de ses congénères de changer de camp, et Magneto est même aller chercher de l'aide en la personne du professeur Xavier. C'est bien le père tutélaire de Scott qui va être au centre de la scène. Lui aussi a plusieurs squelettes dans l'armoire, et ces dernières années ont vu sa figure de vieux sage vaciller, et ses méfaits prendre peu à peu le pas sur un parcours jusque là exemplaire. Mais peut-il, avec l'aide des Avengers (et de Hulk qui est recruté en début d'épisode, mais ne sert finalement pas à grand chose), stopper Summers et faire revenir un semblant de calme dans la tempête? La réponse est évidente pour tous ceux qui savent de quoi est capable la force du Phénix, qui a la fâcheuse habitude, au contact de l'hôte et de l'esprit humain, de perdre le sens de la mesure, pour devenir le Phénix Noir. La lutte entre l'ancien élève et le mentor va être pathétique et poignante, et se solder par un crime. Une nouvelle mort attendue, tant le jeu ces derniers temps était de deviner qui aller finalement casser sa pipe, à l'occasion de la conclusion de AvX.



Exit le professeur Xavier, donc. Pour combien de temps? Je reste dans l'idée qu'il est impossible de programmer un tel évènement depuis des années, de l'étaler sur douze numéros et d'en faire la pierre angulaire de la réponse Marvel à l'offensive Dc (The New 52), pour se contenter d'un aussi maigre bilan, sur le champ de bataille. La vraie conclusion, dans trois semaines, nous prépare, souhaitons le, de vraies surprises. Olivier Coipel n'a jamais été aussi bon aux dessins, c'est un régal pour les yeux, aussi bien au niveau du trait pur et appliqué que dans la composition des planches, la grande lisibilité et le talent dans la façon d'agencer tous ces héros, quand ils évoluent groupés. Du grand art. Les dialogues fusent avec justesse, puisque c'est Bendis qui s'en occupe tout particulièrement cette fois-ci. On en arrive presque à croire que par la grâce de ce final AvX peut encore être sauver, et que ce (trop) long évènement si décrié peut encore nous offrir une sortie de scène sous les applaudissements. Il faudra pour cela un dernier feu d'artifice de haute volée, mais en attendant, l'émotion est revenue, par la grâce de cet avant dernier coup d'épée, qui nous fait regretter amèrement les planches bâclées de Romita Jr et les idées moisies aperçues de ci de là (les Phénix Five en mode Power Rangers). Au bord du néant, AvX refuse de mourir, et semble nous avertir : Vous n'avez pas encore tout vu, restez avec nous!

BEST OF MARVEL : LIENS DU SANG

Les lecteurs au long cours le savent, Avengers Vs X-Men ne sera pas le premier fight entre les deux formations, et ce ne sera peut être pas non plus le plus réussi. Aujourd'hui, je vous invite à faire un petit saut jusqu'en 1993, pour un crossover entre les deux équipes, publié en Vf par les éditions Semic, dans la collection Top Bd, et aujourd'hui proposé dans un superbe Best-Of. Cela s'appelait Bloodties, Liens du sang en français. Une aventure initiée lorsque Fabian Cortez, un mutant des plus fourbes et lâches, avait décidé d'enlever la petite Luna, la fillette de Crystal et Vif Argent, par conséquent petite fille du seigneur du magnétisme, Magneto lui même. Contre l'avis de Peter Gyrich et du conseil de l'Onu, les Vengeurs décident de passer à l'action, et de filer droit sur l'île de Genosha, repère mondialement célèbre des exploiteurs de la race mutante, métaphore à peine filée de l'apartheid sud-africain, alors ravagée par une cruelle guerre civile. Cortez n'est pas tranquille, car il avait trahi Magneto, peu de temps auparavant, et si celui ci est désormais dans un état végétatif (une rafale psy du Professeur Xavier l'a réduit momentanément à l'état de légume), la nouvelle n'est pas encore parvenu à son ancien allié. Les X-Men entrent en scène, également, car ils sont concernés au premier plan par les dramatiques événements qui se profilent. Leur dernier voyage à Genosha a demandé un lourd tribut, entre la mort de l'extra terrestre Warlock (depuis il s'est remis sur pieds, lui aussi) et la transformation de la jeune Felina. Mais ils ne sauraient tourner le dos à la requête de Vif Argent, et laisser les mutants et les habitants de l'île s'entretuer. Il y va du rêve de cohabitation pacifique de Charles Xavier, et de l'intérêt des lecteurs, qui attendent avec impatience les prises de position de chacun, de tous ces héros prêts à danser sur la poudrière. 



