ULTIMATES 1 : SUPER-SOLDAT (Marvel Deluxe) Les Vengeurs 2.0


A tous ceux qui ne connaissent qu'imparfaitement l'univers Marvel, ou que la rhétorique irritante du super héros propre sur lui et bien gentil reboute, voici venir la panacée : ULTIMATES, volume 1. La naissance du plus grand groupe de super héros, les Vengeurs ( ici rebaptisés Ultimates) est revisité de manière époustouflante et irrésistible. Entre un Thor mi hippie mi illuminé, un Hank Pym qui tabasse sa femme et la laisse pour morte, dans ce qui est probablement la scène de ménage la plus spectaculaire jamais pensée dans un comic-book, ou encore un Tony stark milliardaire cynique et calculateur, il y a de quoi faire, dans cet album. L'humour coule à flots et les dialogues oscillent continuellement entre le sarcasme génial et le réalisme le plus jouissif. Oubliez Hulk qui du plus profond de sa colère ancestrale, ne parviens qu'à articuler "Hulk méchant, hulk tuer". Avez vous déjà entendu auparavant le géant vert se pourfendre d'un "Hulk va t'arracher ta tête et après il pissera dans ton crâne"? Ou vu Captain America achever un adversaire battu et qui se rend, d'un coup de botte militaire dans le menton? Au départ, la ligne Ultimate avait pour but de permettre à tous ces nouveaux lecteurs, rebutés par des décennies de continuity et qui n'y comprenaient plus grand chose aux élucubrations marvéliennes, de prendre le train en marche et de découvrir un Marvelverse 2.0 un peu plus à la page. En respectant les canons de la modernité, c'est à dire moins de tabous pour ce qui est de la violence, du sexe, de l'irrévérence. Un monde plus jeune, moins guindé, où le super héroïsme et l'angélisme ne font pas bon ménage.


 
On présentait déjà que Mark Millar avait l'étoffe d'un chef de file des grands scénaristes de l'ère moderne des comics mainstream. On obtient ici une frappante confirmation, avec un récit électrisant qui alterne action pure et humour corrosif. Quand aux dessins de Brian Hitch, ils sont tout simplement le meilleur écrin possible pour ce bijou immanquable : expressifs, puissants, lumineux. Certains reprocheront à l'ensemble un petit coté figé, glacé, mais l'inventivité des cadrages et la profusion de détails rendent tout pinaillage assez vain. La collection Marvel Deluxe correspond parfaitement à ce type d'œuvre : grand format, 13 épisodes d'un coup (par contre, Panini saucissonnera le second opus, vendu à la découpe pour de piètres raisons mercantiles). Ici, nous avons droit aux deux arcs narratifs qui composent l'intégrale de la première saison. Dans le premier, la formation des Ultimates repose sur le retour de Captain America à notre ère, et l'interaction entre des personnages qu'il semble bien impensable de voir travailler ensemble avec profit. Dans le second, des extraterrestres à l'apparence humaine menacent sérieusement notre planète. L'occasion pour nos héros de prouver que leur force de frappe ne connait pas de limites. L'ensemble forme ce qui ressemble de près à un chef d'œuvre indispensable, qui devrait trôner sur vos étagères, que vous soyez lecteurs réguliers de comics ou pas.

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DAREDEVIL : JAUNE Naissance torturée d'un grand superhéros


Jaune. Comme la peur, la nostalgie, la malchance, au choix, faites le votre. Matt Murdock n'a pas pu faire le sien, c'est le destin, cruel et implacable, qui régit l'enfance et l'adolescence de ceux que le sort a élu pour devenir des super héros. A commencer par l'assonance de ce nom devenu si célèbre, MM, deux initiales pour un parcours hors pair. Le jeune Matt a déjà un cœur héroïque, il n'hésite pas un seul instant à se sacrifier pour éviter à un aveugle imprudent de finir sous les roues d'un camion. Qui transportait, fatalité quand tu nous tiens, des déchets toxiques qui vont priver le jeune courageux de l'usage de la vue, mais amplifier de manière formidable tous ses autres sens. Vous connaissez cette genèse, inutile d'en rajouter. Alors pourquoi y revenir, pourquoi s'attarder ensuite sur Matt jeune avocat tombant raide dingue de sa secrétaire, la belle Karen Page, quand tout cela a déjà été dit et redit, illustré et thésaurisé? Parce que la nostalgie, c'est le pouvoir de se retourner sur les faits du passé, et d'en tirer à chaque fois de nouvelles leçons, de nouvelles anecdotes, une nouvelle lumière. Jaune, cette fois. Et ce sera un petit bijou, comme savait en écrire Jeph Loeb, avant les récentes inepties à base de Red Hulk, par exemple.


