X-MEN 15 : Les grands débuts de SCHISM

Le grand Schism des X-Men commence ce mois-ci, en Vf, chez Panini. La revue du mois de mai est arrivée avec quelques jours d'avance sur le muguet, ces derniers jours d'avril. Au sommaire, ce sont surtout les deux premiers volets de la saga si attendue qui retiennent l'attention. On y découvre un Wolverine qui semble fatigué de voir de jeunes ados considérés comme de simples soldats, un Scott Summers qui se rêve généralissime des armées mutantes, et un Quentin Quire (le même qui sema le trouble à l'institut Xavier durant l'ère Morrison) qui revient, pour un coup d'éclat en mondovision, lors d'une conférence sur la paix et le désarmement. Du coup, plus que jamais, les mutants finissent dans l'oeil du cyclone, et un peu partout sur le globe, les différents gouvernements ressortent les vieilles sentinelles rouillées ou oubliées, histoire de se prémunir contre nos méchants X-Men. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, voilà qu'un gamin de douze ans parait sur le point de devenir le nouveau membre fort du Club des Damnés, plus redoutable que jamais! En deux épisodes, voilà plus d'action que lors des dix ou vingt précédents. Ouf, il était temps. Humour truculent, trame fort intéressante, la suite est demandée, et vite! Aaron marque encore des points dans la course au titre de meilleur scénariste du moment, alors que chaque partie est confiée à un dessinateur différent. Le premier qui s'y colle est Pacheco, et c'est assez agréable, même si académique. Son Wolverine a pris du poids et semble un peu trop pataud. Le second est réalisé par Frank Cho. Bonne nouvelle... sauf que pour le coup, il est presque méconnaissable. C'est assez laid, et son Scott Summers ressemble à un vieillard atteint d'une maladie dégénérative en phase terminale.

Pour compléter le sommaire, les deux premiers chapitres d'une nouvelle saga publiée sur les pages de X-Men Legacy, qui revient dans le mensuel. On s'ennuie ferme, quel contraste avec la première partie! Pour simplifier, disons qu'une équipe de mutants, emmenée par Malicia, se téléporte dans l'espace profond pour prêter main forte et ramener parmi nous Polaris,Havok et Marvel Girl, toujours en vadrouille dans le cosmos. L'édito nous révèle qu'il vaut mieux avoir lu X-Men Universe HS 2 auparavant, et comme de bien entendu, ce n'est pas mon cas, ce qui explique en partie mon désintérêt pour ces pages. On se retrouve alors au beau milieu d'une guerre civile entre des Shi-Ars et une sorte de peuplade insectoïde, les Grad Nan Holt. Non seulement le récit manque de temps forts et peine à captiver le lecteur, mais en plus, c'est bigrement mal dessiné par Steve Kurth. Les visages sont bâclés, les silhouettes manquent singulièrement de grâce, même les couleurs, à forte prédominance grise, bistre et olivâtre finissent par ficher le bourdon. C'est bien dommage car je m'apprêtais à donner une bien bonne note au mensuel de mai, mais ce final soporifique fait forcément retomber la moyenne. Ce sera encore pareil le mois d'après, avec un sommaire identique. Le jour et la nuit, pour les X-Men.

Rating : OOOOO

LA VISION ET LA SORCIERE ROUGE (Récit Complet Marvel)


En fouillant parmi les vieux comic-books des années 80 dont regorgent mes cartons laissés en jachère, j'ai retrouvé cet album d'une importance notable pour la suite de la continuity Marvel. Il s'agit du quatrième Récit Complet Marvel proposé en 1984 par Lug. Les héros de cet album sont deux époux bien particuliers, la Sorcière Rouge, qui allait devenir si puissante et incontournable bien des années plus tard grâce à Brian Bendis (Avengers Disassembled) et son synthézoïde de mari, la Vision, un type fait de circuits électroniques, mais capables d'émotions, dont l'amour, qui est peut être bien la plus complexe! Bill Mantlo met en scène les deux tourtereaux dans quatre récits à la suite, chacun présentant une thématique et une action finalement assez séparée et isolée de la suivante et de la précédente. On démarre dans un quartier tranquille du New Jersey, où les ex Vengeurs ont décidé de s'installer pour vivre une vie sereine, comme vous et moi. Mais à peine ont-ils pris possession de leur nouvelle demeure, ils sont attaqués par un Dieu Duide, puis ils doivent prêter main forte au père adoptif de Wanda (et de son frère Pietro, donc) qui souhaite récupérer la garde de son véritable fils, Nuklo, qui est une véritable bombe atomique ambulante, depuis que d'infâmes radiations l'ont contaminé dès le ventre maternel. Au passage, la Vision y laisse un bras, totalement fondu et hors service. Pour réparer son organisme artificiel, il doit ensuite faire appel à Simon Williams (Wonder Man), l'homme dont les schémas mentaux ont permis d'insuffler une vraie personnalité à l'androïde. C'est un peu comme son frère, en fin de compte. Vous l'aurez compris, le fil conducteur de toutes ces péripéties, c'est la famille, les non-dits, les liens fragiles, niés, castrateurs, ou consolateurs. C'est encore plus flagrant dans le grand final, lorsque Wanda et son époux se rendent sur la Lune, chez les Inhumains, pour de la chirurgie réparatrice. Là, ils sont rejoints par un Magneto remonté, qui leur apprend la vérité, jusque là cachée : Pietro et Wanda Maximoff sont bien ses enfants, et la naissance de la petite Luna -qui est donc la nièce de la Sorcière Rouge et le fils de Vif Argent et Crystal-permet au moins de mitiger ses sentiments belliqueux à l'encontre des simples humains. Tout cela est raconté selon un schéma classique pour l'époque, peut être trop réthorique et pompeux pour les lecteurs d'aujourd'hui. Cet album revêt toutefois une importance capitale pour la suite de l'univers Marvel, puisqu'il clarifie les relations entre tous les personnages mentionnés, ouvrant la voie à d'autres sagas et retournements de situation, qui vont rythmer l'univers Marvel dans les années à venir. Le dessinateur est Rick Leonardi, appliqué et très expressif, qui tente souvent avec succès de transmettre de l'émotion avec les visages et mimiques de ses héros. Tout cela revient d'actualité avec la récente confrontation entre la Sorcière Rouge et son ancien mari, qu'elle a utilisé comme une arme pour détruire ses compagnons Vengeurs, durant son coup de folie. Une dose de nostalgie canaille, avec ce couple qui fut autrefois un pilier de la série des Avengers, Côte Est et Ouest confondues. 


Rating :OOOOO




Cinécomics : THE AVENGERS de Joss Whedon

Et bien voilà, c'est fait. J'ai moi aussi accompli mon devoir, je suis allé assouvir mon rêve de vieux lecteur de Strange, en me rendant au cinéma pour une séance des Avengers. A l'époque où je dévorais les aventures des Vengeurs chez Lug et Semic, je ne me serais certainement pas attendu à voir un film avec une telle qualité d'image. Mais le temps et la technologie ont bouleversé la donne, au point que je reviens des salles obscures avec enthousiasme mais aussi toute une série de remarques pas foncièrement positives. Bon sang, nous sommes donc devenus si cyniques?

