BATMAN A LA RECHERCHE DE SA CAPE : BATMAN #101

Le drame pour Bruce Wayne, ce serait que tout le monde découvre ses petites activités nocturnes en tant que Batman. Certes, n'importe qui d'un tant soit peu logique aurait fini par s'en apercevoir, mais il faut croire qu'il a eu beaucoup de chance jusque là. Et pourtant, Batman est parfois distrait, et en 1956 déjà, il a eu chaud aux fesses, dans Batman #101. Bill Finger écrit alors une histoire totalement absurde : La grande chasse à la cape de Batman. Non, ne riez pas encore...

En fait, Bruce a confié une cape particulière à Alfred son majordome : une qui lui avait été envoyé par un individu qui semblait avoir découvert sa double vie, et qui y avait accroché un billet éloquent, avec son nom (voir photo). L'inconnu en question est mort (très pratique) mais Alfred a commis un impair : il a mélangé cette cape "marquée" avec celles de rechange de Batman, et un jour, ce dernier endosse donc un instrument qui porte son nom, comme une étiquette embarrassante! Manque de chance, un coup de vent un peu plus fort que les autres finit par emporter la cape, qui s'envole à travers Gotham, avec un secret fort mal gardé à l'intérieur.


C'est un français qui découvre la cape, et va l'endosser. Mais lui aussi est trop distrait, et un autre coup de vent va emporter à nouveau la cape à travers la ville. L'objet va passer d'une main à l'autre, finir dans les mains d'un individu qui découvre le billet mais décide de la cacher dans une poubelle avant de faire chanter Bruce (ne cherchez pas c'est idiot), être la proie des griffes d'un chat, et même, va aboutir entre les doigts de Clark Kent, alias Superman. Finalement, Wayne va récupérer son bien, et va jurer qu'on ne l'y prendra plus. Depuis, Bruce fait bien attention, et demande expressément à Alfred de ne pas lui donner de vêtements avec son nom associé. Ils sont si bêtes, ces super-héros...



Ouf, merci Superman!




LA REVIEW DE CAPTAIN AMERICA #1 par Rick Remender

Vous l'aurez remarqué, j'essaie ces derniers jours de coller à l'actualité au plus près, c'est à dire de privilégier les premières impressions éveillées par Marvel Now! et le relaunch qui ne porte pas son nom. Ce vendredi place à Captain America, dont le destin est confié à Rick Remender, un auteur à succès qui sait privilégier l'action tout en ouvrant de nouvelles portes narratives pertinentes. 
Avec Remender, Steve Rogers a une vie bien remplie, et il ne chôme pas. Après un petit flash-back intéressant centré sur les premières années de notre héros (les années 20, quoi, car il est censé fêter ses 90 ans) et la vie de famille pas toujours facile alors, nous le retrouvons en pleine acrobatie sur la carlingue d'un avion en perdition, face au Green Skull et ses hommes. Ce sont des terroristes écologistes qui ont la bonne idée, pour sauver la nature et l'environnement, de tenter d'éradiquer l'humanité, en commençant par Big Apple. Logique, non? Le repos du guerrier est surprenant, puisque Sharon Carter, sa fiancée du moment, lui propose carrément ... le mariage! On pourrait dès lors s'attendre à ce que Remender sorte les confettis, les dragées, et que le lecteur soit invité à la parade nuptiale (et la nuit de noce, hé, on peut la voir?). Mais c'est reparti, plutôt deux fois qu'une! Un traquenard dans une ligne abandonnée du métro, et voilà Captain America projeté dans une dimension étrange et à la saveur apocalyptique : la dimension Z, pour Zola (Arnim). Au programme la-bas, combats, torture et bébé. Allez Steve, pour un numéro un, il va te falloir un sacré courage. Le dessin est confié à John Romita Jr. Du coup, j'entend déjà les hourras extasiés et les cris d'horreur des détracteurs. Disons que ce coup-ci c'est du Romita plus appliqué et moins expéditif. Il s'applique, c'est évident, et les amoureux de son style vont donc admirer du JrJr en forme. J'ai juste tiqué sur un ou deux visages, comme celui de la maman de Steve (une grosse baffe et là voilà tuméfiée comme un boxeur...) mais dans l'ensemble notre artiste a fait bien bien pire (vous avez dit AvX?). Un démarrage satisfaisant et intrigant pour le vengeur étoilé, qui donne envie de lire la suite. Mission accomplie. 


