DEADPOOL : LES CLES DU SUCCES DU MERCENAIRE DISERT

Ce n'était pas complètement gagné d'avance mais après quelques semaines d'exploitation dans les salles force est de se rendre compte de l'évidence! Deadpool le film est une incroyable réussite en ce début d'année 2016, surtout si on considère qu'il s'agit d'une production classée "R" avec un budget inférieur à 60 millions de dollars. Une des clés de la réussite et à trouver du côté de la campagne marketing organisée par la Fox, qui a su utiliser judicieusement les réseaux sociaux pour cibler parfaitement le public à qui s'adresser, et proposer quelque chose de différent et inhabituel par rapport aux autres films de super-héros. On peut d'ailleurs légitimement s'interroger sérieusement : pourquoi la Fox n'a pas fait la même chose lors de la sortie du reboot des Fantastic Four? Peter Barth sur le site de Deadline ajoute ces jours-ci que Deadpool fourni en grande quantité éclats de rire et action débridée, pourtant ce n'est pas une première, les Gardiens de la Galaxie et même Ant-Man fonctionnent un peu de cette manière, ajoute le critique. Dans le cas de Deadpool nous avons en plus une performance extraordinaire de la part de Ryan Reynolds, qui s'est investi énormément non seulement en tant qu'acteur mais en tant que VRP idéal. De leur côté les responsables de la Fox parlent d'un résultat mérité en raison du caractère authentique du film, que les spectateurs ont bien compris, et qui a amené leur adhésion massive; pourtant chez des rivaux qui préfèrent rester anonyme on remarque qu'au départ tout aurait été fait de la pire manière qui soit et qu'au bout du compte c'est cela qui aurait été la meilleure démarche! Bref, ce qui fonctionne pour Deadpool ne peut fonctionner que pour Deadpool! La campagne marketing à montré l'alchimie magique qui peut se produire quand trois facteurs se combinent. Une équipe marketing qui comprend parfaitement qui est le personnage et quelle est  l'histoire qu'il faut ensuite vendre. Des créatifs qui sont libres de tout lien de commercialisation qui étouffent l'écriture du film. Enfin une campagne massive sur Internet qui réussit pourtant à cacher l'essentiel de la trame du film au public, tout en donnant fortement envie. Alors que les scénaristes et les réalisateurs de Hollywood peuvent-être des personne très créatives et progressistes il est clair que les dirigeants des studios sont habituellement parmi les plus longs lorsqu'il s'agit de s'adapter et proposer quelque chose de nouveau, c'est pourquoi il est assez extraordinaire de voir à quel point la Fox a su laisser carte blanche à son équipe pour organiser la campagne de promotion comme il convenait le mieux, ce qui a provoqué une réaction immédiate étrange et sauvage auprès des plus jeunes notamment, qui ont tout de suite compris le message.