En tous les cas, foin de lunettes 3D, j'ai choisi la séance en deux dimensions, puisque mes dernières expériences en matière de relief se sont soldées par une saignée économique, mais peu d'images spectaculaires. Le public est jeune (bonne nouvelle) avec un tiers de vieux fans dans mon genre. Les gens sont venus en famille, j'ai l'impression, et la salle est à 99% comble. Le film débute par une scène confuse, censée nous présenter le vilain de l'histoire. Ouais, d'accord, mais ces voix qui grondent, c'est presque inaudible. Le début de Avengers est assez lent, on attend le décollage (tout ce qui se passe au sein du Projet Pégasus est plutôt mal ficelé) mais le film tarde à prendre son envol. Il y a bien une scène d'action efficace avec la Veuve Noire, plombée par plusieurs faux raccords, mais assez jouissive pour les fans de Scarlet Johansson. Trop de blabla et de palabres, pas assez d'héroïsme et de moments forts. Mais une fois que Loki a fait des siennes, que Fury décide que le moment est venu de l'arrêter et de récupérer le Cube Cosmique, alors les festivités commencent. Les costumes sont de sortie, les caractères s'affrontent, l'équipe n'en est pas une. Nous avons des individus potentiellement dangereux et conflictuels, qui vont devoir collaborer pour une mission commune, mais qui ne semble guère s'apprécier, et ont des modus operandi bien divergents. C'est sympathique, ça donne de bonnes répliques et un joli fight entre Thor et Iron Man, que ponctue un solide coup de marteau sur le bouclier de Captain America, venu arbitrer le match. Pour comprendre l'effet de celui ci, il vaut mieux savoir que ledit bouclier est constitué de vibranium, et en connaître les caractéristiques. Nous les fanboys avons compris, derrière moi les trois lycéens bavards un peu moins. Les mêmes qui lors d'une des scènes les plus savoureuses admettent à voix haute ignorer le sens du mot "philanthrope" prononcé par Tony Stark. Avec Avengers, vous allez vous refaire une culture, par dessus le marché!




Toute la seconde partie du film, l'attaque des aliens, le piratage de l'héliporteur du Shield (présent dans le film, tout comme le Quinjet des Vengeurs), le regroupement de nos héros qui fonctionnent enfin comme un team, tout cela est très réussi et enlevé, avec des dialogues bien écrits et qui font mouche. Les Avengers ont un mérite énorme : enfin nous réalisons véritablement les dégâts et catastrophes que les luttes de nos gaillards peuvent occasionner à leur environnement. Dans les comic-books, c'est parfois un vrai cataclysme, au cinéma, on prend conscience de l'étendue du carnage, c'est éloquent. Parmi les personnages, soulignons l'excellente nouvelle incarnation de Hulk par Mark Ruffalo, très convainquant en Bruce Banner, tandis que son avatar vert est pour la première fois saisissant de brutalité. Captain America est trop souvent en retrait, pas assez imposant et dans la peau d'un véritable leader, alors que Thor souffre peut être du jeu académique de son interprète Chris Hemsworth. Même petit défaut pour Hawkeye, qui est confié à un Jeremy Renner un ton en dessous des autres, et qui parvient à décocher des dizaines de flèches tout au long du film, sans même avoir besoin de recharger son carquois. Par contre, Downey Junior est comme toujours un Tony Stark hilarant, Scarlet Johansson incarne plutôt bien une Veuve Noire létale et fragile, au fond. Le Loki du film est réussi, une transposition intelligente au grand écran, magnifié par une scène délirante contre Hulk, qui a fait s'esclaffer aux larmes toute la salle. Avengers est-il une réussite? Oui, c'est évident. Le rythme tarde à s'emparer de la pellicule mais quand cela advient, on est clairement transporté par ce blockbuster qui balance aventure, gros effets spéciaux, et pas mal de jolies vannes bien placées. Mission accomplie, sans éviter quelques écueils et grosses ficelles inhérentes au genre, mais incontestablement nous avons là une adaptation cinéma comme nous pouvions en rêver dans les années 80. Avec un équilibre bien pesé entre tous les Vengeurs, leur présence, leurs interactions, leurs rapports personnels. La perfection n'est pas de ce monde, ni de ce film, mais si le but est de se divertir et d'en prendre les yeux, on peut considérer qu'il est atteint! Attention cependant, il est recommandé d'avoir vu certains films Marvel précédents (surtout Captain America, pour savoir ce qu'est le Cube Cosmique, si vous n'êtes pas un lecteur de bd) pour comprendre certains passages autrement obscurs. 

Rating : OOOOO



Et je ne vous parle pas de la scène bonus finale, juste après le premier générique de fin. Une bonne partie de la salle était déjà sortie, mais ceux qui savaient, les habitués et les initiés, ont pu avoir l'immense plaisir de voir en gros plan le visage honni du grand vilain Marvel que tous les fans attendaient... Vivement le second opus!

AVX : VERSUS #1 Avec Iron Man, Magneto, la Chose et Namor

Versus, cela signifie "contre". Autrement dit, cette mini série à l'intérieur de la maxi série n'a qu'un seul but avoué, celui de nous proposer des combats, de la castagne, au kilomètre. Pas de place pour la philosophie orientale ou l'introspection, ici on frappe, et on pose les questions après. Un comic-book qui ressemble fortement à ces vieux jeux d'arcade à la Street Fighter, où le but est d'appuyer frénétiquement sur toutes les touches à la fois, pour en mettre plein la tête à un adversaire coriace. Dans ce premier rendez-vous, deux combats vous attendent. Le premier est vraiment alléchant, puisqu'il oppose Iron Man à Magneto, le Seigneur du magnétisme. J'entends déjà les quolibets : quoi, Tony va en découdre avec un type qui se joue du métal, lui qui se balade dans une armure! Mais celle ci est ultra technologique, constituée de matériaux non métalliques, et surtout, elle est surpuissante. Ce qui fait que la lutte est vraiment apocalyptique, que les coups pleuvent et que la démonstration de force des deux combattants est assez séduisante. Un bon job signé Aaron et Adam Kubert, qui plaira assurément aux amateurs de fighting comics.

Second round cette semaine, voici venir la Chose (des Fantastiques) contre Namor. Le match se déroule à domicile pour le second cité, puisque nous sommes au large d'Utopia, sous l'eau. Du coup le Prince des mers pontifie, pendant que Ben Grim exprime ses pensées, pour nous laisser croire à un vrai dialogue entre les deux contendants. On pourrait s'attendre à plus de violence, plus de puissance brute, mon impression est une lutte où les personnages n'expriment pas complètement leur potentiels, restent un peu en retenue. Il existe pourtant un vrai passif entre ces lascars, depuis le temps où le Prince d'Atlantis tentait fréquemment de séduire la belle Invisible des FF, quitte à l'enlever ou à discréditer ses compagnons d'équipe. Ce sont les Immonen qui s'occupent de cette seconde partie. Kathryn au scénario, et Stuart aux dessins. Je lui trouve d'ailleurs (et ce n'est pas d'aujourd'hui) un tout petit coté Mike Mignola pour grand public, qui rend ses planches assez agréables. En tous les cas efficaces et lisibles, ce qu'on lui demande dans ce type d'exercice mainstream. Cerise sur le gâteau, Versus propose tout au long des affrontements de petits commentaires, de petits inserts, qui explicitent ou informent le lecteur sur la situation présente (du genre, le pouvoir de Magneto, ou la force d'impact des poings de Namor). La bonne nouvelle finale, c'est que si on fait exception du caractère totalement bourrin de cette mini série dans la série (mais vous êtes prévenus dès le titre et les crédits), on se surprend tout de même à miser une pièce sur l'un ou l'autre des opposants, et à se demander si oui on non l'issue des combats est crédible et justifiée. Au moins, on ne devra pas recourir à l'aspirine pour ingurgiter cette vingtaine de pages.

CACA BOUDIN : ONSLAUGHT REBORN




Caca Boudin, c'est la rubrique des mauvais comics, ceux que vous avez un jour acheté, lu, voire relu, sans savoir pourquoi!



Il y a quelques mois de cela, je me rappelle avoir eu cette discussion sur les comics récents, et principalement sur le pire de la production actuelle. Un nom a été cité, qui m'a trouvé particulièrement d'accord : ONSLAUGHT. vous vous souvenez ? Il y a plus d’une décennie de cela, le coté mauvais de Magneto et du Professeur Xavier fusionnaient pour donner naissance à une créature toute puissante, qui mettait la planète à feu et à sang. Pour en venir à bout, les plus grands héros de la Terre se sont sacrifiés, et ils ont été crus morts pendant des mois. En réalité les Vengeurs, les Fantastiques et d’autres encore, avaient été transportés par le jeune Franklin Richards (le fils de l'autre, Mister Fantastic) dans un « univers de poche » au sein duquel leurs aventures reprenaient de zéro, selon un schéma narratif déjà connu, mais subtilement modifié et mis à jour. Cette opération intitulé Heroes Reborn fut un demi fiasco, et tout repris comme si de rien n’était lors de la période Heroes return quand tous les super héros revinrent sur la bonne Terre.