LA REVIEW DE THOR : GOD OF THUNDER #1 par Jason Aaron

Avec Thor, il est de bon ton de parler Dieux, c'est d'une logique implacable. Le fils d'Odin aime qu'on le vénère, et il existe une raison simple à cela : quand il n'y a plus personne pour penser et prier un Dieu, que devient celui-ci? Il n'est plus, puisque Dieu est aussi, d'une certaine manière, une création de l'homme (n'en déplaise à ceux qui ont comme conviction que Dieu a créé l'humanité). Un peu comme l'oeuf et la poule, difficile de savoir qui est venu le premier, le cycle semble inépuisable et inéluctable.
C'est ainsi que Thor est fort surpris, en intervenant pour sauver une planète de la sécheresse qui menace. Si une des habitantes a bien pensé le convoquer dans ses prières, les autres n'ont cure des récits fantastiques qu'il leur raconte autour du feu. S'ils sont séduits par les merveilles narrées, cela reste à leurs yeux des affabulations, et ils ont bien du mal à croire que tout cela existe. Un peuple qui n'aurait personne en qui croire, un peuple sans Dieux, cela peut-il vraiment exister?
Thor a des doutes à ce sujet, et en menant son enquête, il finit par découvrir une réalité des plus angoissantes. Dans les parages d'Indigarr, il existe un lieu reculé où les anciens Dieux de la planète, aujourd'hui oubliés, auraient été massacré, pendus à des crocs de boucher, exterminés. Qui a bien pu commettre un crime aussi odieux, qui a la force pour décimer tout un panthéon? Une question qui trouve un début de réponse dans le lointain passé, dans la jeunesse de Thor, un jour où le jeune blond au marteau trouva la tête coupée d'un Dieu dans un fleuve, sans savoir que c'était là probablement le premier pas vers l'apocalypse, la fin des siens, comme semble le prouver un cliff-hanger en forme de vision du futur. 
La nouvelle série de Jason Aaron avait tout les symptômes d'un titre qui allait m'ennuyer ferme, mais je reconnais m'être trompé : elle débute sous de très bons auspices, et développe un discours sur la nature même des Dieux qui mérite vraiment que le lecteur s'y attarde et s'y plonge en réflexion. Esad Ribic offre une atmosphère très particulière avec ses dessins, qui évoquent de belles peintures nordiques, et des Dieux exterminés droit sortis des oeuvres de Moebius. Bonne idée donc que de donner une chance à ce God of Thunder dont j'ai hâte de voir la suite. Ce premier arc, en cinq parties, porte déjà en soi les éléments moteurs pour un petit classique. 


AGE OF ULTRON : DES DETAILS SUR LE PROCHAIN "EVENT" MARVEL NOW!

Nous connaissons donc déjà le nom du premier vrai event Marvel Now! Il s'agira de Age of Ultron, qui était devenu la véritable Arlésienne de la maison des idées, puisqu'annoncé depuis des années, mais sans cesse repoussé, reporté, au point que beaucoup pensaient que le projet avait été abandonné. Nous savons donc depuis avant-hier que cette maxi série comprendra dix parties, et que les cinq premières seront illustrées par Bryan Hitch, alors que les autres seront confiées à Brandon Peterson et Carlos Pacheco. Bendis étant l'unique scénariste. Le coup d'envoi est pour Mars 2013, si la fin du monde ne passe pas par là avant. Bien entendu, les tie-in seront nombreux (on parle de six ou sept mais à tous les coups il y en aura d'autres qui vont naître en cours de route). Le nom de Hitch a provoqué quelques émois car l'artiste n'a pas la réputation d'être des plus véloces, et Marvel tend à prendre du retard dans ses projets, mais Tom Brevoort se veut rassurant et confirme qu'une bonne partie est déjà finalisée. Dès le début de cet event, Ultron a pris les commandes de la planète toute entière, lui qui est comme toujours affligé de son complexe du père, qu'il souhaite dépasser et éliminer (au passage il s'en prend à toute l'humanité). On nous promet que les mères de nombreux héros auront un rôle à jouer (Super Mommy?) et que le titre Moon Knight servira de piste de décollage, et ouvrira le bal sous forme d'un quasi prologue. Entre covers pour les deux premiers numéros, et quelques planches crayonnées, voilà un premier aperçu des réjouissances. Tremblez, Ultron arrive. 







