GHOST RIDER : VICIOUS CYCLE (Cercle vicieux)

Après l'intérim assuré par Danny Ketch dans les années 90, Johnny Blaze endosse à nouveau le costume clouté du Ghost Rider, et enfourche sa Harley flamboyante pour de nouvelles aventures. Certes, sa principale préoccupation n'est pas des plus réjouissantes : il va devoir s'échapper de l'enfer pour reprendre sa course, tout en emmenant malencontrueusement Lucifer lui même dans ses bagages. Ce dernier n'avait pas d'autres possibilités que d'exploiter la fuite de Blaze pour pénétrer notre plan physique d'existence. Son objectif est retors et digne de ses attributs de prince du mensonge. En divisant son être en 666 incarnations, et en incitant le Ghost rider a se défaire une à une de celles ci, il escompte bien finir par atteindre la plénitude, avec un ultime et invincible avatar corporel doté de l'ensemble de sa puissance, réceptacle de la force des 665 qui auront succombé précedemment. Au passage, Blaze va en découdre avec le docteur Strange (une situation classique de méprise entre héros. L'idéal pour faire combattre deux individus que tout devrait rapprocher plutôt que diviser. On se croirait dans les sixties). Johnny sera aussi confronté aux fantômes de son passé, fait d'abandon, de drames, de désillusions.

C'est Daniel Way qui a reçu la charge de relancer le personnage (Ghost Rider V5). L'auteur est un habitué des recoins les plus sombres de l'univers Marvel, et il affectionne tout particulièrement les personnages maudits de la maison des idées, ceux qui sentent le souffre et la poisse. La partie graphique est confiée à Texeira et Saltares, d'où un trait sombre, lourd, cinématographique, et particulièrement expressif. les deux compères s'étaient déjà relayés voilà vingt ans, à l'époque où Danny Ketch caracolait sous les traits du biker de l'enfer. Pour être honnête, il s'agissait là de mon incarnation préférée du Ghost Rider. Le destin personnel du jeunot, la manière dont la découverte de ses pouvoirs influençait dramatiquement son quotidien, m'avait bien plus marqué que la plupart des aventures vécues jusqu' alors par Blaze, son prédécesseur. Le retour de ce dernier est toutefois plutôt plaisant, et la trame de fond, la division de Lucifer en une multitude d'incarnations, est un plan diabolique à souhait, qui aurait mérité un traitement plus sérieux et solennel par la suite. Hélas, passé ce premier story-arc assez réussi, les épisodes suivants se révéleront assez trop souvent brouillons, et peu engageants. Je vous recommande le tpb, ou le volume en Vf publié par Panini dans la collection 100% Marvel (volume 3), pour vous faire une idée. En attendant le second film avec Nicholas Cage, prévu le printemps prochain, comme une dernière chance pour que le personnage de Ghost rider pleine plus d'ampleur auprès du grand public.

Rating : OOOOO

FEAR ITSELF 7.3 : Tony Stark et son ami Odin ...

Troisième et dernier appendice à Fear Itself avec les conséquences du grand event Marvel chez Iron Man. Tony Stark a grandement contribué à faire vaincre son camp, contre le Serpent, mais il a du aussi composer avec ses propres démons, comme retoucher à la bouteille. Alors que les ruines fumantes du désastre commencent à peine à refroidir, le play-boy de ces dames en veut à Odin, pour ne pas avoir choisi d'intervenir plus rapidement et décisivement en faveur des héros. Plus particulièrement, c'est le désastre survenu à Paris qui le répugne : La Gargouille Grise, sous l'emprise du pouvoir d'un des marteaux enchantés ayant fait de lui un Mighty, a littéralement pétrifié une partie de la ville, semant mort et destruction au pied de la tour Eiffel. Mais est-ce bien surprenant? Stark voit les choses comme un terrien, à court terme, tandis qu'un dieu nordique, forcément, a plus de recul, et doit composer avec les forces infinies du cosmos, et n'a pas que ça à faire que se coltiner les drames personnels d'une poignée de parisiens, qui ne croient même pas en lui. La Gargouille, de son coté, n'a pas le temps de s'amuser ou de regretter son geste. Prisonnier dans les labos d'Iron Man, il ne lui reste plus qu'à implorer pitié comme un chiot apeuré. Voilà, le rideau tombe aussi pour le vengeur en armure, avec ce dernier épisode 7.3 qui se laisse lire agréablement, et permet de comprendre, si besoin en était, que Tony a gagné, d'une certaine manière, le respect d'Odin, et qu'il est maintenant capable d'avoir une conversation sérieuse avec un Dieu. Le tout est signé Fraction et Larroca, et je reprocherai juste à ce dernier le visage sans expression et mal défini de Stark. Un bon dessinateur, je le concède, mais que je ne porte pas spécialement dans mon coeur. Fear Itself, c'est fini, on va pouvoir passer à autre chose ! (Encore que, sur ce site, on y reviendra probablement dans pas longtemps...)


IL Y AURAIT DONC DU SEXE DANS LES COMIC-BOOKS ?

S'il est une chose que j'ai compris dès avoir commencé à lire des comic-books, voilà plusieurs décennies de cela (et, oui, au moins 33 ans de cela...), c'est que le sexe, dans nos chères Bd américaines, n'avait pas vraiment droit de contrée. Nos héros bigarrés passent leur temps à sauver le monde, se trucider à coups de poing ou de rayons lasers, mais jamais ils ne prennent de bon temps entre eux, de manière explicite, nonobstant des physiques souvent très agréables, que rehaussent encore d'avantage des costumes moulants et équivoques. La thèse du docteur Wertham, auteur de "The seduction of innocent", et fauteur du comics code qui allait censurer dès lors à tout va, à partir de la golden age, alors que les moeurs de la société poursuivaient une évolution évidente en ce sens, a finalement eu raison de la libido superhéroïque. Feuilletons les séries Marvel ou Dc des années soixante. Que trouve t'on? Peter Parker qui flirte et fréquente la sécrétaire de son patron, Betty Brant, ou la superbe blonde Gwen Stacy. Thor, pourtant un Dieu guerrier, qui se pâme devant Jane Foster, simple infirmière, sans jamais l'effleurer. Idem pour Matt Murdock (Daredevil) face à Karen Page, elle aussi secrétaire (la femme d'alors doit savoir occuper un emploi qui lui sied). Je ne parlerai même pas de Tony Stark ou de Bruce Wayne, miliardaires et play-boys notoires, dont les prouesses au lit sont toujours éludées, vaguement évoquées. Mais jamais au grand jamais Batman ou Iron Man ne prennent leur pied devant le lecteur, qui trop pudique, aurait déjà tourné la page avant que ne débutent les préliminaires.



