BILL SIENKIEWICZ DESSINE MOON KNIGHT

Parmi mes artistes préférés, je citerai Bill Sienkiewicz, qui occupera toujours une place de choix. Je me rappelle, dans ma prime jeunesse, avoir eu un mouvement de rejet devant son travail sur New Mutants, publié alors dans la revue Titans, chez Lug. Un rejet provisoire, puisqu'à une seconde lecture, mes yeux se sont enfin ouverts... Son style est tout en suggestion, une violence réprimée qui explose en silence, dans un univers blafard et cahotique où le mouvement et la réalité sont happés par une vision onirique du monde qui nous entoure. Parmi ses travaux notables (le mot est faible) pour Marvel, nous ne pouvons oublier Moon Knight, un personnage dont les caractéristiques semblent avoir été pensé pour Bill. Voici un petit port-folio de 1984 dédié à l'avatar de Konshu, justement. (publié dans Moon Knight "37)






Les dessins suivant sont eux de 1981, et sont toujours de Bill Sienkiewicz aux prises avec Moon Knight. Le noir et blanc qui sied particulièrement au trait du dessinateur, pour une ambiance urbaine et dépravée.






Et pour les amateurs d'un trait plus propre et classique, voici ce que Sienkiewicz proposa pour le Moon Knight Special #1 de 1983. Des planches en couleurs pour une petite galerie de pin-ups fort réussies, qui devraient être à votre goût, à mon avis. Bonne journée!










CYCLOPS #1 : LA REVIEW

Si tout comme moi vous rêviez d'une véritable nouvelle série consacrée à Scott Summers, devenu entre temps un des héros les plus bad-ass de l'univers Marvel, vous allez devoir revoir vos espérances. Car le titre de Greg Rucka donne la part belle au Scott du passé, celui a débarqué dans notre ère temporelle à l'âge de seize ans et qui doit peu à peu s'adapter à cette situation incongrue. Cerise sur le gâteau, le jeune homme qui se croyait orphelin découvre qu'en fait son père est encore en vie. Sauf qu'il sillonne les étoiles à bord d'un astronef, qu'il est un corsaire de l'espace, que sa petite copine est une charmante extra-terrestre, et que son équipage semble droit sorti d'un film de science-fiction des années soixante. Tant de révélations qui fragilisent le gamin qu'est Scott, qui en devient plus touchant et crédible que ce monstre froid et calculateur, prêt à tout pour sauver la race mutante. Est-ce un bien? Pas tout à fait, car en dehors de la relation père/fils qui va devoir se nouer au fil du temps, il ne se passe rien d'autre. Une croisière dans le cosmos, l'attaque d'un petit vaisseau Badoon très vite expédiée parmi les affaires courantes... C'est assez indigent, et on se rend compte que ce décor stellaire n'est rien d'autre qu'une toile de fond imposée pour un énième récit qui va toucher la corde sensible de la filiation difficile, et de la complexité d'être un père quand on n'est pas taillé ou préparé pour le rôle. Greg Rucka sait écrire et on lui sera reconnaissant de ne jamais rendre copie blanche ou de taper en dessous de la moyenne, mais il va falloir avoir d'autres idées pour nous passionner sur le long terme. Attention aussi aux dessins de Russel Dauterman. Par endroits faussement naïfs, frais, ils manquent également de caractère, de précision, et laissent un petit goût d'inachevé dans plusieurs gros plans, et sur les postures des personnages (silhouette, port des épaules...). J'admets ne pas le trouver exceptionnel, sans pour autant le considérer mauvais. C'est juste que c'est assez quelconque, voilà. Il faut dire que j'espérais monts et merveilles de ce Cyclops version All-New Marvel Now, et du coup, j'ai encore faim après l'apéritif. 



LE ZAGOR DE PAOLO BISI : PETIT CONCOURS !

