OLDIES : L'AVENEMENT ET LA CHUTE DE L'EMPIRE SHI'AR (UNCANNY X-MEN)

Les Shi'Ars constituent une race extra-terrestre qui a depuis toujours des accointances profondes avec les X-Men. De la saga mythique du Phénix Noir au mariage du professeur Xavier avec l’impératrice Lilandra, ils ont été au centre de bien des péripéties. En 2006 Ed Brubaker pose ses valises sur la série Uncanny X-Men et réalise une aventure en douze parties sobrement intitulée L’Avènement et la chute de l’Empire Shi’Ar. Pour comprendre où il veut en venir, il faut se remémorer deux points importants qui ont précédé ces épisodes. Tout d’abord le secret inavoué de Xavier, dans Deadly Genesis, qui porte à l’arrivée sur scène d’un nouveau membre dans la fratrie des Summers. Gabriel a été enlevé puis élevé artificiellement et en esclavage par le peuple Shi’Ar; on comprendra donc qu’il nourrisse un véritable ressentiment, d’autant plus qu’il a la conviction d’avoir été abandonné par les X-Men, une fois à l’age adulte. Sous le nom de code de Vulcan, ce mutant surpuissant (classé Oméga, ce qui en fait un des plus forts en ce monde) fonce dans l’espace pour aller se venger de l’Empereur D'Ken sans savoir qu’entre temps celui-ci est tombé malade et que Lilandra est montée sur le trône. Autre point crucial, une bande de guerriers Shi'Ars (le Commando de la mort) a débarqué sur Terre pour mettre un terme définitive à la lignée des Grey, en tuant toute la famille restante. Selon eux, c’était le meilleur moyen pour que la jeune Rachel ne suive pas les traces de Jean, et devienne un jour le terrible Phénix Noir. Sauf que Rachel a survécu et que elle aussi est bien décidée à faire couler le sang à la première bonne occasion. Tout ceci converge lorsque Charles Xavier monte à la hâte une équipe de secours pour plonger dans le cosmos et stopper Vulcan avant qu’il ne soit trop tard. En disgrâce chez ses élèves à cause de ses mensonges récents, il réussit à rassembler une formation qui n’a pas froid aux yeux, avec Rachel, donc, et Thunderbird, Havok, Polaris, et le jeune Darwin. Pendant ce temps, les X-Men sur Terre sont confinés chez eux par des sentinelles au service du gouvernement, qui les protègent dans une sorte de réserve. Nous sommes en pleine période Civil War, et ce n’est pas le moment de faire trop de vagues. Sauf que à l’autre bout de l’univers, ça va être le tsunami…

Vulcan est surpuissant et ça se constate très vite. Les premiers Shi'Ars qui croisent sa route vengeresse sont balayés et il en profite pour détruire les portails qui permettent les sauts quantiques et les voyages intergalactiques de l'Empire. Piégeant au passage Xavier et les siens qui sont à sa recherche. Brubaker parvient à faire monter en puissance une belle fresque spatiale, sortant les X-Men de leurs cocon habituel, pour les emmener, comme cela se produit périodiquement depuis leurs premiers pas, dans une saga cosmique d’importance. De nombreux autres personnages vont faire leur apparition et avoir un rôle important à jouer, à commencer par les Starjammers, les pirates de l’espace conduits par le père de Vulcan et Havok, le célèbre Corsaire, pour qui la menace en cours est fortement personnelle. Des litiges familiaux qui sont aussi le coeur du probleme avec la soeur de Lilandra, la perfide Deathbird, qui est toujours dans les bons et mauvais coups dès lors que son empire vacille. N’oublions pas non plus Darwin… jeunesse et inexpérience ne sont pas des tares, et dans ces épisodes tragiques,  la nouvelle recrue s’affirme comme un atout stratégique de premier ordre, surtout lorsque Charles Xavier est kidnappé, et qu’il est le seul à pouvoir suivre la bonne piste. Les rapports entre les personnages sont redéfinis, avec Rachel (Marvel Girl) qui se rapproche d’un guerrier redoutable comme Korvus (doté de la lame du Phénix), Polaris et Havok à la recherché d’eux mêmes et de leur couple, qui vont finir piégés par Vulcan, et un empire extra-terrestre en plein délitement et déchirement. Le dessin est globalement confié à Billy Tan, qui est capable de beaux moments d’action et de mettre en scène tout ce microcosme avec crédibilité, mais à bien y regarder, on dénote souvent des expressions ou des visages figés, et un manque de naturel dans de nombreuses postures, ce qui nuit en partie à la qualité générale de cette longue aventure. Clayton Henry est également de la partie, avec un trait moins détaillé et fouillé, mais plus souple. Presque dix ans plus tard, cette saga mutante reste fort plaisante à lire et elle mérite tout à fait une belle publication librairie, qui verra le jour tôt ou tard, à n’en pas douter. En attendant, vous pouvez aller jeter un oeil aux mensuels Panini X-Men, à cheval entre le dernier semestre 2007 et le premier trimestre 2008. (Uncanny X-Men #475-#486)


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COSPLAY MANIA (6)

Retour (comme parfois le vendredi) de note rubrique consacrée au Cosplay. Avec au menu les plus beaux, les plus intelligents, les plus surprenants. Quand on regarde les premières photos qui illustrent cet article du jour on pourrait aussi ajouter les plus sexy, car franchement, difficile de rester de marbre devant certains spectacles... Pour le reste, amusez-vous bien, et n'hésitez pas à nous envoyer vos photos cosplay si cela vous chante.


Quitte à vouloir se la jouer "Power Girl" autant avoir les attributs qui vont avec. Pour le coup, rien à redire


Barbare? Voyons donc, Red Sonja a tout d'une beauté tranquille...


Les lecteurs de l'époque Strange s'en souviennent. Dazzler classic, avec un costume simple mais efficace


Notre ami le Limier Martien dans un de ses tours télépathiques...


Ce Batman là est différent : voici le Batman Beyond et un chouette costume


Hope Summers. L'avenir de la mutanité? En tous les cas un cosplay simple mais séduisant


Elle se dit petite fille de Thanos... Nebula est redoutable, et ce cosplay fantastique


J'ai un faible, je l'avoue, pour les Moon Knight qu'on peut croiser en convention. Celui-ci est pas mal du tout. 



