OLDIES : RECIT COMPLET MARVEL #7 LES X-MEN ET LES MICRONAUTES

Les micro quoi? Bon, ne paniquez pas, vous êtes encore jeunes, vous n'avez pas tout connu. Les Micronautes, ce sont des jouets. Des action figure, tout droit sorties des années 80. L'objectif était de surfer sur la vague du succès de films comme Star Wars, et pour ce faire, ils deviennent également une série mensuelle, un comic-book qui perdurera d'ailleurs après le flop des figurines, pendant une brève période. Ici, dans ce Récit Complet Marvel édité par Lug, les Micronautes rencontrent les X-Men. Écrits par le démiurge Chris Claremont, les mutants sont eux en pleine bourre, et ce genre de confrontation est toujours utile pour créer une histoire différente et truculente, et relancer l'intérêt assoupi pour une franchise qui périclite. L'histoire tourne autour du Baron Karza, un dictateur planétaire ennemi des Micronautes, avec qui il doit pourtant momentanément sceller une alliance. C'est ce qui arrive souvent quand une menace commune parait impossible à repousser. Une délégation de ces minuscules héros (qui vivent entre le atomes de notre univers, dans une sorte de monde subatomique, donc) remonte à la source de leurs ennuis, et débarquent dans le Qg des X-Men. Une fois l'aide du professeur Xavier et de ses élèves acquise, le chemin inverse ne se fait pas sans heurts : la psyché de la jeune Kitty Pride se retrouve emprisonnée dans le corps du Baron Karza, qui occupe lui même le corps de la fillette. Pendant ce temps, les X-Men sont aisément domptés sous le coupe de l'adversaire encore inconnu, qui les manipule et possède un pouvoir quasi illimité. C'est là que Claremont anticipe les temps modernes, et offre une solution attendue et plusieurs fois reprises par la suite : cet ennemi, c'est la part sombre de Xavier, son coté maléfique, un peu ce qui sera employé comme trame de fond lors de la venue d'Onslaught, pour une tentative avortée d'une refonte de l'univers Marvel. Qui dit histoire des années 80 dit forcément narration plus concentrée et verbale, surtout que Claremont est un auteur prolixe, qui n'est pas avare de bulles et didascalies. Encore que sur ce point il est secondé par Bill Mantlo. Les dessins sont l'oeuvre de Butch Guice, et ils sont incontestablement bons. Beaucoup de personnages doivent tenir dans des planches contenant parfois sept cases, voire neuf, et ce n'est pas une sinécure. Le trait est clair, propre, et n'a pas trop vieilli. Ce qui n'est pas le cas des Micronautes. Malgré un potentiel évident et un capital sympathie notable, le comic-book n'a pas survécu aux figurines délaissés, et aujourd'hui le nom n'évoque plus grand chose aux générations modernes. A noter une scène assez équivoque qui mérite une citation. Quand le Xavier maléfique s'en prend à la jeune cheyenne Danielle Moonstar, il submerge son esprit d'un "plaisir indescriptible" (je cite) pour la maîtriser, tout en lui demandant après coup "ça t'a plu, mon enfant?". Ne tournons pas autour du pot : le professeur a tout simplement provoqué un puissant orgasme chez l'adolescente, à l'aide de ses pouvoirs psychiques. Comme quoi on peut se faire du bien, et en donner, quand on est sous l'emprise du mal. 


SPIDER-MAN CLASSIC 10 : INFERNO

Spider-Man Classic du mois de mai est en kiosque, avec des épisodes inédits à ce jour, tirés de deux des séries annexes du tisseur de toile des années 80 et 90, qui nous replongent dans l'enfer du crossover Inferno. La ville de New-York est tombée aux mains de démons venus des Limbes, aux ordres de S'Ym et N'Astirh, qui convoitent leur dimension et la Terre, au passage. Du coup, les bouches d'égouts happent les passants, les gargouilles prennent vie, les ascenseurs dévorent les passagers, et c'est le chaos généralisé dans Big Apple. Spider-Man est forcément pris dans la tourmente, et ce n'est pas le seul souci auquel il doit faire face. Le Super Bouffon est de retour, dans une nouvelle incarnation, et il est bien décidé à mettre la main sur les formules secrètes de Norman Osborn, premier Bouffon Vert du nom, pour accroître sa puissance. Le fils de celui-ci, Harry, continue d'avoir des visions, des flashs, dans lesquels il se rappelle peu à peu les mois précédents, qu'il a passé sous le costume diabolique de son cinglé de père, ennemi juré de Spider-Man. Comme il est d'usage à l'époque (et encore aujourd'hui à un degré moindre) le super-héroïsme se mêle au soap-opera sentimental, et la vie de Peter Parker et ses amis est aussi très largement débattue. Avec notamment la présence de la nièce de Mary-Jane, la rouquine Kristy, qui squatte l'appartement des jeunes époux Watson-Parker, et semble craquer pour notre héros en civil. On retrouve aussi Flash Thompson qui se rapproche de plus en plus de Betty Brant, ancienne secrétaire du Buggle et ex flamme de Peter Parker. L'occasion d'un épisode assez émouvant qui place les deux personnages face à leurs peurs intimes, leur insécurité congénitale, qu'ils parviennent à dompter, à vaincre, alors qu'il sont agressés par des versions maléfiques de souvenirs de leurs existences respectives.

Ce mélange entre action et introspection a ses défauts (les monologues intérieurs un peu poussifs) mais aussi ses qualités : c'est ce qui a fait le sel des titres arachnéens pendant longtemps, suivant la recette décennale de Stan Lee. Ici ce sont les séries Spectacular Spider-Man et Web of Spider-Man qui sont à l'honneur. La première est rehaussée par les dessins anguleux et dynamiques de Sal Buscema, qui insuffle avec une grande facilité drame et pathos à chaque page. La seconde a comme dessinateur Alex Saviuk, qui a un style plus fouillé, mais aussi plus fouilli, moins clair dans la construction des pages, même si cela reste fort honorable.  Le scénariste est Gerry Conway, un des grands artisans de l'histoire de Spidey, qui a très longtemps tiré les fils de la longue saga de Parker and friends. Rentrer dans l'histoire n'a rien de très difficile, on comprend finalement assez aisément ce qui s'y déroule, même si le lecteur occasionnel désireux de réellement savoir pourquoi New-York est infesté de démons devra se contenter des notes de la rédaction Panini pour palier aux trous évidents du récit mère. J'ai personnellement apprécié ce numéro, qui recèle aussi des moments forts et décisifs pour la suite, comme la transformation du Super Bouffon en un être démoniaque, et à un degré moindre le flirt de la secrétaire Glory Grant avec un des frères Lobo, qui est en fait un loup-garou! C'est donc une lecture décomplexée et somme toute agréable qui attend le lecteur de Spider-Man, avec des épisodes qui viendront peut être boucher des trous dans vos collections respectives. 


