LA SAGA DE KORVAC REVIENT DANS UN MARVEL GOLD

Panini présente, ce mois-ci, la Saga de Korvac dans la collection Marvel Gold. L'occasion de relire de vieux épisodes classiques des Vengeurs, pour un prix modéré.

Nous sommes là à la moitié des années soixante-dix. Les destins respectifs de Jim Shooter et George Perez vont basculer. Le premier est un jeune prodige que l'on promet à un avenir brillant, et qui s'est illustré avec brio sur les pages d'Adventure comics, où il a redynamisé la Legion des Superhéros. Le second a carrément pris en main la grande équipe des Vengeurs, chez Marvel, pour la joie immédiate du public de ce titre. A partir du numéro 160 de la série régulière, les deux artistes unissent leurs forces pour un cycle de qualité unanimement salué, et dont le point d'orgue reste à ce jour la "Saga de Korvac". Qui est une de ces petites perles dont parlent les plus anciens lecteurs avec dans les yeux l'étincelle de l'innocence perdue, de cet âge où les comic-books faisaient encore rêver avec une recette simple et efficace, au risque même de parfois tomber dans le burlesque. Par exemple, nous allons ici rencontrer des vengeurs qui prennent le bus pour aller livrer l'assaut final à leur ennemi, ou encore Thor qui pratique un massage cardiaque sur un Tony Stark en armure. Mais qu'importe le flacon pourvu qu'on ait (encore) l'ivresse.

Korvac est à la base l'ennemi intime des Gardiens de la Galaxie. Mais après un affrontement avec eux et Thor, il entre en contact avec le vaisseau de Galactus, et s'approprie alors d'une telle source de connaissance qu'il en devient de la sorte un demi-dieu redoutable, un ordinateur vivant. Dès lors ses nouvelles ambitions vont l'amener à croiser le fer avec les Vengeurs et un des Doyens de l'univers, le Collectionneur, qui va tenter dans un premier tant d'ajouter les Avengers à ses nombreux spécimens en cage, soi-disant pour les protéger de la catastrophe à venir. Tout ceci est précédé par deux autres trames rondement menés : Nos héros perdent leurs autorisations gouvernementales et se retrouvent sans la logistique nécessaire pour accomplir leurs tâches, et ils doivent aussi se frotter à nouveau à Ultron, la créature d'adamantium de Hank Pym, qui va tenir le haut du pavé chez Marvel ce printemps. George Perez est parfaitement dans son élément, dans cet album. Bien que son style ait encore besoin de s'affiner et de gagner en puissance, il peut déjà donner libre cours à ce qu'il a de mieux au répertoire, c'est à dire des scènes stupéfiantes de combats de groupes, lui qui prend un malin plaisir à dessiner toujours plus de personnages, d'étoffer ses cases et ses pleines planches en y insérant parfois un nombre maladif de héros en costume. Dommage que pour conclure cette saga, il ait fallu recourir à l'aide d'autres dessinateurs, même si qualifier Sal Buscema de réserve décevante semble grandement exagéré. Par contre le trait de David Wenzel est plus sommaire, sans être franchement désagréable. Il s'agit là de doublures des plus expertes, en phase avec les comics d'alors et avec les Vengeurs. Shooter, lui, parvient à n'oublier personne, c'est à dire que chacun des protagonistes successifs à droit à une caractérisation digne de son statut, même s'il n'occupe le devant de la scène que pour quelques brefs instants. Tout cela dans des épisodes bien plus resserrés qu'aujourd'hui, chacun ne faisant que 17 pages, contre la vingtaine abondante qu'ils en comptent aujourd'hui. Avec cette habitude parfois irritante de faire parler le plus de personnages possibles dans chaque case. Au moins nous avons de quoi lire, pour un moment!


L'édition française de la Saga de Korvac, dans un seul et bel album, est une bien bonne nouvelle pour tous les collectionneurs, qui la réclamaient à corps et à cris, avant que Panini ne prenne les choses en main, par deux fois. En 1987, c'est la maison d'édition Aredit (et non pas Lug qui publiait Strange à la même époque) qui offrit aux lecteurs la joie de lire cette aventure, dont l'ultime chapitre fut présenté dans Vengeurs Arédit 16. Mais c'était sans compter avec la censure qui imposa de retoucher de nombreuses cases, notamment les scènes de violence où les Vengeurs sont malmenés (Pourpoint Jaune éventré par Korvac, par exemple). Séance de rattrapage en janvier, vous savez ce qui vous reste à faire.




2 commentaires:

Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!

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