Et bien Onslaught, ce vilain malfaisant et presque invincible, a osé faire un retour improbable sur les pages du numéro 2 de Marvel Heroes hors série. Un album peut être mauvais, raté, mais à ce point, ça relève presque du Guiness des records. Mais alors bon sang, que c’est mauvais ! Jeph Loeb pond ici peut être un de ses pires récits, plein d’incohérences, de batailles stériles et avec des dialogues parfois ridicules qui tombent à plat. Le dessin est confié, comme à l’époque de Heroes Reborn, à Rob Liefeld, qui travaille uniquement sous LSD. C’est la seule explication pour justifier ses héros boursouflés, rois de la gonflette sous corticoïde, qui ont en permanence la mâchoire et les poings serrés et se maravent les uns les autres à la moindre occasion. Rien que pour boire un café, au petit matin, le héros de Liefeld bande une centaine de muscles et grimace en soulevant la tasse. C'est ainsi, et jamais autrement. Ce retour de Onslaught est vraiment navrant, dispensable, incohérent, et puéril. Avec une telle Bd, ne pensez pas convaincre les derniers réticents aux comics, vous allez passer pour un crétin retardé. C’est tout plein de couleurs et de baston, mais même votre petit neveu de huit ans finira par s’exclamer « Mais où est donc le scénario ? » Les plus radins d’entre vous ont bien fait d’économiser à l'époque les 5,60 euros que coûtait ce torchon, qui devrait être disponible sur Internet ou dans les bourses aux échanges pour quelques centimes, sans compter qu'il ne mérite pas même qu'on paye les frais de port. Vite lu vite oublié, ça vaut mieux. 


Rating : OOOOO

AVENGING SPIDER-MAN #6 : LA REVIEW (THE OMEGA EFFECT part 1)


Avenging Spider-Man #6 marque le début de la partie à trois à laquelle vont s'adonner Daredevil, le Punisher, et le tisseur de toile. Un crossover urbain aux ambitions mesurées, mais pour cela également plus contrôlé et probablement abouti. Il faut juste savoir que Matt Murdock est entré en possession d'une sorte de dvd/disque dur réalisé à partir des restes d'un costume des Fantastiques, c'est à dire avec des molécules instables (c'est l'Omega Drive). Du coup l'objet est virtuellement inviolable, et d'une capacité de stockage sans limites. Il contient surtout de la matière brûlante, à savoir toutes les données pouvant faire plonger 5 des plus gros cartels du crime, dont l'A.I.M, l'Hydra, ou encore le Black Spectre. Comme vous pouvez vous y attendre, ces derniers ne vont pas rester les bras croisés, et il y a fort à parier que le quotidien de Daredevil va être des plus mouvementés. Certes, Spider-Man va pouvoir lui donner un bon coup de main, mais il n'est pas dit que l'aide du Punisher soit exactement ce dont il rêvait, à la base. Les méthodes des uns et des autres sont radicalement différentes, ce qui nous offre de bons dialogues savoureux, un humour cette fois qui fait mouche, et ne se révèle jamais trop lourd ou pataud. L'histoire peut sembler un peu confuse, à une première lecture individuelle, mais il faudra une vue d'ensemble, avec notamment les deux autres séries impliquées, pour mieux apprécier l'architecture du récit, qui introduit en outre une présence féminine aux cotés du Punisher, une certaine Rachel Cole-Alves, dont vous saurez tout en lisant le bimestriel Panini "Marvel Knights" ces prochains mois. Coté dessins, nous sommes gâtés. Marco Checchetto (dont l'interview a été récemment publiée sur ce site) continue de nous montrer qu'il est aujourd'hui un des artistes européens les plus doués que Marvel ait pu engagé. Sens de la mise en page, figures imposantes et anatomies sculpturales, il insuffle dans The Omega Effect une sacrée dose de crédibilité et de force. On a hâte de lire ça en Vf dans quelques mois, et en attendant on croisera les doigts pour que le final soit digne de ce nom. C'est en tous les cas toujours sympathique de retrouver cette triade ensemble, gage d'une intéraction des plus pétillantes. 



THE AVENGERS #25 : LA REVIEW

Oui, c'est vrai, ce numéro 25 est le premier de la série a être directement concerné par Avengers Vs X-Men (encore que d'une manière bien mineure). C'est aussi le début de la fin pour Brian Bendis en tant que scénariste des Vengeurs. Mais disons le tout net, ce qui a retenu l'attention des fans, c'est bien le nom du dessinateur, Walt Simonson, qui se fait décidément trop rare ces dernières années. Que se passez t'il ce mois ci chez les plus grands héros de la Terre? le Phénix arrive, mais on n'a pas le loisir de s'y intéresser. Disons que Captain America n'a pas le moral au beau fixe, entre la pression de son job (il est chargé de la sécurité intérieure aux States, tout de même), la sensation de ne pas être à la bonne place, à la bonne époque, et le besoin impérieux pour son team de placer un big win, une victoire nette et indiscutable, ne serait-ce que pour calmer les mouvements d'opinions défavorables. Thor est de retour et tente bien de le remotiver, mais c'est finalement Noh-Varr qui va lui fournir l'occasion de se défouler un peu. L'équipe au complet (pour une fois il en est ainsi, même tornade prend part à l'action) investit un repère de l'A.I.M pour récupérer les secrets génétiques qui leur ont été volés, mettre la pâtée aux méchants terroristes du jour, pour avoir se mettre un peu de baume au coeur. Le final est un petit moment d'intimité entre Noh-Varr et l'Intelligence Suprême des Krees, qui confirme bien nos craintes : dans les prochaines semaines, ça va être tendu, voire apocalyptique. J'en reviens finalement à Simonson. Je me réjouissais pourtant grandement de le revoir à l'oeuvre, mais là, encré par Scott Hanna, je suis loin d'être convaincu. Son style et sa caractérisation de certains personnages semblent être restés bloqués aux années 80. On peine même à identifier certains héros (Spider Woman au début de l'épisode) ou certains costumes (l'armure d'Iron Man me semble étrange). Je ne suis pas emballé par les visages, et les couleurs trop criardes n'aident pas non plus à crier au génie. Du coup voilà une lecture sympa sur le moment, mais qui au final est loin d'avoir exploité toutes ses ressources, et de laisser un souvenir impérissable. Il ne faudrait pas que une fois encore, à l'approche d'un grand event Marvel, les titres Avengers ne servent que de réceptacle secondaire pour des intrigues poussives, en marge du grand récit. Une des tares de la gestion Bendis, qui a fait beaucoup de tort aux plus grands héros de la Terre. 


JUNGLE GIRL, C'EST CHO COMME LA BRAISE

L'autre soir, j'ai écouté un des récents podcasts diffusés sur le site Comicsblog. J'aime beaucoup ces émissions, je vous les recommande chaudement. Le sujet était le sexe dans les comic-books, sa représentation, l'hyper sexualisation des personnages, notamment les femmes. C'est vrai que c'est un problème apparent, car dans l'esprit de nombre d'ignorants de la chose super héroïque, nos lectures sont aussi celles de geeks frustrés qui passent leurs soirées à reluquer de grosses poitrines emballées dans des tenues latex. Certes, le physique de ces dames, chez Marvel et compagnie, est loin d'être désagréable, et on se demande où est l'avantage de participer à des combats corps à corps ou à voler dans l'espace avec deux énormes atouts mammaires en guise de balises. Mais ce n'est pas que ça, très loin de là. La richesse de nos Bd favorites est inépuisable. Et puis votre petite amie qui ne vous croit pas arrive, elle vous met sous le nez un album choisi au hasard, et là, paf, bonne pioche, elle sort Jungle Girl de Frank Cho et Doug Murray, et vous commencez à bredouiller...

Je ne l'avais jamais lu, et je me suis finalement résolu à le faire car on me l'a prêté en m'incitant à m'y plonger. Oui, certes. En gros, un avion s'écrase dans une sorte de contrée reculée, qui est restée à l'ère préhistorique (un peu comme la Terre Sauvage de Marvel), sans aucune attention particulière à la réalité géologique (les gros dinosaures, les guerriers de l'âge de pierre, tout ça se confond dans un joyeux bordel). Les passagers sont sains et sauf, mais ils ne feront pas de vieux os en territoire hostile. Sauf qu'une créature époustouflante va veiller sur eux. Une belle plante absolument canon, aux courbes généreuses et incendiaires. Frank Cho et Doug Murray ne s'embarrassent pas du scénario. Il n'y en a pas, ou plutôt si, un très mince synopsis, qui est un prétexte aux contorsions de leur créature, vu de dessous, de dessus, de coté, étirée, accroupie, etc... On peut la mater sous toutes les coutures, pendant que ceux qu'elle a sauvé se déchirent, pendant que des tribus sauvages passent à l'attaque... Mais rien n'a d'importance, hormis le trait souple et abondant d'Adriano Batista, qui malgré une mise en couleurs et un traitement digital souvent irritant, reste quand même de haute volée. Cho et Batista, c'est un hommage à la chair, à la volupté, engoncé dans un string et un soutien gorge minimaliste. Mais ça donne aussi raison aux détracteurs, du coup. Pourquoi acheter un truc comme Jungle Girl? Pour s'en mettre plein les yeux, avec une héroïne de papier? Pour lire du comic-book Marc Dorcel, version édulcorée, tout dans la suggestion? C'est beau, plastiquement élégant, mais creux, si creux, très creux, qu'on ne voit pas le fond de cette grossière imitation de Shanna la Diablesse...

Rating : OOOOO


Jungle Girl est publié en Vf aux éditions Milady

MARVEL BEST OF : AVENGERS ETAT DE SIEGE

Panini nous propose de (re)lire une des aventures les plus dramatiques des Vengeurs, directement puisée dans les années 80. Les fans de Bendis peuvent en écarquiller les yeux, car oui, il y a eu une vie avant leur démiurge. en l'occurrence, ici les plus grands héros de la Terre ont maille à partir avec les Seigneurs du Mal, et le tout est scénarisé par Roger Stern, une des pointures d'alors. Celui ci avait bien compris que plus que les batailles épiques entre malabars en costumes, ce sont les relations interpersonnelles entre héros qui constituent toute la sève de ce titre, et il avait entrepris de mixer intelligemment les deux, tout d'abord avec Al Milgrom aux dessins, puis John Buscema (ici présent), qui contribua grandement au succès de la série. Là, nous assistons à une lutte dramatique contre une coalition de vilains sans pitié, menés par le fils du Baron Zemo. Ils parviennent à s'introduire dans le Qg des Vengeurs, et les constituent prisonniers, avec de terribles conséquences. Les super-héros de Stern sont humains et fragiles; à ce sujet ne ratez pas la conclusion avec un Captain America qui pleure comme un gamin. Tout cela donne une forte crédibilité émotive à la lecture de l'album. Les criminels, eux, sont foncièrement mauvais, mais ils ne dédaignent pas non plus faire preuve de sadisme, comme lorsque Mister Hyde torture Jarvis, le majordome, sous les yeux de nos héros. Tout ceci est important car anticipe le titre Thunderbolts, dans lequel vont s'associer des êtres peu recommandables comme Moonstone, le Baron Zemo, et d'autres repris de justice, dans une course au rachat pas franchement sincère, mais toujours passionnante. Le line-up des Avengers vaut lui aussi le détour. Si on trouve de grands noms comme tauliers de la maison (Thor, Captain America, la Guêpe), ne négligeons pas la présence de héros mineurs, ou qui aujourd'hui ont disparu de la formation, comme le Chevalier Noir, Captain Marvel (pas le Kree, bien sur, mais la belle Monica Rambeau) ou encore Hercule. Buscema est en pleine forme, et reçoit le soutien de Tom Palmer à l'encrage, dont le trait ombrageux correspond bien à ce que fut le titre ces années là, et qui contribua à le rendre reconnaissable et apprécié des lecteurs. Angoisse, souffrance, rage, tous les sentiments sont exprimés à merveille, ce qui est un des motifs principaux pour vous procurer cette saga haletante, qui fait monter en chacun de nous un sentiment d'impuissance et de colère, voire de vengeance, pure et simple. Heureusement que le Punisher ne fait pas partie des Vengeurs, car ce "siège" aurait alors connu une conclusion sanguinolente, digne de l'affront subi par des héros bien fragiles. Quelle aubaine, en tous les cas, que ce film désormais presque dans les salles. Nous voilà comblés, à cette occasion, avec ce genre de réédition qui vaut son pesant d'or!






Rating : OOOOO

IRON MUSLIM : LE PASTICHE TERRORISTE DE RICH JOHNSTON

Iron Muslim. Le musulman en fer. C'est bien entendu une parodie grossière de notre Iron Man des familles, avec une grosse barbe par dessus l'armure. Pour mieux comprendre le synopsis de ce comic-book, place aux mots mêmes de son protagoniste, dès la première planche. "Mon nom est Al Stark, et je suis un partisan d'Al Qaeda. Vous avez peut être entendu parler d'eux. Je suis né en Irak, dans les rues d'Al Busayyah. Ce que j'ai vu les troupes américaines faire à ma famille m'a changé à jamais. J'étais un étudiant ingénieur prometteur, à l'époque. Mais rejoindre la guerre contre le grand Satan était bien trop tentant. J'ai trouvé une nouvelle voie pour m'édifier  moi même : fabriquer des bombes." Al Stark est attaqué par les forces Us, dans sa grotte, et comme Tony, il est contraint d'endosser une armure, qu'il destinait à un autre, pour sauver sa peau. Dès lors il devient Iron Muslim, dégomme la Statue de la Liberté, s'interroge sur ses propres contradictions (l'Amérique est le grand Satan, mais on y trouve quand même de chouettes émissions de télé réalité et des trucs à manger...) et finit par se laisser persuader de réaliser un film (autre parodie, celle des movies de super héros) pour expliquer son parcours et gagner les faveurs du grand public. De terroriste, Al Stark devient une idole des foules. Que dire de plus? Est-ce vraiment drôle? Oui, par moments, sans pour autant provoquer l'hilarité? Est-ce vraiment intelligent? Et bien ça aurait pu, mais finalement, il n'y a pas de véritable réflexion, à part quelques portes ouvertes enfoncées. C'est bien dessiné? Non, car ce comic-book se veut juste un gros pastiche, et Bryan Turner se met au diapason. Alors quoi? Et bien je ne sais que dire. Le rédacteur en chef du site bleeding cool, Rich Johnston, pensait probablement réaliser là une petite bombe irrévérencieuse, mais au final, il s'agit surtout d'un pétard à faible portée. C'est édité chez Boom! Studios et ça coûte quand même quatre dollars. Le prix, lui, n'est pas parodique. Laissez vous tenter si vous le voulez, mais franchement, sous la patine provocatrice, il n'y a pas grand chose à ronger autour de l'os. Je vous aurais prévenu. 



