MARVEL SELECT : X-MEN LES ORIGINES

Il suffit de comparer le nombre de spectateurs pour le film Days of future past au cinéma, et de lecteurs pour n'importe quelle parution librairie consacrée au X-Men. Le réservoir potentiel de novices n'ayant jamais acheté ce type de parution est inépuisable, c'est pourquoi oui, des albums comme ces Origines proposées en Marvel Select ont tout leur sens. Surtout lorsqu'ils coïncident avec un évènement sur grand écran, cela va de soi. alors bien sur les fans hardcore n'ont pas été enthousiasmé quand cette série de one-shot a été publiée en Vo, puis en Vf dans trois 100% Marvel différents. On y trouve de tout. Des origines revisitées et explicitées (Emma Frost, Colossus, Nightcrawler), de beaux moments graphiques avec des dessins soignés et magnifiques (Jean Grey), de l'humour (Deadpool) et de l'action à la testostérone (Sabretooth, Wolverine), et parfois de belles inspirations sur la jeunesse de ces mutants que nous croyions connaître sur le bout des doigts (The Beast, par exemple, mais aussi Iceberg). Curieusement, c'est l'histoire d'ouverture, celle consacrée à Scott Summers, que j'ai trouvé la plus fade. Rien de folichon, entendons-nous bien, mais une introduction intéressante et aux points de vue multiples, qui est susceptible d'attirer dans ses filets des débutants frileux, avides d'en savoir plus sur les premières années de ces héros hauts en couleurs.


Au sujet de "Origines" j'avais déjà eu l'occasion de m'exprimer lors de la première publication en Vf. Voici quelques morceaux choisis alors, en commençant par Sabretooth : Un vrai méchant, cruel, sanguinaire. Le monstre a tué son frère pour une part de gâteau, a été enchaîné par son père (et torturé) et ignoré par sa mère. Du coup, il a aussi trucidé ses parents. Le début de cette histoire est assez fort et résume vite et bien en quoi le mutant est une bête sans concession. Le problème, c'est la suite. Dès lors que Victor fait la rencontre de son antagoniste favori, Logan (Wolverine, quoi!), le scénario quitte les rails et nous offre de multiples affrontements, espacés chacun d'entre eux par plusieurs années de distance, et ponctués par des accès de violence gratuite, de la "bagarre" stérile entre hommes, comme pour dire : "rien ne mieux qu'une bonne castagne très macho pour se sentir vivant et libérer la rage qui se cache au fond de chacun de nous". Pourquoi pas. C'est juste que ce n'est pas très intéressant, et c'est un euphémisme. Dan Panosian fait de son mieux aux dessins, mais même là, on pouvait s'attendre à plus. Au sujet de Deadpool : Nous retrouvons Wade Wilson en plein entretien d'embauche : il cherche un réalisateur pour porter à l'écran les exploits de son existence. Par chance il finit par dénicher un artiste patient qui l'interroge sur son parcours, et de là nait le pretexte pour approfondir notre connaissance du personnage, son enfance, sa transformation en Deadpool (au passage sa lutte contre le cancer, qui l'a poussé à s'offrir pour une série d'expériences interdites qui bouleversent sa vie), sa femme et son rapport au couple... L'humour est très présent (le sort réservé aux réalisateurs éconduits...) et on a même droit à une petite touche d'émotion salutaire (la papa de Wade et son fiston). Je vous laisse découvrir ce que sera finalement ce film, qui ne ressemblera bien évidemment pas au récit fidèle des origines de Deadpool. Swierczynski et Leandro Fernandez sont convaincants.

Et pour finir, encore quatre autres avis qui remontent donc au volume 1, que j'avais chroniqué de la sorte.  Tout d’abord, le moins passionnant, c’est curieusement Cyclops, le leader du groupe. Du crash aérien dont il est (pense t’il à tort) seul rescapé avec son frérot Alex, à la rencontre avec le Professeur Xavier, qui a perçu en lui des qualités de meneur d’hommes indiscutables, c’est le numéro le moins décisif, le moins haletant. Tout juste une anecdote : c’est Scott qui va souffler à Magneto l’appellation doc « Brotherhood of Evil Mutant » en lui parlant de son vieux de créer une confrérie pour que les mutants puissent s’entraider. Le COLOSSUS de Yost et Hairsine est lui délicieux. Le jeune Peter Raspoutine met ses premiers pas en temps qu’homme d’acier, non pas pour sauver le monde ou la Russie, mais pour le plaisir de sa petite sœur Illiyana, qu’il a juré de toujours protéger (on sait tous comment cela va finir…). Bien sur le gouvernement communiste n’entend pas renoncer à une arme potentielle aussi dévastatrice, et charge de faire espionner le commandant Vazhin, qui connait la vérité sur le jeune mutant. Hairsine offre des crayonnés subtils et ombrageux du plus bel effet, comme cette scène poignante où Piotr/Peter apprend la mort de son frère cosmonaute, au milieu d’une nature enneigé qui semble refléter sa douleur dans la désolation du paysage silencieux. THE BEAST n’est pas en reste. Hank Mc Coy est en fac, et il s’efforce de sembler moins intelligent qu’il ne l’est vraiment, pour ne mettre la puce à l’oreille de personne, sur ses facultés. Il est aussi victime des brimades de certains étudiants, la classique caricature du joueur de football américain, tout en muscles et rien en cervelle. Jusqu’au jour où Mc Coy intègre l’équipe et met la pâtée à tout le monde, devenant ainsi la star incontestée du campus, mais révélant à des yeux experts ses pouvoirs de mutant. Le voilà donc bien contre son gré, obligé de pénétrer les défenses de la centrale nucléaire où travaille son père, pour sauver ses deux parents d’un vilain absurde, épris de mythologie obscure. La relation filiale chez les Mc Coy est bien abordée, c’est un plus non négligeable. Enfin ICEMAN, alias Iceberg pour la VF. Bobby Drake a de la chance : le jour où il congèle la piscine familiale, ses parents ne sont pas plus choqués que cela, et ils décident au contraire de protéger le fiston en lui faisant promettre de ne jamais utiliser ses dons en public. Bobby a bien compris le message, mais quand des loubards décident d’agresser sa petite amie, il est bien obligé de jouer aux hommes glaçons pour calmer le jeu. Erreur fatale qui va le marginaliser : même sa copine prend peur et ne voit plus en lui qu’un « freak ». Rien de bien indispensable, mais comme c’est bien écrit et bien dessiné, la mayonnaise prend sans problème. Intéressant aussi de noter qu’à chaque intervention du Professeur Xavier, ce dernier finit par « nettoyer » les mémoires et les esprits de tous ceux (famille comprise !) qui ont assisté aux premières manifestations des pouvoirs de ses élèves. Un Xavier qui se dit déontologiquement pur, mais qui finalement recrute en modifiant opinion, points de vue et souvenirs, de tous ceux qui pourraient l’empêcher de parvenir à ses fins. Xavier aurait-il lu toute l’œuvre de Machiavel et s’en serait –il inspiré, pour justifier les moyens mis en œuvre ?


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