X-MEN CLASSIC 5 : LA SAGA DE PROTEUS

La saga de Proteus commence sur l'île de Muir, le fief de la généticienne Moira Mc Taggart. Celle ci effectue une batterie de tests sur la personne de la jeune Jean Grey, dont les pouvoirs sont encore tout à découvrir, et semblent aussi illimités que préoccupants. A cette époque, un malentendu divise les X-Men. Jean et Hank McCoy sont persuadés que leurs compagnons sont morts, alors que ceux-ci ont la même impression funeste.  Mais les retrouvailles ne vont pas tarder, et Scott Summers peut à nouveau embrasser tendrement la belle rouquine télépathe à Muir Island. Cela dit, l'accueil n'est pas aussi chaleureux que prévu, et il semblerait que quelque chose ronge intérieurement la jeune fille, prend lentement possession de son âme. Ce sera l'occasion d'une longue et poignante aventure (le Dark Phénix) mais ce n'est pas tout à fait le propos aujourd'hui. Non, le vrai danger immédiat, c'est le fils de Moira, un certain Proteus, capable d'altérer le tissu même de la réalité. Il est aussi en mesure de passer d'un corps à un autre, d'un hôte à un autre, qu'il abandonne ensuite, totalement consumé : tel est la malédiction qui accompagne les dons qui lui sont conférés. Rapidement, les cadavres s'accumulent et Jean est plus déboussolée que jamais. Voilà qu'elle se retrouve mentalement projetée dans la passé, au XVIII siècle, dans la peau d'une certaine Lady Grey, amante de Jason Wyngarde,   aussi beau que magnétique et diabolique. Ce qui tombe mal, car pour arrêter Proteus, les X-Men ont vraiment du pain sur la planche, et ils sont loin d'avoir trouvé une parade facile. 

A bien y regarder, il y a une pointe de vampire, ou de zombie, dans ce Proteus qui s'empare des corps qui ensuite se décomposent. Il est une menace d'autant plus forte que l'intégrité physique s'en trouve compromise à jamais, et couplée à une possession totale de l'esprit, une perte de l'individualité, de la personne même. Claremont tisse avec patience ses intrigues, parfois durant plus d'un an, pour en arriver à une conclusion chargée en pathos. Là, il parvient à croiser les fils des mésaventures du fils de Moira, avec l'imminente transformation de Jean Grey en Phénix Noir. Le tout en caractérisant une petite île et son habitacle (Muir) qui reviendront par la suite souvent dans le microcosme mutant. John Byrne et son trait souple, vivant, clair, est l'excellent dessinateur chargé de donner vie à ce théâtre des émotions, qui s'agite bien sur avec la naïveté propre de l'époque, qui fait en partie son charme aujourd'hui. Les habitués de la librairie Panini savent que cette saga est disponible dans les intégrales X-Men, à l'année 1979. En 2013 Panini compte les rééditer, je rappelle cela au passage. Les plus anciens ont peut être conservé les revues Special Strange 26 à 28, avec à l'intérieur Proteus et les mutants. Pour compléter le sommaire de cette parution, nous trouvons de petits récits issus de Classic X-Men. Le plus pertinent d'entre eux oppose Wolverine à Proteus, et nous montre les capacités de résistance du canadien griffu face au fils de Moira Mc Taggart. Ce sont de brefs desserts (une dizaine de pages) qui étaient ajoutés à la réédition des numéros de Uncanny X-Men, aux States, sous forme de fascicule semblable aux originaux, avec des couvertures différentes. Voilà un X-Men Classic fort agréable et recommandé, sauf que nombre d'entre vous possèdent déjà ces épisodes mythiques, sous une forme ou sous une autre. 