Scott Mendelson ajoute sur la revue Forbes, au sujet de l'acteur protagoniste Ryan Reynolds, qu' il était presque impossible de ne pas se sentir solidaire de l'acteur, car il a tout fait pour que ce film puisse naître durant 11 ans, et son enthousiasme pour le projet a toujours été palpable. Les responsables chez Fox ont été suffisamment intelligents pour exploiter tout cela et profiter de la bonne volonté de l'acteur, qui a contribué grandement à une campagne marketing intelligente et audacieuse. Ce faisant il se retrouve au centre d'un système de promotions alternatif et unique en son genre, qui a fonctionné à merveille! Du reste vous l'aurez probablement noté sur ses différents profils des réseaux sociaux, Reynolds apparaissait très souvent en tenue de Deadpool dans les situations les plus absurdes, faisant ainsi monter un peu plus la pression et la curiosité. Une autre partie du mérite revient au président et administrateur délégué Jim Gianopulos qui s'est montré ferme du début à la fin sur le projet Deadpool; cela a contribué à faire croître courage et pouvoir chez la responsable de production Emma Watts, afin de soutenir la vision unique que Ryan Reynolds avait pour le film. Ce fut une opportunité incroyable, pouvoir oublier le flop du film Fantastic Four et  placer en orbite un personnage principal excentrique et finalement inconnu du très grand public, mais par là même contenant un potentiel commercial encore inexploré. Tout ceci alors qu'il s'agit du premier film R-rated de l'histoire de Marvel.
Pour parler de choses plus immatérielles, il convient aussi de noter que le personnage de Deadpool s'inscrit probablement dans l'air du temps. Inutile de rappeler que ce super héros qui n'en est pas vraiment un a tout pour séduire le public le plus jeune; l'humour est gras et décapant, les situations scabreuses ne manquent pas, Deadpool n'est pas là pour montrer l'exemple, sauver la veuve et l'orphelin et faire descendre les chatons des arbres dans lesquels ils sont imprudemment montés, mais c'est un personnage qui incarne la contre-culture et la transgression avec une facilité et une grâce déconcertante. Ce Deadpool là mesdames et messieurs, a tout pour devenir une icône de son époque et ceci alors même que du côté de chez Marvel ces dernières années on a eu tendance à surexploiter le phénomène, pour vendre des comics tour à tour géniaux ou totalement imbéciles. Deadpool c'est une machine à cash qui vient à peine de découvrir qu'elle existe. Ryan Reynolds a remporté son paris haut la main.





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POWER MAN & IRON FIST #1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

Anticipant leurs séries respectives à venir sur Netflix, ces deux-là sont de retour ensemble. Pas encore associés, juste réunis pour s'occuper d'un cas tout personnel, mais ça ne saurait tarder. Luke Cage est bien sur Power Man (sans la tiare et la coupe afro si caractéristiques d'une époque révolue) et Danny Rand est Iron Fist, bien plus cool et accessible que la version (au demeurant excellente) de Kaare Andrews, dont le second et dernier tome vient de sortir chez Panini (Marvel Now!). Les deux amis ont un rendez-vous un peu particulier avec leur ancienne secrétaire, qui sort de prison après avoir été accusé de meurtre et avoir passé cinq ans derrière les barreaux. Jenny va les envoyer sur la piste d'un collier orné d'un joyau qu'elle souhaiterait récupérer, et qui est détenu par un des parrains du crime les plus connus des lecteurs de comics, l'infâme Tombstone. Ce que craignait le plus Luke finit par arriver : incompréhensions et susceptibilité finisse par provoquer une bagarre générale, et le début d'une aventure qui risque de laisser des traces chez les anciens Héros à louer, car source de cruelles désillusions sur les liens affectifs qui peuvent unir les personnes. David Walker avait promis, au moment d'écrire cette histoire, qu'il allait prêter une attention particulière au savant mélange entre le story-telling pur et dur, et une certaine réalité sociale qui transparaît dans ce titre. Pour le moment, l'équilibre est plutôt de rigueur, avec une tentation peut-être trop forte de jouer la carte de la coolitude, mettant de coté les aspects les plus sombres des deux héros pour se concentrer sur la façon dont ils interagissent, avec des répliques drôles et pleines d'esprit, notamment le retenue dont l'ami Cage fait preuve à chaque fois qu'il doit pester ou prononcer des jurons, qu'il remplace par des expressions absurdes à la demande de sa femme (Jessica Jones). La famille est au centre de la trame. Famille mise sur pieds par Luke, famille à comprendre au sens de liens très forts, comme ceux qui unissent Luke, Danny, ou leur ancienne secrétaire, mais aussi famille en tant que piège, poids mort qui vous entraîne vers le fond, comme l'histoire de Jenny en est la démonstration. Sanford Greene s'adapte parfaitement au ton de la série, en créant des pages et des personnages qui doivent autant à l'esthétique des années 70 que à une certaine tendance "grunge" et relâchée dans la physionomie des héros, et qui lorgne vers la caricature. Danny est probablement un poil trop jeune et naïf dans cette version, la carrure de Cage le rend agréable dans le rôle du gros nounours qui veut rester en dehors de tout problème. Certes, il est peu probable que cette direction amène cette série à exploser des records de vente, et à perdurer pendant des années, mais il y a suffisamment de matière pour en faire une des bonnes surprises du moment dans cette opération All-New All-Different, qui à défaut de mériter pleinement son nom a l'audace de présenter un nombre intéressant de titres qui opèrent dans la marge des comics mainstream. 


