The Pro, c'est irrévérencieux au point extrême, et en plus, c'est bien construit, fort drôle, et simple à lire. Une récréation addictive, qui met à mal le mythe de ces héros sans peur et sans désir, dont les corps rutilants exultent sous le spandex et le cuir sans jamais se dénuder et se rencontrer. Avec Ennis, le sexe compulsif et ses méandres guident les actes et les choix de ces héros mis en image par Amanda Conner. Un style relâché, immédiat, qui ne cherche pas à donner dans le réalisme, mais dans le pastiche gore et assumé. Jimmy Palmiotti à l'encrage est lui aussi de la partie, pour un comic-book haut en couleurs, dans tous les sens du terme, qui ne connait pas l'existence du temps mort ou de la retenue. Indiscutablement une des créations les plus folles de Garth Ennis, qui ne se contente pas non plus d'empiler les scènes provocatrices, mais tentent aussi de glisser par endroits une pensée plus approfondie, comme par exemple l'incapacité des héros à résoudre les vrais problèmes du monde, comme s'ils préféraient parader et faire perdurer leurs petits jeux de pouvoirs, plutôt que de vraiment se rendre utiles à une société, une communauté, où l'homme (et ici la femme) en difficulté ne peut plus compter que sur lui/elle même. On sait que Garth Ennis, de base, n'est pas un grand amateur de super-héros, et cette version parodique est encore un moyen de prendre du recul et de démythifier des êtres forts comme des dieux, mais fragiles comme n'importe lequel d'entre nous. En germe donc, on trouve dans cette histoire le côté désabusé et même prévenu, à l'encontre de super-héros un peu moins reluisants dans l'intimité qu'en public. Au moins, "La Pro" a beaucoup moins à cacher, et aucun récit moralisateur a défendre. Pour les retardataires qui ne connaissent pas encore cet album, une nouvelle édition vient de sortir chez Akileos. Une bonne idée d'investissement, y compris à offrir.
THE PRO : RETOUR CHEZ AKILEOS D'UNE HÉROINE BIEN PARTICULIÈRE
BATMAN ONE DARK KNIGHT : JOCK DANS LA NUIT DE GOTHAM
UNIVERSCOMICS LE MAG' 29 : BLACK PANTHER LES COMICS AU WAKANDA
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LA DERNIÈRE REINE
Dans le 138e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente La dernière reine, album que l’on doit à Jean-Marc Rochette, édité chez Casterman. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie de la seconde partie de Vernon Subutex, l’adaptation du roman de Virginie Despentes par Luz, un album sorti chez Albin Michel
- La sortie de l’album Le ciel pour conquête que l’on doit à Yudori et aux éditions Delcourt
- La sortie de l’album Vénus à son miroir que l’on doit au scénario de Jean-Luc Cornette, au dessin de Mattéo et c’est édité chez Futuropolis
- La sortie de l’album Le match de la mort que l’on doit à Pepe Gálvez au scénario, Guillem Esriche au dessin et c’est édité chez Les arènes BD
- La sortie de l’album Une romance anglaise que l’on doit au scénario de Jean-Luc Fromental, au dessin de Miles Hyman et c’est édité chez Dupuis dans la collection Aire libre
- La réédition du Dracula de Georges Bess qui adapte ici le roman de Bram Stocker dans un ouvrage disponible aux éditions Glénat.
INFERNO : JONATHAN HICKMAN BOUCLE SES VALISES
PRIMORDIAL : L'ODYSSÉE DES ANIMAUX DANS L'ESPACE DE LEMIRE ET SORRENTINO
Au milieu de tant de documents inutiles, Pembrook trouve quelque chose qui retient son attention : c'est une disquette. Un enregistrement des signes vitaux des singes qui ont été envoyés dans l'espace. Le gouvernement américain a signalé à l'époque que les deux animaux étaient morts peu de temps après le lancement. Clairement, Pembrook n'est pas d'accord avec ce qu'il découvre : selon ces relevés scientifiques, les singes étaient encore vivants lorsque le vaisseau est entré en orbite. Le chercheur décide de passer quelques appels pour rapporter ce qu'il a découvert, mais ces coups de fil, loin de résoudre quoi que ce soit, ne font que soulever encore plus de questions. Le lendemain, alors que Pembrook se trouve devant l'immeuble où il travaille, un homme à l'allure mystérieuse s'approche de lui et lui demande de monter dans une voiture… un enlèvement en bonne et due forme, qui va l'amener à rencontrer une ancienne collaboratrice russe du projet Laika, qui s'était alors occupée avec amour de la malheureuse chienne perdue dans l'espace. Tous les deux vont devenir des cibles, car même s'ils en savent peu, c'est déjà beaucoup trop pour les services secrets et leurs objectifs de discrétion absolue. Pendant ce temps-là, le lecteur ébahi se rend compte que nos trois animaux sont bel et bien vivants, qu'ils ont acquis une forme de conscience inédite, qui leur permet de communiquer, et qu'ils cherchent le moyen de… rentrer sur Terre! Avec des influences assumées (au niveau de l'esthétique) comme 2001 : l'Odyssée de l'espace, Lemire et Sorrentino nous conduisent par la main à travers une œuvre de grande et de petite envergure à la fois. Il y a de grands concepts, des idées qui pourraient bien passer au dessus de la tête de pas mal de lecteurs, qui jouent avec notre compréhension de l'espace et du temps. Mais rien ne se superpose jamais à ce qui fait vraiment évoluer l'intrigue : son noyau émotionnel. Quelque chose d'aussi simple que les liens forts qui peuvent unir un chien et son maître. L'universel au service de l'intime. Des existences insignifiantes au service d'un album qui aborde l'immensité infinie de la réalité. Andrea Sorrentino nous séduit une fois de plus avec un travail exceptionnel. Des compositions de pages originales, une narration dynamique et un style très personnel; une fois de plus on remarque à quel point Lemire et lui se complètent à merveille. La capacité de l'italien à mélanger espionnage et science-fiction, dans une synthèse visuelle cohérente, est admirable et la lisibilité est toujours notable, même quand l'artiste tend à l'abstraction. Mentionnons également la couleur du sensationnel Dave Stewart, qui permet à Sorrentino d'atteindre son potentiel maximum. Urban Comics nous fait le plaisir de publier Primordial dans un format oversized qui fait que nous profitons au mieux de cette beauté, qui à défaut d'apporter toutes les réponses, nous plonge dans les limbes délicieuses du mystère conceptuel de la réalité, et probablement, de la création artistique.
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UNIVERSCOMICS LE MAG' 46 Octobre 2024 / 60 pages / gratuit Disponible ici (lecture + téléchargement) : https://madmagz.app/fr/viewer/...
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UniversComics Le Mag' 45 Septembre 2024 84 pages Dispo ici : https://www.facebook.com/groups/universcomicslemag/permalink/1049493353253...