OLD MAN LOGAN : LE MENSUEL PANINI "SECRET WARS"

Autre revue Panini d'importance durant ces Guerres Secrètes, Old Man Logan permet aux nostalgiques de Wolverine de suivre les aventures de leur héros préféré, dans une version subtilement différente, mais qu'ils connaissent bien, pour être au centre d'un des récits majeurs de Mark Millar, il y a de cela quelques années. 
Old Man Logan est donc de retour. Avec son corollaire indispensable, à savoir une violence crue, un sentiment de fin du monde imminent, de désolation un peu partout. Sur la planète du Battleword, Brian Bendis renoue les fils de l'intrigue là où nous l'avions laissée, plus ou moins, avec Mark Millar. Cette version de Logan là, usé mais toujours tranchant, est d'une classe folle. A la croisée des chemins entre Clint Eastwood et Mad Max, on le voit traîner sa nonchalance meurtrière, qu'il s'agisse d'aller régler leur compte à des truands qui marchandent la vie humaine à coups de partie de poker, ou bien lorsqu'il rencontre une Emma Frost vieillissante et vulnérable, avec laquelle il a un dialogue et une scène qui résument la quintessence du style du scénariste, lorsqu'il est dans ses bons jours. Il ne se passe pourtant pas une multitude de choses dans ce premier numéro. Nous y trouvons de nombreux clins d'oeil à l'histoire cinquantenaire de Marvel, à la carrière même de Bendis (un des malfrats déguisé en Daredevil, parce que ça fait cool), et nous y découvrons surtout un héros sombre et très bien caractérisé, qui en une vingtaine de pages assume une dimension presque mythologique tant il suinte le charisme et l'assurance. Et si il en est ainsi, disons le clairement, c'est aussi parce que le dessinateur est un artiste talentueux, qui se sublime pour sortir des planches à couper le souffle. On adore le découpage faramineux, la capacité d'isoler des détails pour magnifier la vue d'ensemble, le travail de dingue du coloriste (Marcelo Maiolo) qui a tout compris des intentions de Andrea Sorrentino, qui réalise ici son oeuvre la plus aboutie. On avait perçu une évolution décisive et intrigante sur les pages de Green Arrow, mais là, c'est une consécration, une intronisation! Ce Old Man Logan est donc une réussite complète, pour le moment, avec un héros rongé par la culpabilité, plongé dans une solitude inénarrable, qui va traverser ce monde dystopique (la scène finale nous fait comprendre que les enjeux vont s'étendre) comme le plus dangereux des outsiders, prêt à jouer des griffes dans une version super-héroïque d'un western futuriste signé Sergio Leone. 
Mais ce n'est pas tout, bien entendu. la revue nous propose, pour ce numéro un, de suivre deux autres séries intéressantes. La première d'entre elles nous ramène sur l'ile de Genosha, à l'ère d'un crossover que les fans des mutants connaissant bien, X-Tinction Agenda

