SEX #1 : LA REVIEW DU NOUVEAU TITRE DE JOE CASEY

Comment faire de l'audience le dimanche matin, quand on tient un blog? C'est facile : dès le titre de l'article du jour, afficher la couleur, la seule qui puisse vraiment charrier des flots de lecteurs curieux qui autrement ne seraient jamais venus. Le mot magique, SEX. Tout cela est possible grâce à Joe Casey, dont la nouvelle série vient de voir le jour, chez Image. C'est David Meyer qui s'est chargé le premier de le lire, et de vous donner son ressenti. Alors, c'est parti!

D'accord, d'accord, d'accord, d'accord, je vous l'accorde le titre est assez racoleur. Après quelques années pour le moins transparentes, un homme retourne dans la ville dans laquelle il était autrefois une sorte de justicier en collant. Autrefois, puisqu'aujourd'hui Simon Cooke a confié sa panoplie de héros à un cintre, suite à une promesse tenue. Je dois dire qu'en donnant ce titre à la caissière de la boutique, et aux vues des regards que me lançaient les gens, je ne m'attendais absolument pas à lire une histoire de super-héros.
La barrière qui sépare le plagiat de l'inspiration est en soi, assez fine. Le Watchmen du pauvre est scénarisé par Joe Casey et dessiné par Piotr Kowalski, à qui nous devons respectivement un vigilante à la retraite, et un dessin/ découpage/ colorisation old school - n'en déplaisent aux progressistes. Le lettrage est insupportablement illisible, et cette idée de repasser et encadrer certains mots sans aucun lien entre eux, de couleurs sans aucun lien entre elles, infernale. Mais revenons au titre en lui-même, qui ne sort absolument, mais alors absolument pas de nulle part. Je vous dis que le titre ne sort absolument pas de nulle part. La preuve, vous trouverez facilement vers la fin ce que j'appellerai "la scène de sexe pour la scène de sexe" - scène qui ne sort absolument pas de nulle part.
Si vous avez aimé Watchmen, alors vous n'aimerez forcément pas Sex #1. 

    David Meyer



Davis s'amuse à nous tenir sur des charbons ardents avec des allusions qui éveilleront votre curiosité. Sachez que en effet, si vous achetez ce titre pour le mot phare qu'il contient, et bien vous aurez droit à une belle scène hot. Pas hard. Et saphique, en plus, avec deux demoiselles pas farouches, un téton et une fente en gros plan. Le tout en parallèle avec un moment tragique de la vie du protagoniste, qu'il se rejoue intérieurement plutôt que de s'exciter. Bref, Sex, c'est assez énigmatique, pour le moment. 


WOLVERINE #1 : LA REVIEW

Vous connaissez un certain Monsieur Gregson, vous? Forcément, non. C'est juste un modeste agent immobilier, rien de plus. Sauf que d'entrée, notre bonhomme tient Wolverine en joue avec une arme ultra puissante, et qu'il s'est constitué un bon stock d'otages qu'il compte bien descendre froidement, y compris son propre fils, pris dans la mêlée. L'avantage avec notre mutant griffu, c'est qu'il guéri aussi vite qu'on lui fait rôtir le dos, du coup le voilà virtuellement increvable. Gregson contre Wolverine, les chances sont bien minces pour le premier cité, qui va goûter aux griffes acérées de l'ancien Serval. Attention toutefois au fiston. Peut être n'est-il pas la jeune victime innocente que vous pourriez croire, et pourrait-il mettre lui aussi en grande difficulté notre héros bestial. Tout cela, c'est Paul Cornell qui en décide, dans un scénario volontairement voilé (l'identité et le but véritable de la menace est encore tout à découvrir) qui place d'entrée Wolverine dans une de ces situations où on se dit que parfois les auteurs ont font un brin trop avec son pouvoir auto-guérisseur. Une touche d'humour aussi, dans ce grand début, avec un Wolvie tel que Dame nature l'a fait, devant des forces de police médusées, voire intriguées (une belle commissaire ne saurait résister au charme animal de Logan). Il faut aussi évoquer les dessins : c'est du Alan Davis, donc le trait est souple, bondissant, plastiquement bien propre. Wolverine est souvent à terre, arc-bouté, prêt à rugir, comme un homme de sa condition, presque simiesque, se devrait de l'être. C'est du comic-book sans grandes ambitions formelles, juste destiné à procurer un plaisir immédiat, et l'objectif est atteint relativement vite, avec une bonne dose d'action dès les premières cases. Voilà une série qui ne renouvellera en rien les codes du genre, mais qui sait parler au public qu'elle vise, et le flatter dans le sens du poil. Toutes les raisons de croire, donc, qu'elle devrait plutôt bien fonctionner dans les mois à venir. 