Un des grands personnages de ce crossover est Exodus, qui a pris la relève de Magneto, en tant que guide du peuple mutant, vers une émancipation, et même la domination sur le genre humain. Il est majestueux, très puissant, et gagne un vrai statut de vilain de première classe grâce à Bloodties. L'équipe artistique à l'oeuvre sur Avengers était composée alors de Bob Harras, auteur d'un bon run truffé de petits exploits vraiment super héroïques (on bavarde moins et on agit plus dans les nineties) et de Steve Epting, encore un peu brouillon et maladroit dans les visages et expressions des personnages, mais capables d'insuffler beaucoup de vie, de mouvement, à chacune de ses planches. Coté dessinateurs, c'est Andy Kubert qui remporta la mise, avec des silhouettes majestueuses et anguleuses, des héros crispés et combatifs, comme taillés dans le marbre. Mais de mon coté j'ai eu un petit faible pour les planches de Dave Ross et Tim Dzon, cotonneuses et légères, aux courbes sinueuses (le contraire de Kubert, en somme). Sans oublier l'inépuisable John Romita Jr, déjà à l'oeuvre sur Bloodties, et plus appliqué que ce que nous connaissons de lui ces mois derniers. Ce crossover de 120 pages n'est certes pas un véritable affrontement entre Avengers et X-Men au sens du match de catch sans intérêt. Il s'agissait avant tout des soubresauts du rêve du Professeur Xavier, et de sa décision extrême d'éliminer Magneto de l'équation, en le rendant catatonique. Le tout sur fond de guerre civile et d'exploitation des mutants, à Genosha, quand cette île cristallisait en elle, avec intelligence, tout le problème de l'ostracisme et du rejet des êtres différents. A relire ou enfin lire, pour tous ceux que X-Sanction et AvX font frémir de rage ou de peur.

GAMBIT #1 : Rémy Lebeau par effraction

James Asmus et Clay Mann sont investis d'une mission : faire revenir Gambit en position de force dans l'univers Marvel, avec un nouveau titre dédié au mutant cajun, qui a souffert lourdement de la panne d'inspiration des auteurs qui l'ont mis en scène ces mois derniers. Back to the basis, pourrait-on dire. Remy est un voleur, et dans ce premier numéro, c'est ce qu'il doit faire, voler. S'introduire, pour être exact, dans la demeure d'un richissime homme d'affaire qui décide de lever des fonds pour une célèbre université américaine. Certes, Gambit y parvient, et ce sera pour le plaisir de jouer au cambrioleur que rien n'arrête, quitte à sortir une panoplie envieuse de gadgets high-tech, qui lui permettent de déjouer les innombrables mesures de sécurité censées l'arrêter. Mais le lecteur sait-il vraiment pourquoi il revient à ses premiers amours, et lui même a t'il vraiment compris l'objet du larcin, qui est commis dans quelle perspective? C'est là que le scénario d'Asmus est probablement lacunaire. Pour le reste, c'est du classique, rondement mené, et par chance, pas de renvoi pénible à la Guilde des Voleurs ou des Assassins, qu'on a déjà trop souvent vu dans les aventures du cajun. Gambit vole, donc, tout en jouant les jolis coeurs, et en gardant son attitude ultra cool, qui colle à la peau du mutant. Mann est en bonne forme aux dessins et démontre clairement qu'il est un de ces artistes sur lequel Marvel pourra s'appuyer dans les prochaines années, à condition de savoir le retenir, pour qu'il ne s'échappe pas chez la Distinguée Concurrence, où l'herbe semble plus verte, depuis la rentrée dernière. Bon, une assez agréable surprise que ce début du titre Gambit. Le cahier des charges est respecté, il y a de l'action, et c'est lisible, clair. Reste à savoir où veut en venir James Asmus, pour un jugement définitif. Pour moi, en attendant, Remy Lebeau, c'est ce mec en long imper' qui titille Wolverine et joue les montes en l'air avec Tornade, chez les Uncanny X-Men des années 90. Le vrai Gambit est de retour?


ZAGOR : LE (PRESQUE) SUPER-HEROS ITALIEN

Les super héros sont américains. Par essence, par origine, par habitude. Très peu, pour ne pas dire personne, ont été en mesure de mettre sur pieds un univers super héroïque capable de rivaliser avec les décennies de gloire de Marvel ou Dc. Simplement trouver un titre, une série, qui passionne le lectorat depuis des décennies, s'avère presque impossible. Mais en marge des super héros classiques en spandex, l'Italie a des idées...