DOCTOR STRANGE #1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

La première impression que je me suis faite au sujet du titre consacré au Doctor Strange, ce sont ces belles planches de Chris Bachalo, offerte au peuple d'internet par la grâce des sempiternelles previews qu'on croise partout sur les forums spécialisés et les sites de news. C'était beau, fichtrement beau. Et puis le titre est sorti, et ça se confirme pleinement. Bachalo atteint de nouveaux sommets dans sa carrière, pour ce qui est de l'inventivité, la création, la folie douce qui explose de nombreuses pages. On lui pardonnera presque un manque de précision, d'application, dans plusieurs visages au second plan. Et puis parlons aussi de Jason Aaron. Le type a beaucoup de talent et partout où il passe ses prestations sont inventives et pertinentes. Ici il prend tout d'abord le temps de nous rappeler qui est le héros phare, ses origines, ses attributs, en quelques pages sympathiques et didactiques. Et puis on pénètre dans l'univers de la magie, le quotidien de Stephen Strange, fait de créatures venues d'autres plans dimensionnels (ici la sixième dimension) qui opère sur le notre, comme par exemple des sangsues psychiques. D'ailleurs toutes ces manifestations horrifiques sont probablement liées, et il se prépare en secret une menace redoutable, qu'un petit appendice en fin d'épisode nous définit plus clairement. Finalement nous pouvons remercier le cinéma, car c'est bien le film à venir qui a poussé Marvel a redonné une série régulière aux maîtres des arts mystiques, presque deux décennies après la dernière en date. Et qui explique cette coolitude assumée qui définit le personnage, certes capable de défaire toutes les menaces magiques et maléfiques qui se présentent, mais aussi de rester disponible pour le quidam moyen qui viendrait solliciter ses services, comme cela se produit dans ce numéro. Qui prend tout son temps pour remettre les choses à leur place, et y parvient en injectant aussi du neuf avec un humour décalé qui fait sourire (le bar où se rencontrent les rois du mystique Marvel). Bachalo, j'y reviens, étant le meilleur choix possible pour incarner le chaos ambiant, les monstres inimaginables et l'absence de règles physiques, dans un monde où les apparences sont trompeuses, et où notre mage préféré est un des rares à voir au delà de l'écorce, pour affronter l'indicible, l'invisible. Stephen Strange is back, avec tout pour plaire et emporter l'adhésion des indécis. Une série à placer d'emblée dans les must-have de cette fin d'année.

JUSTICE LEAGUE LA TOUR DE BABEL (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 6 CHEZ EAGLEMOSS)

Nouveau volume de la collection Eaglemoss, avec la Justice League en tête de gondole. Pour une aventure des plus périlleuses, et insidieuses. Recommandation maximale.
Vous le savez (presque) tous, Ra's Al Ghul est un des ennemis les plus acharnés et dangereux de Batman. Doté d'une armée redoutable et motivé par une force de conviction inébranlable, le leader de la Ligue des Assassins n'a de cesse de venir à bout du Dark Knight, quitte à s'en prendre à ses amis et alliés pour mieux frapper sa cible. C'est exactement ce qui se produit dans ce volume. Ra's attaque frontalement les membres de la JLA, un par un, et parvient à tous les défaire sans effort particulier. Il faut dire qu'il a réservé un traitement particulier à chacun de ces héros expérimentés, basé sur une connaissance aussi profonde qu'insolite de leurs limites et faiblesses. Tout ceci entraîne des questions existentielles : comment Ra's a pu acquérir ces informations? La réponse est à chercher du coté de Batman, dont la paranoïa envahissante est un des traits de caractère facilement identifiable. Mark Waid choisit un angle d'approche aussi intelligent que réaliste. Batman n'a rien d'un surhomme doté du pouvoir de voler ou de courir à la vitesse de la lumière. C'est juste un athlète et un détective accompli, doté de gadgets formidables et d'une volonté de fer. De ce fait, un tel individu pourrait-il accorder toute sa confiance à des alliés aussi puissants, sans prévoir quelques sauvegardes au cas où les choses prendraient une tournure désagréable? C'est l'occasion de présenter la Justice League sous un nouveau jour. Exit le groupe soudé et prêt à s'entraider jusqu'à la mort, place à des interrogations et des doutes entre les membres, à l'érosion lente mais si humaine des liens de confiance entre ces héros qui savent qu'on ne peut jamais tout savoir...sur les autres. Derrière la façade du super-héros, l'homme est souvent plus friable, moins glorieux... 


Il faut dire que cette opération de désacralisation des super-héros à un sens. Mark Waid prend la suite de Grant Morrison, auteur d'un run remarquable sur la série Justice League, avec des personnages plus iconiques et puissants que jamais. Le méchant de l'histoire, Ra's Al Ghul, est certes animé par des intentions peu louables, mais son idée de départ, qui est que les humains sont le vrai problème de la planète, qu'ils détruisent en toute conscience et sans le moindre respect...et bien cette idée n'est pas dénuée de fondement. Ce qui est intéressant aussi, c'est de voir à quel point Batman peut etre calculateur, prévoyant, sournois diront certains, ce qui me fait dire au passage que sa réaction outrée, durant la célèbre Identity Crisis (quand il apprend que ses "amis" ont joué avec ses souvenirs pour lui faire oublier une page peu glorieuse de la JLA) n'a d'égale que sa propre passion pour les secrets et les trames tissées dans l'ombre. Le dessin de cette histoire est confié à Howard Porter, qui n'est pas à proprement parler le meilleur artiste que compte Dc Comics à l'époque. Trop léger sur certaines planches, pas assez réaliste pour épauler à la perfection ce genre de récit dramatique et psychologique, il s'en sort sans honte ni honneurs. Eaglemoss nous offre aussi un numéro du titre Batman (#232) réalisé par deux monstres sacrés comme Denny O'Neil et Neal Adams, qui nous permet de revivre l'apparition de Ra's Al Ghul dans le microcosme Dc. Tout cela donne au final un albm qui mérite assurément votre attention, avec un récit pertinent, parfois dérangeant, qui démontre parfaitement que derrière les masques et les costumes les hommes restent des hommes, failles et mensonges compris. Si vous ne l'avez jamais lu, la Tour de Babel vous attend en kiosque. Vite alors




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GRAPHIC NOVEL : SILVER SURFER REQUIEM