MARVEL SELECT : PLANÈTE HULK TOME 1

Le contenu:
Un jour ou l'autre, il fallait bien que cela arrive. Je veux dire : comment régler la question Hulk, quand le géant vert, même s'en forcément le vouloir, détruit un jour San Francisco, le lendemain en découd avec l'armée? La question épineuse a été au centre d'un long débat chez les Illuminati (groupe secret regroupant les plus éminents héros de la Terre) qui ont opté pour une conclusion discutable : l'exil. C'est ainsi qu'ils ont piégé Hulk avec de fausses bonnes intentions, et l'ont placé à bord d'une fusée en direction d'une paisible planète où il pourra se relaxer indéfiniment sans faire de mal à personne. Ce n'est pas du goût de Bruce Banner, d'autant plus qu'un incident survient en vol, et que l'atterrissage ne se fait plus sur l'Eden promis, mais sur un monde guerrier qui ne connaît que le bruit, la fureur et le sang, et où Hulk, d'entrée de jeu, et réduit en esclavage. Certes, à bien y repenser, il est illusoire de croire qu'on peut enchaîner une telle créature, et du reste, assez rapidement, le colosse de jade va se faire des amis, des compagnons d'arme, et soulever une véritable révolution (un Gladiator moderne venu d'outre-espace) qui va le placer sur le trône en compagnie de Caiera, qui va devenir sa reine et son amour de l'autre bout du cosmos. Dit comme ça c'est presque idyllique, et on pourrait penser que Hulk est enfin dans son élément et que la décision discutable des Illuminati lui a changé (en bien) la vie. C'est sans compter sans un drame final... Bienvenue sur la Planète Hulk, où ça castagne jour et nuit!

Notre avis :
Au départ, Planet Hulk ne devait être qu'un story-arc en quatre parties, pensé par Joe Quesada pour relier les aventures du personnage à Civil War. En fait, cela deviendra vite la plus longue saga du personnage, centrée autour de quatorze numéros divisés en quatre volets, et c'est Greg Pack qui va recevoir la patate chaude : mettre en scène ce monde guerrier, Sakaar, sur lequel Hulk va vivre des aventures qui nous rappellent vaguement la Rome Antique et les gladiateurs, sur fond de paysage extra-terrestre. La nouveauté pour le géant vert, c'est que sur Sakaar, d'autres combattants ont une force similaire, et qu'il peut enfin donner libre cours à toute la rage qu'il a combattu des années durant. Au contraire, c'est seulement en laissant exploser son vrai potentiel qu'il pourra survivre et gravir les échelons sociaux, au point de devoir déterminer son avenir, sa voie. Il y a de tout là-dedans : des homme-insectes, des robots, de la violence, des monstres, des vaisseaux spatiaux, une nature alien, bref, un vrai condensé d'aventure qui prend le lecteur par la main, et le guide à travers tout un macrocosme novateur et parfois déroutant, pour qui est habitué aux aventures plus classiques de Hulk. Mais c'est indiscutablement une réussite sur la longueur, un de ces récits qui marquent leur temps et que les passionnés du personnage ne peuvent pas ne pas avoir lu. D'autant plus que la conclusion explique ce qui va se dérouler ensuite dans World War Hulk, un grand event Marvel beaucoup moins convaincant. Pour les dessins, la prestation de Carlo Pagulayan, un philippin alors à son premier grand succès pour Marvel, est relativement bonne, avec une belle galerie de héros et guerriers saisissants et touchants, tous bien mis en scène, avec une lisibilité notable et une attention certaine à l'expression des sentiments des différents intervenants. Pensez juste à lire auparavant le Marvel Icons HS 5 qui présente l'exil de Hulk dans l'espace, et puis jetez vous sur cet album (tome 1, attention, il y en aura un second) qui fut autrefois publié dans le format Marvel Monster, sur du papier de qualité bien médiocre. 