A Genosha, les mutants sont parqués comme des animaux, et ils sont exploités. Pire encore, ils sont mourants, car un virus les décime. Du coup, les quelques anciens X-Men qui sont restés sur place, comme Havok ou Rahne Sinclair, font de leur mieux pour venir en aide aux victimes, tout en sachant que le combat est perdu d'avance. Il faudrait pouvoir disposer d'un guérisseur, à la rigueur, mais cela impliquerait de violer une des grandes règles imposées par Fatalis, à savoir ne pas passer d'un domaine à l'autre, et de toutes manières les autres mutants se rangent à l'avis de la Baronne Jean Grey, à savoir que le danger de la propagation de l'infection justifie qu'on laisse mourir les habitants de Genosha. On est loin de la solidarité sans faille entre mutants! Marc Guggenheim livre un présent glaçant où la mutanité est devenue cynique et couarde, sans compter que dans l'ombre la perfide menace de Cameron Hodge n'est pas totalement dépassée. Au dessin Carmine Di Giandomenico qui ravira les fans de son trait anguleux, torturé, presque caricatural, mais qui parvient à donner une identité visuelle forte aux titres sur lesquels il travaille, par l'attention à chaque vignette, y compris les plus anodines.
Place après à E is for Extinction qui renvoie le lecteur à la célèbre période Grant Morrison, quand le scénariste avait eu l'idée de donner aux X-Men une coolitude évidente, et de renouveler cadres et costumes pour rendre les mutants plus proches de la société moderne et de ce qui se faisait sur grand écran. Ici, la décision de Charles Xavier de se tirer une balle en pleine tête pour contrer la menace psychique de Cassandra Nova a changé bien des choses, par rapport à ce que nous savons. C'est Magneto qui a pris l'ascendant sur le reste de la mutanité, laquelle compte désormais parmi ses membres les plus influents des individus comme Quentin Quire, qui est un peu le meneur de la nouvelle génération, celle des Bec (excellent l'ami, il nous manque vraiment) ou Sooraya, désormais capable de faire entrer le reste de son équipe en liaison psychique avec chacun des grains de sable dont elle se décompose. Le temps passe pour tout le monde, et ces jeunes pousses ont grandi pour devenir des héros badass qui ne s'en laissent pas compter, capables aussi bien d'assurer sur le terrain que de vanner dangereusement leurs aînés quand ceux-ci veulent reprendre du service. Scott Summers et une Emma Frost toute ridée sont très drôles, comme des vestiges d'une ère révolue qui doivent apprendre à trouver une place que plus personne ne peut leur assurer. Alors Scott se contente de tirer une rafale par jour (allusion sexuelle évidente) ou bien de changer les chaînes de la télévision avec ses pouvoirs latents. Wolverine se murge dans un bar, sachant que son pouvoir auto guérisseur n'est plus exactement au top de sa forme. Ces mutants là ont fait leur temps, et ils sont devenus has-been, tout simplement. Mais il reste un détail d'importance : Jean Grey n'a pas disparu, son esprit est en fait retenue chez Magneto, et les X-Men sont certes des ringards, mais des ringards solidaires. C'est une vision très pertinente et intéressante que livre Chris Burnham, entre eugénisme (les parents peuvent sélectionner les spermatozoïdes contenant le gêne X, merci docteur Mc Coy) et cynisme pur et dur. Du coup on sourit beaucoup, et ce titre est ce que j'ai lu de plus drôle et fun durant Secret Wars (avec Deadpool). Par contre les dessins de Ramon Villalobos ont de quoi dérouter. Vaguement inspirés du travail de Quitely, il sort des planches non dénuées de charme, mais loin des canons classiques du comic-book traditionnel. Du coup certains vont prendre peur. Ce serait dommage car cette Extinction est tout sauf un chant crépusculaire.
Verdict "Secret Wars" : Un mensuel qui a le potentiel pour proposer de fort belles surprises, mais qui est exigeant, surtout au niveau du dessin. Loin de chercher le consensus, les séries ici publiées sont à réserver à un lectorat avide de quitter le sentier du visuellement "mainstream" et attendu. A partir du numéro 2 vous lirez en plus le titre Years of future past, ici absent pour manque de place.



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CIVIL WAR : LE MENSUEL PANINI "SECRET WARS"