AVENGERS Vs X-MEN #2 (ROUND TWO) : La review

On avait refermé le premier numéro d'AvX avec une certitude : le grand combat entre les deux formations phares de l'univers Marvel a bel et bien commencé. Cyclope et Captain America ont donné l'exemple, le mauvais, en se tapent dessus comme des chiffonniers. Derrière eux, leurs compagnons en spandex ne sont pas en reste. Les Avengers prennent Utopia d'assaut, et ils ne font pas dans le détail. Après une longue attente, on y est enfin, comme le fait remarquer avec humour Spider-Man, qui emploie des mots que pourrait prononcer le lecteur moyen (Wow, Avengers Vs X-Men,so this is really happening). Le clash est puissant et les coups font mal, et mouche. Que dire de ce choc des titans, entre Colossus et le Hulk Rouge, dont les assauts musclés font vibrer jusqu'à la faille de San Andreas (c'est la didascalie qui le dit, et pas moi!). Au passage on donne aussi dans l'incohérence, lorsque Steve Rogers balance son bouclier à la figure de Scott Summers. Ce dernier est touché en pleine tempe mais il doit avoir un casque à toute épreuve car il n'est pas sonné, et envoie la sauce avec ses rafales optiques en guise de remerciement. La preuve ultime qu'il a la tête dure, ce Scott Summers, qui a définitivement sombré dans les délires de la foi aveugle en sa jeune Messie. Celle ci sent le pouvoir du Phénix monter en elle, et décide de participer à la joyeuse pagaille. Pour ce faire, elle se débarrasse de ses petits camarades, mais se retrouve face à face avec Wolverine et Spider-Man. Je vous laisse déguster l'issue de la dispute. John Romita Jr fait de son mieux pour faire oublier ses errements récents, et il y parvient en partie. Mais dès qu'il s'agit des fonds de case, des personnages au second plan (quand ils sont nombreux, comme au tout début de ce numéro) alors là, bonjour finesse... Sinon, les dialogues sont assez pétillants et même parfois drôles (c'est Jason Aaron cette fois qui s'occupe du scénario), les face à face plutôt réjouissants (Iron Man contre la White Queen, Doctor Strange face à Illyana Rasputin, Namor versus Luke Cage...). Pour l'instant, des nez cassés, de gros bleus et quelques bosses, mais curieusement, aucune perte ou aucun dommage irréversible. On sent que le gros des bobos sera dilué, en long et en large, dans la série parallèle, Versus, dont le titre est en soi tout un programme. Cela dit, ne vous fiez pas à ce constat, un coup d'oeil volé sur le journal intime de Wanda, la Sorcière Rouge, nous apprend que la belle rêve de Phénix, et de fin du monde. L'univers Marvel peut donc trembler, tout cela ne fait que commencer. Vivement la suite.



Round One : ici 

THE BOYS DELUXE 1 : CA VA FAIRE TRES MAL

Franchement, vous croyez vraiment que si les super-héros existaient, ils se conteraient, du haut de leurs statuts d'icônes et de leurs pouvoirs formidables, de sauver la veuve et l'orphelin sans rien demander en échange? Juste par pure abnégation et sens des responsabilités, comme ce bon vieux Peter Parker? Oui, il y en aurait peut être, mais il y a aussi fort à parier qu'une bonne majorité d'entre eux finirait par s'adonner à la corruption, ou par dévier de sa trajectoire initiale. Le pouvoir fait tourner les têtes, alors le super pouvoir, imaginez donc! Et quand une communauté de héros en latex, tout puissants, commence à toiser le commun des mortels et ne s'embarrasse plus des dommages collatéraux occasionnés par les batailles de rue, qui pourrait donc bien rétablir un semblant d'équité, en rappellant à l'ordre, par la force s'il le faut, ces demi-dieux inconscients? Cette tâche ingrate, c'est celle qu'ont accepté les cinq membres d'une force gouvernementale secrète, The Boys, dirigée par la carrure impressionnante de Butcher, le plus cynique et solide d'entre eux. Toutes les méthodes sont bonnes pour faire plier ces super gugusses sans foi ni loi, comme les sept plus grands héros de la Terre, qui en orbite géostationnaire autour de la Terre, dans leur Qg ultra moderne, font passer une audition particulière à la petite dernière, leur nouvelle et jeune recrue. La jolie blonde va devoir sucer ces messieurs (toute ressemblance avec la JLA de Dc comics n'est pas fortuite, bien entendu) alors que la version juvénile de ces défenseurs de la paix (les Jeunes Terreurs, clin d'oeil réussi aux Jeunes Titans) n'est pas en reste : les gamins se fourvoient dans le stupre, la drogue, l'immoralité la plus totale. Il est temps d'agir, les Boys sont là pour cela. 






Garth Ennis avait l'ambition de faire encore plus dérangeant, avec The Boys, que ce qu'il fit avec Preacher quelques années auparavant. Mission en partie réussie, mais pas totalement. L'aspect religieux, si souvent présent et brocardé chez l'auteur irlandais, est ici mis de coté, dans ce Deluxe, au profit d'une représentation crue et acide de la sexualité débridée, tout spécialement des rapports de groupe et homosexuels. Les homos, d'ailleurs, qui sont victimes d'un feu nourri. On a l'impression que tous les super slips, chez Ennis, le sont clairement ou indirectement. La charge ironique sur le sujet est si forte qu'on bascule souvent dans le mauvais goût, même si très clairement drôle. C'est bien là la limite de Garth, sa propension à vouloir écrire des scènes qui flattent les plus bas instincts de son public, jouant avec les codes tabous du sexe, principalement. Du coup, il atteint parfois sa cible à merveille, comme la scène où Stella, jeune recrue, est contrainte à une fellation multiple pour être acceptée parmi ses aînés héroïques; ou lorsque son idole de toujours lui dessine une vaste échancrure au marqueur, sur le costume, pour l'inciter, sur ordre des sponsors du groupe, à en revêtir un nouveau, plus audacieux et croustillant. Mais Garth se perd aussi lorsqu'il insiste lourdement sur les épithètes salaces réservés aux gays, ou avec plusieurs scènes faciles qui voit un certain Tek-Paladin , caricature évidente de Batman, tenter de pénétrer tout ce qui bouge (ou pas) pour assouvir ses pulsions sexuelles. The Boys est un concentré hautement irrévérencieux mais pas forcément subversif, je ne sais pas si vous saisissez et appréciez la différence. C'est en tous cas, indéniablement, un comic-book qui vous transporte dans une joyeuse sarabande parodique, et modifie à jamais votre perception ingénue des rapports entre tous ces héros que vous avez appris à connaître, aimez, mais qui cachent tous, tant bien que mal, leurs parts de névroses, addictions, et autres manies honteuses. Justement le terreau fertile sur lequel prospère ce Deluxe qui reprend les quatorze premiers épisodes de la série, plus quelques minces bonus à la fin. Incontournable pour les admirateurs de Garth Ennis, mais aussi pour ceux qui apprécient le trait de Darrick Robertson, et ses ombres et contours bien gras et épais, ici appliqué et très en verve, bien plus que ce qu'il faisait, voilà des années, lorsque je l'ai découvert en Vf sur les pages de Special Strange, avec les New Warriors. Loin d'être séduit, j'ai mis le temps à lui donner sa chance, jusqu'à ce que son travail trouve son sens, avec notamment The Boys, série noire, crade, outrancière. Un résumé de ce que d'autres d'autres qualifieront simplement de jubilatoire!