OUT THERE CHEZ GLENAT

Comme je vous l'ai déjà dit précédemment, n'hésitez pas à intervenir sur ces pages, si vous souhaitez présenter un album, une série, un fait particulier qui vous touche ou vous intrigue. Aussi c'est avec plaisir que je laisse momentanément la place, le temps de ces quelques lignes, à Matt Bx, qui nous parle d'une série publiée chez Glénat, Out There. Ne l'ayant pas encore lu, je suis d'autant plus content de lui laisser le soin de faire une brève présentation.



Le tome 3 sortant au mois de Juillet en France, c'est donc l'occasion de revenir sur Out There, série peu connue chez nous. 
Après avoir été édité dans sa totalité en kiosque par les défuntes éditions Semic au début des années 2000, c'est au tour de Glénat de nous la présenter sous un format album non désagréable avec en bonus du contenu et des covers inédites svp ! Mais me direz-vous, Out There, de quoi ça parle ?
Tout d'abord il faut quand même préciser que ce comic-book a permis de mettre en avant l'excellent Humberto Ramos qui, mis à part son travail sur le personnage de Impulse pour DC au début des 90's, n'avait pas le rang de superstar avant son run sur Amazing Spider-Man. Une chose est sûre, le scénario de Out There ne sort pas des sentiers battus et est assez classique en fait. On suit les aventures d'un groupes d'ados d'une petite ville des Etats-Unis dont certains de ses habitants ont conclu un pacte avec un démon pour assurer la sécurité de leur petite communauté. Nos jeunes héros vont jouer un rôle majeur dans la bataille contre les forces du mal non sans rencontrer quelques obstacles en chemin.
Il est vrai que l'on retrouve dans Out There tous les ingrédients d'un teen movie fantastique, notamment au sein du groupe puisque que l'on a le quaterback, sa copine ultra populaire, le ringard, et la nana chelou mais qui a un potentiel sexy. Mais Out There c'est aussi et surtout une série fraîche , légère, sans prétentions et mis en valeur par un Humberto Ramos au top et qui fait de ce titre une petite pépite à ne surtout pas manquer.



Merci à Matt Bx pour ses conseils. Pour ma part je profiterai de la sortie du tome 3 pour une piqure de rappel massive. On en reparlera donc ici même dans quelques semaines. 



MPH #1 DE MARK MILLAR ET DUNCAN FEGREDO : LA REVIEW

En 1986 le premier (et seul à ce jour) super-humain recensé est victime d'un incident de parcours. Mister Springfield est un bolide victime de sa vitesse. Incapable de se contrôler, il provoque de beaux dégâts, avant d'être interpelé par les forces de l'ordre. Il faut dire que ses dons particuliers ne sont pas innés, mais consécutifs à la prise de MPH, une nouvelle drogue de synthèse aux effets stupéfiants (sans jeux de mots...). Nous faisons ensuite un bond dans le présent, pour nous focaliser sur les ambitions et les malheurs d'un dealer assez sympathique mais ingénu, Roscoe Rodriguez, qui se fait interpeller alors qu'il projetait une livraison routinière. Roscoe a un tort : il est fiancé à une véritable bombe anatomique qui a éveillé les désirs de ses amis, prêts à le lâcher pour profiter de la belle, une fois qu'il se retrouve en prison. Et comme chacun le sait, derrière les barreaux, la drogue n'est pas très difficile à trouver, voire même c'est elle qui vous trouve, sans que vous cherchiez! Roscoe va ainsi résister des mois durant, jusqu'à ce qu'une pillule de MPH change la donne, pour de bon.
C'est incontestablement du bon Mark Millar que nous lisons dans ce titre. Focalisé sur une Amérique moyenne industrielle (Detroit) et corrompue, il parvient à rendre attachant un homme qui a pourtant comme activité principale de faire circuler de la poudre blanche! Le récit est très bien construit et amené, et la longue scène finale où Roscoe se découvre des pouvoir artificiels, et la façon dont ils se manifestent, et un petit bijou de story-telling, sans fioritures ni effets de manche, juste axé sur l'efficacité et la jouissance de la surprise. Duncan Fegredo assure une partie graphique de qualité, avec beaucoup de détails et un trait dur et par endroits presque sâle qui colle à l'ambiance de cette série. Les droits pour le cinéma ayant déjà été empoché (la Fox s'y collera), Millar va pouvoir soigner son compte en banque tout en donnant à ses lecteurs une nouvelle production qui mérite véritablement l'achat et la confiance. Ce type a quand même un sacré talent, on ne cessera de le répéter. Suivez donc les aventures de ce bolide sous amphétamines, vous ne serez pas déçus!


MPH est publiée chez Image. Sachez juste (mais vous le savez, non?) que mph est l'expression américaine pour km/h. Nous comptons en kilomètres heure, là-bas en miles per hour. Il y a aussi une vague référence au GHB qui est appelé la "drogue du viol", mais c'est moins drôle...

Cinécomics : X-MEN DAYS OF FUTURE PAST

Ce que le spectateur lambda, qui ignore peu ou prou tout des comic-books, ne peut réaliser, c'est à quel point ce type de film représente le fantasme concrétisé de générations de lecteurs. Les X-Men de Claremont, le mythique Days of future past, qui aurait pensé les voir un jour, avec un tel réalisme, sur grand écran? Profitons-en car le songe est devenu réalité, même si au passage il a fallu pactiser avec les besoins du cinéma, c'est à dire adapter certaines parties de l'histoire, revisiter plusieurs personnages (Bishop par Omar Sy, une présence très secondaire, et franchement ratée, si vous voulez un avis personnel). Au final cela donne un long métrage de deux heures musclé et par endroits vraiment jouissif, qui ressemble fort au point de départ d'une nouvelle série de films X-Men, tant il est évident que les portes pour une décennie de succès sont grandes ouvertes. Bryan Singer reprend les choses en main avec cette intuition gagnante : récupérer une des sagas phare de l'épopée mutante, datant de 1981, pour en faire une parabole effrayante sur ce que peut devenir le futur, si la haine et la peur de l'autre sont le moteur de l'évolution sociétale. Dans ce futur (présent?) dystopique où les mutants sont impitoyablement exterminés par des Sentinelles capables d'évoluer instantanément et de s'adapter à leurs cibles pour mieux les détruire, l'espoir semble définitivement banni. Les X-Men tombent comme des mouches, et il ne reste plus qu'une seule chose à faire, aussi improbable que cela puisse paraître : envoyer l'esprit de Wolverine dans le passé, 50 ans en arrière (ses capacités auto guérisseuses en font le cobaye idéal, sa psyché s'auto réparant) pour convaincre les jeunes Charles Xavier, et Magneto, de passer une alliance afin de s'unir et de contrer Mystique, bien décidée à abattre Bolivar Trask, le père de ces Sentinelles meurtrières. Un assassinat qui a donné le ton, et ouvert la voie à un avenir haineux et sanglant. Et un assassinat qui n'est pas simple à éviter, car la mutaforme est plus décidée que jamais, et les deux meneurs mutants (Xavier et Magneto) divisés par des points de vue radicalement différents, ont bien du mal à se faire confiance et à travailler main dans la main. Au passage, tout ça se passe dans les années 70, baby. Vive la nostalgie.