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SANDMAN TOME VII : UNE VEILLEE POUR RENDRE HOMMAGE AU SANDMAN

Tout change mais rien n'est véritablement perdu. C'est ainsi que s'ouvre le septième tome consacré à Sandman chez Urban Comics. Il s'agit bien entendu du dernier de la série qui s'ouvre par les épisodes 70 à 75 du chef d'oeuvre de Neil Gaiman, et qui forment un arc narratif appelé La veillée. Cette fois le rêve est mort; mais le rêve peut-il vraiment mourir? Pour lui ne s'agit t-il pas juste simplement d'une transition, d'un changement du passage d'un état à un autre état? Quand le Sandman disparaît un autre prend la place, pas vraiment le même mais pas vraiment différent non plus. Pendant ce temps-là nous sommes tous invités à assister à la grande cérémonie des funérailles du Rêve.Toute la famille des Infinis, un nombre incalculable de personnages issus de l'humanité toute entière, y compris les héros de papier évoluant chez DC Comics comme Batman, Superman ou Le Limier martien (autant de clin d'œil sympathiques) sont convoqués pour entendre les derniers mots rendant hommage au disparu. Ces épisodes sont marqués par une série de résurrections, de récréations, comme par exemple l'inénarrable Mervyn Potiron, mais aussi par une série d'au revoirs, d'adieus de renoncements. Les épisodes sont tous profondément émouvants et empreints d'une forte sensibilité, parfois très ironiques comme lorsque Hob Gatling assiste à un festival Renaissance avec sa nouvelle petite amie; lui qui a déjà vécu à cette époque ne peut s'empêcher de manifester un profond sarcasme jusqu'à ce qu'il rencontre la Mort elle-même, pour une conversation où transparaît son désir de vivre. Le tout dernier numéro de Sandman, le 75, est consacré aux dernièrex créationx littérairex de William Shakespeare. Selon Gaiman celui-ci a pactisé avec le Rêve pour obtenir cette inspiration formidable qui lui a permis de construire sa longue carrière. Lorsque vient le moment de payer son tribut, à savoir la seconde des deux pièce de théâtre promises à son bienfaiteur, Shakespeare se heurte au prix personnel à payer pour une vie sacrifiée sur l'autel du théâtre. c'est Charles Vess qui illustre cette dernière histoire, avec un coup de crayon magnifique, pour un récit qui brouille les frontières entre création littéraire et histoire intime. Les autres parties sont dessinées par Michael Zulli et les pages sont mises en couleur et imprimées sans que celui-ci n'encre son travail. En conséquence nous obtenons des planches hyper détaillées avec un trait attentif aux moindres détails, qui emprunte aussi bien à l'hyperréalisme qu'à l'impressionnisme le plus onirique. Bref un travail magnifique. 