SKOTTIE YOUNG ET LA MODE DES COVERS BABIES

Skottie Young est en passe de devenir un grand spécialiste. Il a trouvé le bon filon, et l'exploite à son maximum. En fait, il convient de rectifier : c'est aussi Marvel qui l'utilise à ces fins, et donc Skottie s'exécute, pour le plus grand bien de son compte en banque. Soyons honnêtes, pour ce qui me concerne : la plupart du temps je trouve ses covers très réussies, drôles, et je les accueille à bras ouverts. Certes, si dans un an ou deux il en est toujours à nous inonder de couvertures de la sorte, je finirai par tiquer et me demander si un renouvellement n'est pas salutaire, mais pour le moment, rien ne nous empêche d'en profiter. Une belle série des covers baby pour Marvel Now, voilà le petit cadeau de ce jeudi. Au passage merci à tous ceux qui en parallèle à ce blog sont aussi présents chaque jour sur la page Facebook. Plus de 600 membres cette semaine, ça fait très plaisir. Bonne journée!




























BLACK SUMMER (DE WARREN ELLIS ET J.J.RYP)

Si vous avez aimé Watchmen, alors vous aimerez forcément Black Summer de Warren Ellis. Ce n’est pas moi qui l’affirme, c’est juste l’argument de vente un peu simpliste que nous assène la dernière de couverture de cet album aux éditions Milady. Bon, ça n’est pas très adroit et intelligent, mais force est de constater que les points de contact entre les deux œuvres existent, ne serait-ce que dans la présence d’un groupe de super humains en pré retraite, qui va devoir reprendre du service pour remédier aux tendances mégalomaniaques de l’un d’entre eux. Mais aussi dans la représentation d’une Amérique corrompue et qui abuse de sa position dominante (Ellis truffe son travail de flèches à l’encontre de la guerre en Irak, ce qui est juste, mais pas toujours délicat) et qui sombre inéluctablement dans le chaos provoqué par ces êtres aux pouvoirs sortant de l’ordinaire. Tout commence à cause d’un certain John Horus, dont les capacités semblent aussi floues que surpuissantes. Il se présente en conférence de presse dans un splendide uniforme blanc rutilant, maculé de sang des pieds à la tête : c’est qu’il vient à peine de trucider le président américain et ses proches adjoints, instaurant ainsi un nouvel ordre, celui de la fin de ce qu’il juge être une dictature à peine voilée, et de la reprise en main du pays par ses simples citoyens. Rien de tel pour plonger la nation dans l’anarchie, s’aliéner militaires et services secrets, et contraindre ses anciens coéquipiers méta humains à reprendre du service. Le groupe des sept armes a de nouveau du pain sur la planche : arrêter le plus fort d’entre eux, qui est devenu juge, jury et exécuteur de tout ce et ceux qui ne lui conviennent pas.