Il faut attendre les années 80 pour que la situation change très légèrement. Stupeur chez les Vengeurs, sous la houlette de Roger Stern, quand She-Hulk passe une nuit très chaude avec Starfox (Eros, dont le pouvoir de persuasion est bien pratique pour coucher). Chez les Teen Titans de Dc, ce n'est pas mieux : voilà que Marv Wolfman et Georges Perez décident que l'heure est venue pour Robin et Starfire de copuler. Mais attention, l'auteur n'oublie pas de préciser que les deux personnages s'aiment, dans une interview à Amazing Heroes. L'amour. Sans lequel le sexe serait un ignoble péché et le comic-book mériterait de bruler dans la géhenne éternelle de l'édition. Les apparences sont sauves. Les anglais semblent moins puritains, et vont apporter un peu de piquant à la situation. Ainsi Alan Moore va t'il décrire un rapport sexuel sans fard entre Swamp Thing (un monstre de surcroit!) et la belle Abigail. Un double tabou qui tombe, le rêve inavoué de tant de lecteurs des Fantastic Four, qui souhaitaient découvrir la Chose et Alicia Masters sous les draps, tout en se doutant qu'avoir un corps tout en pierre (et donc aussi le sexe) ne devait pas faciliter les moments intimes entre les deux tourteraux. Par la suite Morrisson, Gaiman, Ellis, allaient se charger d'enfoncer le clou, et le sexe allait petit à petit gagner de l'espace, de manière très transgressive sur des labels comme Vertigo, et moins choquantes sur les étiquettes traditionelles. Mais bien présent. Les héros vont pouvoir se marier, divorcer, se reproduire, tromper; une prostituée (Stacy X) va mettre se joindre un temps aux X-Men, après avoir été découverte et sauvée d'une maison close pour mutantes. L'innocence et le déni d'autrefois deviennent de nos jours un des arguments principaux, parfois même le plus important (Voodoo, Catwoman et Red Hood, chez Dc, à l'occasion du reboot, n'hésitent pas à faire dans la surrenchère), et les héroïnes ont toutes des poitrines opulentes et siliconées, à peine masquées sous le spandex. Même Peter Parker a enfin une vie sexuelle, certes cahotique, alors que sa tante se remarie (la même qui faisait un arrêt cardiaque chaque semestre dans les années 60). Il la surprend d'ailleurs au lit avec son nouveau compagnon, une des scènes les plus choquantes et gérontophiles de l'histoire de notre média préféré. A l'heure où le X gratuit foisonne sur le net, refuser de pimenter les comic-books par ce qui est une des pulsions primordiales et indispensables de l'existence n'aurait plus aucun sens. Même l'homo-sexualité commence à être de plus en plus représentée, encore qu'il y ait toujours un retard notable sur le sujet. A quand le coming-out d'un vrai grand héros Marvel ou Dc, à quand une vraie icône gay, et pas seulement un personnage secondaire (Northstar, par exemple) se contentant de jouer la guest-star dans les titres des autres?



Le pire, maintenant, c'est que quand on nous annonce du sexe, du vrai, comme argument de vente, c'est souvent décevant, et en dessous de ce qu'on voit ailleurs et de manière moins explicite. Les temps changent... (par exemple, ici avec "Sexe and Violence")


ABSOLUTE DC COMICS : WEDNESDAY COMICS

Commençons par des chiffres, un peu de mathématiques. 15 histoires de douze pages chacune, une page publiée chaque mercredi durant douze semaines. Vous suivez? Passons ensuite au format. Oubliez le traditionnel comic-book ou la revue Panini VF, voici venir le "big size" qui lorgne plutôt du coté du quotidien, du journal. C'est d'ailleurs là qu'étaient publiées nos chères Bd à l'origine, et c'est en leur hommage que ce WEDNESDAY COMICS nous est aujourd'hui proposé, dans une très belle et luxueuse adaptation française signée Panini. Les auteurs concernés par le projet sont fort nombreux, et le plus souvent, ce sont de vrais cadors, qui ont pu profiter pleinement du format inhabituel, de ce qu'il offre au niveau de la construction scénaristique (la démultiplication de petites cases, par exemple, ou encore le cartouche qui introduit chaque nouvelle page, ce qui n'a pas été sans me rappeller l'extraordinaire Little Nemo dont je suis fan depuis ma prime jeunesse.). Tout n'est bien sur pas parfait. Le Batman d'Azzarello et Risso, par exemple, ronronne et tombe vite dans la banalité voire l'ennui véritable. C'est un peu pareil pour le Superman d'Arcudi et Bermejo, on sent qu'ils ne se sont pas foulés pour pondre là cette histoire, par ailleurs bien illustrée. Le Sergeant Rock m'a laissé totalement froid (il est vrai que ce type d'aventure n'a pas mes faveurs, à la base) ou encore Wonder Woman, un peu trop surfait et casse-tête. Ce sont les seconds couteaux qui s'en sortent le mieux, avec un très bon Deadman, pour commencer, et la belle Supergirl d'Amanda Conner, la même qui avait déjà su dépeindre avec tonus Power Girl voilà quelques mois. Bonne surprise aussi de retrouver Kamandi, que beaucoup d'entre vous ne connaissent pas forcément (même si on a pu le revoir récemment, depuis Final Crisis entre autres), intelligemment mis en scène par un Dave Gibbons inspiré par la protohistoire.

Le seul hic de ce volume "cadeau de noël" c'est bien sur le prix. Certes, c'est un grand format, certes il est irréprochablement beau, et possède les bonus issus de la VO, certes c'est une parution isolée et exceptionnelle, mais elle coûte quand même 50 euros. Pour 200 pages. C'est bien le problème avec ces luxueux objets de collection sur papier glacé : ils sont tentants, luisent de mille feux, mais hors de portée des bourses les moins bien garnies, surtout en période de crise. D'autant plus que passé l'exercice de style, vous ne lirez rien ici de déterminant pour la continuity de ces personnages, bien entendu (et tant bien même, le reboot est passé par là...). A vous de voir donc, si vos finances vous permettent ce type d'offrande. En plus il y a un omnibus Alias ce mois-ci... Panini va devoir lancer sa propre banque, avec une série de prêt à taux zéro, pour contenter tout le monde.



Rating : OOOOO

MARVEL SAGA 12 : IN THE BLOOD Le dernier round de Remender

Dans le Marvel Saga de fin novembre, Rick Remender tire sa révérence sur le Punisher. après avoir transformé le personnage en un monstre grotesque (FrankenCastle) et l'avoir rétabli dans sa forme première grâce à un artefact magique (la Pierre de sang). Il quitte la scène en orchestrant une mini série en cinq parties totalement ignoble et electrisante, dans son évolution. Les rapports entre Castle et son dernier side-kick bon à tout faire, le jeune Henry -fils du boss mafieux Puzzle- sont arrivés à leur terme naturel. Ce dernier va se retrouver pris entre deux feux : sa loyauté envers le Punisher d'un coté, ses devoirs filiaux enver son criminel de père de l'autre, même si son enfance avec un tel géniteur fut des plus malheureuses et violentes. Puzzle (Jigsaw en VO) est donc de retour, et avec lui, nous retrouvons Stuart Clarke (ancien aide de camp de Castle, à l'époque de Civil War) et Microchip, ex meilleur ami et soutien logistique du Punisher. Tout cela s'enchevêtre pour tisser un récit qui oscille entre analyse des rapports familiaux et affectifs qui unissent tous ces personnages (la quête du père, réel ou fictif, le désir d'être aimé et accepté), et comic-book tarantinesque, ultra gore et choquant. Car Maria, le femme du Punisher (que celui ci a vu ressuscitée sous ses yeux, avec ses enfants, suite à une incantation de Hood, mais qu'il a tout de même decidé de brûler vive, refusant de croire à une telle éventualité) semble toujours de la partie, et vêtue d'une combi en cuir et désormais formée à la lutte corps à corps, elle est devenue l'esclave sexuelle consentante de Puzzle et Stuart. Pour faire définitivement enrager le Punisher, il n'y avait pas de meilleure idée...

