JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)


 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path (la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu, fidèle à son habitude, faire de la psychologie super-héroïque un terrain de jeu pour épater le lecteur. Après Identity Crisis, où il révélait et osait des choses que beaucoup n'auraient jamais eu l'audace de penser, Meltzer reprend ici les bases : qui va vraiment avoir l'honneur de faire partie du club le plus prestigieux de l’univers DC, la Justice League ? Les “Big Three” (Superman, Batman et Wonder Woman) à main levée ? Ou bien les seconds couteaux comme Green Lantern, Green Arrow, Black Canary, qui, historiquement, se sont souvent retrouvés à bricoler la cohésion de l’équipe dans les coulisses ? Ou encore Red Arrow, ou Hawkgirl ? Le paradoxe est délicieux : alors que la tradition nous pousse à croire que la JLA se compose sur la base d’un casting divin choisi par le trio mythologique, Meltzer rappelle que, dans les faits, les rangs de la Ligue se sont presque toujours remplis au gré du hasard et des crises. Résultat : c’est Black Canary qui hérite du poste de présidente, et Batman qui doit humblement accepter l’invitation de Black Lightning. Un petit séisme symbolique, comme si la JLA cessait d’être une monarchie de droit divin pour devenir une démocratie parlementaire à super pouvoirs. Une (re)formation qui va apporter son lot de larmes. Meltzer, maître du thriller, a beau proposer des bastons XXL (Superman, Wonder Woman et compagnie contre Amazo, ça n'est pas rien), il multiplie les scènes intimistes, notamment autour de Red Tornado (d'où le titre). Sorte de Pinocchio de l’univers DC (ou Vision chez Marvel, si vous préférez), coincé entre son corps de robot et son rêve de devenir humain, “Reddy” incarne l’éternel dilemme : être une machine qui ressent comme un homme, ou un homme qui se démonte en pièces détachées selon les besoins ? Ici, il gagne un corps humain grâce à Deadman, avant d’être charcuté par la suite. Merci, Ed Benes, pour ces gros plans sur de la bidoche cybernétique, on croirait presque feuilleter un manuel de mécanique automobile illustré par un dessinateur sadique.



Mais Meltzer n’en reste pas au gore : il insiste sur Kathy Sutton, la femme de Red Tornado, et sur Traya, leur fille. Larmes, chagrin, impuissance : Benes en fait des gros plans à n’en plus finir. Pathos et émotions au menu, où comment désirer la vie au risque de la perdre aussi vite qu'elle vous est donnée. Cela dit, ces séquences révèlent ce que Meltzer sait faire de mieux : traquer la fibre humaine derrière le masque. Parler des sentiments, y-compris quand ces derniers unissent deux personnes que rien ne semblait destiner à mettre ensemble. La reformation de l’équipe joue aussi sur l’héritage : Red Arrow (ex-Speedy) passe donc de sidekick à membre titulaire, sous les regards attendris de Green Arrow et Black Canary. DC a toujours su capitaliser sur cette logique générationnelle, là où Marvel se contente souvent de garder ses héros éternellement adolescents. Voir ces évolutions est touchant, même si Meltzer insiste un peu trop sur l’idée que “la JLA est une famille”. Une idée qui est exploitée encore plus clairement dans l'autre série, celle de la JSA, dont cet album de la collection paperback propose aussi deux épisodes. Blockbuster plein de bruit et de fureur, mais aussi chronique domestique avec sanglots et héritage super-héroïque, on vous recommande cette sortie, qui fut autrefois publiée au format mensuel par Panini, avec DC Universe, que les moins de vingt ans n'ont probablement pas connu. Une Ligue sans les Big Three au premier plan, mais avec assez d’histoire, de références et de morceaux de bravoure pour satisfaire les lecteurs patients. Avec 472 pages pour moins de trente euros, vous ne serez pas lésés, d'autant plus que ça n'avait pas été réédité au format librairie.



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