Costumes d'époque, musique vintage, on a droit à la panoplie des clichés, mais ça fonctionne aussi grâce à l'humour, qui n'est pas en reste dans ce film. A ce sujet, j'ai vraiment apprécié la version ciné de Quicksilver. Les photos et les impressions étaient très réservées, mais j'avoue avoir changé d'avis. Ultra cool et décalé, on rêve déjà d'un petit spin-off de derrière les fagots, histoire de rire un bon coup. Les acteurs sont souvent justes, Fassbender est tout simplement impressionnant (est-ce une nouveauté? Non) et McAvoy, trop transparent dans The Beginning, gagne cette fois en conviction et en dramaturgie. La vieille génération (Halle Berry, Patrick Stewart...) est présente pour toute la partie qui concerne le futur, et même si les deux époques ne cohabitent jamais (hormis une scène entre les deux Xavier d'hier et de demain, qui reste sur le plan mental et non physique) l'hommage entre la première trilogie, déjà victime des ravages du temps et de la progression inexorable des moyens techniques qui rendent ce genre de film si banal, et la franchise "moderne" est émouvant et révélatrice. Une page s'est déjà tournée dans l'histoire des comics au cinéma, les tâtonnements d'autrefois sont désormais remplacés par un filon aurifère inépuisable dans lequel tous les réalisateurs rêvent de plonger les mains pour en sortir des pépites plus ou moins brillantes. Tant qu'à parler de générations, les gros plans sur le visage de Hugh Jackman sont impitoyables, notre Wolverine n'est pas comme celui de papier. Il vieillit (assez bien) et tôt ou tard il faudra bien envisager un nouveau "Serval" pour ce rôle si délicat, et si bien campé. Reste que ce Days of future past est une orgie. Une fête foraine gigantesque où le lecteur Marvel est invité à prendre place sur tous les manèges, quitte à en sortir avec un beau mal de crâne. Sans grosse fausse note, sans erreurs impardonnables, avec de belles fulgurances et des intuitions intelligentes (les Sentinelles évolutives, ou encore ce Trask de petite taille qu'on ne peut que détester d'entrée, avec cette suffisance et cette ardeur à détruire), voilà encore un long métrage hautement recommandable, à base de héros en costumes et de pouvoirs formidables. La mode n'est pas près de s'éteindre, à ce rythme! Prochain étape pour Marvel, Guardians of the Galaxy en août, et là, ce n'est pas gagné d'avance. 


IRON MAN 11 EN KIOSQUE : L'ENNUI DES SERIES COSMIQUES

Les séries cosmiques ont connu un renouveau grâce au duo Abnett et Lanning, à ces sagas qui se sont succédées (Annihilation, Annihilation Conquest...) et à la qualité évidente de titres surprises comme Nova ou encore Guardians of the Galaxy. Tout cela, vous l'avez lu en Vf sur les pages des différentes moutures de Marvel Universe, chez Panini. Depuis, ces séries sont devenues des rendez-vous très prisés des fans, et elles ont droit de par chez nous à une place de choix, dans la revue Iron Man, depuis les débuts de l'opération Marvel Now. On pourrait s'en réjouir, sauf que non. Je suis sincèrement déconcerté par la piètre qualité de ce que nous y lisons, surtout si comparé aux attentes. Prenez par exemple les GOTG. Peter Quill, Rocket Raccoon et les autres, ont bien perdu de leur superbe. La nouvelle version manque singulièrement de panache, l'action avance à petits pas, voire pas du tout. Il faut bien se plier aux exigences des grandes aventures comme Infinity, mais à force de se contenter de produire des tie-in insipides aux récits majeurs de l'univers Marvel, la trame s'effiloche et le lectorat doit subir des épisodes dispensables qui ne peuvent se lire qu'à la lumière de ce qui se passe ailleurs. Les dessinateurs se succèdent, et ce mois-ci, dans Iron Man 11 c'est au tour de Francesco Francavilla. Très à l'aise et pertinent dans l'ambiance urbaine de Batman, paumé et hors sujet quand il doit mettre en scène un conflit galactique dans le cosmos. C'est sombre et illisible, outre que c'est ennuyeux.


Et Nova? Ce n'est guère mieux. Certes, le nouveau centurion n'est autre que Sam Alexander, un gamin. Le ton de la série devient forcément plus léger, moins adulte. Mais de là à voir débarquer d'anciens New Warriors, qui semblent encore plus jeunes aujourd'hui qu'à leurs débuts (Speedball a traversé une longue mauvaise passe, mais on le croit à peine sorti du collège...), et à lire des combats sans saveur, et absurdes... Les armées de Thanos sont censées être impitoyables, et destructrices, mais celle à qui échoie la mission d'en finir avec Nova décide de prendre la mère du héros en otage, avant de se faire surprendre en duel et de se faire latter les fesses comme une vulgaire criminelle de série B. Non, ce n'est pas crédible, ce n'est pas possible, et c'est risible comparé à ce qui se passe ailleurs, durant Infinity. Étrangement, les séries cosmiques ne trouvent rien à dire, alors que le grand évènement orchestré par Hickman bat son plein. Comme si l'auteur avait phagocyté toute parole hors du choeur et que seul lui pouvait décider, narrer, ne laissant aux autres que des épisodes vides, de simples bouche trous, fill-in sophistiqués et à peine masqués. Du coup la question se pose... Que devient le cosmique Marvel, alors que le film consacré aux Guardians est sur le point de débarquer en salle cet été? Doit-on se contenter de si peu? Infinity certes, mais au delà? Je ne me suis jamais autant ennuyé en allant regarder du coté des étoiles, chez Marvel. 