Si vous souhaitiez en savoir un peu plus sur la famille dysfonctionnelle des Infinis, bonne nouvelle, car ce volume contient aussi tous les épisodes les mettant en scène tour à tour, et regroupés sous le titre de Endless Nights. Gaiman nous raconte une "aventure en solo" de chacun d'eux, ce qui nous permet de remarquer à quel point le Délire ou le Désir, par exemple, ne sont pas seulement les avatars de ce qu'ils devraient représenter, mais ils sont LE Délire et LE Désir, qui n'existent que par eux et en eux. Un dessinateur différent s'occupe de chaque récit, ainsi l'italien Milo Manara, grand spécialiste de la bande dessinée à caractère érotique, s'occupe fort logiquement de nous narrer les vicissitudes du Désir. Une jeune femme, voilà plusieurs siècles de cela, s'éprend du fils d'un chef de tribu barbare, et vengera l'assassinat de celui ci en jouant de ses atours, de sa séduction fatale, non sans avoir rencontré le membre des Infinis qui lui a transmis son savoir et sa nature. La Mort est elle aussi de sortie, sur un des nombreux ilots qui forment la ville de Venise. C'est un militaire de formation qui la rencontre, et ensemble ils pénètrent dans une villa décadente où depuis des siècles des nobles locaux trompent l'inéluctable avec des orgies sans fin. La Destruction apparaît à des archéologues qui ont mis à jour un terrain duquel ils extraient des souvenirs et des reliquats d'un futur prochain, alors que le Rêve lui même présente sa nouvelle petite amie au reste de la famille, bien avant que l'humanité, notre humanité, n'ait véritablement vu le jour. Des artistes comme Frank Quitely, Glenn Fabry, ou Miguelanxdo Prado et Bill sienkiewicz, sont chargés de donner naissance à ces épisodes particuliers, d'une pertinence et exigence artistique notables. Ce volume sept se complète comme toujours par des entretiens avec Neil Gaiman, qui nous explique sa démarche et nous offre une foultitude d'anecdotes savoureuses, de covers et illustrations rares, et un magnifique récit en prose, illustré par les estampes du maître Yoshitaka Amano, qui en font un joyau de raffinement et de beauté. The Dream Hunters est une expérience littéraire et sensorielle qui transcende l'univers habituel du Sandman, tout en constituant un des plus beaux hommages qu'il aurait été possible de présenter au personnage. Urban Comics nous a régalé tout au long de cette édition définitive de la série de Gaiman, mais croyez moi ou non, ce dernier tome est peut-être le plus beau visuellement. Stupéfiant. 


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LA MORT DE CAPTAIN MARVEL (BEST OF MARVEL)

Un des reproches que certains formulent à l'encontre des comic-books est lié à la réapparition quasi systématique de personnages pourtant morts quelques mois ou quelques années auparavant. La mort se soigne très bien, chez nos héros de papier. Mais certains -une minorité- n'ont pas eu la chance de revenir, et leur trépas est resté définitif. Au point d'entrer dans la légende de la bande dessinée, comme c'est le cas de Captain Marvel. Ardent défenseur de notre planète, justicier cosmique au grand coeur et aux valeurs inébranlables, Mar-Vell est pourtant né sur Pama, planète mère de l'Empire Kree, dont il était le maître soldat, avant d'être accusé -à tort- d'être un traître. Les pontes de Marvel (la maison d'édition, il faut suivre un peu...) se sont réjouis du succès grandissant du personnage, dans les années 70, avant un déclin progressif, mais ont surtout opté pour une décision audacieuse et radicale, en 1982. Une mort plus humaine que super héroïque. Point de champ de bataille ou de combat épique, de némésis triomphante ou de sacrifice ultime, Mar-Vell succombe à un ennemi pernicieux et invisible : un cancer, qui le ronge et l'abbat, héritage d'un affrontement avec Nitro, qui se fait exploser à proximité d'un container renfermant un gaz mortel et radioactif. Notre héros absorbe le gros de l'impact, avant de s'évanouir sous l'effort. Des années plus tard, son geste courageux se rappellera à sa mémoire, sous la forme d'un mal incurable qui le terrassera. Le super-héros en devient super-humain, en cela que même des pouvoirs formidables ne peuvent contrer une maladie aussi omniprésente et redoutée, et qui n'épargne personne, sans distinction de classes sociales, de nationalités, de sexe, d'âge. 