BATMAN : NOEL Conte de noël à Gotham City

Existe t-il, dans la culture anglo-saxonne, un texte plus connu et maintes fois imité que ce Christmas Carol de Charles Dickens? Publié pour la première fois en 1843, et destiné à raviver cet esprit particulier de Noël, selon l'auteur devenu désuet chez trop de ses contemporains, c'est aussi une histoire morale contenant nombre de pistes de réflexions à explorer, pour les enfants comme pour les adultes.
Rappelons pour mémoire qu'il met en scène le financier Ebenezer Scrooge, qui déteste Noël (selon lui une perte de temps et de profit), si avare et sans coeur qu'il oblige même Bob, son employé, à être de service le jour crucial. Misanthrope et antipathique à souhait, Scrooge va enfin changer et se repentir lorsqu'il recevra, durant la nuit du réveillon, la visite surprise du fantôme de son associé en affaires, Jacob Marley, qui lui annonce la venue de trois esprits qui représentent les Noëls passés, présents et à venir. Récit moral, donc, mais aussi philosophique, humaniste, et également une charge contre la société capitaliste d'alors, qui trouve toujours un triste écho dans notre monde d'aujourd'hui. Le cinéma (Disney tout particulièrement), la bande-dessinée, la littérature, n'ont eu de cesse de broder autour de cette histoire fondatrice, et d'en proposer des versions subtilement modifiées. Cette fois, c'est au tour de Batman de s'y frotter, grâce au travail remarquable de Lee Bermejo. Voici venir Batman : Noël.

Nous avions déjà eu droit à une aventure plus ou moins semblable en 1995. Cela s'appelait Ghosts, signé Loeb et Sale, dans la collection Semic Books pour la Vf. Dans ce graphic novel, nous assistons à l'évolution de deux trames parallèles: d'un coté la narration du récit original de Dickens (réadapté), de l'autre des images, des vignettes qui offrent une histoire classique de Batman, et qui se raccordent avec le premier aspect cité par le point de vue thématique. Ainsi, l'avidité et l'aridité du coeur de Scrooge trouvent un écho dans ce Batman inflexible et peu conciliant, qui se retrouve face à Bob (le prénom n'est pas un hasard), petite frappe devenue délinquant potentiel pour guérir son fils souffrant et par manque d'argent pour le soigner. Le justicier de Gotham ne fait pas dans l'assistanat public, et ne cherche pas à comprendre les motivations et l'âme véritable de l'homme qu'il pourchasse. Aucune empathie pour le prochain, dans le monde froid et sans pitié de Gotham. Les trois fantômes qui vont engendrer une prise de conscience et un basculement dans le point de vue du Dark Knight sont bien plus incarnés et bien moins ésotériques chez Bermejo que chez Dickens. Il s'agit de Catwoman (le lien avec un passé plus heureux et sans souci), Superman (qui ouvre les yeux de Bruce sur ses difficultés à communiquer avec son prochain) et l'inévitable Joker, l'ombre d'un futur funeste pour la ville, lié à la présence de l'homme chauve-souris. Lee Bermejo dessine l'ensemble avec un sens du détail, une maestria rare. Une application forcenée sur chaque case, qui fourmille de trouvailles, d'attention minutieuse aux arrière-plans. Les couleurs contribuent également à faire de ce Batman : Noël un petit chef d'oeuvre, qui fait un peu l'enjambement entre l'art pictural d'un Alex Ross et la perfection dynamique du meilleur Jim Lee. Bermejo qui signe là son sommet personnel, maîtrisé de bout en bout. Un auteur qui donne sa pleine mesure dans ce genre de graphic novel, quand on lui lâche la bride, et qu'il peut agencer son récit et le mettre en image selon l'envie. Impressionnant, et ultra recommandé en cette période de fêtes. 

MARVEL DELUXE : MARVEL NOIR 1 Avec Spider-Man et Daredevil

La collection Noir propose les aventures des super-héros Marvel, sur une Terre parallèle, où leur apparition ne se situe pas exactement à la même époque que la notre. Nous plongeons là dans les années trente, pour des ambiances qui lorgnent aussi bien du coté du polar (le "noir" en question) que de la Sf policière. Après une première publication dans un format proche du 100% Marvel, Panini remet une couche en décembre, avec cette fois une version plus cossue, en Marvel Deluxe. Le Tome 1 vous attend.