NEW MUTANTS : LES PIN-UPS DE ROB LIEFELD

Les Nouveaux Mutants, on aime. Beaucoup. Les lecteurs les plus anciens, dont je fais partie, auront toujours une pensée émue pour ces jeunes recrues mutantes, à l'époque présentes dans le mensuel Titans. Solar, Rocket, Karma, Magma, Cypher, Warlock, Boom Boom (le nom en Vf), et d'autres, c'est une page des comics X (à entendre comme génétiquement différent, oh, pas autre chose). Rob Liefeld signe dans New Mutants Annual #5 toute une série de pin-ups assez réussi. L'encrage de Rubinstein vient probablement affiner et corriger certaines exagérations de ce bon vieux Rob, qui n'était pas encore la superstar qu'il allait devenir, et donc se lâchait aussi un peu moins dans sa tendance à tout grossir, sous l'effet de la testostérone. Son Illyana Rasputin est même un petit modèle du genre. Pour le plaisir des yeux.







MARVEL SELECT : X-MEN LES ORIGINES

Il suffit de comparer le nombre de spectateurs pour le film Days of future past au cinéma, et de lecteurs pour n'importe quelle parution librairie consacrée au X-Men. Le réservoir potentiel de novices n'ayant jamais acheté ce type de parution est inépuisable, c'est pourquoi oui, des albums comme ces Origines proposées en Marvel Select ont tout leur sens. Surtout lorsqu'ils coïncident avec un évènement sur grand écran, cela va de soi. alors bien sur les fans hardcore n'ont pas été enthousiasmé quand cette série de one-shot a été publiée en Vo, puis en Vf dans trois 100% Marvel différents. On y trouve de tout. Des origines revisitées et explicitées (Emma Frost, Colossus, Nightcrawler), de beaux moments graphiques avec des dessins soignés et magnifiques (Jean Grey), de l'humour (Deadpool) et de l'action à la testostérone (Sabretooth, Wolverine), et parfois de belles inspirations sur la jeunesse de ces mutants que nous croyions connaître sur le bout des doigts (The Beast, par exemple, mais aussi Iceberg). Curieusement, c'est l'histoire d'ouverture, celle consacrée à Scott Summers, que j'ai trouvé la plus fade. Rien de folichon, entendons-nous bien, mais une introduction intéressante et aux points de vue multiples, qui est susceptible d'attirer dans ses filets des débutants frileux, avides d'en savoir plus sur les premières années de ces héros hauts en couleurs.


Au sujet de "Origines" j'avais déjà eu l'occasion de m'exprimer lors de la première publication en Vf. Voici quelques morceaux choisis alors, en commençant par Sabretooth : Un vrai méchant, cruel, sanguinaire. Le monstre a tué son frère pour une part de gâteau, a été enchaîné par son père (et torturé) et ignoré par sa mère. Du coup, il a aussi trucidé ses parents. Le début de cette histoire est assez fort et résume vite et bien en quoi le mutant est une bête sans concession. Le problème, c'est la suite. Dès lors que Victor fait la rencontre de son antagoniste favori, Logan (Wolverine, quoi!), le scénario quitte les rails et nous offre de multiples affrontements, espacés chacun d'entre eux par plusieurs années de distance, et ponctués par des accès de violence gratuite, de la "bagarre" stérile entre hommes, comme pour dire : "rien ne mieux qu'une bonne castagne très macho pour se sentir vivant et libérer la rage qui se cache au fond de chacun de nous". Pourquoi pas. C'est juste que ce n'est pas très intéressant, et c'est un euphémisme. Dan Panosian fait de son mieux aux dessins, mais même là, on pouvait s'attendre à plus. Au sujet de Deadpool : Nous retrouvons Wade Wilson en plein entretien d'embauche : il cherche un réalisateur pour porter à l'écran les exploits de son existence. Par chance il finit par dénicher un artiste patient qui l'interroge sur son parcours, et de là nait le pretexte pour approfondir notre connaissance du personnage, son enfance, sa transformation en Deadpool (au passage sa lutte contre le cancer, qui l'a poussé à s'offrir pour une série d'expériences interdites qui bouleversent sa vie), sa femme et son rapport au couple... L'humour est très présent (le sort réservé aux réalisateurs éconduits...) et on a même droit à une petite touche d'émotion salutaire (la papa de Wade et son fiston). Je vous laisse découvrir ce que sera finalement ce film, qui ne ressemblera bien évidemment pas au récit fidèle des origines de Deadpool. Swierczynski et Leandro Fernandez sont convaincants.

Et pour finir, encore quatre autres avis qui remontent donc au volume 1, que j'avais chroniqué de la sorte.  Tout d’abord, le moins passionnant, c’est curieusement Cyclops, le leader du groupe. Du crash aérien dont il est (pense t’il à tort) seul rescapé avec son frérot Alex, à la rencontre avec le Professeur Xavier, qui a perçu en lui des qualités de meneur d’hommes indiscutables, c’est le numéro le moins décisif, le moins haletant. Tout juste une anecdote : c’est Scott qui va souffler à Magneto l’appellation doc « Brotherhood of Evil Mutant » en lui parlant de son vieux de créer une confrérie pour que les mutants puissent s’entraider. Le COLOSSUS de Yost et Hairsine est lui délicieux. Le jeune Peter Raspoutine met ses premiers pas en temps qu’homme d’acier, non pas pour sauver le monde ou la Russie, mais pour le plaisir de sa petite sœur Illiyana, qu’il a juré de toujours protéger (on sait tous comment cela va finir…). Bien sur le gouvernement communiste n’entend pas renoncer à une arme potentielle aussi dévastatrice, et charge de faire espionner le commandant Vazhin, qui connait la vérité sur le jeune mutant. Hairsine offre des crayonnés subtils et ombrageux du plus bel effet, comme cette scène poignante où Piotr/Peter apprend la mort de son frère cosmonaute, au milieu d’une nature enneigé qui semble refléter sa douleur dans la désolation du paysage silencieux. THE BEAST n’est pas en reste. Hank Mc Coy est en fac, et il s’efforce de sembler moins intelligent qu’il ne l’est vraiment, pour ne mettre la puce à l’oreille de personne, sur ses facultés. Il est aussi victime des brimades de certains étudiants, la classique caricature du joueur de football américain, tout en muscles et rien en cervelle. Jusqu’au jour où Mc Coy intègre l’équipe et met la pâtée à tout le monde, devenant ainsi la star incontestée du campus, mais révélant à des yeux experts ses pouvoirs de mutant. Le voilà donc bien contre son gré, obligé de pénétrer les défenses de la centrale nucléaire où travaille son père, pour sauver ses deux parents d’un vilain absurde, épris de mythologie obscure. La relation filiale chez les Mc Coy est bien abordée, c’est un plus non négligeable. Enfin ICEMAN, alias Iceberg pour la VF. Bobby Drake a de la chance : le jour où il congèle la piscine familiale, ses parents ne sont pas plus choqués que cela, et ils décident au contraire de protéger le fiston en lui faisant promettre de ne jamais utiliser ses dons en public. Bobby a bien compris le message, mais quand des loubards décident d’agresser sa petite amie, il est bien obligé de jouer aux hommes glaçons pour calmer le jeu. Erreur fatale qui va le marginaliser : même sa copine prend peur et ne voit plus en lui qu’un « freak ». Rien de bien indispensable, mais comme c’est bien écrit et bien dessiné, la mayonnaise prend sans problème. Intéressant aussi de noter qu’à chaque intervention du Professeur Xavier, ce dernier finit par « nettoyer » les mémoires et les esprits de tous ceux (famille comprise !) qui ont assisté aux premières manifestations des pouvoirs de ses élèves. Un Xavier qui se dit déontologiquement pur, mais qui finalement recrute en modifiant opinion, points de vue et souvenirs, de tous ceux qui pourraient l’empêcher de parvenir à ses fins. Xavier aurait-il lu toute l’œuvre de Machiavel et s’en serait –il inspiré, pour justifier les moyens mis en œuvre ?