Jim Starlin (scénario et dessins) nous propose un Captain Marvel digne jusqu’à ses derniers instants, avec l’hommage de ses pairs, la lutte pour l’acceptation de l’inéluctable et le refus, le déni, l'incompréhension des autres héros face à la douleur ultime. Un récit de mort pour une leçon de vie. Foin de batailles en costumes multicolores et caleçons moule burnes, c’est face au destin, à son organisme qui le trahit que notre héros doit rendre des comptes, tout en sachant que cette lutte là lui sera fatale, quoi qu’il puisse tenter. Les plus grands cerveaux de la science ont beau se creuser les méninges, aucune cure ne parvient à produire son effet, en raison de l'organisme si particulier du guerrier Kree, qui a été modifié par le port régulier et suivi des "néga bandes", ces bracelets quantiques d'où il tirait une grande source de pouvoir. Marvel fera de ce récit légendaire son premier véritable graphic-novel, tandis qu'en Vf je ne saurais trop vous conseiller de vous pencher sur un album de la collection Marvel Best of chez Panini. Il contient des vieilleries comme Marvel Spotlight #1 et #2 mais aussi Captain Marvel #29 et #34 ainsi que la mort de Captain Marvel en elle même, bien entendu. Dommage que la qualité patinée des pages de ce format ne soit pas adaptée pour reproduire couleurs et ambiances d'alors, et en exagère le rendu. Le lecteur moderne habitué aux cataclysmes universels sera probablement pris au dépourvu devant la naïveté et le caractère expéditif de certains trucs narratifs (comment le Kree devient le détenteur d'une conscience cosmique, par exemple) mais il ne pourra que rendre les armes devant la sensibilité affichée par Starlin, qui parvient à magnifier le bout du chemin, l'approche de la grande faucheuse, pour en faire une conclusion haute en dignité et lumineuse, comme l'évolution inéluctable vers un autre état d'existence, un repos mérité. Mar-Vell s'en va à jamais, et cette ordure de Nitro qu'il a combattu est lui resté en vie, pour par la suite être la source d'une autre tragédie inoubliable, la terrible explosion de Stamford, et des centaines de morts dans une école, qui amèneront peu après l'acte de recensement des super-héros, le début de la grande Civil War. Une saga intemporelle et indispensable, que cette mort de Captain Marvel, loin des artifices et de la pyrotechnie d'aujourd'hui, avec toute la douceur et la maestria des comics d'autrefois. 


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FLASH, LA LEGENDE TOME 1 (CARMINE INFANTINO)

Ce qui est franchement drôle avec Barry Allen, simple jeune scientifique recruté par la police de Central City, et destiné à devenir le plus rapide de tous les héros costumés de l'univers Dc, c'est qu'il est surtout réputé pour son retard atavique, qui finit d'ailleurs par lui valoir quelques problèmes avec Iris West, sa fiancée. Tout change (et cela vous le savez) un soir où Barry est encore au labo, occupé à faire joujou avec des éprouvettes, et qu'il est frappé par la foudre. Concours de circonstances entre la décharge et le contenu des fioles, voilà que le jeune homme se découvre des super pouvoirs stupéfiants, et qu'il devient un bolide inépuisable. Inspiré par un des héros de son enfance (Dc Comics a toujours eu le don de jouer sur l'héritage entre les héros, du moins avant les New 52) il se fabrique un costume écarlate doté d'un éclair comme emblème (une sorte de Hermes moderne) et devient The Flash. Qui dit héros dit aussi criminels. A travers ce gros pavé proposé par Urban, nous allons donc faire la connaissance d'une belle brochette de cinglés en costume, de pitres dangereux, de malfaiteurs malsains. Mais attention, les lecteurs les plus jeunes, où ceux qui sont accrocs depuis peu à la série télévisée targuée CW risquent bien d'être déroutés. Nous sommes ici en plein silver age, c'est à dire dans les années cinquante/soixante, et le ton utilisé pour la narration du récit, ou la construction des dialogues et des planches sont adaptés aux techniques d'alors. Qu'à cela ne tienne, apprêtez-vous à voir défiler toute une ribambelle loufoque ou terribles, comme Captain Cold, Mirror Master, Pied Piper, et Gorrilla Grodd. 