Pleins feux sur les Etats-Unis des années 30, donc, et sur la grande dépression qui fait des ravages parmi la population. Le premier récit est consacré à Spider-man, dont nous découvrons pour l’occasion une nouvelle incarnation inédite. Peter Parker vit là encore avec sa tante May, et sans son oncle, qui vient d’être assassiné : certaines choses ne changent pas. May est une activiste qui œuvre pour l’émancipation et le bien être du prolétariat, poursuivant ainsi le travail de son mari défunt. Peter rencontre le journaliste Ben Urich et lui externe toute sa rage et son envie de changer le cours des choses. Par l’intermédiaire de sa nouvelle connaissance il découvre l’envers du décors, la collusion entre politiciens, médias et entrepreneurs, qui gangrènent New-York et le pays tout entier. Fougueux et impétueux, certains diront inconscient du danger, Parker s’en prend même violemment au « Bouffon » Norman Osborn, qui semble être le grand ponte de la mafia d’alors. Mais tout cela n’est que réaction velléitaire qui n’a aucune chance d’inquiéter les criminels qu’il exècre, jusqu’à ce que le hasard de l’existence le mette en contact avec d’étranges araignées qu’abritaient des reliques volées par les sbires du Bouffon. Comme le veut la tradition qui semble se perpétuer d’un univers parallèle à l’autre, d’une réalité alternative à la suivante, cette morsure confère au jeune homme d’incroyables pouvoirs qui font de lui une véritable araignée humaine, lui consentant d’adhérer aux murs, de produire une toile organique, et de bénéficier d’une force surhumaine. Tout l’épisode de la morsure et de la découverte des nouveaux pouvoirs est expédié en deux trois planches, pas le temps de développer ou de s’émerveiller avec un processus déjà archi ressassé, cette mini série ne contient que quatre volets, et il faut la mener tambour battant. D’autant plus que Ben Urich, qui jusque là n’était jamais parvenu à s’émanciper de l’ombre d’Osborn, probablement à cause de sa faiblesse intrinsèque et de sa dépendance à l’héroïne, finit par trouver la force de redresser la tête, au contact de son nouveau jeune ami. Ce qui lui vaudra une mort violente, que le Spidey version noir se devra de venger.

On a donc un bon petit condensé d’histoire arachnéenne revisitée. De l’introduction du personnage et de son cast d’amis/ennemis, à la morsure qui en fait un héros aux pouvoirs formidables. Sans oublier le combat victorieux contre le Bouffon, l’antagoniste par excellence du tisseur. Le tout dans un univers plus proche de Dick Tracy que du Stan Lee des origines. Il faut remercier au passage Fabrice Sapolsky, qui a épaulé David Hine au scénario. Étonnante promotion pour le rédacteur de Comic Box que nous pouvons retrouver régulièrement en kiosque, d’autant plus que le scénario tient parfaitement la route. La version noir du Vautour est même franchement géniale, et les auteurs Marvel plus classiques feraient bien de s’en inspirer pour nous pondre des récits pertinents à l’avenir. C’est Carmine Di Giandomenico qui s’occupe des illustrations, avec le talent déjà remarqué récemment sur le crossover Exiled (New Mutants/Journey into Mistery) ou les Secret Warriors (eux aussi en Deluxe), des planches sombres à souhait où le dynamisme est accentué par de multiples lignes anguleuses, et des dessins pas toujours très propres mais au final parfaitement expressifs. Ce n'est pas tout : un second récit dédié à ce Spidey est présent dans ce Deluxe. Cette fois notre héros doit démanteler un réseau d'expériences scientifiques menées contre la population noire. L'occasion d'introduire un autre vilain historique, le Docteur Octavius, handicapé de génie, qui se sert de la soi disant "sous-race" comme de cobayes à ramasser dans les prisons de la ville. Nous sommes quelques années avant la seconde guerre mondiale, et ce genre de discours génétique et racial trouve toute sa place dans le contexte. Est de la partie également la Chatte Noire, qui offre une touche sensuelle et sexuelle à l'histoire, avec un Peter Noir qui restera moins chaste que notre Parker des familles, pas toujours très à l'aise avec le beau sexe? Les auteurs sont les mêmes, pourquoi changer une équipe qui gagne?