Un petit cadeau fort modeste mais sympathique ce dimanche, pour les lecteurs du blog et de Zagor, cette bande dessinée mythique des éditions Bonelli. Ou tout simplement pour les amateurs de beaux dessins. Je reviens du festival d'Albissola avec une estampe réalisée par Paolo Bisi, dont la version du personnage est classique, puissante, et dynamique. Ce beau dessin est dédicacé par l'auteur, et il est offert à l'un d'entre vous. Pour participer au tirage au sort qui déterminera celui ou celle qui le recevra (tirage demain lundi soir) rien de plus simple. Un petit commentaire à cet article fera office de volonté de participer. Ou également un simple commentaire sur Facebook, sur la page d'UniversComics, au post concernant cette initiative. Bonne chance et bon dimanche. 


LE MOON KNIGHT DE BENDIS ET MALEEV

Vous ne trouverez personne pour soutenir que Moon Knight est un des personnages les plus équilibrés de l'univers Marvel. Tourmenté entre ses différentes identités, et doté d'un passé pour le moins cahotique, ce justicier urbain, qui a hérité ses pouvoirs en cadeau d'une déité lunaire, n'a jamais vraiment fait partie des cadors. Au panthéon des héros en collant, il a toujours joué en seconde division, malgré des périodes un peu plus fastes ou artistiquement créatives, comme celle où s'est illustré Bill Sienkiewicz, dans les années 80. Pour cette maxi série en douze parties, scénarisée par Bendis l'inévitable, et dessinée par le compère Alex Maleev, Marc Spector part s'établir sur la côte Ouest qu'il connaît bien (ancien siège des Avengers West Coast, les Avengers de seconde division) et il s'y installe en tant que producteur d'une série télévisée consacrée à ses premiers exploits en tant que justicier. Un travail biographique pas franchement récompensé de succès (une parabole du destin de la série, sur le papier) mais qui permet au vigilante de reprendre peu à peu du service. En effet, un individu mystérieux tente de devenir le nouveau "kingpin" de la la ville (le maître de la pègre, en gros), notamment en mettant la main sur une tête d'Ultron, ce robot intelligent destiné à conquérir un jour notre planète. Moon Knight s'empare de la précieuse tête, et se lance dans sa propre enquête musclée, avec l'aide des Avengers. Sauf que ces Avengers là sont surtout le fruit de visions psychotiques. En gros Spector se parle à lui même, il délire!

Quand Moon Knight se déguise en Spider-man, qu'il use d'un bouclier offensif, ou installe des griffes sous son costume, on obtient une sorte de patchwork d'Avengers, le tout avec en bonus un esprit quelque peu dérangé. Dans cette longue aventure, nous retrouvons aussi Echo, entraînée par Wilson Fisk pour abattre Daredevil, puis incorporée aux Vengeurs sous le costume de Ronin; mais également le Comte Nefaria, et bien sur les vrai Avengers. Si vous aimez Maleev et ses ambiances glauques et plus suggérées que représentées, vous serez aux anges. J'ai trouvé ses planches encore plus dérangeantes et abstraites que d'habitude, et c'est vers la fin, dans les derniers épisodes, que j'ai d'avantage apprécié son style si identifiable. Bendis choisit de traiter Moon Knight avec un certain décalage dans l'esprit. Pour lui ce héros est avant tout un individu déséquilibré et obsessionnel, mais qui sait gagner la confiance de ses pairs grâce à une résistance et un acharnement remarquables, qui en font un adversaire coriace. L'humour et les dialogues fusent, jouent sur la répétition et le comique de situation, instaurent un climat de sitcom superhéroïque assez badin qui fait souvent mouche et rend la lecture agréable. En conclusion, l'auteur place également plusieurs références à ce qui va suivre (Ultron qui dominera un jour le monde) faisant ainsi le pont entre ce travail, et le reste de son oeuvre à venir. Bendis a conscience qu'il est un des architectes en chef de l'univers Marvel, et partout où il passe il se plait à déposer sa griffe; à labourer le terrain pour de futures semailles, ou à cueillir les fruits de ses labeurs d'autrefois. Avec Moon Knight, il signe un récit plaisant et allègre, proposé par Panini dans deux volumes de la collection 100% Marvel. (Tome 1 Vengeur Tome 2 Bas les masques)


