Nouveau volume de la collection Eaglemoss, avec la Justice League en tête de gondole. Pour une aventure des plus périlleuses, et insidieuses. Recommandation maximale.
Vous le savez (presque) tous, Ra's Al Ghul est un des ennemis les plus acharnés et dangereux de Batman. Doté d'une armée redoutable et motivé par une force de conviction inébranlable, le leader de la Ligue des Assassins n'a de cesse de venir à bout du Dark Knight, quitte à s'en prendre à ses amis et alliés pour mieux frapper sa cible. C'est exactement ce qui se produit dans ce volume. Ra's attaque frontalement les membres de la JLA, un par un, et parvient à tous les défaire sans effort particulier. Il faut dire qu'il a réservé un traitement particulier à chacun de ces héros expérimentés, basé sur une connaissance aussi profonde qu'insolite de leurs limites et faiblesses. Tout ceci entraîne des questions existentielles : comment Ra's a pu acquérir ces informations? La réponse est à chercher du coté de Batman, dont la paranoïa envahissante est un des traits de caractère facilement identifiable. Mark Waid choisit un angle d'approche aussi intelligent que réaliste. Batman n'a rien d'un surhomme doté du pouvoir de voler ou de courir à la vitesse de la lumière. C'est juste un athlète et un détective accompli, doté de gadgets formidables et d'une volonté de fer. De ce fait, un tel individu pourrait-il accorder toute sa confiance à des alliés aussi puissants, sans prévoir quelques sauvegardes au cas où les choses prendraient une tournure désagréable? C'est l'occasion de présenter la Justice League sous un nouveau jour. Exit le groupe soudé et prêt à s'entraider jusqu'à la mort, place à des interrogations et des doutes entre les membres, à l'érosion lente mais si humaine des liens de confiance entre ces héros qui savent qu'on ne peut jamais tout savoir...sur les autres. Derrière la façade du super-héros, l'homme est souvent plus friable, moins glorieux...
Il faut dire que cette opération de désacralisation des super-héros à un sens. Mark Waid prend la suite de Grant Morrison, auteur d'un run remarquable sur la série Justice League, avec des personnages plus iconiques et puissants que jamais. Le méchant de l'histoire, Ra's Al Ghul, est certes animé par des intentions peu louables, mais son idée de départ, qui est que les humains sont le vrai problème de la planète, qu'ils détruisent en toute conscience et sans le moindre respect...et bien cette idée n'est pas dénuée de fondement. Ce qui est intéressant aussi, c'est de voir à quel point Batman peut etre calculateur, prévoyant, sournois diront certains, ce qui me fait dire au passage que sa réaction outrée, durant la célèbre Identity Crisis (quand il apprend que ses "amis" ont joué avec ses souvenirs pour lui faire oublier une page peu glorieuse de la JLA) n'a d'égale que sa propre passion pour les secrets et les trames tissées dans l'ombre. Le dessin de cette histoire est confié à Howard Porter, qui n'est pas à proprement parler le meilleur artiste que compte Dc Comics à l'époque. Trop léger sur certaines planches, pas assez réaliste pour épauler à la perfection ce genre de récit dramatique et psychologique, il s'en sort sans honte ni honneurs. Eaglemoss nous offre aussi un numéro du titre Batman (#232) réalisé par deux monstres sacrés comme Denny O'Neil et Neal Adams, qui nous permet de revivre l'apparition de Ra's Al Ghul dans le microcosme Dc. Tout cela donne au final un albm qui mérite assurément votre attention, avec un récit pertinent, parfois dérangeant, qui démontre parfaitement que derrière les masques et les costumes les hommes restent des hommes, failles et mensonges compris. Si vous ne l'avez jamais lu, la Tour de Babel vous attend en kiosque. Vite alors
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