Rating : OOOOO

BATMAN : SOMBRE REFLET Tome 2 Le grand final

Le second volet de l'excellent Sombre Reflet est disponible en librairie, aux éditions Urban Comics. Je ne reviendrais pas en détail sur le premier, dont la critique est bien entendu disponible sur ce même blog. Ce second volume joue avec nos nerfs et avec l'idée (certes touchante et naïve) que les choses pourraient être différentes de ce qu'elles finiront inéluctablement par être. Car à Gotham City, la rédemption n'est jamais accessible, aussi fort que vous puissiez la désirer ou croire l'atteindre. A ce petit jeu pervers des illusions trahies, on retrouve Nightwing, pardon, Batman (c'est encore Dick qui porte le costume) qui enquête chez la fille de son pire cauchemar, l'homme qui a assassiné ses parents. Une affaire de gros sous et de banques véreuses (la belle est à la tête de la plus grande banque de Gotham), avec une innocente qui ne parvient pas à s'affranchir des liens familiaux, d'une vie toute tracée, qui la porterait au contact de la pègre locale. Mais quelle est la part de vérité dans ces louables tentatives d'émancipation morale? Dick est-il vraiment si dupe? Et n'oublions pas non plus le Commissaire Gordon, aux prises avec le retour de son fils prodigue. Tout porte à croire que celui ci est un dangereux psychopathe en puissance, le genre de type qui pourrait vite basculer du coté des pires serial-killers de l'histoire. C'est ce que redoute et dénonce sa soeur. Mais le jeune homme est venu se racheter, mener une vie toute tranquille, c'est en tout cas ce qu'il a dit au paternel. Le Joker, comme à accoutumée, fait aussi une brève apparition dans ce Sombre Reflet, histoire de mettre son grain de sel dans un récit qui sème la folie à travers Gotham. Le climax de cette histoire est absolument spectaculaire et vient résonner comme un uppercut à la face du lecteur. Attendu, deviné, redouté, peu importe, quand il vous atteint, c'est une explosion assourdissante et malsaine qui vous frappe. Francesco Francavilla et Jock sont tous les deux au sommet de leur art, et contribuent grandement à ce climat de malaise permanent qui flotte autour des personnages de cette aventure. Scott Snyder est quand à lui désormais solidement installé sur le trône des plus remarquables auteurs du Dark Knight de ses dernières années. Là où Morrisson convoque d'obscurs seconds coûteux et tisse une toile tarabiscotée et parfois trop poreuse ou dispersée, le scénariste de Black Mirror reprend avec brio tous les codes de la série, les emphatise, joue avec nos nerfs, comme peu auparavant l'ont fait. Une grande réussite. Il est évident que ceux qui ont acheté le premier tome ne devront pour rien au monde se passer du second.

Rating : OOOOO


CACA BOUDIN : PSYLOCKE ET ARCHANGEL AUBE MORTELLE

Caca Boudin, c'est la rubrique des mauvais comics, ceux que vous avez un jour acheté, lu, voire relu, sans savoir pourquoi!

Tiens, je m'attarde aujourd'hui sur le neuvième numéro de la défunte revue Marvel Top (fin 1998) qui nous proposait alors la mini série en quatre parties Psylocke and Archangel:Crimson Dawn. Je viens de la relire et je n'ai qu'un mot à la bouche : Beurk. A l'époque la belle Bettsy était en phase de convalescence. Elle venait de se faire éventrer par Sabretooth, lorsque celui ci s'était évadé du complexe des X-Men. Son petit ami ailé, Warren Worthington III, épaulé par Wolverine, avait bravé les forces obscures et mystiques de l'Aube Rouge, et en avait volé un soupçon, pour guérir sa flamme. Psylocke parvint donc à se rétablir mais elle fut "contaminée" par l'antidote, et ses pouvoirs commencèrent à évoluer. Le signe d'une sorte de possession, puisque le perfide Kuragari avait un plan machiavélique qui la concernait : en faire la reine au sein de son royaume, avec les conséquences que l'on peut imaginer (ou pas) sur notre monde. Cette mini série, qui narre les efforts d'Archangel pour sauver sa belle, est totalement superflue et vraiment mal écrite. Il se passe certes des choses, mais qui sont pour la plupart de l'ordre du potage scénaristique. Une pincée de mysticisme oriental, une bonne dose de combats furtifs, un peu de romantisme éculé et peu convaincant, et voilà le travail (bâclé) de Ben Raab, qui n'a jamais vraiment produit grand chose d'inoubliable. Les dessins, c'est à mon sens encore pire, si cela est possible. Salvador Larroca l'ibérique, adulé ou détesté selon les goûts personnels, ce n'est pas ma tasse de thé, surtout quand il laisse libre cours à ses velléités de travailler un comic-book comme s'il s'agissait d'un manga. Les frontières entre les deux archétypes semblent ici poreuses, notamment au niveau des scènes d'action, des gros plans. Larrocca a aussi un gros défaut : il souffre d'une incapacité capillaire. Non, il n'est pas chauve, c'est juste qu'il semble incapable de représenter correctement les coiffures de nos héros. Bettsy et Warren sont ainsi affublés de cheveux taillées en pointe, les mèches semblent sculptées dans le métal, c'est aussi improbable que très laid. Je ne m'attarde pas non plus sur les expressions du visage. Psylocke, pourtant une vraie bombe anatomique, a par moments des traits bovins très surprenants. Et un corps stéroïdés disgracieux, comme sur les toutes dernières pages, quand elle se libère de l'emprise de Kuragari. S'il y a une leçon à retenir de ce type de mini série, c'est : Voilà un bel exemple de ce que nous ne voudrions plus jamais revoir dans un comic-book, voilà pourquoi les années 90 n'ont pas toujours été très faciles à vivre. Quand on pense que ce récit avait été commandé juste pour donner plus de crédibilité à la relation sentimentale entre les deux mutants tourtereaux, que les lecteurs n'avaient pas totalement assimilée, on se dit que l'amour n'accouche pas toujours de jolies romances... 

Rating : OOOOO


MATT FRACTION SE PENCHE SUR HAWKEYE

Il aura donc fallu l'arrivée du film consacré aux Avengers pour que Clint Barton, également connu des fans de comic-books comme Hawkeye (notre bon vieux Oeil de Faucon des années Lug et Semic) fasse son retour sur le tout devant de la scène, par le biais d'une série qui lui est propre. Le teaser mis en ligne ces temps derniers était assez simple à déchiffrer et les fans avaient devancé l'annonce officielle faite durant la convention du C2E2. Petite inquiétude quand même puisque c'est Matt Fraction qui va scénariser le tout. Capable de bonnes surprises quand il le veut (Iron Fist) mais aussi coupable de récits lents et qui s'accordent mal avec le rythme de parution mensuelle d'un titre classique (son run sur Iron Man), il a  récemment divisé la critique avec Fear Itself, loin de faire l'unanimité parmi les lecteurs. Aux crayons, ce sera David Aja, déjà son compère sur The immortal Iron Fist. On attend déjà le résultat pour se prononcer sur ce titre potentiellement prometteur. Coup d'envoi en août.




NEW AVENGERS #24 : L'inévitable conflit

Plus encore que par les secousses sismiques de Avengers Vs X-Men, ce numéro de New Avengers subit les derniers soubresauts du récent retour des Dark Avengers. Ceci explique pourquoi la foule manifeste méchamment devant le manoir de nos héros, et la scène larmoyante entre Luke Cage et sa femme, à propos de la dure vie de Vengeur, des risques liés à leurs activités, de leur rôle de parents destinés à sauver la veuve et l'orphelin. On sent qu'il y a comme de l'eau dans le gaz, et ça donne à Bendis l'occasion d'écrire des dialogues comme il les affectionne. Avec les qualités habituelles du bonhomme (ça sonne naturel et ça fuse) et les défauts (ça se répète, ça finit par lasser). Ce numéro fait l'aller retour entre présent et passé. S'il s'ouvre sur l'arrivée des Avengers à Utopia, galvanisés par le discours belliciste du Red Hulk (qui est un militaire, c'est donc assez logique), on plonge très vite dans la scène que je viens d'évoquer, puis c'est au tour de la réunion fatidique où Captain America expose la menace du Phénix aux autres membres, avant de prendre une décision lourde de conséquences, et qu'on devine irréversible. C'est l'occasion aussi de se débarrasser d'une certaine mutante aux cheveux blancs, qui devant la perspective d'un big fight entre ses deux formations d'appartenance, a vite fait de choisir son camp. Voilà un comic-book prometteur quand on regarde l'affiche, mais qui vivote en fait en marge d'AvX, sans rien apporter de déterminant pour le combat à venir. De quoi apporter de l'eau au moulin des détracteurs de Bendis, et paradoxalement conforter ses admirateurs. Pour le dessin, Deodato reste une valeur sure et appréciée, et il est ici épaulé par Will Conrad. Plaisant, sans plus. Au fait, il est grand temps de choisir : les craintes de Cap ou la foi aveugle de Scott ? 