Civil War est de retour. Aussi bien sous la forme d'un mensuel temporaire chez Panini, que d'une mini série liée aux Secret Wars nouvelle version. On va donc jeter un oeil de plus près au sommaire et au menu de la revue. C'est parti.
La Guerre Civile, donc. Imaginons un instant que cette guerre n'ait pas connu la fin que nous savons, mais qu'elle ait duré bien plus, au point de s'envenimer et d'atteindre un point de non retour, avec une série de sacrifices et de morts tels qu'il n'est plus possible, plus jamais, de faire marche arrière. Voici la toile de fond de notre aventure, qui se rapproche finalement davantage d'un long What if? que d'une série à classer parmi les conséquences des Secret Wars. Ici l'Amérique a fini par se diviser en deux factions, avec le Bleu, territoire de Captain America, Spider-Man et consorts, et l'Iron, gouverné par Iron Man d'une main de ... fer. Désolé, c'était trop facile. Chez Tony, la société est militarisée et une gamine qui découvre ses pouvoirs et vole pour la première fois est vite encadrée par la milice agissante. Chez Steve, c'est ambiance détente et permissivité. Sois responsable, et éclate toi, c'est le mot d'ordre des héros avec des dons particuliers. Cette incroyable dissension, source de morts et de drames, pourrait peut-être connaître une issue, enfin... à condition qu'une conférence de paix, réunion au sommet entre les deux frères ennemis, parvienne à aboutir autrement que dans un bain se sang. Une zone neutre, à la frontière entre les deux territoires, a été choisi pour cet entretien historique. Seulement voilà, vous vous en doutez, il suffit de peu pour que le brasier ne reprenne de plus belle; alors quand un sniper isolé provoque un incident regrettable, c'est de nouveau l'escalade, la méfiance, les faux semblants, et l'inéluctable course vers l'anéantissement qui reprend. Cette version de Civil War, signée Charles Soule, se lit un peu comme une parabole sur l'équilibre de la terreur, et donne à voir une leçon fondamentale : le jusqu'au boutisme ne donne rien, si ce n'est mort et destruction. Il est superbement épaulé par L.F.Yu qui poursuit son travail de maître de ces derniers temps, avec des planches hyper bien construites et fort soignées. C'est un plaisir de voir qui est dans quel camp, et pour quelle(s) raison(s) et d'essayer de deviner la tournure que vont prendre les événements.
Cap ensuite sur le XIX° siècle. 1872, c'est Marvel à l'ère du Far-West, quand les cow-boys et les indiens occupaient l'espace vital, avec des ranchs et des chevaux, des flèches et de vieux revolvers, des saloons et des shérifs. L'action se déroule dans la ville de Timely, joli clin d'oeil au patronyme précédant Marvel, et ce n'est pas le seul, tant tout le récit est parsemé de renvois, de citations, qui rende la lecture fort agréable. Dans ce domaine reculé du Battleword, le shérif local, un certain Steve Rogers (forcément...) a bien du mal avec les pontes locaux qui se gargarisent et se vautrent dans la corruption et un exercice brutal et discutable du pouvoir. Les méchants sont Wilson Fisk, le Caïd du coin, et les entreprises Roxxon, dont les affaires sentent mauvais à des kilomètres à la ronde. L'arrivée d'un indien (Red Wolf), qui a traversé le désert pour débarquer à Timely, va précipiter les événements et mettre chacun devant ses responsabilités. Rogers, qui va devoir afficher son incorruptibilité et sa droiture aux yeux du reste de la ville, Ben Urich le journaliste, qui rend comptes des tensions locales (mais sa femme Doris a été malmené et depuis ses écrits sont trop complaisants), et Tony Stark, qui passe son temps devant le saloon à chanter ivre mort, une bouteille à la main. Bon choix que le duo Gerry Duggan et Kik Virella. Le scénariste tout d'abord, car comme souvent il fourmille d'idées à mettre en place, dans un ton et avec un humour teinté de coolitude qui transforme ce tie-in des Secret Wars en un western aussi rétro que futuriste, où le lecteur peut petit à petit mettre en parallèle ce qu'il lit avec ce qu'il connaît déjà du Marvelverse. Le dessinateur, ensuite, car son trait énergique et volontairement brut et pas toujours bien dégrossi colle à merveille avec l'ambiance, avec ces contrées où on croit entendre résonner une musique à la Ennio Morricone et le bruit de la gâchette pressée avec le bang fatidique d'un duel au soleil. 