L'idée est vraiment choquante. La femme du Punisher, qui de gentille épouse dévouée et aimante, devient une chienne lubrique capable de se battre comme une ninja, attifée comme Catwoman. Invention saugrenue ou ultime pied-de-nez génial du scénariste? Et puis, sommes nous bien sur qu'il s'agisse de Maria? Tout ceci va aboutir à un climax ultra tendu, une dernière partie où l'heure des choix permettra au jeune Henry de décider de son avenir, et par là même de se décider sur son besoin latent de reconnaissance paternelle. Une sorte de plan à trois (Punisher, Puzzle, et Henry) des plus haletants. Roland Boschi est un bon choix pour ce type d'album. Son trait est caricatural, un peu grotesque, urbain et crade, mais il permet d'atténuer la cruauté de certaines scènes, tout en soulignant le délitement et la contamination qui viennent détruire, page après page, le petit monde du Punisher. Du bel ouvrage. Au passage, Castle va devoir agir une bonne fois pour toutes envers Microchip, son compagnon d'aventures d'autrefois. Reste t'il encore un peu d'attendrissement, de sentiments, derrière cette façade inatteignable, celle d'un homme qui a tout connu, jusqu'à la mort; qui a eu l'opportunité de retrouver sa famille et a incinéré celle ci sans sourciller ? Pour vous faire une idée, procurez-vous ce douzième numéro de Marvel Saga, qui vaut son pesant d'or. Une façon de parler, car à moins de six euros la mini série complète, je crois que ça vaut définitivement l'achat!

Rating : OOOOO

Cinécomics : WOLVERINE (Il vaut mieux en rire...)

Tiens, je viens de me rendre compte que je n'avais jamais pensé à chroniquer un des pires films jamais proposés sur grand ecran, consacré à nos personnages de comic-books. Wolverine, donc, qui sait si bien raffler les lecteurs sur support papier, mais qui a fait un bide mérité au cinéma. Retour sur une toile bien décevante.

Et de la côte d’Adam, Dieu créa Eve. Et de la série des films X-men, le merveilleux monde d’Hollywood a créé WOLVERINE. Voici donc venir le spin-of le plus attendu de l’histoire du cinéma super-héroïque avec dans le rôle titre Hugh Jackman, qui reprend ici les oripeaux du mutant griffu et animalesque, Wolverine ( qui serait le « Serval » en Vf, ne riez pas, ce fut très longtemps ainsi que les revues mythiques, Strange en tête, l’appelèrent ). Dur de se faire une opinion. D’un coté, il y aura les fans de la Bd, qui ne tarderont guère à se rendre compte de l’improbable purée concentrée à base de trente ans d’aventures mutantes, que constitue ce film. On retrouve pêle-mêle des références aux grands moments de la série, du classique « Weapon X » illustré par le grand Windsor-Smith au truculent « Six pack », ces mercenaires sans foi ni loi et compagnons d'armes de Logan, Deadpool en tête, et surtout à la récente série Wolverine:Origins en début de film, pour esquisser, vite fait mal fait, l’enfance du personnage. Un peu tout, et n’importe quoi, une grosse galerie de personnages souvent éloignés des standards des comics de la « X family » et souvent tout sauf crédibles. Le Deadpool du film, par exemple, est la version discount et en promo du produit d'appel qui cartonne en ce moment.



Et puis je pense aux autres. Ceux qui ne connaissent rien aux super-héros et que j’essaie de convaincre, en exposant la profondeur et la qualité artistique qui accompagne nombre de productions américaines… Ceux là doivent se dire que je les ai pris pour un régime de bananes. Explosions, mutations, effets grand guignolesques, super pouvoirs et testostérone à son comble, le tout sans se soucier beaucoup du fond, dans la grande tradition des films « bankables » et à haut degré de spectacularité, pour public peu exigeant et peu regardant. Jackman a du soulever des tonnes de fonte pour en arriver là où il en est dans ce film. Mais la fonte peut-elle annuler le sens critique et la honte qui peut en découler? Kayla, la belle mutante du film, est particulièrement convaincante dans son rôle de bonnasse fatale. Les dialogues sont fades et stéréotypés, mais après tout, est-ce vraiment un handicap vu que le public que vise ce film, les jeunes de banlieue et les cancres près du radiateur, n’ont guère envie de se taper du Molière super-héroïque. Action encore et toujours donc, dans un film où réfléchir devient vite obsolète et vous gâche tout le plaisir. N’ayant réussi ni à mettre mon cerveau sur pause, ni à faire abstraction de tous ces comic-books que je collectionne chez moi et qui m’ont appris bien autre chose, je ne peux être qu’assez sarcastique quand au résultat final. Toute tentative de mettre en parallèle ce que je lis mensuellement et cette caricature bon marché me retourne encore l'estomac. Snikt!

Rating : OOOOO



MARVEL HEROES 10 : L'heure des conclusions avant Fear Itself

Le Marvel Heroes 10 de ce mois marque la conclusion de plusieurs intrigues en cours. L'occasion de faire un point rapide, et de jauger de la qualité actuelle du sommaire.

Les Vengeurs de Bendis, par exemple. La lutte contre un Hood tout puissant (il a mis la main sur presque tous les joyaux du pouvoir) s'achève par le triomphe de nos héros. Quelle surprise. C'est toujours un plaisir de retrouver Thanos dans sa splendeur, quand on parle du gant d'infini, sauf que pour le coup... ce sont les Avengers qui se cachent derrière l'apparence du Titan. Quand les négociations échouent, il faut sortir l'artillerie lourde. Le Hulk Rouge, Iron Man, les sortilèges du Docteur Strange, tout est bon pour mettre une pile à Parker Robbins et sauver la réalité. Questions finales : qu'en sera t'il des joyaux, qui va les conserver, seront-ils encore une menace potentielle? Romita Jr continue de sévir sur le titre, à sa façon. On aime ou on déteste. C'est efficace, très coloré, punchy, mais par contre, comme certains visages sont laids et caricaturaux...La polémique ne date pas d'aujourd'hui, de toutes manières...

Deux rations de Thor en novembre, pour le prix d'une. C'est la fin de la lutte entre les Dieux Nordiques, et les Dévoreurs de Monde. Un arc narratif en sept parties pour ne rien dire, vraiment! Juste un pretexte pour que Thor convoque à nouveau Odin, son père, et Loki, son demi frère, qui reviennent sur le devant de la scène, après une mort toute relative (le dernier cité est désormais un gamin, après avoir été une femme, voilà quelques mois). L'ultime affrontement est brouillon, une véritable inéptie scénaristique. Sous une pluie d'hémoglobine et tout au long de plus de quarante pages vermillons et orangées, on assiste à du combat sans intérêt, mis en image par un Pasqual Ferry désolant. Encrage minimal, absence cruelle de fonds de case, remplacés par des traits vite ébauchés ou par des gouttes de sang exécutées en copier/coller, c'est indigent et mal fichu. Je me suis profondément ennuyé avec Thor ces temps derniers.

Reste l'Académie des Vengeurs de Christos Gage, qui rehausse sensiblement le niveau. L'heure est venue, pour les quatre jeunots qui ont passé Hood à tabac et ont filmé la scène, de payer pour leur comportement. Ils ont fait tout cela pour venger Tigra, leur formatrice, et pourtant celle ci les récompense en les renvoyant de l'acédémie. D'où le titre, Leçon de vie. La vengeance n'est pas tolérée, dans le manuel du bon petit Vengeur (c'est un comble!). Toutefois, abandonner à lui même une nouvelle recrue, c'est pratiquement l'assurance d'en faire un super villain en puissance, alors les collègues de la belle féline font ce qu'ils peuvent pour la faire revenir sur sa décision. Ma foi, c'est plaisant et ça se tient, alors profitons-en. Mc Kone est parfait pour ce type de comic-book juvénile, un style en phase avec le scénario et le ton de la série, c'est à souligner. Du coup Marvel Heroes de novembre n'est pas foncièrement mauvais, mais ce double zéro pointé de Thor pèse quand même lourd dans la balance finale.