Enfin, place à Daredevil Noir. Une mini série qui a retenu mon attention, à l'époque, principalement pour le talent artistique de Tom Coker. Capable de faire la synthèse entre le style urbain et contemporain de Maleev, et de savoir retranscrire avec conviction les ambiances du polar d'avant-guerre, le dessinateur nous plonge dans un quartier de Hell's Kitchen saisissant. Nous retrouvons un Matt Murdock a la recherche de l'assassin de son père, un certain Halloran, et mis sur la bonne piste par une mystérieuse inconnue, Eliza, qui vient le rencontrer à son bureau. Matt est aveugle car le meurtrier lui a violemment frappé la tête dans un mur de briques, et il est aussi, cela va sans dire, un justicier la nuit. Le Caïd est présent dans le récit, ainsi qu'une version sans grande saveur de Bullseye. Alexander Irvine joue avec tous les codes du genre, parfois trop convenus. C'est là un polar brutal mâtiné de super héroïsme urbain, avec la classique figure féminine prête à trahir et à tirer les ficelles dans l'ombre, pendant que la pègre locale règle ses comptes, entre guerre d'influence et rivalités des familles. Sans être mauvaise, cette partie du Deluxe est la plus faible, pour ne pas être capable d'offrir une version plus hardie et inspirée de Tête à cornes, et se contenter de rabâcher des lieux communs déjà lus ou entendus à maintes reprises auparavant. L'album est tout de même à recommander pour tous ceux qui voudraient découvrir autre chose que du héros en spandex, et le niveau moyen de la qualité du contenu reste fort acceptable.



LE GUIDE SELECTIF D'UNIVERSCOMICS (1) : CAPTAIN AMERICA

Parfois, il est bon de revenir sur ses classiques, surtout quand on a découvert les comics depuis peu. Pour les autres, appelons cela de la révision. On (re)commence ce lundi avec Captain America. Un petit guide de lecture minimaliste et une présentation dans le joie et la bonne humeur. Hop.


Captain America serait un junkie ? A bien y penser, ce n’est pas complètement idiot. Comment définir autrement un type qui est passé du statut de freluquet malingre et capable de décoller une affiche rien qu’en passant en dessous, à celui de Monsieur Amérique, guerrier surentraîné et quasi infaillible, en se soumettant à une expérience gouvernementale top secret ? Expérience qui soulignons le, consistait essentiellement en l’injection d’un « sérum du super soldat », donc une drogue, une substance artificielle, pour des résultats artificiels. C’est pour la bonne cause, certes, défendre la liberté contre les nazis, en temps de seconde guerre mondiale. Mais de fait, Steve Rogers est un drogué, un de plus. Les puristes objecteront que le sérum, ce n’est pas tout. Captain America, c’est aussi une force de volonté inflexible, un patriotisme à toute épreuve, un courage et un gros cœur comme on en a rarement vu. Pourquoi pas… Steve Rogers a longtemps travaillé comme dessinateur de bd, une couverture qui lui permettait lorsqu’on faisait appel à lui, d’endosser sa combinaison aux couleurs de la bannière étoilée et de saisir son bouclier indestructible, fidèle compagnon de toutes les aventures. Steve a aussi passé son après guerre en animation suspendue, prisonnier d’un bloc de glace errant dans l’océan atlantique. Ce qui fait qu’à son réveil, dans les sixties, tous ses proches et ses références culturelles et sociétales étaient un peu en décalage avec le personnage. Un gentil patriote hors du temps, qui oublie bien vite la menace nazie (qui eux ne l’oublient pas, surtout son antagoniste privilégié, le Crâne Rouge) pour combattre sans remords la menace bolchévique, et plus récemment, les terroristes islamiques intégristes (le run de Nieber, excellent). Saluons donc bien bas Steve Rogers, d’autant plus qu’il a péri voilà peu, assassiné par un sniper et achevé par les coups à bout portant de sa petite amie (mentalement manipulée), sur les marches d’un tribunal, juste avant d’être condamné pour rébellion au gouvernement (voir l’affaire Civil War). Mort en disgrâce ? Bien sur que non, Steve Rogers est vite revenu, puisqu'il était juste perdu à travers le flux temporal. Pour le moment, c'est Rick Remender et John Romita Jr qui sont aux petits soins de son nouveau titre labellisé Marvel Now! mais vous le retrouvez aussi à la tête des Vengeurs!



