DCEASED : LA CONTAMINATION DE L'UNIVERS DC

DC Comics aurait donc l'intention de nous vendre ce qui ressemble furieusement à sa propre version de Marvel Zombies?  Et bien non, l'histoire est réellement différente et ne correspond pas à ce que nous pouvions redouter. En ces temps de coronavirus et de panique générale largement infodée, voilà à quoi ressemble réellement une pandémie meurtrière, une fin du monde annoncée. Pas de remède, vous êtes perdus.
Le virus qui se propage dans ces pages utilise un chemin bien particulier, puisque c'est à travers Internet, les réseaux sociaux, les écrans digitaux, que la contamination va suivre son cours. Sans vouloir vous gâcher la surprise, disons qu'on retrouve Darkseid à la base de tout; lui et son idée fixe de s'emparer un jour de l'équation d'anti vie. Bien malgré lui Cyborg est également de la partie, et porte sa part de responsabilité. Les grands débuts de l'album sont surtout centrés autour de Batman et de Superman, les héros les plus charismatiques de l'univers DC, qui sont déjà bien désemparés et ne savent pas trop quoi faire, face au péril qui s'abat sur le monde. Il y a même des scènes bien gore dans la Batcave, tandis que Superman fait tout son possible pour arriver à la rescousse de sa famille. 
Tom Taylor a reçu une mission très simple, à savoir faire une mini série 100 % entertainment, et tant pis si jamais le scénario est en soit assez mince. L'idée d'une propagation d'un virus par Internet recoupe d'ailleurs un peu ce qu'il avait déjà essayé dans Superior Iron Man, lorsque Tony Stark permettait à tout le monde de devenir une sorte de créature parfaite, l'antithèse du zombie donc, en acquérant une application de son cru. Ici un des attraits indéniables sera de voir la manière dont tout va partir en sucette, d'assister à des scènes bien sanglantes, de voir les héros défaits, appelés à connaître une fin inéluctable. Accrochez-vous!

Dceased est sans pitié. On n'a pas le temps de trop s'arrêter sur ce que ressentent les personnages, sauf quand tout est joué et que le désespoir gagne la partie. Les moments de violence pure ne manquent pas, et Batman est très vite concerné au plus haut point, sans parler de ce qui se passe sous les mers, avec Aquaman. Et reste une évidence : si Superman se préoccupe de sauver les siens, comme Lois et son fils, qu'en sera t-il de lui, et du monde, s'il est à son tour infecté?
C'est loin d'être mauvais, et si jamais on se contente du premier degré et du plaisir immédiat, il est clair que DCeased a de quoi séduire beaucoup de monde. Là où le bât blesse c'est qu'on a tout de même cet arrière-goût de produit calibré pour faire monter les enchères de l'horreur et du catastrophisme. En plus tout ça c'est de la rigolarde, comparé à l'affreux coronavirus et la panique qui y est liée (on signale des zombies à Paris?). Au dessin Trevor Hairsine (et Stefano Gaudiano) et James Harren sont maîtres à bord, et cela risque de ne pas forcément plaire à tout le monde, car les visage et les corps ne sont pas toujours aussi gracieux qu'un style réaliste et léché à la Jim Lee pourrait par exemple produire. Mais ils ont ce côté roots et bien nerveux, qui s'adapte au type d'histoire, et renforce le côté sinistre qui rode. Au final ce Dceased ne vole personne et fait son job, tant qu'on sait ce vers quoi on se dirige en achetant cet album. 