Retour ce mardi sur un petit chef d'oeuvre relativement récent, mettant en scène... la dernière histoire du Surfeur d'Argent. 
Ne me dites pas que vous pensiez que le Silver Surfer, ce voyageur des courants cosmiques, n’est qu’un alien en slibard qui parcourt le cosmos sur une planche à repasser ? Si vous avez encore des doutes sur la qualité des histoires que l’on peut tirer de ce personnage, il est grand temps de vous pencher sur le cas de ce récent « graphic novel » que nous a proposé Panini Comics. D’autant plus que cette aventure du Surfer est censée être la dernière, bien qu’elle n’appartienne en réalité à aucune espèce de continuity marvellienne d’aucune sorte. Dans cette aventure, le héros cosmique est atteint d’un mal incurable, d’une sorte de cancer qui s’étend sur sa peau argentée et ne lui laisse que quelques semaines à vivre. Le docteur Richards, des 4 Fantastiques n’y peut rien, ni aucune autre sommité scientifique. L’idée de départ est donc des plus simples : un être aux pouvoirs hors du commun se heurte à la plus banale des engeances mortelles, ce même cancer qui avait fini par terrasser Captain Marvel dans une autre œuvre de légende, déjà recensée sur nos colonnes. Une histoire émouvante et adulte, qui met aux prises un grand héros sans peur et presque sans reproches, qui a toujours triomphé de toutes les épreuves, et qui doit fatalement se rendre à l’évidence : la maladie et la mort réclameront leur tribut, quoi qu’il dise ou fasse. De la rencontre avec Spiderman, pleine de retenue et d’émotions, au règlement d’un conflit entre deux races d’aliens si proches et pourtant si pleines de haine envers le voisin, le Surfer vit ses ultimes jours dans l’espoir d’illuminer et d’aider une dernière fois ses semblables. Avant un retour sur Zenn-La, sa planète natale, pour une mort dans les bras de sa bien aimée de toujours, qui en bouleversa plus d’un. On peut être ou ne pas être fan de Straczynski, qui avait su devenir incontournable ces dernières années chez Marvel, il faut bien admettre que son récit est quasiment parfait, et les dessins du croate Ribic (aujourd'hui l'artisan des nouvelles Secret Wars) sont à la hauteur de l’événement, magnifique et sobre en même temps, délicats et lumineux dans un habit pastel des plus attirant. REQUIEM, le bien nommé. Qui replace la figure du super héros dans une optique plus humaine et vulnérable, à l’heure où les justiciers costumés meurent et ressuscitent comme le quidam moyen attrape la grippe et se rétablit. Bien entendu, ce type de largesse scénaristique est possible uniquement quand les conséquences des inventions de l’auteur n’auront pas d’impact suivi sur les prochaines vicissitudes du personnage mis en scène, il s’agit donc avant tout d’une pause récréative où peut s’exprimer le fantasme du scénariste : plus encore que de donner naissance à un de ces héros de papier, lui écrire une digne épitaphe et le conduire jusque sa dernière demeure. Sans machine miraculeuse pour guérir, sans intervention divine ou de magie noire, sans cataclysme qui engloutit le cosmos ; une mort, une vraie, avec le silence et la solitude qui accompagne celui qui se presse de dire adieu aux siens, pour quitter la scène et l’espace, et ne laisser derrière lui qu’une planche de surf abandonnée sur une lointaine planète. RIP Silver Surfer, qui depuis a obtenu sa série régulière, enfin, avec Dan Slott au scénario.



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TREES (DE WARREN ELLIS) TOME 1

En marge des titres classiques consacrés à l'univers des super-héros Dc Comics, Urban dispose également d'un catalogue de signatures et de sorties plus "profondes" qui force le respect. C'est dans cette lignée qu'il faut placer Trees, de Warren Ellis, dont le tome 1 est disponible en cette fin octobre. En fait, il s'agit d'une invasion extra-terrestre, qui a débuté (et s'est achevé tout aussi brièvement) dix ans dans le passé. En lieu et place d'aliens courant un peu partout, la Terre s'est retrouvée dotée de constructions étranges, apparentées à des arbres géants, et plantés un peu partout sur le globe. De quoi effrayer la population : Que sont-ils, à quoi servent-ils? Mais avec les ans, la réalité est aussi prosaïque que mystérieuse : il ne se passe rien d'autre que cette présence encombrante et énigmatique. Bon, Warren Ellis a mis tout de même en chantier un certain nombre de récits qui vont se croiser, autour de ce thème bizarroïde. Ainsi découvrons nous une ville de Rio de Janeiro (Coupe du monde oblige? Le titre est de l'an passé) sous l'attaque de drones sécuritaires, les ambitions d'un candidat à la mairie de New-York qui parait ne pas trop apprécier ces "arbres" extra-terrestres, ou encore un jeune artiste venue de la campagne à la ville, pour étudier de près une de ces constructions aliens, dans la grande cité chinoise de Shu, qui ressemble à un concentré de ce qu'Ellis aime dépeindre au fils de ses séries, en juxtaposant science débridée et futur anticipé. N'oublions pas ce qui se passe sur l'île arctique de Spitzberg, et qui pourrait bien être la première manifestation d'un changement à venir... Lent, tout en douceur, mais qui va advenir, et ce sera irréversible. 

Pas d'action alors? Dans un premier temps, ce que Warren Ellis suggère, c'est que parfois une simple présence suffit à enclencher tout un processus capable de modifier le présent. Pas d'aliens qui nous envahissent ici, mais des arbres bien plantés qui sont la cause d'occupations militaires, de l'apparition de zones off limits où le droit et la justice sont abolies, de déplacements de populations. La présence figée de ces gigantesques visiteurs est un miroir tendu vers notre monde toujours prompt à chercher une excuse ou un bouc émissaire pour donner une justification à ses échecs ou ses frustrations. De la géopolitique à l'écologie, du rôle des femmes à la hiérarchisation des individus, Warren Ellis opte pour une approche philosophique, contemplative et analytique pour brosser son compte-rendu subtilement fascinant. Jason Howard est assez convaincant aux dessins, c'est de toute évidence un bon choix pour la série. Son trait ne s'embarrasse pas forcément toujours d'un réalisme à toutes épreuves, mais il parvient à caractériser au mieux les différents milieux qu'il est chargé de mettre en scène, en leur insufflant une touche "Ellis" reconnaissable et rassurante pour le lecteur souhaitant plonger dans l'univers typique de l'auteur britannique. Une sortie fort intelligente et déroutante pour ceux qui aiment les comics au rythme endiablé, mais qui est assurément digne de votre intérêt, surtout si vous voulez vous offrir à peu de prix (dix euros) un vrai bol d'air dépaysant après une orgie super-héroïque. 