LES VRAIS SUPER-VILAINS DE BILY MARIANO DA LUZ

Petite pause ce samedi, avec des méchants pas comme les autres. Car cette fois, il ne s'agit pas de personnages de fiction, mais bien d'un aréopage d'illustres bouchers, criminels, ou autres individus discutables. Les super vilains des comics s'appellent Darkseid, Doom, ou même Galactus quand il vient se nourrir de notre planète, mais dans la "real life" ils sont tout aussi dangereux, mortels, et fous. La preuve avec Bily Mariano Da Luz, dessinateur d'origine brésilienne, qui a crée de la sorte sa propre version de la Legion of Doom. A chaque vilain des comics, il associe une personne réelle, avec parfois beaucoup de pertinence (le Joker/Manson est bien trouvé) parfois un peu plus de perfidie ou d'imagination (Zuckerberg en Loki. Arrêtez il est capable de faire fermer la page FB d'UniversComics si ça lui tombe sous les yeux...)
Amusez vous bien avec ces "super foes" qui existent ou ont existé, malheureusement...











ORIGINAL SIN #1 : LA REVIEW

Le Gardien vit sur la Lune, seul, dans une gigantesque forteresse qui renferme des trésors technologiques tels que même de brillants esprits comme Reed Richards ou Tony Stark auraient du mal à en saisir le fonctionnement. Son rôle est celui d'observer l'intégralité de ce qui se passe sur notre planète. La tapisserie toute entière, rien ne lui échappe jamais. Triomphes, déroutes, actes héroïques, petites et grandes bassesses. Alors quand vient le jour ou Uatu observe ce qui va le conduire à sa propre perte, il ressent enfin la peur, sans pour autant détourner son regard. Pendant ce temps, sur Terre, une partie des Avengers, et Nick Fury (le vrai) sont attablés en train de manger et de disserter sur la qualité de la viande d'ours, avant d'être alertés de l'impensable assassinat. Miracles de la vie chez Marvel, une simple virée de quelques minutes à bord d'une voiture transformable en navette spatiale, et les voici sur la scène du crime, à chercher des indices, et tenter de comprendre qui et pourquoi a bien pu perpétrer une horreur semblable. Le Gardien gît dans une mare de sang, et son assassin lui a arraché les deux yeux des orbites à titre post mortem. Dans quel but? Est-ce un message, un trésor de guerre, le début d'une catastrophe à venir? D'autant plus que les coupables se sont aussi allégremmment fournis dans la caverne aux trésors d'Uatu...
Ce premier épisode se décline en deux parties. Premièrement le délit, bien présenté, efficace, et voilé comme une énigme exquise. Dans un second temps, c'est l'enquête qui commence, avec les Avengers qui se scindent en plusieurs groupes, des unions assez drôles qui se forment (un team-up savoureux entre le Punisher et Stephen Strange), des questions qui sont posées. Et l'apparition de créatures grotesques issues d'une autre dimension, habituellement dépourvues d'esprit, mais dotées depuis peu de la connaissance de soi, du monde, et du péché qui y fleurit, au point d'en devenir fou et de faire joujou avec l'Anéantisseur ultime, une des armes terribles dérobées sur la face cachée de la Lune. Aaron ne déçoit pas et plante les graines pour une enquête super-héroïque qui devrait nous réserver son gros lot de surprises. Et Deodato aux dessins est tout simplement inspiré, et en forme olympique. Dès que ses dessins prennent de l'ampleur, virent à la splash-page, on en prend plein les yeux, tellement c'est beau. Rien que pour lui, Original Sin mérite de figurer dans la checklist de vos achats du mois. 