JUSTICE LEAGUE TOME 3 : LE TRONE D'ATLANTIS

Le troisième tome des nouvelles aventures de la Justice League est particulier en cela qu'il comprend un crossover qui implique la série phare de l'univers Dc, mais aussi celle consacrée à Aquaman. Et l'ouverture également, est un peu à part. On y découvre un duel entre Wonder Woman et Cheetah, des frictions en interne au sein de la Justice League, et le sentiment de défiance qu'inspire de plus en plus le rapprochement entre Superman et la belle amazone. Tony Daniel se surpasse aux dessins et parvient à ne pas faire regretter Jim Lee, tant ses planches sont magnifiques. Il s'agit d'un simple hors d'oeuvre scénaristique, avant de passer à Throne of Atlantis. Des atlantes, justement, qui sont colères, puisqu'un missile de l'armée américaine a semé mort et chaos dans leur cité sous-marine. En guise de représailles, plusieurs villes américaines subissent un assaut sauvage, dont la première manifestation est un violent raz de marée qui ensevelit le panorama urbain sous les flots. Par exemple, Gotham, déjà habitué aux tremblements de terre, est victime d'un tsunami d'énorme ampleur. C'est Orm qui mène les atlantes, et la bataille concerne aussi Metropolis, ou Boston. Le demi-frère d'Arthur Curry n'a pas la même compassion pour le peuple de la surface, et il entend bien faire payer aux pauvres humains que nous sommes les dégâts qui ont ruiné son royaume. Une vengeance humide.

Autre personnage d'importance dans ce volume 3, un certain Vulko, ami et conseiller d'Aquaman. Il faut toujours se méfier de ceux qui dévouent leur existences aux autres, semblent inoffensif à première vue, mais trament dans l'ombre dès qu'on ne les regarde plus! Geoff Johns utilise cette histoire du "trône d'Atlantis" comme un autre moyen de mettre en lumière les tensions qui peuvent exister au sein de la Justice League. Conflits d'intérêts, ego qui se frottent, ce n'est pas une partie de plaisir tout les jours, et amis et alliés sont deux termes différents, même si à la base le mot le plus important reste le respect. Ce qui a été fait auparavant dans le titre Aquaman reste pertinent et d'actualité, puisque nous retrouvons aussi les créatures des profondeurs issus du"trench". La bonne nouvelle c'est également les artistes qui dessinent. Ivan Reis ne se présente plus, c'est un des tous meilleurs que peut employer Dc comics actuellement. Mais Paul Pelletier aussi s'en sort fort dignement, lui qui ne m'a pas toujours plu par le passé, semble avoir acquis une maîtrise et un sens du story-telling plus clair et soigné. C'est donc un album truffé d'action, adrénalinique, et au graphisme de belle facture, que nous propose Urban Comics. Un peu plus cher que d'habitude, mais avec une pagination en conséquence et une qualité indéniable.  A noter que tout cela a déjà été publié en kiosque ces mois-derniers, sur les pages de Dc Saga.


ORIGINAL SIN #2 : LA REVIEW

Les numéros se suivent et ne se ressemblent pas tous. Après des débuts encourageants, Original Sin marque déjà le pas, avec une seconde sortie plutôt mollassonne. Loin d'être mauvaise, elle n'est pas non plus à la hauteur des attentes. Rappelons que le Gardien Uatu a été sauvagement abattu sur la Lune, et que quelqu'un lui a arraché les yeux. Des globes oculaires d'importance, car ils sont bien plus que cela. Ils détiennent un savoir incroyable, puisqu'ils ont tout vu, des secrets les plus intimes aux mystères insondables qui régissent l'univers Marvel, depuis sa création. Gageons que certains "héros" ont tout intérêt à ce que certains de leurs actes passés restent à jamais enterrés. Car oui, Original Sin va jouer à fond la carte de la ret-con. Le suc de cet événement, c'est ce que nous allons apprendre, et que nous ignorions avant. Des révélations à la pelle, quitte à ce que ce soit invraisemblable au final. 
Dans ce #2 les enjeux prennent trop de temps à se définir. L'enquête progresse, mais on ne parvient pas à comprendre encore bien ce qui va se passer, ni comment ni pourquoi. Même chose pour l'incursion de l'étrange team-up entre le Punisher et le Doctor Strange, dans une dimension inconnue. Coté vilains du jour, nous avons un duo insolite, composé de Exterminatrix (aux tendances sado-maso assumées) et The Orb (un look très opportun, avec un gros oeil à la place de la tête), et la présence de plusieurs créatures sans esprits (les Mindless ones) qui souffrent d'avoir acquis la capacité de penser et réfléchir. Dans quelles circonstances?
Autres remarques pour finir, les dialogues occupent parfois trop de place, au point de ruiner une double page complète, alors que les dessins de Deodato jr restent eux de très haute volée. C'est peut être le travail le plus abouti de l'artiste brésilien à ce jour, ce qui n'est pas peu dire car ce n'est pas un manchot. On parle beaucoup dans ce numéro de Original Sin, mais on est encore loin d'appréhender les tenants et aboutissants d'une aventure floue aux contours indécis. Jason Aaron sait pertinemment où il souhaite aller, mais il est bien le seul. 