Si mon opinion semble fort positive, voici venir la troisième série, celle qui me semble la moins intéressante, parmi les quatre qui sont présentées dans ce mensuel. En tête d'affiche Leopold Zola, le fiston, celui que Steve Rogers a sauvé de la Dimension z et rebaptisé Ian, est devenu ensuite Nomad, compagnon d'arme de Sam Wilson. Sauf que piégé dans les laboratoires d'Arnim Zola, il a du son salut à l'ascenseur infini, qui l'a apparemment propulsé dans une autre ère, un  monde incompréhensible, le Battleword. Les autres y sont arrivés par un autre biais, en conséquence Ian a toujours les souvenirs de la réalité qu'il a quitté, et ne comprend absolument rien à où il débarque à l'improviste. Seule certitude, il y a du Hydra la dessous, ce qu'il constate de visu alors qu'il prête secours à un jeune occupé à taguer des biens public avec une simple bombe à peinture. la réaction des forces de l'ordre est disproportionnée, dans un univers où, semble t-il, Hydra n'est pas maître de la ville, mais l'aurait carrément fondée! Bref, Nomad est perdu, déboussolé, avec comme seule constante par rapport à ce que nous avons découvert à son sujet, ce besoin de jouer aux héros et défendre la veuve et l'orphelin, de bons sentiments qui dérivent d'une éducation aux cotés de Captain America, le boy-scout par excellence, qui a "déprogrammé" un jeune homme conçu et préparé pour succéder à son terroriste cinglé de paternel. Nous voici dons happés par cette série qui est centrée sur une New-York contaminée par le fascism power, et qui est en fait la continuation (plus ou moins) de ce qui se racontait dans All-New Captain America avant que les Guerres Secrètes ne débutent. Rick Remender peut donc poursuivre son travail (certes il doit tenir compte du contexte) avant de se mettre temporairement (il reviendra, soyez-en sur) sur la touche pour Marvel. Pour le moment c'est de l'action brut de décoffrage, quelques dialogues de-ci de là pour nous expliquer que les peines et les délits ne peuvent pas être disproportionnés, et que on devient ce que nos expériences font de nous, et pas ce que voudrait la génétique, comme dans le déterminisme de Zola (Emile, par Arnim, vous me suivez? Non, c'est normal...). Aux dessins, Roland Boschi oeuvre comme à son habitude, dans des conditions urbaines, faussement crades, qui ne sont pas sans rappeler, par certains endroits, le travail de Mark Texeira, avec un encrage moins appuyé, contaminé par la ligne cahotique et abrupte dans les formes d'un Rick Leonardi ou Mike Mignola.
Ultime rendez-vous pour les lecteurs, la nouvelle mouture de Planet Hulk. Sauf qu'en réalité, la série ne démarrera que dans le prochain numéro. en janvier nous n'avons droit qu'à un bref récit (une histoire back-up) qui a au moins un mérite, celui de nous expliquer comment et pourquoi un des territoires du Battleword est infesté de Hulks, l'origine de cette contamination multiple. Des pages sympathiques racontées avec humour par Greg Pak et mises en dessin de fort belle façon par Takeshi Miyasawa. Bref pas seulement du remplissage, mais une mise en bouche qui sert à quelque chose. 
Verdict "Secret Wars" : Un mensuel recommandé. Trois des quatre séries me semblent de bonne facture, et les artistes présents, de Yu à Remender, de Soule à Duggan, sont parmi ceux qui se fait de mieux en ce moment. 


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GREEN ARROW MACHINE A TUER (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 12 CHEZ EAGLEMOSS)