Ne soyez donc pas surpris si les criminels utilisent une boîte géante placée au beau milieu de la ville pour distraire les forces de l'ordre et accomplir leurs méfaits en toute tranquillité. Si The Flash doit accomplir un véritable tour du monde (de Paris au Caire en passant par l'Everest) au risque d'être en retard (encore une fois) à son rendez-vous galant avec Iris. Si le bolide écarlate doit contrer la menace d'une invasion de géants extra-terrestres qui ont capturé sa fiancée, et qu'il se retrouve emprisonné dans un sablier! Si vous vous trouvez nez à nez avec un humanoïde seul rescapé d'une race qui domina la planète entière il y a 80 millions d'années de cela! Bref, si tout peut arriver, sans que cela soit abordé avec le sérieux et la crédibilité dignes d'un documentaire, telle qu'on voudrait parfois nous la faire avaler, dans les comics modernes. Ici nous avons droit à des épisodes de Showcase, le comic-book dans lequel Barry Allen fit ses premières courses, et une grosse dizaine de numéros de la première série The Flash du nom, qui tire toujours une larme à l'oeil aux grands nostalgiques que nous sommes. Le pauvre Barry se fait régulièrement rembarré par sa copine qui le compare au super-héros qu'il est dans le plus grand secret (quelle pimbêche, comment peut-il la supporter?) et il intervient pour sauver la veuve et l'orphelin grâce à une montre intelligente, un détecteur de catastrophes émetteur/récepteur des plus improbables mais parfait pour l'époque. John Broome se laisse aller aux pires ou plus incroyables fantasmes de l'après-guerre, entre aliens venus du fin fond du cosmos, et progrès scientifiques qui donnent le sourire, après coup. Une certaine vision du futur subitement devenu le lointain passé, et forcément vintage assumé. Le dessin de Carmine Infantino est pour sa part superbe. Fonctionnel (pas d'esbrouffe inutile) et dynamique sans perdre un instant en lisibilité et en clarté, il parvient à rendre passionnant des affrontements contre un gorille intelligent et avide de domination ou les team-up avec Wally West, le jeune neveu d'Iris, qui comme par le plus grand des hasards a été investi des mêmes pouvoirs que Barry, dans des circonstances assez similaires. Si vous parvenez à oublier un instant ces dernières décennies ultra sérieuses et crispées de la mâchoire, ce volume rafraîchissant et joliment naïf vous tend les bras, et vous l'adorerez. 





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LA CROISADE DE L'INFINI REVIENT EN MARVEL GOLD

Dans quelques jours (le 2 mars), Panini achèvera de republier en Marvel Gold la fameuse trilogie de Jim Starlin, qui marqué au tournant des années 90 l'univers cosmique de Marvel. Centrée autour de Thanos et Adam Warlock, cette dernière met en avant toutes les facettes possibles du second cité, à travers une épopée chargée en spiritualité et en combats dantesques.
Car parfois, le bien est encore moins désirable que le mal. Prenez par exemple le cas d'Adam Warlock, lorsqu'il s'efforça de chasser ces deux notions antithétiques de son âme, pour endosser brièvement le manteau de l'omnipotence cosmique, à la fin d'Infinity Gauntlet. Sa partie négative s'est réincarnée sous la forme du Mage, et a bien failli causer la perte de l'univers tout entier. Mais son coté positif n'est pas en reste. Voilà qu'il se matérialise sous l'apparence d'une femme, une version féminine d'Adam Warlock, particulièrement portée sur la spiritualité et le divin, au point de se baptiser elle même la Déesse. Et pour être à la hauteur de son titre, elle aura besoin, c'est évident, de faire oeuvre de prosélytisme, de recruter des âmes crédules, qui croiront en elle et en l'illumination prochaine, censé venir ravir le cosmos et apporter un nouvel âge de paix universelle. Miss Richards, des Fantastiques, Hercule, Tornade, le Silver Surfer, Jean Grey, ne sont que quelques uns de ces fidèles recrutés à leur insu, pour participer à cette vaste opération de salut. Sauf que dans l'esprit retors de la Déesse, sauver l'univers et le détruire, c'est un peu la même chose. La paix universelle, on l'obtient, selon elle, lorsque la création cesse d'être, ce qui est le meilleur moyen de faire disparaître le mal, certes, mais à quel prix! En attendant, elle rassemble son armée sainte sur une planète crée artificiellement (Paradis Omega), grâce au pouvoir combiné de toute une série de cubes cosmiques, et se prépare à recevoir tous les autres héros de la Terre, bien décidés à ramener les brebis égarées et à sauver l'univers, une fois de plus. Cela va sans dire : parmi la légion des intervenants, une place de choix est réservée à Adam Warlock, mais aussi à Thanos (toujours dans son rôle ambigu de vilain presque repenti, plein de sagesse et de duperie) et aux membres de la Infinity Watch, les amis et alliés d'Adam, pour le meilleur et pour le pire.