AXIS : L'APRES ORIGINAL SIN CHEZ MARVEL

Comme vous le savez sûrement déjà, l'après Original Sin est en marche. Chez Marvel, un grand évènement chasse l'autre, et c'est maintenant au tour de Axis d'être sur toutes les lèvres. Un titre qui fait référence à l'axe du mal (employé par les américains pour évoquer la menace de Ben Laden) aussi bien dans l'histoire récente que durant la seconde guerre mondiale. Le A étant aussi l'initiale des Avengers, et le X des mutants, on comprend que les criminels qui vont unir leurs forces vont s'en prendre à ces deux équipes, tout particulièrement. Alors, une redite de ce que furent en leur temps les Actes de Vengeance? Une copie carbone de ce que Dc vient de réaliser avec Forever Evil? En tous les cas, je trouve que cette première image laisse perplexe. Que vient faire un fou dangereux et asocial comme Carnage dans une telle association? Sabretooth est-il vraiment du même calibre qu'un Green Goblin ou un Doom?
Et puis surtout, regardez bien, le Red Skull endosse l'armure d'Onslaught. Hors qui dit Onslaught dit grands bouleversements. Après l'univers Heroes Reborn qui avait ébranlé le monde Marvel, ce sera peut être enfin le moment du grand reboot tant craint et attendu, selon les points de vue...
Axis est encore loin, mais qui sait, ce sera peut être la dernière étape avec un changement épocal. Les New 52 enseignent que rien n'est impossible...


SPIDER-MAN 11 EN KIOSQUE : INVASION

Suite des aventures du Superior Spider-Man en kiosque, avec ce mois-ci encore une double ration de notre titre favori. Voire triple, puisque nous pouvons lire aussi le premier annual. Alors, que s'y passe t-il? Tout d'abord, il faut bien comprendre que le pot aux roses est sur le point d'être découvert. L'ex de Peter Parker, Carlie, a compris ce qui s'était produit, et sait désormais que c'est Otto Octavius qui occupe le corps de son récent petit copain. Un savoir qu'elle va partager bien malgré elle avec un ennemi traditionnel du tisseur. Pendant ce temps-là, tout roule (ou presque) pour notre héros supérieur, qui a ouvert une compagnie en nom propre, entretient une idylle avec Anna Maria, la scientifique de petite taille dont il est vraiment épris, et doit soutenir sa thèse de doctorat. Seule ombre au tableau ce mois, l'arrivée (le retour, plutôt) de Stunner, cette femme un peu paumée et disgracieuse, qui s'est forgée un avatar virtuel à la force surhumaine, et qui est amoureuse du docteur Octopus. Apprenant la nouvelle de son trépas (grandement exagéré) elle décide de faire payer son assassin présumé, Spider-Man, sans savoir que celui qu'elle prend pour cible abrite en fait l'esprit de sa flamme d'autrefois. C'est compliqué, ça ressemble aux Feux de l'amour version super-héroïque, et ça ne finit pas très bien pour la demoiselle. Dessins de Giuseppe Camuncoli, ma foi convaincants. Dans l'annual, par contre, le trait de Javier Rodriguez me laisse perplexe. On dirait des ébauches, du sous Allred sans les belles couleurs et l'inventivité. Le point fort de ces pages, c'est de voir l'affrontement entre Blackout, un vampire démon déjà aperçu chez Ghost Rider, période Danny Ketch, et le tisseur. Le premier cité s'en est pris à la Tante May, et la vengeance de Spidey va être terrible. Sous les yeux de celle qu'il a sauvé, il va battre, humilier, et même torturer le criminel. Avec cette version Superior, on ne plaisante plus. Le Punisher à coté n'est qu'un enfant de choeur trop sensible. Inutile de préciser qu'on ne pourra guère tenir très longtemps à ce régime. Scénario de Christos Gage, sous forme d'uppercut à l'estomac. 

Il reste deux autres titres pour compléter le sommaire. Superior Sider-Man Team-Up est censé être particulièrement important, car il définit la couverture du mensuel, et c'est un tie-in à Infinity. Hélas, le combat de rue entre les armées de Thanos et les Mighty Avengers (groupe où milite en ce moment le tisseur) est vite expédié, au profit de la rencontre entre notre héros et une jeune étudiante qui est investie de pouvoirs sur l'électricité. Une copie presque conforme d'Electro, qui est rapidement amenée, sans pathos, et qui ne soulève pas un enthousiasme démesurée. Les dessins de Del Mundo sont assez laids, lui qui est pourtant capables de choses magnifiques (Elektra, en Vo, en ce moment) rend un travail gauche et sans âme. Heureusement, Superior Foes of Spider-Man reste plaisant, drôle, caustique. Cette nouvelle version des Sinister Six (ils sont quatre, finalement...) est aussi absurde qu'attachante. Là, les voici en pleine mission d'infiltration chez le Hibou, pour récupérer la tête du cyborg Silvermane. C'est tout du moins ce que laisse croire Boomerang, qui a planifié cette opération, sans en donner tous les détails à ses alliés. Le couple Spencer/Lieber continue de nous surprendre avec une série décalée qui est la bouffée de respiration de la revue, ces temps derniers. Par contre, je suis très déçu quand je lis un mensuel où les couvertures originales ne viennent pas introduire un nouvel épisode. Où ces derniers se succèdent sans même une page de séparation (de la pub, du rédactionnel, une cover...). Certes, c'est du tout Bd, c'est appréciable, mais les lecteurs attentifs et passionnés méritent mieux. Le travail des artistes aussi. Vu comme ça, ça semble assez fouilli, et c'est le genre de chose que je n'aime guère. Et je ne pense pas être le seul.