Une bibliographie bien longue, tant de choses à lire… Alors voici notre petite sélection, dans le désordre…

* Captain America : Streets of poison (1994) Un de mes runs préférés. Excellent! Cap se trouve dans un entrepôt chargé d'Ice (drogue de synthèse) quand ce dernier explose. La poussière de drogue passe dans son sang et se combine au sérum du super soldat, pour en faire un super junkie, agressif et déséquilibré. Un must! En Vf sur les pages de Titans.

* The death of Captain america Vol 1/2/3 (2008 2009) Steve Rogers est mort! Qui va donc poursuivre la légende et endosser le costume de Captain America? Brubaker redéfinie le mythe dans une aventure au très long cours, qui a remporté le prestigieux Eisner Award. En vf sur les pages de Marvel Heroes chaque mois. Sans oublier le récent Marvel Deluxe qui compile les premiers épisodes du travail formidable de Brubaker, et qui nous emmène lentement mais surement vers le tragique évènement, que nous avons chroniqué ici

* Fallen Son : The death of Captain America (2008) Les conséquences de la mort du personnage et son acceptation chez la communauté super héroïque. Inégal, mais avec de très bonnes parties. Un travail subtil de Jeph Loeb, je vous jure!

* Captain America : War and remembrance (Cap 247/255) Un run de qualité signé Stern/Byrne qui voit Cap face à de nombreuses vieilles et nouvelles menaces, et même courir pour le titre de président et l'accès à la maison Blanche. Cap fait de la politique?

* The Essential Captain america vol.1 Bien oui, quoi, un classique : les premiers pas de Cap, ça ne se refuse pas. En Vo et en noir et blanc, comme toujours dans cette collection économique.

* Captain America : The new deal (en Vf La sentinelle de la liberté) Publié en Marvel Deluxe en 2012, la série régulière de Cap est confiée à Rieber et Cassaday, qui convoque la menace islamiste, dans un récit adulte qui fait échos aux tragiques attentats du onze septembre. Les épisodes suivants, dessinés par Jae Lee, et plongent au coeur de secrets passés, qui pourraient remettre en cause l'origine même du mythe du Capitaine. 