S'il y a un bien un personnage qui n'a pas profité de l'arrivée des New 52, et a plongé d'entrée dans l'anonymat et la sécheresse d'inspiration, c'est de Green Arrow qu'il s'agit. Alors que Oliver Queen connaît un succès honorable à la télévision, dans une série produite par Greg Berlanti pour le réseau CW (qui vise un public jeune et pas forcément habitué à lire les aventures de l'archer de Dc comics), sa série mensuelle, écrite par J.T.Krul puis Ann Nocenti s'est enfoncée dans le marasme le plus total, avec des aventures à la limite du lisible, et un héros sans le moindre charisme. Exit le Green Arrow grande gueule aux faux airs d'Errol Flynn dans Robin Hood, place à un jeune minet assez naïf et tête brûlée, et un univers narratif d'une platitude désolante. Seulement voilà, le docteur Jeff Lemire a été appelé au chevet de la créature, et le praticien a tout de suite trouvé le remède adéquat. En un seul épisode, Lemire change la donne et prend une toute autre direction, qui va s'avérer payante, et remettre Green Arrow sur le devant de la scène (qu'il quittera à nouveau dès le départ du scénariste canadien). D'emblée, le canadien introduit toute l'adrénaline et le mystère qui a fait défaut durant année et demie précédente. Oliver Queen a tout perdu, sa compagnie a été victime d'un rachat sauvage, et son mentor, l'ancien meilleur ami de son père décédé, est froidement abattu d'une flèche dans le dos, tiré à un building de distance, au moment précis où il s'apprêtait à faire au jeune homme d'importantes révélations sur son destin. Inutile de préciser qu'un tel modus operandi démontre que l'assassin n'ignore rien de la double identité de Queen junior, et qu'un duel d'archer s'amorce, sans concession. D'autant plus que les amis d'Oliver, son projet personnel (Q-Core), tout part en fumée dans une explosion dantesque, laissant Green Arrow plus seul que jamais, face à un adversaire dont il ignore tout. Nous autres lecteurs, nous ne tardons pas à voir débarquer Komodo, dont l'habileté et l'entraînement à l'arc semble surpasser celles de notre héros, au point de lui passer une rouste qu'il n'est pas près d'oublier. Ouch, ça fait mal. 

Ce n'était pourtant pas gagné d'avance, car Jeff Lemire n'est jamais aussi inspiré et efficace que lorsqu'il prend le temps de construire une ambiance intimiste, et qu'il plonge lentement dans les tréfonds de la psyché de ses personnages. Ici tout va très vite, et Lemire parvient dans les vingt premières pages à exposer clairement, ou à insinuer, tout ce qui va constituer son run à venir, avec les rebondissements, les nouveaux intervenants, et cette atmosphère si singulière qui doit beaucoup au dessinateur, à savoir l'italien Andrea Sorrentino. Celu-ci est un pur génie en puissance, qui fait tout par lui même, du layout à la couleur. Maîtrise totale du processus artistique, ce qui lui permet d'aller au bout de son délire, de son audace, et de faire exploser les yeux du lecteur avec des scènes proprement renversantes. La mise en page est nerveuse, saccadée, avec des cases puissantes et expressives qui s'alternent avec d'autres plus petites qui isolent un ou des détails, et les mettent au point comme autant de cibles visuelles qui viennent donner au public un indice ou un éclairage précis sur le déroulement de l'action. C'est pertinent puisque nous avons affaire à un archer, dont tout l'art repose sur la capacité à isoler sa victime et ses points faibles, pour viser et placer la flèche dans le mille. Bref, c'est du tout bon que ce premier volume consacré à Green Arrow, qui dispose de surcroît de personnages au fort potentiel et nimbés de mystère, comme Komodo ou le Magus, qui va vous faire vous interroger, ou encore les secrets familiaux de la famille Queen, ici différents de la version télévisuelle, qui fait à coté une figure pâlichonne. Une manière fort réussie de crédibiliser un héros jusque là en perte de vitesse, et présentée lourdement (en parallèle) comme un jeune lourdingue et imbu de lui-même (limite crétin) sur les pages de la Justice League of America. Sombre, violent, adulte dans le ton, exigeant artistiquement, ce Green Arrow là n'est décidément pas une lecture comme toutes les autres, ni pour toutes les mains. 


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SECRET WARS #9 : LA CONCLUSION

Jonathan Hickman est un gros malin, et un architecte hors pair. On lui a confié le soin de changer la donne dans l'univers Marvel, en orchestrant le plus grand chamboulement de ces dernières années, au point de tout faire repartir de zéro, ou presque? Et bien le scénariste s'est attelé à la tâche, et en a profité pour offrir une magnifique conclusion... à son propre travail, celui initié sur la série Fantastic Four, puis prolongé longuement et brillamment sur Avengers. Car c'est bien de cela, finalement, qu'il s'agit dans ces Secret Wars. Et comble de l'ironie, alors que la webosphère s'émeut de la disparition annoncée des Fantastiques du catalogue des sorties Marvel, il offre au quatuor la plus belle histoire écrite depuis des lustres, en plaçant la famille Richards au centre d'une tapisserie impressionnante d'ambition et de justesse humaine. Car derrière le conflit spatial et dimensionnel, au delà des univers parallèles et de la fin de tout, c'est encore une fois deux êtres humains, avec leurs peurs, leurs doutes, leurs limites et leurs rêves, qui occupent le centre de la scène. Reed Richards, qui consciemment ou inconsciemment est toujours là pour résoudre ce qui peut l'être, et trouver le moyen de réparer ce qui ne peut pas l'être, et Fatalis, son alter-ego dévoré par la jalousie et la haine, ici présenté avec une palette de nuances et de sentiments qui le transcendent pour en faire un monarque pathétique qu'on en viendrait presque à regretter. Quand tout meurt, il faut du courage, de l'abnégation, et une folle ambition, pour assumer le rôle du sauveur de l'humanité, pour lui offrir un avenir, quitte à le forger de ses propre mains pour qu'il soit le reflet de l'âme de son géniteur. Fatalis a le pouvoir de tout faire et tout instaurer, et au delà du Battleword et de la survie de l'univers Marvel, recomposé sous forme d'un patchwork unique en son genre, c'est aussi l'intime qui prend le dessus, chez l'ancien dictateur latvérien. Ce qui lui échappe, ce qu'il ne peut avoir, ce qu'il désirait et enviait chez son rival, la famille, l'amour, la descendance. Ce qui est à Richards est à lui, et ce vol inouï est aussi le ressort du dernier acte des Secret Wars, dont l'explosion finale se joue entre deux être plus humains que jamais, et permet de justifier habilement le sort réservé aux Fantastiques, qui vont devoir se placer momentanément en retrait de l'univers Marvel, pour assurer la pérennité de ce dernier. Voilà qui explique pourquoi Ben Grimm part dans l'espace avec les Gardiens de la Galaxie, par exemple. 
Esad Ribic est tout bonnement somptueux. Ses planches qui ressemblent à des aquarelles, aux tons pastels fabuleux et à la justesse plastique remarquable, offre à ce dernier épisode un écrin à la hauteur de ce qui s'y déroule. Un univers entier est dans la balance, et point de Dieux ou d'entités cosmiques, la conclusion est aussi une affaire de poings, de sueur, de suprématie personnelle, de réalisation humaine. Bref ces Secret Wars nous ont baladés pendant des mois (avec un retard tel qu'elles se terminent alors que Panini vient d'entamer la Vf) pour nous amener sur un sentier de campagne qui n'était pas prévu au programme du voyage, mais qui est pile l'endroit où le lecteur le plus romantique et le plus attaché à ces personnages légendaires aurait souhaité atterrir. Oui messieurs dames, pour une fois un event Marvel trouve une digne conclusion, et possède un sens évident, et une qualité artistique indiscutable. De quoi nous faire oublier tous les reboot et autres catastrophes conspirationistes envisagés au départ. 


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SUPERMAN/WONDER WOMAN TOME 1 : COUPLE MYTHIQUE

Finalement quoi de plus logique que de voir ces deux-là se mettre ensemble? Après tout il s'agit du couple le plus puissant de l'univers DC Comics; d'un côté nous avons Superman, un extraterrestre adopté par notre planète, dont la force est incommensurable et qui est le super-héros par excellence. De l'autre nous avons une amazone guerrière redoutable, descendante directe de la mythologie grecque. Ce couple surpuissant en apparence complémentaire a de quoi inquiéter les observateurs les plus pusillanimes (ou lucides); certains en viennent en effet à se demander ce qui pourrait se produire si deux êtres aussi formidables venaient à avoir une descendance, ou tout simplement quelles seraient les conséquences d'une rupture ou de problèmes relationnels entre les deux tourtereaux. Tant de pouvoir concentré entre un homme et une femme attire logiquement la crainte et la méfiance. Les deux amants se posent également des questions toutes personnelles à savoir si se préoccuper l'un pour l'autre en plein combat ne finit pas par devenir un handicap pénalisant plutôt que de constituer un atout. Bref la somme des parties est-elle supérieure aux individualités prises à part? La question se pose lorsque Superman et Wonder Woman se retrouvent aux prises avec des fugitifs en provenance de la zone fantôme; c'est tout d'abord la terrible machine de destruction Doomsday qui malmène sérieusement l'Amazone. C'est ensuite le général Zod qui débarque sur terre. Lui aussi est un kryptonien mais ses objectifs et sa moralité sont bien différentes de ceux de Superman et il représente très vite un danger potentiel de très grande envergure pour la Terre. Heureusement depuis qu'il est en couple Superman a donc un renfort de charme et de choc pour faire face aux crises les plus importantes. 