La maison d'édition Sergio Bonelli propose ainsi depuis 50 ans les aventures d'un héros particulier, au nom bien étrange : Za-Gor-Te-Nay, ce qui signifie, dans un dialecte algonkin (dialecte d'une tribu indienne) l'esprit à la hache. Tout un programme. Après avoir perdu ses parents dans sa prime jeunesse, Zagor a consacré sa vie à la défense de la paix et de l'ordre dans la forêt de Darkwood, un lieu imaginaire, inventé par Guido Nolitta (en fait le pseudo de Sergio Bonelli himself), situé dans les États Unis orientaux. Les extraordinaires prestations athlétiques de Zagor, ses aventures, le charme de son costume et son hurlement de bataille (un caractéristique "AAHHYAAKK!") ont fait croire aux Indiens qu'il s'agit d'un demi-dieu envoyé par Manitou. Même si la plupart des aventures se passe dans une ambiance western, Nolitta y a aussi inséré beaucoup d'éléments fantastiques, effroyables et policiers. C'est ainsi que nous pouvons sauter sans discordance des rivalités entre tribus, des guerres entre blancs et peaux-rouges, à l'apparition d'extra-terrestre venus du fin fond du cosmos, ou la présence de monstres mutants effrayants. Chez Zagor, l'aventure est multiple et se conjugue à toutes les sauces. C'est ce qui fait le charme de la série, son attrait sans pareil. Notre héros est entouré d'un cast de personnages secondaires assez savoureux. Tout d'abord, son inséparable partenaire: le petit homme au grand ventre, gourmand, hypersympathique mexicain Don Cico Felipe Cayetano Lopez y Martinez y Gonzales, plus simplement connu de tout le monde comme Cico. Et encore, Tonka, sakem des Mohawks et frère de sang de Zagor; l'empoté détective Bat Batterton, le chercheur de trésors Digging Bill, le marin Fishleg, le "guitariste-pistolero" Guitar Jim et beaucoup d'autres. Qui dit amis dit aussi ennemis. Zagor a livré à la justice des centaines de hors-la-loi, parmi lesquels le plus dangereux de tous: Hellingen, un savant génial mais fou dont les projets pour la conquête du monde (et, certaines fois, de l'univers entier) ont été toujours éventés par notre héros. Parmi les autres ennemis, le vampire Rakosi, le druide Kandrax, l'"alter ego" SuperMike, l'esprit du mal Wendigo. Bref, rien à envier au X-Men ou à Daredevil, notre Esprit à la Hache!



Zagor est une série qui a donc 50 ans. Régulièrement publiée chaque mois, en noir et blanc (une collection historique en couleurs et grand format est en ce moment proposée avec un important quotidien italien), elle est une des fers de lance de l'écurie Bonelli, dont les autres best-sellers s'appellent Tex (le cow-boy), et Dylan Dog. Il est difficile pour le lecteur français d'aujourd'hui de se faire une idée, car il n'y a plus d'adaptation Vf en kiosque, ni en librairie. J'ai contacté voilà peu Clair de Lune, qui traduit Tex, en offrant mes services pour ranimer Zagor, mais j'ai essuyé un refus type assez froid et fort décevant. Du coup vous ne pourrez vous rabattre que sur d'anciennes mais très bonnes aventures, proposées sur un mensuel petit format et noir et blanc (encore plus petit que l'original italien) du nom de Yuma. Aux éditions Lug, puis semic. Ou bien prendre des cours pour lire la langue de Dante, si ce n'est pas déjà le cas. Étant pour ma part parfaitement bilingue, je ne peux que vous encourager à vous jeter sur la Vo, qui elle est en bonne santé et vient de fêter un demi-siècle d'existence.



Mais pourquoi lire Zagor, me direz-vous? En quoi ce titre est-il proche de ce que nous pouvons trouver dans les comics américains, pourquoi souvent les lecteurs de l'esprit à la hache ne dédaignent pas non plus d'acheter Spider-Man et consorts? Tout d'abord, pour ces valeurs hautement nobles et chevaleresques de l'héroïsme désintéressé que le personnage professe. Son combat est destiné à être perdu dans les grandes largeurs. L'histoire nous enseigne que si Zagor est un des ardents défenseurs de la paix et d'une existence sereine entre indiens et nouveaux colons qui débarquent sur les terres vierges américaines (le récit est situé, grosso modo, aux alentours de 1830-1840), son combat connaîtra une issue tragique, et les peaux-rouges finiront par être défaits, destinés aux sinistres réserves, qui sont autant de prisons déguisées. Sans tenir compte des massacres, règlements de compte, et autres épisodes cruels qui marqueront leur cohabitation impossible avec l'homme blanc, venu se servir sans vergogne.