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LE PODCAST "LE BULLEUR PRÉSENTE : MARY JANE

Mary Jane Kelly. L'album de la semaine présenté par le podcast "Le bulleur" nous démontre qu'on peut être l'héroïne du histoire et en être deux fois la victime. A tout juste 19 ans, la jolie Mary Jane débarque dans la ville de Londres de la fin du 19e siècle... vous l'avez compris, c'est la période durant laquelle un certain Jack l'éventreur fait des siennes; oui mais voilà, le danger le plus grand pour une jolie jeune fille pauvre en détresse et acculée à la misère, ce n'est pas forcément de rencontrer la lame de l'assassin, mais c'est tout simplement de sombrer dans l'indigence la plus totale, de dépendre des autres, au point de se faire exploiter et de sombrer dans la prostitution. C'est tout ceci que raconte cet album qui met donc en avant à un parcours, une destinée, dont le côté tragique n'est même pas forcément celui que l'on pourrait deviner au départ. Frank Le Gall et Damien Cuvillier sont aux manettes de ce récit, superbement illustré, avec de belles planches cotonneuses et en demie teinte, splendides. Le podcast "Le bulleur" nous présente donc cette très intéressante bande dessinée, avec comme à chaque fois en cadeau bonus l'actualité du neuvième art... à écouter pas plus tard que tout de suite grâce au lien ci-dessous.





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BIRDS OF PREY : LE FABULEUX NANARD AVEC HARLEY QUINN

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on a pris notre temps avant de vous livrer une opinion, forcément tranchée, sur ce Birds of Prey : la fabuleuse histoire de Harley Queen. Plusieurs motifs à cela, avec entre autres le peu d'attrait pour un long métrage annoncé par un trailer désastreux, ou encore les premiers retours assassins d'une certaine presse dont nous avons tendance à nous fier. Certes, il y a aussi tous ces bloggeurs et influenceurs régulièrement invités aux avant-premières, qui pour un gadget, une figurine, et la promesse d'être là pour d'autres moments bien plus exaltants (The Batman, par exemple) ont joué la montre, défendu l'indéfendable, trouvé une série d'excuses pour ce qui apparaît être un nanard colossal. Car oui, après être sorti de la salle, il ne me restait plus que l'évidence, celle d'avoir immolé six euros (Dieu merci je bénéficie d'un tarif sympathique) sur l'autel de la grande cause des comics, en sachant pertinnement que tout ceci est en pure perte.
Harley Quinn, donc, qui vient d'être lâchée par son petit ami, le Joker. Premier gros malentendu. Le Joker on vient de le voir au cinéma, et ce fut une claque pour beaucoup de monde, un Oscar pour l'acteur du rôle, un grand film intelligent et exigeant, qui tourne le dos à la pochade super-héroïque trop souvent offerte au grand public. On imagine mal que ce Joker là soit l'amant de cette pimbêche pétasse en mini short, qui tente d'oublier son cheri en ingurgitant les pires cochonneries devant la télévision, et en cherchant des noises aux mauvaises personnes. Pour le cinéphile averti, c'est improbable, et perdu d'avance. Là où ça passe, c'est pour ce public qui souhaite avant tout "un film décomplexé et jubilatoire" comme si il était impossible de faire quelque chose de décomplexé et de jubilatoire, sans prendre la cible visée pour un ramassis d'ados passifs à gaver comme autant d'oies crédules. James Gunn et les Gardiens de la Galaxie ont prouvé le contraire, mais on parle là d'un type qui a une vraie vision du divertissement pour tous, qui s'insère de surcroît dans un univers partagé inoffensif et lisse, mais qui s'y connaît en story-telling et en savoir faire. Ici c'est du grand n'importe quoi, avec un découpage cahotique, des effets de manche au montage omniprésents et inutiles, un long métrage agité du bocal qui saute dans tous les sens pour faire oublier qu'il n'a pas grand chose à dire, quand le calme reprend ses droits, par brefs instants. 