SPIDER-MAN 5 EN KIOSQUE : Du Spidey fort sympathique

Le tisseur de toile a la forme, et sa revue est des plus pétillantes. Bonne pioche donc en novembre chez Panini, vous pouvez vous réconcilier avec Spider-Man. Un diptyque fort divertissant ouvre le bal (Amazing Spider-Man 678 679). Peter Parker, qui travaille toujours chez Horizon, a la chance de fréquenter de purs génies aux quotidiens, et de partager leurs travaux. Sauf que cette fois, il doit prêter main forte à un collègue qui a mis au point une chambre chronale, c'est à dire une pièce où vous pénétrez 24 heures dans le futur. Quand Peter franchit le pas, il se rend compte que son absence (enfin celle de Spidey, son alter-ego) dans le présent risque de provoquer une incroyable destruction de New-York. Pourra t'il remonter le fil de l'existence, trouver les bons gestes durant les 24 heures qui nous sépare du drame, pour comprendre quel est son rôle et son action concrète pour empêcher la catastrophe? Dan Slott a mis au point quarante pages diablement efficaces et qui font sourire, mises en image par un Humberto Ramos des grands soirs. Certes le style est toujours aussi cartoony et rebutant pour les amateurs du réalisme pur, mais que c'est dynamique et enlevé!

L'épisode 679.1 se situe lui aussi aux laboratoires Horizon. On va enfin y découvrir l'identité du mystérieux chercheur numéro 6, qui oeuvre dans le plus grand anonymat, dans son laboratoire secret. Je ne veux pas vous gâcher la surprise, mais je vous donne un indice : ne lui offrez pas de plat avec de l'ail, il n'apprécierait pas... Du basique, mais bien mené, et illustré par Matthew Clark, qui est à la hauteur de la situation. Vient ensuite un quatrième numéro de la série Amazing, le 680, qui constitue la première partie d'une aventure du Tisseur dans l'espace. Parker se retrouve en orbite avec son collègue la Torche (des Fantastiques) pour venir au secours du fils de J.J.Jameson, le maire de la ville. Le fiston travaille dans une station orbitale qui a probablement été victime d'un accident crapuleux. Qui est responsable de l'attaque? Ce sera l'occasion de faire revenir les Sinister Six sur le devant de la scène, avant le prochain arc très attendu : Ends of the Earth. L'italien Camuncoli aux dessins, est doté d'un trait plus anguleux et analytique que ses collègues, mais là encore c'est du haut niveau qualitatif. La revue ferme ses portes avec le second épisode de Scarlet-Spider. C'est maintenant l'ancien clone dégénéré de Peter, Kaine, qui officie sous le costume écarlate. Il est à Houston, de passage, avant de partir au Mexique pour entamer une nouvelle existence. Sauf qu'il se retrouve impliqué dans le sauvetage d'une jeune femme, et une lutte sans merci contre un vilain pyromane aux pouvoirs brûlants. Yost a la lourde charge de réconcilier les lecteurs avec Kaine (il est toujours délicat de manipuler les clones de Parker avec intelligence) tandis que Stegmann est déjà brillant avec si peu de planches. Ultra doué pour le mouvement et les planches aussi dynamiques que lisibles, il donne un ton frais et enlevé au titre, qui semble bien se porter du coté des States. Du coup, on se retrouve avec entre les mains un bon cru de Spider-Man, et on a forcément envie de lire la suite. 




FANTASTIC FOUR #1 : LA REVIEW

Une des grandes recettes du succès des Quatre Fantastiques, c'est cette capacité de conjuguer l'aventure, la découverte, aux récits classiques de super-héros. Que ce soient des mondes lointains ou des univers parallèles, des civilisations extra-terrestres ou les habitants de peuplades souterraines, le quatuor a toujours pris le temps, et développé la passion, de ces découvertes bouleversantes et magnifiques, qui rendent leur titre aussi caractéristique. Jonathan Hickman avait compris cet aspect, mais il avait peut être un peu sous-évalué un autre composant : la dynamique propre à la famille Richards, qu'il faut savoir écrire avec brio et humour, pour compenser le coté sérieux de l'exploration. Avec Matt Fraction, les bases pour un cycle solide sont d'emblée posées. Reed est blessé lors d'une des missions des FF, et à son retour, les soins qu'il se prodiguent lui même l'amènent à se rendre compte que ses pouvoirs, et ceux de sa famille, conférés par les rayons cosmiques, pourraient bien devenir aussi leur condamnation à moyen long terme. Pour trouver une cure, rien de tel qu'un long et passionnant voyage vers l'inconnu, qui va donc occuper les prochains mois, dans Fantastic Four. Reed n'a rien dit de ses vraies intentions aux autres, et il n'entend pas partir seul, voire à quatre. C'est tout le petit monde des FF qui va suivre! Et c'est là que c'est drôle, enlevé, pétillant. Entre les petits moloïdes, les enfants du couple Richards, Dragon Man, il y a désormais du linge à laver et bien de la vie, au Qg des Fantastiques. Toute une petite humanité qui nous fait sourire, et qui dans le même temps va encore nous ouvrir les portes de la connaissance et du mystère. Bagley est au meilleur de sa forme d'artiste taillé sur mesure pour ce type d'histoire mainstream, et assure une lisibilité maximale aux lecteurs. Pour un début, nous ne sommes pas déçus. Fraction est peut être en train de trouver le juste équilibre pour nous redonner envie de suivre, chaque mois, une série qui n'a pas toujours été passionnante ces dernières années, malgré d'évidentes bonnes idées. Par contre, on a l'impression qu'il faudra aussi faire l'effort de suivre la parution parallèle, FF, pour appréhender pleinement ce qui va se dérouler ensuite. Avec Allred aux dessins, on a vu pire, comme injonction. 