MARVEL ICONS : SPIDER-MAN PAR STRACZYNSKI ET ROMITA JR (TOME 1)

Sagas inoubliables de l'univers Marvel, ou run complets et marquants de grands auteurs sur les principaux personnages, peu importe. La collection Marvel Icons a de quoi faire saliver, associant une pagination conséquente, et un prix raisonnable. Coup d'essai coup de maître avec un premier volume disponible, consacré au Spider-Man de Straczynski. Opportunisme éditorial évident (Spidey est en salle et fait recette) doublé d'un choix qualitativement remarquable. Le Spider-Man en question a le mérite d'ouvrir de nouvelles pistes dans l'histoire décennale du héros, et de proposer de nouvelles choses, au risque de devoir faire marche arrière des années plus tard. Les pouvoirs de Peter Parker sont ainsi approfondis, et c'est leur aspect totémique qui est mis en avant : un signe, un coup de pouce du destin, pour une transformation en homme araignée qui n'est plus seulement due au hasard. Forcément, à nouvelle genèse, nouveaux ennemis et amis. C'est l'occasion pour Spidey de croiser le chemin de Morlun, une sorte de vampire invincible, qui se nourrir des énergies des êtres investis par les pouvoirs totémiques en question. Ezechiel entre aussi dans la danse, en tant que figure tutélaire (et par endroits à la limite paternelle) et salvatrice pour Peter Parker. Un guide au beau milieu de la tempête, dans un moment qui passera aux annales comme une des confrontations les plus angoissantes pour Spider-Man. Morlun est véritablement une opposition spectaculaire, et superbement caractérisée. Avec Straczynski, on ne reste pas dans l'immobilisme et le passé, j'en veux aussi la décision de Parker de devenir enseignant. Un prof pas comme les autres, qui a forcément des problèmes avec son emploi du temps, qui se retrouve sur l'estrade amoché après les combats de la veille, mais va être aussi capable de développer une relation de qualité avec ses élèves, et de là même de faire un pas en avant dans une vie personnelle trop souvent négligée ou maltraitée par des scénaristes qui maintiennent le jeune homme dans un statut de benêt malchanceux et tourmenté par ses dons pourtant fantastiques.

C'est bien cela qui constitue le sel de la période Straczynski. Une envie de raconter des choses qui ne sont pas forcément inédites, mais jamais narrées de cette manière. Parfois c'est un peu moins spectaculaire (toute la partie avec le Doctor Strange, une affaire mystique fumeuse), d'autre fois c'est remarquable, poignant, aidé il est vrai par les cruels événements du monde extérieur. Je veux bien sur parler de l'effondrement des Tours Jumelles à New-York, après les attentats du onze septembre. L'épisode spécial qui avait fait couler tant d'encre à l'époque est présent dans ce volume, et c'est aussi une belle leçon d'héroïsme, avec une rhétorique plus habile et nuancée qu'il n'y parait, que livre le scénariste, épaulé par un Romita Jr au sommet de son art. JrJr n'avais pas encore commencé sa descente décevante vers une abstraction toujours plus évidente, et il prêtait encore une attention aux détails et à la lisibilité de ses planches qui en font un des artistes dominant de ces vingt dernières années chez Marvel. Le coté sentimental n'est pas non plus en reste dans ce Tome 1, puisque la relation entre Mary-Jane et Peter bat de l'aile, et que ce dernier va aussi devoir combattre pour le coeur de la rouquine, en plus de sa galerie de vilains anciens et nouveaux qui viennent le tourmenter. Et puis dulcis in fondo, c'est aussi l'heure pour la Tante May d'apprendre enfin la véritable double identité de son cher neveu, sans pour autant la voir s'effondrer et subir quatre attaques cardiaques en une nuit, dans la foulée. De beaux dessins, de nombreux épisodes intéressants et pertinents, bref le sommaire de ce Marvel Icons en fait un must have pour les fans du tisseur ou ceux qui découvrent en ce moment l'univers Marvel. Panini détient là probablement sa collection souvenir la plus réussie. Quelque chose me dit que les lecteurs vont l'adopter, et l'adorer. 


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