MARVEL UNIVERSE 3 : ANNIHILATORS

Les Annihilateurs sont de sortie. Rien qu'avec un tel nom, il s'agit de leur présenter un peu de respect. Ce sont tous des êtres dotés d'une puissance de feu redoutable, au point même qu'ils restent bien souvent sur la réserve, afin de ne pas déchirer le tissu de l'espace temps, lors de leurs missions d'intervention. Le groupe est composé du Silver Surfer, qu'on ne présente plus, et de Quasar, un terrien investi des pouvoirs quantiques que lui confèrent ses bracelets. Il est mort durant la saga Annihilation puis est revenu parmi nous, ce qui a passablement ébranlé la confiance qu'il pouvait avoir en lui même. On trouve également Gladiator, guerrier suprême de l'empire Shi-Ar, Beta Ray-Bill, une version équestre de Thor le Dieu du Tonnerre, et Ronan L'accusateur, pour la faction Kree. Ils reçoivent le soutien momentané d'un des chevaliers de l'espace, en la personne d'Ikon, qui vient leur exposer la menace des spectres Noirs, guidés par l'infâme Docteur Dredd. Pour en savoir plus, avoir lu la série mythique Rom, le Chevalier de l'espace, parue dans Strange à la grande époque du mensuel Lug, n'est pas une mauvaise idée. Cela fait bien longtemps que les lecteurs réclament à corps et à cris une réédition de ces épisodes de légende. Le problème étant que Rom est un héros basé sur une ligne de jouet, et que Marvel, qui détenait les droits sous licence pour en faire un comic-book, a fini par les perdre naturellement. Du coup, Rom est porté disparu, et les lecteurs peuvent se gratter.



C'est loin d'être le meilleur numéro de Marvel Universe paru à ce jour. Tout d'abord, le conflit entre les spectres et les Galadoriens (les Chevaliers de l'espace) n'est guère passionnant, ni porté par des figures imposantes. Même Dredd est assez creux, et d'ailleurs on apprendra que derrière ses traits se cachent quelqu'un d'autre, et c'est un subterfuge banal. Les dessins de Tan Eng Huat ne sont pas mauvais, mais ils manquent de caractère. Sa version du Surfer, par exemple, tombe à plat. Les planches sont dynamiques, il y a de la bonne volonté, mais ça s'arrête là. J'ai pris quasiment plus de plaisir avec les deux récits fournis en back-up, c'est à dire les aventures en solo de Rocket Raccoon, le raton laveur le plus dangereux du cosmos, qui est devenu employé dans un service postal cosmique, depuis la dissolution des Gardiens de la Galaxie. De retour aux affaires, il part à la recherche de Groot, son coéquipier dont le corps est un arbre, après avoir été attaqué par un Clown végétal. Dit comme ça, cette histoire semble folle, et elle l'est probablement un peu. Au moins nous fait-elle sourire, profitons-en.
Bon, Annihilators n'est pas à proprement parler un vrai event cosmique, c'est juste une nouvelle équipe de gros bras cosmiques, qui vont vivre des aventures temporaires, durant deux numéros de Marvel Universe. On dira que c'est pour cela que Abnett et Lanninig ne se sont pas vraiment foulés... ?

MARVEL GOLD : WOLVERINE ARME X

Wolverine, à la bonne vieille époque des comics signés Lug ou Semic, c’était Serval. Autre nom, autre temps, autres mœurs. Un nabot poilu et teigneux, doté d’un pouvoir auto guérisseur et de griffes en adamantium (métal inconnu et ultra résistant), bourlingueur et dragueur impénitent, bière à la main, toujours prêt à se lancer dans la première mêlée venue. Le personnage avait aussi un autre trait distinctif : il ignorait tout de son passé, n’avait que des bribes éparses de souvenirs, un puzzle incomplet qui ne lui permettait pas de se connaître vraiment. Qui l’avait ainsi doté de griffes? Qui avait voulu le ravaler au rang d’animal, de cobaye de laboratoire? La question angoissait pas mal de lecteurs d’alors, tant et si bien que sur les pages de Marvel Comics Presents 72 à 84, le grand Barry Windsor Smith narra les expériences secrètes et le drame vécu par Serval (Logan, dans la vraie vie) au sein d’un complexe de scientifiques fous et sans scrupules, le projet « Arme X ». Le tout forme un récit angoissant et torturé, plein de maitrise et de suspens, dans une ambiance glauque à souhait, claustrophobe et paranoïaque. Wolverine y est mis à nu, sans fards ni costume, une simple machine à tuer qui tente de s’évader et lutte pour sauvegarder un peu de son humanité.

