Thanos est aussi un être doté d'une profonde réflexion. Lorsqu'il se plonge dans ses méditations, il en sort rarement quelque chose de bon pour l'humanité. Par exemple, contempler le puits de l'infini lui donne des idées morbides. Voici le Titan qui se met en quête des six joyaux qui une fois réunis, confèrent à leur détenteur un pouvoir divin, la toute puissance sur tous les aspects de la création (du temps à l'espace, de l'âme à l'esprit). Le but est effrayant : recevoir l'approbation de la Mort, pour qui Thanos semble particulièrement épris, et bien décidé à trucider la moitié de la population du cosmos en cadeau de fiançailles. Pour récupérer les gemmes en question, le diabolique méchant de l'histoire se lance dans une quête périlleuse, au terme de laquelle il arrache de haute lutte chacune des pierres précieuses. Le collectionneur, le Jardinier, et d'autres figures du panthéon cosmique, sont tour à tour défiés et terrassés par Thanos, au cours de duels mémorables qui scandent l'inéluctable : l'accession au statut de Dieu fou d'un nihiliste sérieusement mauvais, dans une des plus marquantes et spectaculaires sagas de l'histoire Marvel, orchestré par un Jim Starlin touché par la grâce. C'est du Thanos tel qu'on pourrait l'imaginer, à savoir retors au possible, calculateur, manipulateur (une des scènes se déroulant autour d'une partie d'échec est exemplaire en ce sens) mis également puissant, car il n'hésite pas à jouer des poings et montrer les crocs quand il le faut.
Cette Quête de Thanos (Thanos Quest) avait déjà été publié par Semic, dans la collection Récit Complet Marvel, en apéritif à la légendaire Infinity Gauntlet (au départ titré Défi de Thanos en Vf). Il semblait inéluctable qu'un jour Panini se penche sur le sujet, et après une première présentation en kiosque dans les pages de Marvel Universe hors-série #8, voici une édition librairie de qualité. C'est l'amour, aussi pervers et narcissique qu'il puisse être, qui guide Thanos, un être aussi horrible et à part dans l'équilibre de l'univers, à envisager et ambitionner un génocide d'ampleur cosmique, qui sera réalisé par la suite dans Infinity Gauntlet. C'est aussi la solitude, celle d'un Dieu proclamé et menaçant, mais qui reste intrinsèquement solitaire et frustré de ne jamais pouvoir atteindre le but si simple et si compliqué à la fois de tout un chacun : trouver un instant de bonheur, de répit, dans une existence tortueuse. Comme dans une des scènes finales, où le titan ne parvient à communiquer avec la Mort, sa bien aimée, qu'à travers la présence encombrante de ses "minions". Thanos, aussi puissant, dangereux, que pathétique. L'album comprend aussi plusieurs épisodes du Silver Surfer, avec l'ancien héraut de Galactus qui apprend le retour du Titan Fou (qu'il croyait mort), et qui se retrouve dupé par ce dernier, utilisé pour propager notamment un virus qui ravagera à son insu une planète peuplée de créatures innocentes. Le Surfer n'est qu'un pion impuissant dans ces pages signées Starlin et Ron Lim, qui furent publiées dans un petit format frustrant peu après leur sortie, sur les pages du défunt mensuel Nova. Un joli cadeau à faire donc aux fans des sagas cosmiques de Jim Starlin, qui est par ailleurs aussi le dessinateur de Thanos Quest, où son trait plus détaillé, et sa mise en page plus étoffée, contribuent à l'élaboration d'un petit chef d'oeuvre. Inutile de le répéter, nous recommandons sans condition aucune.
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