JUSTICE LEAGUE UNITED #1 : LA REVIEW

La bonne blague avec le premier numéro de cette nouvelle déclinaison de la Justice League, c'est qu'il s'inscrit en fait comme le prolongement, la suite immédiate, du numéro zéro sorti auparavant. Du coup, l'action est déjà avancée, et on ne perd pas de temps avec les présentations. De toutes manières, les personnages que Jeff Lemire met en scène ne sont pas des inconnus. Tout d'abord, on trouve une bonne partie de l'équipe mise sur pieds par le gouvernement américain, dans Justice League of America. Hawkman (en grande difficulté dans l'espace, contre la version New 52 de Lobo, celle qui fait crier au scandale les fans du personnage, et plus largement tous les lecteurs dotés d'un peu de bons sens et de bon goût) est de la danse, tout comme Stargirl, le Limier Martien (avec qui elle partage une sorte de lien psychique, prélude à peut être plus...), ou Green Arrow. Lemire ajoute de vieilles connaissances qu'il maîtrise sur le bout des doigts, comme Animal Man (ouf, le voir disparu de la scène ainsi, je ne peux pas, j'adore ce personnage), et également des seconds couteaux précieux comme Adam Strange. L'équipe fonctionne assez bien, les blagues fusent et sont sympatiques (comme celle que fait Buddy Baker quand il assume les pouvoirs du lapin, au sujet de ce qu'en pense sa femme...), et on a droit à une bonne dose d'action avec un combat au Canada contre un ennemi protéiforme qui change d'apparence et de consistance au fur et à mesure qu'il est frappé par la lance de Stargirl, bien brave au combat. Les dessins sont de Mike McKone, qui sans être un artiste à tomber à la renverse, est auteur de planches claires et dynamiques, dans la veine d'un Dodson qui aurait découvert les angles droits et décidés de bannir les courbes pour un temps. Le seul hic de ce titre? Et bien c'est le scénariste. Lemire est un génie, je l'ai déjà clamé haut et fort. Mais lorsqu'il endosse la casquette d'auteur qui doit aussi payer son loyer, à la demande de Dc Comics, il a tendance à fonctionner en pilotage automatique, et ne pas aller puiser dans les tréfonds de son talent pour nous éblouir. Là, il fait preuve de clairvoyance et d'une inspiration liée au Silver Age, mais jamais il ne nous emporte follement dans son propos. L'ensemble fonctionne, ça se lit bien, mais ça ne donne pas non plus de frissons. Si vous aimez Lemire, lisez plutôt son Trillium, et vous allez comprendre la différence. Là, c'est mainstream, ou rien. 


PLANETE HULK ACTE 1 (LA COLLECTION MARVEL COMICS CHEZ HACHETTE)

Un jour ou l'autre, il fallait bien que cela arrive. Je veux dire : comment régler la question Hulk, quand le géant vert, même s'en forcément le vouloir, détruit un jour San Francisco, le lendemain en découd avec l'armée? La question épineuse a été au centre d'un long débat chez les Illuminati (groupe secret regroupant les plus éminents héros de la Terre) qui ont opté pour une conclusion discutable : l'exil. C'est ainsi qu'ils ont piégé Hulk avec de fausses bonnes intentions, et l'ont placé à bord d'une fusée en direction d'une paisible planète où il pourra se relaxer indéfiniment sans faire de mal à personne. Ce n'est pas du goût de Bruce Banner, d'autant plus qu'un incident survient en vol, et que l'atterrissage ne se fait plus sur l'Eden promis, mais sur un monde guerrier qui ne connaît que le bruit, la fureur et le sang, et où Hulk, d'entrée de jeu, et réduit en esclavage. Certes, à bien y repenser, il est illusoire de croire qu'on peut enchaîner une telle créature, et du reste, assez rapidement, le colosse de jade va se faire des amis, des compagnons d'arme, et soulever une véritable révolution (un Gladiator moderne venu d'outre-espace) qui va le placer sur le trône en compagnie de Caiera, beauté autochtone qui va devenir sa reine et son amour de l'autre bout du cosmos. Dit comme ça c'est presque idyllique, et on pourrait penser que Hulk est enfin dans son élément et que la décision discutable des Illuminati lui a changé (en bien) la vie. C'est sans compter sans un drame final... Bienvenue sur la Planète Hulk, où ça castagne jour et nuit!



Au départ, Planet Hulk ne devait être qu'un story-arc en quatre parties, pensé par Joe Quesada pour relier les aventures du personnage à Civil War. En fait, cela deviendra vite la plus longue saga du personnage, centrée autour de quatorze numéros divisés en quatre volets, et c'est Greg Pack qui va recevoir la patate chaude : mettre en scène ce monde guerrier, Sakaar, sur lequel Hulk va vivre des aventures qui nous rappellent vaguement la Rome Antique et les gladiateurs, sur fond de paysage extra-terrestre. La nouveauté pour le géant vert, c'est que sur Sakaar, d'autres combattants ont une force similaire, et qu'il peut enfin donner libre cours à toute la rage qu'il a combattu des années durant. D'ailleurs, c'est seulement en laissant exploser son vrai potentiel qu'il pourra survivre et gravir les échelons sociaux, au point de devoir déterminer son avenir, sa voie. Il y a de tout là-dedans : des homme-insectes, des robots, de la violence, des monstres, des vaisseaux spatiaux, une nature alien, bref, un vrai condensé d'aventure qui prend le lecteur par la main, et le guide à travers tout un macrocosme novateur et parfois déroutant, pour qui est habitué aux aventures plus classiques de Hulk. Mais c'est indiscutablement une réussite sur la longueur, un de ces récits qui marquent leur temps et que les passionnés du personnage ne peuvent pas ne pas avoir lu. Les combats, la gloire et la sueur dans l'arène, sont aussi le décorum à payer pour un récit qui mêle amitié, émotions, et loyauté, avec conviction et intelligence. Pour les dessins, la prestation de Carlo Pagulayan, un philippin alors à son premier grand succès pour Marvel, est relativement bonne, avec une belle galerie de héros et guerriers saisissants et touchants, tous bien mis en scène, avec une lisibilité notable et une attention certaine à l'expression des sentiments des différents intervenants. Un bon choix de la part de Hachette, pour initier les novices au géant vert.