                           


Déjà présenté dans la collection Best of de Panini, voilà que ces derniers le représentent en septembre, cette fois sous forme d'un Marvel Gold plus économique. Le récit présente les défauts de l’époque : les didascalies sont parfois un peu pompeuses, le style littéraire empâté. Les couleurs un tantinet trop flashy voire criardes pour certaines cases. Mais relisez l’intro signé Larry Hama, dans le Best of, et ne soyez pas trop critiques : il vous faudra, pour les plus jeunes, comprendre l’importance de cette histoire, et l’accueil enthousiaste qu’elle reçut lors de sa sortie. Longtemps considéré comme la pierre angulaire du passé de Wolverine, l'Arme X est un album à respecter comme une des grandes influences de sa décennie, un de ces pans historiques qui ont contribués à créer la légende des X-men. Et tout ceci avant l'incroyable inflation Wolverinesque qui s'en est suivi. Le mutant griffu a fini par apparaître dans toutes les séries Marvel possibles et imaginables : un coup chez les Uncanny X-men, un saut sur la série X-men, un coup de main en passant à Spider-man, et un détour chez les Avengers, sans oublier une seconde puis troisième série personnelle pour corser le tout. A cela j'ajoute des souvenirs enfin retrouvés (partiellement, puis semble t'il totalement), un Wolvie junior et un clone féminin, dont franchement on ne ressentait pas du tout la necessité; et dulcis in fondo, un film particulièrement médiocre sur lequel il convient de survoler, par peur d'être vraiment méchant, frappé par l'indigence du propos (surtout si comparé aux aventures de notre Serval préféré à ses débuts). Que voulez-vous, j'ai toujours au fond de moi la crainte de lire un jour "Asterix et Serval chez les romains" ou encore " Martine sort ses griffes". Avec ou sans pouvoir auto-guérisseur, Logan se s'en remettrait jamais.

THE UNDERWATER WELDER de Jeff Lemire

Enfin, le nouveau graphic-novel de Jeff Lemire est disponible! Attendu avec impatience depuis quatre ans, retardé en raison des travaux de l'auteur pour Dc/Vertigo (Sweet tooth et Animal Man, en particulier), cette fois il nous est parvenu, et nous l'avons dévoré. Le héros de cette histoire habite en Nouvelle Ecosse. il s'appelle Jack Joseph et son travail consiste à souder et assembler des pièces au large des côtes, sur des plates formes de forage. Il opère donc dans les profondeurs marines, avec son scaphandre et ses bouteilles d'oxygène, et supporte quotidiennement la pression de l'océan. Mais il n'est pas pou autant apte à gérer un autre type de pression : celle de sa vie privée, qui prend une nouvelle dimension depuis que Suzan, sa femme, est enceinte et sur le point d'accoucher. A tout ceci s'ajoute un rapport très particulier avec la figure du père de Jack, disparu en mer alors qu'il effectuait lui aussi une plongée. Les conditions de cette mort sont assez floues, mais on devine très vite qu'un secret pèse sur le sujet. Pourquoi Jack craint-il autant l'approche des fêtes d'Halloween? Qu'a t'il donc aperçu au fond des mers, lors de sa dernière immersion, pour qu'il se décide à planter sa femme dans le besoin, pour y retourner obstinément? En descendant au plus profond de l'Atlantique, voilà notre futur père de famille qui plonge au plus profond ... de lui même. Là où les non-dits, les souvenirs refoulés, les peurs de l'enfance et les incertitudes de l'adulte forment un noeud qu'on ne peut délier sans prendre le risque de bouleverser l'ordre établi, et le quotidien d'une existence précaire. Lemire est encore une fois un génie de l'écriture. Les dialogues sont ciselés à merveille, on progresse lentement avant une seconde partie chargée en émotions, jamais lourdement soulignée, mais toujours distillée avec la pudeur des grands auteurs. Le trait de Jeff Lemire flirte toujours avec la naïveté des débuts, mais sais aussi s'enrichir de toute une palette d'expressions, qui rendent les visages de ses personnages si expressifs et mélancoliques. Jonglant avec dextérité entre réalité, songe, et onirisme spirituel, The Underwater Welder est déjà un des incontournables de cette rentrée. Jetez vous sur la Vo, car si vous attendez la Vf, vous aurez le temps de rouiller... 


PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...