Mais les « sept armes » sont loin d’être fringuantes. Le temps a fait son effet, les organismes sont rouillés et les esprits embrumés, comme par exemple celui de Tom Noir, stratège en chef, relié au niveau du cortex cérébral à toute l’activité informatique de la planète. Veuf inconsolable après la perte de sa bien aimée au combat, il a trouvé une piètre alternative dans l’alcool et l’apathie, et vivote tel un paumé dans son appart miteux, en bon infirme dépressif (il a perdu une jambe là où sa fiancée perdit la vie). Le coup de force de John Horus et le retour dans son existence d’un ancien allié qu’il pensait –à tort- décédé, et qui tente de l’éliminer, va le contraindre à cesser de se morfondre, et affronter une réalité extérieure sévèrement partie en vrille. Angel, Kathy, Dominic, Arthemis, ses coéquipier(e)s eux aussi «augmentés» (par ce terme Ellis entend dire que leurs capacités ont été développées scientifiquement grâce à des implants cybernétiques) se retrouvent donc les mains dans le pétrin, pourchassés par tout ce qui représente la loi, et censés mettre la main sur Horus pour obtenir des explications et en finir avec cette folie ambiante. Bien sur, il est presque blasphématoire de vouloir vraiment tenter une comparaison entre un monument comme Watchmen et Black Summer, ne serait ce que dans l’ambition du discours, la lente et passionnante mise en forme qui se permet de musarder dans le premier cité, et de passer d’une mise en abyme à l’autre en faisant exploser les canons du genre super-héroïque. La bd d’Ellis est en ce sens une version light et bien plus mainstream, un divertissement qui s’assume et n’affiche pas d’aussi hautes ambitions politiques ou sociales. Mais elle est efficace et superbement mise en images par un Juan Jose Ryp au trait très fouillé, qui n’est pas sans évoquer par moments un Cassaday plus minutieux, et il excelle dans les nombreuses scènes chocs d’explosion ou de libération impromptue de la violence. Si la fin du volume semble trop abrupte et si on s’attendait à bien plus de développement et de pathos pour ce qui est de la conclusion, la première moitié est elle menée de main de maître, sans temps mort, et bénéficie aussi de dialogues pétillants qui aide à se prendre facilement au jeu. Osez aller au-delà de la comparaison marketing avec Watchmen et prenez cet été noir pour ce qu’il est, il est probable que vous allez passer un bon moment à la lecture de cet ouvrage qui n’a pas à rougir devant ses pairs. D'ailleurs un grand nombre d'entre vous a déjà du se laisser séduire, non?


UN GREEN LANTERN NE CONNAIT PAS LA PEUR (OU PEUT-ETRE JUSTE UN PEU)

Hal Jordan a été choisi pour devenir le membre le plus éminent du corps des Green Lanterns, car il serait sans peur. En gros, comme Daredevil, quoi. Bien sur, cela reste à voir. Hal a t-il vraiment su refouler et dominer ses peurs les plus profondes, ou bien c'est seulement de l'intox, et il a lui aussi ses craintes, comme vous et moi? Voyons cela de plus près.
C'est dans Showcase 22 que Abin Sur transmet l'anneau à Hal Jordan, avec un motif clairement exprimé : "you are born without fear", tu es né sans peur!



Ceci jusqu'à Action Comics Weekly 614. Là, Peter David décide d'explorer un peu ce concept fumeux d'homme sans peur, et oppose à Hal Jordan un individu capable de jouer avec ses émotions. La jalousie, la rage, la haine, la culpabilité, Jordan est sensible et tombe sous l'effet du pouvoir de son ennemi. Mais au moment de ressentir la peur, rien de rien. Hal est vraiment without fear




Hal est curieux, et il souhaite en savoir plus lui même. alors il demande à son anneau si vraiment il est totalement exempt de la plus minime trace de peur. Bien sur, répond l'anneau, puisque lorsque Abin Sur a cherché un successeur sans peur, il a pris soin de modifier la psyché du nouveau candidat, pour obtenir le cobaye parfait. Quoi! Hal Jordan lobotomisé, ou tout du moins "cérébralement retouché"! En voilà un scoop!





Pourtant, une telle histoire, avec un tel potentiel, va vite passer à la trappe, et assez rapidement, James Owsley, dans Secret Origins 36, va représenter une rencontre plus conventionnelle et standardisée entre Abin Sur et Hal Jordan, qui nous renvoie au mythe de l'aviateur courageux et qui dompte sa peur tout seul.




D'ailleurs, dans la mini série Emerald Dawn, la donne est simplement modifiée. Hal n'est plus un homme sans peur (with no fear) mais un homme qui dépasse la peur (overcome fear). Distingo d'importance.




Mais durant la récente Guerre du Corps de Sinestro, Hal Jordan en remet une couche, tout en corrigeant son ancien ami : un Green Lantern ne connaît pas la peur. Tiens, prends-ça dans les gencives.

Sauf que non... Dans Secret Origin du même Johns (Green Lantern 30), le terme "overcome" fear revient. Il s'agit donc bien de la dépasser, ma maîtriser, ce qui veut dire, au fond, la reconnaître, la posséder au fond de soi. Alors Hal, avec ou sans peur, dis-donc? 

PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...