SUPERIOR : LE PETIT BIJOU DE MARK MILLAR

Il parait que c'est Stan Lee qui a mis la puce à l'oreille de Mark Millar. A propos de son travail sur les plus grands héros Marvel, Stan The Man aurait eu cette remarque envers son cadet : Pourquoi ne pas les inventer de toutes pièces, ces héros, ne pas créer les tiens, qui te soient propres? C'est ce que Mark a fait, avec une réussite variable, sous l'étiquette Millar's world. Cette fois, il s'agit de Superior, qui sera présenté en Vf sous la forme de deux petits tomes, comme ce fut le cas pour Kick-Ass, si on reste dans les oeuvres de Millar. Si je me suis dirigé vers cette histoire un peu à reculons, je fais tout de suite mon mea culpa : il s'agit d'un vrai récit enthousiasmant, truffé de petites scènes touchantes ou drôles, pleinement réussi. On a l'impression de relire une de ces aventures fondatrices de l'âge d'or ou d'argent, quand naissaient régulièrement des personnages tous plus étonnants les uns que les autres, dans des conditions étranges et vraiment naïves, mais que le sense of wonder du lecteur avait tôt fait d'avaler comme une couleuvre savoureuse. Du coup, place à Simon Pooni, un jeune collégien avec toute la vie devant lui (il brille même au basket, à son école) jusqu'au jour où la tragédie frappe à sa porte, sous la forme d'une sclérose en plaques foudroyante. Désormais condamné au fauteuil roulant et privé de presque tous ses amis (il ne subsiste plus que Chris pour lui tenir compagnie), il se console au cinéma, devant de bons gros movies pour geeks comme Superior 5, qui met en scène son super héros favori, une sortie de copie carbone de Superman emballé dans un costume moulant écarlate. Un quotidien tristement banal, jusqu'à ce qu'un soir, tout bascule...






Simon reçoit la visite d'un curieux petit singe qui parle, venu exaucer son voeu le plus cher. Du coup, le garçon se transforme en son modèle super-héroïque, pouvoirs compris. C'est ainsi qu'il peut voler, est doté de rayons calorifiques, d'une super vision, d'une force herculéenne, d'un souffle réfrigérant. La découverte de ces dons, l'entrainement pour savoir les maitriser, tout cela est narré avec un naturel et un charme fou qui font de ce premier volume Vf de Superior un pur moment de plaisir. La naïveté de Simon, épaulé par son pote Chris, est une réussite quasi parfaite à mettre au crédit d'un Millar inspiré, qui insuffle beaucoup d'émotions dans son nouveau héros, en évitant les travers du pathos exagéré (le pauvre handicapé qui transcende sa condition, ce n'est pas pour cette fois). Toutefois, un tel cadeau pourrait bien avoir un prix. Déjà, on sait que le gentil singe ne l'est pas tant que ça, et qui sait ce qu'il se produira lorsqu'il reviendra, au bout d'une semaine, pour révéler à Simon ce qu'il n'a pas pu ou voulu lui dire sur le moment... Le lecteur lui jubile, car tout semble s'agencer avec grâce. De la disparition du petit et la réaction des parents, à l'utilisation des pouvoirs de Superior, de la journaliste aux dents longues qui chasse le scoop (une Loïs Lane sans scrupules) au potentiel grand ennemi tapi dans l'ombre (en toute fin de volume), je n'ai lu que du positif dans ce premier bref tome de Superior, que je recommande très chaudement. D'autant plus que Yu est au meilleur de sa forme pour ce qui est du dessin. A coté des planches qu'il livre ici, Secret Invasion ou les New Avengers semblent vraiment fadasses. C'est racé, presque sculpté dans la page, esthétiquement remarquable. Reste à savoir comment Millar bouclera son récit mais pour le moment, l'adjectif incontournable ne semble pas de trop, pour résumer cet excellente première partie.


Rating: OOOOO  


ps : je fais semblant de m'interroger sur la suite, mais je l'ai lue en Vo à sa sortie. Et je vous assure que Superior ne vous laissera pas tomber!      

MARVEL UNIVERSE 1 : THANOS IMPERATIVE

Amateurs de sagas cosmiques et lecteurs de Marvel Universe, l'heure est venue pour vous de vous réjouir à nouveau. Tout d'abord, votre revue favorite effectue son relaunch est repart du numéro un. Après la pitoyable Chaos War, c'est une excellente manière de nettoyer la table et de reprendre les bonnes vieilles habitudes. Voici donc venir la dernière née du duo prolifique Abnett and Lanning, Thanos Imperative. La traduction Vf synthétise le tout en seul nom, celui du titan fou, qui revient de la sorte sur le devant de la scène, en tant que grand protagoniste du récit, et plus seulement comme un acteur parmi d'autres, ces temps derniers. Toutefois, nous sommes loin du Thanos de Jim Starlin, de la créature machiavélique et attachante qui illumina nos lectures passés. Cette version ci a moins de charisme, mais heureusement, elle trouve sa place dans un récit plaisant, qui à défaut d'être incontournable reste de bonne facture. Allez, on embarque tout de suite!




Après la mise en bouche (Nova 36) qui nous donne le tempo pour ce qui va suivre, nous découvrons ainsi le prologue au grand event cosmique, Thanos Imperative Ignition. La mise à feu, quoi. On croyait le grand méchant mort, tué par sa némésis Drax le Destructeur, mais il n'en est rien. L'amant de la mort ne le reste jamais bien longtemps. C'est pourquoi il est dorénavant prisonnier des Gardiens de la Galaxie, et le sort qui lui sera réservé fait l'objet de débats entre ces derniers, qui ne sont pas tous d'accord sur le sens à donner à cette résurrection et à cette détention. Pendant ce temps, il se passe d'étranges phénomènes à la limite de la faille qui sépare notre univers de celui apparu récemment, comme conséquence des soubresauts cosmiques imaginés par Abnett et Lanning. Cet autre univers qui pointe le bout de son nez, c'est le Cancerverse, et la mort y a été bannie. La vie toute triomphante, donc, et ce n'est pas forcément un bien. Nova s'y rend pour remettre un peu d'ordre mais il fait une rencontre fort déplaisante : Adam Magus, la version distordue d'un Adam Warlock devenu fou, et dont la puissance de frappe est particulièrement redoutable. Les dessins de Brad Walker, bien qu'un peu figés par moments, sont de qualité. Il évoque un peu un Tom Raney plus posé et moins porté aux distorsions physiques, pour rester dans les artistes qui se sont déjà illustré sur ce type de série. Cerise sur le gâteau, la révélation de l'être qui se cache derrière tous ces préparatifs de guerre. Un vieux fantasme de lecteurs Marvel. Si vous souhaitez éviter d'être "spoilé", vous pourriez bien arrêter la lecture de cet article ici. Encore qu'avec l'avènement d'Internet, je ne pense pas vous apprendre grand chose!