La nouveauté, c'est donc que cette fois, Dc assume le couple Superman/Wonder Woman. Parfois ébauché sous forme de flirt anodin, ou présenté dans des réalités alternatives ou futuristes, cette fois il au centre du nouvel univers sentimental de l'homme d'acier. Exit donc Lois Lane, journaliste qui n'a pas froid aux yeux mais reste bien humaine. Place à une compagne déesse. Et les sentiments sont avoués, franchement. Les mots comptent, et Clark Kent laisse parler son coeur et avoue ce qu'il ressent. Chose toute aussi significative, si Diana peut avoir des doutes par endroits, elle aussi se laisse prendre au jeu et communique sur ce qu'elle ressent. Mais aussi forts et puissants soient-ils, les deux amants ont aussi des limites, qui peuvent par ailleurs être exacerbées par l'intervention sournoise de créatures divines (comme Apollon) qui viennent en aide à leurs ennemis. Du coup, si vous voulez voir Superman poussé dans ses derniers retranchements, terrassé et capable de renverser la vapeur en prenant des risques incroyables, plaçant dans la balance sa propre survie et celle de Wonder Woman, voilà un album qui devrait vous satisfaire. Le général Zod et sa compagne sont des créatures elles aussi presque invincibles, et avec Doomsday qui rôde dans l'ombre et va bientôt se déchaîner, on en plaindrait presque Superman, que Charles Soule humanise tout en soulignant ses extraordinaires facultés. Le dessin est signé Tony Daniel, un de ces artistes appréciés ou détestés, selon que le style réaliste et plastiquement dynamique vous intéresse ou pas. Pas de prétention arty ici, mais des planches iconiques, voire (pas toujours mais cela arrive) somptueuses, certes nimbées d'une froideur esthétisante, mais qui sont d'un assez bel effet. On le préfère sur les splah-pages ou les cases de grande envergure, beaucoup moins quand il s'agit de fignoler les vignettes secondaires. En tous les cas, voilà une romance qui sort l'artillerie lourde, et a un sens quand on réalise à quel point ces deux héros sont finalement au dessus du commun des mortels, avec de telles facultés, et un tel potentiel salvateur ou destructeur. Un tome 1 en forme de blockbuster efficace, à déguster avec des pop-corns. 






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LA COVER DE LA SEMAINE (semaine 6)

Voici donc notre petite rubrique du dimanche, avec les plus belles couvertures publiées ce mercredi 13 janvier. Les sorties de cette semaine nous ont réservés encore une fois de belles choses, et je vous laisse vous faire votre opinion et choisir la cover de la semaine. car c'est un des plaisirs des comics, celui de la couverture, variant ou regular

Au menu : 

Batman 66 Meets The Man From Uncle #2 de Mike Allred
Legend Of Wonder Woman #1 de Renae De Liz
Robin War #2 variant de Lee Bermejo
New Suicide Squad #16 de Juan Ferreyra
All New All Different Avengers #3 de Alex Ross
Black Knight #3 variant de Tim Bradstreet
Mighty Thor #3 variant de Simone Bianchi
Secret Wars #9 de Alex Ross
Web Warriors #3  variant de Tom Whalen
Descender #9 de Dustin Nguyen
Huck #3 de Rafael Albuquerque
Star Trek  #53 variant de Cat Staggs
Red Sonja Vol 3 #1 de Marguerite Sauvage
