BATMAN ETERNAL TOME 3 / FUTURES END TOME 2

Le temps passe, et rapidement. Nous voici déjà avec le troisième volume de la série Batman Eternal, joli fourre-tout capable de s'éparpiller dans de multiples pistes en même temps, quitte à en oublier l'essentiel. Cette fois nous retrouvons Killer Croc, cet assassin mi homme mi lézard, à l'occasion de la 5000 ème évasion de l'asile d'Arkham, dont la sécurité est risible compte tenu des incidents réguliers qui assaillent l'institut. Croc nous amène tout droit à un certain Dragos Ibanescu, alors qu'il tente de suivre la piste de la petite Jade qu'il recherche. Pleins feux aussi sur le commissaire Bard. Celui-ci est-il vraiment aussi intègre et droit que ses premiers pas le laissaient supposer? La question se pose alors que Batgirl tente toujours de faire sortir son père de prison, accusé à tort d'un drame dans le métro de Gotham, depuis les premières pages du tome 1. La jeune héroïne utilise des méthodes musclées pour obtenir des réponses... alors que Killer Croc finit par sauver la mise à une Catwoman qui s'était laissée piéger par Dragos. Le point positif de ce troisième tome, c'est que l'intrigue commence à s'éclaircir. On entrevoit une idée du grand plan général et les caractères et les ambitions se dessinent de façon plus précise. En fait, on peut considérer que les lecteurs qui ont perdu les deux premiers, avec un bon résumé de l'histoire, peuvent sans aucun problème prendre le train en marche et se laisser happer par le chaos ambiant; ils ne seront pas plus perdus que les autres... Le dessin est inégal avec des artistes successifs, pour assurer le rythme endiablé d'une sortie par semaine, mais la mention bien sera attribuée particulièrement à la noirceur réaliste de Jason Fabok, mais aussi à Javier Garron et Simon Coleby. Les architectes majeurs de Batman Eternal sont eux Snyder et Tynion IV, désormais des habitués du genre, aussi à l'aise à Gotham qu'un surfer sur une plage australienne.


Dans le meme genre, mais en pire, vous pouvez aussi vous procurer le second tome de Futures End, qui est un concentré de tout ce qui peut se faire de pire au niveau de l'enchevetrement de pistes narratives. Au départ, nous suivons les aventures du Batman Beyond (Terry McGinnis) qui a remonté le temps pour tenter de neutraliser les progrès inexorables de l'Oeil, création de Batman et Mister Terrific, appelé à conquérir la Terre. Mais très vite les événements se démultiplient et le lecteur se perd dans un dédale de sous-trames qui mettent un temps fou pour devenir claires et lisibles. Nous avons affaire à un mystérieux Superman qui opère masqué, à des réfugiés en provenance de Earth 2, à Tim Drake qui garde profil bas et évolue sous l'identité cachée de Cal Corcoran et joue aux morts, ou encore à Grifter qui a été capturé par un groupe mystérieux qui entend exploiter ses pouvoirs tandis que les membres des agents du Shade, Frankenstein en tete, traquent les responsables de la fin tragique du groupe Stormwatch. Pour reconstituer les liens qui unissent ces pistes, pour dégager un ensemble cohérent de toutes ces velleités, il faut etre soit très doué ou se doter d'un tube d'aspirines pour remédier à l'invévitable migraine qui sera votre. C'est la ribambelle chez les artistes ( ici aussi le rythme n'est pas mensuel et il faut suivre...) avec entre autres Keith Giffen, Jeff Lemire, Brian Azzarello, Dan Jurgens, ou les beaux dessins de Patrick Zircher et Jesus Merino. Beaucoup de bonne volonté et d'effervescence au départ, mais une exploitation brouillonne qui déconcertera la plupart des lecteurs.



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GUARDIANS OF THE GALAXY #1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

Je ne sais pas vous, mais moi quand on me promet quelque chose de All-New All-Different, j’ai tendance à avoir certaines exigences. Hors ici, la seule chose de bien nouvelle qui saute aux yeux, c’est de voir notre ami Ben Grimm dans l’espace, en train de tenter d’échapper à ceux qui voudraient le réduire en briquettes oranges. Cela dit tenter de voler une cargaison Chitauri, ce n’est pas non plus de tout repos. On les voit un peu partout ces Chitauri, depuis que le premier film des Avengers les a placés à l’honneur. Magie et puissance du cinéma. Pour le reste, ce sont eux, les Gardiens, avec une nouvelle version de Star-Lord, cette fois incarnée par Kitty Pride. Non pas que Peter Quill soit décédé ou parti, il a juste accédé au trône qui était auparavant l’apanage du père, et désormais il doit s’occuper des basses questions matérielles qui sont le quotidien de l’empire Spartax. Une vie de routine qui ne le satisfait guère. Les relations entre lui et les autres Gardiens sont un peu plus tendues et complexes qu’auparavant, on mettra ça sur le compte des ellipses narratives attendues avec Marvel qui lancent son nouvel univers avant d’en avoir fini avec l’ancien. Globalement on s’ennuie. Voilà un épisode que les détracteurs de Brian Bendis vont adorer détester. Des dialogues nombreux, qui s veulent souvent humoristiques ou décalés, mais peu d’action et de vraie avancée, il semblerait que cette fois encore la décompression maximale soit au programme de cette mouture. Le cliffhanger final introduit une vilaine redoutable et le retour d’un ancien membre des Gardiens en fâcheuse posture, mais le reste déroule sur un rythme monotone qui ne fait guère sursauter. Les dessins sont de Valerio Schiti, et ils sont beaux, appliqués, avec cette touche jeune et cartoony par moments idéale pour happer de nouveaux lecteurs. Personnellement je déplore sa caractérisation de Groot, qui ressemble à un arbre droit sorti de chez Disney, avec de grands yeux stupides et candides qui m’agacent. Mais c’est ainsi, une nouvelle ère commence pour Marvel, sauf que les différences avec l’ancienne ne crèvent pas les yeux. Ces Gardiens là ronronnent dès les premières pages, la suite se fera probablement sans moi.


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DESCENDER VOLUME 1 : TIN STARS (IMAGE - TPB)

Descender est une histoire de robots, et d'humains guidés par la peur, et l'ignorance. Mais peut-on les blâmer pour autant? Lemire, grand spécialiste des récits intimistes et philosophiques, a ces derniers temps laissé libre cours à son amour (et son talent) pour la science-fiction, et c'est dans cette veine que s'inscrit ce titre très attendu. L'auteur nous offre d'emblée une coalition de huit planètes et invente un univers futuriste où l'humanité a recours aux robots pour toutes les tâches du quotidien. Jusqu'au jour où pour une raison inconnue à ce point du récit, cette propension à la robotique est source d'un terrible drame, à tel point que la décision de traquer et d'anéantir ces constructions si utiles autrefois finit par être adoptée et mise en oeuvre. Dix ans plus tard, un jeune garçon s'éveille, dans une colonie minière abandonnée. Son seul compagnon est un chien, du nom de Bandit. Ah oui, détail d'importance, le gamin fait partie du modèle Tim, petits robots familiers qui ont connu leur ère de gloire quinze ans auparavant. Nous comprenons, grâce au croisement des deux lignes narratives du récit ( le réveil de Tim et la catastrophe causée par des robots géants) que les deux événements décrits vont se répondre et se nourrir, et qu'ils sont intimement liés, mais bien malin qui réalisera comment, et pourquoi. Dans le "codex" du modéle Tim se trouve le secret de ces titans de métal qui ont attaqué et détruit des mondes et qui ont provoqué ce retournement populaire et cette chasse aux sorcières technologique.

C'est le climat instauré par Lemire, et les dessins riches en couleurs, en suggestions et hautement inventifs (à tel point qu'on se prend à rêver à une adaptation moderne du cycle de Fondation d'Asimov) de Dustin NGuyen qui prennent le lecteur par la main, et le guide vers un univers narratif truffé de promesses et qu'on devine d'une complexité jouissive. Certaines pages sont de véritables acquarelles d'une beauté évidente, comme dans le second épisode où nous suivons en paralléle l'évolution de l'action (la traque du robot Tim par des trafiquants en couleurs) et les moments forts du passé qui illuminent les rapports entre les différents personnages (des planches sépias nous expliquent comment le petit robot a été conçu et son adaptation avec sa famille d'acceuil). Jeff Lemire réussit le pari de nous placer en territoire aussi étranger que familier, en une seule et même occasion. Nous avons l'impression de lire une synthèse de tout un pan d'histoire de la science-fiction, aussi bien au cinéma qu'en bande-dessinée. Avec en toile de fond une traque, et donc une fuite (qui sera aussi un parcours initiatique) pour le petit héros de l'histoire, comme un écho à ce qui fut une des clés du succès de l'extraordinaire Sweet Tooth, qui attend toujours une publication Vf chez Urban Comics (prévue pour décembre). Lemire humanise désormais tout un aréopage de créatures robotiques pour mieux nous parler de notre humanité, de ce qui nous caractérise et nous rend unique. Toujours aussi touchant et pertinent, avec une série qui parait d'emblée un petit classique incontournable. La Vf en 2016, croisons les doigts.


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CAPTAIN AMERICA : SAM WILSON #1 LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

Marvel a donc lancé (prématurément?) sa nouvelle ligne All-New All-Different alors que les Secret Wars en cours sont loin d'être terminées. Résultat? Les titres qui sortent sont assez peu chargés en nouveautés, et on a l'impression que la conclusion de ces guerres secrètes sera fadasse. En tous les cas, le nouveau et différent Captain America n'est pas très nouveau, et certainement pas différent. Puisqu'il s'agit de Sam Wilson (ce n'est pas un spoiler, c'est dans le titre lui-même), défenseur de la patrie et porte-parole d'une vaste communauté, celle des sans-voix, et que plus personne n'écoute. En Amérique il faut faire très attention. La politique ne se divise pas à une séparation entre partis de gauche ou de droite, ces notions sont étrangères au véritable esprit des Etats-Unis, qui par tradition et culture prônent en général l'individualisme et le mythe du self made man au détriment d'une solidarité étatique rassurante. Il suffit de voir les difficultés rencontrées par le président Obama pour mettre en place un service de soins gratuits pour tous. Aider le plus faible et encadrer les initiatives privées pour favoriser le bien public, c'est souvent être taxé de "communisme" latent, autrement dit une des pires tares qu'un américain moyen peut posséder dans son Adn. C'est ce qui arrive à Sam Wilson quand il se décide à agir, non plus sous le mandat du Shield mais à travers des initiatives privées, en écoutant et répondant aux doléances personnelles des américains. La nouveauté est donc à chercher dans le discours politique, dans l'approche de la résolution des problèmes du pays, car le reste est assez basique. Il suffit de voir comment Nick Spencer introduit ce premier numéro : un énième affrontement entre Captain America et l'Hydra, saupoudré d'humour et d'une longue mise en place des choses, par ellipses et bons mots (une conversation sympathique entre Sam et deux jeunes voyageurs dans un avion, qui le reconnaissent et s'extasient). L'humour qui sait aussi parfois se faire corrosif, notamment lorsque les Fils du Serpent (que vous allez retrouver à la frontière mexicaine) abordent les activités des Avengers et remettent en cause leur pertinence, ou lorsque Spencer nous montre les mesquines préoccupations des américains qui contactent Sam Wilson pour des litiges forts triviaux et égoïstes. Daniel Acuna au dessin est un choix qui colle bien au ton de la série. Il bénéficie d'une colorisation riche et appuyée qui masque certaines lacunes structurelles sur les fonds de case ou trop de visages à peine ébauchés, mais cela reste assez joli. Pour le reste, l'impression est (et la dernière page le confirme) que ce titre va nous amener lentement vers la seconde Civil War que Marvel commence à évoquer en pointillé, avec des opinions discordantes sur la politique, et comment se mettre au service des américains. Potentiellement cela pourrait être fascinant et hautement intelligent, c'est pourquoi il va falloir surveiller les aventures de Sam Wilson (qui cela dit en passant s'est rapproché de la belle Misty Knight...). Aventures qui à ce jour sont prometteuses, mais pas aussi "new and different" que voudrait le faire croire le slogan éculé. 

COSPLAY MANIA (5)

Retour ce mardi de notre rubrique consacrée au cosplay. Pour rappel, le but est de présenter ici, de temps en temps, les plus beaux costumes, les réalisations les plus singulières ou les plus absurdes. Cette fois encore nous avons un petit panorama assez intéressant, avec de fort jolis cosplay (et cosplayeuses) qui devraient vous donner des idées ou tout du moins avoir votre approbation. Mention spéciale à la première, que j'adore.



Susan Storm, version seventies. Classique, mais parfaite. La Femme Invisible telle que nous l'imaginions à l'époque des Nova petits formats


US Agent. Un personnage né de la décision de Captain America d'abandonner momentanément son identité héroïque. Le costume rouge et noir est intéressant


Silk est en train de devenir un classique moderne avec Spider-Gwen. Sexy et réussi


Marvel Classic. Voici Oeil deFaucon (comme on l'appelait alors) dans son costume violet, période Avengers West Coast. 


Emma Frost a toujours inspiré beaucoup de monde. Ici les atouts sont évidents, on aimerait être Scott Summers, pour une fois


La famille royale des Inhumains. Vraiment la classe, ce trio, surtout le roi flèche Noire. 


Tigra, pour les amis des félins. Sans laisser de poils partout


Oui euh bon... Wolverine dans une version animalière assez improbable mais sympa

X-MEN ROAD TO ONSLAUGHT : UN OMNIBUS CHEZ PANINI (PRELUDE A ONSLAUGHT)

La route qui mène à Onslaught fait l'objet d'un Omnibus qu'il faut manier avec précaution. Tout d'abord, car la grande saga elle-même n'a pas été rééditée dans ce format, et reste épuisé et objet de bien des spéculations avec des prix fous à l'occasion. Ensuite parce que les nombreux épisodes présentés ici ne sont pas tous en prise directe avec l'arrivée prochaine de cet Onslaught, qui pointe le bout de son nez de-ci de-là, mais reste parfois à peine évoqué. Ce qu'il faut savoir, c'est que les X-Men de l'époque traversent une sale passe (comme souvent) et ne ressemblent guère à ceux que nous suivons en ce moment. Prenez Wolverine et Magneto. Le premier a été privé de son adamantium (par le second) ce qui l'a fait régresser à un état quasi animal, jusqu'au faciès qui est devenu simiesque. Le seigneur du magnétisme pour sa part est donné pour mort, sauf qu'il réapparaît en apparence plus jeune et amnésique, fait le bien autour de lui (il essaie en tous les cas) au point d'intégrer la bande du professeur Xavier sous le nom de Joseph. Cela va très mal aussi pour Cain Marko alias le fléau. Lui a affaire avec Onslaught, justement. On le dit intraitable, invincible, mais son nouvel et mystérieux adversaire parvient à le défaire sans suer la moindre goutte, et lui fait même oublier le souvenir de son identité, comme c'est aussi le cas pour Jean Grey. Les X-Men accueillent également le terrible Sabretooth, dans l'espoir illusoire de réformer ce vilain historique et sauvage. Une décision malheureuse puisqu'un membre de l'équipe va se retrouver éventré, et une bonne partie de l'équipe divisée pour ce qui est de l'avenir à réserver au monstre griffu. Période de dissensions, de délitement, pour une formation X aux abois.

C'est qu'avec Onslaught, nous allons avoir la réponse à une question qui hantent les lecteurs depuis l'arrivée de Bishop dans l'univers des X-Men. Celui-ci vient d'un futur fort sombre, où les mutants ont connu un destin funeste, qui a commencé lorsqu'ils ont été trahis par l'un des leurs, comme en témoigne une vidéo enregistrée par Jean, mais dont les informations sont incomplètes. Longtemps des indices ont porté les soupçons vers Gambit, mais la réalité est toute autre, et quand elle éclate, elle prend la forme d'Onslaught, c'est à dire du pire du Professeur Xavier (et de ses frustrations accumulées au fil des ans) et de Magneto. La tension est à couper au couteau dans ces épisodes mythiques des années 90, parfois présentés de manière un peu décousue. Si les X-Babies reviennent pour alléger cette noirceur, l'ensemble est une ode à l'apocalyspe à venir, avec des dessinateurs qui se mettent au service de cette atmosphère. Le trait anguleux, proche du manga, et si dynamique de Joe Madureira, par exemple, ou encore la rigueur plastique tout en tension d'un Andy Kubert sont parmi les plats de résistance de cet omnibus, ou officient aussi des artistes comme Jeff Matsuda, Terry Dodson, ou encore Roger Cruz et Bryan Hitch. Le scénario est bien sur entre les mains des experts ès mutants des années 90 que sont Fabian Nicieza, Scott Lobdell, pour l'essentiel. Un gros ouvrage qui contient de tout, à boire et à manger, et se révèle sur la distance un fascinant miroir de cette époque survitaminée où la violence et la radicalisation gagnait peu à peu l'univers utopiste des X-Men. Xavier en fit les frais, et Onslaught est l'incarnation parfaite de cette évolution/radicalisation. 


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INVINCIBLE IRON MAN #1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

Tout nouveau et tout différent. C'est la promesse faite par Marvel à ses lecteurs, alors il va falloir la tenir, et on est là pour vérifier. Du coup, jetons un oeil au premier numéro de Invincible Iron Man, orchestré par l'incontournable Brian Bendis. Inutile de protester, c'est ainsi, et d'ailleurs il faut le reconnaître, le bougre est toujours inspiré et pertinent lorsqu'il signe le premier arc narratif d'une série dont il s'empare des commandes. C'est par la suite que ça se gâte, avec de la décompression totale, et parfois un ennui qui se généralise. Comme prévu, ici l'ensemble se lit bien, et c'est assez normal car le scénariste maîtrise parfaitement les codes du personnage. le coté play-boy, avec un nouveau flirt qui occupe une partie de ce numéro, et qui est capable d'en remontrer à Tony, coté intelligence et capacité de créer. Le coté "armure" avec une nouvelle version de l'outil de travail de ce cher Stark, qui est un peu une synthèse des versions récentes, et que David Marquez parvient à rendre attrayante, fonctionnelle, seyante, et pourtant ... simple. Le coté chef d'entreprise, avec quelques allusions de-ci de-là pour ne pas oublier comment notre héros gagne sa croûte et quelles sont ses responsabilités. Par contre (et c'est tant mieux car Secret Wars a pris un sacré retard) aucune information concrète sur le dénouement de la période Fin de l'univers Marvel/Superior Iron Man, on passe à autre chose sans revenir en détail sur ce qui s'est produit (et reste à se produire, donc, si on veut être exact). Mais Bendis est capable d'insuffler un style, une touche personnelle à l'ensemble. Avec des répliques brèves et répétées, beaucoup de dialogues, le plus clair du temps naturels et ironiques/humoristiques, et en parallèle se dessine un Tony certes arrogant et sur de lui, mais aussi blessé et en reconstruction, dans son for intérieur. Finalement, ce milliardaire là est ce qui se fait de plus proche du Robert Downey Jr du grand écran, c'est donc une assez bonne résolution vu le succès retentissant des films par rapport aux comic-books. Le cahier des charges est donc respecté à la lettre, et mis en images par un Marquez fort soigneux et même remarquable sur pas mal de planches, avec en outre une charmante créature qui a tout pour faire tourner la tête de Stark. En bonus un cliffanger intéressant, avec l'apparition d'une des grandes figures incontournables du moment chez Marvel, sous un aspect et un visage assez inattendu et déroutant. All-New et All-Different, probablement pas, mais par contre "Iron Man garanti 100%" nous sommes d'accord. Cette fois tête de fer est égal à lui-même et se laisse lire plaisamment, profitons-en. Moi je vous le répète, c'est au second arc narratif que je jugerai Bendis, pour le premier il a ma confiance et mon adhésion. 


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THE AMAZING SPIDER-MAN #1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

Notre héros est au Japon, pour s'occuper des problèmes que rencontre sa filiale au pays du soleil levant. Au volant d'un bolide ultra moderne, capable même se changer de forme (à la Transformers) pour être plus efficace contre le méchant de service (un des membres du Zodiaque), il devise agréablement avec Bobby Morse, son agent de liaison avec le Shield et Nick Fury. Plus tard, lors d'une conférence de presse, il présentera ses nouveaux projets et son souhaite de créer une fondation digne des plus grands philanthropes. Et on verra à ses cotés son garde du corps, un super-héros bien connu car membre des Avengers. Jusque là, c'est assez banal, voire même ennuyeux, pour un épisode d'Iron Man. Sauf que ... Tony Stark n'a rien à voir avec tout ça, et que le héros de l'histoire n'est autre que le All-New All-Different Peter Parker. Et bien oui, à force de le présenter comme un gamin attardé et complexé, qui a du mal à payer son loyer tout en ayant inventé la formule d'un fluide révolutionnaire à l'âge où d'autres entrent en sixième au collège, on avait finit par perdre de vue l'incohérence... Le problème, c'est que le virage est brutal. Certes on avait vu Peter devenir son propre patron, et gagner beaucoup d'argent. Certes lorsque Octopus s'est substitué à lui pour devenir le Superior Spider-Man, nous avons compris qu'un vrai retour en arrière était impossible pour le personnage... Mais là, ce Parker là, cet ersatz de Tony Stark (même Dan Slott plaisante sur le sujet, comme pour s'excuser ou en rire également?), c'est tout de même fort de café. Si vous aviez peur de vous faire spoiler la fin de Secret Wars en lisant cette parution (car oui Marvel fait le grand écart et lance les nouveaux titres "tout différents" des semaines avant la conclusion de la saga en cours) rassurez-vous, hormis le fait que Spidey a survécu, et le monde avec, rien n'est dit de ce que nous allons lire prochainement. Le numéro un est porté sur l'action, avec des débuts en trombe, au volant d'une Spider-Mobile dernier cri, avec un Spidey qui s'auto-tune quand il pousse la chansonnette. On appréciera les dessins de Giuseppe Camuncoli qui sont de belle facture, sans baisse de régime, avec juste un bémol pour la mise en couleurs un poil trop flashy sur certaines planches. Ce premier rendez-vous est très épais car il contient aussi des petits appendices qui permettent de savoir où en sont les autres personnages qui gravitent dans l'univers arachnéen. Par exemple, que font Silk, le Spidey 2099, les Spider-Men du multiverse, ou encore Spider-Woman? Le plus intéressant, ce sont les pages qui mettent en scène Miles Morales, l'ancien Spider-Man de l'univers Ultimate, puisqu'un nouveau grand vilain est offert aux lecteurs, en la personne de Regent. Le look est sympa, à voir prochainement. Bon, ce #1 est loin d'être mauvais, je ne dirais certainement pas cela, et même, si j'avais quatorze ans, je l'adorerais probablement. Mais j'en ai quarante, et coté Spider-Man, j'en ai lu d'autres, croyez-moi...


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SECRET WARS #6 : LA REVIEW

Chez Marvel, même les projets nés dans les meilleures conditions, avec les meilleures intentions, finissent par se heurter à une dure réalité. Prenez par exemple ces nouvelles Guerres Secrètes qui ont accumulé un retard incroyable. Certes, il faut que Esad Ribic puisse finir ses planches avec la tranquillité des grands dessinateurs, hors de question de bâcler le travail pour ensuite se plaindre d'une qualité moindre. Mais tout de même... cette semaine, en parallèle à ce sixième numéro (sur neuf dorénavant...) vous pouvez trouver le premier de la nouvelle série Invincible Iron Man, de Bendis et Immonen, qui est le fer de lance de l'opération All-New All-Different Marvel avec le #1 d'Amazing Spider-Man. Autrement dit, l'après Secret Wars, conséquences et conclusions incluses.
Bref, c'est un peu le marasme. Secret Wars se poursuit, avec lentement mais sûrement le délitement de l'empire de Doom. Cette semaine nous allons découvrir dans les détails la source du pouvoir du seigneur de Latvérie, comment il peut maintenir ensemble les différents territoires composites du Battleword. Une révélation que nous avions déjà perçu la fois dernière, mais qui trouve ici une explication complète. En parallèle, Valeria Richards (ici la fille de Doom) mène son enquête, quitte à ne rien dire à personne y compris à son père. Elle veut savoir la vérité sur la mort du shérif Stephen Strange, et elle n'est pas loin de s'en approcher. Ce numéro est le moyen de se rappeler l'importance des Fantastic Four dans l'univers Marvel. Si leur série régulière est appelée à la disparition (temporaire?) il n'empêche que le quatuor est incontournable. A commencer par Reed Richards, qui fait équipe avec sa version de l'univers Ultimate, pour sauver les meubles, mais aussi Ben Grimm, porté disparu, et dont le destin est l'enjeu des dernières pages, où nous réalisons que la Chose est de retour, et que ça va très bientôt castagner. Jonathan Hickman prend son temps, peut être un peu trop, pour nous amener vers la conclusion de cette grande saga. En tous les cas, l'arme qu'il offre à la Panthère Noire (associé à Namor, car maintenant que tout a disparu de l'ancienne Terre, les haines antiques ont perdu leur sens) a de quoi bouleverser les enjeux et l'équilibre des puissances. Un peu d'humour aussi sur ce coup, avec une histoire de burger vieux de trois semaines (merci Miles Morales), et un climax qui se prépare page après page. Sans oublier un nouveau personnage (The Prophet) qui va donner du fil à retordre à un Doom dépassé. Pour une fois Thanos et la Cabale restent assez modestes dans ces pages, même si le Titan fou semble avoir des idées bien précises sur comment tirer les ficelles et profiter des événements. Ribic est toujours aussi bon, et le climat d'irréalité préoccupante qui domine dans  Secret Wars poursuit son effet. Seul problème : à ce rythme on connaîtra le fin mot de l'histoire dans deux trois mois... comment Marvel va bien pouvoir gérer cet espace-temps paradoxal, alors que la vague de nouvelles séries est sur la rampe de lancement. Aura t-on droit à du spoiler hebdomadaire ou la logique sera préservée? Bref, si Secret Wars reste de bien belle qualité, la planification parait sous le sceau de l'improvisation la plus totale. 


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BATMAN THE DARK KNIGHT RETURNS (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 5 CHEZ EAGLEMOSS)

Cette semaine la collection super-héros Dc Comics de Eaglemoss vous invite à (re)découvrir une des oeuvres majeures d'un certain Frank Miller, une version futuriste et désabusée de Batman vieillissant. Le Chevalier noir est de retour!
Il arrive un jour où la sagesse vous intime de vous retirer du grand cirque des justiciers. Ou bien c'est la mort dramatique de votre side-kick, qui vous pousse à prendre du recul. En tous les cas, cela fait plus de dix ans que Batman ne sillonne plus les rues malfamées de Gotham City. Bruce Wayne a dépassé la cinquantaine et son corps n'est plus l'arme absolue qu'elle était autrefois. Le commissaire Gordon est à quelques semaines de la retraite et il n'a pas l'air non plus doté d'une santé éclatante. Bref, les héros sont fatigués, et c'est bien dommage, car la corruption et le crime ne sont pas éteints pour autant, tout au contraire. Dernière plaie en date, l'apparition d'un groupe de délinquants meurtriers, appelés les Mutants, dont l'apparence n'est pas sans évoquer Cyclope, le leader des X-Men chez Marvel. Ils n'hésitent pas à tuer, violer, détruire, parce qu'ils peuvent le faire : ils n'ont aucun scrupule, pas de remords, et personne pour les arrêter. Sauf que Wayne ressent de plus en plus souvent l'appel de la nuit, le frisson de la lutte sauvage qui somnole en lui, et se réveille jour après jour. Batman est à la retraite, mais il lui suffit de se raser la moustache et de errer nostalgique dans sa caverne pleine de gadgets (au passage Alfred n'est pas mort, et sert toujours de valet à tout faire) pour que la Chauve souris batte à nouveau des ailes. Les vieux amis et ennemis sont aussi sur le retour, à commencer par Double Face, libéré de l'asile d'Arkham, et dont le visage a été entièrement restauré grâce au financement de l'ami Bruce Wayne. Les médias eux sont déchaînés : si certains encouragent et applaudissent le retour du Dark Knight, d'autres sont incrédules, et entament une chasse aux sorcières, en accusant le héros d'être tout au plus une source de nuisance et d'inspiration pour les psychopathes de tout poils. Avant que ne tombe la nuit, Batman entame une dernière lutte au crépuscule de sa carrière, alors que le Joker s'apprête également à revenir. Le come-back de trop? 

Frank Miller signe ce chef d'oeuvre en 1986, en pleine explosion de la période gritty des super-héros. Il en est d'ailleurs un des artisans, des détonateurs, avec cette histoire. Le bonhomme ne cache pas son idéologie républicaine, et sa tendance à justifier la violence extrême, le recours aux armes personnelles pour se défendre, quand l'état est dépassé, ou jugé incapable par le citoyen. La solution n'est plus dans le système, mais en dehors de celui-ci. Miller parvient à l'époque à justifier et rendre compréhensible ses thèses et les motifs qui poussent Batman à reprendre la cape, ce qu'il n'est plus en mesure de faire ces dernières années, où il se contente de ressasser de vieux fantasmes de vengeance sanguinolente et xénophobe, en ignorant vulgairement toute subtilité scénaristique et toute volonté de nuancer le propos. Ses dessins sont assez caractéristiques d'un style en train de mûrir, de se définir, et qui allait ensuite aboutir à Sin City, et ses jeux d'ombres radicaux. Dans cet album, Miller multiplie les petites cases consécutives, chargées d'une didascalie parfois redondante, pour souligner l'omniprésence et la vacuité des médias qui confondent entertainement, information, et propagande. Le style semble par moments brouillon, les personnages à peine esquissés, avec des visages bouffis, des corps fatigués, des silhouettes désordonnées, dans un univers corrompu. Parfois c'est une pleine page silencieuse, sans didascalie ni onomatopée, qui vient interrompre le rythme soutenu des autres planches, et offre une image iconique d'un Batman à bout de souffle mais encore capable de se lancer dans une dernière mission, dans toute sa splendeur, et son tragique. Mais derrière cet aspect volontairement caricatural, Miller parvient à instaurer un climat, un vrai, à crédibiliser cette version épuisée d'un Batman sur le retour et d'une Gotham plus que jamais corrompue et qui a besoin d'être nettoyée. Un album non seulement  précieux et indispensable pour sa valeur artistique, mais également un témoignage indubitablement pertinent de ce qu'était la détresse de l'américain moyen au sortir des années 80 et de l'administration Reagan. Ultra conseillé, bien sur. 



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 En mars 2024, Marvel a publié un gros fascicule intitulé Web of Spider-Man , censé donner un aperçu de quelques unes des trames sur le poin...