THUNDERBOLTS #1 : L'improbable association de gros calibres

La nouvelle série consacrée aux Thunderbolts est dessinée par Steve Dillon. Un détail qui mérite d'être rappelé d'emblée. En effet, dès la première page, il se dégage comme une impression de déjà vu. Une planche plus loin, une vue de profil du personnage principal qui s'allonge sur trois cases confirme nos impressions. Le personnage en question, c'est Frank Castle, et les souvenirs qui remontent à la surface de notre mémoire de lecteur, ce sont ceux liés à Welcome Back Frank, la saga en douze parties qui ramena le Punisher de l'oubli, et en fit un justicier très à la mode, par la grâce du scénario caustique de Garth Ennis. Mais l'irlandais n'est pas de l'aventure cette fois, et le récit est bien plus convenu. Ce numéro un est une sorte d'opération de recrutement, et un par un, il nous apprend comment le général Thadeus Ross (qui accessoirement est aussi le Red Hulk depuis que Jeph Loeb en a décidé ainsi) a opéré pour enrôler une nouvelle équipe à ses ordres, charger de faire le sale boulot quand la loi et les héros qui s'efforcent de la faire respecter ont montré leurs limites. Pour Castle, il le retient prisonnier et lui propose de troquer sa liberté contre un joli carnage : liquider près de 400 criminels qui ont eu vent de la détention de leur némésis, et qui viennent se jeter dans la gueule du loup, pensant pouvoir le liquider. On a connu le Punisher plus revanchard vis à vis de ceux qui le font chanter, mais pour le coup, il se contente d'opter pour la boucherie qu'on lui place sous le nez. Le général s'en va de par le globe (même à Paris, avec Deadpool qui trucide des criminels déguisés en mimes/Pierrots: bravo l'imagination américaine dès que notre France est de la partie) et parvient à convaincre du lourd. Wade Wilson, donc, mais aussi Venom (Flash Thompson) et Elektra (pas très sexy sous les crayons de Dillon).
Dillon, donc. Sa grande limite est de proposer des visages photocopiés les uns par rapport aux autres, d'une série à l'autre. Avec une déficience évidente au niveau des expressions (toujours ce sourire crispé ou cette indifférence étrange). Ne comptez pas sur lui pour une splash-page époustouflante ou percutante, c'est un artiste qui ne gagne pas à exploser en volume, et travaille dans la redite, l'espace maîtrisé. Daniel Way, à l'écriture, se contente pour l'instant de mettre en place les pièces du puzzle avec diligence, mais sans parvenir à nous secouer, ou nous faire saliver. Voilà un numéro 1 qui ressemble de trop près à un numéro 0. Prudent et convenu, le roster est amené, prêt à l'emploi. On attend une suite avec panache, parce qu'autrement... 



AVENGERS #1 : La review de la révolution Hickman/Opena

Nous y sommes. Le titre le plus attendu de la vague MarvelNow! est enfin paru. Je veux parler des Avengers tels que mis en scène par Hickman et Opena. Le premier cité ne perd pas de temps pour imposer la rupture avec l'ère Bendis. Terminées les longues discussions stériles, les aventures décompressées au maximum, souvent en liaison avec un event Marvel, à la périphérie d'un récit mère qui phagocyte les enjeux et l'essentiel de la trame. Le scénariste étale ses projets futurs en quelques planches, sème les graines pour les mois à venir, annonce du beau linge et bien des rebondissements. Matière foisonnante, qui donne forcément envie d'en lire plus, et rend le lecteur pourtant habitué à ce type de subterfuge aussi excité qu'une collégienne avant un concert de Coldplay. Dans le désordre et en vrac, qu'a prévu Hickman? Et bien le retour d'Hyperion, une menace si énorme qu'on voit mal comment les Vengeurs vont en venir à bout, et aussi un changement de statut de ces derniers, qui selon les termes de Stark lui même, vont devoir devenir bigger, s'étoffer d'avantage, devenir une force de frappe encore plus impressionnante.
Ce ne sera pas de trop, car sur la planète Mars, un groupe d'aliens surpuissants fait des siennes. Ils lancent des bombes capables de modifier en quelques instants la bio masse des cibles visées. Leur objectif du moment, c'est la Terre, qui a déjà été touché par deux fois. Les Vengeurs (les gros calibres, ceux du film) sont parés à l'abordage et au combat, mais l'accueil reçu ne leur laisse pas l'ombre d'une chance. Ex Nihilo est une menace encore floue mais apparemment de tout premier ordre. A ses cotés, nous trouvons Abyss et Aleph, ses deux compagnons/instruments de domination. A eux trois, ils mettent la pâtée aux Vengeurs en quelques minutes, brisent l'armure d'Iron Man, maîtrise Thor et Hulk, blesse Captain America qu'ils renvoient tel un paquet de linge sale vers la Terre, comme pour transmettre un message des plus clairs. Nous n'avons plus aucune chance, devant une telle opposition. Sauf que la famille des Vengeurs est très élargie, et composée de héros qui ne se résignent pas si facilement. Qui sera de la partie, avec Steve Rogers, pour aller sauver ses compagnons en rade, sur Mars? 
C'est tout bonnement génial, ou presque. Du lourd, du très lourd, d'entrée de jeu. Avec un Opena étincelant, dont les planches confinent par moments au chef d'oeuvre. Tous les éléments du comic-book bigger than life sont présents dans ce premier numéro qui alterne l'explicite et l'implicite, nous fait un bon nombre de promesses et en concrétise déjà certaines, là tout de suite, comme pour nous confirmer que Hickman ne bluffe pas. La suite est vivement attendue, car ce titre est potentiellement une bombe à explosions multiples. 


SPIDER-MAN SEASON ONE : Séance de rabâchage

Vous connaissez quelqu'un, dans votre entourage, qui ignore tout des origines de Spider-Man? Entre les films au cinéma, les dessins animés et les comic-books (dernière en date la version Ultimates du héros), la genèse du tisseur de toile fait partie de l'imaginaire populaire. Season One n'est donc qu'une redite, une énième variation sur le thème, censée apporter une touche de fraîcheur et de modernité au mythe de Peter Parker. Tout y passe diligemment. L'adolescent chahuté en cours et assez peu sociable (même Flash Thompson est de la partie), l'expérience scientifique et la morsure de l'araignée radioactive, la découverte des pouvoirs à base de bonds sur les façades d'immeubles pour éviter une voiture, ou encore l'utilisation des nouveaux pouvoirs pour gagner un peu d'argent (ici dans une émission de tv, une sorte de late show) après s'être tricoté un joli costume trop grand. Le point focal de la prise de conscience de ses responsabilités, Parker le trouve là encore après la mort de son oncle Ben, assassiné par un malfrat qu'il aurait pu arrêter aux studios télévisés, s'il s'en était donné la peine. C'est donc presque un copier-coller total de ce que nous savons déjà tous qui nous est donné à lire par Cullen Bunn. Les petits détails sont tout au plus de l'ordre de l'anecdote, comme lorsque les lycéens s'envoient des sms ou des tweets, ou quand l'oncle Ben tente de convaincre Peter de l'accompagner pour prendre des photos du Vautour, qui plane sur la ville. Tout le reste n'est que vide et attente vaine d'une étincelle susceptible de justifier l'achat, pour le lecteur qui a déjà lu un tant soi peu les aventures de Spider-Man. Peine perdue, ce season one est calibré pour le novice pur, possiblement pas trop âgé. 


Il y a de plus une déficience grave dans ce season one : l'absence de ce petit coté soap opera qui rythmait le quotidien de Peter, dans les années lycée. Sans une présence féminine le renvoyant à ses propres échecs et incapacités, telle que Betty Brant ou Gwen Stacy, la vie du jeune homme perd une partie de son intérêt. Ici on croit percevoir l'ombre d'une possible histoire avec une journaliste du Bugle, chargée par J.J.Jameson de rédiger un réquisitoire à charge contre le tisseur. Mais en réalité, il ne se passe rien de bien folichon. Les combats aussi sont creux. Spidey doit affronter le Vautour, pour un premier vrai baptême super-héroïque. Mais comme le choc manque d'émotion et de pathos, on se contente de voir le vieux vilain filer une rouste à l'inexpérimenté Peter, avant que celui ne se rachète et comprenne qu'il a probablement un avenir dans ses beaux collants.
Neil Edwards, aux dessins, est propre et appliqué. Sans génie ni coup d'éclat, il se contente de garder une lisibilité évidente pour servir le récit de Bunn. Ni bon ni mauvais, ce season one est juste redondant, et absolument pas calibré pour le lecteur habitué. Un peu plus d'originalité dans les origines du héros n'aurait pas été de refus. 




PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...