SUPERMAN ACTION COMICS TOME 1 : MONSTRES ET MERVEILLES

Superman a beau être un extraterrestre, il a grandi dans une famille accueillante et une ferme du Kansas profond. Aujourd'hui il est devenu le plus grand héros et défenseur de la planète et il a entamé une relation plus qu'amicale avec l'Amazone la plus redoutable de toutes, la magnifique Wonder Woman. Mais il y a d'autres femmes dans le passé de Superman, ou plutôt pour être exact dans le passé du jeune Clark Kent; c'est ainsi que ce premier album proposant en librairie la série Action Comics nous permet de découvrir la rousse Lana Lang. On devine qu'il y avait entre les deux une très forte sympathie et probablement quelque chose de plus, mais la jeune femme est partie de Smallville pour découvrir le monde en tant qu'ingénieure en électronique, alors que notre héros est devenu journaliste à Metropolis. La personnalité de Lana et le rapport entre elle et Clark est tout d'abord élucidé par le biais d'un épisode qui est situé à l'époque de l'an zéro, un événement qui a été raconté sur les pages du titre mensuel Batman. Ce plongeon dans le passé permet donc au lecteur qui ignore tout du personnage de se familiariser avec celle qui sera au centre du récit dans une aventure qui va mettre aux prises Superman avec une civilisation souterraine. Lana Lang à en effet découvert (alors qu'elle participer à des opérations de creusage au Vénézuela) une créature gigantesque à l'aspect monstrueux, sortie des entrailles de la planète. Menacée et apeurée elle reçoit l'aide de son super-héros de meilleur ami qui à peine intervenu sur les lieux du désastre est à son tour agressé par le soldat fantôme, un militaire doté d'une combinaison ultramoderne, qui a le pouvoir de se rendre intangible et qui parvient à dématérialiser son arme pour la rematérialiser dans la poitrine de Superman. Le genre de chose qui peut faire mal et laisser quelques traces, quand on est cueilli à froid alors qu'on souhaite avant tout aider. 


En fait les monstres ne sont pas nécessairement ceux que l'on croit. L'apparence est une chose, mais derrière l'horreur ou l'étrangeté peut se cacher tout autre chose. Par exemple, cette créature sortie droit des entrailles de la Terre, là voici qui se métamorphose en une sorte de jeune enfant-diablotin, fragile et perdu. Superman est le parfait boy-scout, et vous le savez, il ne manque jamais l'occasion d'aider tout le monde. Du pain sur la planche pour l'homme d'acier, qui va aussi être confronté, lors de sa visite au royaume de Subterranea, à de gentils lémuriens exploités pour leur capacité à produire de l'énergie. Epaulé en ce sens par Lana, le héros décide de rétablir une certaine forme de justice, mais parfois, en voulant bien faire, il arrive que nous nous trompions, car il est souvent impossible de maîtriser tous les paramètres. Greg Pack livre là un récit agréable à suivre, assez touchant et rondement mené, et qui a l'avantage de ne pas nécessiter une connaissance particulière de l'univers de Superman. Le scénariste place l'action à la portée de tous, et c'est en effet une bonne raison de publier un Tome 1, qui ne devrait pas vous décevoir, si vous souhaitez une lecture super-héroïque honnête et bien pensée. Le dessin est de Aaron Kuder, qui a un style assez particulier, associant la rondeur d'un Quitely aux prétentions caricaturales de Scott Kolins, par exemple. Si son travail reste encore quelque peu irrégulier, il est évident qu'il parvient à capter notre attention en donnant corps aux nombreuses scènes d'action, de batailles, de luttes, qui rythment de manière effrénée ce premier tome. Une bonne surprise donc, avec une Lana Lang plus aventurière et entreprenante que jamais (un petit coté Lara Croft non désagréable) et un Superman toujours aussi positif et convaincu que la vie, il n'y a rien de plus précieux. A découvrir. 




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