OLDIES : RECIT COMPLET MARVEL #6 LE FAUCON

Poursuivons notre plongée dans les vieux albums édités par Lug, durant les années 80, avec un personnage que le cinéma a récemment remis à l'honneur. Je veux parler de Sam Wilson, alias le Faucon, un des amis et alliés les plus fidèles de Captain America. Dans ce Récit Complet Marvel, Sam ne ressemble pas véritablement à celui que vous avez pu découvrir sur grand écran. Durant le jour, il est assistant social et travaille dans le quartier du Bronx, où il est né et a grandi. Son identité héroïque est connue de tous, et d'ailleurs il est associé au quotidien à un flic de la vieille école, un certain Tork, pour qui le bon sens et l'action valent plus que le règlement du fonctionnaire idéal. Sam est aussi une sorte de "grand frère" pour une bande de jeunes du quartier, composée en majorité d'anciens délinquants sur la voie du rachat. Leurs méthodes se sont assouplies au fil des ans grâce à la médiation de notre héros, mais il suffit de peu pour que les rues ne s'embrasent à nouveau. C'est ainsi que le Faucon est chargé de solliciter l'autorisation d'organiser une marche pacifique dans le Bronx, pour laquelle il s'engage et donne sa parole. Le problème, c'est qu'il est attaqué à l'improviste par une Sentinelle défectueuse, qui était resté enfouie dans un chantier en construction, après un dernier combat contre les X-Men. Toujours en rapport avec les encapés au cinéma, nous retrouvons également Electro dans cette histoire. Le vilain se cache de la police dans le quartier, et quand il aperçoit le Faucon en action, son sang ne fait qu'un tour, persuadé qu'il est d'être épié, traqué. Cette mini série en quatre épisodes a un grand mérite : celui de déplacer le conflit habituel entre le bien et le mal sur le terrain des enjeux sociaux. Sam Wilson n'est pas un héros qui combat des menaces cosmiques ou mutantes, mais un homme bon et droit, qui est engagé dans la réhabilitation de son cadre de vie, et qui souhaite aider les autres, au beau milieu d'une décennie violente et impitoyable, qui voit l'Amérique tendre de plus en plus vers une forme de justice expéditive et implacable, dont les fers de lance peuvent être Charles Bronson ou encore le Punisher. Le Faucon n'est rien de tout cela, et c'est par le dialogue, la persuasion, qu'il parvient à aboutir à ses fins. Y compris sauver le président Reagan, enlevé par les loubards du quartier, grâce à l'aide de son ami Steve Rogers. D'ailleurs la scène finale entre Ronnie et les jeunes qui lui exposent leurs problèmes est attendrissante, et un peu too much. Cet album est scénéarisé par Jim Owsley, qui fait donc preuve de sensibilité et de recul sur pas mal de points, et les dessins sont oeuvre de Paul Smith puis Mark Bright, un habitué de la série Iron Man. Trait clair, précis, planches très lisibles et dynamiques, c'est un plaisir pour les yeux sans être bouffi de prétention. En plus c'est très daté eighties, forcément, ce qui est sympathique en période nostalgique. Un des vieux Rcm que je peux relire sans me fatiguer, et qui m'a appris à apprécier un personnage ici bien campé, dans une incarnation intéressante et engagée, et dont les origines sont de surcroît clairement explicitées.


DC ANTHOLOGIE JOKER

Il n'y a pas que les principaux héros iconiques de l'univers Dc qui ont droit à une anthologie. J'en veux pour preuve l'arrivée de ce volume consacré au vilain par excellence, ce cinglé de Joker qui hante les rues de Gotham depuis des décennies. Ceux qui n'ont en mémoire que la version de Nolan, interprété par Heath Ledger, n'ont donc comme point de référence que ce psychopathe dérangé du ciboulot, effrayant, ce monstre ricanant et perturbé, au sourire figé à coups de lames de rasoir. Noir c'est noir, avec peu (ou pas) d'espoir. Mais les autres, les très vieux lecteurs, se souviennent encore d'un Joker bariolé, cocasse, un pitre du crime, pas très stable de la cervelle, mais pas aussi torturé que ce que nous en avons vu ces dernières années. Au point que la relation héros/némesis avec Batman se teinte souvent de connivence étrange, de blagouzes échangées en plein combat, ou juste après, et il est même possible de voir les deux ennemis bras dessus bras dessous, le sourire aux lèvres. Le Joker est la manifestation paroxystique d'un univers (Gotham et le crime) qui a sombré dans la folie furieuse, l'aliénation de notre époque, mais il est aussi le miroir plus ou moins fidèle d'une autre ère, celle où le comic-book avait aussi une vocation d'entertainment voilé d'un soupçon de légèreté, d'insouciance; où le pire des défis, même à mort, gardait toujours une conclusion qui prenait soin d'éviter le drame, et ouvrait la porte à un moralisme de bon aloi, et un soupir amusé. It was a joke, baby. Plus maintenant, le Joker plonge Batman et sa "famille" dans le désespoir, et les affrontements sont régulièrement au dernier sang. Battre l'autre n'est plus l'essentiel, il faut en exterminer la lignée dans la souffrance, sans qu'une quelconque logique puisse se dégager de ce rapport mortifère. L'anthologie Dc vient à point nommé pour reparcourir un bout de chemin en compagnie du clown dépravé de Gotham, et bien sur de Batman, qui lui court inlassablement après. 

L'anthologie part des origines, avec les épisodes historiques qui introduisent cette lutte intime, confiés aux monuments vénérés que peuvent être Bill Finger, Bob Kane, ou encore Dick Sprang. Au départ, les armes préférées du clown sont des blagues de mauvais goûts, et des plans et gadgets délirants ou cocasses qui aujourd'hui font bien sourire le lecteur novice. Mais le propre de ce genre d'album, c'est de pouvoir constater à quel point l'évolution des personnages est frappante, quand elle est mise en perpective avec le temps qui s'écoule. Les enquêtes de Batman, le polar light et parfois drôle (oui, oui) se charge peu à peu d'une connotation musclée et sombre, et bien entendu les méfaits du Joker s'adaptent à cette nouvelle donne, ce qui vient d'avantage renforcer l'aspect macabre d'un génie du crime qui opère le sourire aux lèvres. Le dessins également suit cette trajectoire qui flirte avec la descente dans la folie furieuse. La violence certes, mais l'insanité mentale et morale, surtout, caractérise la dernière partie d'une anthologie qui s'en tire bien, malgré d'évidentes faiblesses. Car certains épisodes sont mineurs et ont si mal vieillis qu'il n'est pas sur que tout le monde appréciera ces pages, à l'aune des performances actuelles de Snyder, Capullo, Finch et consorts. Et encore, nous ne trouvons pas ici d'extraits de ce qu'à pu faire Bermejo (effrayant Joker), du meurtre de Robin (Jason Todd, publié dans "Un deuil dans la famille") ou de la récente réapparition dans le cadre des New 52. Tout cela a été présenté ailleurs, trop récemment. Ce pavé de presque 400 pages est tout autant une anthologie consacrée au Joker qu'un témoignage sur la façon dont le mal et la lutte entre le bien et le mal à pu évoluer dans les comic-books américains, de la seconde guerre à nos jours. C'est instructif, édifiant. 


DES CALENDRIERS DC COMICS POUR LES NOSTALGIQUES : 1988 ET 1976

Une petite pause en images ce dimanche, rien que pour le plaisir des yeux. Je vous propose de repartie en arrière, en 1988, pour un calendrier Dc Comics qui n'a rien à voir avec les New 52, mais qui va taper, et fort, dans le passé de la distinguée concurrence, pour des héros et des costumes rétros dignes de leur époque. En 88 j'étais pour ma part encore au collège, ce qui ne nous rajeunit pas. Les temps changent, pour tout le monde, encapés ou pas!

 
  
   


Et si ça ne vous suffit pas, alors remontons le temps encore plus loin, et cap sur 1976! Avec Neal Adams et Dick Giordano, excusez du peu. Bon dimanche!


 
  
 
    

CHASM : LE FARDEAU DE KAINE (UN FARDEAU POUR LES LECTEURS)

 En mars 2024, Marvel a publié un gros fascicule intitulé Web of Spider-Man , censé donner un aperçu de quelques unes des trames sur le poin...