Que faire quand la mort d'un personnage, désormais légendaire, rend toute idée de réutilisation absurde et profanatrice? Et bien, on peut toujours convoquer son avatar d'une autre dimension, d'un autre univers. Du coup, place au Captain Marvel du cancerverse, qui a su vaincre la mort (contrairement au notre) et qui depuis est même parvenu à l'anéantir. Tuer la mort, ça c'est original. Thanos, du coup, se voit investi d'une mission inattendue : en tant que Vrp parfait de la mort, en tant que nihiliste suprême, personne d'autre que lui n'est mieux armé pour rétablir l'ordre dans un monde où il n'est plus possible de passer l'arme à gauche. Thanos souffre, de surcroît. Il ne voulait pas revenir à la vie, ambitionne de vite retrouver l'oubli, et quand on sait les ambitions et la fourberie du titan, on peut s'attendre au pire. Les forces du bien (Gardiens de la Galaxie, Nova, Quasar, en tête de gondole) vont se retrouver attaquées par une version distordue de nos Vengeurs, et bénéficier de l'aide inattendue de celle qui les a trahi sur notre bonne vieille Terre 616 : la Sorcière Rouge, qui confirme donc sa tendance, tous univers confondus, à retourner sa cape et mettre ses compagnons dans l'embarras. Faites confiance à Wanda, et vous êtes surs d'avoir un bon gros coup derrière la tête, dès que vous tournerez le dos. L'ensemble fonctionne assez bien, c'est mouvementé et ça donne la pèche, c'est illustré brillamment par Miguel Sepulveda, avec l'aide de coloristes inspirés. Il manque un peu la fraîcheur et la (fausse) naïveté des sagas tissées par Starlin, mais peut être que je manque moi même de cet innocence qui m'avait tant fait vibrer à l'époque. Cela dit ce Thanos Imperative a toutefois les bonnes cartes en main pour devenir une des agréables lectures de ce printemps. 


Rating : OOOOO

THE MARCO CHECCHETTO EFFECT : L'interview !

Ce vendredi, un grand merci à Marco Checchetto, le dessinateur du crossover urbain de l'année, The Omega Effect, qui orchestre la rencontre du Punisher, de Daredevil, et de Spider-Man. L'artiste italien du moment est aussi le dessinateur attitré du dernier titre Punisher en date, associé à Greg Rucka. Dire que son travail est spectaculaire et réjouissant est encore en dessous de la réalité. Ultra doué, donc, mais aussi ultra sympa et disponible, comme en témoigne cette petite interview exclusive pour Universcomics. En avant donc pour les questions/réponses, à la découvertes d'un des européens les plus cotés en ce moment, du coté de Marvel.




Bonjour Marco ! En ce moment, les artistes italiens semblent avoir la cote, chez Marvel. Peux tu nous dire comment tu as eu l'opportunité de commencer à collaborer avec la plus célèbre maison d'édition de comic-books au monde?

Je travaillais pour le Giornalino (revue italienne aux éditions San Paolo) sur la série Teenage Mutant Ninja Turtles, lorsque le directeur de l'époque, qui connaissait ma passion pour Spider-Man, m'appela pour me demander si j'étais intéressé pour réaliser des histoires de Spidey en collaboration avec Panini et Marvel. Suite à ma réponse évidente, tout s'est mis en marche et nous nous sommes donnés rendez-vous chez Panini. Pour le jour de la réunion, je n'étais parvenu à réaliser qu'une seule planche en couleurs. Nous l'avons montrée à Marco Lupoi et Francesco Meo. Je me souviens des mots de Marco (qui sait si lui aussi s'en souvient) : Tu ne dessineras pas le Spider-Man italien, tu travailleras aux Etats-Unis. Comme le projet italien risquait de toutes manières de ne pas démarrer, alors Francesco puis Marco commencèrent à présenter mon travail aux rédacteurs américains. Ma toute première histoire Marvel n'a donc pas été Spider-Man, pour le Giornalino italien, mais bien un bref récit de Deadpool, écrit par Jesse Blaze Snider (désormais un ami) et qui m'a été confié par le rédacteur Andy Schmidt

Ton Punisher, en ce moment, est vraiment spectaculaire! C'est un personnage que tu affectionnes particulièrement, ou tu le découvres tout en le dessinant? 

Merci! Je suis un grand fan du Punisher de Garth Ennis. Je n'aimais pas trop le personnage avant son arrivée. Désormais, c'est mon personnage Marvel préféré, après Spider-Man. Mon Punisher (et celui de Greg Rucka) n'a toutefois pas de points communs avec les incarnations précédentes. Le premier Punisher d'Ennis était ironique, la version Max presque grotesque. Le notre est très sérieux, et la violence exprimée est traitée de manière fort réaliste. 



Quels sont les titres Marvel, ou Dc, que tu rêves de dessiner?

A part ce Spider-Man que j'ai maintes fois cité, j'aimerais bien essayer avec les X-Men, j'aime beaucoup ceux de Chris Claremont, et dessinés par Jim Lee, dans les années 90. J'aimerais aussi faire quelque chose pour Ghost Rider. Reprendre Spider-Man 2099... Mais n'importe quel personnage Marvel me conviendrait, je les aime tous, plus ou moins.

Quels sont tes rapports avec Greg Rucka (le scénariste du Punisher) en ce moment?

Nous avons une grande estime réciproque, avec Greg. C'est un grand écrivain, très rigoureux et attentif aux détails, c'est probablement l'artiste le plus exigeant avec qui il m'a été donné de travailler, mais aussi celui qui m'a le plus apporté en terme de croissance professionnelle. Avec notre editor, Steve Wacker, nous discutons de chaque page. Je suis très content de la série.

Comment se déroule la journée d'un artiste engagé sur un titre comme le Punisher? Je veux dire, combien de temps consacres tu à ton travail, par jour, par semaine... Tu travailles dans des conditions particulières, pour trouver l'inspiration?

Je suis très précis dans mon travail, et très désorganisé dans ma vie quotidienne! A neuf heures je suis devant ma planche à dessin, je mange, puis je retourne au travail jusqu'au soir. Si j'ai des délais serrés je peux continuer après le dîner et même la nuit. Il ne m'est jamais arrivé de ne pas tenir les délais, de toute ma vie. Je ne travaille pas dans des conditions particulières, un peu de musique durant la journée, des films le soir, que je connais par coeur, ils ne servent avant tout qu'à me tenir compagnie, je ne les regarde pas vraiment.

Tu as dessiné également Daredevil, qui est un peu l'opposé du Punisher, pour ce qui est de sa philosophie. Tu te sentirais plus proche de la sainte patience et de l'espoir naïf de Matt ou de la croisade désespérée de Frank Castle?

Je pense être une bonne personne, mais je suis plus un type à la Frank Castle. Si tu m'attaques personnellement, ou tu t'en prends à une personne qui m'est chère, alors je ne te tue pas mais je t'élimine de ma vie.



Tu as des amis parmi les artistes italiens qui travaillent en ce moment pour Marvel? Et quelles sont les artistes qui t'ont fortement inspiré?

Malheureusement, même si nous sommes italiens, nous ne vivons pas proches les uns des autres. Donc, amis dans le sens étroit du terme, non. On se voit dans les foires, les conventions, durant quelques jours, et quand ça arrive, c'est amusant. Les auteurs qui m'ont le plus influencé sont Rick Leonardi, principalement, et puis la Romita Family. Mais en fait il y en a tant, il me faudrait des heures...

Pour finir, pourrais tu nous toucher un mot de ce crossover que tu dessines actuellement, The Omega Effect. Pourquoi Spidey, Castle, et Murdock, se retrouvent-ils ensemble?

La première partie est à peine sortie, et je peux pas dévoiler ce qui se passera par la suite. C'est un crossover  vieille manière, sans mega événements, ni méga morts, ou de bouleversements particuliers. C'est une belle histoire qui fait progresser les trames en cours dans ces séries. Pouvoir dessiner une histoire mettant en scène ces trois héros, que j'ai déjà dessiné dans leurs séries régulières, c'est génial. C'est un peu comme remercier ces trois grands personnages qui m'ont tant donné.

Et bien c'est nous qui te remercions, Marco, pour la gentillesse et le temps que tu as bien voulu nous consacré, en ce mois d'avril. The Omega Effect est en cours de publication, et les grands débuts ont eu lieu voici quelques jours sur les pages d'Avenging Spider-Man. Marco Checchetto y est dans une forme olympique, et je vous invite très chaleureusement à vous pencher sur ce crossover, qui comme par hasard met en scène trois de mes personnages préférés! 

Grazie Marco !





Retrouvez aussi Marco sur le site des studios V.O.C, pour d'autres précisions et détails sur son travail. 

LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE

 Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterma...