MURENA : La BD franco-belge à l'heure de la Rome Antique

On quitte brièvement les comic-books, ce dimanche, pour se pencher sur le cas de MURENA, qui rentre plus franchement dans le cadre de ce qu'on nommera bêteement le "franco-belge". C'est de la qualité, pensez-y dans vos cadeaux de noël ...

MURENA est un difficile et louable exercice de style de Jean Dufaux et Philippe Delaby : traduire sous forme de bande dessinée une partie de l’histoire de la Rome antique, en restant fidèle à la réalité historique, et sans ennuyer le lecteur moyen. Tout commence dans un cycle de quatre albums regroupés sous le titre du « Cycle de la mère », qui s’attarde sur la personne d’Agrippine. Cette saga raconte le règne de Néron vu par les yeux d'un personnage de fiction, ami de l'empereur. LUCIUS MURENA nous est présenté comme étant le fils de Lollia Paulina qui, elle, a réellement existé puisqu'elle fut quelques mois mariée avec Caligula, puis - comme le rappelle la BD - faillit épouser l'empereur Claude. De nombreuses didascalies émaillent le début de cette sage, et permettent au néophyte d’entrer du bon pied dans cette vaste œuvre de reconstruction, puis au fur et à mesure ce sont les états d’âme des personnages et l’action en elle-même qui occupent le devant de la scène. Il convient en effet de rappeler que MURENA est avant tout une BD historique, avec seulement un voile de fiction. C’est aussi l’anti Néron par excellence, le grand héros noble et droit de cette saga –probablement le seul- qui nous dépeint crûment un monde obsédé par les intrigues, le pouvoir, et rongé par la trahison. Comme quoi quand tout change, rien ne change.



Nous savons tous pratiquement tout de Néron, de sa folie furieuse à son goût prononcé pour les arts et les belles femmes, en passant par sa mégalomanie galopante. Alors Dufaux contourne le problème, et tisse un récit qui puise son intérêt dans l’interaction entre une cohorte de personnages secondaires et de grands noms historiques, une vaste soap opéra latine brillamment illustrée et vivement colorée par un Delaby inspiré. Les scènes de sexe explicites ne manquent pas, et nous allons même par moments lorgner du coté de l’inceste, avec une Agrippine détestable à souhait. Alors bien sur le lecteur ouvert et désirant s’abreuver de connaissance sur le sujet tout en se divertissant avec une bien belle bande dessiné, trouvera ici matière à satisfaire ses besoins. Mais d’autres pourront être aussi rebutés par cette déférence vis-à-vis de la réalité historique, et la minutie apportée à tous points de vue pour assurer une réelle cohérence au récit. Il faut bien, comme à notre habitude, que nous exprimions notre opinion, et elle sera forcément positive : cette œuvre est intelligente, divertissante, édifiante. Nous ne prétendons pas qu’elle soit incontournable, ou à classer au rang des chefs d’œuvres absolus de la BD, mais l’ignorer et ne pas la reconnaître comme un travail éminemment intelligent, serait un mensonge coupable. Si vous ne connaissez pas, il n’est pas encore trop tard.
 
Rating : OOOOO


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