Certains objecteront que cette saga, qui constitue la troisième et dernière partie d'une trilogie, commence sérieusement à manquer de souffle. Ils n'auront pas tout à fait tort. Inutile de préciser que c'est le volet le moins indispensable, et d'ailleurs les dessins aussi ressentent une certaine lassitude. Ron Lim avait du augmenter la cadence de son travail d'une manière conséquente, et il n'avait plus trop le temps de faire oeuvre de précision chirurgicale. Son encreur, Al Milgrom, n'est de toute évidence pas non plus à la hauteur, et cela finit par se voir. Semic avait opté en son temps pour une publication Vf sous formes de trois albums hors-série, qui existent également en version reliée, facilement trouvable sur les sites de ventes aux enchères. Cela ne vous empêche pas de miser sur la version aujourd'hui présentée par Panini, façon de tenir compagnie aux deux petits frères déjà publiés précédemment tout en investissant moins de 18 euros dans un volume pour la librairie. Du bon gros comic-book mainstream, qui correspondait bien à l'idée que le lecteur des nineties avait d'un "event" ces années là. Pour ma part, je considère que proposer des sagas plus courtes (six numéros sur trois mois) de ce type est plus judicieux, et même si le temps a commencé à faire son ouvrage et que cette Croisade peine à masquer ses défauts structurels; je reste d'avis qu'il y avait dans ce genre d'aventure un parfum de naïveté et une volonté de raconter qui n'est pas toujours évidente aujourd'hui, à une ère sombre et chirurgicale, où le comic-book se doit se singer les travers de la réalité et de se perdre dans une narration décompressée qui rebute forcément les nouveaux lecteurs occasionnels. Point de raton laveur dans l'espace ou de Guerres Secrètes à l'horizon, voici venir un bain de jouvence recommandé pour ceux qui à l'époque étaient de fidèles clients de Semic, ancêtre toujours choyé (avec Lug) parmi les plus anciens d'entre nous.





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LE PORTFOLIO "BATMAN" DE GEORGE PEREZ (1990)

N'étant pas en mesure cette semaine de vous proposer la rubrique habituelle du dimanche (Cover de la semaine) voici venir, en guise de consolation partielle, un portfolio particulièrement recherché et apprécié, celui de George Perez, consacré à Batman et publié en 1990. Inutile de présenter l'artiste, dont le trait ultra détaillé et minutieux est toujours un régal. Il s'agit ici d'une recueil de couvertures publiées sur les titres Batman ou The New Teen Titans, dans les années 80, ainsi que trois illustrations inédites. Je vous souhaite à toutes et à tous un bon dimanche, et remercie au passage toutes celles et ceux qui nous rendent régulièrement visite sur la page communautaire (Facebook) qui a dépassé les 5000 fans. Du coup vous le verrez dans les prochaines semaines, de belles surprises vont arriver et ce sera un plaisir de les partager avec vous. 

















JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path ( la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu...