Si les comics Marvel sont trop lisses pour vous, si vous pensez que tout cela n’est pas bien sérieux ni pas assez adulte, voici le remède qu’il faut faut. Il s’agit de PREACHER, une bande dessinée au vitriol, plus irrévérencieuse que tous les films de Tarantino mis bout à bout. Une aventure rocambolesque et décapante sur fond de mysticisme trash, mené de main de maître par Garth Ennis, cet irlandais déjanté qui a relancé et redynamisé avec brio le Punisher ces dernières années, et sévi lourdement sur The Boyz. Avec lui, oubliez le mot tabou et attendez vous à des grincements de dents.
Jesse est pasteur. Il ne sait pas vraiment comment il l’est devenu, ni pour quelle raison, si ce n’est son questionnement perpétuel sur l’existence de Dieu. Un samedi soir, déprimé par l’hypocrisie de ses ouailles, il décide d’aller boire une bière au bar du village. L’alcool aidant, il finit par étaler au grand jour les secrets médiocres et parfois effrayants que chacun lui confesse : le barman coupe sa bière, le notable le plus en vue de la région fraude, deux fils à papa ont échappé à la prison pour viol collectif grâce à des pots de vin… Personne n’est épargné. Il est donc normal que, le lendemain matin, tout le monde soit présent à l’église, se demandant quelles nouvelles âneries le révérend, passé à tabac par les victimes de sa malencontreuse honnêteté, leur offrira en pâture. Mais c’est ce dimanche qu’une jeune tueuse à gage ratée, un vampire irlandais et une créature mi-diable mi-ange choisissent pour débarquer en ville… Attention les yeux !!
Matt Dilon, le jumeau artistique d'Ennis, s’occupe des dessins avec une cruauté délicieuse, ses pages gore étant de véritables coups de poings à l’estomac, sans fioritures. Son réalisme tout à fait relatif permet de désamorcer la tension sous-jacente et introduit une touche d'humour salutaire dans les pires turpitudes. L’humour d’Ennis et Dillon confine à l’infâme, il retourne ici les codes de la religion à l’envers, transforme tout ce que nous croyons être en un grand théâtre de l’absurde. Irrévérencieux au maximum, j’ai eu, moi qui suis très prudent lorsqu'il s'agit de rire sur le sujet, quelques réticences à me plonger dans la série. Ce qui est au final dommage car il ne s’agit ici que d’art, que de littérature en images, absolument pas de blasphème, même si certains dialogues ( percutants et jubilatoires ) vont faire dresser des poils sur l’échine de certains. Et les couvertures commentées de Glenn Fabry sont un agréable bonus qu’on savoure avec délectation. Après ça, vous allez donner un autre sens au mot trash, croyez-moi. Au total, neuf tomes vous attendent chez Panini, dans la collection Vertigo Cult. C'est Noël dans peu de temps, pensez-y ...
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