Les Birds of Prey, c'est à dire les oiseaux de proie, ce sont Harley Quinn, mais aussi Renée Montoya, de la police de Gotham (alcoolique, en odeur de déchéance), Dinah Lance (Black Canary, et ses pouvoirs soniques qu'elle utilisera...une seule fois de tout le film), Helena Bertinelli (Huntress, absolument aucun charisme), et une petite voleuse de passage (censée être Cassandra Cain. Juste "censée"...) qui sert à insuffler un peu d'humour à l'ensemble, et à donner le ton, avec le vol d'un diamant hors de prix, puisque possédant en son sein les coordonnées nécessaires pour accéder au trésor incommensurable de la famille mafieuse décimée des Bertinelli (oui, un carnage à la base de la vocation de cette Huntress dont personne ne connaît le nom de code, un des running gags de la seconde moitié du long métrage). Le grand méchant, car il y en a un, c'est Ewan McGregor, grimé en une sorte de Bono Vox effiminé sous cocaïne, pour le pire cabotin de l'histoire des super-héros : Black Mask, qui est encore plus ridicule quand il l'enfile, son masque! En fait, presque tout tourne autour de Margot Robbie. Les Birds of Prey, c'est avant tout le parcours d'une vilaine pas si vilaine, d'une dingue qui a encore un fond de coeur et de compassion, ce qui tranche assez avec ce qu'on serait en droit d'attendre de celle qui a partagé les méfaits d'un nihiliste dangereux comme le Joker. Ah les femmes, et leurs coeurs d'artichaut, elles en font parfois des bétises, mais elles savent se racheter, et puis c'est l'ère du féminisme badass, et Harley Quinn fait plus recette quand elle est présentée comme le pendant DC et sexualisé de Deadpool, que lorsqu'elle rêve de meurtre de masse avec son chéri grimé. Comme si ça ne suffisait pas, l'ensemble est lourdement surligné par la voix of de Margot, qui nous explique dans le détail ce qu'on avait déjà compris, ou ce que la réalisatrice Cathy Yan a eu la paresse de présenter autrement. C'est ainsi que nous découvrons les Birds of Prey, par exemple (mention spéciale pour Huntress, qui tombe carrément à plat) ou que nous faisons la jonction entre les raccords temporels qui emberlificotent l'histoire. Le final enterine définitivement l'idée qu'est née une équipe, une association au féminin, mais franchement, à ce stade, le spectateur en a assez et il lorgne sur la sortie depuis déjà de longues minutes, et la pensée d'une suite, avec ou sans Harley Quinn (sans, ça serait carrément du suicide insensé) est loin de faire saliver, plutôt en mesure de ficher la nausée. Bref, les "Oiseaux de proie" nous prennent un peu pour des pigeons. 



Assez plaisanté, préférez lire les comics. Une idée :


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SILVER SURFER BLACK : LA NOIRCEUR ET LA REDEMPTION SELON DONNY CATES

Le scénariste qui a pris le plus de galon ces deux dernières années chez Marvel? Ne cherchez pas, la place est occupée par Donny Cates, qui a replasmé à sa manière l'univers cosmique local, ainsi que le personnage de Venom, tout en tissant des liens évidents entre ses créations, pour une sorte de Catesverse qui séduit le plus grand nombre de lecteurs. Preuve en est une fois de plus, avec le bon vieux Surfeur d'Argent.
Silver Surfer Black est une mini série en cinq volets réalisée en la compagnie de Tradd Moore, déjà repéré sur la trilogie de Luther Strod ou sur les pages de Ghost Rider. Elle prend son essor suite aux événements survenus quelques jours auparavant dans Guardians of the Galaxy. Dans le premier numéro des Gardiens de Cates, après avoir découvert le testament de Thanos devant certaines des figures les plus puissantes de l'univers Marvel, nous avons en outre assisté à l'embuscade de l'Ordre Noir pour récupérer les restes de leurs cinglé de modèle. L'attaque surprise des adeptes de Thanos provoque l'ouverture d'un trou noir à l'intérieur duquel Norrin Radd, Beta Ray Bill et d'autres personnages du cosmos Marvel sont aspirés. Dans les toutes premières pages Cates nous montre comment le héraut de Galactus utilise sa puissance cosmique pour pouvoir sauver les autres héros aspirés par le trou spatio-temporel, leur sauvant la vie, mais restant piégé à l'intérieur. Dans la solitude de l'oubli infini, le surfeur épuisé tombe, s'enfonçant de plus en plus profondément dans l'obscurité froide et insondable. Après des années de solitude, perdue dans l'obscurité, une lumière soudaine capte le regard de Norrin Radd, disparaissant cependant en quelques instants, englobée par une force obscure, avant que le héros ne puisse l'atteindre. S'appuyant sur le peu de pouvoir cosmique lui restant, le Silver Surfer, droit sur sa planche, parvient au point ultime où la lumière est apparue, pour clarifier ce qui s'est passé et trouver un moyen d'échapper au vide dans lequel il est aspiré. Ainsi commençe un nouveau voyage du Surfeur le plus mélancolique des comics, un voyage d'espoir et de rédemption aux confins de la galaxie, qui poussera le héros cosmique à réfléchir sur son histoire, son oeuvre et, avant tout, sur la nature de son être.

Cates le rappelle dès l'ouverture, ce Surfer là est un héros, mais il est tourmenté, et son âme doit portrer le lourd poids des exactions de Galactus, qui s'est baffré de planètes entières, ingurgitant des civilisations, sans que son "éclaireur" ne lève le petit doigt pour l'en empêcher. Cates met en scène la tristesse et la solitude et nous montre comment cela peut mettre en cause la nature même d'un héros comme le Surfer, dont les ans qui passsent font place à l'acceptation et au changement, après la torture mentale des débuts. Le personnage remonte le temps, se retrouve sur la planète des symbiotes, qui est en fait une cage pour Knull, leur dieu tout puissant, et entame un parcours qui s'attaque à son pouvoir, et le rapproche aussi de l'obscurité... Conçu comme une lettre d'amour et un hommage à son créateur Stan Lee juste après sa mort soudaine à l'automne 2018, le voyage du héros argenté pour échapper à la noirceur qui le dévore devient une allégorie du replis intime à la recherche de soi-même. Dans le contexte d'une odyssée cosmique délirante, l'enfant prodige de la Maison des idées est couvert de louanges, une fois de plus, pour avoir réussi à insérer une autre pièce dans la grande mosaïque qu'il a construite, élargissant sa cosmographie personnelle et ajoutant des éléments à sa mythologie. Avec lui, Tradd Moore réalise de petit prodiges graphiques de mise en page, avec une interprétation très personnelle des tourments métaphysiques du protagoniste, qui rejaillissent de manière très symbolique et délirante dans des dessins qui s'affranchissent de toute réalité objective, et explosent d'inventivité. Certes, les amoureux du "Marvel Style "des premiers temps pourront être déconcertés, voire scandalisés, mais dans le cas du Silver Surfer, et de sa dualité intérieure, on peut pleinement justifier ces libertés artistiques, bien plus audacieuses que nombre de planches "sages" d'artistes classiques du moment. Une expérience à tenter, assurément. 


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LA VISION UN PEU MOINS QU'UN HOMME : LE CHEF D'OEUVRE DE TOM KING

Retour chez Panini, dans un bel album complet, de la maxi série de Tom King, qui a su plaire au plus grand nombre, et concilier exigence artistique réelle. Vite, on s'y replonge.
La Vision n'est pas fait(e) de chair et de sang. Ce n'est pas non plus une simple créature mécanique, plutôt un synthézoïde, c'est à dire un androïde dotés de circuits cybernétiques si complexes qu'il semble être aussi humain que vous et moi, en certaines occasions. D'ailleurs au long de sa carrière, la Vision a connu l'amour et le mariage avec Wanda Maximoff, puis est devenu père de deux enfants. Hélas, les choses ont vite dégénéré (il serait trop long de tout vous expliquer ici) et le voici à nouveau sur le chemin de la maîtrise totale des émotions, à travers une expérience paradoxale : s'installer dans une petite bourgade paisible de Virginie, pour y vivre avec sa famille. Car oui, l'Avenger est désormais en couple, avec deux nouveaux jumeaux pour progéniture. Tous les quatre sont des synthézoïdes, les deux petits des croisements des schémas cérébraux de papa/maman, encore en développement, comme de vrais adolescents. Un mystérieux narrateur annonce d'emblée l'arrivée de personnages sur la scène, et leur mort tragique dans les flammes, alors que l'ambiance paisible et caricaturale de la petite maisonnette, avec jardin et american way of life rassurante, s'oppose totalement à la prophétie énoncée, celle de la fin des Avengers et même de notre monde, au terme de cette aventure! La Vision a sauvé la planète environ 37 fois, comme cela sera énuméré dans un épisode, mais pourra t-il sauver sa propre famille, Virginia, Viv et Vin, lorsque les événements tragiques vont commencer à se succèder, comme un terrible effet domino? Tout commence lorsque le Moissonneur rend visite à l'épouse synthézoïde et la menace, ainsi que ses enfants. Il s'agit là du frère de Simon Williams, dont les schémas cérébraux ont été employés pour bâtir la personnalité de Vision. Le vilain ressent une haine viscérale, et souhaite faire disparaître ces aberrations de la nature, mais il n'est pas de taille, bien qu'en mesure de produire des dégâts notables, comme envoyer la petite Viv sur la touche, en salle de réparation intense. Illusions, incertitudes, logique et illogisme, c'est autour de ces concepts que la vie quotidienne est rythmée au foyer, avec les discussions des époux synthétiques, et les micro-événements de tous les jours, de la visite de courtoisies entre voisins méfiants, à l'adaptation des "enfants" dans un milieu scolaire inadapté.

Une évidence s'impose : cet album ne ressemble en rien à aucune autre parution super-héroïque de ces dernières années. Ici la Vision est au centre d'un récit qui parle certes de meurtre, mais surtout des petits mensonges qui sont les fondations du bonheur, du besoin de cacher tout ou partie de la réalité pour ne pas souffrir, du sentiment d'aliénation que le quotidien des résidences pavillonaires américaines finit par exercer sur ces familles, prises au piège de la recherche de la perfection apparente. C'est à dire proposer une image lisse et respectable pour l'extérieur, quitte à ce que lorsque la porte se ferme, les choses soient bien différentes au foyer. Tom King sépare subtilement la trame en trois pistes distinctes. Les errances de la femme de Vision, qui ne se contrôle pas et se laisse gagner par les émotions (même synthétiques) et doit en payer le prix, remords compris. Le mari super-héros, qui pour vivre pleinement cette nouvelle expérience opte pour des choix sans retours, et les enfants, qui se heurtent à une adolescence compliquée, où les interrogations restent la plupart du temps sans réponse précise. En prime, la référence littéraire constante dans cet album est le Marchand de Venise, de William Shakespeare, qui interroge le sens et l'existence du sentiment de vengeance, et de l'amour si absolu qu'il engendre forcément le sacrifice. Nous sautons allégrement des considérations philosophiques à la science-fiction chère à Isaac Asimov, tout en gardant le format et les automatismes d'un comic-book, et si je peux me permettre, d'un extraordinaire comic-book.
Si ce thriller fonctionne aussi bien, c'est grâce à Gabriel Hernandez Walta, dont le style épuré et immédiat cherche avant tout à capter l'essence des émotions sans surcharger ses planches, et les couleurs toujours pertinentes de Jordie Bellaire, qui assombrit le propos et parvient à miner la sécurité du foyer par le simple jeu des teintes choisies, qui évoluent au fil des pages. Indispensable, ça va sans dire. 


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LE PODCAST LE BULLEUR PRESENTE : SACRÉES SORCIÈRES

Dans le monde de la bande-dessinée française, Pénélope Bagieu a gagné ses galons de générale. On la retrouve dans un format moyen en couleurs, en ce début d'année, avec Sacrées Sorcières, adapté (librement) d'un livre de Roald Dahl. Les sorcières sont ici d'apparence normale, pas de vieilles mégères sur un balai, les crocs acérés. Ce sont des femmes comme les autres, qui prétendent en plus faire partie d'une association pour la défense des enfants, ce qui est la planque idéale pour en réalité mettre au point un plan maléfique. Face à elles se dresse un petit garçon de huit ans qui vient de perdre ses parents, et sa grand-mère, qui lui a tout révélé sur comment reconnaître les sorcières qui se dissimulent sous l'apparence de femmes normales, ces petits détails qui les trahissent. Et qui vont en effet les trahir!
Pénélope Bagieu propose ainsi sa version (expurgée, retravaillée, adaptée avec clairvoyance) de ce qu'elle considère comme un de ses premiers vrais chocs littéraires. C'est publié chez Gallimard et comme chaque samedi, c'est encore le podcast Le Bulleur qui vous en parlera le mieux. Nous relayons depuis quelques semaines les épisodes hebdomadaires de ce très bon podcast, et je vous encourage à y jeter une oreille au plus vite, en commençant par Sacrées Sorcières, ce samedi!





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NOMEN OMEN TOME 1 : TOTAL ECLIPSE OF THE HEART

Nomen Omen, Total Eclipse Of The Heart, raconte l'histoire de Becky, une jeune fille de 21 ans vivant à Manhattan, atteinte d'achromatopsie, où l'incapacité totale de percevoir les couleurs. En vérité, la chose ne semble pas avoir une grande influence sur la protagoniste qui poste toujours sur son profil Instagram, et rencontre en outre un bon succès avec ses photos originales.
Mais Becky vient de subir un événement particulièrement traumatisant, un accident de la route, qui a entraîné la mort de sa meilleure amie qui était aussi probablement quelque chose de plus. Malgré les efforts de ses amis les plus proches et de ses "deux mères" (belle vision de la famille "moderne" insérée par l'auteur), les célébrations de l'anniversaire de notre protagoniste n'ont pas les effets escomptés et pendant la soirée a lieu un premier événement incroyable: Becky commence à avoir des visions impromptues, de plus en plus réelles et plausibles, mais la dernière, la plus menaçante, semble être quelque chose de plus angoissant qu'un simple rêve. Un homme, peut-être un démon, lui arrache le cœur après l'avoir capturée, et l'emporte avec lui, affirmant l'avoir recherchée depuis si longtemps. Un  rêve, vous avez dit? 
A son réveil, Becky est encore plus confuse et perturbée qu'auparavant. Au terme de la soirée cependant, ses amis vivront une expérience tout aussi incroyable: ils assisteront à l'affrontement, dans les rues de New York, entre des êtres surnaturels qui ont certes l'apparence d'hommes, de garçons ou de filles, mais dotés de pouvoirs ...

Ces créatures sont des légendes, des êtres magiques d'une autre dimension que nous connaissons d'une manière ou d'une autre à travers les histoires et les mythes, transmis de génération en génération par la littérature notamment, mais qui existent réellement.
Bon, voilà pour le pitch dans les grandes lignes. D'entrée de jeu Nomen Omen submerge presque le lecteur d'informations, de coups de théâtre, de pistes possibles. Cette lecture se veut très moderne, dense, et fonctionne en oignon, tant il y a à dire et à révéler. Un soupçon de Neil Gaiman, une poudrée de Fables, et un glaçage à base de fantasy et de magie, et vous obtenez une oeuvre qui voudrait parler des histoires, des mythes fondateurs, du processus artistique même, et de la création de la vie. La meilleure chose selon nous, c'est le dessin de Jacopo Camagni, très réussi, qui est capable de conjuguer le meilleur des comics américains avec un trait qui se plait à verser dans le manga dans nombre de vignettes. Tout ceci vit et explose, avec aussi le choix intelligent de produire de belles pages en noir et blanc quand l'handicap de la protagoniste l'exige. On a toutefois un peu de mal avec le choix du scénariste, Marco Bucci, de privilégier la quantité d'informations transmises aux lecteurs, et la tentation de densifirer d'emblée un univers complexe et stratifié, au détriment de la lisibilité et de la fluidité narrative. Nomen Omen veut en dire beaucoup mais dans la précipitation, et sans avoir structuré clairement son argumentation. C'est du haut niveau, de l'ambitieux, mais avec un arrière goût brouillon qui gâche un peu la fête. C'est le premier tome, sur trois au total, et Panini le propose au prix découverte de dix euros.



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JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path ( la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu...