La vie de Flash Thompson n'est pas de tout repos. Elle ressemble même à celle d'un homme brisé, qui sent le cours des événements lui échapper inexorablement. Possédé par un démon, détenteur du symbiote Venom qu'il ne parvient pas vraiment à maîtriser, Flash a perdu son père et sa mère le fuit; effrayée par ce qu'il est devenu. Dans son fauteuil roulant, l'ancien compagnon de fac de Peter Parker n'est qu'un handicapé qui se sent inutile, sans son alter ego qui lui permet de travailler au service du gouvernement ou de fricoter avec les Secret Avengers. A travers un premier épisode introductif (un de ces fameux .1), Cullen Bunn permet aux nouveaux lecteurs, qui prennent le train en marche, de bien saisir le topo. Mais le plus intéressant, c'est de voir Flash retrouver un de ses anciens compagnons de jeunesse, un jeune homo sexuel qu'il prenait plaisir à maltraiter pour trouver un exutoire à sa propre colère. Autrefois, il était ignoble, vraiment, comme le lui rappelle Parker lui même, dans un touchant monologue. L'ancien champion sportif du campus n'a pas concrétisé les espoirs placés en lui, il s'est étiolé, a perdu de son panache, est devenu un loser pathétique sauvé par ce symbiote qui a autrefois empoisonné le quotidien de Spider-Man, puis de Eddie Brock. Ce qui lui permet, tout de même, de tenter d'oublier sa récente rupture avec Betty Brant, en fréquentant la blonde Valkyrie en personne. Marco Checchetto oeuvre sur les vingt premières pages, et ça c'est une fichue bonne nouvelle, car son style sombre et concis est toujours fort appréciable.
Appréciez cette introduction, car le reste, franchement, n'est pas du même tonneau. En fait, ça ressemble presque à une purge. Flash part à Philadelphie pour entamer une nouvelle vie, un peu comme a pu le faire Kaine en déménageant à Houston dans la série Scarlet Spider. Les avatars de Spider-Man font leurs cartons, mais il n'est pas dit que le lecteur y gagne grand chose. Ici, à peine arrivé, Venom se retrouve face aux U-Foes pour sauver la vie d'une amie journaliste. Le seul fait notable de ces épisodes bourrins et au style surchargé et peu lisible, c'est de savoir quand et comment le symbiote va prendre le dessus sur l'humain, et dans quelle mesure cela va affecter la vie du héros. On notera que Bunn n'ose guère pousser cette logique jusqu'à l'extrême, et que si Flash a des moments d'absences, où son hôte est aux commandes et n'en fait qu'à sa tête, ça ne dure jamais trop longtemps et les conséquences sont loin d'être aussi irréparables qu'elles ne pourraient le devenir. Thompson retrouve un boulot en quelques jours (en période de crise c'est assez fort quand on est handicapé...), il loue un grand appart et rencontre ses nouveaux voisins (forcément un peu barges), et commence à patrouiller avec la plus grande prudence pour ne pas qu'on puisse faire de rapprochement entre lui et Venom. En toile de fond, l'arrivée d'Eddie Brock se dessine. Cette fois l'ancien journaliste assume l'identité de Toxine, le rejeton de Carnage. Je sais, il faut suivre avec lui, ça n'est pas très simple. Les dessins sont mauvais dans ces épisodes. Ils n'ont pas de caractère, sont brouillons dans les plans rapprochées et les scènes de bataille, et certaines planches sont particulièrement peu lisibles. Les coupables se nomment Thony Silas, Roger Robinson, ou Decan Shalvey. Vous l'avez remarqué, Marvel mise peu sur ce titre; Immonen, Coipel ou Epting sont réservés à bien d'autre cieux que cette série qui se révèle bien trop dispensable sur la distance. Si retrouver Venom fait toujours un peu plaisir, l'impression de décadence qui flotte dans la vie de Flash finit par gagner ces épisodes maussades qu'on oubliera aussi vite qu'on les lira (peut être).
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