Le drame chez le superhéros moyen se joue aussi au niveau familial. Matt perd son père, boxeur sur le retour et grugé par son imprésario mafieux, lorsqu'il refuse de se coucher et remporte un ultime combat qu'il aurait perdre. Prendre en chasse les responsables de cet acte odieux sera la première mission du nouveau justicier. Si dans la version de Miller et Romita Jr (Daredevil – Man without fear) le jeune Matt se lance tête baissée dans la mêlée et sans une identité secrète distincte, chez Loeb et Sale il prend le temps de se confectionner un costume, de se créer une nouvelle identité qui va définitivement chasser les doutes et la peur, pour les instiller chez l'ennemi, qui n'a plus qu'à trembler. Costume jaune et rouge, le premier, l'originel. Mais la peur et le doute ne sont pas si lointaines... ces sentiments se sont juste modifiés, investissent d'autre champs de la vie quotidienne : Matt pourra t'il séduire la douce et tendre Karen Page, ici en parfaite caricature de la jeune ingénue hollywoodienne, donzelle innocente en attente de sauvetage héroïque. Et ça tombe bien, c'est une spécialité, pour Daredevil. Au risque de devenir un rival inabordable pour Matt, muré derrière un secret qu'il ne peut révéler à personne. Classique et tragique, Loeb n'invente rien mais repropose avec justesse et délicatesse. Tim Sale donne du volume au récit avec un trait propre, clair, délicieusement old-school. Et les fans nostalgiques de Daredevil ont trouvé là une base sur laquelle édifier leur passion pour ce diable de casse-cou et de séducteur impénitent qu'est Matt Murdock. (en VF vous trouverez Yellow/Jaune dans la collection 100% Marvel Daredevil, Tome 3)

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Avengers en kiosque : Le point sur les séries régulières


Puisque le Dark Reign est désormais pratiquement conclu, et que SIEGE débarque enfin dans nos kiosques, jetons donc un regard rapide sur les différentes séries liées aux Vengeurs, qui n'auront jamais autant été lu et recherché que ces derniers mois. Et commençons le tour d'horizon avec un saut chez les Dark Avengers (dans la revue Dark Reign – DA 13) qui vivent leurs dernières heures. Sentry, leur membre plus éminent, n'a jamais été aussi inquiétant, de par sa toute puissance. Pourtant, son épouse pensait bien être enfin libéré de lui; hélas, peine perdue, comment tuer celui qui semble bien immortel? Le bon coté de l'histoire, c'est que nous apprenons la véritable version des origines du héros, qui entre en contradiction avec ce que nous avait appris Jenkins en son temps. Bendis nous révèle, par la bouche de Lyndi, que Sentry est le produit de l'absorption d'une drogue, que Bob Reynolds n'est en fait qu'un junkie de plus, qui aura eu la bonne fortune de faire le trip ultime, dont il n'est toujours pas revenu. Depuis, ne pouvant gérer des pouvoirs qui dépassent l'entendement (Superman à coté semble un boy-scout impuissant), il s'est infligé une punition schizophrène en construisant un alter égo sombre et destructeur, Void, qui annule proportionnellement tout le bien qu'il peut faire en tant que Sentry. Nous parlions de ses pouvoirs infinis : même un plongeon au cœur du soleil, comme c'est le cas ce mois ci, ne saurait l'arrêter. On souhaite bien du plaisir à ceux qui vont devoir se dresser sur sa route, notamment aux forces asgardiennes attaquées par Norman Osborn, sur « Siege » justement.


Les Mighty Avengers, eux, m'ont profondément ennuyé, depuis leur création. Mais Dan Slott réussit cette fois à faire prendre la sauce, juste à temps pour que nous comprenions que l'équipe est vouée à disparaître. Le génie scientifique de Hank Pym fait des miracles : il est même parvenu à emprisonner Loki, le Dieu des menteurs, pour lui soutirer certaines informations capitales. L'épisode oscille entre petites anecdotes sympathiques (Jarvis préparant le petit déjeuner en allant puiser ses ingrédients sur les marchés du monde entier, grâce à la téléportation) et la tension occasionnée par Quicksilver, qui n'en peut plus d'attendre et souhaite savoir quel a été le destin de sa soeur, Wanda Maximoff. Loki est à la merci des héros, mais il a toujours un bon plan dans son sac pour sauver les meubles : en l'occurence faire appel à son demi frère Thor, et jouer sur la corde sensible de la famille pour obtenir sa libération. Cerise sur le gâteau, la surprenante décision de Pym, qui fait une proposition pour le moins déroute à l'asgardien, une fois délivré de ses chaînes. Comme je vous le disais, ça sent la fin de parcours pour ce groupe de vengeurs, et c'est peut être là que ça devient le plus intéressant (avec le retour prévisible d'Ultron, pour boucler la boucle, puisqu'il fut sous la plume de Bendis le premier opposant de cette formation)
Et finissons en avec les « New Avengers » qui depuis le temps sont un peu moins «nouveaux » que le titre de leur série voudrait le faire croire. 61 épisodes sont passés sous les ponts, tout de même. Je dois dire que ce titre est le plus ambivalent : parti sur de très bonnes bases, avec un fort potentiel indéniable, il a bénéficié du style « Bendis », ce mix d'humour décalé, de soap-opéra et d'action brute qui frappe fort dans le fourmilier de la sacro-sainte continuity. Mais aussi des défauts inhérents au bonhomme, à savoir la dilution infinie de la trame : Brian écrit pour les trade paperbacks, et utilise parfois dix planches là où dans les années 80 n'importe quel auteur aurait employé deux cases. C'est fort intéressant pour Marvel qui est gagnant dans l'affaire, mais frustrant pour nous. Par exemple, toutes les aventures vécues en parallèle des « main events » comme Secret Invasion, ou encore Civil War, ont régulièrement été, chez les New Avengers, entachées de redites, d'un ralentissement flagrant du propos, d'une façon certes agréable d'aller voir dans les marges du récit, mais sans que cette excursion narrative ait au final le moindre poids conséquent sur la saga en elle même. Cela semble encore le cas ce mois ci : les Vengeurs sont attaqués par un groupe de vilains aux pouvoirs boostés par les pierres des Nornes, petit cadeau offert par Loki à Hood et ses sbires. Castagne et humour décalé, mais rien d'indispensable ou de renversant ne se produira sur les pages du titre, qui endosse encore une fois le rôle de simple supplément d'informations, d'appendice dispensable, à l'action véritable, à l'enjeu principal, qui peut se lire sur les pages de « Siege ».
Les Vengeurs ont eu tendance à trop se diluer, au point de perdre partie de la saveur originelle, du piment qui les distinguait depuis quelques années. Tout le pari, à l'aube de la nouvelle ère Marvel post Dark Reign, sera de recentrer les enjeux et de rendre incontournable à nouveau le rendez-vous avec les plus grands héros de la Terre, afin qu'il ne soit plus le simple appendice de régulières sagas annuelles, au final usantes et redondantes. L'avenir serait-il de faire un pas en arrière?

AGE OF X : Le renouveau mutant

La bonne nouvelle de la semaine, c'est peut être AGE OF X. Un nouveau départ pour toutes les séries mutantes? Il faut dire que l'univers X s'est bel et bien embourbé ces temps derniers, entre une désaffection du lectorat et des scénarii pas forcément exceptionnels. Personnellement, depuis Messiah Complex, je n'ai pris quasiment aucun plaisir à lire une histoire, je dis bien une seule, liée aux personnages classiques des X-men. Seule la partie graphique de la dernière mouture d'X-Force, et bien sur X-Factor, ont évité le naufrage total. Alors un grand redémarrage imminent aux States, c'est peut être aussi l'espoir qui renait. Tel le Phoenix?

En kiosque : SPIDERMAN 129 Souvenirs de Ben Reilly...


Mais qui était donc Ben Reilly? Pour la grande majorité des lecteurs de Spider-man, ce personnage n'a rien d'un grand inconnu. Nous savons (presque) tous qu'il s'agissait du clone de Peter Parker, crée par le fortement perturbé professeur Miles Warren. Qui d'ailleurs n'a pas seulement oeuvré à la création de Ben, mais a produit d'autres "petits frères" dont le premier d'entre eux, un certain Kaine, s'avéra vite déféctueux, au point d'entamer un lent processus de dégénérescence cellulaire. Aujourd'hui, dans une réalité arachnéennne post "Brand New Day", plus personne ne se souvient de l'identité de l'homme derrière le masque, sauf Kaine, apparemment. Le voici qui déboule à nouveau dans la vie de Peter, juste au moment où celui ci a déjà fort à faire avec un autre agité du bocal, Damon Ryder, le chef de travaux du défunt Ben Reilly (mort entre temps, vous ne le saviez donc pas?), qui depuis qu'il a tenté de combiner son Adn avec celui d'un dinosaure, a certes hérité de pouvoirs remarquables (super force ,entre autres) mais est devenu instable, voire déséquilibré. Il accuse d'ailleurs Ben d'être à l'origine du meurtre de toute sa petite famille (qui a péri dans un incendie). Vous pouvez comprendre sa réaction en face de Peter, le clone, la réplique parfaite. N'ayant pas, comme nous à l'époque, suivi avec intérêt la saga du clone justement, il n'est pas en mesure de faire la différence entre les deux, et est bien convaincu qu'il s'apprête enfin à se venger de Ben. Vous avez tous compris? Parfait, action!


Trois épisodes forment cette « saga complète » qui souffre d'un gros défaut : une sous exploitation évidente, une tension narrative potentiellement explosive mais résolue de la plus banale et expéditive des manières. Bref, un départ raté pour Guggenheim qui quitte par la même le titre Amazing Spider-man. Lorsque Ryder fait irruption dans la vie de Peter, qu'il accuse ce dernier d'être Ben Reilly, d'avoir commis les crimes cités plus haut, et tout cela devant la rédaction au complet de Front Line (Ben Urich en tête) ou devant Harry Osborn et les cousines de Parker, on se dit que notre héros va devoir se démasquer, bien malgré lui (Allo Méphisto? Ce ne serait pas possible de tout effacer à nouveau et de repartir sur de nouvelles bases?). Mais voilà, Deux ex Machina, Kaine sauve les meubles en ruant dans les brancards, transformant une douloureuse attente (Parker sur le point de se résoudre à l'impensable) en un bon gros pugilat stérile. Au bout du compte, tout le monde se porte bien. Les méchants prennent la fuite avant l'arrivée tardive de la Police, le secret de Spidey en est toujours un, et les lecteurs seront-ils assez bête pour croire qu'un fin limier comme Urich ne devrait pas avoir la puce à l'oreille, et enquêter?
Le mensuel se termine avec une quatrième ration d'AMS. Cette fois, Spidey et Deadpool doivent en découdre. Humour potache, lourd, blagues de collégiens attardés (un concours d'insultes sur la mère de l'antagoniste...), bref, on se demande si tout cela est bien sérieux. Aux dessins, un Eric Canete qui laisse planer le doute : petit génie ou grosse imposture? Son style cartoon/caricature se prête bien aux délires de Deadpool, mais peut dérouter, voire déranger, l'habituel lecteur d'aventures superhéroïque. A chacun son jugement. En tous les cas, ce numéro d'octobre ne restera pas dans les annales comme le meilleur de l'année...
 
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CHASM : LE FARDEAU DE KAINE (UN FARDEAU POUR LES LECTEURS)

 En mars 2024, Marvel a publié un gros fascicule intitulé Web of Spider-Man , censé donner un aperçu de quelques unes des trames sur le poin...