AVENGERS 5 EN KIOSQUE : Le point sur le mensuel des Vengeurs

Respectons la parité. Après avoir pris des nouvelles du mensuel X-Men en kiosque (chez Panini), passons du coté opposé du conflit (AvX) et allons feuilleter Avengers, et ses cinq titres différents. 

Les Vengeurs sont bien surs les têtes d'affiche avec deux titres en ouverture. La série Avengers Assemble propose un choc en apparence déséquilibré, entre le nouveau Zodiaque (une association de criminels dont chacun des membres représente un des signes astrologiques) et les héros les plus puissants de la Terre. Sauf que cette fois, un grand méchant vilain tire les ficelles en coulisses, et a doté les malfaiteurs de pouvoirs redoutables. Du coup même Hulk va devoir s'employer sérieusement pour faire prévaloir sa force. Qui est cette menace de l'ombre? Quand vous allez le savoir, vous allez jubiler, car oui, il est de retour, film au cinéma oblige. Cela dit on peut se poser la question : pourquoi aurait-il besoin de losers comme le Zodiaque? Bendis va devoir nous donner la réponse, tandis que Bagley sort des planches propres et appliquées, mieux encore que lors de sa prestation sur Ultimate Spider-Man, à mon avis. Ensuite la série régulière Avengers, qui s'embarque dans l'aventure AvX. Du moins en apparence, car dans les faits, c'est surtout un flash-back qui oppose les Vengeurs à l'A.I.M (des terroristes technologiques) qui rythme ce récit. Grande et divine surprise, puisque Walter Simonson est de retour sur un titre Marvel. Son coup de crayon est immédiatement reconnaissable, avec ce mouvement qu'il imprime de suite au bouclier de Captain America, par exemple, ou encore ces visages carrés et sculpturaux. Les fans vont être aux anges.

Captain America est à l'honneur puisque deux autres séries le mettant en scène sont au menu. Le nouveau titre de Brubaker fête son 11° numéro avec le début d'un nouvel arc. Dans Douche Froide, nous apprenons que tous les témoins récents (anciens repentis) placés sous la protection du Shield, sont ciblés par une nouvelle incarnation de Scourge, cet exécuteur de sang-froid des criminels. Qui est-il, et pourquoi est-il à nouveau en plein action? Ma foi, ça commence de manière classique, mais ça se laisse lire agréablement. Brubaker connait toutes les ficelles du personnage, et Zircher est à la hauteur de l'ambiance et du ton qui doivent transpirer de ces pages. C'est donc crédible. Ce n'est pas le cas de Captain America and Hawkeye, qui touche le fond de la stupidité. Les deux héros sont aux prises avec des sauriens zombies/symbiotes, avec Sauron en guest-star. J'ai beau me creuser les méninges, je ne vois pas trop à quoi peut servir cette histoire, ni comprendre pourquoi elle a été étalé sur quatre épisodes, alors qu'elle pouvait constituer, au maximum, un bon gros fill-in et rien de plus. Cullen Bunn est déjà en panne sèche d'inspiration, et Alessandro Vitti fait de son mieux pour récupérer le tout avec des dessins de caractère, noirs et grassement encrés.

Bonne pioche pour conclure. Qui l'eut cru, mais ce What If, consacré à un espace-temps hypothétique, qui aurait vu triompher le camp de Norman Osborn, durant le siège d'Asgard, est vraiment superbe. En réalité, on pourrait dire : que se serait-il passé si Sentry avait donné la pleine mesure de ses pouvoirs et de sa folie, et s'il avait vite compris que Osborn l'a manipulé et a fait assassiner sa femme? Tous les héros tombent au champ d'honneur, et plus rien ne semble être en mesure de contrecarrer Sentry. La fin de notre planète, tout simplement? Le 200° numéro de What If est une petite perle cachée, qui vaut vraiment d'être dévorée. Guggenheim assure un travail remarquable, et les dessins de Lucio Parillo, dans une veine proche de ce que peut faire Alex Ross, entre autres, sont réellement réussis. Je n'en attendais rien, et pourtant, c'est ma lecture Vf des Vengeurs la plus agréable de l'automne. 

PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...