Rating : OOOOO

FABLES (volume 1) : Comic-books et conte de fées

Après Preacher avant-hier, une autre nouvelle idée cadeau pour les fêtes, ou tout simplement pour le plaisir de lire. Bien entendu, notre idée du jour n'a rien de confidentielle, et la plupart d'entre vous doit déjà être fan. Pour les autres, j'espère que vous vous laisserez convaincre...

Voici pour une fois un comic-book dont chacun d’entre vous peut connaître les personnages, sans avoir lu ce type de littérature auparavant. Dans FABLES, foin de surhommes à la testostérone ou de mutants maléfiques, ici les héros sont Blanche Neige, le Grand méchant Loup ou encore Barbe Bleue. Dans des versions certes modernisées. Ainsi Blanche Neige a divorcé de son prince charmant depuis que celui-ci l’a trompé avec sa sœur, pour ensuite entamer une carrière de gigolo fauché. Le méchant Loup s’est racheté une conduite et il est devenu détective, sous des traits humains, pour la communauté des « fables », ces anciennes créatures de légende qui vivent aujourd’hui cachées au milieu des humains normaux. Ils ont été chassés de leurs territoires fiabesques par un ennemi tout puissant et insaisissable, l’Adversaire, et depuis ils préservent jalousement leur secret en lavant leur linge sale en famille, et en évitant soigneusement de frayer avec ceux qui pourrait les démasquer et mettre fin à leur exil doré.


Mais stupeur et damnation, voilà que la sœur de Blanche Neige semble avoir été affreusement massacré chez elle. Du sang partout, mais pas de cadavre. Le Loup est chargé de l’enquête qui s’annonce délicate, et ce ne sont pas les suspects qui manquent, à commencer par Barbe Bleue, l’amant de la jeune victime, qui est un spécialiste quand il s’agit de trucider des femmes. Tout ceci dans une BD foutraque et bien menée, où les trois petits cochons travaillent en grand secret dans une ferme fabuleuse, et où la Belle et la Bête traversent une crise conjugale. Tout cela est issu du catalogue Vertigo, section pour adultes de DC comics. Bill Willingham s’en donne à cœur joie, en mettant en scène tous ces héros de conte et en déviant avec malice leurs caractéristiques premières. Une sorte d’histoire de Walt Disney sous acide, où la morale et les bons sentiments se dissolvent case après case pour le plaisir des lecteurs. Les déssins de Medina sont corrects, même si basiques et sans grand génie. Les deux premiers épisodes sont totalement brillants, le reste perd un peu en folie mais reste bien sur jouissif et intelligent à souhait. Une très bonne série pour ceux qui sont fatigués des super héros bodybuildés en collants moulants, qui confirme depuis des années, album après album, la place à part qu'elle a su occuper dans le coeur des lecteurs. Tout ceci est bien sur publié en France par Panini (au départ la série fut lancée chez Semic), et disponible très simplement en librairie ou sur Internet.
 
Rating (pour le Tome 1) : OOOOO




AVENGERS #19 : Une nouvelle équipe pour un nouveau départ

Je n'ai pas résisté, et suis allé faire un tour du coté de AVENGERS en VO, pour le numéro 19, plus précisément. Nous sommes en pleine reconstruction après Fear Itself, et la cover porte d'ailleurs le bandeau "Shattered Heroes" qui indique bien qu'on est pas là pour s'amuser uniquement. Ce qui fait toujours son effet, chez les Vengeurs, c'est l'annonce et la présentation d'une nouvelle équipe. Cette fois, Steve Rogers, dans la peau du selectionneur, va devoir mettre sur pieds un nouveau team, alors que nos héros viennent de voir Norman Osborn, ancien leader du Hammer et du monde, par extension, se faire la malle et leur filer entre les doigts. La surprise de ce numéro, c'est le rôle toujours plus important que semble prendre la pourtant très jeune Daisy Johnson, découverte par Nick Fury durant Secret War, et qui va enfin pouvoir jouer dans la cour des très grands et se faire un nom au firmament du superhéroïsme. On assiste comme d'habitude à quelques dialogues entre Stark et Rogers, censés nous rappeller que les Avengers ne sont pas traversé que par un seul courant de pensée, et aussi à des scènes d'action, où les nouveaux membres sont recrutés en situation. Enfin presque. Par exemple, la Panthère Noire refuse l'accessit qui lui est offert, mais pistonne très sérieusement sa femme, Ororo Munroe, qui sera ainsi, à l'instar de Wolverine, une X-héroïne à mi temps, Vengeur le reste du temps. Nostalgie au menu, avec la réapparition de la Vision, enfin rétablie dans la version qui fit de l'androïde un personnage clé voilà plus de dix ans. Autre surprise de taille dans le roster, le Hulk Rouge, qui devient donc la grosse force de frappe de la formation. Le plus intéressant est finalement le cliffhanger du jour. En pleine présentation de la nouvelle équipe, la conférence de presse devient le théâtre d'un scoop détonnant... Brian Bendis étale lentement ses cartes pour une nouvelle partie. On sent qu'il a pu aller au bout de ses projets, et que l'heure est venue d'initier l'ère successive. Aux pinceaux Daniel Acuna, qui fait plus classique et moins baveux que certains de ses travaux précédents: son trait est plus appuyé et surement aussi encré et colorié plus subtilement. Tant mieux car c'est un vrai bon artiste. Les héros sont brisés, alors on reconstruit, chez les Vengeurs. The show must go on...


PREACHER : La religion selon Garth Ennis

Si les comics Marvel sont trop lisses pour vous, si vous pensez que tout cela n’est pas bien sérieux ni pas assez adulte, voici le remède qu’il faut faut. Il s’agit de PREACHER, une bande dessinée au vitriol, plus irrévérencieuse que tous les films de Tarantino mis bout à bout. Une aventure rocambolesque et décapante sur fond de mysticisme trash, mené de main de maître par Garth Ennis, cet irlandais déjanté qui a relancé et redynamisé avec brio le Punisher ces dernières années, et sévi lourdement sur The Boyz. Avec lui, oubliez le mot tabou et attendez vous à des grincements de dents.

Jesse est pasteur. Il ne sait pas vraiment comment il l’est devenu, ni pour quelle raison, si ce n’est son questionnement perpétuel sur l’existence de Dieu. Un samedi soir, déprimé par l’hypocrisie de ses ouailles, il décide d’aller boire une bière au bar du village. L’alcool aidant, il finit par étaler au grand jour les secrets médiocres et parfois effrayants que chacun lui confesse : le barman coupe sa bière, le notable le plus en vue de la région fraude, deux fils à papa ont échappé à la prison pour viol collectif grâce à des pots de vin… Personne n’est épargné. Il est donc normal que, le lendemain matin, tout le monde soit présent à l’église, se demandant quelles nouvelles âneries le révérend, passé à tabac par les victimes de sa malencontreuse honnêteté, leur offrira en pâture. Mais c’est ce dimanche qu’une jeune tueuse à gage ratée, un vampire irlandais et une créature mi-diable mi-ange choisissent pour débarquer en ville… Attention les yeux !!



 Matt Dilon, le jumeau artistique d'Ennis, s’occupe des dessins avec une cruauté délicieuse, ses pages gore étant de véritables coups de poings à l’estomac, sans fioritures. Son réalisme tout à fait relatif permet de désamorcer la tension sous-jacente et introduit une touche d'humour salutaire dans les pires turpitudes. L’humour d’Ennis et Dillon confine à l’infâme, il retourne ici les codes de la religion à l’envers, transforme tout ce que nous croyons être en un grand théâtre de l’absurde. Irrévérencieux au maximum, j’ai eu, moi qui suis très prudent lorsqu'il s'agit de rire sur le sujet, quelques réticences à me plonger dans la série. Ce qui est au final dommage car il ne s’agit ici que d’art, que de littérature en images, absolument pas de blasphème, même si certains dialogues ( percutants et jubilatoires ) vont faire dresser des poils sur l’échine de certains. Et les couvertures commentées de Glenn Fabry sont un agréable bonus qu’on savoure avec délectation. Après ça, vous allez donner un autre sens au mot trash, croyez-moi. Au total, neuf tomes vous attendent chez Panini, dans la collection Vertigo Cult. C'est Noël dans peu de temps, pensez-y ...



FEAR ITSELF 7.2 : THOR Les nouvelles funérailles du Dieu Tonnerre

Si vous souhaitez lire Fear Itself en français sans être victime des affreux spoilers du web, passez votre tour. autrement, continuez la lecture.

Bucky Barnes n'est pas la seule victime (déjà rétablie) de l'attaque du Serpent contre notre monde. Thor lui même est à compter au nombre de ceux qui se sont sacrifié, et il a rendu l'âme dans les bras d'Odin, son père, dans le dernier numéro de Fear Itself. Dans ce second épilogue (le 7.2) du grand event de Matt Fraction, nous rendons un dernier hommage à celui qui mania le marteau mieux que tout autre, en cherchant à se convaincre que cette fois, son trépas est le bon. Rien à faire, ça ne marche pas, et ce n'est pas la dernière planche de ce mémorial illustré qui va arranger les choses. En gros, disons que nous assistons à des scènes tire-larmes, aux préparatifs et à l'accomplissement du bûcher funéraire sur lequel le fils d'Odin va être incinéré. Des flammes va d'ailleurs surgur celui qui va prendre sa place en tant que Dieu de la foudre, et titulaire de la série mensuelle dédiée, un certain Tanarus, à l'apparence bien moins amène et bien plus belliqueuse que notre grand blond métro-sexuel. Pendant ce temps, Odin doute fortement de ses dernières décisions, et il voudrait même abdiquer. Du coup, voilà que débarquent les trois incarnations de la Terre mère nourricière, qui devraient régenter tout ce beau monde dans les prochains mois. Il se dégage une certaine émotion de ces derniers moments avec Thor, mais la magie ne prend pas complètement. Qui parmi vous n'a encore jamais lu, d'une manière ou d'une autre, la mort du Dieu Tonnerre ? Ce n'est pas la première, ni la denrnière fois, qu'on l'enterre prématurément. Je ne veux pas jouer au rabat-joie, mais ces funérailles factices deviennent lourdes et répétitives. Adam Kubert est aux dessins, ce qui aura au moins le mérite d'attirer une cohorte de fans. C'est d'ailleurs assez beau, avec toutefois moins d'application sur les planches faites de nombreuses petites cases. Kubert mise sur les gros plans pour nous en mettre plein la vue. Un adieu sympathique, qui se tient, mais qui est vite destiné à devenir obsolète. Dommage.

Du coup, place à Thanarus que voici :


100% MARVEL EARTH X : L'ambitieuse apocalypse de Paul Krueger

Il existe un adjectif pour décrire EARTH X : épique. Epique, cela veut dire que l’aventure décrite dans cette collection de 4 volumes 100% Marvel, est une grande fresque, une histoire longuement travaillée, et traitée avec beaucoup de souffle. Sur Terre, rien ne va plus, dans ce futur proche que nous décrit Jim Krueger, en collaboration avec Alex Ross (peintures). Tous les individus de notre planète ont mutés, c'est-à-dire que nous sommes tous dotés de pouvoirs particuliers, rendant ainsi des personnages comme Spiderman ou Captain America, presque obsolètes. Pendant ce temps, le Gardien, cet être étrange qui observe sans jamais agir le destin de l’humanité, a perdu la vue et choisi l’ordinateur vivant Machine Man pour le relever dans sa tâche. Une tâche fort simple : enregistrer les derniers soubresauts d’un monde qui s’apprête à disparaître, pris dans un étau mortel : un jeune dictateur qui manipule l’esprit de ses sujets, et l’arrivée sur Terre des Célestes, une race de Dieux venus des tréfonds de l’espace, pour juger notre planète. Il ne faut pas moins de treize chapitres et plusieurs centaines de pages magnifiques pour arriver à une conclusion fort attendue. Une vision alternative et hors des sentiers battus de la fin du monde, comme jamais auparavant Marvel ne nous en avait offert, qui se situe dans un univers parallèle, numéroté Earth - 9997 (le notre est le classique 616)



EARTH X est une oeuvre qui demande un certain effort de réflexion. Les didascalies sont longues, et il faut aussi lire les annexes placées en fin de chapitre. Ce sont de véritables petits textes qui rendent le tout une hybridation entre littérature et comic-books. Dans ces appendices, nous trouvons des dialogues pleins de mysticisme et de discours sur le sens de l’humanité, entre les principaux acteurs de la saga. Coté crayons ( John Paul Leon étant le démiurge en charge de cette partie, avec Alex Ross ), vous serez peut être surpris par la noirceur qui se dégage de l’ensemble, ce coté un peu fouilli mais pourtant vraiment fouillé, qui ajoute à Earth X un aspect claustrophobe qui a déplu aux esprits les plus étroits. Cette aventure est une des meilleures tentatives de l’histoire des comics de faire vivre un monde parallèle sans tomber dans la caricature grossière. On pouvait faire encore plus adulte et réaliste, certes, mais l’ensemble est bien supérieur à ce que certaines critiques ont bien voulu en dire. Le passage final qui marque la fin du panthéon nordique ( Thor, Odin…) et les paroles de Loki sur l’absurdité de leur condition sont magnifiques, sa conclusion est remarquable. Plus que tout autre Ragnarok auquel nous nous sommes habitués au fil des ans. Ambitieux et décrié pour sa grandiloquence crépusculaire, Earth X est une expérience de lecture différente liée aux superhéros, qu'il vous faudra faire tôt ou tard, pour vous faire une idée. A l'approche des fêtes de fin d'année, il ne serait pas idiot de tenter de vous faire glisser ces albums sous le sapin.

Rating : OOOOO


EARTH X forme une trilogie avec Universe X et Paradise X, qui se lisent séparément, et sont de moindre qualité artistique.

IRON MAN NOIR : Le Tony Stark d'avant guerre

IRON MAN NOIR nous ramène bien des années en arrière, comme le veut la tradition de cette collection. Plus précisément, nous voilà quelques mois avant que n'eclate la seconde guerre mondiale, ce qui veut dire au passage que les méchants de l'histoire ne peuvent autres que ces sales nazis toujours prêts à jouer leur rôle de prédilection dans nos comic-books patriotiques. Mais Iron Man, fleuron de la technologie post moderne, est-ce bien raisonnable, à pareille ère géologique? Et bien oui, car le Tony Stark d'alors est déjà un vrai génie, et aussi un aventurer dans l'âme, qui aime partir vers l'inconnu et braver tous les dangers, pour ensuite faire relater ses exploits les plus fantasques dans "Marvel", une revue destinée aux hommes, aux vrais, aux "couillus" qui se posent des défis continuellement, un verre de scotch à la main. Rhodey est aussi de la partie, ici en tant qu'assistant de Stark (quelle inventivité) et nous retrouvons également Jarvis, en inventeur/technicien des plus doués. Plus tard c'est la belle Pepper Potts qui débarque en journaliste, et on part en voyage avec Namor, converti en simple capitaine de navire, avec une lubie particulière, celle de se tailler les oreilles en pointe. L'ensemble fonctionne assez fluidement, et se laisse lire comme une sorte d'appendice à Indiana Jones. Plus qu'une Bd classique de la collection "noir", on parcourt un récit d'aventures au charme rétro, qui ne connait pas de temps morts, et joue avec les codes de l'époque représentée. Tony a toujours sa faiblesse de base, un coeur malade, maintenu en vie grâce à un ingénieux système electrique, qu'il faut bien recharger régulièrement. C'est d'ailleurs cela qui pousse notre play-boy des familles à partir sur les traces d'un trident merveilleux, aux propriétés révolutionnaires.



Iron Man noir justifie son nom dans sa deuxième partie, quand les armures sont de sortie. Nous notons au passage qu'outre celle de Tony, la version "War machine" de Jim Rhodes est également de sortie. Massives et cuirassées, elles donnent l'impression de monstres de métal préhistoriques, plutôt bien représentés. Manuel Garcia s'en sort fort honorablement aux dessins, il sait donner du dynamisme à l'histoire, et a un sens évident de la mise en scène spectaculaire. Ce sont certains visages, certaines expressions qui péchent parfois, mais cet artiste aura le temps de se perfectionner et son travail vaut déjà le détour. Scott Snyder, lui, a su jouer avec l'imagerie classique associée au titre Iron Man, pour en offrir une version peut être moins "noir" que le reste de la collection éponyme, mais certainement non dénuée d'intérêt et pleine de rebondissements. Le prix de dix euros le volume (quatre épisodes, une histoire complète) est un autre atout pour ce type de parution. Très abordables et ne requèrant pas de connaissances particulières des volumes qui sont précédemment sortis, chacun peut donc se laisser guider par son envie du moment, et découvrir ces versions alternatives de nos héros de toujours. Celle ci est loin d'être banale et ennuyeuse.

Rating : OOOOO

D'autres volumes de la collection "Noir" recensés ici

DC DELUXE : INFINITE CRISIS

Les temps forts de l'univers Dc, les grandes sagas critiques qui entrainent des bouleversements profonds dans l'éco-système de Superman and Co, sont régulièrement baptisées "Crisis", des "crises" donc. La plus célèbre d'entre elles, Crisis on infinite Earths, avait permis, en 1985, de mettre un terme à tous les univers parallèles et la confusion profonde qui marquait l'univers Dc dans les années 80, et rebutait nombre de nouveaux lecteurs au moment de se confronter avec la complexité d'une continuity décousue. Ce rappel est d'importance, car quatre héros se sont retrouvés enfermés dans un "univers de poche" et vivent une existance qui leur est propre, depuis cette mythique Crisis : Superboy Prime, Kal-L (Superman de la Terre II), sa Loïs Lane à lui, et Alexander Luthor. Dans Infinite Crisis, ces quatre personnages bannis de notre réalité refont surface : en fait ils observaient en silence notre Terre 1 depuis tout ce temps, et ils ne sont pas très heureux de voir la tournure qu'ont pris les événements. Selon eux, notre monde est dévoré par les pires sentiments, des valeurs morales inexistantes; nous ne valons plus rien, nous n'avons pas su faire trésor du sacrifice de toutes ces Terres parallèles. De surcroit, Lois Lane 2 est mourante, et seule la réapparition de la Terre 2 en lieu et place de laTerre 1 pourrait la sauver, ce qui fait vaciller son gentil Superman . Pendant ce temps, la JLA, la super équipe de super héros de l'univers DC, est dissoute et sa base détruite par un mystérieux comploteur ( un des quatre rescapés, je ne vous dis pas lequel ); on croirait assister à la fin des Vengeurs chez Marvel, et c'est fait pour. Les deux compagnies se tiraient la bourre et se plagiaient allégrement, à l'époque de la parution de cet "event" Dc.




Durant Infinite Crisis, des héros vont mourir ( grande première en somme... et quand vont ils revenir? Jamais, telle est la  vaine promesse de DC ). Durant Infinite Crisis, des révélations vont vous bouleverser ( si si, je confirme, l'histoire est bien construite, Geoff Johns a abattu un remarquable travail pour faire aboutir toutes les trames en cours ). Les dessins de Jimenez sont vraiement excellents, aucune baisse de forme ou de chute de style, rien que du tout bon, energique et classique à souhait, un trait pur et clair, des visages expressifs et des héros désespérés, on en redemande. Il est évident qu'un minimum de connaissances des héros impliqués dans cette saga est requis pour profiter à plein des richesses scénaristiques, toutefois même le néophyte sera capable de lire et comprendre l'ensemble sans se sentir trop désorienté par une trame qui fait intervenir un très grand nombre de premiers et seconds rôles. J'aime tout particulièrement le conflit entre les deux Supermen, celui que nous connaissons et celui de Terre II, dont l'envie de reprendre son existence passée confine à la jalousie, et au desespoir de ne pouvoir sauver sa Loïs Lane autrement qu'en supprimant un univers tout entier. Infinite Crisis fut aussi l'occasion pour Dc de revenir sur sa politique de suppression des Terres parallèles, et de commencer à diffuser dans son univers ce nombre magique de 52, qui sera repris par la suite dans deux séries hebdomadaires d'une durée de un an (dont Infinite Crisis : 52, déjà évoqué sur ces pages) et exploité aussi au moment du relaunch complet de septembre 2011, avec l'arrivée, comme par hasard, de 52 nouveaux numéros un. Tout ceci pour dire qu'en période de fête, ce bel album publié par Panini pourrait bien faire un cadeau idéal pour quiconque suit de près ou de loin les épopées costumées de Superman et consorts.

Rating : OOOOO

MARVEL POINT ONE. Le futur est une supercherie

Si vous cherchez la grosse supercherie de l'automne, c'est chez Marvel que vous devez aller pointer le bout de votre nez. POINT ONE vient d'être publié, et franchement, je ne vois vraiment pas quel gogo pourra bien acheter ce truc et penser avoir fait une bonne affaire. En gros, disons que deux individus inconnus de nos services parviennent à jeter un oeil sur ce que peut observer Uatu, le Gardien installé sur notre lune, durant une de ses rares phases de "somnolence". Comme celui ci contemple tout ce qui a été, et surtout ce qui sera, voilà le pitch rêvé pour enchaîner une série de previews sur ce que sera l'univers Marvel dans les prochains mois. On souhaitait et désirait un minimum de liant, sentir la tension monter subrepticement et inexorablement. C'est loupé. Et voilà que je te sers à la louche quelques pages en vrac pour te faire saliver, et que je te colle un prix de couverture astronomique (six dollars!) pour ce qu'en temps normal tu trouves gratis sur Internet (des preview, donc) et qui en soi n'a quasiment aucun intérêt. Chouette la vie, non?

En gros, vous pourrez y trouver Nova (Richard Raider? en tous cas il a l'air sensiblement plus jeune que notre Rider bien connu) aux prises avec Terrax, sur fond de menace cosmique dramatique (le Phénix is back). Un aperçu de l'univers lié à L'ère d'Apocalypse, où nous pouvons réaliser que la race humaine n'est pas obligatoirement aussi éteinte que ce que nous pouvions croire, et semble bien décidée à réagir (avec les X-Terminated en chasseurs de mutants). Plus quelques pages pour élucider l'identité du nouveau Scarlet Spider, qui n'est plus Ben Reilly, comme précedemment, mais reste bien dans la famille des clones de Peter Parker (Kaine? Vous avez dit Kaine? Encore un mort qui n'est pas mort?). Les Dodson qui torchent de belles planches avec le Doctor Strange, en pleine phase de recomposition des Defenders. Larroca dessine lui les débuts du duo Coldmoon et Dragonfire, frère et soeur maitrisant deux éléments contradictoires (feu et glace). Et puis les fans des Avengers ne sont pas oubliés (il faut bien les trouver, les lecteurs prêts à débourser six dollars) avec une preview de "Age of Ultron", où on retrouve Spidey et Hawkeye traqués par des Ultrons sur fond d'apocalypse, qu'on devine provoquée par le robot rejeton du docteur Pym. C'est signé Brian Hitch, donc c'est beau à voir.
Bref, c'est décousu, sans sens véritable, et ça coûte cher. si encore Marvel avait proposé de nous l'offrir, dans le genre, ce mois ci, trois titres achetés, Point One en cadeau, ça aurait été une bien belle initiative promotionelle. A six dollars le fascicule, c'est de l'arnaque pure et simple, un truc inutile que vous pourrez jeter dans quelques mois, sans même vous rappeler pourquoi vous l'avez acheté. Mais qu'est ce qui peut bien ne pas tourner rond, parfois, dans la tête des responsables marketings et éditoriaux de grosses boîtes comme Marvel, pour nous sortir ça dans cet état, sans vergogne? Uatu a t'il la réponse dans ses archives?


X-MEN 9 EN KIOSQUE : Histoire d'une reconstruction

Un point sur la revue mensuelle X-men, arrivée à son numéro 9 depuis le relaunch du début de l'année. Au sommaire de novembre, deux épisodes de la série X-men Legacy (242 et 243) qui forment un récit complet, du nom de Fables of the reconstruction. Petit clin d'oeil au troisième album de REM au passage, le groupe de Michael Stipe venant de se séparer. Après la terrible bataille de Second Coming, qui a vu une bonne partie de la ville de San Francisco éventrée, l'heure est donc à la reconstruction. Les mutants vont donner un coup de main à la main d'oeuvre professionelle, sur les ordres de Scott Summers. Très pratique d'avoir sur le chantier des individus capables de creuser des fondations en quelques minutes, ou qui assemblent des poutres en béton comme d'autres jouent au mikado. C'est tout de même drôle de voir Magneto en ouvrier qualifié, lui qui a passé le plus clair de son temps à peaufiner le manuel du parfait terroriste. Tout serait pour le mieux, si Hellion n'avait pas les nerfs de se voir désormais avec deux moignons à la place des bras, sans que Hope, la petite méssie mutante, ne puisse l'aider avec un vrai miracle de derrière les fagots. Ou encore si Karima, la Sentinelle Omega, n'était sur le point de disjoncter, et de retourner ses capacités offensives contre ses propres coéquipiers. Mike Carey se la coule douce, et nous offre cette histoire de chantier mutant, où nos X-Men finissent par se taper dessus comme des maçons ukrainiens totalement ivres. Paul Davidson est le dessinateur parfait pour employer l'expression "sans gloire ni génie". Il n'est pas mauvais, son trait est asez clair, mais jamais il ne parvient à nous séduire véritablement. Tout ça manque de caractère. Bref, on avance au petit trot.


Derrière, ce sont les New Mutants qui prennent la suite. Là aussi, deux épisodes, avec notamment la fin de Fall of the New Mutants, et la première partie de Rise of the New Mutants. Le moins qu'on puisse dire, c'est que les jeunots sont dans la mouise jusqu'à la ceinture, voire le cou. Prisonniers des limbes, ils viennent de se prendre la raclée du siècle par des militaires mutants élevés dans cette etrange dimension, et sauf petit miracle, ils ne sont pas près de rentrer. Le récit est cahotique et il faut avoir bien lu ce qui a précédé pour en apprécier les détails. Et encore. En gros, Magik (Illyana Rasputin) n'a pas dévoilé tous ses plans à ses petits camarades, et c'est elle qui pourrait bien être la clé du salut pour les héros. Au passage Pixie va devoir sacrifier une partie de son âme, alors que Karma devra aller chercher de l'aide dans l'esprit de Gabriel Haller. Je ne sais pas trop quoi vous dire... ça se laisse lire, c'est loin d'être totalement idiot, mais je n'accroche pas à ces histoires de limbe, sortilèges, que j'ai l'impression d'avoir déjà lu et qui me lassent. On veut du nouveau, du surprenant, de l'inattendu, et Zeb Wells, pour le moment, continue de jouer la même partition. Du coup, on referme ce numéro 9 de X-men en se disant que décembre sera meilleur, que dans quelques mois il y aura Schism, que la période post Second Coming est un peu morne. C'est la vie, ça ne peut pas être la fête tous les soirs.

Rating : OOOOO

MURENA : La BD franco-belge à l'heure de la Rome Antique

On quitte brièvement les comic-books, ce dimanche, pour se pencher sur le cas de MURENA, qui rentre plus franchement dans le cadre de ce qu'on nommera bêteement le "franco-belge". C'est de la qualité, pensez-y dans vos cadeaux de noël ...

MURENA est un difficile et louable exercice de style de Jean Dufaux et Philippe Delaby : traduire sous forme de bande dessinée une partie de l’histoire de la Rome antique, en restant fidèle à la réalité historique, et sans ennuyer le lecteur moyen. Tout commence dans un cycle de quatre albums regroupés sous le titre du « Cycle de la mère », qui s’attarde sur la personne d’Agrippine. Cette saga raconte le règne de Néron vu par les yeux d'un personnage de fiction, ami de l'empereur. LUCIUS MURENA nous est présenté comme étant le fils de Lollia Paulina qui, elle, a réellement existé puisqu'elle fut quelques mois mariée avec Caligula, puis - comme le rappelle la BD - faillit épouser l'empereur Claude. De nombreuses didascalies émaillent le début de cette sage, et permettent au néophyte d’entrer du bon pied dans cette vaste œuvre de reconstruction, puis au fur et à mesure ce sont les états d’âme des personnages et l’action en elle-même qui occupent le devant de la scène. Il convient en effet de rappeler que MURENA est avant tout une BD historique, avec seulement un voile de fiction. C’est aussi l’anti Néron par excellence, le grand héros noble et droit de cette saga –probablement le seul- qui nous dépeint crûment un monde obsédé par les intrigues, le pouvoir, et rongé par la trahison. Comme quoi quand tout change, rien ne change.



Nous savons tous pratiquement tout de Néron, de sa folie furieuse à son goût prononcé pour les arts et les belles femmes, en passant par sa mégalomanie galopante. Alors Dufaux contourne le problème, et tisse un récit qui puise son intérêt dans l’interaction entre une cohorte de personnages secondaires et de grands noms historiques, une vaste soap opéra latine brillamment illustrée et vivement colorée par un Delaby inspiré. Les scènes de sexe explicites ne manquent pas, et nous allons même par moments lorgner du coté de l’inceste, avec une Agrippine détestable à souhait. Alors bien sur le lecteur ouvert et désirant s’abreuver de connaissance sur le sujet tout en se divertissant avec une bien belle bande dessiné, trouvera ici matière à satisfaire ses besoins. Mais d’autres pourront être aussi rebutés par cette déférence vis-à-vis de la réalité historique, et la minutie apportée à tous points de vue pour assurer une réelle cohérence au récit. Il faut bien, comme à notre habitude, que nous exprimions notre opinion, et elle sera forcément positive : cette œuvre est intelligente, divertissante, édifiante. Nous ne prétendons pas qu’elle soit incontournable, ou à classer au rang des chefs d’œuvres absolus de la BD, mais l’ignorer et ne pas la reconnaître comme un travail éminemment intelligent, serait un mensonge coupable. Si vous ne connaissez pas, il n’est pas encore trop tard.
 
Rating : OOOOO


L'INTEGRALE X-MEN 1980 : LA SAGA DU PHENIX NOIR

Aux States, on trouve en exergue à certains comics : « Nuff said », une façon de dire « Tout est dit, vous avez besoin qu’on en rajoute ? ». C’est ce que nous pourrions dire, après vous avoir récité tour à tour : Byrne, Claremont, Phoenix noir. Nuff said. Chris Claremont, c’est le démiurge des incroyables X-Men, l’homme qui sortit de l’anonymat la série pour en faire le titre le plus vendu de chez Marvel. Une science formidable du récit, des trames et sous trames en abondance, un vaste soap opéra mutant qui culmina probablement avec cette saga du Phoenix noir. John Byrne est son dessinateur fétiche sur le titre, probablement le grand nom du genre dans les 80’s, chacune de ses planches sur le titre X étant parfaitement indiscutable, les traits précis et expressifs, lumineux. Reste le Dark Phoenix, un des grands moments de la mythologie X-men, que chaque fan digne de ce nom se doit de connaître sur le bout des doigts. Le Phénix Noir, c'est-à-dire la version sombre et maléfique d’une entité cosmique toute puissante, capable à elle seule d’engloutir une planète, sans que rien ni personne ne soit en mesure de l’arrêter.


 
Jean Grey, la gentille télépathe et télékinesiste des X-men, au départ jolie petite potiche aux bras de Scott « Cyclops » Summers, est devenue un des personnages les plus puissants du cosmos suite à un retour tragique de l’espace. C’est que les X-men n’avaient pas prévu que le revêtement qui protégeait leur navette des mystérieux rayons cosmiques (les mêmes qui transformèrent les 4 fantastiques ?) allait céder, les condamnant ainsi à un destin aussi tragique qu’inéluctable. Sauf que Jean est capable, de par ses talents sur la télékinésie, de protéger à elle seule le vaisseau en déroute, au prix d’un effort surhumain qui ne sera pas sans laisser de profondes traces. En se sacrifiant pour sauver ses camarades d’une mort certaine, Jean a été transformé en quelque chose d’autre, une force de la nature l’habite désormais : c’est le Phoenix. Sous l’impulsion de Jason Wyngarde, alias Mastermind, le roi de l’illusion, qui œuvre pour le Club des Damnés ( un club select qui désire gouverner le monde et qui a une prédilection pour les tenues sado maso ), Jean bascule lentement et inexorablement vers le mal, et se laisse dévorer par son coté obscur. Mais quand on possède un pouvoir aussi incommensurable, le moindre doute sur votre santé mentale peut avoir des conséquences dévastatrices. La force Phoenix aussi a été contaminée par cette folie galopante, et va évoluer en Phoenix Noir, qui va bientôt aller jusqu’à détruire un système solaire en entier, et souhaiter en faire de même avec notre planète, bien entendu. Vous l’aurez deviné… la seule façon de pouvoir stopper Jean, devenue la plus grande menace qui pèse sur le cosmos, c’est tout simplement de la tuer, avant qu’elle ne tue tout le monde. C’est aussi l’idée des Shi-Ar de la princesse Lilandra, qui décident d’organiser le procès de l’entité et donc de la jeune X-woman. Mais cette dernière est une héroïne au cœur pur et aux sentiments des plus nobles ; si pour éviter quel l’univers périsse, sa mort est souhaitable, alors que mort s’en suive, pour le bien de tous. Sortez vos mouchoirs, et prenez donc une leçon : de l’art d’articuler un récit, d’entretenir le pathos, de créer un comic-book , un vrai, sériel et pourtant jamais banal. Une des pierres angulaires de toute l’histoire des mutants en Bd, un chef d’œuvre qui bien que daté, se lit et se relit avec toujours autant de plaisir, pétri de nobles idéaux et traversé par un souffle cosmique épique, qui font entrer le jolie rouquine dans l’Olympe des grands personnages made in Marvel.
 
 
 
Rating : OOOOO

Cinécomics : SUPER, le film qui ne l'est pas tant que ça ...

SUPER, le second film de James Gunn en tant que réalisateur, a déjà fait un four avant même sa sortie. Après avoir obtenu des résultats minables aux States (en dessous du demi million de dollars de recette, il faut le faire), il ne sortira même pas en salle de par chez nous, mais directement dans le circuit vidéo (en dvd donc) début décembre. Ce qui n'est que justice, car il faut bien l'admettre, ce qui ressemble de loin à une caricature de Kick-Ass est bien plus mauvais que l'original. L'humour est lourd et parfois tombe à plat, certaines scènes sont ridicules et forcées, et on ne comprend jamais quel est vraiment l'objectif, ou le public visé, que Gunn a voulu atteindre avec son film. Le pitch est le suivant : Un homme décide de devenir un super-héros après avoir vu sa femme succomber aux charmes d'un dealer. Mais il n'a pas de super-pouvoirs... et il va vite franchir la mince barrière qui sépare l'héroïsme courageux de la folie furieuse. Le pire arrivera quand une vendeuse de comic-books va le reconnaître, tomber amoureuse de lui, et l'accompagner dans ses virées nocturnes contre le crime (Ellen Page, super agaçante).

Totalement bidon, donc. On retrouve de ci de là des inspirations diverses, comme le film de Vaughn, bien entendu (Gunn affirme avoir ecrit le script avant sa sortie, il faut juste le croire sur parole) ou encore le montage déjanté de Michel Gondry. Des bonnes idées, il y en a, mais confiées à un réalisateur des plus moyens (Scooby-Doo, ça ne vous dit rien? C'est lui le scénariste. Et Slither:Horribilis non plus? C'est normal...) ça donne ce film consternant. Le seul point positif, c'est de vouloir abandonner par moments le registre de la comédie pure et de la caricature, pour bien appuyer sur le fait que le super héros crée de toutes pièces n'apporte aucune réponse aux problèmes urbains qu'il traite à coup de clé à molette géante, mais qu'il finit bien par s'ajouter à la longue liste de tarés en tous genres, de périls publics. Le Crimson Bolt de Super est dérangé du cerveau, croit communiquer avec le Christ en personne, est un raté complet sur le plan sentimental et a une vitalité semblable à celle d'une moule. Mais je ne sais pas quoi vous dire, ce sera le montage, ce sera le coté B-movie qui refuse de vraiment s'assumer, ce sera le fait que ça a déjà été fait et bien mieux assez récemment, je me suis prodigieusement ennuyé en regardant Super. Et je n'ai que très peu ri. Et encore moins compati ou ressenti de l'émotion pour le héros du film. Bref, comme disent les américains, ce "Super", What for ?

Rating : OOOOO

LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR

 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...